Shooting !
Pff, quand on entend ces pouffiasses prononcer le mot "shooting", on a l'impression que cette expérience est encore mieux que de s'envoyer un fix d'héroïne ou un orgasme. Pour la coconne siglée Gucci ou Prada, le shooting, c'est le nec plus ultra, l'expérience ultime d'une vie vers laquelle doivent tendre tous les efforts !
Il se trouve que maintenant, je sais ce que c'est puisque j'ai été shooté ! Moi aussi, j'ai pris la pose, face à l'objectif d'un Canon Eos je-sais-plus-combien, manipulé par un photographe expert envoyé rien que pour moi !
Il se trouve que dans le cadre d'un projet audiovisuel au cours duquel, je fus recruté comme modeste conseiller technique, on m'a demandé ma photo pour illustrer un dossier de presse ! N'ayant pas de book tout prêt, je me suis saisi du numérique et ai demandé à mon épouse de me tirer le portrait.
Dans le genre consensuel et digne, j'avais choisi de me faire prendre en photo le cul à mon bureau. Ce qui est marrant, c'est que je m'apprêtais à me pieuter quand je me suis souvenu de ces putains de photos à faire. Ce qui fait que j'étais assis en caleçon mais que j''avais remis ma veste et ma chemise. Mais bon, comme c'était super bien cadré, cela ne se voyait pas ! En voyant mon air auguste, chacun se serait dit que j'étais comme une allégorie de la science terrassant l'ignorance et non pas un gros con posant cul nu derrière son bureau ! C'est l'avantage d'avoir mon noble visage, quoique je fasse, on a toujours l'impression que je suis "la science et l'intelligence en marche terrassant l'ignorance".
Aussitôt dit aussitôt fait, et me voici en possession d'une dizaine de clichés impeccables. Enfin, tous sauf un parce qu'on voyait les traces de mes gros doigts gras sur la fenêtre située derrière le bureau. Preuve que les pains au chocolat que j'avais mangés sont bien au beurre et que mon épouse, qui se fait passer pour une fée du logis maniaque, est tout de même un peu feignasse puisque ces traces immondes avaient échappé à son inspection !
Je réduis les clichés et j'envoie le tout à la chaîne de télé, persuadé qu'ils vont en faire des posters qui orneront les murs de toutes les petites assistantes canons et peut-être même des produits dérivés, tels que tasses, porte-clés, t-shirt, bustes en pierre reconstituée (existe en trois tailles), sex-toys, briquets, stylos, etc.
Ben en fait, cela n'a pas du leur plaire même s'ils sont resté aimables avec moi en ne précisant pas que mes photos étaient merdiques. Tant et si bien, qu'un de leurs photographes a pris rendez vous avec moi, pour venir me prendre en photo au cabinet. Moi aussi, consécration des consécrations, j'allais enfin être "shooté" par un professionnel et j'allais pouvoir en parler la bouche en cœur et le regard vide !
Comme je n'avais pas eu le temps de me préparer, j'ai reçu le photographe avec mes quelques kilos superflus. Sinon, soyez sûrs que j'aurais adopté le régime mannequin (une pomme, 4 g de coke et trois prozacs par jour) ! Ben oui, pour ceux qui ne le sauraient pas, le Prozac est anorexigène et il existe même en générique à un prix ridiculement bas sous le nom de fluoxétine ! Boulimiques et hyperphagiques de France et de Navarre, courrez chez votre généraliste pour lui en demander ! De toute manière, avec Photoshop, on s'en branle, on peut être vieux, gros et sale, à l'arrivée on sera toujours canon.
Je ne sais pas pourquoi, mais sans doute parce que je suis moi aussi victime de préjugés terribles, je m'attendais à un photographe gay et permanenté ! Pas du tout ! Le type que je reçois a une belle petite gueule et est aussi martial qu'un diplômé frais émoulu de Saint-Cyr !
Il m'explique qu'il veut me "shooter" en extérieur et que la séance durera une heure et demie. Putain, moi qui pensais que le truc serait bazardé en dix minutes et que je resterais dans le cabinet, je me retrouve comme un con.
Je le suis et à peine arrivé dans la rue, il me dit de rester là planté au milieu du trottoir. Il sort un appareil à la con pour mesurer la lumière, s'éloigne de quelques pas, et prend deux clichés. Et moi, je me retrouve comme un gland avec des gens à côté de moi qui me regardent en se demandant qui je peux bien être pour bénéficier de ce traitement.
Le photographe ne trouvant pas l'endroit joli, décide de m'emmener Place des Vosges, où parait-il "la lumière est très douce". Le photographe est bien, carré, et directif juste ce qu'il faut parce que sinon je l'aurais envoyé chier. Lui photographe et moi coopérons bien. C'est un vrai professionnel et moi je suis super intelligent ce qui fait que je sais exactement ce qu'il attend de moi, à savoir que j'incarne le professionnel sérieux mais sympa tout de même, mais sans excès, sans pour autant retomber dans le trop sérieux qui risque de faire chiant, mais pas non plus dans le trop cool. Une sorte d'alchimie complexe faite de demie-mesures et de nuances extrêmes : tout moi quoi !
Il est sympa et la séance d'une heure et demie se passe correctement. J'oublie vite les gens qui passent près de moi et qui se demandent qui est ce type qui se fait prendre en photo ! Comme on est en France, tout se finit non pas en chanson mais assis en terrasse à vider un demi, un "dernier pour la route" comme dirait monsieur Chabalier qui nous fait chier à vouloir faire fermer les open-bars et à interdire les happy-hours simplement parce que LUI forçait trop sur le goulot.
Bon, en ce qui concerne le "shooting", je n'ai rien éprouvé de fabuleux. J'ai espéré l'espace d'un instant être confronté à une expérience sensorielle étrange et totale qui m'aurait permis de comprendre pourquoi les mannequins en avaient plein la bouche quand elles parlaient de shooting. Je ne dois pas être une pétasse hystérique, condition sine qua non pour ressentir quelque chose.
A moins qu'à l'instar de la plupart des hommes, je ne sois pas assez exhibitionniste pour ressentir un plaisir trouble parce qu'un mec me mate à travers l'objectif d'un Canon Eos ?
Il se trouve que maintenant, je sais ce que c'est puisque j'ai été shooté ! Moi aussi, j'ai pris la pose, face à l'objectif d'un Canon Eos je-sais-plus-combien, manipulé par un photographe expert envoyé rien que pour moi !
Il se trouve que dans le cadre d'un projet audiovisuel au cours duquel, je fus recruté comme modeste conseiller technique, on m'a demandé ma photo pour illustrer un dossier de presse ! N'ayant pas de book tout prêt, je me suis saisi du numérique et ai demandé à mon épouse de me tirer le portrait.
Dans le genre consensuel et digne, j'avais choisi de me faire prendre en photo le cul à mon bureau. Ce qui est marrant, c'est que je m'apprêtais à me pieuter quand je me suis souvenu de ces putains de photos à faire. Ce qui fait que j'étais assis en caleçon mais que j''avais remis ma veste et ma chemise. Mais bon, comme c'était super bien cadré, cela ne se voyait pas ! En voyant mon air auguste, chacun se serait dit que j'étais comme une allégorie de la science terrassant l'ignorance et non pas un gros con posant cul nu derrière son bureau ! C'est l'avantage d'avoir mon noble visage, quoique je fasse, on a toujours l'impression que je suis "la science et l'intelligence en marche terrassant l'ignorance".
Aussitôt dit aussitôt fait, et me voici en possession d'une dizaine de clichés impeccables. Enfin, tous sauf un parce qu'on voyait les traces de mes gros doigts gras sur la fenêtre située derrière le bureau. Preuve que les pains au chocolat que j'avais mangés sont bien au beurre et que mon épouse, qui se fait passer pour une fée du logis maniaque, est tout de même un peu feignasse puisque ces traces immondes avaient échappé à son inspection !
Je réduis les clichés et j'envoie le tout à la chaîne de télé, persuadé qu'ils vont en faire des posters qui orneront les murs de toutes les petites assistantes canons et peut-être même des produits dérivés, tels que tasses, porte-clés, t-shirt, bustes en pierre reconstituée (existe en trois tailles), sex-toys, briquets, stylos, etc.
Ben en fait, cela n'a pas du leur plaire même s'ils sont resté aimables avec moi en ne précisant pas que mes photos étaient merdiques. Tant et si bien, qu'un de leurs photographes a pris rendez vous avec moi, pour venir me prendre en photo au cabinet. Moi aussi, consécration des consécrations, j'allais enfin être "shooté" par un professionnel et j'allais pouvoir en parler la bouche en cœur et le regard vide !
Comme je n'avais pas eu le temps de me préparer, j'ai reçu le photographe avec mes quelques kilos superflus. Sinon, soyez sûrs que j'aurais adopté le régime mannequin (une pomme, 4 g de coke et trois prozacs par jour) ! Ben oui, pour ceux qui ne le sauraient pas, le Prozac est anorexigène et il existe même en générique à un prix ridiculement bas sous le nom de fluoxétine ! Boulimiques et hyperphagiques de France et de Navarre, courrez chez votre généraliste pour lui en demander ! De toute manière, avec Photoshop, on s'en branle, on peut être vieux, gros et sale, à l'arrivée on sera toujours canon.
Je ne sais pas pourquoi, mais sans doute parce que je suis moi aussi victime de préjugés terribles, je m'attendais à un photographe gay et permanenté ! Pas du tout ! Le type que je reçois a une belle petite gueule et est aussi martial qu'un diplômé frais émoulu de Saint-Cyr !
Il m'explique qu'il veut me "shooter" en extérieur et que la séance durera une heure et demie. Putain, moi qui pensais que le truc serait bazardé en dix minutes et que je resterais dans le cabinet, je me retrouve comme un con.
Je le suis et à peine arrivé dans la rue, il me dit de rester là planté au milieu du trottoir. Il sort un appareil à la con pour mesurer la lumière, s'éloigne de quelques pas, et prend deux clichés. Et moi, je me retrouve comme un gland avec des gens à côté de moi qui me regardent en se demandant qui je peux bien être pour bénéficier de ce traitement.
Le photographe ne trouvant pas l'endroit joli, décide de m'emmener Place des Vosges, où parait-il "la lumière est très douce". Le photographe est bien, carré, et directif juste ce qu'il faut parce que sinon je l'aurais envoyé chier. Lui photographe et moi coopérons bien. C'est un vrai professionnel et moi je suis super intelligent ce qui fait que je sais exactement ce qu'il attend de moi, à savoir que j'incarne le professionnel sérieux mais sympa tout de même, mais sans excès, sans pour autant retomber dans le trop sérieux qui risque de faire chiant, mais pas non plus dans le trop cool. Une sorte d'alchimie complexe faite de demie-mesures et de nuances extrêmes : tout moi quoi !
Il est sympa et la séance d'une heure et demie se passe correctement. J'oublie vite les gens qui passent près de moi et qui se demandent qui est ce type qui se fait prendre en photo ! Comme on est en France, tout se finit non pas en chanson mais assis en terrasse à vider un demi, un "dernier pour la route" comme dirait monsieur Chabalier qui nous fait chier à vouloir faire fermer les open-bars et à interdire les happy-hours simplement parce que LUI forçait trop sur le goulot.
Bon, en ce qui concerne le "shooting", je n'ai rien éprouvé de fabuleux. J'ai espéré l'espace d'un instant être confronté à une expérience sensorielle étrange et totale qui m'aurait permis de comprendre pourquoi les mannequins en avaient plein la bouche quand elles parlaient de shooting. Je ne dois pas être une pétasse hystérique, condition sine qua non pour ressentir quelque chose.
A moins qu'à l'instar de la plupart des hommes, je ne sois pas assez exhibitionniste pour ressentir un plaisir trouble parce qu'un mec me mate à travers l'objectif d'un Canon Eos ?
3 Comments:
D'habitude c'est quand on est devant la photo et pas quand on est devant l'appareil que ca suppose des experiences sensorielles fabuleuses et hysterisantes...
Enfin ca depend...des fois c'est genre " woaaaaa je suis super canon (ah tiens ca vient donc du nom de l'appareil cette expression alors?)
Des fois c'est la descente aux enfers, le mauvais trip.
Vous nous mettrez un post pour savoir quelle expérience sensorielle étrange se révèlera alors??
Hin?
C'est quand qu'il prend le temps de réfléchir à la problématique que j'ai dégagée toute seule comme une grande (article FNAC) le super-psy?
Bon, pendant que vous vous faites photographier, j'ai écrit un nouvel article :
http://sylvainjutteau.blogspot.com/2009/09/la-france-est-le-seul-pays-de-la-zone.html
A+
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