21 septembre, 2009

Suicides chez Orange - 2


Bon, on déconne avec Orange mais le sujet est passionnant. Car, il ne faut pas négliger l'organisation du travail. Bien sûr qu'il y a des managers débiles, de vraies têtes à claques qui pensent que les gens s'adaptent forcément à leurs petits schémas prédigérés appris à la va-vite dans leurs écoles ou pire, dans des stages de management. Tout cela existe, c'est certain. C'est même un vrai danger.

J'ai vu dans mon cabinet des techniciens, très forts dans leurs domaines, avec de super formations (ingénieurs, pharmaciens, médecins) terrorisés parce qu'ils étaient promus chef de je ne sais quoi et qu'il allait falloir encadrer des gens. Et croyez-moi, je vous parle de très grosses boites ! Et pour tout viatique, alors que d'eux-mêmes ils disaient ne pas se sentir prêts à encadrer du personnel, on leur offrait un stage surpayé de management dans lequel on leur apprenait à "manager par les couleurs" par exemple, le genre de formation à deux balles que des dirigeants estiment suffisantes !

Moi-même durant mes fières années d'administration, je me suis coltiné un petit chef de merde dont les capacités réelles se bornaient à posséder la carte du PS et sans doute à être dans la même loge maçonnique que notre directeur. Cet âne bâté avait un doctorat d'ethnologie, avait pantouflé comme éducateur spécialisé, et voici qu'on le bombardait à la tête d'un service juridique et financier. Putain, heureusement que j'ai du caractère, parce que comme tête de con, on ne faisait pas mieux que lui !

Il aurait pu pousser les gens au suicide ce petit commissaire politique de mes deux. Ca j'en susi certain et d'ailleurs on a tous fini par se barrer. Mais bon, moi j'ai résisté adroitement et il est allé au tapis au bout de dix-huit mois. Je suis même sûr de l'avoir fait pleurer cette sous-merde, tant j'ai été méchant et vicieux avec lui. Mais bon, pour me défendre hein, parce que je suis un bon gars.

En fait des années après, j'ai réfléchi au sujet. Ce n'était pas tant lui qui était nuisible mais le milieux de travail qui était totalement pathogène. Passe-droits, absence totale de réalité, manque de formation du personnel, tout concourait à faire de ce service une sorte d'hôpital psychiatrique où une espèce de malade mental, notre directeur totalement narcissique et mégalomane, imposait sa réalité du monde viciée, faisandée et délirante. Ce petit chef, godillot et cire-pompes à souhait, était à son image. Il n'y avait aucune issue à la situation. La seule possibilité était de fuir. Alors certes le milieu était pathogène à souhait, mais il n'y eut pas de suicides à déplorer.

Et puis, il y a l'âge aussi ! Passé un certain âge, les capacités d'adaptation ne sont plus les mêmes et rien de plus dur que de devoir obéir aux caprices du petit chef qui a décidé de réorganiser le service ou la division. On pensait finir ses jours tranquilles, le cul calé dans la moleskine du bureau qu'on occupe depuis vingt ans, celui avec la plante rachitique dans le cache-pot tout moche et le calendrier avec les petits chats de 1980 accroché au mur, et voilà qu'un con a l'idée de bouleverser notre plan de carrière !

J'ai connu un pilote de ligne, qui n'ayant pas supporté la cinquantaine bien avancée de devoir se former à un nouveau type d'appareil, a préféré se flinguer. Parce qu'il avait pris conscience, lui qui se croyait fortiche, que l'âge aidant, il retenait moins les trucs et qu'il aurait été plus facile de continuer jusqu'à la retraite de tenir le manche de son coucou habituel. Sûr d'échouer à l'obtention de la qualification nécessaire, et d'être débarqué comme un malpropre, il préféra se flinguer.

Alors quand un pilote, ex-pilote militaire, en arrive là, imaginez ce que cela peut donner avec des fonctionnaires ! Parce que j'imagine que le statut de fonctionnaire peut jouer un grand rôle. J'en reçois aussi des fonctionnaires et c'est vrai que je les trouve généralement fragiles. Ils sont souvent fatigués, prennent des semaines d'arrêt de travail pour une déprime. Les pauvres sont entrés dans un système par peur de la vie, généra sans doute par une très grande anxiété, et voici qu'on les bouscule. Réformer un truc où il y a des fonctionnaires, c'est un peu comme si on décidait de réorganiser un monastère

Alors bon, il y aurait bien la possibilité de foutre à la porte ceux dont on ne veut plus avec un petit chèque, mais le problème justement ... c'est qu'ils sont fonctionnaires et qu'on ne peut pas les lourder !

Bref, face au stress, en fonction de leur nature ou de leur âge, les gens sont inégaux. Certains ne doivent être ni touchés, ni déplacés parce qu'ils sont aussi fragiles que de la porcelaine ! Les managers devraient le savoir, c'est aussi leur boulot !

Enfin bon, vous ne m'ôterez pas de l'idée que dans le privé pur, les gens sont moins fragiles ! Quand les mines du Nord ou la sidérurgie lorraine a fermé, il ne me semble pas qu'il y ait eu des vagues de suicides !



INTERVIEW - Anne-Marie Minella, membre de l'Observatoire du stress et des mobilités forcées chez France Télécom explique la situation à 20minutes.fr...

Pourquoi France Télécom est si spécifiquement touché?
Parce que l'entreprise cumule les problèmes des grands groupes avec le statut de fonctionnaires de ses employés : quand on veut se débarrasser de quelqu'un, on ne peut pas le licencier comme ça... Mais nous avons déjà rencontré des gens qui rencontrent le même type de problèmes dans leurs entreprises, et dont certains sont désireux de mettre en place des observatoires indépendants de la direction. Avec tout ce qui se passe en ce moment, La Poste est par exemple intéressée.

24 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Discutable, l'effet du chômage sur les licenciés de la sidérurgie ou autres licenciés du privé. Beaucoup sont devenus alcooliques ou se sont probablement suicidés, ou alors sont devenus SDF, mais un chômeur qui se butte ça fait pas le buzz comme dans une grosse boite.

D'abord il n'y a aucune étude statistique sérieuse faite sur les suicides, qui le fait, qui est il etc...

Nier la pression croissante sur les employés c'est une erreur et relève d'un méconnaissance du monde de l'entreprise actuelle.

C'est sûr, on peut pas être psy et se rendre compte du monde du travail. Moi, je le connais ce monde et j'ai vu son évolution, et j'y suis encore.

Il faut parler de ce qu'on connait, et écouter un peu ce qu'en disent les autres quand on connait pas.

21/9/09 10:16 PM  
Blogger philippe psy said...

Tal, mon petit bonhomme, le jour où vous en saurez autant que moi en psycho du travail, on se fait un bon débat et vous rentrerez chez vous en ayant appris des tas de choses !

Le côté "moi je sais, j'ai vu, j'ai connu" est gonflant comme tout ! Projeter ses propres expériences de manière à en faire une généralité, ce n'est pas de la recherche. En aucun cas, je n'ai nié la réalité de la souffrance au travail, j'ai simplement mis en évidence d'autres facteurs personnels dont on ne parle pas assez !

Sur ce sujet, comme vous manquez de connaissances, je vous conseil l'excellent "Souffrance en France" de Christophe Dejours, le titutaire e la chaire de psycho du travail au CNAM (INETOP). Sa lecture vous rendra plus cultivé.

Pour le reste, en psychopahologie, vous pourrez aussi utilement lire "Psychopathologie de l'adulte" de Debray et coll.

Et puis, si votre travail vous emmerde, cessez de geindre et faites comme moi : mettez vous à votre compte. Je gagne nettement moins que quand j'étais salarié, c'est moins sur, mais au moins je suis un homme libre et il n'est pas né le petit chef ou le grand directeur qui me donnera des ordres.

Que voulez-vous, quand la gamelle est bonne et la niche pas trop dégueu, vous acceptez tout de vos maîtres !

21/9/09 10:25 PM  
Anonymous Anonyme said...

Mon petit bonhomme, ça commence bien… On sent l’homme d’autorité paternelle.

Vous connaissez probablement tout de la psycho du travail, mais à peu près pas grand-chose du monde du travail, des mondes du travail pour être plus exact, et pour cause, vous n’y êtes pas depuis un bon bout si j’ai bien compris.

Il me semble que beaucoup d’expériences finissent par faire de la recherche, c’est pour ça d’ailleurs qu’il y a des labos. Par conséquent, je ne pense pas être dans un délire projectif basé sur une observation ponctuelle artefact.

Ben oui, je sais de quoi je parle, même si ça vous énerve, j’en ai parlé avec d’autres qui voient la même évolution problématique, mais évidemment je ne peux pas me targuer d’un doctorat de psycho qui serait la valeur indépassable pour dire ce que je dis. C’est d’ailleurs même pas un problème de psycho mais d’organisation et d’évolution cognitive des tâches. Que des gens aient des difficultés dans leur vie privée, ce n’est pas une découverte transcendantale, mais l’accumulation des pressions sur le lieu de travail rajoute un poids de plus en plus fort, c’est pas plus compliqué que ça. Alors quand des gens se suicident de plus en plus dans une boite ou dans une société on est je crois autorisé à se poser quelques questions légitimes.

D’autre part, il est faux de croire que j’accepte tout de ce que vous nommez mes maitres, certains se sont vus confondre au tribunal pour leurs excès, ça leur à fait tout drôle de voir que je n’étais pas une serpillère, je ne me suis jamais privé de dire ce que je pense, quitte à me faire virer.

Alors se mettre à son compte, ce n’est pas si simple, tout le monde n’a pas votre génie.

Maintenant, il est vrai que l’on peut comprendre quelques trucs du monde du travail, ça n’en résoud pas pour autant les problèmes que rencontrent ceux qui y sont. Puisque vous êtes si calé, alors vous devriez proposer vos services en tant que coach aux nuls de salariés qui ne comprennent rien à rien, c’est d’ailleurs pour ça qu’ils sont salariés, ces cons.

21/9/09 11:17 PM  
Blogger philippe psy said...

Mon cher Tal,

Je pense que dans le fond nous sommes d'accord :)
Impossible d'isoler le travail de al société dans laquelle on vit.

Impossible d'appréhender le suicide sous le seul angle du travail aussi !

Je n'ai jamais nié la souffrance au travail, je m'oppose simplement à ce que l'on traite ces cas dramatiques sous un angle politiques et idiots.

Pour le reste, rassurez-vous je travaille comme vous ... Je ne me roule pas non plus les pouces !

La seule différence entre vous et moi, c'est ma liberté.

La contrepartie c'est que je n'ai pas le droit au chômage :)

22/9/09 1:29 AM  
Blogger Claudia said...

Remarquez les fonctionnaires non plus n'ont pas droit au chômage...ils ne font que cotiser au chomâge pour tous ceux qui y sont mais eux n'y ont aucun droit s'ils perdent leur boulot.
Alors voilà...on dit à un mec--> tu fais le choix de la sécurité de l'emploi, tu pourras fonder une famille et être sûr de pouvoir la nourrir toute ta vie et faire des projets (petits projets parce que le fonctionnaire il est payé a coups de lance pierre aussi faut le savoir), tu ne seras plus jamais libre et il y aura tout un tas de gens qui t'envieront et t'enverront balader MAIS tu auras la sécurité de l'emploi.
C'est un choix...le mec fonde sa famille et se casse a travailler toute sa vie pour rien du tout, pas de carrière et un salaire minable le plus souvent mais ce qu'il veut lui c'est: la paix loin de l'agitation. Honorable choix qui appartient à chacun surtout qu'à la base il faut se casser aussi pour le devenir (fonctionnaire).
Enfin bref...nous arrivons a aujourd'hui et que dit France Telecom?
Bon vous avez bien servi mais maintenant vous faites chier, vous nous emmerdez avec vos droits et nous on voudrait bien vous en enlever, vous ne valez plus rien d'autre que faire figures d'emmerdeur et de plus puisqu'on ne peut pas vous enlever vos emplois on vire vos avantages et on fait mieux encore, on se fout de la clientèle , on enlève des fonctionnaires comme ca vous allez en chier encore plus a travailler pour rien...
J'ai besoin d'en dire plus?
Vous avez un mec qui n'a plus rien ou presque, qui voit ses avantages partir, son salaire moyen filer et plus rien parce que vous le savez (hin?)qu'un salaire de fonctionnaire moyen ca fait plus vivre une famille aujourd'hui...et lui qui a fait le choix de sacrifier ses rêves, ses désirs etc à une époque au benefice de la sécurité ben...il n'a plus rien et en plus pas d'avenir non plus..
Vivez donc avec ca...et avec l'idée realiste qu'on vit pas de savoirs et d'eau fraîche, expliquez donc a vos creanciers que France Telecom prends les gens pour des idiots avec une politique d'entreprise merdique et qu'il doit attendre pour être payé...il réponds--> tribunal, saisie..plus rien..
Dès lors nous verrons qui se suicide ou qui reste....

22/9/09 1:24 PM  
Blogger Sylvain JUTTEAU said...

D’après l’INSERM, le taux annuel de décès par suicide en France est de 18 à 20 pour 100.000 habitants. France Telecom emploie 100.000 salariés. Environ 14 de ses salariés se sont suicidés en 2008 et le nombre sera probablement similaire en 2009 ...

Sylvain JUTTEAU

22/9/09 2:17 PM  
Anonymous Anonyme said...

Ce qu'on peut ajouter c'est que la position du salarié n'est pas si sûre par les temps qui courent, j'en sais quelque chose ainsi que d'anciens collègues. Beaucoup de déménagements pour tous et tout ce que ça implique. L'autonomie, indépendance ça n'est accepté que pour peu de compétences, bien que je le souhaiterai.

Actuellement seules quelques professions peuvent le faire, les libéraux( avocats, medecins, paramed...), quelques artisans, et les artistes reconnus.

MAis je crois, que même les libéraux devraient pouvoir bénéficier d'un chômage ou de la possibilité de congés maladie puisque j'ai appris qu'un médecin à son compte n'y avait pas droit, donc malade pas de rentrées...

Mais c'est tout à revoir.

Le chomâge, ça n'a qu'un temps, la dégressivité vient vite et les emplois ne sont pas légion, cela dépend de sont domaine d'activité.

22/9/09 7:44 PM  
Blogger philippe psy said...

@Choopi : Votre analyse est intéressante mais une question subsiste : peut-être que le statut des fonctionnaires n'est pas si défendable que cela ?

Certes devenir fonctionnaire est un choix de vie, mais peut on faire assumer ses choix ad vitam aetarnam à la collectivité ?

Pourquoi devrais je contribuer à payer les billets à vie des retraités de la SNCF ou la cantine des postiers ?

Faire assumer ses choix par les autres est-il défendable ?

Tal : peut-être qu'en rendant le licenciement plus simple, on améliorerait l'emploi ?

22/9/09 9:10 PM  
Anonymous Anonyme said...

Améliorer l'emploi en licenciant, ça me parait court, encore une fois être licencié ça coûte cher au licencié qui devra déménager probablement, aller à des entretiens de recrutement bidons souvent, à ses frais en plus, ça peut aller jusqu'à 2000 km aller retour plus l'hotel, le taxi etc...

L'anpe quand j'ai été licencié pour faute grave il y deux ans, houlala je suis méchant, m'avait fait miroiter une aide au déménagement, quand je leur ai présenté mon contrat allemand d'embauche, ils m'ont dit ah ben non, ça marche pas pour les embauchés à l'étranger, sans jamais me montrer le règlement qui le spécifiait.

D'autre part je suis inventif, c'est l'une de mes rares qualités, à savoir plusieurs brevets déposés, j'ai démerdé mon ex employeur de situation catastrophiques grâce à mes idées, je lui ai procuré aussi 2 millions d'euros de subventions publiques pour un brevet dont il m'a exclu alors que j'en suis l'unique auteur, en mettant le nom de 2 directeurs comme inventeurs.

Maintenant, j'ai compris qu'en France on parle beaucoup d'innovation mais on enc... ses producteurs. En Allemagne, ça se passe autrement, les inventifs de ma boite roulent en BMW décapotable, pas que ce soit mon rêve, mais ça illustre comment ils sont motivés. Perso j'en suis à 4 brevets en un an, si ça marche ca dépote à plusieurs centaines de millions d'euros de chiffre d'affaire. Je crois que la France est dirigée par des nains de jardins.

D'autre part mes collègues étrangers, américains, allemands, malaysiens, autrichiens... sont bien moins névrosés que ceux que j'ai côtoyés en France.

Alors la France, j'y vais à l'occasion pour les vacances, mais pas envie de m'y user la patience avec des crétins d'escrocs.

Les fonctionnaires je pense qu'ils ont une utilité même si ça ne doit pas être le modèle de base.

22/9/09 9:57 PM  
Anonymous Anonyme said...

Si au moins nous ne leur payions seulement leurs billets de train ! je connais un gars qui travaille à la `sncf et se fait offrir des cours de théâtre à mi-temps sans aucune perte de salaire ! le mec n'est même pas en contact avec le client ... en effet cela pourrait l'aider par moment à la jouer sur un air de compassion face aux "usagers" faudrait écrire clients, qui se plaignent du train en grève et qui leur faire perdre 1 jour de salaire. En effet nos fonctionnaires se foutent bien souvent de nous !

23/9/09 12:08 AM  
Anonymous Anonyme said...

Sur la "perte des avantages acquis" des fonctionnaires de France Télécom, je crois quand même que ça a été trèèèèèèèès progressif, hein.

C'est pas comme si on leur avait dit du jour au lendemain : bon, M'sieur dames, maintenant on est privatisés, vous êtes plus fonctionnaires, pouf pouf, au boulot et qu'ça saute.

Ca commencé il y a fort longtemps, et, sauf erreur de ma part (mais bien entendu, on ne nous explique jamais ce genre de trucs importants), il y a encore chez eux les "à statut" et les "pas à statut". Et ça fait combien d'années, déjà ?

Alors faudrait quand même pas excessivement nous prendre pour des cons, nous autres les clients-contribuables.

Un autre jour, je vous raconterai comment j'ai essayé de me faire rétablir le téléphone quand j'ai déménagé. Comme disait un mec qui vient de perdre ses avantages acquis plutôt plus vite qu'un pousse-crayon de France-Télécom, "on se serait cru en Afrique"...

23/9/09 3:03 AM  
Blogger Claudia said...

Alors c'est l'effet pernicieux ca...car figurez vous que ces problèmes pour la clientèle ont commencé très exactement dès lors que France Telecom a décidé d'allouer aux fonctionnaires du technique 100 a 200 km de territoire au lieu des 30 habituels et que de plus ils ont commencé à réduire les equipes au minimum pas même vital soit trois type pour un departement au lieu de 15 par exemple..faites le calcul et vous comprendrez pourquoi c'est si difficile d'être servi correctement et à temps. Ca c'est une réalité qui relève des décisionnaires et non pas des fonctionnaires.
Je suis interpellée par une remarque et je la partage--> oui c'est vrai le statut des fonctionnaires n'est Plus (et non pas) défendable aujourd'hui.
Mais là dedans ce ne sont pas les hommes d'hier qui ont changé, ce sont les politiques de demain...la nuance est infime je vous l'accorde mais elle a son importance.Faire supporter aux hommes d'hier les politiques de demain?
Les sociologues, les économistes nous disent: depuis quelques deux decennies le monde du travail a changé. Parce que la flexibilité geographique , horaire, comportementale et au niveau des competences est devenu telle qu'ont peut considerer aujourd'hui le travail, le professionnel au centre de nos vies et non plus a sa peripherie comme auparavant.
Alors je crois oui, je crois fermement qu'il y a des raisons valables de payer pour le cours de theâtre de la petite fille de chose et pour les billets de trains des autres mais en lieu et place de les enlever a tout le monde il faudrait la payer pour tous. Voilà ce que je dis. Car nous sommes actuellement dans un système de pensée où l'on soustrait au lieu d'additionner et ce dans tous les domaines, (c'est la mort annoncée d'une civilisation ca:)
Parce que l'homme ne sera jamais défini seulement par sa profession.
L'espèce aura toujours besoin d'une vie en dehors du travail et d'epanouissement et de developpement pour ses enfants.
Un sujet n'a pas plus été developpé que ca dans les commentaires et abordé par Philippe et interessant--> si le travail devient le centre de nos vies: la souffrance au travail a besoin d'être reconnue mieux que cela n'est ce pas? comme une composante centrale des risques de ce qui se trouve au coeur de nos existences (si j'ose dire)
Quid de la place du psycho du travail là dedans? C'est une question pleine de curiosité que je pose car le rôle et la place du psycho du travail et surtout dans ce domaine est carrement ou presque taboo.
Pas innocent parce que la mediatisation actuelle des suicides de France Telecom n'est plus seulement une mise en scène destinée a mettre des situations particulières en lumière mais cela apparaît aussi comme la lanterne de l'éclaireur.

23/9/09 9:04 AM  
Blogger El Gringo said...

"L'espèce aura toujours besoin d'une vie en dehors du travail et d'epanouissement et de developpement pour ses enfants.
Un sujet n'a pas plus été developpé que ca dans les commentaires et abordé par Philippe et interessant--> si le travail devient le centre de nos vies: la souffrance au travail a besoin d'être reconnue mieux que cela n'est ce pas?"


Mais grâce aux 35 heures, le travail n'est plus le centre de nos vies et le travailleur a plein de temps pour s'épanouir, non,... j'ai faux?

23/9/09 7:27 PM  
Anonymous Anonyme said...

"Figurez vous que ces problèmes pour la clientèle ont commencé très exactement dès lors que France Telecom a décidé d'allouer aux fonctionnaires du technique 100 a 200 km de territoire au lieu des 30 habituels."

Je ne crois pas, non.

Quand il fallait attendre deux ans pour une ligne de téléphone, les PTT étaient 100 % communistes et il n'était pas question d'économies de personnel.

Quand FT m'a fait payer pendant des années, en cachette, un compteur d'impulsions que j'avais rendu depuis longtemps, ce n'était pas un problème technique, mais administratif.

Quand ils ont refusé de me rembourser, ça n'avait rien à voir avec le manque d'effectifs, puisqu'ils ont pris la peine de m'écrire une belle lettre pour m'expliquer pourquoi ils me la mettaient profond.

Etc, etc.

24/9/09 12:13 AM  
Blogger Claudia said...

Vous savez..je suis un peu comme la chienne evoquée un peu plus bas par un autre post sur les vieux jeunes...je me dis que tout ceci on l'a déjà vu et on le reverra encore...aujourd'hui on tape sur les fonctionnaires parce qu'ils sont comme les retraités d'avant--> le témoignage vivant que les choses ont changé et que les valeurs d'hier qui se sont construites sur la base d'un monde en reconstruction après guerre n'ont plus lieu. Mais c'est dommage quand même de constater que malgré que la roue tourne toujours dans le même sens on s'illusionne en pensant qu'elle prends un chemin différent.
Bref ce qui me navre en l'occurence c'est que quand les choses dysfonctionnent on s'en prends pas aux decisionnaires de l'entreprise mais on tape sur le fonctionnaire en disant qu'il est faineant. Je trouve ca un peu court et peu réaliste et facile.
Mais evidemment il y a des deux et surtout une bataille perdue d'avance avec une confrontation de générations (encore!) Seulement j'aimerais qu'on rende justice a des personnes qui s'adaptent et ce depuis des années comme si bien remarqué plus haut, si ce n'est que la seule adaptation finalement consiste a dire on vous enlève tout et salut. Il n'y a pas vraiment d'échange.
Un petit exemple? hier un type a France Telecom s'est vu posé un ultimatum de trois mois pour trouver un poste ailleurs qu'à france telecom. Pretexte?--> vous êtes fonctionnaire et de plus ca fait 9 ans que vous bossez au même service où vous donnez entière satisfaction.
Hé oui c'est ca le monde nouveau du travail : il faut être mobile. La mobilité pour la mobilité et même pas pour l'efficacité.
Ridicule.

24/9/09 10:05 AM  
Anonymous Anonyme said...

Eh oui, Choopi, nous vivons dans un monde de mantras, la mobilité à tout prix, peu importe les conséquences y compris économiques, ou même humaines, quand les pros de de la com ont marketé un slogan, c'est garde à vous, le majeur sur la couture du pantalon, alors que ça devrait ^être le majeur en l'air, posture digitale que j'ai toujours adopté quand c'était opportun.

25/9/09 9:16 PM  
Anonymous Anonyme said...

Franchement, qu'on ne me demande pas de plaindre les "suicidés" de France Télécom. Le dernier d'entre eux vient de se jeter du haut d'un pont d'autoroute.

Je ne sais pas si vous imaginez le degré de perversion qu'il faut pour se livrer à un tel acte.

Choisir ce mode de suicide montre qu'on cherche délibérément à nuire à autrui, et à des gens qui ne peuvent être soupçonnés ni de près ni de loin d'avoir quoi que ce soit à voir avec vos ennuis supposés.

Imaginez le traumatisme psychologique que devra supporter toute sa vie le conducteur amené bien malgré lui à rouler sur le corps de cet abruti, et à se sentir responsable de sa mort.

Imaginez le risque parfaitement réel de tuer plusieurs automobilistes dans un accident consécutif à cette chute.

Cet acte est la traduction, sous sa forme la plus extrême et la plus criminelle, de l'attitude générale des fonctionnaires en France : ils sont là pour nuire à autrui tout en se plaignant de maux imaginaires qu'autrui leur causerait.

Vivement qu'on en finisse avec ce répugnant régime socialiste, qui produit de tels dégénérés (mais qui fait l'oeuf, et qui fait la poule ?).

28/9/09 5:50 PM  
Blogger Claudia said...

à Robert Marchenoir--> 100 000 fonctionnaires supprimés entre 2007 et 2008: gain de l'état = 1 milliard d'euros.
Dans la même période la dette du pays augmentait de 300 milliards.
Édifiant non?
Les fonctionnaires ca se monte à peine au coût des buffets champagne de l'état alors je me marre un peu là.
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Je lis partout des choses du genre " bah à france telecom on ne se suicide pas plus qu'ailleurs, si on regarde les statistiques il y a tant de % de gens qui se suicident dans telle ou telle catégorie.."

Eh bien oui, j'entends bien cela.
Mais je ne compare pas avec la moyenne des personnes qui se crèvent de douleur ou autre en france, et vous savez pourquoi?
Ben parce qu'auparavant à France Telecom on ne se suicidait pas.
Alors je sais pas moi...on pourrait pas se dire aussi parfois: oui il y a là une situation qui a changé, quelque chose qui provoque des drames et puis essayer de trouver des solutions au lieu de se rassurer en disant qu'ailleurs ils meurent pas mieux?

1/10/09 12:55 AM  
Anonymous Anonyme said...

"Les fonctionnaires ca se monte à peine au coût des buffets champagne de l'Etat."

Désolé, Julia, mais vous racontez n'importe quoi. Vous n'avez aucune notion des ordres de grandeur économiques.

Les dépenses en personnel sont celles qui pèsent le plus sur les comptes publics. Ca, et les dépenses de santé (qui comprennent, elles-mêmes, une part très importante de dépenses en personnel).

Dans les grandes masses, vous avez aussi les allocations sociales (RSA, loyers HLM sous-évalués, transports en commun gratuits...). Qui sont aussi des dépenses de personnel, si l'on veut bien admettre qu'il s'agit d'un complément de revenu alloué à des personnes.

En gros, chaque récipiendaire d'une allocation sociale est un fonctionnaire à temps partiel (et pas mal le sont à temps complet...).

Il faut ajouter, aussi, dans les dépenses de personnel cachées de l'Etat, les énormes subventions allouées aux associations de toutes sortes, et qui servent, d'abord et avant tout, à payer les salaires de leurs membres. Ces derniers sont eux aussi des fonctionnaires déguisés.

Inutile de vous dire que les coupages de cheveux en quatre sur les différentes fonctions publiques (d'Etat, territoriale, etc) n'ont pas la moindre valeur et ne servent qu'à dissimuler le nombre effarant de Français qui vivent aux dépens des autres.

Peut-être est-ce pour cela, qu'ils se suicident : par honte de devoir leur pitance à un vol légal commis par l'Etat, à leur profit, dans la poche de leurs concitoyens ?

Par honte de ne pas devoir leur gîte et leur couvert à leur propre travail, un travail honnête, amenant un salaire librement consenti par leurs concitoyens décidant librement de payer leurs services au prix qu'ils estiment justifié ?

Par honte de vivre aux dépens des enfants de leurs petit-enfants, dont ils creusent la dette avant même qu'ils ne soient nés ?

Tous les Etats qui ont rééquilibré leurs comptes publics l'ont fait en taillant à la tronçonneuse dans les effectifs de fonctionnaires. C'est un élément fondamental de la solution.

3/10/09 10:35 PM  
Blogger Claudia said...

Je croyais moi que le fonctionnaire avait un travail honnête amenant un salaire librement consenti mais bon il est vrai que je ne mettais derrière le terme de fonctionnaires que les employés de l'etat, en fonction, en service et actifs.

Je comprends bien la nécessité de revoir la façon dont les fonds sont redistribués mais ce que je ne comprends pas c'est pourquoi effectivement on taille à la tronçonneuse à ces endroits là plutôt qu'à d'autres?

Remarquez que le fonctionnaire qui reverse partie de son salaire pour le chômage et tous autres actes sociaux (y compris la fameuse "dette" placée au piédestal de tous nos soucis et qui vient en versus du dieu loto), remarquez donc que ce même membre que l'on taille est doublement actif et je dirais même triplement puisque de ces actes il en bénéficie encore moins que tout le monde -cf pas d'alloc chômage par exemple.
Mais bon il est vrai que si l'on doit tailler un membre pour faire exemple ce ne sera pas le bras du chirurgien n'est ce pas? il ne pourrait plus tenir le scalpel...c'est donc le patient qui prends.
Ce doit faire partie de cette "solution" évoquée brièvement...trop peut être, car pour le coup je me dis que j'ai du manquer quelque chose d'essentiel à ma compréhension des choses.
Si vous aviez la gentillesse de m'éclairer?

(P.S ca me rappelle qu'avant "la dette", au début des années 80 il y avait le "spectre du chômage" et qu'alors la solution proposée avait été de....tailler dans les salaires service public. Aujourd'hui avec le spectre de la dette on taille l'emploi carrément.
Donc...salaire--> emploi-->
Le prochain spectre nous obligera à tailler du fonctionnaire ..oups...pardon, c'est déjà fait ca, ils se suicident...
Dans quoi va t-on tailler alors?

5/10/09 12:44 AM  
Anonymous Anonyme said...

Claudia / Julia : impossible de faire un cours d'économie en un commentaire de blog, ce qui serait nécessaire pour vous répondre.

Je vous conseille le blog "Le libéralisme pour les débutants", remarquable synthèse, et des grands mécanismes économiques, et des principes du libéralisme. De surcroît facile et amusant à lire, même pour ceux qui n'ont aucune notion préalable.

http://www.dantou.fr/liberalisme.htm

Un seul mot sur les fonctionnaires : plus il y en a, plus ils appauvrissent les citoyens. Pourquoi ? Parce qu'un service rendu par l'Etat n'est pas soumis à la concurrence. Il est par conséquent inefficace : il coûte plus cher que s'il était acheté sur le marché.

Ce surcoût, c'est vous qui le payez. Ce n'est pas "l'Etat". L'Etat n'existe pas. L'Etat, c'est vous. L'argent que l'Etat "donne", il le prend auparavant dans votre poche.

Un petit nombre de fonctionnaires est indispensable. On ne peut pas s'en passer. Mais dès qu'il y en a plus que strictement nécessaire (et ce point est dépassé en France depuis très, très longtemps), ils appauvrissent le pays.

5/10/09 6:50 PM  
Blogger Claudia said...

Merci pour l'adresse du blog et aussi pour ces précisions.
Et oufouf...merci.
Je comprends beaucoup mieux dès à présent ce "réequilibrage" que vous evoquiez".

Je suis assez contente des derniers éclairages qui ont eu lieu a FT.
Car bien sûr je ne calquais pas cette situation comme étant représentative du système (quoique) mais justement assez exceptionnelle, donc ca me rassure toujours de savoir qu'on va pouvoir faire semblant de comprendre a FT que les salariés ne sont pas des bouts de stock qu'on déplace au gré des inventaires et ce d'autant plus qu'on ne peut plus ignorer les conséquences directes sur les familles.
En tout cas pendant quelques temps....jusqu'à ce que les medias oublient.
Ce qui me terrifie c'est qu'il aura fallu 24 morts pour que les dirigeants de FT, acculés, s'obligent à reconnaître qu'il s'agissaient d'être humains dont on parlait.

13/10/09 11:16 AM  
Anonymous Anonyme said...

Encore un truc : dans cette affaire, je suis persuadé que des pratiques de management extrêmement perverses coexistent avec des blocages fonctionnariaux extrêmement profonds ; que c'est spécifique à la France ; et que les premières sont d'autant plus prononcées que les second sont bien ancrés.

C'est tout à fait intuitif et je ne peux pas le prouver à l'instant (ce qui ne signifie pas que cela ne soit pas prouvable, et qu'il n'existe pas d'études à cet effet).

C'est pourquoi je crois en gros, que dans ce genre de situation, la seule solution consiste à reconstruire un truc à côté en partant de zéro, et non à tenter de réformer un mammouth irréformable.

Un peu comme avec l'Educ'naze, voyez.

15/10/09 6:00 PM  
Blogger Élie said...

Bonjour !

Mon petit bout de la lorgnette en tant que prof titulaire chez Mammouth :

- Je suis tout à fait d'accord quand Philippe dit que le mal-être au boulot ne suffit pas à lui seul à expliquer un acte définitif. Pour avoir bossé deux ans dans une boîte privée avec le rythme de travail du salarié lambda (35 heures) je ne peux pas dire que j'ai souffert outre mesure du rythme de travail, mais j'étais aussi quinze ans plus jeune, donc plus en forme et avec une plus grande capacité d'adaptation. Oui, l'âge joue là-dedans, dix fois oui ! Et quand j'ai eu des soucis de santé dans mon boulot de fonctionnaire, c'était lorsque toute une conjoncture de choses m'est tombée dessus simultanément, faisant qu'au bout d'un moment corps et psychisme ont dit Stop ! Au repos !

- S'adapter, réformer chez Mammouth, je suis la première à le souhaiter à MA manière. Le problème, c'est que les règles du jeu changent pour ainsi dire chaque année, on nous dit à gauche, puis à droite, puis marche arrière. Je suis franchement déboussolée, et, oui, je suis devenue fonctionnaire parce que je voulais une certaine stabilité, tout le monde n'a pas une âme d'entrepreneur ou d'artiste ou d'aventurier !

- Vivement les 35 heures pour les profs ! Je rêve d'avoir une vraie séparation entre boulot et vie privée.

- Je suis pour les trois jours de carence pour tout le monde. SI vraiment un jour j'ai le mal de tête infenal ou le mal au bide de la mort ou le mal de dos ou de je ne sais quoi d'autre encore qui me cloue au lit mais dont je sais qu'il passera tout seul avec un peu de repos et qu'il ne nécessite pas la visite chez un médecin (parce que ça aussi ça coûte, en termes de sécu et d'arrêts de travail !) dans ce cas je prends mes un ou deux jours et ils sont retirés de ma paye à la fin du mois et basta. C'est ce qui se passait quand je bossais dans le privé, et je trouvais ça parfaitement normal.

- Je suis pour la bivalence, comme elle existe déjà dans plusieurs pays dont l'Allemagne : les profs sont formés pour enseigner deux matières, et en termes de gestion du personnel cela me semble beaucoup plus souple pour tout le monde, comme ça le Mammouth n'a pas besoin d'envoyer son fonctionnaire à Petaouchnok, là où il en a besoin pour une matière donnée, s'il peut l'envoyer plus près de chez lui pour enseigner l'autre matière où il est compétent. La bivalence ou trivalence existe déjà dans les faits en France chez les profs du professionnel (français - histoire ) ainsi que chez les profs d'histoire - géo - éducation civique et profs de lettres classiques qui enseignent français, latin et grec.

- Mon salaire n'est pas mirobolant comparé à d'autres, mais il me suffit, même si beaucoup part dans le logement, quI douille en région parisienne, or la mobilité chez les enseignants repose sur un système de points accumulés au fil des ans, et sur les besoins en personnel, très variables suivant les matières enseignées d'une région à l'autre.

- Il y a tout un tas de choses qui dysfonctionnent pour un tas de raisons, chez le Mammouth comme ailleurs. Si j'arrive à faire les choses en étant, pour reprendre l'expression favorite d'un collègue, à peu près droite dans mes bottes et à faire mon boulot correctement, je resterai. Sinon, si vraiment ce que je fais me créé un réel mal-être au boulot pour X raisons, alors j'en tirerai les conséquences et, même à mon âge, je me formerai pour aller faire autre chose ailleurs, histoire de rester cohérente avec moi-même.

30/5/18 12:33 PM  

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