17 novembre, 2009

Tais toi sinon tu vas avoir la fessée !

Coupable d'avoir donné une fessée, un père suit un stage de parentalité !

C'est tout nouveau, Edwige Antier, pédiatre de son état, et député UMP par hasard, propose une énième loi à la con. Il s'agirait d'interdire les châtiments corporels pour les enfants. Saluons d'ores et déjà l'intervention de Xavier Bertrand regrettant d'une part une nouvelle loi qui ne peut qu'alourdir le dispositif législatif français et d'autre part l'intervention de l'état dans la relation entre les parents et leurs enfants. C'est vrai qu'entre le mangibougisme et l'interdiction de la clope dans les "lieux de convivialité" (sic), Xavier Bertrand s'est toujours fait le chantre de la liberté et du non interventionnisme. Mais bon, peut être que sur ce coup là, il souhaite pouvoir continuer à donner des coups de martinets à sa progéniture sans qu'on l'emmerde !

Notons que depuis quelques temps, le mangibougisme a dépassé nos espérances puisqu'un spot publicitaire financé par nos deniers nous apprend que le ketchup, dont le goût est sucré, est rempli de sucre. Si l'état n'était pas là, secondé aujourd'hui par M.A.D.A.M. (machine à décoder les aliments), on se demande ce que nous ferions tout seuls ! Ainsi Laurence, qui observant scrupuleusement la tradition faouine consistant à prendre un roboratif petit déjeuner composé de tartines de pâté trempées dans un bol de bière chaude et sucrée, est-elle sur le point d'abandonner cette pratique grâce à M.A.D.A.M, ayant enfin réalisé que la charcuterie c'est gras et que la bière c'est alcoolisé.

Mais revenons à nos moutons. Ayant entendu madame Antier parler, je n'ai pas plus été étonné que cela, ayant l'habitude que cette pédiatre se prenne pour une pédopsychiatre afin de prodiguer moult conseils destinés à mieux éduquer les petits enfants. N'ayant pas de qualification particulière pour traiter de ce sujet, ni même grand intérêt pour celui-ci, cette dame peut bien faire ce qu'elle désire. Elle et moi naviguons de toute manière dans des sphères différentes, elle avec les enfants, moi avec les adultes, elle tout en haut et moi tout en bas comme un vermisseau.

Le plus atroce fut lorsqu'elle déclara qu'il ne s'agissait pas de poursuivre pénalement les parents ayant fessé leurs enfants mais plutôt de leur offrir un stage de parentalité. Là, c'est vraiment le mot qui me fait bondir, me laissant hagard et atterré.

Le stage de parentalité fait surgir en moi l'image d'une société bureaucratique et administrative, une sorte d'Éden socialiste inventé par un énarque fou, une dictature soft dans laquelle une énorme maman aussi douce que stricte nous suivrait à chaque pas, n'hésitant pas à nous taper doucement sur les doigts dès que l'on fait un pas de travers, nous envoyant ensuite dans un stage de citoyenneté au cours duquel un fonctionnaire affable, précis et technique nous expliquerait d'une voix douce et monocorde en quoi nous sommes déviants et comment ne plus le devenir en suivant des conseils avisés.

Dans cette société, on ne recruterait une femme destinée à changer des couches, donner des biberons et amuser les gosses, que si elle est dument bardée d'un diplôme dénommé CAP Petite enfance destiné à lui assurer une compétence adaptée à la prise en charge de jeunes enfants reçus dans des structures d'accueil publiques ou privées.

M'étant documenté sur un site de psys, je constate que depuis 2002, les stages parentaux existent. un texte stipule que : le présent protocole a pour objectif la mise en place d’un stage parental afin de lutter contre la délinquance des mineurs, dès lors qu’elle apparaît comme une conséquence des carences familiales graves ; d’agir sur les parents pour les inciter à réfléchir sur leur fonction éducative et à adopter une attitude positive responsable, leur apporter un soutien éducatif sur un temps limité et dans un cadre légal bien défini.

Le dispositif préconisé prévoit que le stage comprenne :

- une étape d’information collective sur les droits et devoirs des parents qui fasse intervenir des représentants du ministère public, de l’éducation nationale, de la police ou la gendarmerie et de la P.J.J..

- une étape de suivi individualisé qui n’excède pas trois mois et qui vise à contrôler et vérifier si les parents entreprennent des démarches pour l’éducation de leurs enfants, respectent les obligations qui leur ont été formulées, répondent aux convocations, participent aux réunions d’information. Cette étape est conclue par la rédaction d’un rapport qui permet au Parquet de décider soit de poursuivre et sanctionner les parents en cas « d’échec », soit de classer sans suite la procédure, soit de saisir le juge des enfants par requête d’assistance éducative.

Par ailleurs, cette circulaire définit une liste indicative et non restrictive des situations auxquelles le stage parental peut être réservé :

- parents de mineurs primo-délinquants de très jeune âge.

- cas lourds d’absentéisme scolaire

- parents réticents à toutes mesures éducatives

- parents refusant de venir chercher leurs enfants impliqués dans une procédure, après de multiples faits

- parents qui tirent profit de l’activité délinquantielle de leurs enfants.

Situations auxquelles on pourra bientôt rattacher les parents qui ont osé donner une petite tape sur les fesses de leurs gamins. Car n'oublions pas qu'on parle de fessée et non de mauvais traitements, lesquels sont déjà (et heureusement) réprimés par la loi. Notons le terme "délinquantielle" tout à fait en phase avec une société devenue folle qui ne trouve même plus dans le dictionnaire, de quoi illustrer la mesure de ses délires. Rappelons que l'utilisation abusive de néologismes s'observe aussi dans le cadre de certaines schizophrénies.

Nos amis énarques, désireux de construire un monde modélisé, parce que sans doute inadaptés à notre monde bien réel, estiment donc que les parents seraient négligents par "manque d’information", "d’incitation à la réflexion" et de "conscience de leurs responsabilités". Fort de ce constat, il s'ensuit qu'il faudrait "agir" sur les parents et les "contraindre à entendre" pendant "un temps limité" pour qu’ils deviennent responsables. C'est si facile de "faire marcher au pas" les parents démissionnaires ! Il suffisait d'un stage de rééducation par l'exercice de la parentalité.

Comme le souligne le site de psys que j'ai consulté, le terme de "stage" est lui-même porteur des délires de nos élites. On définit un stage comme étant une "une période d’études pratiques, exigée des candidats à l’exercice de certaines professions". Le législateur fainéant abusé par le bureaucrate devenu fou considère donc qu'être parent est une profession nécessitant uniquement une sorte de savoir-faire, une praxis vendue en kit, sans évidemment se soucier du savoir-être et encore plus de ce que les hasards de l'existence réservent aux futurs parents.

On l'habitude de considérer qu'être parent relève de processus psychiques complexes, auxquels s'ajoutent l’expérience positive et négative de chaque individu avec ses propres parents, le tout étant parfois largement bouleversé par les aléas de l'existence puisque de la même manière que l'on peut se retrouver parents par hasard, on ne sait pas non plus comment sera le gamin, ce qui entraine forcément des interactions impossibles à prévoir à l'avance. Alors certes en matière d'éducation, il existe de gros fondamentaux que d'autres parents ou un spécialiste (pédiatre, pedopsy, etc.) peuvent enseigner, mais pour le reste c'est un peu de la démerde, chacun s'efforçant de faire au mieux.

Mais, dans tous les cas, devenir une mère ou un père responsable ne se construit pas du seul fait d’une transmission d’informations, encore moins dans le conditionnement pur, comme on entrainerait un cheval de course, dans la simple contrainte ou dans le "suivi individualisé pendant un temps limité " comme si on prenait un logiciel en mains.

Dans un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre, on disait qu'il n'y avait pas d'écoles pour devenir parents. C'était une sorte de sagesse populaire qui donnait à penser, que quelles que soient les idées préconçues que l'on ait eu sur l'éducation et le devenir des gosses, tout se construisait un peu au jour le jour, avec bien sûr des fondamentaux partagés par tous. En bref, on ne savait jamais si le futur ingénieur que l'on avait rêvé ne finirait pas saltimbanque ou délinquant.

En ces temps immémoriaux, on entendait aussi des parents expliquer qu'avec le premier ça avait été simple tandis que le second avait été plus dur, à moins que ce ne soit le contraire. Sans doute que ces parents n'ayant suivi aucun stage de parentalité, voulaient expliquer que les enfants quoiqu'on en dise étaient tout de mêmes différents les uns des autres.

En ces âges farouches, le bon sens était suffisamment partagé par un tout un tas de personnes, dont notamment les élites, pour que les parents démissionnaires soient suffisamment canalisés par la société pour ne pas multiplier les abus. En gros, dans une société aboutie ne confondant pas les adultes et les enfants, les gosses ne trainaient pas tard le soir, ne frappaient pas leurs profs et ne sombraient pas dans la délinquance aussi facilement. Ce qui est presque devenu la règle était alors l'exception. Les IUFM et les études de "sciences de l'éducation" n'existaient pas mais le monde ne marchait pas sur la tête.

Aujourd'hui, grâce à l'état, nous savons que l'enfant est un clone, une sorte de bouture ne nécessitant que de soins calibrés, que l'on peut apprendre, pour qu'il grandisse et devienne un futur citoyen festif et écoresponsable. C'est rigolo car il me semble qu'en d'autres époques aussi, du côté allemand ou russe, certains ont pu penser la même chose et je crois savoir que cela n'a pas beaucoup marché.

La fois prochaine, nous nous attaquerons à la "guidance parentale" !

7 Comments:

Blogger H. said...

Voilà qui devrait donner de l'eau à votre moulin venant d'un attaché parlementaire:
http://authueil.org/?2009/11/18/1493-psychiatrie-lourde
Je le cite simplement: "Une fois de plus, on a les élites qu'on se donne. C'est nous qui acceptons que seuls des tarés puissent avoir une chance d'accéder à la présidence de la République."
Pensez-vous qu'il soit possible de dégager un portrait clinique de ces "tarés" comme le dit Authueil? Intéressant diagnostic à l'heure où l'eau atteint les ponts des secondes.

Par ailleurs, encore merci pour les aventures de Toju, le malandrin, et de son fidèle ouzbec, garde du corps et exécuteur de basses œuvres. Du grand art et beaucoup de rire en imaginant les scènes.

18/11/09 1:48 PM  
Blogger Denis said...

... oh chic alors
je m'en vais écrire "être parent: pour les nuls" y a un créneau !

18/11/09 2:11 PM  
Blogger Marino said...

J'ignorais la tradition faouine qui consiste à prendre au petit-déjeuner des tartines de pâtés trempées dans de la bière chaude et sucrée, je vais songer à respecter la tradition dès demain !

18/11/09 4:44 PM  
Blogger philippe psy said...

@ H : intéressant en effet, analyse très juste.
@ Denis : ça existe déjo presque par Laurence Pernoud http://fr.wikipedia.org/wiki/Laurence_Pernoud
@Marino : dès demain matin, faites une surprise à Monsieur Jean, préparez lui un bon petit déjeuner faouin ! Rajoutez une belle part de saindoux !

18/11/09 8:34 PM  
Blogger Laurence said...

Qu'est ce que j'ai pris comme taloches parce que je ne voulais pas prendre de petit-déjeuner quand j'étais petite ;))

18/11/09 11:29 PM  
Blogger El Gringo said...

Et tout ça parce que notre gouvernement "ultralibéral" n'a pas les moyens d'embaucher les profs qui font défaut à l'EdNat à cause des "cadeaux" fait aux riches... Ah, là, là, vivement la gauche! ;-)

19/11/09 12:22 AM  
Blogger Denis said...

@philippe psy: oh misère, mais oui, maintenant que vous me le rappelez, ma femme "à" ce livre.
C'est un peu comme le Ginette Mathiot**
C'est transmis de mère en fille sans se soucier des conséquences.

Je comprends donc mieux pourquoi mon dernier à les fils qui se touchent.

** Aucune trace des tartines de saindoux dans le G Mathiot, c'est un coup de l'ami Ricoré !!!

19/11/09 9:22 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home