12 mai, 2010

Putain de nuage !


Tout avait bien commencé. Je n'ai pas dormir la nuit dernière, espérant profiter de mon transport en bétaillère pour m'assoupir. C'est donc, ce qu'il est convenu d'appeler "la tête dans le cul", que je me présente à sept heures pile à l'aéroport de Roissy. Pour la première fois, j'embarque au terminal 2 ce qui m'amène à utiliser le petit métro automatique qui relie le RER à l'aérogare.

Comme on est en France, on a le droit à des lumières chiches et glauque et au "tout béton" parce que pour un architecte à la page de chez nous, le "brut du décoffrage" semble le fin du fin. L'ambiance en ce petit matin pluvieux n'est donc pas gaie. On se croirait dans une banlieue sordide d'un pays de l'est à la grande époque du mur de Berlin, un petit matin de la Toussaint.

L'aérogare en elle-même est toujours aussi laide et toute en béton brute aussi. J'avise le panneau des départs pour m'apercevoir que notre vol est "retardé". A l'enregistrement, on nous explique que le vol est même considérablement retardé puisqu'il ne partira quatre heures et demie après l'heure prévue. On nous explique aussitôt que c'est du au "nuage de cendres" ce qui devient aujourd'hui l'explication la plus commode pour expliquer tout et n'importe quoi. chose agréable, le passage de la sécurité se fait rapidement et avec des gens aimables. Ils ont l'air tout autant désolés que nous de nous traiter en criminels.

Je patiente donc dans un riant salon d'attente, le cul collé à un siège de skaï. Une misérable boutique de duty-free me propose le choix entre trois marques de cigarettes. Je ne tarde pas à m'endormir d'un sommeil lourd.

A quatorze heures trente, l'embarquement se fait. Une fois coincé sur mon siège, j'apprends que le vol ne durera pas les sept heures annoncées mais plutôt dix heures car le pilote va devoir remonter loin loin loin vers le Groenland pour échapper au fameux nuage de cendres. Moi qi avait prévu de roupiller pépère durant les sept heures de vol, je suis mal. J'ai déjà dormir quatre heures et le vol sera interminable. Je finis tout de même par m'assoupir, n'étant réveillé que pour la fameuse et délicieuse collation consistant en un bout de poulet accompagné de pâtes collantes et de trois haricots verts.

En allant aux toilettes, je lorgne discrètement la classe business où j'aperçois de profonds fauteuils confortables. J'ai beau me dire que ce n'est pas en étant psy que l'on devient riche, tout ce luxe tapageur étalé face à moi, pauvre voyageur de classe éco, me donne bien envie de monter une secte, seule activité où les psys peuvent vraiment gagner vraiment de l'argent.

Comme si tout ceci ne suffisait pas, l'avion passe ensuite une demie heure au moins, à faire des ronds dans le ciel, en attendant de pouvoir se poser. Cela nous laisse le temps d'admirer le New-Jersey. Ca y est, le pilote annonce que nous amorçons enfin notre descente. L'hydraulique se met en branle : d'abord les volets puis le train d'atterrissage. Comme je m'ennuie mais que je suis imaginatif, je me plais à penser à toutes les bêtises que j'aurais pu raconter au petit Thomas s'il avait été assis à côté de moi. Comme il a peur en avion, lui désignant les volets, je crois que je lui aurais fait croire que les ailes partaient en morceaux. C'est très méchant mais ça lui aurait appris à voter socialiste !

On sort enfin. On passe le contrôle de douane où l'on nous prend en photo comme d'habitude, ainsi que les empreintes digitales. C'est un peu lourd mais le type est aimable. Et puis, il est surtout impeccable, ce qui nous change des gorets de la PAF de chez nous dont les chemises douteuses et les postures avachies ne font pas honneur à la France. On récupère les bagages, on file la fiche à la douane indiquant qu'on a rien à déclarer et on sort enfin.

Une file de taxis jaunes nous attend. Tout est parfaitement bien organisé. Le chauffeur nous emmène à près de cent-soixante dans Manhattan, à Times-Square. Le Best Western Président est vraiment très bien. Je vous écris d'une chambre au quinzième étage, entièrement refaite et où l'on peut fumer (pouah beurk).

En revanche la compagnie Continental est vraiment naze. en plus leur devise "Work hard, fly right" a un quelque chose d'assez monstrueux. Je ne saurai jamais pourquoi, tous les avions de United sont partis à l'heure tandis que les deux misérables vols de Continental avaient tant de retard.

Il faut que je me souvienne que ce blog a eu une ligne éditoriale et qu'il n'est pas destiné à recevoir mes récits de voyage. A ce propos, quand le type de la Borders and Custom m'a demandé ma profession à Newark, je lui ai dit que j'étais "psychologist". Il m'a demandé quelle spécialité j'avais et j'ai benoîtement répondu "therapy".

Le bravre bougre a semblé impressionné. Peut-être qu'ici les "psychologists" se font trois-cents dollars de l'heure et s'offrent des Armani à trois-mille dollars. J'ai presque eu envie de lui dire que chez nous, ce n'était pas le cas et qu'on était obligé de voyager en classe-éco comme les clodos et de patienter des heures dans un terminal tout pourri.

Si je me laissais aller, je me dirais que je suis bien bien malheureux et que j'aurais du faire "psy américain pour riches". Mais comme depuis pas mal d'années, je me suis habitué à ne plus m'écouter larmoyer comme une gamine de huit ans, je me dis "ta gueule Philippe".

Allez, je quitte. Je vais dîner sur Broadway. Peut-être que je vais me trouver un petit engagement dans un spectacle. Depuis que je sais, car il l'a affirmé lui-même, que Roland Magadane, le comique idiot de ma jeunesse, avait réussi aux Amériques, je me dis que je ne suis pas plus con que lui et que cela pourrait m'arriver !




1 Comments:

Blogger Anna said...

Philippe, je vous ai toujours dit que vos honoraires étaient trop bas et vos séances trop longues. Ramenez les à 45 mn et faites payer plus cher. Vous pourrez alors voyager en première classe et une limousine vous attendre à l'aéroport :)

26/5/10 8:49 AM  

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