03 juin, 2010

Les patients savent vivre !


L'un de mes patients me retient toujours deux heures. Non qu'il ait plus de choses à me dire mais je soupçonne que cela doit flatter son égo de me prendre deux heures alors que la règle est d'une heure. Comme en règle générale, il oublie de venir ou alors qu'il vient trois quarts d'heure en retard pour repartir trois quarts d'heure en avance, c'est un patient pratique puisque je suis payé à ne rien faire ou ne pas trop faire. Bon, la dernière fois, je me suis tout de même fâché tout rouge en lui expliquant que j'en avais marre d'être traité comme un larbin ou du petit personnel. Depuis il vient à l'heure. En revanche, nous avons gardé la même habitude de déjeuner ensemble parce que monsieur aime bien me parler au cours d'un repas.

Aujourd'hui, le rituel n'a pas varié d'un iota. Le patient était là à l'heure pile mais c'est moi qui lui ai mis dix minutes dans la vue. Je l'ai retrouvé à la terrasse d'une brasserie où il grignotait une assiette de charcuterie. On se fait la bise, on prend de nos nouvelles respectives parce que cela fait quelques temps qu'on ne s'était pas vus et je m'assieds. Bien entendu, on se tutoie.

Hélant le garçon, mon patient lui demande "un verre de Mercurey pour le docteur !". On papote et je bois mon verre en mangeant de la charcuterie.

Puis, mon patient me demande ce que je veux manger. Comme je ne suis pas difficile, je lui dis que je mangerai ce qu'il veut. Il me propose un restaurant de poissons assez sympa du quartier, ce que j'accepte. Nous vidons donc nos verres et nous dirigeons vers le restaurant.

Une fois arrivés, nous voyons ce qu'ils nous proposent. Le patron nous recommande les homards qui sont parait-il "très bien". Nous nous laisserons tenter par deux grosses et belles langoustes qui nous semblent plus charnues. Pour les accompagner, une bonne bouteille de Chablis fera l'affaire et elle nous est aussitôt servie. Comme nous aimons être à nos aises, on se fait dresser la table en bordure de terrasse où nous pourrons ainsi fumer.

La séance peut commencer. Et aussi curieux que cela paraisse, nous faisons un excellent boulot malgré le cadre un peu étrange de nos séances. Parce que lui et moi savons que malgré le cadre informel de nos rencontres, nous sommes là pour travailler. De toute manière, il y a des patients réfractaires au cadre trop strict de la thérapie avec lesquels il faut s'adapter. et être créatif pour créer la relation thérapeutique. Tandis qu'à la fin, mon patient s'inquiète du vin que j'ai pu ingérer, je le rassure en lui disant qu'ayant prévus les agapes, j'ai pris un musicien très sympa juste après et non un austère ingénieur.

Peut-être que le fait d'être nourri de langoustes et abreuvé de grands crus de Bourgogne me rend encore plus efficace ? C'est une option que je vais proposer à la totalité de ma clientèle.


1 Comments:

Blogger Gabrielle said...

punaise j'ai les mêmes assiettes chez moi... L'angoisse

4/6/10 9:01 PM  

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