15 juillet, 2010

Argent facile !


Comme on le sait, la psy ne nourrit pas son homme ou alors bien mal. Psychiatre ou psychologue, même combat ; les séances durent longtemps. Impossible, à moins d'être un voyou de ne garder les gens que dix minutes en leur prenant leur blé ce qui est impossible dans notre job parce que dix minutes c'est juste le temps d'ôter son manteau et de se mettre à l'aise sur le fauteuil en face du psy.

On peut éventuellement être un psychanalyste véreux parce que ce cas, comme tout ce qui se passe est globalement de l'entière responsabilité du patient, vous pouvez prendre le blé sans trop vous en faire du point de vue de l'obligation de moyens. Si le mec va mal dix ans après, dites lui qu'il refuse inconsciemment de guérir et le tour est joué. On peut aussi monter sa secte mais en France à moins d'être une vraie religion ayant pignon sur rue c'est risqué parce que dès que vous prenez du blé à vos adeptes pour leur fourguer votre truc, l'état vous tombe dessus.

Pour les psys sérieux, qui représentent 99,99% de la profession, pour faire du blé il faut trouver des à-côtés. Pour cela, il y a l'écriture de livres, les passages à la télé en tant qu'expert ou les cabinets de conseil destinés aux entreprises. Et pour les gens comme moi, les vermisseaux de la profession, il n'y a pas grand chose.

Comme je ne faisais rien aujourd'hui, je suis parti glandouiller en centre ville. Avant de me retrouver à la terrasse de mon rade favori, je suis passé chez le marchand de journaux pour acheter un peu de lecture. Et comme près de la caisse, ils proposaient Cerveaux et Psycho, je l'ai acheté. C'est un magazine d'actualité sur les neurosciences plutôt bien fichu qui reste simple d'accès sans être pour autant simpliste. En tout cas, rien à voir avec Psychologies magazine, le journal qui parle de la psy comme feraient une coiffeuse et sa cliente et propose en plus des recettes de cuisine et des trucs pour se sentir plus belle dans son corps.

Je commence à lire et je tombe sur cet articulet : Le Poket : dopage tous azimuts. J'apprends ainsi que 80% des joueurs de poket profesionnels et semi-professionnels absorbent des substances telles que cocaïne, cannabis, caféine et nicotine, métaamphétamine ou boissons énergétiques. Une étude de Kevn Clauson, de l'université de Floride du Sud, réalisée auprès de deux cents jouers rassemblés à un chmapionnant du monde de Poket à Las Vegas, a révéle en outre que 28% des jouers se font precrire par leur médecin ou se procurent par un autre moyen, un des composés suivants : bêta-bloquants, amphétamines, métylphénidate, modafinil, hydrocodone ou encore armodafinil.

Comme le patron du rade est un joeur invétéré, je lui montre l'article qu'il photocopie immédiatement. Il m'explique alors qu'il a noté que depuis quelques mois les méthodes avaient changé. Tandis qu'avant, certains passaient leurs temps à boire de la Red Bull pour garder les yeux ouverts lors des tournois, aujourd'hui il a de plus en plus l'impression d'avoir des robots impassibles en face de lui.

C'est à ce moment que survient un bon ami, pharmacien biologiste de profession. Je lui montre la liste des médicaments cités dans l'article. Il les connait tous et nous explique par le menu leurs vertus et leurs effets secondaires. C'est assez instructif.

Le pauvre patron du rade tombe des nues. Lui qui avait commencé à lire des livres traitant de synergologie que je lui avais conseillés pour décrypter les comportements des joueurs n'en revient pas : il a déjà une guerre de retard. Il en est resté à la psychologie tandis que la neurochimie a déjà pris le relais.

Et mon rêve d'avoir un petit à côté où j'aurais pu faire un peu de blé facile s'écroule. Moi qui me voyais déjà en train de former des apprentis joueurs à la synergologie, leur filant les grosses ficelles et les tuyaux faciles : que dalle ! Les laboratoires pharmaceutiques occupent maintenant la place et les artisans à la manque comme moi n'ont plus leur mot à dire ! Et pourtant, avec les nombre de blaireaux qui rêvent de gagner de l'argent à ne rien faire et les mythomanes fantasmeurs qui s'imaginaient déjà logés gratos au Venetian pour jouer au poker, il y avait du monde.

Mais que voulez-vous comme dans le sport, dès que le blé arrive, les gros moyens suivent. J'ai ainsi appris (non vérifié) qu'un prochain tournois de poker organisé à Deauville aurait comme prix dix millions d'euros. Avec de telles sommes, il était normal que les amateurs comme moi soient écartés au profit des professionnels. On sait aujourd'hui que du fait du dopage, l'espérance de vie des joueurs de football américain est de cinquante-trois ans, peut-être que d'ici une dizaine d'années, celle des joueurs de poker ne dépassera pas quarante ans !

Un rêve s'écroule : je suis et resterai un humble tâcheron de la psychologie. Pauvre certes mais honnête ! Mais bon, peut-être que le week-end je pourrais me faire un petit billet en tondant des pelouses ?

3 Comments:

Blogger V. said...

rhoooo... Philippe... votre "closure" prête à confusion...
;o)

25/7/10 12:42 PM  
Blogger Copine Débile said...

Ben ça alors, moi je pensais au contraire qu'être psy, ça payait bien, puisque le taux horaire (à Paris de surcroit) me semble assez élevé, non ??!

Sinon, je me demandais, est-ce que parfois vous n'en avez pas marre de ne voir que des gens qui viennent pour raconter leurs problèmes ? Je me suis souvent posé la question pour toutes les activités médicales, on ne voit les gens que parce qu'ils ne vont pas bien (sinon ils ne viendraient pas). Je suis bien curieuse d'avoir votre avis !

Bonnes vacances !

7/8/10 11:49 AM  
Blogger V. said...

Mais dans la vie de tous les jours on voit souvent plus de gens qui se plaignent que l'inverse.
L'avantage en étant psy, c'est bon ok, les gens se plaignent, mais ils payent et cerise sur le gateau, le boulot est de les aider à aller mieux.
Et au dela du challenge, c'est gratifiant (dans les deux cas).

12/8/10 11:32 AM  

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