10 juillet, 2010

Tel qu'il est il me plait ou l'amour comme vulnérabilité !


En 1936, la célèbre chanteuse Fréhel, interprète "Tel qu'il est, il me plait" que tout le monde connait. Sous des abords comiques, cette chanson réaliste me semble receler un fond de vérité scientifique assez étonnant. Oui, tel qu'il est il leur plait, c'est une certitude. J'ai reçu tellement de femme "bien" sortant avec des toquards que je crois que les paroles sont toujours d'actualité :

J'avais rêvé d'avoir un homme,
un vrai de vrai, bien balancé,
mais je suis chipée pour la pomme,
d'un avorton, complet'ment j'té.
Ce n'est pas un Apollon mon Jules,
il n'est pas taillé comme un Hercule.

Malgré qu'il ait bien des défauts,
C'est lui que j'ai dans la peau.
Tel qu'il est, il me plaît,
Il me fait de l'effet, Et je l'aime.
C'est un vrai gringalet,

aussi laid qu'un basset, mais je l'aime.
Il est bancal, du coté cérébral mais ça m'est bien égal, qu'il ait l'air anormal.
C'est complet, il est muet
ses quinquets sont en biais
C'est un fait que tel qu'il est, il me plaît.


J'ai deux tiers de clientèle féminine. Depuis que je consulte, la plus jeune que j'ai reçue avait quinze ans, et la plus âgée près de soixante-dix ans. S'agissant du niveau d'études, je crois avoir balayé tout le spectre des niveaux possibles puisque j'ai reçu des détentrices de CAP comme des énarques ou encore des agrégées. Quant à la notoriété, je ne reçois pas que des anonymes puisque je compte quelques actrices accortes et connues dans la clientèle.

Autant vous dire que j'ai appris à connaitre les femmes. Si à vingt ans, n'importe quelle mignonne m'aurait fait faire ses quatre volontés et mené par le bout du nez, aujourd'hui il n'en irait plus de même. Parce que durant les dix dernières années, je me suis aperçu que les femmes que l'époque moderne voudrait faire passer pour le sexe fort sont bien, ne leur en déplaise, le sexe faible ! Sitôt passé l'angoisse provoquée par la différence des sexes, on s'aperçoit que les femmes mettent plus en scène un mystère qu'elle n'en recèlent un.

Les femmes sont généralement dépendante de l'amour. L'amour est le "truc" le plus important de leur vie. Nous, on a les bagnoles, nos boulots, nos potes, pour certains le foot ou les Harley-Davidson, et elles, elles n'ont que ... l'amour ! Vous aurez d'ailleurs noté que si les magazines pour hommes généralistes échouent généralement (FHM, etc.) c'est avant tout parce que nous avons tant de passions qu'il nous fait des magazines spécialisés et non des daubes copiées sur le format des magazines féminins qui abordent dix trucs dans le même numéro.

On notera aussi que tandis que les magazines féminins parlent abondamment de psycho et d'histoires d'amour, ceux destinés aux hommes n'y font jamais référence. Manifestement, ces sujets ne sont pas une priorité pour les hommes.

La semaine passée, je reçois trois nouvelles patientes. Les trois viennent pour des histoires d'amour foireuses au possible. Dans les trois cas, tandis qu'elles me parlent, je m'amuse à profiler le mec en question qui a su si bien les faire tourner en bourrique. Chacun des cas est "gros comme une maison" et il faut vraiment être une femme pour ne s'être aperçu de rien.

La première s'aperçoit que son mari était homosexuel après dix ans de mariage. Curieusement, la fréquence rarissime de leurs rapports sexuels ne l'avait pas interpellée ?! Or, on sait que dans ces cas là, c'est généralement que soit monsieur a des fantasmes inavouables soit qu'il est homo mais n'a jamais osé faire son coming out. D'autres traits comportementaux permettaient aussi d'envisager cela mais ma patiente n'a rien voulu voir car elle était AMOUREUSE.

La seconde a un amant. Deux fois de suite alors qu'ils sont sensés partir en vacances, il invoque des prétextes totalement fumeux pour ne pas partir avec elle, la veille de leur départ. Très prosaïquement je dis à ma patiente que son amant a sans doute quelqu'un dans sa vie et qu'il ne veut pas la quitter. Ainsi chaque fois qu'il doit partir avec elle pour un long moment il provoque une crise qui lui donne une excuse pour ne pas partir et aller rejoindre sa régulière. Ma patiente admet que tel était le cas mais qu'elle ne s'en est aperçue que cinq ans plus tard. Parce qu'elle ne voulait rien voir car elle était AMOUREUSE.

La troisième enfin vit plusieurs années avec un type qu'elle finit par épouser avant d'en divorcer un an plus tard. Elle me dresse un peu le portrait de son ex mari. Je lui affirme que ce type ne l'aimait pas mais l'instrumentalisait. Il voulait les symboles de réussite sociale. Il lui fallait un joli pavillon, un break allemand, un labrador et une blonde aux yeux bleus. C'est elle qui a rempli cet office. Elle redoutait cela mais n'a pas voulu le voir car elle pensait que l'AMOUR qu'elle lui portait le changerait.

Chacune de ces trois patientes est nantie au minimum d'un diplôme de troisième cycle et occupe des fonctions importantes. Pourtant dans ces trois cas, mais je pourrais vous en proposer des centaines, il aura simplement fallu pour balayer leur belle intelligence de simples mots d'amour. Même confrontées aux pires raclures, elles plongent pourvu que le type sache leur parler. Pour se faire aimer, nul besoin de faits et de preuves : juste des mots !

En bref et au risque de choquer mon lectorat féminin, avec une femme ce n'est pas très compliqué : vous la regardez droit dans les yeux et vous lui dites exactement ce qu'elle veut entendre et c'est la paix assurée. Vous ne ferez plus ni le ménage, ni la lessive ou la vaisselle et si vous vous y prenez vraiment bien, elle vous pardonnera toutes vos incartades.

Comment expliquer cela ? Sans doute qu'au niveau neurobiologique, le fait que les femmes possèdent des aires de Broca plus développées que les nôtres (aires dévolues au langage), les rend plus sensibles aux mots. N'importe quelle connerie, surtout si elle est prononcée d'une voix basse et suave les rend folle. On a même émis l'hypothèse que certaines d'entre elles parviendraient à l'orgasme rien qu'en écoutant un homme parler ou chanter. Il n'y a qu'à voir les vieilles vidéos de femmes totalement hystériques aux concerts des Beatles pour se rendre compte qu'entre elles et nous, il y a quelques différences. D'ailleurs s'il existe des chanteurs à minettes, l'inverse n'existe pas.

On peut aussi imaginer, comme le fait la sociobiologie, que la femme en tant que femelle de l'espèce donnant naissance à des petits qu'elle devrai élever durant de longues années a un besoin vital du soutient d'un mâle. De fait, ce besoin biologique aurait perduré même à notre époque où une femme parvient pourtant à élever seule ses enfants.

On pourrait aussi avancer que parfois on puisse avoir quelqu'un dans la peau simplement parce que l'alchimie entre deux être dépasse de loin l'idée assez stupide que s'en fait la psychologie. Il y a aussi de la chimie dans un couple, les phéromones existent !

Quoiqu'il en soit, et ne voulant pas sombrer ici dans des thèses violemment misogynes, je constate simplement que si l'on nous reproche d'être trop dépendants au sexe, nos compagnes sont trop dépendantes à l'amour.

De là à imaginer que derrière la plupart des divorces demandés par une femme, il y a un homme qui n'a pas su lui parler et la rassurer, il n'y a qu'un pas que je franchirai allègrement.

Prenez du poids, ne l'aidez pas, regardez le foot vautré sur un canapé, allez voir vos copains, passez des heures sur votre ordinateur, mais : dites-lui que vous l'aimez !

7 Comments:

Blogger El Gringo said...

Tes trois exemples démontrent que ces femmes étaient seules à aimer.
Si cela avait été réciproque, les auraient elles aimé autant?
Les femmes qui m'ont le plus aimé sont celles que je n'aimais pas, et inversement.
Tu sais bien ce que j'en pense: dans un couple il y en a un qui souffre, et l'autre s'emmerde.
Alors leur dire qu'on les aime? Peut être, mais surtout que ça reste un mensonge.

11/7/10 12:40 PM  
Blogger philippe psy said...

Certes mais es tu dispo pour un BBQ samedi prochain en comité restreint ? Ça nous ferait plaisir que tu passes et tu peux même mettre ton pantalon en cuir !

12/7/10 12:31 AM  
Blogger El Gringo said...

Ce sera avec plaisir mais sans pantalon! (en cuir...)

12/7/10 8:32 AM  
Blogger V. said...

le dernier qui m'a dit qu'il m'aimait s'est pris ma main dans la figure...
mes aires doivent être de broc.
Depuis je préviens.
Et j'entends moins de conneries.

biz

13/7/10 1:57 PM  
Blogger V. said...

dans un couple il y a deux personnes qui ont pris la responsabilité d'être aux prises avec des pblms et parfois des joies qu'ils n'auraient pas tous seuls.

En amour on n'atteint que ce qu'on a misé sur soi même.
Si on s'embarque avec qqn qui correspond à nos fantasmes on vivra un fantasme avec les risques afférents.
Si on s'embarque avec qqn qui correspond à nos valeurs on construira quelque chose exempt de passion dévastatrice. Mais on pourra inviter des potes à dîner et se marrer.
Et vivre accessoirement.

Mais tel le Gringeot, balzacien et taureau tous les deux ;o), je pense effectivement, que si on fait une moyenne, l'un souffre et l'autre s'ennuie.
Mais ça peut ne pas toujours être le même.

15/7/10 12:44 PM  
Blogger Lafilleacentsous said...

Etant une femme dépendante à l‘amour je vais quand même me permettre de nuancer ton propos.
Le mien sera donc à l’occasion teinté de mauvaise foi qui me caractérise indépendamment de mon appartenance au sexe féminin( je m’en excuse donc.)

Les exemples dont tu parles, ces femmes n’étaient pas avec des hommes qui leur tenaient de beaux discours et qui leur faisaient avaler n’importe quoi en leur disant qu’ils les aimaient, elles sont restées en attendant qu’un jour cette récompense, cette validation ultime arrive sous forme de mots, le fameux Je t’aime que pour certaines d’entre nous on perçoit comme un couronnement et la nique suprême à toutes celles qui nous ont précédées sans l’avoir.
Une très jolie sorte de chantage.

Après pourquoi une telle addiction ? Parce que mine de rien c’est plus facile d’être mal accompagnée que seule, parce qu’on a pu entendre dès l‘enfance que sans hommes nous ne sommes rien et que l’essentiel est d’être assez intelligente et maligne pour modeler notre compagnon selon nos désirs.
Ce en quoi on se trompe complètement.

15/7/10 4:05 PM  
Blogger pschit said...

Philippe Psy est violemment mais ironiquement misogyne. Il est donc (à moitié) pardonné. Pour le reste, femmes, ayez un mari ET un amant, c'est le plus sûr moyen de ne pas être pantelantes et, au final, victimes. Entre idéalisme naïf (des femmes selon vous) et cynisme triomphant, il y a moyen de glisser autre chose que la plainte ou le mépris. L'amour c'est manipulation et mensonge mais aussi confiance et rire, régression vers l'enfant que nous étions, passionné par le jeu, râlant de perdre, se fichant des trempes mutuelles. Etre multiple et sincère, en changeant de lieu, de jeu. Manger l'autre, être mangé, repartir plus grand et plus solide. Ce qui ne me tue pas... etc. Moins fatigant et moins coûteux qu'une psychothérapie. Moins discret? Je préférerais me reconnaître, sur un blog, en amoureux impénitent et déjanté, qu'en patient (patientes, ici) ridicule. L'amour, chimiquement impur, est la seule drogue intéressante. Avec la littérature, qui ne parle que de ça.

28/7/10 8:53 AM  

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