Dame blanche !
Tout le monde a déjà entendu parler de la dame blanche ou encore des autosoppeuses fantômes. Chaque région de France, chaque patelin possède son exemplaire. Les deux phénomènes qui font le gras des émissions et livres traitant de paranormal sont de grands classiques. Tandis que les dames blanches sont plutôt des mortes sans sépultures qui apparaissent tant qu'elles n'auront pas été dignement inhumées, les autostoppeuses fantômes sont généralement des jeunes femmes mortes dans un accident de voiture qui se font prendre autostop et avertissent le conducteur du danger avant de disparaitre comme par enchantement du véhicule. Tenez, rien que de vous écrire tout cela j'en ai la chair de poule !
Voici quelques années ami Olive, celui qui est très riche et roule maintenant dans une grosse BMW de parvenu, et moi roulions dans la montagne noire qui est un massif montagneux sauvage situé à l'extrême sud ouest du massif central. C'était de nuit, une vraie nuit noire, telle qu'il n'en existe qu'à la campagne dans des coins reculés, là ou les réverbères et autres lumières électriques n'existent pas : une nuit noire et épaisse comme du velours ! Et comme nous sommes deux crétins, nous nous amusions à nous faire peur. Il faut dire que cette nuit là, la DDE faisant des travaux, nous avions été amenés à prendre une déviation assez terrible nous faisant passer par des routes communales peu agréables de nuit.
Ainsi, lui et moi avions commencé à parler d'une petite fille morte tenant dans ses bras une poupée boueuse aperçue dans le halo des phares au détour d'un virage. On imaginait aussi une voiture nous suivant fixement puis disparaissant avant de revenir à la charge. C'était ensuite un autostoppeur décharné nous faisant signe du bord de la route et nous fixant de ses orbites blanches. En bref tout le catalogue grand-guignol des meilleurs films d'horreur que nous avions vus ados y était passé. On avait passé quelques heures comme cela à nous faire peur sur les petites routes de campagne.
Ce genre de trucs marche toujours sauf si on est un monstre froid dénué de système limbique. Il est évident que si j'avais fait la route avec le Gringeot, ce dernier aurait plutôt maté les bas-côtés pour apercevoir des filles de joie plutôt que des fantômes parce que comme il le dit lui même : "on peut pas niquer avec un spectre".
Justement à propos de dame blanche, voici quelques jours tandis que je passais rendre visite à un ami, je repensais à tout cela. Il faut dire qu'il habite une sorte de grand hôtel particulier construit au milieu du XIXème siècle au milieu d'un très vaste parc qui n'est plus entretenu depuis plusieurs dizaines d'années. Certains trouveraient cela d'un romantisme extraordinaire et ça l'est quand il fait beau. En revanche, quand je vais lui rendre visite un jour d'hiver sombre et que les arbres noirs touchent la bâtisse de leurs doigts tordus et décharnés, l'ensemble est lugubre à souhait. Lorsque je vais chez lui et que je laisse ma voiture à la grille, c'est toujours une épreuve que de marcher dix minutes en se sentant espionné au détour d'une trouée entre les arbres par le regard mort d'une statue moussue. Pour peu qu'un corbeau entonne son lugubre chant, et je hâte le pas. Et si j'en repars à la nuit tombée, la traversée du parc n'est pas sereine non plus : on entendrait presque hurler les loups.
L'intérieur de la bâtisse est de la même veine. Encombré à souhait le rez-de-chaussée est accueillant tandis que les étages sont un dédales de couloirs desservants des pièces abandonnées où se fanent des papiers peints d'avant-guerre. Quelques meubles abimés et défraichis rappellent parfois qu'une de ces pièces a été habitée voici bien longtemps.
Comme l'ami en question est passablement allumé, je lui disait qu'il devrait créer une histoire de dame blanche dans son château. L'idée l'a emballé immédiatement ! L'ami étant aussi habile en photographie que sur les logiciels de traitement d'image, il se fait fort de faire apparaître dans les combles où étaient logés les domestiques, quelque fantôme diaphane et inquiétant à souhait. Quant à moi, quand je le reverrai, je me fais fort de lui construire une légende totalement adaptée au cadre et au lieu, qui sera bien sur tout autant crédible que rigoureusement invérifiable. C'est ainsi que les légendes urbaines naissent.
Si on s'assure la complicité d'une personne âgée qui certifiera qu'avant guerre ce phénomène surnaturel était bien connu mais qu'on avait préféré ne pas l'ébruiter, notre succès est assuré. On devrait passer dans une émission de Dechavanne sur TF1 !
Voici quelques années ami Olive, celui qui est très riche et roule maintenant dans une grosse BMW de parvenu, et moi roulions dans la montagne noire qui est un massif montagneux sauvage situé à l'extrême sud ouest du massif central. C'était de nuit, une vraie nuit noire, telle qu'il n'en existe qu'à la campagne dans des coins reculés, là ou les réverbères et autres lumières électriques n'existent pas : une nuit noire et épaisse comme du velours ! Et comme nous sommes deux crétins, nous nous amusions à nous faire peur. Il faut dire que cette nuit là, la DDE faisant des travaux, nous avions été amenés à prendre une déviation assez terrible nous faisant passer par des routes communales peu agréables de nuit.
Ainsi, lui et moi avions commencé à parler d'une petite fille morte tenant dans ses bras une poupée boueuse aperçue dans le halo des phares au détour d'un virage. On imaginait aussi une voiture nous suivant fixement puis disparaissant avant de revenir à la charge. C'était ensuite un autostoppeur décharné nous faisant signe du bord de la route et nous fixant de ses orbites blanches. En bref tout le catalogue grand-guignol des meilleurs films d'horreur que nous avions vus ados y était passé. On avait passé quelques heures comme cela à nous faire peur sur les petites routes de campagne.
Ce genre de trucs marche toujours sauf si on est un monstre froid dénué de système limbique. Il est évident que si j'avais fait la route avec le Gringeot, ce dernier aurait plutôt maté les bas-côtés pour apercevoir des filles de joie plutôt que des fantômes parce que comme il le dit lui même : "on peut pas niquer avec un spectre".
Justement à propos de dame blanche, voici quelques jours tandis que je passais rendre visite à un ami, je repensais à tout cela. Il faut dire qu'il habite une sorte de grand hôtel particulier construit au milieu du XIXème siècle au milieu d'un très vaste parc qui n'est plus entretenu depuis plusieurs dizaines d'années. Certains trouveraient cela d'un romantisme extraordinaire et ça l'est quand il fait beau. En revanche, quand je vais lui rendre visite un jour d'hiver sombre et que les arbres noirs touchent la bâtisse de leurs doigts tordus et décharnés, l'ensemble est lugubre à souhait. Lorsque je vais chez lui et que je laisse ma voiture à la grille, c'est toujours une épreuve que de marcher dix minutes en se sentant espionné au détour d'une trouée entre les arbres par le regard mort d'une statue moussue. Pour peu qu'un corbeau entonne son lugubre chant, et je hâte le pas. Et si j'en repars à la nuit tombée, la traversée du parc n'est pas sereine non plus : on entendrait presque hurler les loups.
L'intérieur de la bâtisse est de la même veine. Encombré à souhait le rez-de-chaussée est accueillant tandis que les étages sont un dédales de couloirs desservants des pièces abandonnées où se fanent des papiers peints d'avant-guerre. Quelques meubles abimés et défraichis rappellent parfois qu'une de ces pièces a été habitée voici bien longtemps.
Comme l'ami en question est passablement allumé, je lui disait qu'il devrait créer une histoire de dame blanche dans son château. L'idée l'a emballé immédiatement ! L'ami étant aussi habile en photographie que sur les logiciels de traitement d'image, il se fait fort de faire apparaître dans les combles où étaient logés les domestiques, quelque fantôme diaphane et inquiétant à souhait. Quant à moi, quand je le reverrai, je me fais fort de lui construire une légende totalement adaptée au cadre et au lieu, qui sera bien sur tout autant crédible que rigoureusement invérifiable. C'est ainsi que les légendes urbaines naissent.
Si on s'assure la complicité d'une personne âgée qui certifiera qu'avant guerre ce phénomène surnaturel était bien connu mais qu'on avait préféré ne pas l'ébruiter, notre succès est assuré. On devrait passer dans une émission de Dechavanne sur TF1 !
4 Comments:
Je me demandais ce qu'un psy pourrait bien raconter sur les Fantômes...
Vous êtes bien une altesse sérénissime, c'est très bien écrit. Je voyais se dérouler sous mes yeux cette marche infernale de dix minutes cette scène mémorable attestant de votre courage.
Non, j'ai dit: "En présence d'un spectre, on peut paniquer"...
@Phil : Première phrase, tu écris "autosoppeuse".
Gringeot veut une autosoppeuse pour Noël. (Mais avé des gros seins)
comme quoi ... "sur un malentendu... ça peut marcher !"
:o)
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