13 février, 2011

Et ça psychologise à tout va !


Une de mes chères patientes, sans doute lassée par les hommes s'est mise avec une femme. Je ne la crois pas lesbienne, pas plus qu'elle ne l'imagine elle-même. Je crois que sa dernière relation l'a usée et l'a dégoûtée des hommes pour quelques temps. Il faut dire que son ex était un narcissique peu commun, effectivement du genre à rendre homosexuelle ou bien à faire rentrer dans les ordres, l'hétérosexuelle la plus accomplie. Ma patiente après avoir pas mal déprimé a juste eu envie d'affection sans s'engager pour autant.

D'ailleurs elle m'a annoncé sont union avec une femme comme elle m'aurait dit qu'elle changeait d'emploi, avec une certaine neutralité. Elle se sentait seule, elle a répondu aux avances d'une femme et ce n'est pas plus grave que cela. Parfois, elle a conscience que sa petite amie exige d'elle plus qu'elle ne peut lui donner, parce qu'elle n'a pas dans l'idée de se pacser ou pire de l'épouser dans un pays où le mariage homosexuel serait autorisé.

Alors bien sur, comme ce couple est fondé sur un malentendu, les orages se succèdent. Tandis que ma patiente ne cherchait que de l'affection durant un moment passager, sa compagne voudrait une union sérieuse, une vraie vie de couple. Ainsi, ma patiente culpabilise à l'idée de ne pas offrir ce que l'on attend d'elle alors que son amie angoisse à l'idée de voir la belle un jour s'envoler.

Leur union fonctionne tant bien que mal et sans doute plutôt mal que bien. Ma patiente n'étant pas du genre à créer des esclandres, elle préfèrera ne rien dire en intériorisant. En revanche son amie étant du genre bourrée de testostérone et offensive, elle n'hésite pas à communiquer ses émotions en déchargeant son angoisse au cours de longues scènes terribles.

Le plus amusant, c'est que l'une et l'autre savent très bien ce qui se passe mais qu'aucune ne souhaite crever l'abcès. Alors ma patiente continue à culpabiliser et son amie à angoisser. L'idée serait soit de se séparer parce que cela ne mènera à rien ou bien, si elles s'en sentent capables, de vivre ce qu'elles ont à vivre en profitant du moment présent avant l'issue fatale inéluctable : la séparation.

Mais non, elles préfèrent les crises au cours desquelles ma patientent se renferme et ne dit rien tandis que son amie finit dans les larmes et les récriminations. C'est ainsi, on sait que même les gens intelligents ne sont pas toujours rationnels. Le plus amusant ce sont les explications qu'elles donnent à ces crises.

Ma patiente m'explique ainsi que si son amie verse ainsi dans l'émotionnel, ce serait du à je ne sais  plus quelles épreuves qu'elle a du traverser dans sa vie, comme des deuils ou une mère difficile. Ma patiente me dit aussi que son amie lui explique que si elle se renferme ainsi lors de ces crises, c'est parce qu'elle aurait connu elle-aussi je ne sais quels traumatismes durant son enfance. 

Bref d'un côté comme de l'autre, ça s'engueule et cela ne cesse de psychologiser en tentant de trouver une origine psychologique à la manière dont l'une et l'autre gère les scènes de ménage. C'est plutôt amusant parce que comme bon nombre de mes patients, je vois que les gens psychologisent beaucoup plus que je ne le fais moi-même. A croire qu'une explication alambiquée vaudrait mieux que l'efficacité de la simplicité.

Pourtant à l'origine des crises, il n'y a qu'une chose : un contrat vicié dans lequel ma patiente souhaiterait n'être que locataire d'une relation tandis que son amie aimerait plutôt qu'elle achète une concession à perpétuité. Rien d'autre !

Et bien entendu cela ne peut que générer un conflit perpétuel que l'une et l'autre gère non pas en fonction de prétendus traumatismes psychologiques mais simplement en fonction de leur caractère respectif. Tandis que la patiente est une grande analysante, son amie est une promouvante terrible. C'est ainsi qu'en cas de crise, ma patiente fuira le conflit avec logique, se renfermant sur elle-même comme un escargot dans sa coquille, tandis que son amie combattra avec émotions.

Le caractère d'une personne résume la manière dont cette personne réagit habituellement dans une situation donnée. On dit alors qu'elle possède tel ou tel trait de caractère. On utilise aujourd'hui plutôt le concept de personnalité. La personnalité est l'ensemble des comportements qui constituent l'individualité d'une personne. Elle rend compte de ce qui qualifie l'individu : permanence et continuité des modes d'action et de réaction, originalité et spécificité de sa manière d'être. C'est le noyau relativement stable de l'individu, sorte de synthèse complexe et évolutive des données innées (gènes) et des éléments disponibles dans le milieu social et l'environnement en général.

Ainsi, dans l'histoire de ma patiente, ce qu'il faudrait traiter c'est le conflit et non la manière dont le gère. Selon nos personnalités, on aime ou non combattre, et on combat ou se replie de manière émotionnelle ou logique. Ce n'est pas pathologique, c'est la nature, c'est ce qui fait que, s'agissant de chiens, de chats, ou d'être humains, nous n'avons pas tous le même caractère.

Mais les conneries freudiennes qui voudraient nous faire croire qu'il existerait un être humaine unique, nous donne aujourd'hui à penser que l'origine de notre comportement est forcément pathologique. Non, les gènes jouent aussi un grand rôle. Il y aura toujours des gens pour devenir militaires ou expert-comptable et cela n'a rien de pathologique.

10 Comments:

Blogger El Gringo said...

"du genre à rendre homosexuelle ou bien à faire rentrer dans les ordres"
De deux maux, elle a choisi le moindre mais quand elle aura retrouvé un mec bien, ça ira beaucoup mieux.

14/2/11 1:25 PM  
Blogger V. said...

Ainsi donc l'homosexualité serait une maladie (toutefois moins grave que la foi. Sorte de grippette dont on guérit...)

Ou alors un refuge ? L'ashram des laissés pour compte de l'hétérosexualité... L'exil d'un désenchantement amoureux...

C'est toujours terrifiant ces ilots de sottise insanes au milieu de la plus vive intelligence...

17/2/11 5:38 PM  
Blogger V. said...

Je n'avais lu que le commentaire.
Là j'ai lu l'article.


Somme toute, il semblerait que, pour votre patiente (à travers ce que vous en écrivez), le prix à payer pour un peu d'affection fut de consentir à une sexualité qui n'est pas franchement la sienne.

Vous pensez que le manque d'affection puisse conduire à avoir une relation homosexuelle ? (car si j'ai compris ce que vous écrivez, c'est un peu la justification que vous en donnez).

Perso, j'ai des doutes...
Car l'affection masculine n'est à mon sens nullement "remplaçable" par sa version féminine.

Si l'affection peut être neutre, la sexualité ne l'est pas.
Enfin, il me semble.

17/2/11 6:54 PM  
Blogger Caroline said...

Youpi vous êtes revenue et avec toute votre tête. Bonsoir et heureuse de vous lire à nouveau V.

Non ce n'est pas un message à double -sens contenu de l'article -. !!!!

21/2/11 8:03 PM  
Blogger Lucie Trier said...

Oui. Souvenons-nous des soutiens-gorges abandonnés de ces harpies misandres des années 60. Sans doute haïssaient-elles crassement les hommes pour en venir à trainer dans la boue ainsi leur playtex. Ça n'allait d'ailleurs pas du tout à Yoko Ono, et ça ce n'est pas rien.

De même que la défense des droits d'un groupe "en réaction à" un autre qui ne nous reviendrait pas est un argument qui m'a toujours laissée pantoise, je n'ai pas encore vu la mise en branle subite d'une pratique sexuelle contraire à ses penchants "en réaction à". Quoique ma caissière m'ait soutenu hier se rendre au Donjon en réaction à la douceur trop sirupeuse du climat cette année.

Par contre, la biologie se fout du bonheur. Pour beaucoup le désir réciproque (suivi de consommation) est un luxe aussi dispendieux que l'omniprésence de son mythe. Le manque d'affection peut conduire certains à avoir une "relation de confort". Ah, la "relation de confort". Notre honte caverneuse à tous. C'est ici ce qui fausse le contrat de départ, et qui l'enserre à double tour : dans la relation de confort il devient quasiment impossible d'admettre publiquement ce qui apparaitra dès lors comme une vile usurpation et peut-être Philippe, dans son habituelle magnanimité, a-t-il mentionné partiellement les vraies raisons de la situation non par crasserie intellectuelle, mais bien par délicatesse.

Et puis, ça n'a rien à voir mais V., vous êtes brillante, bien que courbe. J'aime beaucoup vos commentaires.

Quant au Gringeot, il est trop intelligent pour être misogyne, il connait simplement trop bien la religieuse de Diderot ainsi que la masterisation de la conduite des Fiat 500.

-c-

21/2/11 11:32 PM  
Blogger V. said...

moi aussi Caroline je vous ai toujours aimé !
;o)

26/2/11 1:18 PM  
Blogger V. said...

Merci Lucie.
Je ne comprends pas ce que vous écrivez en général mais parfois; comme chez Glass, ou Boulez ou Duchamps un son, un rythme chromatique,se détache du tout qui m'est hermétique et m'intrigue.

Les vraies raisons de la situation n'auraient pas été mentionnées par délicatesse...
ça me laisse songeuse...
La délicatesse serait elle de ne pas aborder naturellement et sans fausse pudeur l'homosexualité de la patiente ?
En quoi parler de l'homosexualité nécessiterait une délicatesse que l'hétérosexualité ne réclame pas ?
Il ne s'agit jamais que de sexualité.
Pas d'une maladie incurable.

Mais peut être n'est ce pas du tout ce que vous avez vous lu dire.
Mais comme je l'ai écris en préambule, je ne comprends pas ce que vous écrivez, même si le mystère de la mélodie est toujours attirant.

26/2/11 1:43 PM  
Blogger Caroline said...

Lucie : Vous m'avez convaincue de ce que voulait sans doute me dire Stephanie. Je vais me Gringeottiser et puis de toute façon j'enfonces des portes déjà enfoncées.

"Masterisation de la conduite des Fiat 500 " ??? Si quelqu'un pouvait traduire ??????? !!! j'aime bien moi les Fiat 500 de toute façon j'aimerai n'importe quel tas de bout pourvu qu'il puisse atteindre 160 KM/H mais de là à savoir où se situe un démarreur.... est un pas que je ne souhaite pas franchir .

27/2/11 8:23 PM  
Blogger Caroline said...

You re Dead ? Je m'ennuie malgré tout.

1/3/11 7:12 PM  
Blogger Caroline said...

V. : Ah je l'avais compris. Que croyez vous... lol

Mr psy n'écrira plus jamais rien ? Vous partez en retraite ?

Heureuse et paisible retraite alors.

11/3/11 1:33 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home