Lâcher prise !
Saturne dévorant ses enfants (Francisco Goya)
Le lâcher prise est devenu l'expression la plus couramment utilisée dans les séminaires de développement personnel tant et si bien que plus personne ne sait ce que cela signifie vraiment.
C'est pourtant fort simple si l'on comprend que ce n'est qu'une resucée du premier précepte stoïcien expliquant qu'il y a "ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous" et qu'il faut toujours faire la part des choses. En effet, en voulant faire dépendre de nous ce qui ne dépend pas de nous nous courons à la folie.
En bref, lâcher prise c'est admettre que l'on ne peut pas tout contrôler et savoir que certaines choses doivent s'accomplir en dehors de nous. C'est accepter parfois de laisser tomber notre désir, nos représentations, nos jugements de valeur, projections et autres préjugés pour rester à l'extérieur et contempler. Et même si cela parait simple, c'est en fait très compliqué tant et si bien que le grand Epictète lui-même cherchait encore un homme sage à la veille de sa mort.
- Le lâcher prise,
- c'est comprendre que rien n'est permanent ou solide et que tout est en perpétuel changement.
- c'est accepter le processus naturel et inévitable du changement
- c'est accepter tout ce qui se présente sans rejeter le négatif et sans trop s'attacher au positif
- c'est prendre chaque jour comme il vient sans trop essayer d'adapter les choses à ses propres désirs
- c'est considérer toute difficulté et tout ennemi comme notre meilleur ami qui nous aide à progresser et à grandir.
- c'est avoir du recul face à tout ce que l'on expérimente.
- c'est rester serein, détendu et d'humeur égale, quelles que soient les circonstances, agréables ou désagréables ou neutres.
- c'est utiliser l'humour pour dédramatiser une situation
- c'est comprendre que les choses ont l'importance qu'on leur donne
- c'est ne pas regretter le passe mais vivre et grandir pour l'avenir
- c'est ne pas être passif mais au contraire tirer une leçons des conséquences inhérentes à un événement.
- c'est vivre dans le présent
- c'est ne pas s'attarder ay résultat de nos efforts.
- c'est s'efforcer de faire de son mieux sans vouloir tout contrôler en comprenant que le résultat finale n'est pas qu'entre nos mains.
- c'est ne pas couper les liens, mais prendre conscience que l'on ne peut contrôler autrui. (*)
- c'est ne pas se montrer indifférent mais simplement admettre que l'on ne peut pas agir à la place de quelqu'un.(*)
- C'est de ne pas trop s'occuper de tout mais laisser les autres gérer leur propre destin.(*)
- c'est de ne pas materner les autres mais leur permettre d'affronter la réalité.(*)
- c'est ne pas assister mais encourager.(*)
- c'est ne pas critiquer ou vouloir changer autrui mais tenter de déceler ses propres défauts.
- c'est ne pas juger mais accorder à l'autre le droit d'être humain
- c'est se mettre à la place de l'autre en essayant de comprendre ses motivations
- c'est donner le meilleur de soi-même et devenir ce que l'on rêve de devenir
- c'est craindre moins et aimer davantage.
En tant qu'ami, il en va autrement et je m'agace assez souvent contre les autres, le plus souvent sans leur dire et parfois en leur disant d'une manière abrupte. J'ai beau savoir que les capricornes sont les pères du zodiaque, je cède trop souvent à la tentation de ressembler à Saturne notre maître astrologique.
Ceci dit, personne n'est non plus obligé de me fréquenter ! Eux aussi peuvent lâcher prise en admettant qu'ils ne peuvent pas tout contrôler et que je suis ... tel que je suis.
8 Comments:
Pour résumer : "C'est prendre la vie comme elle vient et les autres comme ils sont ?". Cela aide beaucoup merci.
;)
(Je te l'envoie, promis.)
-c-
Ce qui me dérange dans la technique du lâcher prise, par-delà la question de la pertinence du lâcher prise, c'est sa technique : Yaka comprendre que, accepter, avoir, vivre, ne pas ...
Quelle est la force d'un précepte, aussi sage soit-il ?
Quelle est la force intrinsèque des mots, alors que chaque information nouvelle va être codée émotionnellement par l'amygdale et l'hippocampe, et donc la totalité de nos souvenirs ?
« Il est beau de mourir en martyr » ne m'évoque rien, je n'ai pas une éducation ni un vécu qui puissent m'y rendre sensible.
« Tu élèves mal ta fille », prononcée par un vieil ami va par contre me faire réagir.
C'est dire que le pouvoir des mots tient dans l'alliance thérapeutique (comme vous l'avez déjà expliqué), surtout quand celle-ci vise juste, au bon moment, celui où le patient est prêt à entendre parce qu'il a suffisamment en lui de souvenirs négatifs ou positifs : alors il peut s'ajouter la phrase et se réorganiser émotionnellement et cognitivement.
Je ne crois pas qu'un thérapeute renonce noblement, rationnellement à la tentation de la toute-puissance : il se prend des bides (il avait raison, il l'a dit, mais ça n'a eu aucun effet) jusqu'à découvrir qu'il doit se tenir en embuscade et/ou affûter ses techniques.
Herrmann, je suis bien d'accord sur la tentation de toute puissance. C'est humain, et ce blog en témoigne pas qu'un peu !
Cela dit, un peu de transparence sur les petites médiocrités dans les relations avec les patients, c'est assez sain.
Je suis moi-même en train de me débattre avec les tourments d'une thérapie arrêtée net parce que mon thérapeute n'a pas eu les couilles d'admettre qu'il avait peut-être un rien merdé...
http://investigationcroisee.blogspot.com/
Hermann, je suis bien d'accord sur la tentation de toute puissance. Ce blog en est une belle démonstration.
Cela dit, je dois reconnaître que ça fait du bien de voir un psy raconter les petites médiocrités qui l'animent parfois, dans sa relation à ses patients.
Je suis moi-même en train de me débattre avec le deuil, le soulagement, l'incompréhension d'une rupture que j'a provoquée avec mon thérapeute, parce qu'il n'a pas eu le courage de reconnaître qu'il avait peut-être un rien merdé... ce qui aurait renforcé ma confiance au lieu de l'entamer.
http://investigationcroisee.blogspot.com/
lacher prise c'est accepter ce qu'on ne peut pas changer....
Si l'on ne peut compter sur rien car tout est sujet au changement, alors on peut au moins compter sur le changement...
On lâche prise sur les choses quand on a compris par l'expérience que nos efforts pour les modifier sont inutiles.
Le lâcher prise c'est en somme une conséquence de la prise de conscience, souvent par la douleur, que certaines choses en nous et en dehors de nous sont immuables.
En parler c'est bien, mais je pense que seule l'expérience amène à un lâcher prise, ou, je suppose, selon certains cas, à renforcer la volonté de vouloir encore plus contrôler.
L'amusant au final, c'est que ce sont toujours les mêmes abrutis qui utilisent ces termes-là ; "tu réfléchis trop, tu te prends trop la tête, lâche-toi, détends-toi, relax, fume un joint" etc.
Paradoxalement, ce sont eux qui cherchent à contrôler à ce moment-là.
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