20 août, 2012

Finalement on reste !


Alors moi j'avais dans l'idée de descendre doucement vers le Cher puis plus bas encore. Je ne sais pas pourquoi, mais je m'étais mis en tête d'aller voir Aubusson dans la Creuse parce que personne de ma connaissance n'y a jamais foutu les pieds. Ainsi le plus grand voyageur que je connaisse, un jeune ingénieur de ma patientèle, a bien pu traîner ses guêtres dans les moindres recoins d'Asie centrale, je suis sur que je l'aurais scotché si je lui avais parlé d'Aubusson. 

Alors certes Aubusson est connue pour les tapisseries mais c'est tout et encore seuls les plus cultivés connaissent. En fait, j'avais un plan en tête lié à une de mes lubies. Voici quelques temps, je ne sais pas pourquoi, un soir j'étais tombé sur un réseau d'agences immobilières vendant des biens dans des coins improbables de France. Et comme je suis sujet aux lubies et capable de balancer l'argent par les fenêtres, j'avais craqué pour deux biens à moins de cent-mille euros parce qu'il ne faut pas exagérer tout de même.

Le premier était un magnifique château dans la Somme malheureusement bombardé par les allemands lors de la première guerre mondiale. Mon imagination fébrile et ma bonne connaissance du premier conflit mondial avait tôt fait d'enflammer mon imagination, j'étais à moitié dans le Grand Meaulnes et à moitié dans L'enigme de Givreuse un roman peu connu de Rosny l'aîné tandis que dans ma tête trottait l'air des Roses de Picardie, un vieil air dont la légende (fausse hélas) dit qu'il fut composé dans les tranchées par un officier amoureux d'une jeune femme qu'il n'était pas sur de revoir. Je me voyais déjà régnant sur mon domaine ravagé par les bombes et je trouvais cela charmant. Je peux être le roi des glands parfois.

Le second bien était une ferme fortifiée sise justement près d'Aubusson que j'aurais voulu voir de plus près car les photos me plaisaient. Passablement ruinée elle aussi, je trouvais que les bâtiments avaient un charme fou et j'aurais aimé visiter l'endroit. Evidemment si j'avais dit à mon épouse que je voulais voir une ferme fortifiée à vendre elle m'aurait massacré. J'avais donc pris le prétexte farfelu de voir Aubusson alors que, soyons clairs, je me tape des tapisseries comme de mon premier slip !

Mais bon, il faisait si beau dans le Berry et en Touraine que nous n'avons pas eu l'envie de descendre plus au sud. Parce que c'est bien connu que plus on descend plus on remonte au retour, tous les professionnels de la route vous les confirmeront. Alors comme l'hôtel de Saint-aignan avait déjà épuisé tous ses charmes zou, en moins de deux, nous traversions le Cher pour nous rendre à Montrichard, charmante bourgade médiévale ressemblant à Saint-aignan où tels un couple princier nous descendimes à l'Hôtel Bellevue !

Situé lui aussi au bord du Cher, cela m'a permis de constater que vu d'une rive ou de l'autre, le Cher reste identique. D'ailleurs je ne crois pas avoir de tout ma vie contemplé le Cher aussi longtemps. Alors là, le Bellevue est le must de Montrichard avec la clim', le minibar,le salon cosy et même le restaurant gastronomique qu'on a essayé et où on vous sert des toutes petites portions ayant du mal à rassasier un ogre comme moi. Mais je m'en fois parce qu'au pire il y avait un Mc do à deux minutes de là !

Bon, on aurait pu descendre dans un relais-château mais moi je n'aime pas trop. J'ai l'impression de m'incruster chez les gens et profiter de la panade d'aristos ruinés qui n'ont d'autres ressources que de jouer les aubergistes, je ne trouve pas cela fair play, c'est un peu profiter du malheur d'autrui. Quand aux autres, les roturiers qui rachètent un château en ayant déjà dans l'idée d'en faire un hôtel alors là je dis non à ce mercantilisme monstrueux ! Pourquoi ne pas transformer Chambord en hypermarché pour faire rentre du blé ! 

L'hôtel Bellevue était très cool avec une architecture typique des années cinquante. Je m'attendais presque à voir des nanas vêtues de pantalons cigarettes descendre de leur Renault Floride et à entendre Richard Anthony chanter ! Si j'avais poussé plus loin mon imagination, j'aurais été persuadé d'avoir croisé Ventura dans le couloir.


Le Bellevue, la classe internationale !

De là on a vaqué ici et là en visitant des châteaux comme des touristes néerlandais sauf que mon épouse n'a pas vraiment le type nordique. Parmi les trucs visités, j'ai adoré voir la tombe de Talleyrand parce que c'était un putain d'homme d'état. Contemplant son catafalque, j'ai eu une pensée émue pour ce toquard de Flamby en songeant qu'à certaines époques un simple ministre le dépassait de mille coudées. 

Et puis, une mention spéciale au château de Montpoupon dont le nom rigolo et mignon nous avait plu. C'est un magnifique petit château renaissance élevé sur une motte féodale que la famille propriétaire parvient à faire vivre de manière admirable qui pourrait servir à bien des monuments gérés à coups de millions par l'état. De plus il semble prisé par les gens de goût puisque le jour où nous y fumes, le parking était encombré de véhicules semblables au mien.

Tiens si j'avais le blé, c'est celui-ci que je me serais payé mais avec ses mille hectares de terre dont une bonne partie en taillis sous futaie de chêne, je l'évalue au bas mot à vongt millions d'euros et c'est pas un pauvre psy qui peut s'offrir ça ! Pff, parfois je me prends à rêver d'être totalement amoral, j'aurais ma secte rien qu'à moi et mes mille, que dis-je deux-mille hectares de bois dans lesquels je me serais pavané tel un hobereau de province.

Bref, nous avons traîné là quelques jours, profitant de la doulceur tourangelle puis nous avons levé le camp. Je voulais voir Chinon parce qu'un de mes patients particuliers en est originaire. Je vous savoir si il était une exception ou si le chinonais moyen lui ressemblait.

Avec tout ça je n'aurais pas vu Aubusson ! Me promènerai-je un jour sur le pont de la Terrade ?!

 Rien n'est moins sur. Le temps passe si vite !