Considérations oiseuses sur l'industrie automobile ! (2)
Je connais un cadre de chez Renault, mais alors un super cadre, ultra diplômé et tout et tout et j'adore le chambrer. Bon, je le fais gentiment parce qu'il est comme tout le monde, il doit gagner sa croûte et il le fait chez Renault. Peut-être qu'il aurait adoré bosser chez Mercedes mais il aurait fallu qu'il aille à Stuttgart parce que c'est allemand comme marque. Ceci dit l'un dans l'autre, faire de la caisse de grande série en région parisienne ou du véhicule de luxe dans une ville merdique où on doit se peler, c'est un peu la même chose.
Ca doit faire vingt ans que je ne m'intéresse plus à l'automobile mais bon, j'ai été abonné à l’Auto-journal et il en restera toujours quelque chose. Mettez moi à un zinc et vous me verrez débattre des mérites comparés de telle bagnole face à telle autre. Et puis, vous commencez à me connaitre, je peux parler de tout avec autorité.
La vanne favorite que je lui sors à ce pauvre type c'est de lui demander : alors il y a quelqu'un dans le bureau du fond où c'est toujours vide ? Et la première fois, il est tombé dans le panneau ! Il m'a demandé de quel bureau je parlais. Et moi goguenard et content de ma blague toute nulle, je lui ai répondu que je parlais de celui du responsable marketing.
Ben oui, chez Renault, ils virent des caisses qui marchent pour les remplacer par des merdes qui ne se vendent pas. Prenez la Twingo, facile à faire et pas chère, on en voyait partout. Qu'on aime ou pas, sa bouille sympathique la faisait aimer des jeunes comme des vieux, des pauvres et des riches. Et ça c'était un putain de succès. Avec un peu plus de marketing justement, ce que les français ont du mal à comprendre, ça aurait pu cartonner comme la Mini. Ils auraient vendu des accessoires inutiles super chers et tout et tout.
Mais bon, Carlos l'expert comptable qui leur tient lieu de patron a décidé qu'il en fallait une autre et il a produit une Twingo 2, grosse, moche et chère qui ne se vend pas. D'ailleurs quand mon père a niqué sa Twingo 1 full options, il n'a même pas voulu aller chez Renault parce qu'il la trouvait moche la nouvelle ! Alors nous n'y sommes pas allés, on a filé directement chez Peugeot.
Et la Cliot, surnommée affectueusement la Clito, quelle daube aussi c'est devenu. Avant, c'était la petite caisse citadine pratique, pas chère, le truc prisé par Madame pour aller au taff, chercher le pain ou les marmots à l'école. Puis ils l'ont bodybuildé et zou, c'est devenu la Clio IV, un gros truc super cher. Si ils avaient voulu faire exprès de perdre les clients, ils n'auraient pas fait autrement.
Bon, ce qu'ils vendent, c'est de la low cost, de la caisse roumaine, pas chère et pratique pour tous ceux qui s'en tapent de la voiture mais qui veulent juste poser leur cul dans un truc qui roule qu'on peut acheter neuf sans se ruiner.
D'ailleurs c'était auparavant la logique Renault. Quand j'étais petit, dans les années soixante-dix, c'était très segmenté la bagnole en France. Si vous étiez un prolo tendance gaucho, vous vous trainiez la bite en Renault, les caisse de la Régie. C'était une manière de supporter la lutte sociale des camarades. C'était de la caisse correcte, pas trop chère avec juste ce qu'il fallait dedans pour plaire au français moyen. Et durant des années, ils ont produit des tas de modèles dont certains ont eu un joli succès.
Citroën, c'était le truc d'avant-garde, la caisse du gars bizarre que ne rebutaient ni les audaces stylistiques ni les solutions techniques hors normes. Et ma foi, ils en vendaient, de la 2CV pour prolos, en passant par l'AMI6, une caisse moche, la Visa, une caisse encore plus moche, jusqu'aux DS et autre CX et BX dans lesquelles on avait mal au coeur à cause de la suspension hydropneumatiques.
Et puis, y'avait Peugeot et là on rentrait dans un autre monde, celui du bourgeois conservateur qui voulait de la qualité. Et chez Peugeot mazette, on vous filait de la bonne grosse tôle solide et des carrosseries bien conventionnelles. Moi d'ailleurs mon père était Peugeot. C'était comme cela. Ma mère roulait toujours dans des bagnoles étrangères parfois dispendieuses mais mon père était plutôt Peugeot. Ça faisait sérieux chez le client, rassurant même, ça faisait pas le type qui se la pétait en allemande, sans pour autant sombrer dans le prolo en Renault. Quand on vend des trucs, faut savoir se positionner justement entre le gros richard et le traine-guenilles. Bref, Peugeot c'était un peu le VW de maintenant.
Alors les Dacia qu'ils vendent comme des petits pains, c'est toujours l'esprit Renault, la caisse sans prétention vendue pas trop chère pour motoriser le populo. Et ils peuvent toujours sortir de la Clio à 15 000 euros ben ils se les attacheront autour du cou parce qu'à ce tarif, on ne prend pas ça.
C'est marrant ce déficit de marketing chez les français. Tenez moi qui voulais acheter une tablette tactile dernièrement, j'aurais pu prendre Archos, un constructeur bien de chez nous. Mais je 'nai jamais vu un tel foutoir dans une gamme. Bien malin celui qui s'y retrouvera. A croire que chez Archos, c'est le tôlier qui décide de tout n'importe quand en fonction des prix qu'il négocie pour les microprocesseurs. Et puis les finitions sont vraiment à chier puisqu'on à le droit à du gros plastiques qui chope toute les traces de sebum. Bref, après avoir regardé Archos et noté qu'ils avaient parfois de bonnes idées, je suis passé outre. Sans sombrer dans le chiquissime Ipad qui valait une blinde, je ne voulais pas non plus une tablette de naze.
Voilà c'était ma petite contribution au redressement productif. Si les avocats peuvent se permettre de discuter de la stratégie de Peugeot ou d'Arcelor, je ne vois pas pourquoi moi, simple psy, je n'aurais pas mon mot à dire.
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