20 janvier, 2013

Journalistes et éditeurs et projet !


Parfois, je suis lu par des journalistes ou des éditeurs. C'est toujours très flatteur pour moi lorsque l'un d'eux me demande si je pourrais leur écrire quelque chose. J'ai beau savoir que je suis une feignasse avérée qui ne peut rien faire à moins d'y prendre plaisir, mon orgueil prend le dessus et voici que je prends des rendez-vous pour rencontrer tous ceux qui m'ont tendu un miroir dans lequel me mirer.

Passé le premier moment de la rencontre au cours duquel il est toujours amusant et flatteur de rencontrer un de ses lecteurs, vient enfin le pensum, le moment ou la personne que j'ai en face de moi, pensant sérieusement que je pourrais mettre par écrit mes idées, me propose enfin l'idée, le livre ou l'article qui ferait de moi, enfin de nous parce que mon interlocuteur ne s'oublie jamais, les heureux gagnants d'une collaboration qui verrait accoucher du "truc" qui nous rendrait célèbre et un peu riches.

On parle alors projet et je me laisse entrainer de peur de blesser mon interlocuteur. J'aimerais lui dire qu'il s'est trompé et que si mon petit blog est sympathique et finalement pas mal lu, ce n'est qu'un jeu et non une entreprise très sérieuse qui laisserait augurer chez moi un talent caché insoupçonné. Mais, je crois que je m'en veux de décevoir la personne qui a tant investi en moi. Alors j'écoute et je dis oui, je raconte que dans une semaine, un mois ou deux, il ou elle aura sont texte ou son plan et que notre collaboration sera fructueuse. On en reste là, je quitte le restaurant ou le bureau en me demandant pourquoi j'ai dit oui alors qu'au fond de moi, je savais que je ne ferais jamais rien.

Non que je ne sache pas le faire, parce que durant tout le temps de l'entretien, j'ai eu dans ma tête des idées de plan, de romans ou de tout ce que l'on me demandait, mais simplement qu'une fois sorti de l'entretien et rendu à moi-même, je sache que je ne vaux pas grand chose si ce n'est pour perdre mon temps à lire tout et n'importe quoi. Je crois, non je sais, que je mourrais en ayant en tête, cent idées de roman et dix fois plus encore d'idées de thèses et sans doute mille fois plus de théories fumeuses, sans que rien ne soit transcrit dans le monde réel. Je suis le type le moins réalisateur qui soit.

Et puis dernièrement, j'en ai rencontré qui n'était pas pareil que les autres. Éditeur de son état, il semble plus fin et plus amusant que les autres. C'est d'ailleurs une bien curieuse rencontre que j'ai faite puisque ce type m'a remercié de l'avoir aidé à arrêter de boire alors que nous ne nous étions jamais rencontrés. 

Il semblerait que ce miracle ait eu lieu parce que dans notre bref échange de mail, je lui ai dit que ce n'était pas si compliqué d’arrêter de boire. Et hop, sans savoir pourquoi cette phrase bien banale a eu un effet étonnant et il a cessé de picoler. Le plus drôle c'est que dans mon souvenir, j'avais surtout l'image d'un emmerdeur qui passait son temps à m'écrire sans jamais oser me rencontrer et que je crois bien que le jour où je lui ai torché ce mail, c'était une sorte de fin de non recevoir, une manière un peu expéditive de lui dire de cesser de geindre et de s'arracher un peu les doigts du cul !

Bref, ça a marché comme quoi la clinique est une discipline bien mystérieuse. Alors pour me remercier, ce quidam a enfin voulu me rencontrer et m'a invité à déjeuner. Bon, ce ne furent pas des agapes mais le déjeuner fut sympa. Et lui comme les autres, pensant peut-être que j'avais la tête à cela, me proposa son aide pour écrire enfin un livre ou même peut-être le livre.

En bon éditeur qu'il est, il avait déjà en tête tout le plan du livre et même le plan média qui irait avec. Alors là, j'étais sur de passer sur les plateaux de télé qui comptent avec la certitude, soutenu comme je l'aurais été par une grosse boite d'édition, d'être bien traité par les journaleux. 

L'idée était séduisante, sauf qu'à moins de faire un livre de commande, ce dont je me sens capable mais dont je n'ai pas la moindre envie, je ne me voyais pas m'inscrire dans un tel projet qui m'aurait coûté au bas mot deux mois de vie pour un résultat sans aucun intérêt autre que financier. 

Déjà le sujet étant l'alcoolisme, il m'aurait été difficile de me placer en spécialiste de la chose puisque, même si je crois avoir obtenu de bons résultats en la matière, ceux-ci ne furent en définitive dus qu'à ma sagesse qui m'a toujours fait préférer sous-traiter cette addiction à de vrais spécialistes comme les AA plutôt qu'à m'évertuer à la traiter moi-même. 

Si en la matière j'ai pu être un bon architecte, ceux qui ont posé les parpaings, qui se sont "tapé le sale boulot" ce sont bien les AA. Alors je ne me voyais pas les spolier de leurs droits légitimes pour m'arroger leurs succès. Je crois même que les succès que j'ai eu ne consistent qu'en le fait que j'ai pu être suffisamment persuasif pour pousser les patients venus me consulter à aller aux AA.

Bref, nous en étions là quand cet éditeur m'a proposé autre chose, à savoir du réel, tenter de comprendre comment se passaient les relations avec les personnes alcooliques. Et là, c'est vrai qu'il y a matière à raconter des tas de choses intéressantes. Alors je lui ai promis un texte que je publierai ici afin qu'il voie un peu ma manière d'écrire, de relater les faits.

Bien sur, me connaissant, il y aura du retard. Mais je le ferai. Je ne sais pas sur quoi cela débouchera mais je le ferai.

1 Comments:

Blogger V. said...

Gallimard c'était quand ? L an dernier ou encore avant ?
:-)

21/2/13 12:49 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home