Jérôme Kerviel et moi !
Tout le monde en parle ! De qui ? De Jérôme Kerviel bien sur ! L'ancien voyou, l'escroc-trader ayant trouvé la grâce réalisant là, sans conteste un vrai destin romantique. On croirait la vie de Byron, d'abord, on se perd, ensuite on trouve son salut et on se réalise. Byron, lui mit d'abord sa sœur enceinte, enterra son chien dans la crypte familiale trouva bien son salut en libérant la Grèce des Ottomans alors pourquoi pas Jérôme Kerviel ?
Je ne cherche même pas à savoir s'il est réellement coupable ou non. Je m'en fous de savoir si la Société générale avait connaissance de ses positions risquées ou s'il s'est réellement débrouillé pour tout dissimuler. De toute manière, si un système permet que de tels risques soient pris c'est qu'il est mauvais. Et comme le disent les quidams sur le net, la société générale s'aperçoit que j'ai cinquante euros de découvert mais ne peut vérifier que quelqu'un prend des positions pour cinquante milliards d'euros ? Merde avec la kyrielle d'experts IT qui passent par chez eux, la Générale est décidément mal servie.
Le cas de Jérôme Kerviel est aussi très révélateur de l’atmosphère délétère et pourrie qui régnait dans les salles de marché dans lesquels un système pervers de primes calculées sur les marges bénéficiaires des opérations pousse des individus à prendre des risques très importants. La plupart de ces traders, comme on les nomme, sont jeunes et prêts à tout pour s'offrir l'Aston-Martin de leurs rêves ou une table dans un restaurant sélect.
Ils me rappellent des amis un peu crétins que j'ai connus étant plus jeune et qui étaient ingénieurs commerciaux dans des SSII. Il suffisait que leurs patrons agitent les clés de leur future voiture de fonction ou leur offrent des soirées open-bar pour qu'ils filent ventre à terre conclure des marchés. C'est qu'ils y croyaient les bougres, ils fonçaient sans réfléchir, tout ça pour une bouteille de whisky gratuite ou une BMW de fonction. Certains aujourd'hui, menacés de licenciement, viennent de comprendre qu’ils n'étaient que des salariés et qu'une fois dehors, la BMW ou l'Iphone 5S resterait la propriété de la société anonyme comme chantait ce vieux socialo d'Eddy Mitchell.
Les banques connaissent évidemment les risques encourus mais elles estiment qu'ils en valent la peine puisque c'est un jeu dans lequel elles ne risquent rien. En cas de succès, ce sont les bénéfices qui s’additionnent et les actionnaires sont ravis, tandis qu'en cas de pertes, on s'adressera à l'état pour renflouer les caisses tandis qu'un bouc émissaire sera trouvé.Je le sais j'ai déjà renfloué le Crédit Lyonnais après le bouillon qu'ils ont pris lors du de la crise de l'immobilier.
Bref, j'ai tendance en vieux fouteur de merde que je suis, toujours ravi que les institutionnels s'en prennent un peu dans la tronche, à soutenir Kerviel. Et puis, ayant vu sa fiche wikipédia, j'ai vu qu'il était né un onze janvier et moi un douze. Autant vous dire que la solidarité inter-capricornienne joue évidemment à fond. C'est comme dans la légion étrangère, on ne laisse pas un camarade à terre.
Je ne suis pas naïf et je sais qu'au temps de sa splendeur, il m'aurait ignoré et sans doute méprisé mais je m'en fous. Étant plus âgé que lui et sachant que Némésis apparait toujours à un moment donné dans la vie de ceux qui sont saisis d'Hubris, j'aurais souri en lui disant : tu verras mon pote qui rit aujourd'hui pleurera demain. Il ne m'aurait bien sur pas écouté, estimant que j'étais juste un vieux con moralisateur et je m'en serais foutu. Je sais modéliser une situation et je sais comment les choses finissent.
J'aurais juste rajouté comme j'adore le faire : je ne me trompe jamais. J'adore dire ça ! Certes ça fait un peu mec qui se la pète mais bon, quand je suis sur d'un truc, j'en suis sur et puis voilà. En plus ça déstabilise pas mal les crétins et ça rassure les anxieux quand je dis que je ne me trompe jamais. J'ai d'ailleurs toujours détesté ceux qui disent qu'un truc est complexe. Si c'est complexe c'est que c'est trop compliqué pour eux voilà. Dans ce cas, laissez faire ceux qui savent.
Quant à la Société générale, c'est ma banque et autant vous dire que je m'en fous tellement je la déteste. Bien sur, j'y suis depuis l'âge de dix-huit ans et avant moi, mon père, mon grand-père, son père à lui et même je crois bien encore son père à lui ! Autant vous dire que la Générale et moi, c'est une longue histoire. Une si longue histoire que j'ai vu évoluer de manière dramatique.
Au fur et à mesure des années passées dans cette banque, j'ai vu les prestations se dégrader. J'ai de plus en plus l'impression d'être un cochon de payant soumis aux diktats de quelques crétins du siège relayant leurs ordres auprès d'employés à peu près aussi réactifs que des fonctionnaires. Le dernier directeur sympathique que j'ai connu dans mon agence me l'avait d'ailleurs dit : tu verras je suis un dinosaure, maintenant tu n'aurais que des gratte-papiers qui ne connaissent rien au métier mais sont là pour vendre des produits coûte que coûte.
Bien sur qu'une banque n'est pas une entreprise philanthropique et je comprends qu'ils soient là pour faire du blé. Mais ces dernières années, c'était faire du blé coûte que coûte à tous les niveaux. En haut en faisant bosser Kerviel et consorts sur des marchés à peu près aussi vérolés qu'une vieille pute à l'abattage tandis qu'en bas, il s'agissait de gagner des petits sous sur absolument toutes les prestations offertes ! S'ils avaient pu nous obliger à mettre une pièce de cinquante centimes pour entrer dans leur agence comme on le fait pour aller dans des chiottes publiques, ils l'auraient fait. Je suis sur que quelqu'un à du y penser mais ils n'ont pas du oser aller jusque là.
Et c'est vrai qu'après ce directeur, ça a été la dégringolade ! Tant et si bien que j'ai du me payer la dernière directrice en tapant assez haut dans la hiérarchie. Heureusement que j'ai quelques contacts, sinon cette sombre conne aurait continué à me traiter en moujik. Ah la tronche qu'elle a faite quand son siège lui a écrit. Et donc, ce n'est pas parce que je n'ai pas un salaire de chirurgien que je dois être traité comme un connard. Non mais ! En plus je les connais ces gens là, ils sont d'une rare servilité quand il le faut.
J'ai un bon pote qui a touché un très gros héritage, c'est un chanceux lui, et il me racontait que son directeur d'agence aurait été capable de lui tailler une pipe rien que pour avoir l'honneur de placer son blé récemment acquis. Je crois que c'est le truc que je déteste le plus, cette absence totale de dignité qui fait qu'on se prosterne devant le friqué tout en méprisant le prolo. Cette mentalité d'esclave de riches me débecte.
Chaque fois que je vois une de leur publicité débile vantant leur savoir-faire je m'esclaffe et je me dis que les pubards sont vraiment des enfoirés. Enfin ils ont raison, ils font dire à leurs spots ce que le client exige et c'est bien normal. Mais à défaut de coupe pouce, j'ai surtout senti de la part de la Société générale une sorte de toucher rectal chaque fois qu'ils le pouvaient. Leur truc c'est plus le majeur tendu que le pouce levé à mon avis.
Tout cela pour vous dire qu'aujourd'hui je soutient Kerviel et que même s'il avait ruiné totalement la Société générale, il aurait mon soutient. De toute manière, l'état m'aurait garanti mes avoirs et m'aurait remboursé. En plus je n'aurais pas eu à rembourser l'emprunt que j'ai sur ma baraque alors autant vous dire que je serais allé pisser joyeusement sur les rideaux fermés de mon agence ! Et puis voir cette bande bras cassés qui osent récupérer un jour de congé chaque fois qu'il tombe un jour férié, convention collective de la banque oblige, pointer à Pôle emploi ne m’aurait pas déplu.
Mais bon, comme tous les crétins qui ont d'autres choses à foutre et qui sont persuadés que ce ne serait pas mieux ailleurs, je reste captif au même titre que pour mon abonnement téléphonique. Voilà tout, je gueule, je vitupère, je tempête et je ne mords pas. C'est là le secret pour dominer les masses. Les gens ne bougent pas. En son temps La Boéttie l'avait bien noté dans son Discours sur la servitude volontaire lui qui sait : « Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres. » Alors à défaut de faire quelque chose, je me cherche un Robin des bois, n'importe lequel. C'est sans doute pour cela que de Spaggiari à Kerviel, les voleurs sont souvent apprécies quand ils s'en prennent aux puissants.
Bien sur, certains souligneront qu'en écrivant cela je me range du côté d'Eva Joly ou de Jean-Luc Mélenchon. Et donc ? Je m'en fous et m'en contrefous. On a le droit d'avoir des raisonnements reposant totalement sur l'émotionnel. Ca libère, ça fait du bien. Rien de plus.
Bien sur, certains souligneront qu'en écrivant cela je me range du côté d'Eva Joly ou de Jean-Luc Mélenchon. Et donc ? Je m'en fous et m'en contrefous. On a le droit d'avoir des raisonnements reposant totalement sur l'émotionnel. Ca libère, ça fait du bien. Rien de plus.
Donc ce message n'a rien à faire dans un blog traitant de psychologie mais je m'en fous. Puisque tout le monde parle aujourd'hui de Kerviel, moi aussi !
8 Comments:
C'est la mienne aussi et je l'aime pas non plus!c'est de gros voleurs!!
@GM : bof c'est une banque, je ne suis pas sur qu'elle soit pire que les autres.
Kerviel est un escroc, et les 5 miyiards qu'il a égarés sortent de nos poches de contribuables.
Comme Robin des bois, j'ai vu mieux...
Enfin, si la banque française ressemble tellement à un service public c'est parce que... c'en est un, comme les chemins de fer et l'assurance santé. A quelques détails cosmétiques près, c'est un oligopole décrété par l'état, entièrement défini dans les moindres détails de son fonctionnement par l'état, et imposé aux particuliers comme aux entreprises par l'état (obligation légale d'avoir un compte bancaire et d'y verser les salaires + tout l'espionnage fiscal), et il est fortement subventionné par l'état.
Mêmes causes, mêmes effets.
@GM-VDL : Oh Kerviel est ce qu'il est, je m'en fous. Ca m'a permis de gueuler contre ma banque. Voilà :)
"...je NE l'aime pas non plus!CE SONT de gros voleurs!!"
Tss...
"J'ai un bon pote qui a touché un très gros héritage, c'est un chanceux lui, et il me racontait que son directeur d'agence aurait été capable de lui tailler une pipe rien que pour avoir l'honneur de placer son blé récemment acquis. Je crois que c'est le truc que je déteste le plus, cette absence totale de dignité qui fait qu'on se prosterne devant le friqué tout en méprisant le prolo. Cette mentalité d'esclave de riches me débecte." Trop vrai.. je l'ai vécu.. après un retard de dépot d'un chèque d'une journée ils m'ont pris 8 Euros pour un débit sur découvert, 8 euros que j'ai réclamés auprès du directeur d'agence comme une faveur envers ma pauvre condition... je l'ai vu refuser et me traiter plus bas que terre...le ton sec et froid... quand je lui ai sorti la feuille de mon notaire indiquant le montant que j'allais bientôt percevoir... son visage s'est décomposé, mes 8 euros m'étaient de suite réattribués.. et j'ai eu le grand plaisir de lui dire qu'il pouvait se les garder voire se les mettre où je pense, que son humanité m'avait tellement touchée que je me faisais un point d'honneur à changer de banque! ce que j'ai fait... avec jubilation!
Merci El. Gringo de "remonter" mon niveau grammatical;)que ferai je sans vous?!...vous donnez des cours particuliers sinon?:))
un détail Philippe : compliqué, complexe
compliqué : déterministe, fermé exemple : le jeu d'échecs
complexe : indéterministe, ouvert
exemple : tout sur les marcassins
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