26 octobre, 2015

Remonter le temps !


La nostalgie est un sentiment de regret des temps passés ou de lieux disparus ou lointains, auxquels on associe a posteriori des sensations agréables. On y voit parfois un symptôme de dépression voire de mélancolie. Il m'arrive parfois de céder à cette nostalgie, de me laisser aller à me dire combien c'était mieux avant. Je fais alors ma Dame aux camélias et je m'autorise à capituler pour me morfondre goulument dans les délices de bonheurs enfuis depuis longtemps. Je lâche prise et capitule face au réel pour me réfugier dans des souvenirs.

Le piège de la nostalgie est justement de magnifier quelque chose qui n'avait vraiment rien de mirifique quand on le vivait, d'enchanter le morne quotidien disparu. La nostalgie nimbe les souvenirs d'un pâle voile qui dilue les formes, qui permet de à transformer une expérience banale à l'époque en moment magique de volupté trop tôt disparu. La nostalgie prend le contrôle de la conscience et distord nos souvenirs, les enjolivant en nous offrant un havre de paix artificiel. Elle extrait des éléments de notre mémoire à long terme et les rénove de telle manière qu'ils acquièrent un éclat qu'ils n'ont jamais eus.

J'adore la nostalgie. Je m'en repais. Dans ces cas-là, je m'offre une petite virée trente ans avant. Je remonte le temps. Je prends ma vieille Honda de 1980 et je vais m'asseoir dans un des derniers bar-tabacs qui subsistent dans les environs, un endroit où j'eus quelques habitudes voici bien longtemps. J'achète un paquet de Benson & Hedge, les cigarettes que je fumais à l'époque. Et comme il fait encore doux, je m'assieds en terrasse et j'oriente ma chaise de manière à avoir sous les yeux une perspective qui n'a pas varié depuis trente ans : un croisement de rues avec un paysage d'immeubles assez bas et de modeste pavillons de banlieue.

J'observe, je repense aux temps enfuis, je me délecte de pensées moroses à souhait, je me goinfre de sentiments maussades, je surfe à la limite de la dépression, me grise de me sentir devenir si triste sans raison, me vautre un moment dans la mélancolie dont je m'extirpe enfin d'un saut dans le réel. Je range alors mon livre que je n'ai pas ouvert, écrase ma cigarette et reviens dans le réel pour rentrer chez moi.

C'est vraiment bon d'être saturnien !


Paul Verlaine, Ode aux saturniens, 1866

10 Comments:

Blogger KevinM said...

Bah c'est vrais qu'avant sans la répression routière ça devait être bien de conduire sur la route non?et surtout il n'y avait pas de politique anti tabac donc pour toi qui est fumeur c'était encore mieux

26/10/15 8:22 PM  
Blogger E-S said...

Regretter Mitterrand ? Pervers ;)

27/10/15 9:23 AM  
Blogger El Gringo said...

Saturnien...
Ouais, moi aussi j'regardais c'te connerie avec un canard à la télé quand j'étais môme.

27/10/15 10:11 AM  
Blogger Unknown said...

moi aussi je suis bien nostalgique du temps ou je voyais encore mon Psy, mais c'est comme ça...il a choisi c'est fini; il faut faire le deuil de cette période qui fut la plus belle de ma vie;
pas simple ,mais pas le choix...
;-)

27/10/15 6:22 PM  
Blogger KevinM said...

Vous croyez que plus tard on pourra être immortel ou qu'on pourra cloner sa conscience?ça pourrait être sympa ça

29/10/15 12:42 AM  
Blogger philippe psy said...

@Gringo : il n'y pas de canard :)

31/10/15 8:43 PM  
Blogger El Gringo said...

Je croyais...

https://www.youtube.com/watch?v=wNjdEN3NcLE

1/11/15 3:40 AM  
Blogger philippe psy said...

@El Gringo : ça c'est ta génération pas la mienne ! :) Ou celle de mon frère ainé. Le Touffier a du regarder aussi Saturnin le canard !

2/11/15 6:30 PM  
Blogger Le Touffier said...

Vouais, je me demandais toujours combien de temps ils avaient du perdre avant que le canardeau se décide à se diriger à l'endroit prévu pour le script.
Parce que dans le poulailler de ma grand-mère, les bestioles n'allaient jamais dans la direction escomptée.

J'adorais la voix de Ricet Barrier, mutine et chaleureuse à sa manière.

C'est une des rares fictions infantiles qui ne me foutait pas la trouille, avec la maison de toutou et Sidonie et Aglaé, les deux gourdasses qui s'agitaient derrière leurs portes à double vantaux, avec, gag renouvelé à chaque générique, plus de trace de la tête d'Aglaé, mais, oh surprise, on voit son cul de cochonne quand la partie basse fait flip-flap.

Je crois que c'était les têtes de canetons filmés en macro et à bout portant qui donnaient cette impression de mouvement. Par contre, le décalage entre l’œil vide du canard et les intentions évoquées par le doublage de Ricet Barrier me foutait mal à l'aise. Comme si les expressions du canard ne suivait pas le texte. Point de vue Actors Studio, c'était un peu léger. Pénible ce décalage.

C'est à la fin que ça se gâtait. En clôture de chaque épisode, l'action s’intensifiait, il y a toujours des glissades sur le décor. Et là on passait du dodelinement nonchalant à la bestiole balancée devant la caméra. Et puis la fouine elle mangeait sévère à chaque fois, il était salaud le Saturnin, aucune empathie pour les mustélidés.
J'aimais pas du tout la fin, elle était toujours évasive, la chute de la fouine ne durait qu'une fraction de seconde. C'était décalé par rapport à la lenteur du scénario et au dandinement de Saturnin. Comme si le scénariste avait du boucler l'affaire à la va-vite sous la pression du direct.
J'aimais bien le générique et le début. Je faisais autre chose à la fin de l'épisode. Je ne supportais pas cette volonté fouinicide systématique.

J'ai souffert dans ma jeunesse. Parce que va expliquer ça aux adultes sans passer pour un con. Ils voient un gosse avec un programme pour les gosses. Pas foutus de se rendre compte de la violence sectaire.
Et mon dieu ce qu'un canard peut avoir un regard très con.
C'était comme pour les courses moto, tout le monde espère une chute. Et moi, épisodes après épisodes, j'attendais un rebondissement, que la fouine prenne sa revanche, qu'elle se tape un steak de Saturnin.

Mah non, à chaque fois la même connerie, la chute de la fouine. Souvent dans l'eau, après il fallait se taper le spectacle pitoyable de la pauvre bestiole mouillée pour faire rire les sales gosses comme à guignol avec le gendarme.

Je ne parlerais pas de théorie du complot, mais quand même, on aurait voulu faire culpabiliser une génération entière, on aurait pas fait autrement.

Et je ne parle pas des shadoks, ils me rendaient complètement dingue. C'était très flippant de penser que des adultes soient capables d'apprécier des trucs aussi insondablement crétins. Et les shadoks pompaient... Gamin, c'est très angoissant d'apprendre trop tôt que les adultes sont définitivement cons.

En plus faut faire semblant de pas comprendre. Quand je voyais ma nourrice émue par la pauvre Isabelle capturée par les anglais, j'essayais de la rassurer en lui montrant le programme télévisé. C'était marqué que Thierry la fronde et ses compagnons la délivraient le lendemain. Je sentais bien que je foutais ma merde mais je ne savais pas pourquoi.

J'ai bon ? Je le fais bien mon petit THQI de comptoir ?

11/11/15 7:13 PM  
Blogger cmosorchestra said...

Je suis moi-même un grand nostalgique de l'époque d'Henri Virlogeux!

27/4/18 9:08 PM  

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