Premiers contacts et je ne suis pas mort !
C'est marrant l'impression que dégagent les patients quand je les vois. J'aime à dire qu'en quinze minutes, je dois avoir compris ce qui les a amenés dans mon modeste cabinet. En revanche, certains sont plus habiles pour se dissimuler que d'autres. Et tandis qu'il me faudra plusieurs séances pour connaitre un patient, une seule sera suffisante pour d'autres.
C'est ainsi que récemment j'ai reçu un très jeune majeur, un gars immense, un peu inquiétant. Au débit très mutique, je suis parvenu à le faire parler. Il agit des mimiques stéréotypées un pu inquiétantes. Vu le volume du type et le souvenir que j'avais de certaines de mes lectures, j'ai eu l'impression d'avoir Edmund Kemper dans mon cabinet. Pas vraiment le genre de gars avec qui l'on a envie de déconner, comme par exemple lancer un débat sur les souricistes et les oursistes ou pour avoir son avis quant à l'opportunité de rebaptiser les poissonneries en nectonneries !
Lui c'est le gars avec qui il faut être factuel et précis. Déscolarisé, sans emploi et sans amis, il n'est pas d'un abord très facile. Mais bon, c'est mon métier et je l'ai choisi et puis si je n'aime vraiment pas le sang, je n'ai jamais eu peur des gens.
Pour le tester, je me suis même permis de faire une blaguounette en lui demandant s'il avait déjà envisagé une carrière de tueur en série. Il m'a regardé fixement, m'a fait une grimace qui devait être un sourire et il m'a répondu qu'il était peut-être un peu jeune pour commencer. Je lui ai dit que non, qu'il avait le bon âge ! Il m'a alors dit qu'il allait y réfléchir.
La séance a pris fin, il ne m'a pas poignardé ni décapité et ne s'est pas masturbé dans mes entrailles. Finalement peut-être que je m'en fais pour rien !
2 Comments:
Cet article fait écho en moi, forcément étant dans la même situation que le patient dont vous parlez(sans pour autant avoir l'air d'un serial killer) tout en étant plus vraiment tout jeune ayant déjà atteins le quart de ma vie.
Du coup c'est dur quand on réalise le temps passé à stagner qu'on aurait pu mettre à profit pour évoluer, mais d'un autre coté on finit aussi par s'y faire. En fait ça pourrait même être agréable si en même temps on ne faisait pas face au ravage du temps nous fermant de plus en plus de portes.
MErci pour votre commentaire !
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