21 juin, 2022

Faire quelque chose !

 


L’année passée, un ancien patient m'a demandé un rendez-vous en urgence. Je l'ai reçu dès le lendemain et il m'a exposé son cas. Sa mère âgée, malade d'un covid carabiné, était entre la vie et la mort, à l'hôpital à l'étranger et il ne savait que faire. Plongée dans le coma, elle était sous assistance respiratoire et nul ne savait si elle allait s'en sortir.

Pour comble de malchance, ce patient, quoique charmant, est le prototype du fifils à sa maman, avec qui il vit. Lui et elle forment un coupe si soudé, qu'il n'y a jamais eu aucune place pur une demoiselle entre eux. Le décès de sa mère, aussi soudain aurait été une catastrophe. 

Tous les jours, il avait un médecin à l’hôpital qui lui donnait des nouvelles de sa mère. Dans son malheur, il avait eu la chance que sa mère soit tombée malade dans un pays où la pression fiscale est moindre qu'en France mais où les hôpitaux sont bien meilleurs. 

Je l'ai écoute en me demandant ce que je pourrais bien faire. Je sais que parfois, il faut se contenter d'écouter mais moi, ça me frustre, j'ai l'impression d'être payé pour rien. Ne pouvant rien pour la mère, si ce n'est croiser les doigts, je me suis demandé ce que je pourrais pour mon patient et j'ai eu une idée.

Quand on est confronté ainsi à une grande angoisse, il faut agir. Parfois, c'est passif et on se contente de prier, parfois on détourne son attention en faisant une tâche nous distrayant de la situation anxiogène comme les poilus de 14-18 qui sculptaient les douilles d'obus. 

Je lui ai dit que je connaissais une magnétiseuse dont me disait le plus grand bien. Son action est-elle efficace, nul ne saurait l'affirmer même si ceux qui y ont recours s'en félicitent. Les âmes chagrines me répondront que ce sont des crétins qui s'autoconditionnement quant aux bienfaits d'une pratique charlatanesque. 

Il n'empêche que même si je n’ai pas à juger sa pratique je sais que Christine V. est une femme d'une rare honnêteté et d'une totale bienveillance. Comme je le dis souvent aux gens tentés de me prendre pour un con : vous savez; je ne suis peut-être pas informaticien mais j'ai aussi un métier et je suis dans votre tête alors que vous ne vous en doutez même pas. Bref, je réponds de cette dame comme de moi-même.

J'ai alors dit à mon patient :

- Écoute, tu es ingénieur, tu gagnes bien ta vie et tu n'est pas à cinquante-cinq euros près. Tu vas contacter cette dame, te procurer une photo récente de ta mère et lui envoyer. Elle agira à distance.

Il était un peu étonné alors je lui ai expliqué que l'important c'était qu'il ne se morfonde pas mais qu'il ait l'impression d'avoir rempli son obligation de moyens. Sachant qu'avec une mère en réanimation à mille kilomètres de chez lui, il ne pouvait pas grand chose, je lui proposais une stratégie certes un peu iconoclaste mais réelle.

Comme c'est un gentil garçon qui me fait confiance, il l'a fait ! Et vous savez quoi ? Quarante-huit heures après, sa mère sortait des vapes et revenait au monde des vivants.

Et comme je reste psy, je lui ai dit que cette mésaventure devrait lui servir et qu'il devrait commencer à vivre seul sans maman !