22 février, 2007

Ne jamais s'encombrer de choses inutiles !

J'explique souvent aux personnes stressées, qu'un de smoyens, entre autres, de faire baisser leur stress, est de se débarasser des choses inutiles. Que le désordre, l'empilement, et le fait de tout garder, était un facteur de stress important. Jeter, c'est vivre plus clairement, mais aussi affirmer de manière symbolique mais parfaitement claire, que l'on n'a nul besoin de tout un tas de choses inutiles pour bien vivre. Je me suis appliqué mon conseil à moi-même.

S’il y a une chose que je déteste par dessus tout, c’est de me faire planter un rendez-vous le jour même. Comme je ne suis pas médecin généraliste, je n’ai pas une salle d’attente pleine, aussi m’est-il impossible de dire « au suivant ». Moi, lorsque l’on me plante, c’est un manque à gagner et donc si je laissais cette attitude désobligeante dégénérer, je pourrais rapidement laisser s’installer un laisser-aller nuisible à mon train de vie fastueux. De plus, c’est un manque de correction total que je ne supporte pas. Je comprends toutefois, qu’il puisse y avoir des cas de force majeure, mais tant pis, ce n’est pas à moi d’en assumer les conséquenceS. Dans mon cabinet, figure même en bonne place, un cadre dans lequel j’explique que toute séance non décommandée 24h à l’avance sera due. Je vais même passer ce délai à 48 heures.

Il y a trois manières de me planter, de la pire à la plus correcte :

  • En ne venant pas, auquel cas, j’attends comme un con, me demandant ce que la personne fout. En général j’appelle et dans ce cas, il est rare qu’on me réponde. La personne s’écrase.

  • En m’envoyant un SMS auquel cas cela sent la mauvaise conscience alliée à une grande couardise. En règle générale, quelqu’un qui vous fait cela, n’ira jamais bien loin dans une thérapie. Ce n’était pas le moment de commencer. Je ne réponds pas à ces SMS.

  • En m’appelant directement et là, il y aussi deux manières de faire. Il y a les gens corrects, qui de suite, précisent qu’ils me règleront cette séance, puisqu’ils me préviennent le jour même. Et ceux, qui comme des fleurs, se permettent de me dire qu’ils me rappelleront pour prendre rendez-vous ou qui reprennent rendez-vous pour un autre jour. En règle générale, s’il y a possibilité de reprendre rendez-vous pour la semaine même, je ne dis rien. Quand c’est impossible, je les attends au tournant. Et lors du prochain rendez-vous, au moment de me régler la séance, je regarde le chèque et explique qu’il me manque la séance passée. De deux choses l’une, ou la patient de bonne foi, s’excuse et me refait un chèque, ou bien, celui de mauvaise foi, m’explique qu’il n’est pas venu avec un grand sourire. Auquel cas, je réponds que, moi je suis venu, et que je suis comme un cours de tennis, qu’on vienne y jouer ou non, il est retenu et c’est payant, que c’est la règle.
Or voici deux semaines une jeune femme extrêmement déprimée m’est adressée. Je la reçois, prends le temps de l’écouter. Je suis sur de régler son cas en quelques mois, mais elle me laisse une impression diffuse, l’impression de ne pas être très courageuse. Je lui explique ensuite les modalités de la thérapie, lui donne le montant des honoraires, et lui rappelle la règle en cas d’annulation de dernière minute. Comme elle était stressée, le patient suivant arrive, tant et si bien, qu’elle part précipitamment après avoir pris rendez-vous, mais que j’oublie même de lui demander le règlement de la séance. Tant pis, cela m’apprendra, ce n’est pas bien grave.

Le jour même du notre second rendez-vous, une heure avant à peine, elle m’appelle en m’expliquant qu’elle ne pourra pas venir. Calmement, je lui dis que ce n’est pas grave, et que je la rappelle.

Dans l’après-midi, je l’appelle et lui propose un nouveau rendez-vous dans la semaine. Comme c’est impossible, je lui dis que ce n’est pas grave, qu’elle me règlera la séance ratée et qu nous nous verrons la semaine prochaine. Et là j’entends de timides protestations, arguant du fait qu’elle n’est pas venue et que c’était un cas de force majeure. Je lui réponds que ja la comprends fort bien, mais que son cas de force majeure ne m’est pas opposable, et que si c’était tel cas, je n’aurais qu’à mettre la clé sous la porte. Que si au lieu de ma séance, elle avait raté un spectacle, à moins d’être spécialement assurée, et bien elle en serait de sa poche. Que c’est dommage mais que c’est ainsi, c’est la vie.

La demoiselle argumentant encore, j’ai finalement coupé court à la conversation. D’une part je lui ai rappelé que c‘était elle qui déprimait et non moi et que c’est à elle de voir de quelle manière je pouvais lui être utile ou non. Qu’elle devait faire un arbitrage entre sa volonté de ne pas payer et sa motivation pour suivre une thérapie en acceptant un cadre et le fait de devenir adulte. Et enfin, que d’autre part, suivre une thérapie demandait de la volonté, des efforts, comme tout travail, et l’acceptation de règles, qui de toute manière étaient clairement affichées dans le cabinet. N’ayant pas de temps à perdre et surtout pas pour mendier après une séance, je lui ai dit que c’était à prendre ou à laisser, je l’ai saluée et ai raccroché. Et toc, un peu de ménage.

J’ai décidé, comme je vous l’expliquais dans l’article précédent de trier ma clientèle, un peu comme un entraîneur trierait les athlètes qu’il entraîne. C’en est terminé du gentil Philippe dans l’empathie ++ qui finit par se faire baiser. Très vite, on s’aperçoit des personnes avec qui cela marchera, que l’on emmènera loin, de celles qui ne feront rien et qui après me feront des reproches. Désormais, il y aura un « concours » pour venir me consulter ou plutôt une sélection. Je n’ai pas envie d’être « une pute à l’abattage » comme me l’expliquait un de mes patients médecins quinquagénaire qui avait perdu sa vocation, face à des patients exigeants et peu sympathiques, venus chercher sans cesse des arrêts de travail et des solutions faciles à tous leurs maux.


Voici quelques années, un de mes amis, pilote d’hélicoptère, qui avait fait du secours en haute montagne, m’expliqua la chose suivante. Les premières fois, en tant qu’ancien pilote militaire, il appliquait les procédures d’urgence, vivant en combinaison de vol, le casque à portée de main. A la moindre alerte, il sautait dans l’hélico, faisait la check list d’urgence, lançait les turbines et attendait en engueulant le médecin qui n’arrivait pas assez vite. Un jour le médecin lui expliqua que ce qu’il faisait était professionnel mais inutile. Il lui montra sa trousse en lui expliquant qu’il n’avait que cela sur lui. Et que dès lors, si un accidenté était à deux minutes près, c’est que c’était un cas gravissime et que de toute manière, il ne pourrait rien pour lui, n’ayant pas le matériel nécessaire. Et que dès lors, deux minutes avant ou après, l’accidenté mourrait, que c’était évident.

Je pense qu’à la différence de ce médecin, moi j’aurais couru, parce que c’est dans mes gênes et que je m’y serais senti obligé par ma « mission ». Aujourd’hui, je suis entièrement d’accord avec ce médecin. Donc si quelqu’un me trouve cruel d’avoir jeté cette pauvre patiente, il n’en est rien. Quand dès le départ, on ne parvient pas à s’inscrire dans un cadre minimal, et pourtant je vous assure que je suis quelqu’un de sympathique, que l’on confond le psy avec un papa, c’est que l’on n’est pas prêt pour une thérapie. Dans ce cas, mieux vaut revenir le jour où l’on aura compris la nécessité de telles règes, que de s’engager dans une thérapie qui de toute manière avortera.

Il y a un temps pour tout. Une thérapie, quoi que que puissent en penser les scientistes adeptes de la médicalisation, est avant tout un travail sur soi, qui réclamera des efforts, et une vraie motivation. Je ne peux pas sauver les gens contre eux-mêmes, ni leur aménager leur réel de manière à ce qu’il corresponde à leurs souhaits immatures.

Je suis content de commencer ce grand ménage, ça m’apaise !

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Vous avez raison ! J'ai commencé à faie pareil ! Désormais, je considère que mes prestations ont un coût, c'est tout. Pour se les offrir, on fait un arbitrage et éventuellement, on se prive d'autres choses.

Depuis que je suis devenu strict, je vis mieux !

Bravo pour votre blog !

Un avocat

22/2/07 6:40 PM  

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