23 avril, 2007

Mahattan, Nye County, Nevada !

Vue de Manhattan

J’ai enfin trouvé la ville où je vais m’établir. Le choix ne fut pas simple puisque si j’aime le calme, mon épouse bien au contraire, aime bouger. Ma recherche fut donc dictée par la volonté de concilier nos désirs respectifs.

Mon choix s’est donc porté sur Manhattan, dans le comté de Nye dans le Nevada. Comme mon épouse adore New-York, elle aura un peu l’impression d’y vivre mais cela nous coûtera beaucoup moins cher.

Manhattan est surtout une ville fantôme, bâtie du temps de la ruée vers l’or, où ne subsistent que 124 habitants. Située en altitude, à l’écart de la route 376, en direction de Tonopah, on ne risque pas de venir m’y emmerder. Ce fut une ville minière, complètement désertée lorsque les filons se sont taris.

Je vous mets un lien, comme cela vous verrez qu’il y a pas mal de choses à faire, notamment dans le secteur de la construction et de la réparation automobile.

Pour ma part, j’en reste à mon idée de station service. Je ne sais pas si je vais choisir, Opal, Chevron ou Texaco. Mais j’imagine bien mon mobil home rutilant par contre, avec le groupe électrogène destiné à alimenter l’air conditionné.
Manhattan : des entreprises florissantes !

Peut-être que je vais adjoindre un bâtiment en bois pour présenter des vivariums plein de geckos, de crotales et autres animaux pourris et vilains du même acabit. Il y aura bien sur un distributeur de coca et comme je suis entreprenant, je collerai trois tables et une douzaine de chaises en plastique sous des parasols défraîchis, pour accueillir les visiteurs.

J’aurais pris soin d’emmener un livre de chirurgie dentaire, et je me ferai un peu de gratte, en arrachant des dents pourries à la tenaille.

Près de là, mon pick-up délabré Ford F150, cuira au soleil avec mon chien efflanqué, le regard fourbe, allongé dessous, sorte de bâtard très méchant issu du croisement improbable entre un chacal et un coyote. Je l'appelerai Nicky !

Si je me démerde bien, je peux rajouter trois ou quatre piaules en bois et monter un motel. Le « Philippe’s Motel » sera l’unique établissement à trois cents bornes à la ronde. Le soir, assis sur mon rocking-chair déglingué, je humerai l’odeur de la forêt en entendant mon enseigne se balancer doucement en grinçant.

Si je suis encore plus pro, l’an prochain, je figure dans le Guide du routard parce qu’ils sont très friands du genre de personnage que j’incarnerai, à mi-chemin entre le baba-cool philosophe et le sauvage survivaliste revenu de tout.

J’aurais bien sur soit pris trente kilos, auquel cas mon visage s’ornera d’une barbe broussailleuse et pas très propre avec des reliefs de repas qui s’y accrocheront. Je m’habillerai d’un jean et d’une chemise à carreaux dans les tons brique avec des auréoles de sueur aux aisselles. Mais il se peut, que le soleil brûlant de l’été alternant avec les hivers très rudes, me fassent totalement fondre, auquel cas, je me présenterai sous les traits d’un grand type maigre à faire peur, torse nu et flottant dans une salopette informe et décolorée par les lessives, la tête coiffée d’un vieux stetson orné d’un bande en peau de crotale. Ma bouche édentée, tordue en tous sens, marmonnera des mots incompréhensibles, jetant parfois de longs jets de salive brune, parce que bien sur, je me serai mis à chiquer (Chiquer tue bien sur).

Je ne sais pas encore quel style adopter, je n’ai pas fait mon choix. Pour parachever, mon personnage d'original à la masse, je décorerai les murs de mon motel en collant des canettes vides de Budweiser. Peut-être, que comme mon épouse a beaucoup de goût, elle voudra se charger de la décoration elle-même. Sans doute, qu'elle voudra faire alterner, les boîtes de Budweiser, de Coors et de Michelob, pour créer une sorte de damier du plus bel effet. On créera le "Beer Art" !

Manhattan, "Main street" !

Et puis, un jour - ce jour-là, je le vois comme si j’y étais - j’arriverai près du panneau Manhattan, rongé par les intempéries et je l’arracherai de deux ou trois coups de marteaux experts. Puis je prendrai un nouveau panneau que j’aurais amoureusement peint en secret et je l’accrocherai. Manhattan deviendra « Foug of Nevada ».

Quand par hasard, des touristes français égarés ou curieux, viendront chez moi, le guide du routard à la main, se repaître d’un bon ragoût de raton laveur aux patates douces et aux morceaux de cactus confits, mitonné par mon épouse, ils me donneront des nouvelles du pays. Et alors, le cerveau cuit par la rudesse du climat et les conditions de vie difficiles, je les regarderai d’un œil rond et bovin, en me demandant silencieusement : « Qui c’est ce Nicolas Sarkozy qu'ils semblent craindre ? ».

Mon petit chez-moi niché dans un vallon, avec au premier plan ma voiture !

3 Comments:

Blogger Draco said...

J'aurais pour ma part choisi "brush park" à cause de l'architecture (ça doit être mon côté gothique), mais certains autochtones ont décidé de faire revivre ce quartier de Detroit...

http://www.detroityes.com/gild/01bp-gillis.htm

23/4/07 11:09 PM  
Blogger philippe psy said...

Très joli!

24/4/07 1:12 AM  
Blogger Unknown said...

He bin...ca donne envie

7/3/13 11:43 PM  

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