18 juin, 2007

Le Type A : emmerdeur patenté ! (suite)

Un lecteur, ayant lu mon article sur le Type A, m'envoie le commentaire suivant :

"Voilà un article qui tendrait à montrer que les organisations sont davantage adaptées pour les types A que les autres, les types B (ou autres ?) étant considérés comme insuffisamment "punchy" ou "soucieux de leur travail". J'interviens en ce moment dans une grande entreprise française où le stress, les effets de manche, les coups de gueules et le "super-urgent" sont érigés comme valeur de travail. Toute personne faisant correctement son travail, sans s'énerver, sans crier et sans mettre la pression sur les autres est suspectée de relâchement. Bien entendu, les Types A tiennent les postes de pouvoir, ce qui laisse peu de marges de manoeuvre aux autres pour se comporter selon leur nature.

Je pose donc le postulat suivant : les types A développent des comportements d'anxiété, donc d'autoritarisme, de rivalité. ils accèdent par là même à des postes de pouvoir grâce à un faible sens de scrupules. Au pouvoir, ils créent une organisation à leur image, c'est à dire une organisation dans laquelle les types "autres" n'ont que peu de chances d'évoluer vers le haut. Ainsi, le pouvoir reste dans les mains de personnes fonctionnant toutes de la même manière."

Effectivement, durant longtemps, le stress a pu être un moteur couramment utilisé par les entreprises, mais je ne pense pas qu'il le soit encore, notamment dans les grands groupes. Certes, il ne s'agit pas de transformer une entreprise en une sorte de club, où tout un chacun serait tranquille et libre de faire ce qu'il veut. Le stress, à une dose normale, n'a rien de préjudiciable. En tant que tel, il n'est ni bon, ni mauvais. Le stress signale simplement que l'organisme doit s'adapter à un changement dans l'environnement.

Le cycle du stress suit trois stades. Le premier, la phase d'alerte, signale que l'on doit faire des efforts pour s'adapter. Le second, appelé phase de résistance, est le stade durant lequel nosu faisons des efforts, soit pour nous adapter à notre nouvel environnement, soit pour transformer notre environnement de manière à le faire coïncider à nos attentes. Enfin, le troisième stade, est celui de la rupture : incapable de réaliser l'ajustement entre lui et son nouvel environnement, l'individu craque.

On voit que le stress, tant qu'il reste dans des limites acceptables est un formidable moteur, qui pousse les gens à aller plus loin, que cela soit dans son travail ou ailleurs. N'importe quel challenge, que l'on se fixe, est un bon stress. Le problème est simplement, de ne pas dépasser certaines limites.

A ce titre, Type A ou Type B, peuvent endurer le stress mais ne le gèreront pas de la même manière. On aurait tort d'imaginer que le Type A est surstressé tandis que le Type B serait une sorte de Gaston Lagaffe. Non, le stress étant induit par une modification des variables environnementales, il existe quelque soit le type auquel on appartienne, A ou B. C'est la manière de le gérer qui sera différente. Dès lors, que cela soit lié à l'innovation rendue nécessaire par la concurrence, aux prises de marché, le stress est une donnée inhérente au monde de l'entreprise. Il faut simplement, à l'instar d'un bateau pris dans une tempête, trouver un bon capitaine, qui ne perde pas la moitié de son équipage !


Enfin, je m'inscris en faux lorsque vous dites que les Type A accèdent à de hautes responsabilités "à cause d'un faible sens des scrupules". Comme je le précise, le Type A, est certes un emmerdeur, incapable de gérer son stress et le faisant retomber sur son équipe, mais il n'est pas méchant ni calculateur à ce point.

Il n'a rien à voir avec la personnalité narcissique, qui elle, est totalement dénuée d'empathie. Au contraire, le Type A, soumis à une très forte pression, décuplée par son envie de bien faire pour masquer ses manques, est l'antithèse du narcissique. C'est une grande gueule qui n'hésitera pas à s'excuser. Le Type A est une personne dépendante par nature. Incapable de gérer ses doutes, de comprendre qu'à l'impossible, nul n'est tenu, il ne s'aime pas et cherche à s'aimer en se fixant des buts inatteignables.

D'ailleurs, vous noterez que généralement le Type A est souvent un gros fumeur, un gros buveur, et un gros séducteur ; en bref, une personne dépendante ! Son problème, ce n'est pas d'être méchant avec les autres, c'est de leur transmettre sa propre anxiété !

Dès lors, très performants, ces éléments ont tout intérêt à rester dans les entreprises, pourvu qu'on sache aussi bien les manager, en leur offrant par exemple le moyen de se décharger de leur stress à certains moments.

Aujourd'hui, à moins d'être dans une PME gérée par un blaireau de base, aucune entreprise quelle qu'elle soit n'utilisera le stress comme moteur. Le stress induit tant de troubles et de dysfonctionnements chez les salariés, qu'il représente à moyen-long terme, le meilleur moyen de gâcher des points de productivité. Même un pays comme le japon, devant l'ampleur prise par le Karoshi, le suicide des cadres surmenés, tend à faire machine arrière !

Générer l'émulation, c'est savoir manager ses collaborateurs en leur fixant des objectifs atteignables mais suffisamment difficiles pour qu'ils consentent un minimum d'efforts, mais surtout pas les contraindre à l'impossible.

De nombreuses théories en management ou psychosociologie des organisations ont longuement étudié ce sujet. Seuls les petits patrons, sortis du rang, et croyant tout savoir, peuvent imaginer que la carotte et le bâton, mal utilisés, sont le secret du management.