17 juin, 2007

Le Type A : emmerdeur patenté !

Le Type A est une personnalité qui a d’abord été décrite en tant qu’ensemble de facteurs de risques pouvant induire un risque coronarien. Cette étude fut menée par deux cardiologues américains Friedman et Rosenham durant les années 50. Après une étude ayant duré neuf ans et portant sur plus de 3000 hommes, âgés de 35 à 59 ans, ces cardiologues ont estimé qu’il existait un ensemble de comportements doublant le risque d’infarctus. Il s’agissait de comprendre comment l’état mental d’une personne pourrait affecter sa santé physique.

La personnalité de Type A, aussi appelée « modèle comportemental de Type A », est un syndrome, c’est à dire un ensemble de caractéristiques, qui incluent, le fait d’être impatient, trop soucieux du temps qui passe, peu sur de son statut, ultra compétiteur, hostile et agressif et enfin incapable de se détendre. Elle est très rarement décrite en psychologie, et pour ma part, je ne l’ai vue mentionnée que dans l’ouvrage de Lelord et André « Comment gérer les personnalité difficiles ».

Les individus Type A sont souvent des workaholics, des drogués du travail, faisant trop de choses à la fois, gérant leur vie en fonction de deadlines, de délais souvent trop courts, perpétuellement dans l'urgence. En dépit de ces caractéristiques, les individus de Type A ne sont pas des personnalités pathologiques au sens psychopathologique, comme le sont par exemple des narcissiques, mais sont bien sur capables d’être totalement normaux dans les autres secteurs de la vie et notamment capables d’aimer sincèrement les gens. Ce sont des personnalités que l’on qualifiera de « difficiles ». Les trois traits principaux que l’on retrouve sont :
  • Une insécurité intrinsèque ou un niveau d’estime de soi insuffisant, que l’on considère comme étant la racine du syndrome. C’est ce que les Type A cherchent à occulter ;

  • Une grande impatience et un sens aigu de l’urgence, ce qui et les rend irritables et facilement exaspérés ;

  • Une hostilité flottante et latente, qui peut être déclenchée au moindre incident.

En revanche et par contraste, la personnalité de Type B, sera quelqu’un de patient, relaxé, et sachant se laisser aller. On a aussi pu décrire, une personnalité mixte de Type AB, que l’on ne peut décrire aussi précisément mais qui combinerait des caractéristiques des deux types.

La théorie du Type A, a vivement été critiquée par les spécialistes de la psychométrie, arguant du fait que le syndrome avait été fort mal étudié, amenant à concevoir une personnalité bancale et incohérente. De la même manière, d’autres cardiologues ont avancé que la plupart des traits de caractère ayant servi à échafauder cette personnalité n’auraient aucun lien direct avec le risque d’infarctus. Ils admettent que seule une attitude générale hostile, génératrice de colère, serait un bon facteur de prédiction de l’infarctus. De ce fait la théorie du Type A est aujourd’hui obsolète.

Dans les faits, même si la personnalités de Type A, est peu utilisée en psychologie, tout un chacun, a connu de ces patrons irascibles, doté d’un sens aigu de la compétition, faisant un maximum de choses mal définies en un minimum de temps et capables de provoquer un conflit nucléaire pour un rien. Mon ami Sean, dont j'ai déjà parlé ici, est un exemple presque parfait.

Ce sont souvent, des gens par ailleurs agréables, mais soumis à un stress important, du fait que chaque moment de leur existence professionnelle, est devenue une occasion de se rassurer. Le plus souvent, alors qu’on les croirait très surs d’eux-mêmes, ces Type A sont en effet, des gens inquiets et persuadés d’être de imposteurs. Dès lors, tout échec, tout retard, ou autre, est pour eux, la menace d’être confrontés à leurs craintes d’être imparfaits.

Ils n’ont rien de commun avec les narcissiques, dans la mesure, ou l’empathie n’est pas absente de leur comportement. La plupart du temps, ils explosent puis, une fois calmés, n’hésiteront pas à s’excuser, conscients d'avoir dépassés les limites de la bienséances. Vous serez traité de "roi des cons", avant d'être invité à déjeuner.

Pour reprendre l’article précédent, traitant des « sales cons », on peut dire que les Type A, sont des « sales cons » par intermittence, et qu’ils en ont clairement conscience. Incapables de se relaxer, le Type A assume ses manques.

Je n’imagine pas que les Types A puissent être à l’origine de suicide dans un cadre professionnel à moins d’être confrontés à des salariés particulièrement vulnérables. Ils générèrent cependant un coût social important car en étant stressés, ils stressent leur entourage, amenant en définitive des rendements moins élevés mais aussi des arrêts de travail. Pénibles, usant à la longue même les plus aguerris, les Type A amènent certains salariés à quitter une entreprise dès qu’ils le peuvent. Le Type A est la terreur de l'assistante de direction, qui sera forcée de le fréquenter.

Confronté à un Type A, n’ayez pas peur. Respectez par contre toujours les délais. Et lorsqu’il explose, ne stressez pas, restez à l’abri et attendez que cela se passe : l’orage finit toujours par passer. L’expérience prouve qu’un Type A aboie plus qu’il ne mord, et se fait généralement plus de mal à lui-même qu’il n’en provoque à autrui.

Généralement, le Type A, énergique et ambitieux, mais aussi toujours soucieux de se prouver des choses, connait de belles réussites. Il est donc logique qu'on les retrouve à des niveaux élevés, tant en politique, que dans l'entreprise ou le sport.

Il m'est arrivé bien souvent, qu'ayant en face de moi, un patient stressé par son patron, me dise que ce dernier était dingue. Non, c'est simplement un Type A.

Evitez de le croiser quand il charge !

3 Comments:

Anonymous Anonyme said...

voilà un article qui tendrait à montrer que les organisations sont davantage adaptées pour les types A que les autres, les types B (ou autres ?) étant considérés comme insuffisamment "punchy" ou "soucieux de leur travail". j'interviens en ce moment dans une grande entreprise française où le stress, les effets de manche, les coups de gueules et le "super-urgent" sont érigés comme valeur de travail. Toute personne faisant correctement son travail, sans s'énerver, sans crier et sans mettre la pression sur les autres est suspectée de relâchement. Bien entendu, les Types A tiennent les postes de pouvoir, ce qui laisse peu de marges de manoeuvres aux autres pour se comporter selon leur nature.
je pose donc le postulat suivant : les types A dévéloppent des comportements d'anxiété, donc d'autoritarisme, de rivalité. ils accèdent par là même à des postes de pouvoir grâce à un faible sens de scrupules. Au pouvoir, ils créent une organisation à leur image, c'est à dire une organisation dans laquelle les types "autres" n'ont que peu de chances d'évoluer vers le haut. Ainsi, le pouvoir reste dans les mains de personnes fonctionnant toutes de la même manière.

Jean-Philippe

17/6/07 3:54 PM  
Blogger philippe psy said...

Non, pas vraiment, enfin je vais refaire un article !

18/6/07 2:14 PM  
Blogger emmanuel vr said...

Je partage totalement l analyse du premier anonyme, pour l avoir vécu quasi systématiquement dans ma carrière depuis près de 20 ans :-((

21/7/11 6:53 PM  

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