09 juillet, 2007

La dent dure ! Stress post-traumatique !


Certains auront pu imaginer que j’ai eu la dent dure dans mon article d’hier soir. C’est effectivement très mal de se moquer de ses petits camarades, même quand ces derniers tendent le fouet pour se faire battre. Ce n’est ni charitable, ni bienveillant et c’est iandmissible dans ma profession.

Hélas je suis humain et j’ai donc des défauts mais aussi certaines zones d’ombre en moi, que le gigantesque travail personnel que j'ai pourtant accompli sur moi, n’a pas réussi à faire disparaître. Que je vous l'avoue directement, lorsque j'étais jeune et naïf, j'ai été traumatisé par Stéphane N. Quel est le lient entre Stéphane N., qui aurait du rester à jamais enfermés dans les limbes de ma mémoire, et la BlogaKdemY, me direz-vous ? Rassurez-vous, j'y viens !

Hier soir, alors que je visualisais les candidats se présentant à la BlogaKademY de Loïc Le Meur, j’ai été pris de sueurs froides. Ces types là, propres sur eux, conciliants, aimables, prêts à tout pour avoir une miette de renommée, de pouvoir, ou un peu plus d’argent, ou pour grappiller quoique que ce soit, je les reconnaissais, j’en avais déjà fréquenté dans le passé ! Ces types là me disaient quelque chose et réveillaient en moi, le souvenir d’un traumatisme enfoui et que j’avais cru oublié à jamais : l'infâme Stéphane N.

C’était à la fin des années quatre-vingt dans une école de commerce dont je suivais le cursus. Je venais de la fac de droit où nous étions libres et passablement livrés à nous-mêmes ce qui n’était pas déplaisant, malgré l’absence de moyens de l’université française.

J’étais donc plongé dans un tout autre univers, plus convivial, où nous étions plus tenu, où les professeurs s’intéressaient à nous. Tout était axé sur la vie active et le business, et beaucoup d’activités étaient là pour nous le rappeler. Les gens étaient très différents de ceux que j’avais fréquentés à la faculté, sans doute plus concernés par leur environnement.

Nous avions à l’époque un cours qui s’appelait Politique des affaires, animé par un type avec un physique tel, qu’on l’aurait mieux vu au volant d’un bahut sillonnant les routes d’Europe qu'enseignant dans une sup de co. Ce n ‘était pas le mauvais bougre mais je me suis toujours demandé comment il pouvait prendre son cours au sérieux.

Son cours n’était composé que d’études de cas fumeuses et pénibles, au cours desquelles on avait l’ordre d’imaginer qu’on était en charge de tel ou tel département d’une entreprise quelconque, chargé de résoudre un problème. Parfois, c’était financier, d’autres fois encore, marketing, et ainsi de suite.

Il y avait une quarantaine de pages à se farcir, dans lesquelles, on nous présentait le cas de l’entreprise Truc qui fabriquait des Machins et était confrontée à un problème réel. Il y avait du texte, des graphiques, des comptes, et pour parfaire le tout, on était plongé dans un environnement concurrentiel puisque d’autres entreprises fabriquant, elles aussi, des Machins venaient bien sur contrecarrer nos plans !

On devait se réunir par groupe, parce que toute école de commerce soutient toujours le travail d’équipe, et pondre une synthèse en x pages que nous devions ensuite exposer en amphi. La totalité de notre prestation, dossier et exposé, était ensuite noté par ce prof à tête de chauffeur routier.

Les études de psycho que j’ai suivies par la suite m’ont prouvé que j’avais raison. Je déteste le travail de groupe, sauf si je suis chef, parce que je trouve cela improductif. Il y a bien longtemps qu’en psychologie sociale, on a pu démontrer que le travail de groupe entraînait deux phénomènes : l’inhibition des timides et la paresse sociale induite par les feignasses qui se reposent sur les autres.

Ayant déjà une prescience de l’inefficacité de ce travail absurde, j’avais à l’époque décidé de me fondre dans un groupe, composé de types comme moi, c’est à dire, efficaces, rapides, intelligents et terriblement glandeurs.

Persuadés que ces études de cas étaient débiles et tout juste bonnes à amuser les demeurés un peu laborieux, nous n’en avions rien à foutre. Bien au contraire, selon les cas que l’on nous refilait, et que notre prof à tête de chauffeur routier ne manquait pas de nous présenter pesamment, soit nous rigolions, soit nous avions du mal à ne pas nous endormir.

Transcendé par cette idée majeure que ces études de cas étaient sans aucun intérêt, nous nous hâtions de répartir le boulot de manière scientifique, afin de torcher le tout en peu de tmeps, pour enfin aller glander au café.

Nous étions un groupe de quatre assez homogène. Nous avions décidé que nous lirions tous l’étude de cas stupides et que nous ferions la synthèse manuscrite en deux heures maximum. De toute manière, c’était toujours simpliste et facile à résoudre. S’agissant d’un monde virtuel un peu bébête, il était aisé de diagnostiquer et de traiter le cas de l’entreprise Truc.

Ensuite, l’un de nous se dévouait pour taper le manuscrit, le mettre ne page puis présenter l’exposé en amphi devant nos petits camarades. Cela permettait ainsi aux trois autres de glander gentiment au café. Bien sur, il s’agissait d’une tournante, chacun de nous quatre se dévouant pour cette corvée.

Tout se passait fort bien, et nous avions toujours d’excellentes notes. Ces idiots nous notaient, puisque nous étions quatre, sur quatre-vingt afin de renforcer psychologiquement l’idée de travail de groupe. Qu’à cela ne tienne. Nous divisions alors la note par quatre puis attribuions les points résiduels à celui de nous quatre qui s‘était farci le travail tout seul parce qu’il le méritait bien. En effet, ce n’est pas facile de travailler tandis que les potes sont au rade.

Hélas, notre professeur, ayant senti notre trop bonne entente, ne l’entendit pas ainsi. A l’instar de tout abruti ayant un maigre pouvoir, il décidé vers la fin de l’année de nous séparer et de recomposer des groupes qu’il estimait plus homogènes. C’est ainsi que chacun de nous quatre dut intégrer un groupe composé de pauvres types pénibles et un peu sots, prenant très au sérieux ces études de cas débiles.

Je n’échappais donc pas à cette relégation et je fus moi aussi forcé de collaborer avec trois clampins stupides. Madré comme un vieux maquignon, je leurs exposais ma combine, la modifiant un tout petit peu pou l'adapter à ce nouvel environnement, en leur expliquant qu’ainsi on pourrait cumuler l’avantage de la bonne note et de la glande. Mais ces abrutis trop sérieux, incapables de différencier l’essentiel de l’accessoire, ne l’entendirent pas ainsi. Je les envoyais prestement balader.

Bien mal m’en pris puisqu’une fois la note de groupe obtenue, je me retrouvais avec un total de points largement inférieur à la moyenne. Ces toquards mesurant le talent à l’aune de leur grossier labeur, répartirent cette note en fonction de la masse de travail accomplie. Certes là, j’étais le grand perdant.

Sur les trois nuls qui m’entouraient et avec qui je devais composer, j’avais pourtant réussi à en embobiner deux, mais le troisième était d’une extrême rigidité. Il ne se laissa ni émouvoir, ni persuader. Pour lui j’étais non seulement un glandeur mais en plus j’avais un mauvais esprit. Je suppose que dans sa tête de jeune crétin, déjà prêt à se faire escroquer par le grand Capital, j’étais un type rétif, un mauvais soldat. A l'instar de notre président, il croyait dans la "valeur travail", sans comprendre qu'un travail accompli sans plaisir, n'est qu'une peine, celle infligée quand Adam fut chassé du Paradis. Travailler sans jouer en même temps, à moins d'être un des pilgrim fathers ultra-protestants venus sur le Mayflower aux États-Unis, c'est être chassé du Paradis et rien d'autre. Nulle grandeur dans l'esclavage !

Je me souviens encore de lui. Il s’appelait Stéphane N. Dommage que je ne puisse citer son nom car il était grotesque, tout autant que son propriétaire. Laborieux, ayant réussi en intégrant cette école le rêve de sa vie, nageant dans un fantasme perpétuel à la Tapie, ne se rendant même pas compte que ni son physique difficile, ni son intelligence très médiocre lui barreraient toujours la route du succès, Stéphane N. avait tout misé sur cette école. Naviguant en plein fantasme, il avait oublié ses doutes de toquard pour se forger un moi idéal de grand businessman qu’il prenait très au sérieux.

L’histoire finit tout de même bien pour deux raisons. D’une part parce que j’avais amassé suffisamment de points dans les études de cas précédents, réalisée avec mon club de branleurs, pour avoir une moyenne plus qu’honorable, ce qui fit, que j’obtins l’unité de valeur « Politique des affaires ».

Enfin, cette école, comme la plupart des écoles supérieures de commerce, proposait tout un tas d’activités associatives. Ayant toujours été assez bon camarade et bon animateur, j’étais donc président d’une association assez importante. La plupart des autres présidents d’association avaient plutôt mon profil comportemental. C’est ainsi que nous nous connaissions très bien.

La politique de l’école étant de nous inciter à prendre des responsabilités, la vie associative était encouragée et soutenue. Notre participation à la « vie associative » était même sanctionnée par une note remise par les présidents d’association. C’est ainsi que j’allais voir quelle association fréquentait mon camarde Stéphane N. Dieu était sans doute de mon côté puisque ce bon Stéphane N. était un élément assidu d’un des clubs de bourse, et fort heureusement celui présidé par l’un de ceux avec lesquels nous avions formé notre groupe de glandeurs.

J’allais donc voir ce copain et lui expliquais ma mésaventure. Evidemment, il me soutint et rendit un rapport déplorable sur Stéphane N. qu’il accusa d’un manque scandaleux de collaboration au sein de son club de bourse, ce qui fait qu’il ne pouvait lui attribuer l’unité de valeur « Vie associative ». Le pauvre Stéphane N. n’ayant rien compris en eut beaucoup de peine. Cette note d’activité associative était bien sur optionnelle et guère de nature à lui interdire l’obtention du diplôme.

Mais ce crétin, toujours la tête dans le guidon, fut extrêmement choqué qu’on puisse ainsi lui nuire et dire de lui qu’il n’était pas sérieux. Je pense que ce fut la première fois depuis le cours préparatoire qu’il n’avait pas la mention « élève méritant et appliqué ». Il fit des pieds et des mains, demandant même un rendez-vous au directeur. Le président de l’association étant seul souverain, rien n‘y fit. N’importe qui à sa place s’en serait moqué mais Stéphane N. fut extrêmement abattu par ce coup du sort.

Dans tous les cas, même si son diplôme était acquis, son cas fut tout de même discuté en réunion par les professeurs. Mon ami président le club de bourse maintint sa version tandis que le pauvre Stéphane N. bredouillait et s’énervait. Il obtint bien sur son diplôme mais je pense qu’émotionnellement ce fut très très dur pour lui à qui on avait appris qu’il suffisait d’être sérieux dans la vie pour que tout roule. Hélas non mon cher Stéphane N., il faut en plus être malin et pas trop rigide et se souvenir de l’importance du réseau relationnel. Pauvre Stéphane N. qui donnait trop d’importance à tout, ne se souvenant pas que nous finirons tous par mourir.

J’ai conscience d’avoir été extrêmement méchant avec ce pauvre garçon mais j’imagine que ma leçon a pu porter. Peut-être a-t-il appris grâce à cela que la vie était injuste ? Alors pourquoi vous raconter tout cela ? Pourquoi vous livrer ce soir mon intimité, oser me dévoiler ?

Simplement pour vous dire qu’hier alors que je m’amusais à regarder les vidéos de la BlogaKademY, j’ai eu l’impression de contempler l’œuvre d’une multitude de Stéphane N.

La même veulerie, la même concupiscence pour l‘argent et le pouvoir, alors qu’ils n’auront que des miettes parce qu’ils ne sont pas suffisamment malins pour entreprendre ou diriger, mais resteront à vie des seconds couteaux. Le même gros labeur de tâcheron, la même absence de talent réel, d’imagination, de créativité, de simplicité et d’humanité, qui me fera toujours préférer un humble à ces cadres moyens lécheurs de cul, le tout étant remplacé par un bon gros contentement de crétin gonflé d'importance et de sérieux !

Une sorte de fausse gentillesse qui n’est qu’une minable stratégie de faible destinée à amadouer le puissant qu’ils envient. J’ai ressenti qu’ils avaient une triste vie, faite de petits succès mais surtout d’énormes frustrations pour qu’une proposition aussi prosaïque que co-bloguer avec Loïc Le Meur, devienne un défi à relever, l’enjeu majeur du moment !

Je peux comprendre qu'on ait envie de collaborer à l'entreprise de Loïc Le Meur, mais j'ai du mal à admettre que l'on puisse en faire autant pour y parvenir. Quant aux exigences de Loïc, elles me semblent aussi étranges. Prend-t-il plaisir à voir ces pauvres types, faire leur vidéo amateur, et se traîner à ses pieds ? Est-ce la revanche d'un Stéphane N. qui aurait enfin réussi ? Je n'en sais rien et ne me risquerai pas à le prétendre. Si elle part sans doute d'une bonne intention, je trouve que l'entreprise BlogaKademY, tourne un peu à l'aigre, à la démonstration de puissance un peu malsaine, au jeu SM. Mais, moi ce que j'en dis...

De toute manière, ces profils d’analysants me mettent toujours un peu mal à l’aise. Sans doute parce qu’il leur manque de l’imagination, suffisamment de recul, pour comprendre que la vie est aussi un jeu auquel parfois il ne faut pas attacher trop d’importance. Ils ne saisiront jamais que les individus ne sont pas des petits soldats ultra rationnels que l’on peut inscrire dans un projet démiurgique de pauvre malade obsessionnel compulsif mais, que pour fonctionner, à l’instar d’un simple assemblage mécanique, le monde a aussi besoin d’un peu de « jeu » pour ne pas exploser en cas de trop forte contrainte.

Décidemment, face à ces individus de droite (tous sont UMP), je serai toujours taxé de gauchisme, tandis qu’avec des gauchistes, j’aurai toujours l’impression de passer pour un facho !

A l’instar d’un moteur à explosion, je trouve qu’avec les gens de gauche, à force de tolérer trop de jeu dans le montage des pièces, on perd tant de puissance que l’on s’appauvrit, tandis qu’avec ce genre de types de droite, à force de tout monter sans jeu en serrant les boulons à fond, tout fonctionne mais ça pète au moindre problème.

Finalement socialistes de gauche ou de droite, même combat, ils sauront toujours ce qui est bon pour vous. Entre la glandouille impénitente subventionnée vantée par le PS et la valeur travail recommandée par l’UMP, il doit bien se trouver une voix médiane dans laquelle on ne sacrifie pas la qualité de la vie au détriment du réel ?

Au-delà de toute analyse politique pour laquelle, je ne suis pas qualifié, vous aurez tout de même appris qu’un stress post traumatique est quelque chose de réel qui peut se réveiller dans des occasions insoupçonnables. J’avais cru avoir oublié Stéphane N., mais il a suffit de la BlogaKademY, pour qu’il surgisse de mon subconscient. Même si je l'avoue piteusement, il s'agit d'un tout petit, vraiment minuscule stress post-traumatique !

Sans doute que trop jeune et pas assez stoïque encore, je n’avais, à cette époque, pas compris qu’il y aussi des Stéphane N. de par le monde, satisfaits de leur médiocrité et de leur méchanceté naturelle et totalement épanouis dans leur monde limité. De Stéphane N. à Patrice V. le chemin m'a semblé si court et tellement évident que j'ai pris beaucoup de plaisir à rédiger l'article d'hier soir.


Stress post-traumatique :

Le trouble de stress post-traumatique désigne un type de trouble anxieux sévère qui se manifeste à la suite d'une expérience vécue comme traumatisante. En psychopathologie , ce trouble est aussi appelé névrose traumatique .

Le trouble de stress post traumatique (aussi désigné syndrome de stress post-traumatique, SSPT, ou état de stress post-traumatique) est une réaction psychologique consécutive à une situation durant laquelle l'intégrité physique et/ou psychologique du patient et/ou de son entourage a été menacée et/ou effectivement atteinte (accident grave, mort violente, viol, agression, maladie grave, guerre, attentat, rencontre avec Stéphane N., etc.).

La réaction immédiate à l'événement doit s'être traduite par une peur intense, par un sentiment d'impuissance ou par un sentiment d'horreur. Le SSPT survient parfois à la suite de la réaction aiguë de stress à la situation anxiogène mais il peut aussi apparaître beaucoup plus tard (après plusieurs semaines, ou plusieurs mois ou carrément plusieurs années comme vous venez de le constater avec moi).

Si un terrain psychologique ou psychiatrique fragile (dépression, anxiété, ...) peut augmenter le risque de développer un SSPT, une expérience traumatisante peut, à elle seule, faire apparaître un SSPT chez des personnes ne présentant aucun antécédent. En particulier, les enfants et les personnes âgées seraient plus vulnérables.

Plus de renseignements ici, avec une fort jolie vidéo d'un orque attaquant des baigneurs, dont certains seront atteints d'un Stress Post Traumatique, sans aucun doute !

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Bel article, beaucoup de sensibilité ! un profond remord peut il être associé à un SSPT ?

9/7/07 10:24 AM  

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