Troubles bipolaires - Approche diagnostique !
Depuis dix ans que j’exerce, j’ai souvent été confronté aux difficultés de diagnostic, même si comme je le rappelle, le diagnostic est strictement réservé aux médecins. D’ailleurs un article du Code de la santé publique, dont je ne me souviens plus et que je n’ai pas pris la peine de rechercher, le stipule expressément.
Mais, comme nous ne sommes pas des bœufs inféodés aux médecins, il est évident que confrontés à l’individu qui est assis en face de nous, nous nous risquons à évaluer ses troubles de manière à lui faire bénéficier d’un traitement adapté.
Parfois d’ailleurs, il s’agira d’une erreur d’aiguillage, et le cas que nous aurons à traiter relèvera de la médecine, sachant que de nombreuses pathologies purement organiques peuvent avoir des symptômes psychologiques. Dans ce cas, nous renverrons le patient chez son médecin afin que ce dernier fasse un diagnostic différentiel en prescrivant le cas échéant des examens. Il ne s’agit jamais de jouer au médecin, mais de connaître suffisamment bien la psychopathologie de manière à voir rapidement si les symptômes présentent une quelconque anormalité par rapport aux tableaux cliniques étudiés.
C’est ainsi que je n’ai jamais considéré que la psychologie soit une panacée et je me suis toujours élevé contre le « tout psychologique » qui prévaut dans certains milieux anti-scientifique. Faire de la psychologie en oubliant l’aspect organique, revient à nier la réalité du cerveau ou du système endocrinien par exemple, et peut de ce fait entraîner bien des erreurs.
Je n’ai donc aucun problème à collaborer avec des médecins, même si je suis opposé à ce que notre profession devienne une profession paramédicale. Rien ne ressemble moins à la kinésithérapie que la psychologie : chez nous, même s’il faut cesser de nier à la réalité physiologique, il fut aussi se souvenir qu’on parle d’âme. J‘avais d’ailleurs souligné ce point important de la prise en charge psychologique et mis en exergue la notion de qualité de vie dans un article récent intitulé « Richou le déjanté – approche psychologique d’un trouble bipolaire ».
Je suis par contre stupéfait de l’engouement de certains médecins, qui sont pourtant dotés d’une formation scientifique beaucoup plus importante que la notre (c'est une litote), pour la psychologie et notamment la psychologie un peu cucul tendance new-age. A force d'être dans l'écoute, on sélectionne le superflu et l'on rate l'essentiel. Sans paraphraser le Dr House, en affirmant que les patients mentent, je peux tout de même dire, qu'être à l'écoute, ce n'est pas forcément se focaliser sur leurs mots en les prenant pour paroles d'évangile. Il y a une manière d'écouter qui doit s'accompagner d'un grand sens de l'observation. Le patient communique de plusieurs manières et pas seulement avec ses mots.
C’est ainsi que depuis des années, je suis régulièrement confronté à des individus souffrant de troubles bipolaires, n’ayant jamais été diagnostiqués, mais qu’on laisse souffrir en leur prescrivant tous les antidépresseurs présents sur le marché. Pour de nombreux médecins, il semblerait que dès lors qu’on ait les deux symptômes clés – humeur triste et perte de l’élan vital – on doive forcément diagnostiquer une dépression classique.
Voici environ neuf ans, je reçois ainsi un homme âgé d’un peu plus de trente-cinq ans extrêmement dépressif. Le médecin a diagnostiqué une dépression et je le traiterai pour cela. Je pense que notre collaboration a été efficace. Pourtant, il rechute régulièrement et la seule chose que son médecin pourra me dire, c’est qu’il a sans doute des tendances hystériques qui l’amènent à se complaire dans ce rôle. Je ne suis pas satisfait de ce genre d'explications car si j'ai constaté des tendances histrionniques chez ce patient, tendances n'ayant rien de pathologiques, il n'est pas pour autant hystérique.
Pour ma part, je me méfie toujours du diagnostic d’hystérie qui est une grande poubelle dans laquelle on jette facilement tous les cas que l’on ne parvient pas à diagnostiquer. Un peu comme si, faute de pouvoir traiter certains patients, on préférait se dire qu’ils font exprès d’avoir leurs symptômes. Cela évite au médecin ou au psy de remettre en cause ses compétences. Alors, même si l’hystérie est une réalité, elle est plus précise que ce qu’en disent bien des professionnels.
Par le plus grand des hasards, et je remercie ce hasard, je me retrouve au cours d’une soirée avec ce patient. Je l’observe et suis totalement frappé par sa manière de se conduire. Moi qui le connais bien, j’ai sous les yeux un autre personnage, hâbleur, vulgaire, entreprenant, osant tout. Tel qu’il est, il correspond totalement, voire trait pour trait, à un texte du psychiatre Quentin Debray décrivant le comportement d’un individu souffrant d’un trouble bipolaire dans un manuel de psychopathologie
Il est certain que si je n’avais pas pu observer cet individu dans son milieu, je serais peut-être passé à côté du diagnostic. Ce qui marque bien la limite de la prise en charge psychologique, dans la mesure où dans nos cabinets, nous n'avons ne connaissons qu'une facette très sociale du patient. Quoiqu’il en soit, je fixe un nouveau rendez-vous à ce monsieur, lui montre des textes et il est totalement d’accord avec le diagnostic qui explique tout ce que l’on ne comprenait pas.
Son médecin, un homme jeune suffisamment ouvert d’esprit, tente de le mettre sous thymorégulateur et le succès est au rendez-vous. Cet exemple sera gravé à jamais dans ma mémoire et m’amènera à connaître parfaitement les troubles bipolaires trop souvent ignorés. J’aurai l’occasion d’en diagnostiquer plusieurs par la suite, dont de nombreuses personnes qui souffrent de dépressions depuis parfois plus de vingt ans.
Je me souviens par exemple d’une jeune femme d’un peu plus de trente ans, souffrant de dépression depuis son adolescence. Comme elle a connu la toxicomanie, ce sera l’arbre qui cache la forêt et les médecins ou psys, qu’elle rencontrera se focaliseront toujours sur ce sujet en ignorant le reste et surtout en oubliant que « se camer, c’est souvent la manière la plus rapide pour un dépressif de s’automédiquer », et non une perversion ou une carence morale !
Lorsque je la reçois, le moins que je puisse dire est qu’elle est étrange. Au bout de trois séances, elle me tutoie et me fait la bise, pourquoi pas, je suis ouvert d’esprit. Tout en elle, et notamment son exubérance et ses excès délirants, désigne ce que l’on pourrait appeler un trouble du comportement de type « personnalité limite » ou « border line ». Pourtant, elle ne correspond qu’imparfaitement au tableau clinique de ce type de trouble et je pense qu’elle est tellement désabusée quant à la capacité d’un psy à pouvoir l’aider, qu’elle joue avec moi afin de me montrer qu’elle est là pour faire plaisir à son médecin plus que pour bénéficier d’une aide efficace.
En creusant un peu, pour la faire parler, nous arrivons à parfaitement communiquer et elle me relate dans le détail son parcours et les épisodes marquants de ses pétages de plomb. Il s’agit encore d’un trouble bipolaire jamais diagnostiqué. si tout le monde avait pensé à lui prescrire du Subutex ou de la Méthadone, curieusement aucun des médecins ne s'était interrogé sur les raisons la poussant à se camer. Mise sous traitement anticomitial par un psychiatre auquel je l’ai adressée, elle a repris aujourd’hui une vie presque normale. Nous nous revoyons parfois, trois ou quatre fois par an, à l’occasion lorsqu’elle présente quelques petites difficultés d’adaptation.
Récemment, je reçois une femme approchant la quarantaine. Sa vie n’est qu’une succession d’épisodes dépressifs. Les différents médecins qu’elle a vus ont tout tenté, et elle aura connu tous les antidépresseurs du marché, IMAO, tricyclique ou ISRS, sans que le succès ne dépasse un bref soulagement. Ce type de traitements désordonnés a même pu entraîner une aggravation de son cas, ce que plusieurs études récentes semblent confirmer.
Quand je la reçois, elle souffre terriblement même si ses capacités sociales semblent en partie sauvegardées parce qu’elle se force à travailler et est même parvenu à autoréguler son état dépressif en vivant comme une machine. Par contre dès que le vendredi soir arrive, elle s’enferme chez elle et n’en sort pas avant le lundi matin. Perpétuellement dépressive, elle m’a dit que j’étais sa dernière chance.
Après plusieurs séances, parce que son cas n’est pas simple et présente vraiment des symptômes étonnants, je suis persuadé d’être face à un cas de trouble bipolaire unipolaire. C’est à dire qu’au lieu d’alterner des phases maniaques puis dépressives, ma patiente n’a que des phases dépressives. C’est sans doute pour cela qu’elle est depuis si longtemps traitée pour dépression majeure.
Je l’ai adressée à un psychiatre en qui j’ai toute confiance qui n‘a pas confirmé mon diagnostic mais s’est contenté de lui redonner pour la énième fois des antidépresseurs, qu’elle se refuse à prendre parce qu’elle juge cela inutile. Je reste persuadé qu'il s'est trompé. De toute manière, en ne l'ayant reçu qu'une fois, il n'a pas les moyens nécessaires pour diagnostiquer ce genre de troubles. J’attends donc septembre, pour l’adresser à un autre psychiatre hospitalier, ponte de la spécialité, qui cette fois, j’en suis sur, saura se montrer plus original dans sa démarche. Car je reste persuadé que cette femme souffre d’un trouble bipolaire.
Je pourrais citer des dizaines de cas semblables. Ces troubles souvent sous-évalués et mal diagnostiqués sont à l’origine d’une souffrance inacceptable chez des individus pourtant régulièrement suivis par des médecins et des psychologues. Tandis que j’entends souvent des crétins faire de l’anti-psychiatrie pour vanter l’humain, centre de leurs préoccupations, je préférais écouter un discours plus mesuré, admettant une bonne fois pour toute que le cerveau est un organe qui connaît parfois des défaillances et que ces dernières sont du ressort de la médecine.
On rappelle toujours que la médecine n’est pas une science déshumanisée mais se doit d'être une pratique mettant à disposition de l’être humain les résultats des recherches scientifiques. Espérons que la psychologie cesse d'être une pratique désincarnée et dénuée de rigueur, dans laquelle la réalité organique et génétique serait perpétuellement bafouée.
Mais, comme nous ne sommes pas des bœufs inféodés aux médecins, il est évident que confrontés à l’individu qui est assis en face de nous, nous nous risquons à évaluer ses troubles de manière à lui faire bénéficier d’un traitement adapté.
Parfois d’ailleurs, il s’agira d’une erreur d’aiguillage, et le cas que nous aurons à traiter relèvera de la médecine, sachant que de nombreuses pathologies purement organiques peuvent avoir des symptômes psychologiques. Dans ce cas, nous renverrons le patient chez son médecin afin que ce dernier fasse un diagnostic différentiel en prescrivant le cas échéant des examens. Il ne s’agit jamais de jouer au médecin, mais de connaître suffisamment bien la psychopathologie de manière à voir rapidement si les symptômes présentent une quelconque anormalité par rapport aux tableaux cliniques étudiés.
C’est ainsi que je n’ai jamais considéré que la psychologie soit une panacée et je me suis toujours élevé contre le « tout psychologique » qui prévaut dans certains milieux anti-scientifique. Faire de la psychologie en oubliant l’aspect organique, revient à nier la réalité du cerveau ou du système endocrinien par exemple, et peut de ce fait entraîner bien des erreurs.
Je n’ai donc aucun problème à collaborer avec des médecins, même si je suis opposé à ce que notre profession devienne une profession paramédicale. Rien ne ressemble moins à la kinésithérapie que la psychologie : chez nous, même s’il faut cesser de nier à la réalité physiologique, il fut aussi se souvenir qu’on parle d’âme. J‘avais d’ailleurs souligné ce point important de la prise en charge psychologique et mis en exergue la notion de qualité de vie dans un article récent intitulé « Richou le déjanté – approche psychologique d’un trouble bipolaire ».
Je suis par contre stupéfait de l’engouement de certains médecins, qui sont pourtant dotés d’une formation scientifique beaucoup plus importante que la notre (c'est une litote), pour la psychologie et notamment la psychologie un peu cucul tendance new-age. A force d'être dans l'écoute, on sélectionne le superflu et l'on rate l'essentiel. Sans paraphraser le Dr House, en affirmant que les patients mentent, je peux tout de même dire, qu'être à l'écoute, ce n'est pas forcément se focaliser sur leurs mots en les prenant pour paroles d'évangile. Il y a une manière d'écouter qui doit s'accompagner d'un grand sens de l'observation. Le patient communique de plusieurs manières et pas seulement avec ses mots.
C’est ainsi que depuis des années, je suis régulièrement confronté à des individus souffrant de troubles bipolaires, n’ayant jamais été diagnostiqués, mais qu’on laisse souffrir en leur prescrivant tous les antidépresseurs présents sur le marché. Pour de nombreux médecins, il semblerait que dès lors qu’on ait les deux symptômes clés – humeur triste et perte de l’élan vital – on doive forcément diagnostiquer une dépression classique.
Voici environ neuf ans, je reçois ainsi un homme âgé d’un peu plus de trente-cinq ans extrêmement dépressif. Le médecin a diagnostiqué une dépression et je le traiterai pour cela. Je pense que notre collaboration a été efficace. Pourtant, il rechute régulièrement et la seule chose que son médecin pourra me dire, c’est qu’il a sans doute des tendances hystériques qui l’amènent à se complaire dans ce rôle. Je ne suis pas satisfait de ce genre d'explications car si j'ai constaté des tendances histrionniques chez ce patient, tendances n'ayant rien de pathologiques, il n'est pas pour autant hystérique.
Pour ma part, je me méfie toujours du diagnostic d’hystérie qui est une grande poubelle dans laquelle on jette facilement tous les cas que l’on ne parvient pas à diagnostiquer. Un peu comme si, faute de pouvoir traiter certains patients, on préférait se dire qu’ils font exprès d’avoir leurs symptômes. Cela évite au médecin ou au psy de remettre en cause ses compétences. Alors, même si l’hystérie est une réalité, elle est plus précise que ce qu’en disent bien des professionnels.
Par le plus grand des hasards, et je remercie ce hasard, je me retrouve au cours d’une soirée avec ce patient. Je l’observe et suis totalement frappé par sa manière de se conduire. Moi qui le connais bien, j’ai sous les yeux un autre personnage, hâbleur, vulgaire, entreprenant, osant tout. Tel qu’il est, il correspond totalement, voire trait pour trait, à un texte du psychiatre Quentin Debray décrivant le comportement d’un individu souffrant d’un trouble bipolaire dans un manuel de psychopathologie
Il est certain que si je n’avais pas pu observer cet individu dans son milieu, je serais peut-être passé à côté du diagnostic. Ce qui marque bien la limite de la prise en charge psychologique, dans la mesure où dans nos cabinets, nous n'avons ne connaissons qu'une facette très sociale du patient. Quoiqu’il en soit, je fixe un nouveau rendez-vous à ce monsieur, lui montre des textes et il est totalement d’accord avec le diagnostic qui explique tout ce que l’on ne comprenait pas.
Son médecin, un homme jeune suffisamment ouvert d’esprit, tente de le mettre sous thymorégulateur et le succès est au rendez-vous. Cet exemple sera gravé à jamais dans ma mémoire et m’amènera à connaître parfaitement les troubles bipolaires trop souvent ignorés. J’aurai l’occasion d’en diagnostiquer plusieurs par la suite, dont de nombreuses personnes qui souffrent de dépressions depuis parfois plus de vingt ans.
Je me souviens par exemple d’une jeune femme d’un peu plus de trente ans, souffrant de dépression depuis son adolescence. Comme elle a connu la toxicomanie, ce sera l’arbre qui cache la forêt et les médecins ou psys, qu’elle rencontrera se focaliseront toujours sur ce sujet en ignorant le reste et surtout en oubliant que « se camer, c’est souvent la manière la plus rapide pour un dépressif de s’automédiquer », et non une perversion ou une carence morale !
Lorsque je la reçois, le moins que je puisse dire est qu’elle est étrange. Au bout de trois séances, elle me tutoie et me fait la bise, pourquoi pas, je suis ouvert d’esprit. Tout en elle, et notamment son exubérance et ses excès délirants, désigne ce que l’on pourrait appeler un trouble du comportement de type « personnalité limite » ou « border line ». Pourtant, elle ne correspond qu’imparfaitement au tableau clinique de ce type de trouble et je pense qu’elle est tellement désabusée quant à la capacité d’un psy à pouvoir l’aider, qu’elle joue avec moi afin de me montrer qu’elle est là pour faire plaisir à son médecin plus que pour bénéficier d’une aide efficace.
En creusant un peu, pour la faire parler, nous arrivons à parfaitement communiquer et elle me relate dans le détail son parcours et les épisodes marquants de ses pétages de plomb. Il s’agit encore d’un trouble bipolaire jamais diagnostiqué. si tout le monde avait pensé à lui prescrire du Subutex ou de la Méthadone, curieusement aucun des médecins ne s'était interrogé sur les raisons la poussant à se camer. Mise sous traitement anticomitial par un psychiatre auquel je l’ai adressée, elle a repris aujourd’hui une vie presque normale. Nous nous revoyons parfois, trois ou quatre fois par an, à l’occasion lorsqu’elle présente quelques petites difficultés d’adaptation.
Récemment, je reçois une femme approchant la quarantaine. Sa vie n’est qu’une succession d’épisodes dépressifs. Les différents médecins qu’elle a vus ont tout tenté, et elle aura connu tous les antidépresseurs du marché, IMAO, tricyclique ou ISRS, sans que le succès ne dépasse un bref soulagement. Ce type de traitements désordonnés a même pu entraîner une aggravation de son cas, ce que plusieurs études récentes semblent confirmer.
Quand je la reçois, elle souffre terriblement même si ses capacités sociales semblent en partie sauvegardées parce qu’elle se force à travailler et est même parvenu à autoréguler son état dépressif en vivant comme une machine. Par contre dès que le vendredi soir arrive, elle s’enferme chez elle et n’en sort pas avant le lundi matin. Perpétuellement dépressive, elle m’a dit que j’étais sa dernière chance.
Après plusieurs séances, parce que son cas n’est pas simple et présente vraiment des symptômes étonnants, je suis persuadé d’être face à un cas de trouble bipolaire unipolaire. C’est à dire qu’au lieu d’alterner des phases maniaques puis dépressives, ma patiente n’a que des phases dépressives. C’est sans doute pour cela qu’elle est depuis si longtemps traitée pour dépression majeure.
Je l’ai adressée à un psychiatre en qui j’ai toute confiance qui n‘a pas confirmé mon diagnostic mais s’est contenté de lui redonner pour la énième fois des antidépresseurs, qu’elle se refuse à prendre parce qu’elle juge cela inutile. Je reste persuadé qu'il s'est trompé. De toute manière, en ne l'ayant reçu qu'une fois, il n'a pas les moyens nécessaires pour diagnostiquer ce genre de troubles. J’attends donc septembre, pour l’adresser à un autre psychiatre hospitalier, ponte de la spécialité, qui cette fois, j’en suis sur, saura se montrer plus original dans sa démarche. Car je reste persuadé que cette femme souffre d’un trouble bipolaire.
Je pourrais citer des dizaines de cas semblables. Ces troubles souvent sous-évalués et mal diagnostiqués sont à l’origine d’une souffrance inacceptable chez des individus pourtant régulièrement suivis par des médecins et des psychologues. Tandis que j’entends souvent des crétins faire de l’anti-psychiatrie pour vanter l’humain, centre de leurs préoccupations, je préférais écouter un discours plus mesuré, admettant une bonne fois pour toute que le cerveau est un organe qui connaît parfois des défaillances et que ces dernières sont du ressort de la médecine.
On rappelle toujours que la médecine n’est pas une science déshumanisée mais se doit d'être une pratique mettant à disposition de l’être humain les résultats des recherches scientifiques. Espérons que la psychologie cesse d'être une pratique désincarnée et dénuée de rigueur, dans laquelle la réalité organique et génétique serait perpétuellement bafouée.
1 Comments:
Mon bon Philippe,
Article particulièrement intéressant. Je n'ai pas l'habitude de partager ce qui suit avec des personnes que je ne connais pas sur le bout des doigts, mais sentant chez vous le professionnel particulièrement doué, je fais exception. Inutile de dire que ce commentaire n'a pas pour vocation d'être publié.
Je suis en thérapie analytique Junguienne depuis environs 12 ans, et si, objectivement j'ai énormément évolué sur cette période dans différents domaines, je me pose des questions quant à ma potentielle bipolarité, ou éventuellement une variante "borderline". J'ai eu l'une ou l'autre dépression nerveuse, plus ou moins grave, suite a des ruptures, du harcèlement professionnel, le décès de mon père et l'une ou l'autre occasion encore. Le tout sur un sentiment de fond que j'appel l'échelle de Jacob, c'est à die avoir le sentiment de vivre une vie qui n'est pas la mienne.
Globalement, ca ne m'a pas empêché d'avoir une évolution professionnelle plutôt hors norme, même si ce fut un cheminement non-linéaire et semé d'embuches.
Très récemment (je n'en suis pas encore sorti tout à fait) j'ai fait un gros épisode dépressif (le plus douloureux depuis que je suis en thérapie), attribuable semble-t-il a une série de prises de consciences d'ordre analytique. Cela ne m'a pas empêché d'exceller dans mon boulot au cours des dernières semaines, ni de gérer et d'organiser mon déménagement récent de main de maître sans prendre un seul jour de congé.
Inévitablement, en lisant vos descriptions symptomatiques par ailleurs très claires, je me suis tout particulièrement attardé sur votre remarquable conclusion au sujet de l'atypisme.
Comment puis-je savoir, si oui ou non, je suis Bipolaire ou Borderline ou aucun des deux?
Enregistrer un commentaire
<< Home