Je me suis fait un nouvel ami !!!
Je commence à croire ce que dit mon ami Sean, que je vais finir seul et sans amis, parce que j’ouvre trop ma grande gueule. Je ne sais pas encore si je suis très idéaliste ou très con. Mais à l’instar des puceaux boutonneux, n’ayant pas encore blanchis sous le harnais, et qui pensent que monde est une vallée de paix où coulent le lait et le miel, je déteste l’injustice.
C’est fou non ? Moi, robuste capricorne, ayant lu les stoïciens, face à l’injustice, je ne peux fermer ma gueule ! J’éructe et rue dans les brancards ! J’ai beau appeler régulièrement mes chers patients à la tempérance, au recul, à les dissuader de prendre des décisions hâtives, à leur remémorer qu’en boxe il faut de la technique et non de la rage, qu’on se le dise, le proverbe disant que les cordonniers sont les plus mal chaussés est vrai.
Pourquoi vous dire cela ? Déjà, rappelons, c’est de notoriété publique, que je déteste les élus. Disons que j'aurais aimé qu'ils soient ce pour quoi on les a élus, de simples représentants, une sorte de valets de luxe chargés dans un cadre strict d'accomplir certaines missions.
J'aurais apprécié que le statut des élus soit calqué sur celui du métier de syndic de copropriété. Après tout, il y a une ressemblance frappante entre ces deux activités. Hélas faute d'encadrement, et surtout de sanctions véritables à l'égard de ces parasites, ils pullulent et n'ont de cesse que de réaliser leurs fantasmes de toute puissance. Rassurez-vous,je ne suis pas si bête et j’ai même fait de la socio politique, alors je sais combien mes réflexions sont stupides. Mais on a le droit de rêver. Et puis après tout, détester les élus est une position plutôt cohérente pour quelqu’un dont le rêve était d’être seigneur féodal.
La commune dans laquelle je vis n'échappe pas à cela. Alors que le maire, pas très finaud, avait la réputation d'être honnête, voici qu'il a reçu un coup sur la tête. Il faut dire qu'il fut sénateur suppléant lors d’élections sénatoriales. Comme il advint que le sénateur en titre mourut à la presque fin de son mandat, voilà que notre bon maire, brave garçon au demeurant, est devenu sénateur pour quelques mois. Aux élections suivantes, bien sûr, il fut encore suppléant car il est bien trop toquard pour qu’un grand parti ait pu miser sur lui. Les ors du Palais du Luxembourg lui ont tourné la tête, le pauvre homme. Lui, habituellement simple, plutôt sympathique et bonhomme, s'est pris à rêver qu'il était un aigle et qu'il aurait un destin national.
Il a donc fait construire une nouvelle mairie, et cultive maintenant le rôle de l'important, de l'homme pressé, de celui qui a des responsabilités. Plus possible de lui serrer la pogne, en le croisant dans les bistros où il ne rechignait pas à aller vider un godet. Non, monsieur l'ex-sénateur suppléant, est devenu quelqu'un qui compte, au moins dans sa tête d'important. Encore un mandat et je parie qu'il va droit au bad trip et finira par s'offrir une VelSatis aux vitres teintées et un chauffeur ! Pourvu qu’il ne se nomme pas Grand Conducator et maire à vie !
Bien entendu, cette attitude m'agace profondément. Je suis moi-même quelqu’un de cool et d’arrangeant mais je ne supporte pas les narcissiques. Imaginez qu'alors que je lui demandais un rendez-vous urgent, c'est tout juste s'il ne m'a pas fait dire par sa secrétaire qu'il ne serait pas disponible avant un mois ! Il a fallu toute ma persuasion, consistant à dire à sa secrétaire, que soit il me recevait dans la semaine, soit je m'invitais chez lui à l'heure du dîner, pour que j'aie mon audience dans les plus brefs délais. Le Saint-Père deviendra bientôt plus facilement visible !
Une fois dans son bureau, je l’entretiens de ce qui me préoccupe. Alors que naturellement, il aurait simplement du dire « oui », parce que l’affaire est simple et entendue, ne voilà-t-il pas qu’il m’entretient des risques juridiques et je ne sais quoi encore, citant tout un tas de choses auxquelles, j’en suis sur, il ne comprend rien parce que si jusqu’à présent, on lui a toujours reconnu, il n’est pas réputé pour son intelligence. C’est un peu notre petit George Walker Bush rien qu’à nous, la façade souriante et bonasse d’un conseil municipal plus retors. Et voilà que ce pitre, là devant moi, osait jouer les importants en m’expliquant que pour des motifs totalement fallacieux, il ne pourrait accéder à ma requête. Trouduc me faisait une crise de pouvoir ! Il aurait mérité des beignes dans sa grosse tête !
Je me souviens alors à temps ce que m’avaient enseigné mes trois années de service public, au cours desquelles j’avais souvent côtoyé des politiques. Un politicien se fout de vous, et ne vous accorde d’intérêt que dans deux cas. Le premier c’est lors des élections où il est prêt à tout vous promettre, sachant qu’il ne tiendra aucune desdites promesses (cf. tous les élus). Le second cas, c’est quand vous le tenez fermement par les couilles. L’intérêt d’un politique pour vous, est en étroite corrélation avec la capacité de nuisance que vous possédez à son encontre.
C’est ainsi que jugeant que c’en était trop, je jouais mon va-tout et lui parlais des échéances électorales prochaines, durant lesquelles il remettrait son mandat en jeu. Et si, lui dis-je fourbement, et si je me présentais face à vous ? Je vois le bonhomme changer de couleur, prêt à s’étrangler, et me répondre que je n’y pense pas, que ce serait terrible, que nous serions concurrents et que cela permettrait à la gauche de passer !
Je lui réponds, que je m’en tape totalement mais que pour moi, c’est un jeu. Dans la mesure, ou il me donne pas satisfaction, je ferais de même en lui déclarant la guerre. Je rajoute que pour moi, il ne s’agit pas de gagner ces élections dont je ma tape (gauche ou droite, même combat au niveau municipal), mais simplement de le faire perdre afin de le déposséder de ce qu’il a, pour le renvoyer à une existence de citoyen lambda, sans cocarde ni pouvoir ! Il est estomaqué, et me quitte froidement après quelques minutes. J’ai conscience d’avoir été un peu violent. Il ne pourra jamais accepter ce que je lui demande sans passer pour un con. Même si c’est un con, je comprends qu’il ne souhaite pas en avoir la preuve éclatante.
Une semaine après, je reçois un courrier, dans lequel il m’apprend qu’après avoir consulté un avocat, il ne peut accéder à ma requête. Bon, j’imagine que l’avocat qu’il a consulté est un toquard car juridiquement l’affaire est simplissime. A moins que ce crétin de maire, n’ayant décidemment rien compris, ait tout rapporté de travers à l’homme de loi, qui de bonne foi, aura jugé mon dossier irrecevable.
Je comprends que ma menace de me présenter aux élections face à lui n’a pas eu l’effet escompté. Cela l’a ennuyé certes mais plutôt que lui faire peur, ça l’a mis en colère. Je pense que même si j’ai tenu ses couilles dans ma main, je n’ai pas serré assez fort. C’est toujours le risque de ce genre de stratégie. Si on veut la suivre, il faut être prêt à faire une guerre à outrance, sinon on reste au milieu du gué, on se mouille un peu avant de rentrer à la niche la queue entre les jambes : votre adversaire alors que vous être un être pusillanime et ne vous craindra plus et en prime, vous méprisera jusqu'à la fin de temps. Qu’à cela ne tienne, même si j’ai d’autres choses à faire, je décide de poursuivre ce bras de ferme et d’être plus ferme.
Je lui adresse donc un courrier relativement mesuré. A l’origine j’en avais rédigé un d’une sécheresse inouïe et d’un irrespect total pour bien lui montrer que je l’emmerde totalement et surtout que je ne le crains pas. Je crois qu’après douze ans de vie commune avec une corse venue du fin fond des montagnes, j’ai du gagner un côté quelque peu sauvage. Et puis, sans doute qu’influencé par mon ascendant bélier, car je ne vois pas d’autres explications, je suis monté dans les tours. J’ai remarqué, que moi qui suis plutôt placide, je reste réfractaire à l’autorité. Non, que je caractériel, mais plutôt que je sache parfaitement me gérer sans qu’un individu quelconque ne me dise quoi, où et quoi faire. Alors tout détenteur de l’autorité m’ennuie, pour moi c’est un despote, un abruti dont la seule mission est de me pourrir la vie.
La nuit portant conseil, je décide de ne pas envoyer ce courrier et de le laisser reposer sur word. Je le reprends donc le lendemain et, tout en conservant les grandes lignes, je décide de l’adoucir. Disons, que je troque la violence du départ contre un ton plus mesuré mais nettement plus acide. Plutôt que de déclencher un tir d’artillerie et de ce fait, de dévoiler mes cartes, je nargue, j’agace un peu, j’esquisse les risques de représailles sans les définir clairement, tout en offrant une possibilité de négociation.
Normalement, s’il n’est pas trop con, il devrait plier et m’offrir une négociation acceptable. J’imagine qu’à sa place, sachant que j’ai d’autres urgences dont ces putains d’élections qui arrivent à grand pas, je me fendrais d’un rendez-vous rapide et donné dans des délais brefs pour faire croire à l'emmerdeur qu'il est important, auquel j’arriverais tout sourire en expliquant qu’en juillet, pressé par la tonne de travail urgent à finir avant les vacances, mes services avaient mal étudié ce dosser, ce dont je suis désolé, mais qu’après examen approfondi, tout est réglé. Je saluerais l’emmerdeur en le raccompagnant vers la porte, en lui réitérant des excuses avec force de « vous savez ce que c’est cher ami hein ? Les vacances, etc., etc. » et hop, je m‘en tirerais à bon compte en sauvant la face et en contentant l’électeur.
Ca c’est ce que j’imagine. Mais comment peut réagir un âne qui, fortuitement a pu être sénateur et goûter aux miettes du vrai pouvoir qui corrompt tout ? Est-ce qu’il n’a pas à ce point la grosse tête, qu’il considérera comme un crime de lèse-majesté mon courrier. En lisant des blogs politiques, on constate que des maires, peuvent parfois pousser leur narcissisme à un point pathologique. C’est un phénomène déjà étudié à propos des jeunes patrons qui presque du jour au lendemain font fortune. Vous savez ces mecs jeunes soudainement enrichis, se mettent à fréquenter des gens connus, à louer des yachts à Saint-Trop’, à coucher avec des pouffiasses, à accrocher des croûtes contemporaines aux murs en jouant les connaisseurs auprès de ces salariés, se faire photographier aux côtés des politiques ou du show-biz avant de finir par épouser une roulure bien vénale qui leur aura fait un gosse dans le dos, claquera leur fric avant de coucher leur coach sportif.
S’agissant d’un maire, imaginez un pauvre mec qui du jour au lendemain se retrouve avec la cocarde, le grand bureau, une secrétaire, des adjoints lèche-culs, un tas de fric public qu’il peut balancer par les fenêtres sans contrôle ou presque, des administrés bien veules qui dès qu’ils le croisent se précipite pour lui dire « bonjour m’sieur le maire » et même peut-être Pierre Bonte qui va le voir, mais là c’est la consécration ultime, l'apothéose. Si le mec n’est pas préparé par une carrière politique commencée jeune qui lui fasse prendre un peu de bouteille, ou par un métier qui l’a déjà sevré de gloire et d’attentions artificielles, c’est le pétage de plombs assurés ; la tête enfle, enfle, et c’est un futur despote qui naît et qui finira mal !
Alors, même si j’ai bon espoir, parce que, concernant mon maire, j’ai le souvenir d’un mec affable, gentil et simple. Mais, il est possible qu’il ait changé. Je n’en sais rien. Ce soir, j’ai ouvert une porte, une possibilité de négociation. Je lui ai adressé un message ferme et ironique soit, parce que je ne voulais pas m’aplatir, mais en lui laissant la possibilité de se déjuger sans perdre la face. S’il est malin, il le saisira, si c’est le roi des cons, il montera sur ses grands chevaux, jouera les hobereaux courroucés, comme savent si bien faire ces abrutis d’élus locaux, et m’opposera une fin de non recevoir.
Dès lors, puisque je suis déjà trop engagé, s’il veut la guerre, je serais obligé de la mener à moins de perdre la face. Or je détesterais cela, je serais obligé de changer de nom et de m’engager dans la Légion étrangère, pour laver cet affront, ou au moins de me retirer dans un monastère en plein pays Toulois, loin de tout. Mais bon, après tout, dernièrement j’ai rétamé Gérard, l’ex associé qui jouait les beaux et pensait me damer le pion. Pas un pli en référé ce gros bâtard ! Alors, je peux sans doute me faire ce maire de mes deux, un gars mauvais et retors ! Faut juste de l’entraînement, de la technique plutôt que de la rage comme on dit en boxe, et comme je ne cesse de le répéter à mes patients !
Ainsi, me voici engagé dans un bras de fer stupide dans lequel il me faut gagner. Alors que faire ? Suis-je condamné à me présenter aux élections municipales ? Je vous avoue que c’est passablement chiant parce que je ne suis pas versé dans l’administratif et que je n’ai jamais eu d’ambitions politiques. Le boulot d’élu local est lourdingue et assommant : serrer la louche à des vieux, couper des rubans, parler de cantines scolaires, ouvrir des crèches pour les gnards. C’est aussi pénible que le boulot de syndic ! Quoiqu’il en soit, j’ai déjà commencé à constituer une liste, à jeter des noms sur un papier, à en parler l’air de rien. Comme je suis assez matois, et que je passe bien avec les gens de gauche, j’ai fait mon petit Sarkozy en ouvrant cette liste.
Ce sont des gens plutôt gentils, des gauchistes authentiques, des braves gens qui pensent encore qu’ils auront la justice sur terre. Pas emmerdants pour un sou, il suffit de lâcher quelques ronds dans des projets sociaux et hop, ils vous mangent dans la main. Bien sûr, en tête de liste en position éligible, il faut des gens plus intelligents. C’est à dire des types qui rêvent d’exercer des responsabilités tout en désirant vous laisser la merde et l’ultime responsabilité. Vous savez, ces mecs qui en cas d’incendie dans une école faisant 250 victimes âgées de moins de huit ans, sauront se souvenir qu’ils ne sont qu’adjoints mais que c’est vous le chef après tout, et donc le mec qui doit aller en garde à vue.
Mais bon, me présenter aux municipales, pourquoi pas après tout ? Ca flatterait mon narcissisme éhonté. Après tout, je me verrais assez bien jouer le beau en VelSatis aux vitres teintées. Peut-être que je me ferai tailler un bel uniforme avec une fourragère et réaliser des médailles de fantaisie que je porterai comme un apparatchik de l’ex-URSS ! Et puis, prenant modèle sur Staline, je ferai un jumelage avec Foug, que j’envahirai par la suite traîtreusement au moyen de mes divisions barbares composées de mes trois policiers municipaux spécialement entraînés que je lancerai de toute la vitesse de leur Renault Kangoo ! Une carrière de despote s’amorce, les plaines tragiques du grand Est vont en trembler !
Quoiqu’il en soit, mon allergie à l’injustice, attitude adolescente stupide s’il en est, fait qu’aujourd’hui, j’ai un tout nouvel ami : monsieur le maire !
C’est fou non ? Moi, robuste capricorne, ayant lu les stoïciens, face à l’injustice, je ne peux fermer ma gueule ! J’éructe et rue dans les brancards ! J’ai beau appeler régulièrement mes chers patients à la tempérance, au recul, à les dissuader de prendre des décisions hâtives, à leur remémorer qu’en boxe il faut de la technique et non de la rage, qu’on se le dise, le proverbe disant que les cordonniers sont les plus mal chaussés est vrai.
Pourquoi vous dire cela ? Déjà, rappelons, c’est de notoriété publique, que je déteste les élus. Disons que j'aurais aimé qu'ils soient ce pour quoi on les a élus, de simples représentants, une sorte de valets de luxe chargés dans un cadre strict d'accomplir certaines missions.
J'aurais apprécié que le statut des élus soit calqué sur celui du métier de syndic de copropriété. Après tout, il y a une ressemblance frappante entre ces deux activités. Hélas faute d'encadrement, et surtout de sanctions véritables à l'égard de ces parasites, ils pullulent et n'ont de cesse que de réaliser leurs fantasmes de toute puissance. Rassurez-vous,je ne suis pas si bête et j’ai même fait de la socio politique, alors je sais combien mes réflexions sont stupides. Mais on a le droit de rêver. Et puis après tout, détester les élus est une position plutôt cohérente pour quelqu’un dont le rêve était d’être seigneur féodal.
La commune dans laquelle je vis n'échappe pas à cela. Alors que le maire, pas très finaud, avait la réputation d'être honnête, voici qu'il a reçu un coup sur la tête. Il faut dire qu'il fut sénateur suppléant lors d’élections sénatoriales. Comme il advint que le sénateur en titre mourut à la presque fin de son mandat, voilà que notre bon maire, brave garçon au demeurant, est devenu sénateur pour quelques mois. Aux élections suivantes, bien sûr, il fut encore suppléant car il est bien trop toquard pour qu’un grand parti ait pu miser sur lui. Les ors du Palais du Luxembourg lui ont tourné la tête, le pauvre homme. Lui, habituellement simple, plutôt sympathique et bonhomme, s'est pris à rêver qu'il était un aigle et qu'il aurait un destin national.
Il a donc fait construire une nouvelle mairie, et cultive maintenant le rôle de l'important, de l'homme pressé, de celui qui a des responsabilités. Plus possible de lui serrer la pogne, en le croisant dans les bistros où il ne rechignait pas à aller vider un godet. Non, monsieur l'ex-sénateur suppléant, est devenu quelqu'un qui compte, au moins dans sa tête d'important. Encore un mandat et je parie qu'il va droit au bad trip et finira par s'offrir une VelSatis aux vitres teintées et un chauffeur ! Pourvu qu’il ne se nomme pas Grand Conducator et maire à vie !
Bien entendu, cette attitude m'agace profondément. Je suis moi-même quelqu’un de cool et d’arrangeant mais je ne supporte pas les narcissiques. Imaginez qu'alors que je lui demandais un rendez-vous urgent, c'est tout juste s'il ne m'a pas fait dire par sa secrétaire qu'il ne serait pas disponible avant un mois ! Il a fallu toute ma persuasion, consistant à dire à sa secrétaire, que soit il me recevait dans la semaine, soit je m'invitais chez lui à l'heure du dîner, pour que j'aie mon audience dans les plus brefs délais. Le Saint-Père deviendra bientôt plus facilement visible !
Une fois dans son bureau, je l’entretiens de ce qui me préoccupe. Alors que naturellement, il aurait simplement du dire « oui », parce que l’affaire est simple et entendue, ne voilà-t-il pas qu’il m’entretient des risques juridiques et je ne sais quoi encore, citant tout un tas de choses auxquelles, j’en suis sur, il ne comprend rien parce que si jusqu’à présent, on lui a toujours reconnu, il n’est pas réputé pour son intelligence. C’est un peu notre petit George Walker Bush rien qu’à nous, la façade souriante et bonasse d’un conseil municipal plus retors. Et voilà que ce pitre, là devant moi, osait jouer les importants en m’expliquant que pour des motifs totalement fallacieux, il ne pourrait accéder à ma requête. Trouduc me faisait une crise de pouvoir ! Il aurait mérité des beignes dans sa grosse tête !
Je me souviens alors à temps ce que m’avaient enseigné mes trois années de service public, au cours desquelles j’avais souvent côtoyé des politiques. Un politicien se fout de vous, et ne vous accorde d’intérêt que dans deux cas. Le premier c’est lors des élections où il est prêt à tout vous promettre, sachant qu’il ne tiendra aucune desdites promesses (cf. tous les élus). Le second cas, c’est quand vous le tenez fermement par les couilles. L’intérêt d’un politique pour vous, est en étroite corrélation avec la capacité de nuisance que vous possédez à son encontre.
C’est ainsi que jugeant que c’en était trop, je jouais mon va-tout et lui parlais des échéances électorales prochaines, durant lesquelles il remettrait son mandat en jeu. Et si, lui dis-je fourbement, et si je me présentais face à vous ? Je vois le bonhomme changer de couleur, prêt à s’étrangler, et me répondre que je n’y pense pas, que ce serait terrible, que nous serions concurrents et que cela permettrait à la gauche de passer !
Je lui réponds, que je m’en tape totalement mais que pour moi, c’est un jeu. Dans la mesure, ou il me donne pas satisfaction, je ferais de même en lui déclarant la guerre. Je rajoute que pour moi, il ne s’agit pas de gagner ces élections dont je ma tape (gauche ou droite, même combat au niveau municipal), mais simplement de le faire perdre afin de le déposséder de ce qu’il a, pour le renvoyer à une existence de citoyen lambda, sans cocarde ni pouvoir ! Il est estomaqué, et me quitte froidement après quelques minutes. J’ai conscience d’avoir été un peu violent. Il ne pourra jamais accepter ce que je lui demande sans passer pour un con. Même si c’est un con, je comprends qu’il ne souhaite pas en avoir la preuve éclatante.
Une semaine après, je reçois un courrier, dans lequel il m’apprend qu’après avoir consulté un avocat, il ne peut accéder à ma requête. Bon, j’imagine que l’avocat qu’il a consulté est un toquard car juridiquement l’affaire est simplissime. A moins que ce crétin de maire, n’ayant décidemment rien compris, ait tout rapporté de travers à l’homme de loi, qui de bonne foi, aura jugé mon dossier irrecevable.
Je comprends que ma menace de me présenter aux élections face à lui n’a pas eu l’effet escompté. Cela l’a ennuyé certes mais plutôt que lui faire peur, ça l’a mis en colère. Je pense que même si j’ai tenu ses couilles dans ma main, je n’ai pas serré assez fort. C’est toujours le risque de ce genre de stratégie. Si on veut la suivre, il faut être prêt à faire une guerre à outrance, sinon on reste au milieu du gué, on se mouille un peu avant de rentrer à la niche la queue entre les jambes : votre adversaire alors que vous être un être pusillanime et ne vous craindra plus et en prime, vous méprisera jusqu'à la fin de temps. Qu’à cela ne tienne, même si j’ai d’autres choses à faire, je décide de poursuivre ce bras de ferme et d’être plus ferme.
Je lui adresse donc un courrier relativement mesuré. A l’origine j’en avais rédigé un d’une sécheresse inouïe et d’un irrespect total pour bien lui montrer que je l’emmerde totalement et surtout que je ne le crains pas. Je crois qu’après douze ans de vie commune avec une corse venue du fin fond des montagnes, j’ai du gagner un côté quelque peu sauvage. Et puis, sans doute qu’influencé par mon ascendant bélier, car je ne vois pas d’autres explications, je suis monté dans les tours. J’ai remarqué, que moi qui suis plutôt placide, je reste réfractaire à l’autorité. Non, que je caractériel, mais plutôt que je sache parfaitement me gérer sans qu’un individu quelconque ne me dise quoi, où et quoi faire. Alors tout détenteur de l’autorité m’ennuie, pour moi c’est un despote, un abruti dont la seule mission est de me pourrir la vie.
La nuit portant conseil, je décide de ne pas envoyer ce courrier et de le laisser reposer sur word. Je le reprends donc le lendemain et, tout en conservant les grandes lignes, je décide de l’adoucir. Disons, que je troque la violence du départ contre un ton plus mesuré mais nettement plus acide. Plutôt que de déclencher un tir d’artillerie et de ce fait, de dévoiler mes cartes, je nargue, j’agace un peu, j’esquisse les risques de représailles sans les définir clairement, tout en offrant une possibilité de négociation.
Normalement, s’il n’est pas trop con, il devrait plier et m’offrir une négociation acceptable. J’imagine qu’à sa place, sachant que j’ai d’autres urgences dont ces putains d’élections qui arrivent à grand pas, je me fendrais d’un rendez-vous rapide et donné dans des délais brefs pour faire croire à l'emmerdeur qu'il est important, auquel j’arriverais tout sourire en expliquant qu’en juillet, pressé par la tonne de travail urgent à finir avant les vacances, mes services avaient mal étudié ce dosser, ce dont je suis désolé, mais qu’après examen approfondi, tout est réglé. Je saluerais l’emmerdeur en le raccompagnant vers la porte, en lui réitérant des excuses avec force de « vous savez ce que c’est cher ami hein ? Les vacances, etc., etc. » et hop, je m‘en tirerais à bon compte en sauvant la face et en contentant l’électeur.
Ca c’est ce que j’imagine. Mais comment peut réagir un âne qui, fortuitement a pu être sénateur et goûter aux miettes du vrai pouvoir qui corrompt tout ? Est-ce qu’il n’a pas à ce point la grosse tête, qu’il considérera comme un crime de lèse-majesté mon courrier. En lisant des blogs politiques, on constate que des maires, peuvent parfois pousser leur narcissisme à un point pathologique. C’est un phénomène déjà étudié à propos des jeunes patrons qui presque du jour au lendemain font fortune. Vous savez ces mecs jeunes soudainement enrichis, se mettent à fréquenter des gens connus, à louer des yachts à Saint-Trop’, à coucher avec des pouffiasses, à accrocher des croûtes contemporaines aux murs en jouant les connaisseurs auprès de ces salariés, se faire photographier aux côtés des politiques ou du show-biz avant de finir par épouser une roulure bien vénale qui leur aura fait un gosse dans le dos, claquera leur fric avant de coucher leur coach sportif.
S’agissant d’un maire, imaginez un pauvre mec qui du jour au lendemain se retrouve avec la cocarde, le grand bureau, une secrétaire, des adjoints lèche-culs, un tas de fric public qu’il peut balancer par les fenêtres sans contrôle ou presque, des administrés bien veules qui dès qu’ils le croisent se précipite pour lui dire « bonjour m’sieur le maire » et même peut-être Pierre Bonte qui va le voir, mais là c’est la consécration ultime, l'apothéose. Si le mec n’est pas préparé par une carrière politique commencée jeune qui lui fasse prendre un peu de bouteille, ou par un métier qui l’a déjà sevré de gloire et d’attentions artificielles, c’est le pétage de plombs assurés ; la tête enfle, enfle, et c’est un futur despote qui naît et qui finira mal !
Alors, même si j’ai bon espoir, parce que, concernant mon maire, j’ai le souvenir d’un mec affable, gentil et simple. Mais, il est possible qu’il ait changé. Je n’en sais rien. Ce soir, j’ai ouvert une porte, une possibilité de négociation. Je lui ai adressé un message ferme et ironique soit, parce que je ne voulais pas m’aplatir, mais en lui laissant la possibilité de se déjuger sans perdre la face. S’il est malin, il le saisira, si c’est le roi des cons, il montera sur ses grands chevaux, jouera les hobereaux courroucés, comme savent si bien faire ces abrutis d’élus locaux, et m’opposera une fin de non recevoir.
Dès lors, puisque je suis déjà trop engagé, s’il veut la guerre, je serais obligé de la mener à moins de perdre la face. Or je détesterais cela, je serais obligé de changer de nom et de m’engager dans la Légion étrangère, pour laver cet affront, ou au moins de me retirer dans un monastère en plein pays Toulois, loin de tout. Mais bon, après tout, dernièrement j’ai rétamé Gérard, l’ex associé qui jouait les beaux et pensait me damer le pion. Pas un pli en référé ce gros bâtard ! Alors, je peux sans doute me faire ce maire de mes deux, un gars mauvais et retors ! Faut juste de l’entraînement, de la technique plutôt que de la rage comme on dit en boxe, et comme je ne cesse de le répéter à mes patients !
Ainsi, me voici engagé dans un bras de fer stupide dans lequel il me faut gagner. Alors que faire ? Suis-je condamné à me présenter aux élections municipales ? Je vous avoue que c’est passablement chiant parce que je ne suis pas versé dans l’administratif et que je n’ai jamais eu d’ambitions politiques. Le boulot d’élu local est lourdingue et assommant : serrer la louche à des vieux, couper des rubans, parler de cantines scolaires, ouvrir des crèches pour les gnards. C’est aussi pénible que le boulot de syndic ! Quoiqu’il en soit, j’ai déjà commencé à constituer une liste, à jeter des noms sur un papier, à en parler l’air de rien. Comme je suis assez matois, et que je passe bien avec les gens de gauche, j’ai fait mon petit Sarkozy en ouvrant cette liste.
Ce sont des gens plutôt gentils, des gauchistes authentiques, des braves gens qui pensent encore qu’ils auront la justice sur terre. Pas emmerdants pour un sou, il suffit de lâcher quelques ronds dans des projets sociaux et hop, ils vous mangent dans la main. Bien sûr, en tête de liste en position éligible, il faut des gens plus intelligents. C’est à dire des types qui rêvent d’exercer des responsabilités tout en désirant vous laisser la merde et l’ultime responsabilité. Vous savez, ces mecs qui en cas d’incendie dans une école faisant 250 victimes âgées de moins de huit ans, sauront se souvenir qu’ils ne sont qu’adjoints mais que c’est vous le chef après tout, et donc le mec qui doit aller en garde à vue.
Mais bon, me présenter aux municipales, pourquoi pas après tout ? Ca flatterait mon narcissisme éhonté. Après tout, je me verrais assez bien jouer le beau en VelSatis aux vitres teintées. Peut-être que je me ferai tailler un bel uniforme avec une fourragère et réaliser des médailles de fantaisie que je porterai comme un apparatchik de l’ex-URSS ! Et puis, prenant modèle sur Staline, je ferai un jumelage avec Foug, que j’envahirai par la suite traîtreusement au moyen de mes divisions barbares composées de mes trois policiers municipaux spécialement entraînés que je lancerai de toute la vitesse de leur Renault Kangoo ! Une carrière de despote s’amorce, les plaines tragiques du grand Est vont en trembler !
Quoiqu’il en soit, mon allergie à l’injustice, attitude adolescente stupide s’il en est, fait qu’aujourd’hui, j’ai un tout nouvel ami : monsieur le maire !
4 Comments:
Putain, si t'es élu tu vas passer chez Pierre Bonte! Génial!
Merci pour cet excellent fou rire pour commencer la journée !
En tous cas, il est acquis que le nouveau seigneur féodal décrètera la croutonnade comme spécialité du village... Les enfants vont en baver à la cantine !!
Il est acquis qu'on fera plein de trucs super que le fronton de la mairie sera débarassé de Liberté Egalité Fraternité pur aborder ma devise "Chacun mes idées" !
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