Fait divers !
J'apprends via Yahoo actualité que deux policiers âgés de 24 et 29 ans, qui se rendaient au travail sur la même moto, ont été tués en percutant un poids lourd, dont le chauffeur conduisait en état d'ébriété, tôt vendredi matin à Vienne (Isère). Vous y apprendrez que manifestement les deux motards étaient au-dessus de la vitesse autorisée (50km/h) et que le routier effectuait un demi tour interdit. Le reste de l'article est ici. La manière dont est traité ce fait divers est passionnante dans la mesure où l'exigence de l'enquête est reléguée au second plan derrière des effets d'annonce stupides.
Contrôlé positif, le conducteur avait 0,8g d'alcool dans le sang alors que la limite est de 0,5g d'alcool par litre de sang. Rappelons qu'avant septembre 1995, la limite était de 0,8g d'alcool par litre de sang. Manifestement fut donc un temps où l'on estimait que le taux d'alcool que ce routier avait dans le sang n'était pas dangereux.
Ce qui est drôle c'est que le Premier ministre François Fillon a fait part dans un communiqué de sa "solidarité" et de sa "sympathie" envers la police, et a tenu à "assurer l'ensemble des forces de sécurité de sa détermination à lutter contre le fléau de l'alcool au volant". Sans rien savoir d'autre, c'est l'alcool qui est immédiatement incriminé. On oublie donc deux données fondamentales.
D'une part la vitesse de la moto, puisque si elle avait roulé à la vitesse prescrite de 50km/h, on peut estimer que le conducteur aurait pu freiner à temps et éviter l'accident mortel. Le choc semble avoir été très violent alors que le camion manœuvrant était forcément à basse vitesse. Nul besoin d'être Einstein pour deviner qui roulait vite pour qu'il y ait eu une telle énergie cinétique.
Pour mémoire, on se souviendra que le permis moto est exigeant et difficile et que le freinage d'urgence est un technique que l'on enseigne à n'importe quel blaireau désireux de le passer. Enfin, à moins de rouler sur une trapanelle russe (Dniepr ou Oural) ou est-allemande (MZ), les motos actuelles sont pourvues de bons freins (au moins un disque) et de bons pneus et s'arrêter lorsque l'on roule à 50km/h n'est pas quelque chose d'exceptionnel.
D'autre part, on fait aussi abstraction de la manœuvre que le chauffeur effectuait à l'instant précis. Comme le précise l'article, le chauffeur reconnait qu'il a fait un demi tour en dépit d'un panneau d'interdiction, car il avait raté la sortie qu'il voulait prendre et il a cherché à faire demi tour au plus près.
Doit-on de ce fait imaginer que s'il avait eu un taux d'alcoolémie juste inférieur à la normale, il n'aurait pas effectué ce demi-tour ? Moi, je gage que non parce que chaque jour, je constate que des tas de gens, qui ne sont pas ivres, pratiquent ce genre de choses. S'il fallait être bourré pour enquiller un sens interdit, dépasser une limitation de vitesse, griller une priorité ou oublier son clignotant, cela se saurait. La plupart du temps, on pratique ce genre de choses soit par distraction, soit encore parce qu'on est pressé. C'est très mal mais l'alcool n'y est pour rien. Manque de pot pour le routier, une moto arrivait à ce moment là.
En bref, avant même les conclusions de l'enquête, c'est l'alcool qui est jugé responsable. On fait presque l'impasse sur la vitesse peut-être excessive de la moto et sur le demi-tour interdit effectué par le chauffeur. J'ai beau tenter d'être impartial, j'ai du mal à voir la responsabilité de l'alcool dans ce drame car je ne crois pas qu'entre 0,5g/l et 0,8g/l, le comportement d'une personne puisse changer tellement qu'elle prenne beaucoup plus de risques. Pour passer d'un taux à l'autre, rappelons qu'il suffit de boire seulement trois verres de vin au lieu de deux ! Un verre de vin en plus et l'on perdrait tous ses moyens ?
Et puis, chacun le sait les effets de l'alcool sont variables d'un individu à l'autre, selon sa morphologie, son sexe, son habitude de la picole et même le temps qu'il met à ingérer l'alcool. Pour plus de renseignements rendez-vous sur ce site fort bien fait. Dans tous les cas, même si être à 0,8g/l est un délit, je refuse d'admettre que l'on est alcoolique ou sous l'emprise d'un état alcoolique parce que l'on a ce taux fixé arbitrairement. Ou alors, que l'état soit clair et interdise totalement l'alcool au volant parce que c'est un produit psychotrope.
L'alcool, comme la clope, est devenu le bouc émissaire facile. Certes, les produits sont dangereux lorsqu'on en abuse, nous ne le nierons pas. Mais, toujours se cacher derrière ces causes évite aussi bien d'autres interrogations et dans le cas présent, une bonne enquête dument diligentée. L'accidentologie est une discipline un peu plus exigeante que l'effroi moralisateur. Ainsi, dans le fait divers relaté par yahoo, l'enquête n'a rendu aucune conclusion, que l'alcool est déjà pointé du doigt, le routier couvert d'opprobre et les deux policiers (et surtout le conducteur de la moto) totalement blanchis. La profession des deux victimes y est sans doute pour beaucoup.
Ce que j'aurais apprécié, c'est que notre premier ministre, le pétillant François Fillon, ainsi que notre ministre de l'intérieur, la sémillante Michèle Alliot-Marie, ne cèdent pas aux sirènes de l'émotionnel, même s'il est normal que la seconde se rende sur les lieux. Le premier aurait pu se taire car je ne pense pas qu'au niveau qui est le sien, on doive perdre du temps à commenter ce qui n'est après tout qu'un fait divers, aussi triste soit-il. J'ai appris, aujourd'hui dans le Parisien, qu'un jeune motard était décédé hier près de chez moi parce qu'une voiture lui avait refusé la priorité, il ne me semble pas avoir entendu le premier ministre commenter ce drame.
Quant à la seconde, ministre de l'interieur, il suffisait de dire que c'était dramatique et qu'une enquête était en cours avec un juge d'instruction, etc. , etc. Je rappelle à nos heureux élus que le chauffeur routier, quels que soient ses torts, est aussi un individu doté de droits et non un untermensch qu'on déclarerait coupable d'office dès lors que les victimes sont des fonctionnaires de police. Si les routiers peuvent parfois trop lever le coude, rappelons-nous aussi que de jeunes fonctionnaires de police peuvent aussi parfois rouler trop vite en moto ! Le justiciable lambda n'a pas le monopole de la connerie.
Rappelons ainsi que dans certains cas ce sont aussi les policiers qui picolent trop comme l'atteste cette sinistre affaire de roulette russe ayant eu lieu dans un commissariat de Loire Atlantique. Dans ce cas, les policiers se tuent entre eux, me direz-vous. De toute manière, c'est à l'enquête de conclure et de d'attribuer les responsabilités et non à ces deux pitres d'élus, toujours prompts à chasser des voix.
L'article finit par du pathos puisque le secrétaire régional du syndicat policier Alliance explique : "Nous sommes consternés et abattus, j'en ai fait des centaines de collègues blessés par balles ou tués, mais dans ces circonstances, c'est dramatique". On comprendra donc qu'il est plus dramatique pour un policier de mourir dans un accident de la route que tués par des voyous.
Pourquoi pas, après tout, on peut admettre qu'être tué par balles fait partie des risques inhérents au métier de policier. Toutefois, je peux aussi dire qu'être tué sur la route, fait partie des risques inhérents à la moto, nul besoin de faire partie de la police pour être victime d'un chauffard, il suffit d'être motard. Et je trouve que la mort d'un jeune policier en moto n'est pas plus triste que celle d'un électricien ou d'un peintre en bâtiment dans les mêmes circonstances.
Par contre, j'ai intérêt à revoir ma géographie car il me semblait que l'Isère était un département de la région Rhône Alpe et non pas une région d'Irak. Or, j'apprends qu'il y aurait des centaines de policiers blessés ou tués par balle dans la région ?!
Si vous allez en vacances, évitez l'Isère, le coin semble aussi peu sur que le Far West de la grande époque, il parait que les policiers s'y font tuer par centaines !
Et si vous roulez en moto, ne faites jamais confiance à personne, sobre ou ivre ! Un bon motard est toujours un peu parano et s'attend toujours au pire ! Les mauvaises langues (dont je ne suis pas) diront qu'un fonctionnaire à force de bénéficier d'un statut ultra protecteur, se croit autant à l'abri sur la route qu'il l'est dans sa vie. Hélas non, la route en moto, c'est la jungle comme la vie d'un individu ayant un statut privé, pas de syndicat pour se protéger ni de salaire ou d'emploi garanti !
En moto, sois parano et encore plus la nuit ou au petit matin ! On imagine que l'on peut se lâcher parce qu'il n'y aura pas beaucoup de monde mais le problème est que tout le monde pense cela et que finalement tout le monde se lâche.
Contrôlé positif, le conducteur avait 0,8g d'alcool dans le sang alors que la limite est de 0,5g d'alcool par litre de sang. Rappelons qu'avant septembre 1995, la limite était de 0,8g d'alcool par litre de sang. Manifestement fut donc un temps où l'on estimait que le taux d'alcool que ce routier avait dans le sang n'était pas dangereux.
Ce qui est drôle c'est que le Premier ministre François Fillon a fait part dans un communiqué de sa "solidarité" et de sa "sympathie" envers la police, et a tenu à "assurer l'ensemble des forces de sécurité de sa détermination à lutter contre le fléau de l'alcool au volant". Sans rien savoir d'autre, c'est l'alcool qui est immédiatement incriminé. On oublie donc deux données fondamentales.
D'une part la vitesse de la moto, puisque si elle avait roulé à la vitesse prescrite de 50km/h, on peut estimer que le conducteur aurait pu freiner à temps et éviter l'accident mortel. Le choc semble avoir été très violent alors que le camion manœuvrant était forcément à basse vitesse. Nul besoin d'être Einstein pour deviner qui roulait vite pour qu'il y ait eu une telle énergie cinétique.
Pour mémoire, on se souviendra que le permis moto est exigeant et difficile et que le freinage d'urgence est un technique que l'on enseigne à n'importe quel blaireau désireux de le passer. Enfin, à moins de rouler sur une trapanelle russe (Dniepr ou Oural) ou est-allemande (MZ), les motos actuelles sont pourvues de bons freins (au moins un disque) et de bons pneus et s'arrêter lorsque l'on roule à 50km/h n'est pas quelque chose d'exceptionnel.
D'autre part, on fait aussi abstraction de la manœuvre que le chauffeur effectuait à l'instant précis. Comme le précise l'article, le chauffeur reconnait qu'il a fait un demi tour en dépit d'un panneau d'interdiction, car il avait raté la sortie qu'il voulait prendre et il a cherché à faire demi tour au plus près.
Doit-on de ce fait imaginer que s'il avait eu un taux d'alcoolémie juste inférieur à la normale, il n'aurait pas effectué ce demi-tour ? Moi, je gage que non parce que chaque jour, je constate que des tas de gens, qui ne sont pas ivres, pratiquent ce genre de choses. S'il fallait être bourré pour enquiller un sens interdit, dépasser une limitation de vitesse, griller une priorité ou oublier son clignotant, cela se saurait. La plupart du temps, on pratique ce genre de choses soit par distraction, soit encore parce qu'on est pressé. C'est très mal mais l'alcool n'y est pour rien. Manque de pot pour le routier, une moto arrivait à ce moment là.
En bref, avant même les conclusions de l'enquête, c'est l'alcool qui est jugé responsable. On fait presque l'impasse sur la vitesse peut-être excessive de la moto et sur le demi-tour interdit effectué par le chauffeur. J'ai beau tenter d'être impartial, j'ai du mal à voir la responsabilité de l'alcool dans ce drame car je ne crois pas qu'entre 0,5g/l et 0,8g/l, le comportement d'une personne puisse changer tellement qu'elle prenne beaucoup plus de risques. Pour passer d'un taux à l'autre, rappelons qu'il suffit de boire seulement trois verres de vin au lieu de deux ! Un verre de vin en plus et l'on perdrait tous ses moyens ?
Et puis, chacun le sait les effets de l'alcool sont variables d'un individu à l'autre, selon sa morphologie, son sexe, son habitude de la picole et même le temps qu'il met à ingérer l'alcool. Pour plus de renseignements rendez-vous sur ce site fort bien fait. Dans tous les cas, même si être à 0,8g/l est un délit, je refuse d'admettre que l'on est alcoolique ou sous l'emprise d'un état alcoolique parce que l'on a ce taux fixé arbitrairement. Ou alors, que l'état soit clair et interdise totalement l'alcool au volant parce que c'est un produit psychotrope.
L'alcool, comme la clope, est devenu le bouc émissaire facile. Certes, les produits sont dangereux lorsqu'on en abuse, nous ne le nierons pas. Mais, toujours se cacher derrière ces causes évite aussi bien d'autres interrogations et dans le cas présent, une bonne enquête dument diligentée. L'accidentologie est une discipline un peu plus exigeante que l'effroi moralisateur. Ainsi, dans le fait divers relaté par yahoo, l'enquête n'a rendu aucune conclusion, que l'alcool est déjà pointé du doigt, le routier couvert d'opprobre et les deux policiers (et surtout le conducteur de la moto) totalement blanchis. La profession des deux victimes y est sans doute pour beaucoup.
Ce que j'aurais apprécié, c'est que notre premier ministre, le pétillant François Fillon, ainsi que notre ministre de l'intérieur, la sémillante Michèle Alliot-Marie, ne cèdent pas aux sirènes de l'émotionnel, même s'il est normal que la seconde se rende sur les lieux. Le premier aurait pu se taire car je ne pense pas qu'au niveau qui est le sien, on doive perdre du temps à commenter ce qui n'est après tout qu'un fait divers, aussi triste soit-il. J'ai appris, aujourd'hui dans le Parisien, qu'un jeune motard était décédé hier près de chez moi parce qu'une voiture lui avait refusé la priorité, il ne me semble pas avoir entendu le premier ministre commenter ce drame.
Quant à la seconde, ministre de l'interieur, il suffisait de dire que c'était dramatique et qu'une enquête était en cours avec un juge d'instruction, etc. , etc. Je rappelle à nos heureux élus que le chauffeur routier, quels que soient ses torts, est aussi un individu doté de droits et non un untermensch qu'on déclarerait coupable d'office dès lors que les victimes sont des fonctionnaires de police. Si les routiers peuvent parfois trop lever le coude, rappelons-nous aussi que de jeunes fonctionnaires de police peuvent aussi parfois rouler trop vite en moto ! Le justiciable lambda n'a pas le monopole de la connerie.
Rappelons ainsi que dans certains cas ce sont aussi les policiers qui picolent trop comme l'atteste cette sinistre affaire de roulette russe ayant eu lieu dans un commissariat de Loire Atlantique. Dans ce cas, les policiers se tuent entre eux, me direz-vous. De toute manière, c'est à l'enquête de conclure et de d'attribuer les responsabilités et non à ces deux pitres d'élus, toujours prompts à chasser des voix.
L'article finit par du pathos puisque le secrétaire régional du syndicat policier Alliance explique : "Nous sommes consternés et abattus, j'en ai fait des centaines de collègues blessés par balles ou tués, mais dans ces circonstances, c'est dramatique". On comprendra donc qu'il est plus dramatique pour un policier de mourir dans un accident de la route que tués par des voyous.
Pourquoi pas, après tout, on peut admettre qu'être tué par balles fait partie des risques inhérents au métier de policier. Toutefois, je peux aussi dire qu'être tué sur la route, fait partie des risques inhérents à la moto, nul besoin de faire partie de la police pour être victime d'un chauffard, il suffit d'être motard. Et je trouve que la mort d'un jeune policier en moto n'est pas plus triste que celle d'un électricien ou d'un peintre en bâtiment dans les mêmes circonstances.
Par contre, j'ai intérêt à revoir ma géographie car il me semblait que l'Isère était un département de la région Rhône Alpe et non pas une région d'Irak. Or, j'apprends qu'il y aurait des centaines de policiers blessés ou tués par balle dans la région ?!
Si vous allez en vacances, évitez l'Isère, le coin semble aussi peu sur que le Far West de la grande époque, il parait que les policiers s'y font tuer par centaines !
Et si vous roulez en moto, ne faites jamais confiance à personne, sobre ou ivre ! Un bon motard est toujours un peu parano et s'attend toujours au pire ! Les mauvaises langues (dont je ne suis pas) diront qu'un fonctionnaire à force de bénéficier d'un statut ultra protecteur, se croit autant à l'abri sur la route qu'il l'est dans sa vie. Hélas non, la route en moto, c'est la jungle comme la vie d'un individu ayant un statut privé, pas de syndicat pour se protéger ni de salaire ou d'emploi garanti !
En moto, sois parano et encore plus la nuit ou au petit matin ! On imagine que l'on peut se lâcher parce qu'il n'y aura pas beaucoup de monde mais le problème est que tout le monde pense cela et que finalement tout le monde se lâche.
1 Comments:
(Ceci est une correction orthographique du propos ci-dessus et aucunement une insulte)
Untermensch
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