J-6 !
Aaah, dans sept jours exactement, l'avion nous déposera à l'aéroport Mc Carran de Vegas. C'est pour cela, que j'ai besoin d'être en excellente santé.
Parce que dès le premier soir, ce sera bombance. Je prends ma caisse et je file dans un Denny's pour baffrer un énorme cheese-burger accompagné d'une bassine de Coca et je finirai peut-être par un milk-shake de deux litres parce qu'ils en font de très bons avec des oreo qui surnagent dedans ! Amérique, prépare-toi à la venue d'un gourmet ! En plus, le Denny's dans lequel je compte aller a la même bande son depuis sept ans, des vieux tubes de motown !
Ceci dit, le plus difficile n'est pas tant d'assumer mes préférences alimentaires, que mon plaisir chaque fois renouvelé de retourner à Las Vegas. Pour la nourriture, j'en fais mon affaire. Aux esprits chagrins qui me reprochent sans cesse de préférer une côte de boeuf frites à un étoilé du Michelin, je réponds régulièrement que je détestais déjà ce genre de restaurants lorsque adolescent mes parents m'y trainaient croyant me faire plaisir et m'éduquer le palais.
Les serveurs obséquieux, les plats curieux, et souvent de mauvais goût, servis en portion microscopiques et l'arrogance des cuisiniers se prenant pour des artistes m'horrifiaient déjà. L'étoilé du Michelin reste pour moi la transposition des errements de l'art contemporain à la cuisine. Il faut vraiment être fou pour ne pas apprécier un bon cheese-burger que l'on déguste vautré dans une banquette de moleskine en contemplant par la fenêtre une rangée de pick-ups heavy duty garés sur le parking ! Le capricorne est un être frustre !
Pour Las Vegas, c'est un autre problème. Je crois que si j'allais à New-York, Kuala-Lumpur, Marrakech, où dieu sait où, je n'aurais pas à me justifier. Les gens, même s'ils ne savent pas pourquoi, estimeraient que j'ai de bonnes raisons de m'y rendre. Voire aucune raison et n'en chercheraient donc pas. En revanche, chaque fois que je dis que je vais à Sin City, la première question que l'on me pose est de savoir si je suis joueur. Non, je ne suis pas joueur du tout ! Si je l'avais été j'aurais choisi une autre profession.
J'ai du faire trois lotos dans ma vie et encore, il s'agissait de tirages flash parce que remplir des petites cases m'apparait déjà ennuyeux. Alors, imaginez combien le poker peut me sembler pénible ! Une année, tandis que mon épouse gagnait sur une machine à sous, j'ai appuyé sur le bouton pour qu'elle se fasse payer ses gains. Elle était furieuse, tandis que moi, sérieux comme je sais l'être, je lui ai dit que c'était plus sage et que cela nous paierait le restaurant !
Mais, les gens ont bien d'autres raisons de trouver étrange l'idée d'aller passer quelques jours à Las Vegas. Ainsi, la mère de Laurence trouve bizarre qu'on parte en vacances loin de la mer. Courtois comme je suis, j'aurais pu répondre que Paris n'est pas non plus réputé pour son bord de mer, et que pourtant près de trente millions de touristes s'y rendent chaque année. Mais, je me suis abstenu.
En fait, je crois que c'est parce que malgré tous ses effort, Las Vegas traine derrière elle sa réputation sulfureuse. Je pense qu'au fond, la mère de Laurence se demandait surtout ce que sa fille allait faire dans une ville dédiée au jeu et à la prostitution. Dans son idée, la ville n'avait pas varié depuis l'avant-guerre. Elle imaginait qu'il s'agissait d'une succession de bars louches, avec devant les tapineuses attentant le client tandis que dans les arrière-salles enfumées, des joueurs patibulaires se livraient à des parties de poker acharnées. Ce doit être le fait de vivre dans l'est qui fait qu'elle imagine que Las Vegas ressemble à une ville de garnison avec une succession de bars à putes, d'échoppe de tatoueurs et de boutiques de vins et spiritueux le long des rues ! Désolé, mais Las Vegas n'a rien à voir avec Mourmelon.
Et puis, il y a aussi les abrutis, plutôt classiques, qui ne comprennent pas pourquoi on se tape autant d'heures d'avion pour si peu de choses. Ainsi, tout à l'heure, dans mon rade favori, un type me disait qu'il ne comprenait pas qu'on puisse aller admirer le grand canyon alors que chez nous, on a les gorges du Verdon. Il a poursuivi en disant, que ce n'était même pas la peine de partir si loin pour aller faire du surf vu qu'un des meilleurs spots du monde était à Hossegor au pays basque. Certes j'aurais pu expliquer à ce crétin, que Las Vegas, ville située en plein milieu du désert, n'était pas la destination la plus prisée des surfers. Mais je n'ai rien dit parce que je crois que cela m'a un peu flatté qu'il imagine que j'étais un surfer !
Quant aux casinos, on m'a aussi explique qu'il n'était pas nécessaire de faire un si long voyage puisqu'il suffisait d'aller à Enghien ! Drôle d'idée de comparer les trois-cent-cinquante machines à sous de ce casino francilien aux milliers de n'importe quel géant de Vegas dont les salles de jeux font parfois plus d'un hectare et demie ! Et puis, il suffit de se rendre sur le site du casino d'Enghien et au hasard sur celui du Flamingo pour voir qu'ils ne jouent pas dans la même cour.
Remarquez, en cherchant le site du Flamingo de Las Vegas, je viens de constater que le Groupe Tranchant avait ouvert un Flamingo en Camargue ! L'adresse, route de l'espiguette, est déjà un vrai gag mais c'est encore plus drôle de voir que ce groupe vous annonce qu'on "vous accueille dans un cadre hors du commun de 5700 m² !". Ouh la la, que c'est grand il y a de quoi se perdre ! Quant aux animations, que du bon et du meilleur, puisque le 16 mai 2007, c'était carrément Jean-Luc Lahaye qui était à l'affiche ! Le "Flamingo, route de l'espiguette", ça fleure bon la contrefaçon française, un peu comme à l'époque, lorsque les Simca Chambord tentaient de ressembler maladroitement à des Chevrolets Bel-Air en arborant de timides ailerons et surtout des dimensions ridicules.
Enfin, dernières remarques, celles faites par les intellos bon teint, m'expliquant que c'est une destination dramatique car la culture y est absente. Justement, venant d'un pays où j'entends le mot "culture" à chaque minutes, je trouve que cela fait du bien de se retrouver dans un endroit sans musées ni exposition. Dans les faits, ce n'est d'ailleurs pas vrai puisque bien des casinos proposent des expositions variées. Il se trouve simplement que je n'irai pas.
Alors pourquoi partir à Las Vegas ? Sans doute, parce que ça bouge tout le temps, que ça vit, que tout y est ouvert h24 et j7, que d'une année sur l'autre, on s'aperçoit que tel géant a été détruit pour être remplacé par un autre. Pour se mettre du bruit plein les oreilles, des néons plein les yeux, pour la chaleur accablante du désert qui vous cuit à partir de neuf heures du matin, pour les limousines délirantes, parce qu'un hôtel familial a plus de cinq cents chambres, pour marcher sur le strip et voir la tour Eiffel, mais aussi pour des tas d'autres raisons.
Et parce qu'à Las Vegas, même si on sait que tout n'est que de l'arnaque, on passe une semaine en pensant sincèrement que la vie est facile et belle et que c'est agréable d'y croire.
Parce que dès le premier soir, ce sera bombance. Je prends ma caisse et je file dans un Denny's pour baffrer un énorme cheese-burger accompagné d'une bassine de Coca et je finirai peut-être par un milk-shake de deux litres parce qu'ils en font de très bons avec des oreo qui surnagent dedans ! Amérique, prépare-toi à la venue d'un gourmet ! En plus, le Denny's dans lequel je compte aller a la même bande son depuis sept ans, des vieux tubes de motown !
Ceci dit, le plus difficile n'est pas tant d'assumer mes préférences alimentaires, que mon plaisir chaque fois renouvelé de retourner à Las Vegas. Pour la nourriture, j'en fais mon affaire. Aux esprits chagrins qui me reprochent sans cesse de préférer une côte de boeuf frites à un étoilé du Michelin, je réponds régulièrement que je détestais déjà ce genre de restaurants lorsque adolescent mes parents m'y trainaient croyant me faire plaisir et m'éduquer le palais.
Les serveurs obséquieux, les plats curieux, et souvent de mauvais goût, servis en portion microscopiques et l'arrogance des cuisiniers se prenant pour des artistes m'horrifiaient déjà. L'étoilé du Michelin reste pour moi la transposition des errements de l'art contemporain à la cuisine. Il faut vraiment être fou pour ne pas apprécier un bon cheese-burger que l'on déguste vautré dans une banquette de moleskine en contemplant par la fenêtre une rangée de pick-ups heavy duty garés sur le parking ! Le capricorne est un être frustre !
Pour Las Vegas, c'est un autre problème. Je crois que si j'allais à New-York, Kuala-Lumpur, Marrakech, où dieu sait où, je n'aurais pas à me justifier. Les gens, même s'ils ne savent pas pourquoi, estimeraient que j'ai de bonnes raisons de m'y rendre. Voire aucune raison et n'en chercheraient donc pas. En revanche, chaque fois que je dis que je vais à Sin City, la première question que l'on me pose est de savoir si je suis joueur. Non, je ne suis pas joueur du tout ! Si je l'avais été j'aurais choisi une autre profession.
J'ai du faire trois lotos dans ma vie et encore, il s'agissait de tirages flash parce que remplir des petites cases m'apparait déjà ennuyeux. Alors, imaginez combien le poker peut me sembler pénible ! Une année, tandis que mon épouse gagnait sur une machine à sous, j'ai appuyé sur le bouton pour qu'elle se fasse payer ses gains. Elle était furieuse, tandis que moi, sérieux comme je sais l'être, je lui ai dit que c'était plus sage et que cela nous paierait le restaurant !
Mais, les gens ont bien d'autres raisons de trouver étrange l'idée d'aller passer quelques jours à Las Vegas. Ainsi, la mère de Laurence trouve bizarre qu'on parte en vacances loin de la mer. Courtois comme je suis, j'aurais pu répondre que Paris n'est pas non plus réputé pour son bord de mer, et que pourtant près de trente millions de touristes s'y rendent chaque année. Mais, je me suis abstenu.
En fait, je crois que c'est parce que malgré tous ses effort, Las Vegas traine derrière elle sa réputation sulfureuse. Je pense qu'au fond, la mère de Laurence se demandait surtout ce que sa fille allait faire dans une ville dédiée au jeu et à la prostitution. Dans son idée, la ville n'avait pas varié depuis l'avant-guerre. Elle imaginait qu'il s'agissait d'une succession de bars louches, avec devant les tapineuses attentant le client tandis que dans les arrière-salles enfumées, des joueurs patibulaires se livraient à des parties de poker acharnées. Ce doit être le fait de vivre dans l'est qui fait qu'elle imagine que Las Vegas ressemble à une ville de garnison avec une succession de bars à putes, d'échoppe de tatoueurs et de boutiques de vins et spiritueux le long des rues ! Désolé, mais Las Vegas n'a rien à voir avec Mourmelon.
Et puis, il y a aussi les abrutis, plutôt classiques, qui ne comprennent pas pourquoi on se tape autant d'heures d'avion pour si peu de choses. Ainsi, tout à l'heure, dans mon rade favori, un type me disait qu'il ne comprenait pas qu'on puisse aller admirer le grand canyon alors que chez nous, on a les gorges du Verdon. Il a poursuivi en disant, que ce n'était même pas la peine de partir si loin pour aller faire du surf vu qu'un des meilleurs spots du monde était à Hossegor au pays basque. Certes j'aurais pu expliquer à ce crétin, que Las Vegas, ville située en plein milieu du désert, n'était pas la destination la plus prisée des surfers. Mais je n'ai rien dit parce que je crois que cela m'a un peu flatté qu'il imagine que j'étais un surfer !
Quant aux casinos, on m'a aussi explique qu'il n'était pas nécessaire de faire un si long voyage puisqu'il suffisait d'aller à Enghien ! Drôle d'idée de comparer les trois-cent-cinquante machines à sous de ce casino francilien aux milliers de n'importe quel géant de Vegas dont les salles de jeux font parfois plus d'un hectare et demie ! Et puis, il suffit de se rendre sur le site du casino d'Enghien et au hasard sur celui du Flamingo pour voir qu'ils ne jouent pas dans la même cour.
Remarquez, en cherchant le site du Flamingo de Las Vegas, je viens de constater que le Groupe Tranchant avait ouvert un Flamingo en Camargue ! L'adresse, route de l'espiguette, est déjà un vrai gag mais c'est encore plus drôle de voir que ce groupe vous annonce qu'on "vous accueille dans un cadre hors du commun de 5700 m² !". Ouh la la, que c'est grand il y a de quoi se perdre ! Quant aux animations, que du bon et du meilleur, puisque le 16 mai 2007, c'était carrément Jean-Luc Lahaye qui était à l'affiche ! Le "Flamingo, route de l'espiguette", ça fleure bon la contrefaçon française, un peu comme à l'époque, lorsque les Simca Chambord tentaient de ressembler maladroitement à des Chevrolets Bel-Air en arborant de timides ailerons et surtout des dimensions ridicules.
Enfin, dernières remarques, celles faites par les intellos bon teint, m'expliquant que c'est une destination dramatique car la culture y est absente. Justement, venant d'un pays où j'entends le mot "culture" à chaque minutes, je trouve que cela fait du bien de se retrouver dans un endroit sans musées ni exposition. Dans les faits, ce n'est d'ailleurs pas vrai puisque bien des casinos proposent des expositions variées. Il se trouve simplement que je n'irai pas.
Alors pourquoi partir à Las Vegas ? Sans doute, parce que ça bouge tout le temps, que ça vit, que tout y est ouvert h24 et j7, que d'une année sur l'autre, on s'aperçoit que tel géant a été détruit pour être remplacé par un autre. Pour se mettre du bruit plein les oreilles, des néons plein les yeux, pour la chaleur accablante du désert qui vous cuit à partir de neuf heures du matin, pour les limousines délirantes, parce qu'un hôtel familial a plus de cinq cents chambres, pour marcher sur le strip et voir la tour Eiffel, mais aussi pour des tas d'autres raisons.
Et parce qu'à Las Vegas, même si on sait que tout n'est que de l'arnaque, on passe une semaine en pensant sincèrement que la vie est facile et belle et que c'est agréable d'y croire.
2 Comments:
Pff, quand je pense qu'au lieu d'aller papillonner autour d'un phare du mercantilisme ultralibéral, tu pourrais découvrir des civilisations vraies et entrer en communion avec Gaïa en faisant un trekking dans l'Atlas, par exemple...
Oui, c'est vrai,j'aurais pu ! Mais bon, ce sera pour une prochaine fois ! En plus, je passerai par une agence de voyages équitable pour payer mon séjour dix fois plus cher !
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