22 mai, 2008

Avenir meilleur !





Selon les données publiées, mardi 29 janvier, par l'Insee, le moral des ménages s'est fortement dégradé en janvier en France, laissant craindre une poursuite du ralentissement de la consommation en début d'année.

L'indicateur résumé de l'opinion des ménages en données corrigées des variations saisonnières a chuté à -34. Il est au plus bas depuis que l'Insee a commencé la série en janvier 1987.La dernière fois que je suis passé par New-York, j'ai visité Ellis Island, l'île par laquelle passaient tous les immigrants. Le musée fort bien fait ne sombre pas dans le pathos et ne fait que montrer comment, de tous les endroits du monde, des individus fuyaient la misère pour se construire un avenir meilleur.


Ce matin, je croise le fils de mon voisin d'en face, docteur en pharmacie et diplômé en biochimie. Je papote avec lui. Il travaille à Londres et est ravi. Comme il me l'expliquera, bien sûr à Londres, il pleut un peu plus et il y a des anglais, mais la vie lui semble simple. Il m'explique qu'il va sans doute faire sa vie là-bas, qu'il est content de rentrer voir ses parents mais que son retour en France lui pèse déjà.

Un autre voisin se joint à notre discussion et nous explique qu'il tente de convaincre son fils unique de quitter la France pour aller tenter sa chance ailleurs. Lui, imagine que les Etats-Unis seraient une bonne destination. Il est prêt à financer son départ.

Vers onze heures, entre deux rendez-vous, je me prends une petite pause pour boire un café en bas de mon cabinet. J'y rencontre un voisin très sympa, ancien chef d'entreprise. On parle de la situation, et notamment de la grève de jeudi et de la situation de marins pêcheurs. Ce voisin, âgé de près de quatre-vingt ans m'explique qu'il aime son pays mais qu'il croit que tout est foutu. Il a des sanglots dans la voix. Il me dit qu'il a raté le coche et que s'il avait trente ans, il aurait émigré. On se quitte cinq minutes après. Je le laisse à ses rêves déçus.

Il est près de treize heures trente lorsque j'arrive dans un restaurant où m'attend un vieux confrère. Il vient juste de fêter ses soixante-dix neuf ans. C'est un psychiatre, un ancien chef de clinique et chercheur. Il est retraité mais continue une activité de psychanalyste. C'est un homme adorable, cultivé et amusant. Il me demande si mes vacances se sont bien passées. Je lui raconte un peu. Et il se met à me parler de son expérience américaine. Au début des années soixante-dix, il a passé près de quatre ans à Stanford. Il m'explique sa vie passée et me dit combien ce fut dur de rentrer. Il poursuit en me disant que régulèrement il en rêve encore. Il me dit qu'à l'époque, on lui a proposé de rester là-bas et qu'il n'a pas voulu parce qu'il avait encore de la famille ici. Il conclut en me disant que c'est une erreur qu'il aura payé toute sa vie.

Je rentre pour faire face à mes rendez-vous. J'écoute les gens et leurs difficultés. A un moment donné, une jeune patiente diplômée d'une sup-de-co d'un excellent niveau m'explique les difficultés professionnelles qu'elle rencontre. Je la rassure et ça marche. J'aurais bien aimé lui dire de ne pas rester ici, parce qu'elle va se sacrifier pour rien. Mais je me tais parce que je n'ai pas à décider pour elle. Mon métier, c'est de l'aider à s'autonomiser pas de choisir pour elle.

C'est au tour d'un patient d'origine sud-américaine d'être reçu. Il a monté son entreprise de bâtiment. C'est un type courageux. Je ne l'ai pas vu depuis que je suis rentré des USA. On papote un peu. Il est allé une fois en Californie. Et comme je le connais bien, il m'explique que si la France l'a bien accueilli, lui son rêve, c'était l'Amérique du Nord. Il m'explique qu'il est venu en France parce que c'était plus simple mais qu'il ne désespère pas et qu'il joue régulièrement pour avoir sa carte verte.

Voici un siècle des gens sans instruction fuyaient la misère dans l'espoir d'une vie meilleure. Aujourd'hui des gens instruits rêvent d'un ailleurs pour fuir notre paradis socialiste. Notre pays semble devenu pathogène et générer des états dépressifs. Non parce qu'il est particulièrement difficile d'y vivre, mais simplement parce que les gens capables sentent qu'il est devenu impossible d'y réussir sereinement et ressentent confusément que la fin est proche.

5 Comments:

Blogger monoi said...

L'herbe est toujours plus verte...

Il n'y a eu guere que 2 millions d'Anglais qui sont partis d'ici depuis 10 ans et l'arrivee de Blair. Les impots ont augmente de partout, et on a les memes choses du style interdiction de fumer. En ce moment, il y a une campagne contre l'alcool par le gouvernement qui coincide bizarrement avec alcohol week sur la BBC (un bel outil de propagande ca). Les interdictions ne sont pas loin derriere, supprimer les happy hours est mentionne depuis longtemps. Et la livre a perdue 15% depuis 6 mois...

Le seul truc qui marche effectivement, c'est qu'on trouve generalement un job plus facilement (de toute facon, on a pas le choix avec ce qu'on touche pour le chomage...) mais on commence par exemple a critiquer les bonus des banquiers...

Bref, le paradis socialiste est en route.

Le seul espoir, c'est que le labour s'est pris une taule enorme le 1er mai, et qu'il semble que parler de baisses d'impots est revenu a la mode. Les gens ont ouvert les yeux, aussi stupides soient ils, et il semble qu'ils realisent qu'a part depenser leur fric pour peu de resultats, les politiciens ne servent pas a grand chose.

Mais comme en France, la difference entre gauche et droite est a la marge, car ce sont des etatistes qui nous veulent du bien de chaque cote.

C'est assez deprimant.

Mais bon, je pars pour Albuquerque demain !!

22/5/08 9:24 AM  
Blogger philippe psy said...

Plutôt mourir que de vivre en GB. C'est plein d'anglois !

Pour le reste, oui je sais qu'ailleurs l'herbe est toujours plus verte. Je constate simplement que des gens qui n'ont aucune raison d'émigrer y pensent souvent.

22/5/08 12:49 PM  
Blogger Alexis said...

L'herbe est plus verte en angleterre, pas uniquement parce qu'il y pleut souvent. Pour ma part, je me suis remis à étudier dans la perspective de fuire le paradis socialiste européen. Deux de mes trois frères l'ont déjà fait, et six de mes cousins !

22/5/08 2:19 PM  
Blogger monoi said...

Je suis d'accord qu'il y a un phenomene de rejet, de malaise ambiant, et les raisons ne sont pas difficiles a trouver.

Ce qui est navrant (pour moi, vu que ma femme est Allemande), c'est qu'on a tres peu cette impression avec les Allemands.

C'est bien vu la bas de passer la journee a boire de la biere (fort bonne d'ailleurs) en refaisant le monde.

22/5/08 5:18 PM  
Blogger Aquinus said...

Voici les raisons: absence totale de Dieu et de religion dans les vies des gens, sentiment que la société et la vie en général n'ont aucun sens, constat que la France est colonisée par d'autres peuples, constat que pour éviter son islamisation il faudra se battre comme à Beyrouth, constat que l'Etat est déjà en faillite, constat que les pouvoirs sont gentils avec les riches et les racailles, terribles avec les gens honnêtes, constat que les libertés individuelles foutent le camp, constat chez ceux de la génération 40-60 ans qu'ils pouvaient changer les choses et élire des gens courageux mais qu'ils ont pour la plupart préfér hurler avec les loups. Constat que pas seulement ce pays, mais toute une civilisation sont à l'agonie et que des traîtres/collabos ne pensent qu'à nous vendre à d'autres puissances aux moeurs et us bien différentes.

Moralité: rester ici, élever des familles nombreuses, affronter la violence et la pauvreté qui arrivent et se battre. Plutôt que fuir. La vie a bien plus de sens maintenant que 20 ou 30 ans plus tôt, là au moins on va bientôt entrer dans le concret.

Bon courage à tous et malheur aux fuyards.

23/5/08 1:58 PM  

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