Réacosphère ?
J'ai appris via Ilys et Le grand Charles qu'un journaliste de Libération s'était penché sur le phénomène de la réacosphère. J'ai aussitôt lu l'article en ligne. Je n'ignorais évidemment pas que tout un tas de personnes payées par les subsides publics avaient pour mission d'étudier ce genre de sujet.
Ce qui m'étonnera toujours, c'est l'indicible pauvreté des thèses de ces gens là. On peut faire de la sociologie ou de la psychosociologie, cela ne m'ennuie pas. Ce qui m'ennuie, c'est que les fonds publics servent non seulement à enfoncer des portes ouvertes mais en plus à établir des conclusions mal ficelées et outrées. Ainsi, un "spécialiste des mouvements réactionnaires" explique que :
«Ils s’inscrivent en réaction à un mouvement de changement. Ils estiment qu’avant toutes les évolutions, c’était mieux. Tout était parfait. Les réactionnaires se réfèrent souvent à un âge d’or qui serait juste avant la Révolution française. Ils remettent en cause la modernisation, jouent une certaine victimisation et cherchent à obliger les pouvoirs publics à réagir. C’est efficace dans une démocratie d’opinion.»
Que de mots pour ne rien dire ? D'une part, les réactionnaires ne sont ni tous royalistes ni contre le progrès. D'autre part, il me semble que quel que soit le groupe, réactionnaire ou non, il est logique lorsque l'on s'estime victime de quelque chose, d'alerter les pouvoirs publics. Les défenseurs du Tibet ont fait de même récemment avec des arguments autrement plus frappants. Et l'on pourrait même estimer qu'ils sont contre le progrès et la modernisation puisque voulant rétablir l'indépendance d'un pays avant son annexion.
Non, franchement ces mots sont vides de sens mais surtout dénués de toute sensibilité. J'ai le souvenir d'avoir été enthousiasmé lorsque très jeune, j'avais lu le Que-sais-je ? intitulé "Les anarchistes de droite". L'auteur, François Richard, possédait bien son sujet et évitait les amalgames grossiers. Dès les premières pages, on comprenait qu'à défaut de trouver des "marqueurs fiables" pour expliciter une nébuleuse aussi complexe, la sensibilité de ce docteur en lettres lui permettait de comprendre les mille et unes petites variations infimes faisant de cette tendance politique un ensemble cohérent dans lequel il y avait pourtant autant de points de ralliement que de sujets de discordes.
Mais François Richard avait surtout compris, qu'il s'agissait avant tout, non pas pour ces anars de droite, d'afficher un moi exacerbé, que de ne jamais abdiquer leur jugement propre. Peut-être est-ce justement cette volonté farouche de ne jamais abdiquer ses capacités de jugement, de toujours vouloir passer les événements à la lueur de son moi (expérience, jugement propre, etc.), sans admettre sans débat tout ce que ce monde veut nous vendre, qui fait la spécificité de la réacosphère. Entre François Richard et ce Florent Lebot, que l'article cite, semble exister le même fossé qui sépare un clinicien de génie tel que Quentin Debray, dont les textes sont une merveille d'érudition et de nuances, et un étudiant moyen de DESS de psychologie clinique.
Quant à la conclusion du journaliste qui explique que :
"Les thèmes de prédilection de la réacosphère ? La lutte contre l’avortement, l’euthanasie, la «cathophobie», la défense de la doctrine saine de l’Eglise."
Je crois qu'il se trompe aussi parce qu'il ne fait qu'écrémer grossièrement ce phénomène. Ce qu'il ramène à la surface, ce sont ces "gros morceaux", qu'il se hâte de citer sans tenter d'en faire une analyse. Pour ma part, je pense que les thèmes de prédilection de la réacopshère, c'est de replacer l'humain au centre des choses en évitant d'adopter forcément un point de vue parce qu'il semble être celui partagé par une énorme majorité ou bien un point de vue qu'on voudrait faire croire majoritaire. Et le premier humain, il me semble que c'est justement le blogueur, l'auteur du texte, qui doit être autre chose qu'un simple caisse de résonance à idée reçue ou un agrégateur à informations prédigérées.
L'avortement, l'euthanasie, pour ne citer que ceux-là, quoiqu'on en dise, quelles que soient ses idées à ce propos, fussent-elles libérales, sont des sujets bien trop important dans le sens où ils engagent l'avenir de l'humanité et la valeur qu'on accorde à la vie humaine, pour qu'on se contente de les comparer à de simples progrès techniques ou à des facilités. Avorter, même si c'est un droit en France, sans aucune émotion, comme on irait acheter sa baguette de pain, n'est à mon sens pas un progrès humain ni une issue souhaitable. Donner la mort par euthanasie, fut-ce à un individu qui souffre atrocement, ne doit pas être assimilé à un simple geste technique parce qu'on n'abrège pas la vie comme on éteint une ampoule électrique.
Banaliser ces actes jusqu'à en faire des actes de la vie courante correspondrait à promouvoir des états pathologiques et à un recul de l'humanité. Lorsqu'elle était encore prononcée, la peine de mort s'entourait d'un décorum, d'un rituel et d'une pompe signifiant bien que l'acte n'était pas anodin. La vie et la mort ne sont pas des sujets banaux dont le traitement cognitif doivent être améliorés.
Ce n'est pas être réactionnaire que de penser que la vie humaine a un côté sacré, quel que soit ce que l'on rattache à la notion de "sacré". Ces pseudo-notions de progrès, on nous les a déjà servies dans les années trente. Le célèbre mathématicien Galton, s'est déjà fourvoyé dans cette issue donnant naissance à ce que l'on appelle l'eugénisme.
Il y aura toujours des choses pour lesquelles les sciences exactes resteront inopérantes parce que le sens de la vie est unique. Mais, peut-être qu'être réactionnaire, c'est parfois aussi se souvenir de cela à certains moments de l'existence et ne jamais prendre pour argent comptant toutes les prétendues avancées que l'on nous vend.
Ce n'était pas forcément mieux avant, j'en suis persuadé, mais ce n'est pas pour autant que c'est forcément mieux maintenant.
Ce qui m'étonnera toujours, c'est l'indicible pauvreté des thèses de ces gens là. On peut faire de la sociologie ou de la psychosociologie, cela ne m'ennuie pas. Ce qui m'ennuie, c'est que les fonds publics servent non seulement à enfoncer des portes ouvertes mais en plus à établir des conclusions mal ficelées et outrées. Ainsi, un "spécialiste des mouvements réactionnaires" explique que :
«Ils s’inscrivent en réaction à un mouvement de changement. Ils estiment qu’avant toutes les évolutions, c’était mieux. Tout était parfait. Les réactionnaires se réfèrent souvent à un âge d’or qui serait juste avant la Révolution française. Ils remettent en cause la modernisation, jouent une certaine victimisation et cherchent à obliger les pouvoirs publics à réagir. C’est efficace dans une démocratie d’opinion.»
Que de mots pour ne rien dire ? D'une part, les réactionnaires ne sont ni tous royalistes ni contre le progrès. D'autre part, il me semble que quel que soit le groupe, réactionnaire ou non, il est logique lorsque l'on s'estime victime de quelque chose, d'alerter les pouvoirs publics. Les défenseurs du Tibet ont fait de même récemment avec des arguments autrement plus frappants. Et l'on pourrait même estimer qu'ils sont contre le progrès et la modernisation puisque voulant rétablir l'indépendance d'un pays avant son annexion.
Non, franchement ces mots sont vides de sens mais surtout dénués de toute sensibilité. J'ai le souvenir d'avoir été enthousiasmé lorsque très jeune, j'avais lu le Que-sais-je ? intitulé "Les anarchistes de droite". L'auteur, François Richard, possédait bien son sujet et évitait les amalgames grossiers. Dès les premières pages, on comprenait qu'à défaut de trouver des "marqueurs fiables" pour expliciter une nébuleuse aussi complexe, la sensibilité de ce docteur en lettres lui permettait de comprendre les mille et unes petites variations infimes faisant de cette tendance politique un ensemble cohérent dans lequel il y avait pourtant autant de points de ralliement que de sujets de discordes.
Mais François Richard avait surtout compris, qu'il s'agissait avant tout, non pas pour ces anars de droite, d'afficher un moi exacerbé, que de ne jamais abdiquer leur jugement propre. Peut-être est-ce justement cette volonté farouche de ne jamais abdiquer ses capacités de jugement, de toujours vouloir passer les événements à la lueur de son moi (expérience, jugement propre, etc.), sans admettre sans débat tout ce que ce monde veut nous vendre, qui fait la spécificité de la réacosphère. Entre François Richard et ce Florent Lebot, que l'article cite, semble exister le même fossé qui sépare un clinicien de génie tel que Quentin Debray, dont les textes sont une merveille d'érudition et de nuances, et un étudiant moyen de DESS de psychologie clinique.
Quant à la conclusion du journaliste qui explique que :
"Les thèmes de prédilection de la réacosphère ? La lutte contre l’avortement, l’euthanasie, la «cathophobie», la défense de la doctrine saine de l’Eglise."
Je crois qu'il se trompe aussi parce qu'il ne fait qu'écrémer grossièrement ce phénomène. Ce qu'il ramène à la surface, ce sont ces "gros morceaux", qu'il se hâte de citer sans tenter d'en faire une analyse. Pour ma part, je pense que les thèmes de prédilection de la réacopshère, c'est de replacer l'humain au centre des choses en évitant d'adopter forcément un point de vue parce qu'il semble être celui partagé par une énorme majorité ou bien un point de vue qu'on voudrait faire croire majoritaire. Et le premier humain, il me semble que c'est justement le blogueur, l'auteur du texte, qui doit être autre chose qu'un simple caisse de résonance à idée reçue ou un agrégateur à informations prédigérées.
L'avortement, l'euthanasie, pour ne citer que ceux-là, quoiqu'on en dise, quelles que soient ses idées à ce propos, fussent-elles libérales, sont des sujets bien trop important dans le sens où ils engagent l'avenir de l'humanité et la valeur qu'on accorde à la vie humaine, pour qu'on se contente de les comparer à de simples progrès techniques ou à des facilités. Avorter, même si c'est un droit en France, sans aucune émotion, comme on irait acheter sa baguette de pain, n'est à mon sens pas un progrès humain ni une issue souhaitable. Donner la mort par euthanasie, fut-ce à un individu qui souffre atrocement, ne doit pas être assimilé à un simple geste technique parce qu'on n'abrège pas la vie comme on éteint une ampoule électrique.
Banaliser ces actes jusqu'à en faire des actes de la vie courante correspondrait à promouvoir des états pathologiques et à un recul de l'humanité. Lorsqu'elle était encore prononcée, la peine de mort s'entourait d'un décorum, d'un rituel et d'une pompe signifiant bien que l'acte n'était pas anodin. La vie et la mort ne sont pas des sujets banaux dont le traitement cognitif doivent être améliorés.
Ce n'est pas être réactionnaire que de penser que la vie humaine a un côté sacré, quel que soit ce que l'on rattache à la notion de "sacré". Ces pseudo-notions de progrès, on nous les a déjà servies dans les années trente. Le célèbre mathématicien Galton, s'est déjà fourvoyé dans cette issue donnant naissance à ce que l'on appelle l'eugénisme.
Il y aura toujours des choses pour lesquelles les sciences exactes resteront inopérantes parce que le sens de la vie est unique. Mais, peut-être qu'être réactionnaire, c'est parfois aussi se souvenir de cela à certains moments de l'existence et ne jamais prendre pour argent comptant toutes les prétendues avancées que l'on nous vend.
Ce n'était pas forcément mieux avant, j'en suis persuadé, mais ce n'est pas pour autant que c'est forcément mieux maintenant.
2 Comments:
Soit vous n'avez jamais lu les "réactionnaires" cités par Libération, soit vous les lisez trop... Dans les deux cas, c'est drôlement léger pour un "psychothérapeute".
A moins qu'il soit ici moins question d'expliquer ce qu'est la "réacosphère" que d'en faire la promotion, n'est-ce pas ?
http://consanguin.blogspot.com
Putain vous êtes drôlement réactifs vous ! Un article datant d'un an !!!
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