29 avril, 2008

J'ai été un très gros vilain !


Le problème quand vous communiquez votre blog à des gens que vous connaissez, c'est qu'ils peuvent un jour s'y retrouver. Maintenant, je fais super gaffe alors qu'avant, je me contentais de changer les prénoms. Ainsi Laurent devenait Marcel. Maintenant je ferai super gaffe. Laurent non seulement deviendra Marcel mais je rajouterai un truc du genre "mon copain roux barbu" pour que je sois sur qu'il ne se reconnaisse pas ! Malin non ? Bien sur je dis Laurent comme j'aurais pu dire euh ben Laurent puisque c'est le seul qui se soit reconnu un jour. Mais c'est un malin lui ! Il est pas haut, il fait pas de bruit mais il est rusé comme un renard !

Par contre, Olivier, quand je parle de lui en disant "Olive, mon ami qui a réussi et roule en Touareg W12", ne s'est pas encore reconnu. Parfois, il me dit même "qu'il est con ton pote Olive dont tu parles !". Et moi, je ne dis rien. Je sais que c'est machiavélique ! Mais bon, c'est pour pouvoir continuer d'écrire ici en gardant mes amis que je me dois d'être aussi rusé ! C'est des ruses d'auteurs voire de journalistes que je vous livre ici ! Mais chuuut !

Mais bon, un autre s'est aussi reconnu. Alors, que je vous raconte. Dans l’après-midi, mon épouse me téléphone et m'explique que L. vient de l'appeler en expliquant qu'il a été extrêmement choqué en lisant un de mes messages sur le blog. Il s'agit d'un message intitulé « Diner de cons » daté du 10 octobre 2006.


Ayant une excellente mémoire, je me souviens parfaitement du message qui date des débuts du blog. Je crois même qu’il doit figurer dans les quinze premiers tout au plus. Je réponds donc immédiatement à mon épouse que je vois parfaitement ce qui a pu heurter L. dans ce texte (L. c'est une ruse pour qu'il ne se reconnaisse pas). C'est vrai que j'ai le souvenir d'un texte un peu vif et pas super flatteur ! Mais mon bon, quand on est énervé, il faut ce qu'il faut !

Elle me précise aussitôt que L. m'a envoyé un mail à ce sujet auquel il m'accuse de ne pas vouloir répondre. Me connaissant bien, mon épouse lui a expliqué, que ne faisant déjà jamais ma banque, ce n'était pas pour aller lire mes mails.

C'est totalement vrai. D'une part je déteste tout ce qui est administratif et enfin si on a quelque chose à me dire, on me téléphone. Je ne me ruine pas chez SFR pour rien ! Les mails, c'est utile pour les pièces jointes, c'est tout. Et puis, les conversations de copines et les crêpages de chignon par mails interposés, cela me saoule.

Je clos l’entretien en expliquant à mon épouse que ce n’est pas très grave et qu’on connaît suffisamment L. et son côté choupinette qui s’offusque d’un rien. Je lui explique que si il et très fâché, ben on ne se verra plus et que sinon, tout sera oublié après une bonne bouteille, enfin pas une trop bonne quand même parce que c'est cher ! On se salue et on raccroche. Fin de la première partie. Bon, je me sens un tout petit peu en faute tout de même parce que je me souviens bien du texte, et c'est vrai que j'y suis peut-être allé un peu fort.

Quelques minutes après, je suis assailli par ma conscience qui me met un grand coup de patte griffue dans la tronche. Parce qu’il faut dire que ma conscience m’apparaît toujours sous les traits d’un gros ours brun. Je n’y peux rien, c’est comme ça. Pinocchio, lui, c’était un criquet pourri, moi c’est un ours. Je suppose que notre conscience doit se matérialiser à notre image. Ainsi, moi bel homme au corps d’athlète, c’est un grizzly puissant.

Tenez, il m’est déjà arrivé d’imaginer les consciences des gens que je côtoie. Celle de mon épouse, doit ressembler à un ourson mignon, mais du genre qu’on n’a pas intérêt à gratouiller entre les oreilles sous crainte d’être mordu cruellement ! Celle de Laurence, je l’imagine bien sous la forme d’un Yorkshire avec un petit nœud sur la tête et GCM ce serait un échassier mélancolique. Je pourrais continuer à imaginer leurs consciences à tous.

Celle d’Olive, mon pote riche, prendrait la forme d’une Porsche Cayenne qui parle, peinture blanche nacrée avec intérieur cuir framboise et bourrée d’électronique inutile. Celle d’El Gringo serait un bloc de béton brut tandis que celle de Sean pourrait ressembler à une sorte d’ectoplasme, parce que lui, il n’a pas vraiment de conscience. Tiens puisqu’on parle de L., sa conscience à lui, je la vois bien sous les traits d’une jeune fille prépubère s'alarmant d'un rien.

Mais revenons un peu à ma conscience morale qui me tient à peu près ce langage :
- Tu as violemment heurté la sensibilité de ton ami L. et tu t’en fous ? Tu t’en fous, tu bois ton café en lisant le Parisien ! De quel bois es-tu donc fait gibier de bagne ! Tu ne culpabilises même pas ?

- Ben non, pas vraiment parce qu’il est du genre à faire tout un tas d’histoire pour rien ! Ok, j'ai été trop loin, un peu vif dans mes propos mais bon, il me téléphonait, je l'invitais à bouffer (pas trop cher) et on réglait cela !

- Ah bravo, ricane ma conscience, monsieur donne dans le narcissisme maintenant ! Tu es en train de me dire que tu n'as aucune empathie et que tu n'es pas disposé à reconnaître ou à partager les sentiments et les besoins d’autrui. Il est peut-être très choqué ! Qu'en sais-tu ?

- Ah ta gueule, je connais ça par cœur, c’est le septième point de la personnalité narcissique dans le DSM-IV. Je ne dis pas que je ne reconnaisse pas y être allé un peu fort mais bon, il me connaît, il a du se douter que c’était sous la colère que j’avais écrit ! Et il sait que ce que j'ai écrit sur le fond, je lui aurais dit en face.

- De mieux en mieux, hurle ma conscience en me refoutant un gros coup de patte dans la tronche ! Monsieur manifeste une absence de remords, indiquée par le fait d'être indifférent ou de se justifier après avoir blessé, maltraité ou volé autrui !

- Ca suffit, ça c’est le septième point de la personnalité antisociale dans le DSM que tu me cites et je ne suis pas sociopathe ! Et puis tu me fais chier avec ta psychopathologie à deux balles !

- Quoi, c’est ma faute peut-être si je suis la putain de conscience d’un psy à la con hein ? Tu crois que j'aurais pas préféré être celle de Kerviel ? J'aurais bossé moins souvent et j'aurais vu du pays ! Mais toi, toujours à te prendre la tête ! Mais voilà maintenant que tu t’en fous. Je crois que tu es perdu, tu vas finir trader à la Société Générale ou dans la politique si tu continues comme ça, m’explique ma conscience avant de disparaître dans les limbes.

- OK, que je réponds, je vais y réfléchir, je te promets. Je te l'ai dit, je sais que j'y suis allé un peu fort. J'ai pas été cool, c'est vrai. J'étais en colère et la colère est mauvaise conseillère, je sais, je sais. Je lui écrirai un mail sympa pour apaiser le conflit. S'il n'est pas con, il se doutera que j'ai été plus stupide que méchant. C'est la faute de mon ascendant bélier ! Lui, il a un ascendant balance, alors ça le rend plus élégant que moi, mais moins emporté !

- Voilà, c’est bien, me dit ma conscience, tu es un bon garçon et tu le sais. Tu fais le fier mais tu n’aimes pas blesser les gens. Tu vas donc calmer le jeu et réparer ta faute ! J'espère que vous vous retrouverez pour faire la paix autour d'une bonne bouteille !

- Non, je n’aime pas blesser les gens et s’il y a un problème, je le réglerai mais je n’aime pas non plus qu’on vienne me casser les burnes avec des faux problèmes ! Donc, ok pour régler tout cela mais certainement pas pour une reddition sans conditions ! Plutôt mourir ! Et puis, ce sera une bouteille pas trop chère pour la réconciliation. De toute manière, je dois être le mec avec qui il s'entend le mieux alors je ne l'imagine pas se fâcher à vie. Il se retrouverait tout seul avec ses autres copains tout nuls ! Et puis, comment peut-on vivre sans moi ???

- Arrête, tu ne vas pas recommencer hein ? Tu ne vas pas rajouter l'orgueil à la méchanceté en plus !! Tu vois ce que tu peux faire, c’est tout et tu agis en accord avec moi ! D'ac? Parce que j'en ai marre de bosser là ! Si tu as fauté, tu le reconnais, tu présentes des excuses sincères et tu calmes le truc ! Tu sais que parfois, pour le plaisir d'une bonne vanne ou le désir de faire une remarque juste et acerbe, tu as tendance à trop l'ouvrir ! Tu le sais non ?

- Ok ok, que je dis pour apaiser ma conscience qui commence soudainement à prendre l'apparence d'un surmoi envahissant que décrivait très bien Freud.

Aussitôt, j’appelle Laurence pour lui demander si elle se souvient de l’article incriminé. Elle s’en souvient fort bien et me dit, que si je n’y suis pas allé avec le dos de la cuiller, il n’y a tout de même pas de quoi fouetter un chat et rien qui ne puisse s'apaiser autour d'une bonne bouteille (pas trop chère !). Elle m’explique que j’étais en colère ce jour là. Et puis, elle pense que L. aurait pu me téléphoner directement plutôt que de passer par mon épouse. Moi intérieurement, je me dis qu’effectivement, c’est bien un truc de grosse fiotte d’appeler mon épouse, mais je me le dis tout doucement pour ne pas réveiller ma conscience morale.

A toutes fins utiles, je demande à Laurence de virer le message incriminé quand elle aura le temps en l’enregistrant en brouillon parce que je compte bien le republier quand L. aura tout oublié. Je demande aussi à Laurence de bien vouloir remplacer le titre Dîner de cons par Dîner de bons et que dès que j’aurais le temps, j’irai réécrire un chouette texte pas sincère mais dans lequel je flatterai L. Quinze minutes après, Laurence me rappelle pour me dire qu’elle a tout fait. Quelle efficacité !

Me voilà à demi rassuré, et je sens ma conscience qui s’apaise en moi. A toutes fins utiles, je demande à mon épouse d’aller lire l’article. Comme Laurence l’a collé en brouillon, je lui explique la marche à suivre pour le consulter. Je lui demande de me rappeler entre deux rendez-vous pour me dire ce qu’elle en pense.

Lorsque mon épouse me rappelle, elle m’explique que mon texte n’a rien de terrible. Certes le ton était un peu sec et outré mais le fond est juste. Et puis, comme j’ai changé les prénoms, personne ne peut comprendre qu’il s’agit de L. Ma conscience totalement apaisée s’endort totalement. Profitant d'un quart d'heure entre deux consultations, je rédige rapidement le nouvel article Dîner de bons et me voici tranquille.

Sacré L. ! Faire tout un tas d’histoires pour si peu de choses ! Oui, d’accord, j’y suis allé un peu fort dans ce texte, c’est certain. Mais bon, je me souviens que lors de cette soirée, ils m’avaient tous fait chier. Je les avais tous trouvés cons comme des manches à balai. C’était nul et je déteste les soirées nulles. Alors en revenant chez moi, un peu d’alcool plus beaucoup de colère, et hop j’avais rédigé un texte assassin. Si je n’en renie pas le fond, la forme est discutable. C’est certain qu’en cas de désaccord, on peut aussi bien dire « monsieur je ne suis pas de votre avis » que « t’es qu’un gros enculé et je t’emmerde », le message passera sans doute mieux. Alors je présente mes plus sincères excuses à L.

Mais justement pour revenir à L., quelle drôle d’idée d’aller lire mes textes d’octobre 2006 ! Et puis, d'abord dans ce texte je lui donnais un autre prénom ! Il n'a aucune preuve que je parlais de lui. Ca ne tiendra jamais devant un juge ! Je connais peut-être des gens pareils que lui d'abord ! Il a pu confondre !

Je me doutais bien qu’il n’en branlait pas une dans sa boîte, mais de là à imaginer qu’il avait le temps de lire mes sept cents et quelques textes, je ne le croyais pas ! Et voilà, on glande, on perd son temps sur mon blog, et on finit par se mettre en colère, voir des scandales là où il n’y en a pas, venir m’emmerder et se tourner en ridicule ! Oser me faire un reproche, moi qui suis aussi blanc qu'une colombe et pur qu'un agneau venant de naître ! Y'a des gens qui osent tout !

Qu'il se souvienne que l’oisiveté est mère de tous les vices !

PS : comme je suis un bon garçon, j'ai tout de même écrit un mail sincère à L. pour lui expliquer que mes mots avaient dépassé ma pensée et que je lui présentais mes excuses. Comme cela ma conscience cesse de me tourmenter. Et puis bon L. a certes des raisons légitimes de m'en vouloir mais je ne vois pas comment il ferait pour me remplacer si il voulait se fâcher définitivement !

5 Comments:

Blogger philippe psy said...

J'espère que vous dites cela pour L. ??? Et non pour moi !

30/4/08 4:06 PM  
Blogger GCM said...

Ce que j'ai l'air con à rire tout seul au bureau !!!

30/4/08 6:01 PM  
Blogger Laure Allibert said...

"tu vas finir trader à la Société Générale ou dans la politique si tu continues comme ça" : très bon, ça !

Au fait, vous savez que votre article de 2006 est toujours dans le cache de Google ? J'aime surtout quand vous leur dites "tous autour de cette table nous finirons par mourir"... J'aime ce genre de psychologie à la Montaigne ! ("que philosopher c'est apprendre à crever" disait-il)

30/4/08 6:51 PM  
Blogger El Gringo said...

Tiens, tu portes des slips bleus à rayures noires?

1/5/08 12:09 AM  
Blogger philippe psy said...

@GCM : Tu te moques encore d'Olivier !
@Laure : Chuuuut !

@El Gringo : Te serais-tu pris de passion pour mes slips ? Ta remarque est étrange ...

1/5/08 2:05 AM  

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