31 juillet, 2008

Kirkbride asylums ! Brrr, ça fait froid dans le dos !

Durant la seconde moitié du XIXème siècle, l'État nord-américain engage de fortes sommes d'argent pour la prise en charge des patients atteints de troubles mentaux. Ceux-ci passent progressivement de l'enfermement carcéral à la prise en charge thérapeutique en hôpital spécialisé.

Le Docteur thomas S. Kirkbride (1809 – 1883) est un médecin psychiatre américain de Philadelphie qui a eu une forte influence sur la conception des hôpitaux psychiatriques aux Etats-Unis dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Le terme de Kirkbride Building lui est associé. Selon ce médecin la construction même des bâtiments destinés à recevoir les patients a une influence sur la qualité des soins qui leur sont apportés. Pour ce médecin : "Beauty is therapy", d'où le style architectural recherché des établissements qui portent son empreinte.

Un certain nombre d'hôpitaux psychiatriques construits entre 1850 et 1900 suivent ses recommandations. Le financement important des pouvoirs publics permit de bâtir des ensembles très luxueux pour l'époque.

  • Les hommes et les femmes sont placés dans deux ailes de bâtiment différentes (pas de mixité, ce qui est nouveau pour l'époque)
  • Les locaux administratifs sont au centre du bâtiment
  • Les patients présentant les troubles les plus sérieux sont éloignés des bâtiments administratifs et des patients aux troubles plus légers.
  • Kirkbride recommande de placer les hôpitaux dans un cadre naturel, loin de l'atmosphère viciée et bruyante de la ville.


Ces principes, après avoir connu un certain succès deviennent obsolètes au cours du XXème siècle. Les nouvelles thérapies, l'échec relatif de la « thérapie morale » prônée par Kirkbride, et les coûts importants de maintenance des bâtiments finirent malheureusement (compte tenu de leur richesse patrimoniale) par entraîner l'abandon ou la destruction de ces bâtiments. Tous les hôpitaux de type Kirkbride sont présentés sur ce site qui leur est consacré.

La thérapie de Kirkbride était fortement influence par le "traitement moral", qui était une approche des traitements des désordres mentaux base sur une approche psychosociale, humaine et morale ayant vu le jour à la fin du 18ème siècle et issue des recherches du psychiatre français Philippe Pinel (1745-1826).

Plutôt que d’enfermer les aliénés, en les abandonnant à leur triste sort, ou pire, en leur faisant subir de mauvais traitement, on imagina que d'autres possibilités existaient. C’est à cette époque que les premières thérapies virent le jour.


Aux Etats-Unis, c'est sous l'influence de Dorothea Dix, une institutrice de Boston révoltée parce qu'elle avait vu dans les prisons et les asiles, que le traitement moral verra le jour. C'est elle qui influencera le docteur Kirkbride.

L’irruption des neurosciences et les traitements médicaux de plus en plus nombreux eurent raison de cette approche. A ce jour, les asiles de type Kirkbride buildings restent sans doute les plus beaux établissement hospitaliers jamais construits car leur architecture tient plus des palaces de bord de mer que des mouroirs classiques.

Même si le "traitement moral" était un progrès considérable par rapport aux mauvais traitements que les aliénés enduraient auparavant, cette forme de thérapie ne fit que remplacer les coups par une oppression morale puisque l'on considérait que la personne en souffrance était finalement responsable de son état et qu'il lui appartenait d'en sortir.









La plupart de ces hôpitaux, aujourd'hui désaffectés, sont devenus des lieux morbides et un peu inquiétants qui font la joie des explorateurs urbains qui se plaisent à les visiter et à immortaliser leurs couloirs déserts ou salles de soin délabrées et laissées à l'abandon.

Pour ocnclure, il ne vous reste plus qu'à frissonner en regardant les magnifiques photos présentées ici (Hudson River State Hospital) et .(Greystone psychiatric hospital). Toutes ces photos sont à vendre.

Et pour ceux que cela passionne, sachez qu'il existe de nombreux films tournés dans ces endroits ou témoignages d'anciens patients de ces hôpitaux. La plupart étant en anglais, en français, vous pourrez lire l'excellent polar de Katzenbahc, intitulé "Une histoire de fous", dans lequel le héros est un schizophrène halluciné, interné dans un de ces hôpitaux.



Hudson River State Hospital à Poughkeepsie dans l'état de New York (USA)