Peuples en lutte !
Ne comptez pas sur moi pour vous dire si les "enseignants chercheurs" ont raison ou non de se mettre en grève, pas plus que je ne saurai svous dire si notre bienaimé président (slurps slurps) a été bien inspiré ou pas d'envisager la réforme de ce statut. Je n'ai pas suivi l'affaire et je m'en fous. Comme le dit vulgairement l'adage : chacun sa merde !
En revanche, hier j'ai été le témoin d'une scène magnifique que n'aurait pas reniée un réalisateur talentueux. Malheureusement, aucune caméra pour enregistrer ce moment magnifique. Aucun de nos plumitifs n'était là pour saisir cet instant magique qui aurait permis aux futures générations de comprendre que la solidarité n'est pas un vain mot ni un concept flou mais une réalité qui unit les gens en lutte ! Heureusement que moi j'étais là, fier d'appartenir à une nation solidaire !
J'avais pris le RER B et le wagon était plein d'étudiants-diants-diants chevelus et inélégants comme seuls savent l'être des étudiants en sciences de la Faculté d'Orsay ! Je les entendais, rigoler pour certains, argumenter à coups de statistiques pour d'autres, leurs pancartes revendicatrices posées à côté d'eux. Vif d'esprit comme je le suis, j'ai immédiatement saisi que j'étais dans un wagon rempli d'enseignants-chercheurs ou de futurs enseignants-chercheurs unis autour d'un combat terrible contre un pouvoir arrogant et vraiment très méchant.
J'ai été très flatté d'être parmi eux, parce que je me suis dit que moi aussi je pourrais être pris pour un enseignant-chercheur, alors que la seule chose que j'ai jamais cherchée dans ma vie, ce sont mes clés. Dans ce wagon, je n'étais plus un psy à deux balles diplômé en sciences-humaines mais carrément un de ces brillants cerveaux jonglant avec les équations différentielles du second degré ! Parfois, le RER vous transforme un homme ! J'ai bien pensé à sortir un kleenex pour y écrire "Moi aussi, je suis contre !", c'eût été une toute petite banderolle que j'aurais agitée, ma modeste contribution en faveur du combat de mes nouveaux condisciples.
Je suis descendu à la station Luxembourg où je me suis immédiatement dirigé vers la terrasse d'un estaminet bordant le Boulevard Saint-Michel où j'ai mes habitudes afin d'y attendre Laurence qui devait débarquer incessamment de sa lointaine Lotharingie. Plongé dans mon livre en fumant du tabac de Virginie, j'avais vite oublié les révoltés du RER B !
Lorsque tout à coup, les revoici non loin de moi. Ils sont tout au plus quatre-vingt à défiler bruyamment sur le boulevard Saint-Michel en direction de Denfert-Rochereau, dont une voie a été fermée à la circulation pour l'occasion. Je me dis immédiatement que c'est vraiment impressionnant le peuple en lutte ! Si j'étais à l'Élysée, je crois que je tremblerais face à cette vague terrible d'étudiants mal fagotés ! Nicolas, souviens-toi de Louis XVI !
Je les regarde benoîtement passer lorsque j'avise un véhicule bleu "sac poubelle" venant en direction inverse sur le boulevard. C'est, si je ne me trompe pas, une Renault Kangoo appartenant à l'une de nos grandes entreprises nationales qui font la fierté de notre beau pays ! La voici qui passe en trombe mais j'ai le temps de voir le fier logo d'EDF sur la portière.
Et là, d'un coup d'un seul, alors que son automobile remonte le maigre cortège d'enseignants-chercheurs en lutte, Vif comme l'éclair, le syndicaliste qui conduit klaxonne bruyamment pour signifier son soutien à cette juste lutte contre le grand capital et l'hydre libérale ! C'est immédiatement une explosion de joie parmi les rangs clairsemés des manifestants ! Une clameur s'élève et je distingue même une voie féminine crier "EDF avec nous !".
Je pense à l'instant à toute cette fausse compassion envers les miséreux qui meurent sur les trottoirs de Calcutta tandis qu'ici même, tant de malheur nous accable dans l'indifférence la plus totale ! Si je n'avais pas été là, qui aurait pu raconter cette scène poignante. J'en ai les larmes aux yeux ! Comme c'est beau l'union de ces damnés de la terre que sont les étudiants de la faculté d'Orsay et les salariés d'EDF !
En revanche, hier j'ai été le témoin d'une scène magnifique que n'aurait pas reniée un réalisateur talentueux. Malheureusement, aucune caméra pour enregistrer ce moment magnifique. Aucun de nos plumitifs n'était là pour saisir cet instant magique qui aurait permis aux futures générations de comprendre que la solidarité n'est pas un vain mot ni un concept flou mais une réalité qui unit les gens en lutte ! Heureusement que moi j'étais là, fier d'appartenir à une nation solidaire !
J'avais pris le RER B et le wagon était plein d'étudiants-diants-diants chevelus et inélégants comme seuls savent l'être des étudiants en sciences de la Faculté d'Orsay ! Je les entendais, rigoler pour certains, argumenter à coups de statistiques pour d'autres, leurs pancartes revendicatrices posées à côté d'eux. Vif d'esprit comme je le suis, j'ai immédiatement saisi que j'étais dans un wagon rempli d'enseignants-chercheurs ou de futurs enseignants-chercheurs unis autour d'un combat terrible contre un pouvoir arrogant et vraiment très méchant.
J'ai été très flatté d'être parmi eux, parce que je me suis dit que moi aussi je pourrais être pris pour un enseignant-chercheur, alors que la seule chose que j'ai jamais cherchée dans ma vie, ce sont mes clés. Dans ce wagon, je n'étais plus un psy à deux balles diplômé en sciences-humaines mais carrément un de ces brillants cerveaux jonglant avec les équations différentielles du second degré ! Parfois, le RER vous transforme un homme ! J'ai bien pensé à sortir un kleenex pour y écrire "Moi aussi, je suis contre !", c'eût été une toute petite banderolle que j'aurais agitée, ma modeste contribution en faveur du combat de mes nouveaux condisciples.
Je suis descendu à la station Luxembourg où je me suis immédiatement dirigé vers la terrasse d'un estaminet bordant le Boulevard Saint-Michel où j'ai mes habitudes afin d'y attendre Laurence qui devait débarquer incessamment de sa lointaine Lotharingie. Plongé dans mon livre en fumant du tabac de Virginie, j'avais vite oublié les révoltés du RER B !
Lorsque tout à coup, les revoici non loin de moi. Ils sont tout au plus quatre-vingt à défiler bruyamment sur le boulevard Saint-Michel en direction de Denfert-Rochereau, dont une voie a été fermée à la circulation pour l'occasion. Je me dis immédiatement que c'est vraiment impressionnant le peuple en lutte ! Si j'étais à l'Élysée, je crois que je tremblerais face à cette vague terrible d'étudiants mal fagotés ! Nicolas, souviens-toi de Louis XVI !
Je les regarde benoîtement passer lorsque j'avise un véhicule bleu "sac poubelle" venant en direction inverse sur le boulevard. C'est, si je ne me trompe pas, une Renault Kangoo appartenant à l'une de nos grandes entreprises nationales qui font la fierté de notre beau pays ! La voici qui passe en trombe mais j'ai le temps de voir le fier logo d'EDF sur la portière.
Et là, d'un coup d'un seul, alors que son automobile remonte le maigre cortège d'enseignants-chercheurs en lutte, Vif comme l'éclair, le syndicaliste qui conduit klaxonne bruyamment pour signifier son soutien à cette juste lutte contre le grand capital et l'hydre libérale ! C'est immédiatement une explosion de joie parmi les rangs clairsemés des manifestants ! Une clameur s'élève et je distingue même une voie féminine crier "EDF avec nous !".
Je pense à l'instant à toute cette fausse compassion envers les miséreux qui meurent sur les trottoirs de Calcutta tandis qu'ici même, tant de malheur nous accable dans l'indifférence la plus totale ! Si je n'avais pas été là, qui aurait pu raconter cette scène poignante. J'en ai les larmes aux yeux ! Comme c'est beau l'union de ces damnés de la terre que sont les étudiants de la faculté d'Orsay et les salariés d'EDF !
EDF a klaxonné et les étudiants ont répondu ! Ce que Jean-Paul Sartre aura vainement tenté de créer en 1968 à la Régie Renault, cette alliance improbable entre le prolo et l'étudiant, s'est déroulée sous mes yeux ! Vous verrez qu'un jour, au rythme où vont les choses, on verra des salariés du privé faire grève ! Si !
J'ai vécu un moment d'intense émotion. Tant pis si le bus 82 qui doit me mener à l'Ecole militaire ne fonctionne pas à cause de cette petite manifestation : la solidarité vaut bien une marche à pieds ! J'entends de-ci de-là des gens maugréer et un monsieur pourtant bien mis se permet même un "ils commencent vraiment à nous faire chier !". Je n'y prends pas garde. Son loden vert et la journal violemment réactionnaire qu'il tient en main me le désignent comme faisant partie de la classe des possédants.
Cet après-midi, le quartier latin, c'était un peu le Chiapas et le sous-commandant Marcos roulait en Renault Kangoo. C'est si beau un peuple qui lutte pour préserver ses avantages acquis !
J'ai vécu un moment d'intense émotion. Tant pis si le bus 82 qui doit me mener à l'Ecole militaire ne fonctionne pas à cause de cette petite manifestation : la solidarité vaut bien une marche à pieds ! J'entends de-ci de-là des gens maugréer et un monsieur pourtant bien mis se permet même un "ils commencent vraiment à nous faire chier !". Je n'y prends pas garde. Son loden vert et la journal violemment réactionnaire qu'il tient en main me le désignent comme faisant partie de la classe des possédants.
Cet après-midi, le quartier latin, c'était un peu le Chiapas et le sous-commandant Marcos roulait en Renault Kangoo. C'est si beau un peuple qui lutte pour préserver ses avantages acquis !
5 Comments:
Excellent ! le Psy sait se faire plaisir...c'est pénible de savoir qu'1% de notre facture EDF est servi aux syndicats de merde !
Marie, c'est très très mal d'être opposée aux partenaires sociaux !
:))
Vous êtes casse-cou d'ironiser ainsi sur la juste lutte de la jeunesse contre l'Etat capitaliste.
Une fois au pouvoir, les étudiants - surtout chercheurs, scientifiques et révolutionnaires - ne rigoleront pas !
Les psy, qui font leur beurre de l'aliénation produite par le système individualiste bourgeois, ici on leur coupera la tête (plus efficace que le goulag, que les rizières et autres champs de rééducation). C'est la plus sûre manière de régler les problèmes psy.
@Etienne : Non, je ferai mon autocritique et je saurai balancer une liste de réactionnaires.
Qui sait comment il réagira en temps de crise ? Peut-être que, plus puissantes que votre côté fantasque, vos valeurs et convictions émergeront pous faire de vous un résistant, un homme d'action héroïque, façon Clint Eastwood.
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