08 mai, 2009

I did it !


Aller faire un tour à Chicago et à New-York, n'a vraiment rien d'original aujourd'hui. D'ailleurs, en nous baladant sur Times Square, on entendait parler français de tous les côtés. Et certains magasins affichaient même des petits encarts ornés d'un drapeau français expliquant "ici on parle votre langue".

On y voit déambuler les mêmes beaufs que chez nous, du bobo sûr de lui qui marche sur Broadway comme s'il arpentait la Bastille, jusqu'à la famille de nazes venue de sa province lointaine. Et chacun de ces quidams sait que les Levis sont moins chers chez Macy's sur la 34 ème rue qu'au magasin que la marque possède sur Times Square. J'ai même bu un coup un soir avec le beauf de mon propre frère, c'est vous dire si New-York est une destination convenue !

Les gens vont moins à Chicago qui est pourtant une très jolie ville, dotée d'un patrimoine architectural impressionnant. Et puis les chicagoans se la pètent moins que les new-yorkers. Mais bon, si vous déambulez sur le Magnificent Mile, vous entendrez tout de même parler français parce qu'avec l'Euro, les USA sont maintenant à portée de bourse comme l'Espagne dans les années soixante-dix.

Par contre, s'il y a bien un endroit où vous ne croiserez jamais aucun français, c'est bien à Gary, Indiana, la ville qui vit naître Mickael Jackson. Depuis que j'avais vu le reportage photographique réalisé sur Forbidden places, j'avais très envie de m'y rendre. Il ne s'agissait pas d'aller observer la misère mais plutôt de faire de l'archéologie urbaine. A une époque où quelque soit son lieu de destination, on tombera forcément sur du folklore frelaté, il ne reste que ce type d'aventures pour se prendre la réalité en pleine figure et avoir quelques frissons garantis.

C'est ainsi que revenant de South Bend en compagnie de Laurence et du Gringeot, nous avons quitté la I94 pour enquiller gentiment la bucolique route numéro 20 qui entre dans Gary. Cent mètres après, la Chrysler PT Cruiser louée par le Gringeot a des allures de BMW tant les véhicules qui évoluent autour de nous sont vieux et en ruine. Quand d'aventure, on remarque un véhicule neuf sur la route, on imagine que cela doit être le Lincoln Navigator de Big Joe, le dealer local, et on se plait à imaginer ce qui nous arriverait si on venait à tomber en panne dans le quartier. J'aurais bien fait quelques arrêts pour faire des jolies photos mais ce gros lâche de Gringeot n'a pas voulu s'arrêter !



Tout autour ce ne sont que des avenues bordées de commerces fermés depuis des années. Il n'y a personne sur les trottoirs. Au loin on aperçoit les silhouette des hauts fourneaux abandonnés et mangés par la rouille. La route pleine de nids de poule dans lesquels on pourrait facilement ruiner son carter, nous entraîne alors sur un pont. Un panneau à mon avis superflu nous indique que la rivière qui coule dessous est impropre à la baignade et à la pêche. Effectivement, on peut observer des eaux noires et stagnantes aux reflets irisés de métaux lourds.


Nous arrivons enfin vers des quartiers résidentiels. Les trois quarts des maisons en bois sont abandonnées et celles qui sont occupées sont à demi ruinées. La plupart des toits sont remplacés par des bâches. De temps à autre, on aperçoit des personnes désœuvrées assises sur les marches qui nous dévisagent. Sans doute que les touristes ne sont pas courants dans le coin. On se plait à songer que nous roulons dans un véhicule neuf de location qui ne risque pas de tomber en panne. A mon avis, j'aurais moins peur des lions dans la savane que des individus que je pourrais croiser dans le quartier. A un coin de rue, on aperçoit une Corvette dernier modèle. On se dit que ce doit être la voiture de Fat Jim, le concurrent local de Big Joe qu'on a aperçu tout à l'heure dans sa Lincoln Navigator. Comme le Gringeot est très fort vu qu'il a fait de la msuculation durant des tas d'années, je lui propose d'aller défier Fat Jim à la loyale, mais ce gros lâche ne veut rien savoir et reste les mains cramponnées au volant an skaï de sa Chrysler. Moi je vous le dis : tous ces mecs qui font de la gonflette, c'est rien que des taffioles !

On imagine tout ce que ce que nous voyons pourrait inspirer à un socialiste français qui pourrait voir in situ les ravages de la dérive ultra-libérale dans un pays soumis aux dures lois de la jungle du marché. Parce qu'effectivement, ce n'est pas reluisant. Comme je le disais précédemment, à côté de Gary, Longwy a des allures de Las Vegas ! Enfin, autre pays autres moeurs ! Quand une activité s'arrête, les ricains ne s'entêtent pas : tous ceux qui peuvent chargent le break et s'en vont vers d'autres horizons et les autres restent dans une ville fantôme. Le pays est grand et puis le climat est plus agréable dans le sud-ouest qu'à Gary.

Voilà, aujourd'hui, tandis que tout le monde peut vous parler savamment de Chicago, de New-York ou de Los Angeles, je peux dire que je suis allé me balader dans Gary. Et je crois que nous ne sommes pas nombreux à l'avoir fait. Ce petit périple n'amène strictement riend 'un point de vue culturel si ce n'est que si un jour quelqu'un me parle de l'Amérique et de ses fastes, je pourrai moi aussi jouer les belles âmes en disant "Ouh la la, il faut aussi voir l'autre visage des USA ! Tenez par exemple, moi qui suis allé à Gary dans l'Indiana, etc."

I did it !

3 Comments:

Blogger El Gringo said...

Même pas vrai, il était pas en skaï, le volant...

11/5/09 12:47 PM  
Blogger philippe psy said...

En totu cas, quand on voit les finitions d'une Chrysler, on comprends que les japonaises se vendent mieux !

14/5/09 8:51 AM  
Blogger Manassas said...

Cher philippe,

Je vois que vous avez été dans ce vaste pays tant loué par sa réussite économique, sa richesse, sa diversité culturelle.

Hélas, la réalité de l'Amérique et du rêve américain est tout autre : le coté bling-bling existe bien sur, mais aux cotés des somptueuses villas et yacht de south beach, Miami, contrastent les rangées de mendiants assis sur les trottoirs dans downtown.
J'ai (sur)vécu un an dans l'etat de Géorgie et travaillé dans une petite ville perdue dans la campagne. Sparta, GA ressemble tout a fait a la Roumanie rurale.

C'est effectivement dans ce genre de petites villes qui reflètent la réalité et le malaise du pays où vous ne verrez aucun touriste étranger.

Si vous avez l'occasion de revenir sur le territoire US, passez par Flint ou Detroit, villes sinistrées mais anciens fleurons de l'industrie automobile. Passez aussi par Birmingham, AL et constatez par vous même que 40 ans après la mort de Luther King Jr d'énormes disparités existent entre les noirs et les blancs.

le rêve américain ? Je n'y crois pas.

29/8/09 10:56 PM  

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