Le pauvre con !
Et oui lecteur, je sais ce que tu penses ! Tandis que tu me crois plongé dans l'étude de quelques grimoire ancien ou encore accaparé par mes pensées sur le devenir de l'homme, tu apprends stupéfait que je passe mon vendredi soir à mater des petites irlandaises lever leur gambette ! Je comprends ton état de sidération et j'admets même que tu as de bonnes raisons de te dire que plus jamais tu ne viendras lire ma prose.
C'est vrai qu'en matière de distractions, je suis vraiment un pauvre con ! Des chaînes de TNT, un bon film naze et me voici heureux, il ne m'en faut pas plus. Récemment un de mes jeunes patients, major de sa promotion de Sciences-Po, m'a dit qu'il avait vu "Le démon de Hannah", une pièce de théâtre dans laquelle on assiste aux retrouvailles entre Hannah Arendt et Martin Heidegger. Bon, je ne lui ai pas dit directement que l'un et l'autre me faisaient royalement chier mais j'ai été assez mou dans ma réponse. J'ai du susurrer un "ah bon, oui ce doit être très bien".
Il faut dire que je n'ai jamais rien compris au dasein et que je n'ai jamais vraiment consacré beaucoup de temps à son étude. J'ai juste le souvenir d'un prof de philo spécialisé dans l'étude de Heidegger. C'était un mec tout sec et tout maigre, avec une incroyable tignasse brune. Grand et dégingandé, vêtu comme un étudiant germanopratin boursier des années cinquante, il arpentait la salle de cours d'un pas rapide, nous débitant un discours imbitable avec des inflexions de voix surprenantes. Pénétré de son monologue intérieur, ce mec nous livrait ses délires en les vivant.
Je me souviens que ce type était d'une tristesse presque contaminante, à croire qu'on aurait pu attraper le malheur rien qu'en le fréquentant. Eussè-je été du genre superstitieux que je me serais signé en sortant du cours pour ne pas avoir le mauvais œil. D'ailleurs ce mec plaisait beaucoup aux minettes un peu dépressives qui voyaient en lui une sorte de génie méconnu là où moi je ne voyais qu'un grand dépressif. Cette expérience traumatisante est sans doute responsable de mon aversion pour Heidegger et son dasein. On peut d'ailleurs fort bien vivre sans rien connaitre au dasein ainsi qu'en atteste El Gringo qui doit être persuadé que c'est une marque de moto japonaise.
Et puis, je n'aime pas le théâtre que je tiens essentiellement pour une goinfrerie pour croquants. Pour moi, les comédiens resteront des saltimbanques, des gens qui posent leurs roulottes sur la place du village - au hasard Foug - et une fois dressée leur estrade de bois mal équarri, vont tenter de faire rire les gens du cru avec force pitreries et bons mots, le tout arrangé en saynètes bouffonnes, afin de ramasser quelques piécettes. De plus, dans les théâtres, on est toujours mal assis, avec les genoux dans le menton. Alors aucun risque de me croiser dans un théâtre, je n'y vais jamais.
De plus, puisque j'en suis à justifier mes goûts de pauvre con, je serai tenté de dire qu'aller au théâtre à Paris est avant tout une activité de provinciaux arrivés depuis peu dans la capitale et qui se piquent de "faire comme les parisiens", un peu comme les péquenots du Nebraska qui hantent les salles de spectacle de Broadway quoi !
D'ailleurs mon cher patient, qui est pourtant quelqu'un de fort sympathique, est natif de la Sarthe ! CQFD !
Pour étayer mon raisonnement, il faudra que je demande à mes amis Toju qui vient d'Angers et GCM de Tours, s'ils vont eux aussi au théâtre ? Moi, je garde mes loisirs de pauvre con !
C'est vrai qu'en matière de distractions, je suis vraiment un pauvre con ! Des chaînes de TNT, un bon film naze et me voici heureux, il ne m'en faut pas plus. Récemment un de mes jeunes patients, major de sa promotion de Sciences-Po, m'a dit qu'il avait vu "Le démon de Hannah", une pièce de théâtre dans laquelle on assiste aux retrouvailles entre Hannah Arendt et Martin Heidegger. Bon, je ne lui ai pas dit directement que l'un et l'autre me faisaient royalement chier mais j'ai été assez mou dans ma réponse. J'ai du susurrer un "ah bon, oui ce doit être très bien".
Il faut dire que je n'ai jamais rien compris au dasein et que je n'ai jamais vraiment consacré beaucoup de temps à son étude. J'ai juste le souvenir d'un prof de philo spécialisé dans l'étude de Heidegger. C'était un mec tout sec et tout maigre, avec une incroyable tignasse brune. Grand et dégingandé, vêtu comme un étudiant germanopratin boursier des années cinquante, il arpentait la salle de cours d'un pas rapide, nous débitant un discours imbitable avec des inflexions de voix surprenantes. Pénétré de son monologue intérieur, ce mec nous livrait ses délires en les vivant.
Je me souviens que ce type était d'une tristesse presque contaminante, à croire qu'on aurait pu attraper le malheur rien qu'en le fréquentant. Eussè-je été du genre superstitieux que je me serais signé en sortant du cours pour ne pas avoir le mauvais œil. D'ailleurs ce mec plaisait beaucoup aux minettes un peu dépressives qui voyaient en lui une sorte de génie méconnu là où moi je ne voyais qu'un grand dépressif. Cette expérience traumatisante est sans doute responsable de mon aversion pour Heidegger et son dasein. On peut d'ailleurs fort bien vivre sans rien connaitre au dasein ainsi qu'en atteste El Gringo qui doit être persuadé que c'est une marque de moto japonaise.
Et puis, je n'aime pas le théâtre que je tiens essentiellement pour une goinfrerie pour croquants. Pour moi, les comédiens resteront des saltimbanques, des gens qui posent leurs roulottes sur la place du village - au hasard Foug - et une fois dressée leur estrade de bois mal équarri, vont tenter de faire rire les gens du cru avec force pitreries et bons mots, le tout arrangé en saynètes bouffonnes, afin de ramasser quelques piécettes. De plus, dans les théâtres, on est toujours mal assis, avec les genoux dans le menton. Alors aucun risque de me croiser dans un théâtre, je n'y vais jamais.
De plus, puisque j'en suis à justifier mes goûts de pauvre con, je serai tenté de dire qu'aller au théâtre à Paris est avant tout une activité de provinciaux arrivés depuis peu dans la capitale et qui se piquent de "faire comme les parisiens", un peu comme les péquenots du Nebraska qui hantent les salles de spectacle de Broadway quoi !
D'ailleurs mon cher patient, qui est pourtant quelqu'un de fort sympathique, est natif de la Sarthe ! CQFD !
Pour étayer mon raisonnement, il faudra que je demande à mes amis Toju qui vient d'Angers et GCM de Tours, s'ils vont eux aussi au théâtre ? Moi, je garde mes loisirs de pauvre con !
11 Comments:
Tiens, Tours - Angers était à l'affiche ce vendredi soir, dans le cadre de la 15ème journée de ligue 2. Bah, 2-0 pour Tours, dans ton cul Angers, comme d'hab !
Certes mais : "aimes tu le théâtre ?"
Non, je déteste le théatre. Tu sais bien que je conchie les artistes Français !
Cher auteur, il y a dans tes écrits ce je ne sais quoi de personnel et talentueux qui plante si superbement le décor, qui croque si finement les personnages, qui nous livre si aimablement de vivants et percutants monologues... ce petit plus en image qui laisse le public pétri d'impatience après chacun des actes de ta pensée ainsi mise en scène pour notre plus grand émerveillement...
Ceci dit, en province...
les parisiens...
ils remplissent les magasins
ils se prennent pour des princes !
et toc
@Bridgetten : merci pour ces compliments amplement mérités. Ayant lu votre profil je vois que vous aimez la psycho, la socio, la philo et les randos. Je trouve cela très bien.
@GCM : je le sais bien, mais tu n'as jamais vécu en province, sinon tu irais user tes pantalons dans les théâtres.
je suis contente que mes commentaires vous aient plus, bon, en même temps je n'ai pas dit que j'étais critique de théâtre hi hi...
ça n'empêche que depuis que je fais de la figuration sur les blogs (je précise que sur la plupart je n'ai que des rôles muets), je trouve celui-ci particulièrement intéressant, mais c'est sans doute à cause des thèmes randos et nature...
Ouai, ouai, Dasein je connais, on me la fait pas à moi!
(N'empèche que les Harley sont mieux...)
@El Gringo : Quoique .. une Dasein préparée par Heidegger, c'est pas mal, ça envoie du bois !
L'essentiel de mes connaissances sur Heidegger (Penguin Dictionary of Philosophy):
The inquiry Heidegger proposed to undertake, by investigating how this kind of existence (the so called DASEIN) is revealed in our actual existence and experience.... Our existence is thus essentially temporal, in the sense that we have a past experience in guilt, and a future anticipated in dread.
C'est y pas une psychose ou névrose ou dépression - à toi de nous dire quoi - montée en métaphysique.
Pourquoi lire une centaine de bouquins?
@Larry : moi ma came ce sont les certitudes qui expliquent en plus les incertitudes de manière certaine. Je suis un fana des systèmes finis. Alors Heidegger, bof bof ...
Michel de Montaigne (1533-1592) écrivait dans ses essais que :
"L'impression de certitude est un témoignage certain de folie et d'incertitude extrême."
piqué ailleurs
cross fertilizaton
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