12 mai, 2010

Belles rencontres !


Il y a beaucoup de français à New-York. Quand vous vous baladez dans la rue, vous entendez parler la langue de Molière un peu partout et j'ai même vu des boutiques ayant apposé un écriteau où était écrit "on parle français". Notre euro fort nous empêche peut-être d'exporter plein de Peugeot ou de Renault, mais il nous permet tout de même de jouer les beaux facilement face à un dollar déprécié. En bref, maintenant les américains c'est nous ! Je constate toutefois que cette parité n'empêche pas les allemands d'exporter des Mercedes et autre BMW.

Toutefois la situation du français est différente car comme on le sait depuis des décennies; "on n'a peut-être pas de pétrole mais on a des idées". Et bien sur on a un système social que le monde entier nous envie. Dès lors, à défaut d'exporter des biens de consommations, les idées françaises s'exportent bien et ce d'autant plus que les français n'attendent pas forcément qu'on lui demande des idées pour asséner sa "juste et sage" idée du monde te qu'il devrait être.

C'est ainsi que si l'on est amené à parler à un français aux USA, le discours sera toujours à peu près le même. Il y a de grandes chances que ce dernier cherche la connivence de manière à vous faire partager son point de vue selon lequel : les USA c'est sympa mais faut pas s'y fier parce que c'est pas ce qu'on nous montre !". Le français expert en leçons de vie porte en effet en lui cette capacité innée à démasquer ce qui ne va pas mais qu'on aurait voulu lui cacher. Curieusement, cette faculté s'exerce essentiellement vis à vis des USA mais pas vis à vis de la Grèce pour laquelle notre pays n'avait rien vu d'autre que ce qu'on avait voulu lui montrer : ouzo, ruines antiques et mer cristalline.

L'an dernier, nous étions dans le métro avec le Gringeot, tandis qu'un français nous aborde, sans doute persuadé que c'est toujours sympa de parler avec un compatriote loin de chez soi. Si ma parfaite maîtrise de notre langue aurait pu me faire passer pour un diplômé de Harvard ayant appris le français auprès des meilleurs professeurs, le ton gouailleur et l'accent titi parisien du Gringeot le désignait particulièrement comme français ! Impossible de nous dissimuler, il fallait donc répondre à notre compatriote dont la mise me laissait supposer qu'il fut socialist friendly.

C'est ainsi qu'après avoir convenu que NY c'était vraiment chouette et plein d'énergie et super rigolo pour s'y balader, notre compatriote avec un sourire rusé termina par une remarque qui se voulait d'une rare finesse en expliquant que "ça c'était bien ce qu'on voulait nous faire voir parce que la réalité était plus dure et que les gens étaient malheureux n'ayant pas notre système social".

J'aurais pu lui répondre que moi non plus, en tant que libéral, je cotisais comme les autres sans bénéficier de congés maladie et que j'étais habitué à une vie plus dure que lui qui était sans doute fonctionnaire territorial. Je suis sur que ce mec était fonctionnaire territorial, ne me demandez pas pourquoi. Mais je n'ai rien dit, me contentant de rompre le contact. Le Gringeot a bien tenté d'asséner quelques remarques libérales mais c'était peine perdue.

Il y aura toujours des gens pour venir à NY, contempler les gratte-ciels, s'énivrer de cete formidable énergie, sans se demander comment ces types venus "une main devant, une main derrière" ont pu construire ceci là où il n'y avait rien.

Je vais sortir et aller me balader, je rencontrerai sans doute mon "français" qui après quelques banalités d'usage, m'expliquera quà lui, on ne la lui fait pas et que derrière le clinquant des néons et les chromes rutilants des Lincolns Town Car, il a su distinguer tous les problèmes sociaux. On se rassure comme on peut, un peu comme un type lambda qui verrait une femme canon à laquelle il n'accèdera jamais en se disant : elle est belle mais elle est très conne, moi je ne la supporterai pas. ça permet juste d'éviter la frustration résultant du fait qu'il n'y a pas de risques qu'il ait ou non à la supporter puisque de toute manière, conne ou non, cette beauté fatale n'aurait pas voulu de lui.

Et puis, le monde est si vaste, que chacun en fonction de ses aspirations et de ses goûts trouvera toujours une destination qui lui convienne. Souvenons-nous qu'en ce moment, il y a des tarifs super avantageux pour la Grèce !

De toute manière, il bruine sur NY, je viens de sortir acheter un parapluie.