24 juin, 2010

Je me cultive !


J'adore lorsque mes patients jouent les parisiens. Généralement, ils me disent qu'ils vont à des "expos". Impossible d'être parisien manifestement sans courir les "expos". C'est sans doute ce qu'on a du leur dire quand ils ont quitté leur campagne : "Si vous voulez faire parisien, dites que vous allez à des expos". Ce conseil doit même figurer dans tous les guides vendus aux croquants qui débarquent dans la capitale.

Moi, je n'aime pas les expos. Ma culture encyclopédique, je l'ai acquise le cul sur un canapé, le café et les clopes à portées de main, en lisant. Et j'ai eu raison. D'une part je déteste bouger et enfin, je déteste encore plus voir du monde dans une expo. Parce que globalement, les gens qui fréquentent les "expos" ne connaissent rien et découvrent tout le jour où ils y vont. Ce sont donc de gros béotiens avec lesquels je ne saurais frayer !

Profitant du jour de grève des feignasses de la fonction publique, j'ai moi aussi fermé mon cabinet. Cela n'aurait servi à rien d'attendre des patients coincés dans les transports en commun. Je suis donc allé, en compagnie de mon épouse, à l'expo "Crimes et châtiments" qui se tenait au musée d'Orsay.

Comme nous avions des billets coupe-fils, nous n'avons pas fait la queue. Mais nous avons regardé durant une minute les gens qui faisaient la queue en plein soleil parce que ce sont des imbéciles. C'était la première fois que je foutais les pieds au musée d'Orsay. C'est gentil ce qu'ils ont fait de cette gare toute pourrie. Mais bon, l'ensemble doit plus à l'achitecte qui a bâti la gare d'Orsay qu'à celui qui a pondu le musée. La restauration est sympa et proprette mais pas de quoi s'en relever la nuit. Voilà pour le lieu.

L'accueil au musée est exécrable mais je ne m'en étonne pas parce que je suis en France et que dire bonjour arracherait sans doute la gueule à tout employé de musée. On vous prend le billet d'une main molle sans vous regarder et au pire, l'employé continue à papoter avec son collègue comme si vous n'existiez pas. C'est le service à la française, et cela doit faire partie de l'exception culturelle ou d'un truc quelconque que le monde entier nous envie.

L'expo en elle-même était une bonne idée. Et on m'en avait dit du bien, ce qui a fait que j'ai consenti à bouger mon gros cul pour aller la voir. Toutefois, critique comme je suis, et surtout averti de la médiocrité de ce qui se fait chez nous, je m'attendais à de la daube. Au pire, je ne risquais qu'une chose : c'est d'être agréablement surpris.

C'était effectivement de la daube. L'expo hésite toujours entre le grand classique très chiant de l'expo de peinture avec des croutes accrochées aux murs et un petit côté sensationnaliste en présentant des pièces telles que la guillotine ou encore des moulages de têtes de condamnés à mort. Mais l'ensemble est si confus qu'il en ressort un brouet merdique et sans grand intérêt. Si j'y avais été seul, je crois que j'aurais fait le truc au pas de courses en me reprochant de m'être fait escroquer de près de dix euros pour le billet d'entrée. En bref, le résultat est un gros travail de tâcheron érudit qui manque singulièrement de génie. En mon for intérieur, je me suis dit que s'ils m'avaient confié le truc, moi j'aurais fait mieux.

Pourtant, le sujet était bon et le fil conducteur ne manquait pas d'intelligence en présentant l'image du crime à travers les siècles. On sentait que des petits gars de l'École du Louvre avaient bossé sur le sujet. Mais au final, si ça aurait fait un bon mémoire de troisième année dans ladite école, ça reste très mince pour une expo dans un musée national. il aura fallu tout le réseau de Robert Badinter (qui doit être pour quelque chose là-dedans mais je ne sais plus pour quoi) pour arriver à faire croire que ce truc médiocre soit un chef d'œuvre. Si l'on rajoute la crédulité d'un public idiot à qui l'on peut vendre n'importe quoi (songez que Joséphine ange gardien cartonne à l'audimat), je ne m'étonne pas que cette expo eut été un succès.

Ensuite, j'ai lâché pas mal de blé à la boutique du musée parce que mon épouse voulait des tas de trucs et que c'était son anniversaire. On a fait la queue comme des cons parce que bien sur, il n'y avait qu'une caisse ouverte. Par contre la caissière était aimable et souriante sans doute parce qu'elle doit être là en CDD.

Puis, enfin sortis de ce musée, nous sommes aller manger et boire au Solférino, où nous nous sommes faits escroquer parce que dans le septième arrondissement les prix ne sont pas donnés. J'ai vu passer des tas de messieurs vêtus de beaux costumes dispendieux qui jouaient les importants en riant fort entre eux. Et je songeais que c'était normal puisque nous étions à deux pas de l'Assemblée nationale, où justement ce genre de vieux beaux oisifs abondent. C'était très drôle de les observer : on aurait cru un sketch des Inconnus.

J'ai aussi vu des tas de militaires passer alors qu'à mon sens, pas une seule guerre n'avait lieux dans les environs. Mais c'était aussi normal parce que le ministère des armées était juste en face. J'ai ainsi vu passer deux mecs qui devaient avoir mon âge. L'un était un colonel de l'armée de l'air qui avait du paumer son avion vu qu'il est passé deux ou trois fois. Mais la dernière fois, il était accompagné d'une belle blonde alors j'en ai déduit que ce n'était pas son avion qu'il cherchait. L'autre était un capitaine de vaisseau qui rigolait fort avec un pote en civil. Mais bon, comme la Seine est à deux pas, je ne me suis pas étonné de voir un marin dans le quartier. C'était chouette de voir ces deux héros de guerre à côté de moi.

Je me suis dit que j'étais vraiment un con. Que j'aurais du soit faire député pour moi aussi rire avec des copains en étant tous habillés avec de beaux costumes (parce que ça je sais bien le faire), soit m'engager dans l'armée parce que j'aurais pu me balader boulevard Saint-Germain et glander à une terrasse de café en plein après-midi avec un chouette uniforme tout en étant bien loin de la guerre( ça aussi je sais bien le faire).

Bref si l'expo n'était vraiment pas géniale, même que je vous engage à ne pas y aller (de toute manière, elle ferme ses portes dimanche), j'ai quand même été content de voir où passaient mes impôts.

Je suis d'ailleurs bien content de savoir que je contribue à rendre tous ces messieurs aussi heureux de vivre. Après tout, l'essentiel de ma profession, c'est tout de même de rendre les gens heureux.

2 Comments:

Blogger El Gringo said...

"moi aussi rire avec des copains en étant tous habillés avec de beaux costumes"
Si tu veux, je mets mon pantalon en cuir, tu mets ta chemise à jabot et on va se promener?

24/6/10 10:57 PM  
Blogger you said...

Tout à fait d'accord avec vous! Moi aussi je déteste aller dans les expos! Quand j'habitais Paris avec ma copine bobo, c'était une épouvantable corvée avec le belle mère bourgeoise de province!
Puis maintenant que je suis avec des filles plus jeunes qui ont une carte bleue et qui réservent sur le net, passage obligé quand on vient à Paris, gros sentiment culpabilité quand on passe devant les pauvres bougres qui font la queue, puis très vite à l'intérieur obligation de voir très vite les œuvres d'art, pressé par la foule!
Moi dorénavant, je me contente de télécharger le catalogue sur le net, quand ça m'intéresse, car étant un peu "fauchman" et radin (comme je vous soupçonne de l'être), je n'achète jamais les catalogues hors de prix!

11/10/10 2:26 AM  

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