Dépression noogène !
On vit une époque vraiment pourrie. La France n'en finit pas de crever et à moins d'avoir une carte du PS ou de l'UMP dans la poche ou de militer au NPA, tout le monde s'en rend compte.
Hier soir, mon dernier patient que je connais bien m'a demandé si je voulais bien faire la séance en terrasse de café. Cela ne me posait aucun problème mais j'ai exigé que nous allions sur la rive gauche. Nous nous sommes donc retrouvés tous deux à deviser dignement devant des Affligem à une terrasse de la rue Soufflot.
Comme il se fait tard, je décide de diner rapidement dans un des deux fast-foods avant de rentrer chez moi. Mc Do est bourré tandis que le Quick est vide : ce sera donc le Quick ! Tandis que je passe ma commande auprès d'une brunette plutôt jolie et accorte, un type qui attend le reste de sa commande engage la conversation.
Nous parlons de l'ancien Quick du milieu du Bd Saint-Michel devenu un Monoprix. On se souvient qu'avant, un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, c'était un café qui s'appelait "Les sources". Comme je suis bien plus érudit que lui, je lui apprends que c'était l'établissement favori de Violette Nozière, cette adorable petite capricorne que ses parents avaient un peu trop fait chier et qui décidé de s'en débarrasser prestement !
Comme nous sommes seuls l'un et l'autre, nous nous asseyons dans un coin pour diner et nous papotons. Il est pilote de ligne bientôt en retraite et moi vous le savez. Il ose timidement une question sur l'état mental d'une femme dont il ne me dit pas qui elle est. Et je comprends qu'il me parle de sa femme qui en plus d'être psychanalyse semble passablement hystérique même si les deux vont souvent ensemble.
Puis, voyant qu'il a à faire à un homme responsable et non à un putain de gauchiste, il embraye sur la politique. On parle de Paris, et chacun de nous constate combien la ville a bien changé. Il doit être 22h30 et il n'y a pas un rat dans les rues, le boulevard Saint Michel est vide malgré la température clémente de la soirée. Bien sur, nous sommes d'accord pour dire que c'est de la faute de Delanoë ! Et puis, nous invoquons aussi la responsabilité de tout ces paysans venus de contrées improbables en se jurant de transformer Paris en New-York. Tous ces gens avides d'art contemporain, de culture et d'expos comme ils disent. D'ailleurs si vous voulez reconnaître à coup sur un faux parisien, mais un vrai provincial avec encore de la paille dans ses sabots, c'est facile : c'est toujours celui qui vous dit qu'il(elle) adore aller aux expos. Le vrai parisien se tape des expos, ne monte pas à la Tour Eiffel, et passe devant le Louvre sans s'y arrêter. Au final, de New-York, on n'aura retenu que l'interdiction de fumer dans les rades !
Et puis bien sur on finit sur la France et là ce brave type devient assez touchant. Il m'explique qu'il s'est baladé dans pas mal de pays dans le monde, qu'il en a trouvé de très bien, mais qu'il a toujours été content de revenir en France. Comme il me dit, on y bouffait bien, on y buvait bien et il rajoute que c'était aussi l'un des rares pays où l'on pouvait s'engueuler avec un flic sans risquer de finir au ballon. Sans compter, me dit-il aussi, que quand on voulait on pouvait faire de très belles réussites techniques.
Puis son visage s'assombrit pour me dire qu'il a l'impression qu'une page s'est tournée. Il trouve que maintenant tout est nul en France et il applaudit même les nombreux ratages français en matière économique, sportive et j'en passe. Il m'explique qu'il a décidé de ne plus voter.
Puis, allant toujours plus loin dans ses confidences, il m'explique : vous allez sans doute me trouver bête, mais je suis désabusé, pas déprimé non, bien au-delà, je suis désabusé parce que je n'attends rien. Je suis à la retraite dans peu de temps et je m'en faisais une joie. Je pensais profiter de bons moments dans un des plus beaux arrondissements d'une des plus belles villes du monde. Et aujourd'hui, il n'y a plus de vie. Même les cafés que j'aimais sont peuplés de cons et les propriétaires des établissements sont pires encore. Je n'aime plus la France et je me sens orphelin.
Pour conclure, il m'a demandé ce qu'il avait. Je lui ai juste dit qu'il déprimait parce qu'il était affecté d'un genre particulier d'une pathologie difficile à traiter : la dépression noogène qui consiste en une absence de sens.
Victor Frankl qui décrivit cette pathologie expliquait que l'être humain est conduit par la recherche de valeurs capables d'éclairer sa vie et d'un sens (logos) qui puisse l'orienter. Il est unique, libre et responsable dans ses choix, ne dépend pas de ses pulsions et peut faire face aux situations les plus dramatiques s'il sait leur donner une signification. Qu'il vienne à perdre le sens de la vie et il basculera dans la dépression noogène, une dépression atypique évoluant à bras bruit dans laquelle les symptômes psychologiques sont anesthésiés par une apathie qui prend le dessus et masque tout.
Bien entendu, il m'a trouvé sympa et m'a demandé ma carte de visite !
Hier soir, mon dernier patient que je connais bien m'a demandé si je voulais bien faire la séance en terrasse de café. Cela ne me posait aucun problème mais j'ai exigé que nous allions sur la rive gauche. Nous nous sommes donc retrouvés tous deux à deviser dignement devant des Affligem à une terrasse de la rue Soufflot.
Comme il se fait tard, je décide de diner rapidement dans un des deux fast-foods avant de rentrer chez moi. Mc Do est bourré tandis que le Quick est vide : ce sera donc le Quick ! Tandis que je passe ma commande auprès d'une brunette plutôt jolie et accorte, un type qui attend le reste de sa commande engage la conversation.
Nous parlons de l'ancien Quick du milieu du Bd Saint-Michel devenu un Monoprix. On se souvient qu'avant, un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, c'était un café qui s'appelait "Les sources". Comme je suis bien plus érudit que lui, je lui apprends que c'était l'établissement favori de Violette Nozière, cette adorable petite capricorne que ses parents avaient un peu trop fait chier et qui décidé de s'en débarrasser prestement !
Comme nous sommes seuls l'un et l'autre, nous nous asseyons dans un coin pour diner et nous papotons. Il est pilote de ligne bientôt en retraite et moi vous le savez. Il ose timidement une question sur l'état mental d'une femme dont il ne me dit pas qui elle est. Et je comprends qu'il me parle de sa femme qui en plus d'être psychanalyse semble passablement hystérique même si les deux vont souvent ensemble.
Puis, voyant qu'il a à faire à un homme responsable et non à un putain de gauchiste, il embraye sur la politique. On parle de Paris, et chacun de nous constate combien la ville a bien changé. Il doit être 22h30 et il n'y a pas un rat dans les rues, le boulevard Saint Michel est vide malgré la température clémente de la soirée. Bien sur, nous sommes d'accord pour dire que c'est de la faute de Delanoë ! Et puis, nous invoquons aussi la responsabilité de tout ces paysans venus de contrées improbables en se jurant de transformer Paris en New-York. Tous ces gens avides d'art contemporain, de culture et d'expos comme ils disent. D'ailleurs si vous voulez reconnaître à coup sur un faux parisien, mais un vrai provincial avec encore de la paille dans ses sabots, c'est facile : c'est toujours celui qui vous dit qu'il(elle) adore aller aux expos. Le vrai parisien se tape des expos, ne monte pas à la Tour Eiffel, et passe devant le Louvre sans s'y arrêter. Au final, de New-York, on n'aura retenu que l'interdiction de fumer dans les rades !
Et puis bien sur on finit sur la France et là ce brave type devient assez touchant. Il m'explique qu'il s'est baladé dans pas mal de pays dans le monde, qu'il en a trouvé de très bien, mais qu'il a toujours été content de revenir en France. Comme il me dit, on y bouffait bien, on y buvait bien et il rajoute que c'était aussi l'un des rares pays où l'on pouvait s'engueuler avec un flic sans risquer de finir au ballon. Sans compter, me dit-il aussi, que quand on voulait on pouvait faire de très belles réussites techniques.
Puis son visage s'assombrit pour me dire qu'il a l'impression qu'une page s'est tournée. Il trouve que maintenant tout est nul en France et il applaudit même les nombreux ratages français en matière économique, sportive et j'en passe. Il m'explique qu'il a décidé de ne plus voter.
Puis, allant toujours plus loin dans ses confidences, il m'explique : vous allez sans doute me trouver bête, mais je suis désabusé, pas déprimé non, bien au-delà, je suis désabusé parce que je n'attends rien. Je suis à la retraite dans peu de temps et je m'en faisais une joie. Je pensais profiter de bons moments dans un des plus beaux arrondissements d'une des plus belles villes du monde. Et aujourd'hui, il n'y a plus de vie. Même les cafés que j'aimais sont peuplés de cons et les propriétaires des établissements sont pires encore. Je n'aime plus la France et je me sens orphelin.
Pour conclure, il m'a demandé ce qu'il avait. Je lui ai juste dit qu'il déprimait parce qu'il était affecté d'un genre particulier d'une pathologie difficile à traiter : la dépression noogène qui consiste en une absence de sens.
Victor Frankl qui décrivit cette pathologie expliquait que l'être humain est conduit par la recherche de valeurs capables d'éclairer sa vie et d'un sens (logos) qui puisse l'orienter. Il est unique, libre et responsable dans ses choix, ne dépend pas de ses pulsions et peut faire face aux situations les plus dramatiques s'il sait leur donner une signification. Qu'il vienne à perdre le sens de la vie et il basculera dans la dépression noogène, une dépression atypique évoluant à bras bruit dans laquelle les symptômes psychologiques sont anesthésiés par une apathie qui prend le dessus et masque tout.
Bien entendu, il m'a trouvé sympa et m'a demandé ma carte de visite !
12 Comments:
decouvrir que je souffre de depression noogene a redonné un peu de sens à ma vie ^^
Philippe m'a sauver
Je ne devais plus moufter mais je me flagellerai 100fois et réciterai 1000 ppaters à la gloire de Philippe Psy.
Ne voulant pas polluer d'avantage, je vais être breve : Stephanie si vous avez le temps de vous ennuyez passer par chez moi!
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Si par hasard vous avez trouver le temps de vous ennuyez et pour cette raison êtes aller sur mon blog , le message à votre attendtion à été modifié. Je l'ai réécrit.
Eh bien voilà ! Je suis noogène. Merci Philippe Psy !
J'ai bien aimé vos articles sur la drague. Vous devriez orienter J.. là dessus. Je ne sais pas toutefois s'il est mûr pour entendre cela, c'est à dire pour se regarder puis agir.
Il n'y a que vous qui puissiez le savoir et je vous fais confiance : Paris ne s'est pas fait en un jour et comme je sais que vous pouvez, tel le poisson torpille, envoyer des kilowatts dans la gueule, si vous ne l'avez fait, c'est que vous avez de bonnes raisons.
Pour ma part, mon sens de la psychologie consiste à s'attraper des bières puis finir aux putes(1) : je crains que J.. n'ait pas besoin de cela.
(1) ca marche aussi dans l'autre sens : Se finir à la bière et s'attraper des putes.
@Figaro : ne vous sous-estimez pas ! Je vous ai vu et observé. Votre manière de faire rire les femmes aux larmes tout en leur matant les seins est d'une habileté remarquable. Pour éviter la dépression noogène, faites vous plaisir, créez un atelier d'apprentissage pour enseigner l'art de la cravate de notaire ?
Quant à J. aucune nouvelle !
@Philippe Psy,
Comme c'est amusant la communication !
Je vous disais que "mon sens de la psychologie consiste à s'attraper des bières puis finir aux putes". C'est à dire que la seule aide que je pourrais apporter à J. serait de lui expliquer la vie en vidant quelques pintes et conclure par : « C’est pas bien grave ton truc ; On va aller aux putes, tu vas voir, tu te sentiras mieux après ». Je doute cependant que mon approche lui soit de quelqu'utilité.
Pour ce qui me concerne, vous avez raison, j'ignore tout de la pratique du neg'hit et j'ai toujours plu. Je n'ai aucun mérite ; j'ai toujours bien aimé amuser les filles et pour le reste cela doit tenir à des détails comme la tonalité d'une voix, l'expression d'un regard, le dessin d'un sourire...détails pour lesquels nous ne sommes pour rien.
Il y a quand même une justice, la cinquantaine venant, ça marche moins bien avec les jeunes mais avec les divorcées entre 40 et 55 ans...c'est un vrai fan-club ! Dommage ; à 25 ans, les nanas quadras me faisaient rêver et maintenant ce sont les post-pubères qui m'émeuvent. Vas comprendre Charles.
Je vais donc suivre votre conseil : Ouvrir un atelier d'expression libre dans laquel on travaillera la cravatte de notaire sans oublier l'éjaculation faciale !
@Figaro : je suis ravi d'avoir pu vous aider dans votre quête de sens. Ces stages auront je n'en doute pas un très vif succès !
Votre vraie force c'est de pratiquer le heg'hit sans connaître cette technique.
http://img168.imageshack.us/img168/1691/violettenoziereki7.jpg
si le capricorne est pétulant !
(je le savais pour les hommes, mais apparemment les femmes ne sont pas en reste)
"La traditionnelle lucidité des dépressifs, souvent décrite comme un désinvestissement radical à l'égard des préoccupations humaines, se manifeste en tout premier lieu par un manque d'intérêt pour les questions effectivement peu intéressantes. Ainsi peut-on, à la rigueur, imaginer un dépressif amoureux, tandis qu'un dépressif patriote paraît franchement inconcevable."
Pour les mecs qui liraient ça, en voyant les photos de Violette Noziere (plus peut-être celle qui est en lien dans les commentaires), est-ce un style qui vous plaît, à combien vous l'évaluez, de 1 à 10, pas vraiment en beauté, mais en désirabilité on va dire?
Je decouvre aujourd'hui avec ravissement ce blog rempli d'analyses sociologiques passionnantes, j'y decouvre que les provinciaux sont des gros cons qui courent les expos avec de la paille dans les sabots, que les etudiantes en cycles techniques sont mal fagotées et ont des lunettes en culs de bouteilles, ce truc est une mine !!!
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