Il n'y a qu'elle dans la vie !
Sacré Lamartine qui disait "un seul être vous manque et tout est dépeuplé". Il ne se trompait pas. Putain, on a beau être sévèrement burné parfois, lors d’une rupture on peut se retrouver aussi démuni qu’une jeune pucelle. On erre comme une âme en peine, on écrit mille mails à la belle qui s'en fout. On se dit que vivre ne vaut plus la peine.
Dans le fatras des techniques de drague développé par nos amis ricains, comme je le disais, tout n'est pas à jeter. J'ai particulièrement apprécié leur notion de one-itis parce qu’elle recoupe ce que j’ai souvent pu observer lors de certaines crises connues chez nous sous le vocable de chagrin d'amour. Alors pour comprendre le concept, souvenez vous qu'en anglais le suffixe "itis" désigne une maladie. Ainsi notre bonne vieille méningite est une meningitis chez les anglois !
Le One-Itis est une véritable obsession maladive que fait une personne en croyant en perdre une autre lors d’une rupture amoureuse. De nombreux jeunes sans expériences de la séduction lors de leurs premières relations se rendent malade lorsqu'une rupture survient, pensant avoir gâché irrémédiablement leur vie. Le One-Itis est une vrai souffrance qui met malmène beaucoup de jeunes séducteurs. Certains pourront même commettre l’irrémédiable. Bien entendu, si pour des raisons de commodités, j’écris pour les hétéros, ceci s’applique aussi aux gays et aux lesbiennes et autres dégenrés de toutes espèces.
Entrons dans le vif du sujet. Alors voilà, c’est arrivé. Elle vous a plaqué ou ne donne plus de nouvelles et vous êtes au trente-sixième dessous. La souffrance commence et comme dirait le père Verlaine, il pleure dans votre coeur comme il pleut sur la ville. On panique, on est prêt à tout pour la récupérer et on se met à faire n'importe quoi comme la supplier, lui promettre de l'attendre, etc.
C'est le piège terrible qui se referme alors lorsque se faisant de faux espoirs, on pense récupérer sa dulcinée. Et cette erreur empêche de se remettre d'une rupture en interdisant la cicatrisation : le fameux travail de deuil. C'est le cycle infernal au cours duquel alternent, la dépression due à la séparation et l'angoisse due à l'espoir toujours brisé qu'elle revienne. Le taux de cortisol augmente, celui de sérotonine baisse dangereusement, et on risque de finir pendu ce qui serait idiot. Avouez qu'il faut être con pour mourir d'amour sauf si on est shampouineuse et abonnée à Gala ! Je vous promets que tous(te)s ceux(elles) qui se sont remis(es) d'une histoire d'amour tragique admettent que ça aurait été très con de mourir pour si peu.
1 – Tenter de la récupérer
La meilleure chose serait de l'oublier mais c'est plus facile à dire qu'à faire. La première souffrance c’est l’angoisse terrible. On se dit qu’elle est partie mais qu’elle pourrait revenir. On est comme au volant d’une voiture automatique, un pied sur l’accélérateur et un autre sur le frein. Ca s’arrête et ça repart. Et c’est encore pire quand on a la phase dite du « mois pour prendre du recul » qui n’est généralement qu’une manière douce de se barrer.
Quand je reçois ce genre de patient(e), je laisse toujours un laps de temps pour tenter de mettre en place une stratégie pour récupérer la douce. On se calme, on tente d’apaiser le désordre émotionnel, quitte à prendre quelques médicaments et on réfléchit sur les erreurs passées, ce qui est de la faute du patient ou de la dulcinée. Parce que je vous assure que dans une histoire d'amour, même la plus pourrie, les torts sont toujours partagés ! Même si la fille s'est comportée comme la dernière des salopes, ça reste partagé parce qu'il ne fallait pas la choisir ! C’est du 50/50.
Et parfois cela marche. A la faveur d’une discussion intelligente, les gens se remettent ensemble. Mais c’est rarissime parce que l’on sait qu’une fille qui part, vous plaque, ne revient jamais. Elles sont longues à se décider mais quand c’est mort, c’est mort. Et puis tentez de faire sortir une nana de l’émotionnel, c’est presque peine perdue. Et croyez moi ce n’est pas du sexisme.
2- Admettre qu’elle ne reviendra pas
Ensuite, comme on sait qu'une gonzesse qui vous plaque ne revient généralement jamais, il faut passer à l'étape deux. Voilà, elle est partie, elle ne reviendra plus. Alors on évite de mourir et puis on travaille et on tente de murir psycho-affectivement.
Déjà, on admet qu'elle a le droit de plaquer, de partir, de penser qu'elle s'est trompée. Parce que de la même manière que mon charmant petit patient n'est pas obligé de sortir avec TOUTES les filles à qui il plairait, la gonzesse qu'il idéalise n'est pas non plus obligée de sortir avec TOUS les mecs à qui elle plait dont lui ! Devenir adulte et cesser d'être un petit branleur c'est admettre cela : ce n'est pas parce qu'on se meurt d'amour pour une fille qu'elle doit répondre favorablement à ces attentes.
Donc inutile de vous extasier avec regret devant ses photos, de vous précipiter pour répondre à ses appels ou de réécrire trente fois la lettre censée la convaincre de revenir. C’est du temps perdu.
A ce stade on doit avoir réussi à entériner le fait qu'elle ne reviendra pas en connaissant les raisons de cette rupture. On redevient libre, on sort de ce cycle sans fin.
3- Cesser de l’idéaliser
Finalement, le travail consisterait idéalement à l'oublier totalement. C'est souvent impossible alors on se contente de faire du déminage et d'ôter la plus grande charge affective à cette douloureuse histoire d'amour.
Il s’agit de cesser de placer l’ex sur un pinacle comme si c’était une princesse de conte de fées et une femme parfaite parce qu’elle ne l’est pas. D’ailleurs, plutôt que des bons moments, tentez de vous remémorer-vous tous ces moments où elle s’est mal comportée avec vous. Listez tous les mauvais moments et tentez de devenir enfin objectif. Parce que je l’affirme, la genèse de votre histoire d’amour comportait en son sein ce qui allait entrainer sa fin.
Le temps fait ensuite son œuvre et le patient s'aperçoit un jour qu'il peut penser à cette ex comme à une femme normale et même se trouver bien stupide d'avoir voulu mourir pour elle. La princesse de conte de fées n'était finalement qu'une femme banale sur laquelle il projetait bien des choses.
C’est tout l’intérêt de ces fameuses projections lesquelles ne sont pas cantonnées au travail psychanalytique. Les thérapies cognitives, par le dialogue que l’on a amènent aux mêmes prises de conscience. On cesse d'idéaliser. On se renarcissise. On se dit qu'on est un mec bien et qu'on mérite mieux que cette conne qui fait la fine bouche.
La vie poursuit ensuite son cours. Après un temps de latence, les souvenirs s’estompent et on rencontre de nouveau. Et on se dit enfin : comment ai-je pu être aussi triste ? Comment ai-je pu me comporter comme un putain de clébard quémandant son sucre ???
14 Comments:
Eh ben moi, j'ai pas eu de problème après ma rupture avec la Sécu. Aucun regret, aucun chagrin.
Le syndrome du One Itis ne se restreint pas à la rupture. Il traite plutôt de la perte de moyens du séducteur en état de salivage amoureux et des façons d'y remédier. Submergé par la rage limbique, le boxeur entiché en perd sa technique. Comme les apprentis PUAs sont des chantres de la désensibilisation inspirée des TCC, ils prôneront donc la démultiplication des expériences. D'où, littéralement, que le One-Itis soit la "Maladie de l'Unique".
Au bout d'une trentaine de cruches kissclosées, on en viendra à défocaliser, retrouver sa belle technique cortésienne et, comme vous l'indiquez, à cesser d'idéaliser le dulciné. Il est même envisageable que l'aspect "collectionneur" du Queutard ait, entre autres, cette fonction là.
Sachez également que vous recevrez prochainement, à une adresse tenue secrète, un Bon-Pour-Baffe-Lacanienne, vous donnant le droit à l'heure indiquée de m'infliger un déroutant soufflet pour l'outrecuidance didactique de ce commentaire.
-c-
@Lucie : Vous avez parfaitement raison tant que l'on en reste à cs techniques. J'avais essayé d'adapter cette notion aux cas que je peux traiter. Comme je l'ai dit, la technique pure est trop américaine pour vraiment fonctionner. Se désensibiliser pour moi, c'est canaliser sa sensibilité et non de venir insensible. Je ne suis pas éleveur de tueurs en série ! :)
Mais bravo pour l'intelligence de votre commentaire.
Je trouve le truc de la perte de moyens dans la petite théorie du One-Itis d'eine kolossal potentiel. Dans chaque vill se cache un musicien en one-itis avec leur public, un autre, tentant de battre le record du lancer de passoires, en one-itis avec son jury. Des phobiques sociaux, en one-itis toujours avec l'oeil anticipateur de leur ridicule.
Ou plutôt, le jury des passoires ou l'anticipation anxieuse n'est pas le one-itis, mais son mécanisme est à l'oeuvre.
Pff un livre a déjà du sortir sur le sujet. On aurait pu se faire plein de thunes !
Mais comme toujours vous avez raison et l'aspect robotique de la désensibilisation n'est pas du tout dans mes petits papiers. C'est bien pour ça que le behaviorisme est mort ! Même si ces lavettes de psychanalystes continuent de le confondre avec les TCC.
"Se désensibiliser pour moi, c'est canaliser sa sensibilité et non devenir insensible"
Oui, mille fois oui.
@Lucie : Effectivement, les psychanalystes ont raté la révolution cognitive en s'accrochant aux vieilles lunes de Skinner. Ils sont nuls et tout juste bons à enchaîner ceux qui se laisseront toujours dominer par le conformisme social.
On devrait écrire un truc ensemble.
@Philippe : Mille-et-unième oui.
Je vais maintenant m'atteler à ma mise en plis. Une délicieuse soirée mondaine en RER m'attend.
belle analyse...
Tiens, j'ai pensé devant mon café ce matin que ce que vous dites de la psychanalyse marche aussi pour la religion. Vous voyez que j'ai de super activités après mon cours de step-pilates à la piscine ! Je me rends compte que le véritable libéralisme, c'est peut-être de laisser aux gens la liberté de se choisir esclaves. Très stoïcien ! Et en tant que tel, apaisant. Bon, je me mets en quarantaine pendant quelques jours car je poste trop de commentaires.
"Je me rends compte que le véritable libéralisme, c'est peut-être de laisser aux gens la liberté de se choisir esclaves. " Très Jolie et sans doute vrai. J'ai toujours trouvé très triste l'esclavage. On est nécessairement esclave de quelques choses ?
Toutes les sciences psycho-machin et leurs théories sont excessivement déprimantes. C'est un peu comme les making of des films. Cela enlève tout l'attrait du cinéma soit la magie... J'ai encore révé même si c'est inutile voire dangereux quelques fois!
Sans doute suis je trop jeune!
Et on se sent mieux après un passage dans le cabinet d'un psy ? Vraiment cela a été prouvé ?
Je ne voudrais pas être psy!! ; )
(Comme on ne peut pas laisser de commentaire anonyme ici)! Pff
prière de ne pas me gronder!
Bonjour!
Je suis tombée par hasard sur ton blog (oui je te tutoie, parce-que dans le monde de la blogosphère, on est tous un peu pareil :) ) en tapant 'psy amoureux'! enfin bref!
J'ai parcouru ton blog (mais je compte bien le lire de long en large) et il me plait bien
Je me suis tjs dit que pour etre psy il fallait soit meme n'etre pas "très net", attention ce n'est pas un reproche au contraire :)
J'aime les gens pas nets, moqueurs, ironiques, que sais-je encore...
J'ai moi-même commencé une thérapie, et j'ai peur que mon analyste ne me prenne pour une folle furieuse (et après??) avec tout ce que je raconte comme conneries
Enfin voila quoi, je suis heureuse d'etre tombée sur un blog un peu plus intéressant (même bcp plus) que les blogs-photo avec 3 lignes 'ouais ma meuf elle est méga bonne jla kiffe grave' ^^
Ah sinon question: mon psy est quand meme il faut le dire pas mal (en fait canon mais je vais juste dire pas mal car je suis mariée ^^), le transfert est-il obligatoire? je balise un peu la dessus, car mon problème majeur étant de tomber amoureuse de tout le monde en 3/4 de seconde, je ne risque pas de régler mes problèmes comme ca...
@Philippe Psy,
Votre histoire de One-Itis me laisse perplexe. Je confronte cela à mon expérience et ne trouve désespérément rien. Un One-Itis plat. Du temps où j'étais dans l'armée d'active, lorsqu'une fille se tirait je me disais qu'elle le méritait bien ; je me disais également que rien ne se regrette et que nul ne se rattrappe.
Et puis le One-Itising cela doit fatiguer à la longue : se saouler en se posant des questions bien bien construites pour en arriver à "elle est barrée"...cela me donne déjà mal à la tête. Et si c'est pour aboutir à un mal au crâne, autant picoler gaillardement, c'est une route agréable à parcourir pour parvenir au "bobo la tête". En plus picoler, c'est bon.
Bref, 'suis pas client de votre truc. En revanche, mon ami le jeune J aurait tout bénéfice à lire votre article...
@Figaro : le jeune J avait perdu les coordonnées de ce blog. Les jeunes n'ont pas de tête ! Ils ne pensent qu'aux filles et aux voitures !
@Caro/Caroline : oui, la magie est moins magique quand on voit les ficelles.
Merci pour votre soutien, je projette moi aussi d'ouvrir une secte dans un château d'eau.
@Lucie Trier. Escusez moi pour le retard. Il faudrait que l'on s'entende au préalable dans le cadre de l'ouverture de nos sectes respectives afin de ne pas se faire de concurrence.J'ignore si c'est un marché porteur ? Mais au regard de ce que je lis sur ce blog et ailleurs, je pense que c'est un marché où il y aura toujours des clients !
Dans un château d'eau ??? Vous faites dans l'efficacité, à peine adhérent que vous les noyez dès qu'ils ont payé l'entrée !
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