16 janvier, 2012

Lubie, motocyclette et époque pourrie !


Si j'ai peu écrit c'est que j'ai eu une nouvelle lubie, une de celles qui font que chez moi les trucs les plus divers s'entassent. Peut-être est-ce du fait que Lapinou ait décidé de passer son permis moto pour cesser de passer pour un trou du cul dans sa Twingo en s'affirmant enfin en tant qu'homme, toujours est-il que mon esprit est allé vagabonder du côté des motos de ma jeunesse.

Et quand je dis jeunesse, je vous parle du temps de ma prime adolescence, à une époque où le Gringeot pouvait déjà conduire,  coucher avec des filles de mauvaise vie (tarifée) et hanter les cinémas pornos avec ses potes de terminale E tandis que j'en étais réduit à fantasmer sur Farrah Fawcett Major en me tirant sur l'élastique et à regarder en bavant les motos exposés chez le concessionnaire à côté de mon école.

Et à cette époque, il y avait deux motos à la mode chez les jeunes, la Yamaha 125 DTMX, un deux temps robuste et performant et la réponse de Honda, la 125 XLS, un quatre temps endurant et tout aussi performant. Les deux étaient des trails, c'est à dire des motos tous-chemins aussi à l'aise sur route que dans les petits chemins campagnards, à l'époque où l'on pouvait les emprunter en moto sans être taxé d'ennemi de la nature et courir le risque d'être lapidé par des cons de promeneurs ou sévèrement condamné par les tribunaux.

Hélas né trop tard mais pas trop quand même, je n'ai jamais eu le loisir de les conduire. Le législateur imbécile  a interdit les boites de vitesses mécaniques pour les petites cylindrées tandis que l'âge minimal de conduite de ces bolides qu'étaient pour moi les 125 à cette époque, passait de seize à dix-huit ans. Je fus donc frustré et je crois que mon psychanalyste jungien ne l'a jamais compris parce qu'un psychanalyste ne saura jamais différencier une DTMX d'une XLS mais qu'il reste champion pour l'enculage de mouche.

Les années ont passé et voici qu'un jour, Lapinou arrive chez moi avec une mignonne petite moto Honda. Je l'essaie aussitôt et si je lui trouve peu de caractère, je me dispense de le dire à Lapinou qui semble fier de son destrier. Son machin est à injection, ne possède ni caractère ni puissance et est tout juste bon à être conduit par un coursier. Bref, on est bien loin des DTMX et XLS de mon enfance.

Et voici que la lubie nait en mois. Comme je ne sais lequel choisir, je demande successivement à mon épouse et à Laurence de choisir pour moi. Mon épouse trouve la DTMX plus jolie parce que celle que je lui présente est noire. C'est vous dire si c'est de l'avis technique. Quant à Laurence, elle me dit qu'elle n'aime pas trop les phares ronds parce que c'est moins joli. Encore un avis de gonzesse bien utile pour le choix d'une bécane. Putain et après cela, on dira qu'on est pareils elles et nous. Mon cul oui !

Bref, le jeune Lapinou ayant réactivé mes souvenirs de jeunesse, c'est avec fébrilité que j'ai épluché les annonces du Bon coin pour trouver la DTMX de mes rêves. Je l'ai finalement trouvée à Paris dans le sixième arrondissement. Emmenant Lapinou avec moi, je suis allé la voir un samedi matin. Durant tout le trajet, Lapinou n'a cessé de me dire que ces vieilles bécanes étaient nazes et que je ferais mieux d'en acheter une neuve. Je n'ai eu évidemment que mépris pour les élucubrations de cet enfant incapable de savoir ce qui est bien, beau et vrai.

Dix minutes après, j'étais dans la cour intérieur d'un charmant immeuble près des fainéants (le Sénat) en train d'admirer sous toutes les coutures une superbe DTMX encore en bon état malgré ses trente-quatre printemps. Lapinou a admis qu'elle était plutôt jolie même s'il a rajouté qu'il n'aimait pas les trails parce que Gregory House roule sur une sportive. Il faut vraiment être un enfant influençable pour vouloir la même bécane que House, pourquoi pas sa canne aussi ?

Et puis, le propriétaire est descendu avec la clé, s'est assez dessus et là que dalle, la brêle n'a jamais voulu démarrer. Comme il n'y avait pas d'étincelles à la bougie, j'ai décliné poliment et nous sommes partis. Je n'ai donc pas eu de DTMX. 

Mais fort heureusement, le lendemain matin, à force de le harceler, un propriétaire de XLS acceptait que je passe voir la moto qu'il vendait. Lapinou n'ayant rien d'autre à faire et m'y emmené en voiture. La moto était dans un état parfait. Quant au propriétaire, je ne sais pas quel métier il exerçait mais il était impeccable et son intérieur aussi ce qui m'a donné confiance. Le mec devait être obsessionnel compulsif parce qu'il avait même une boîte dans laquelle figuraient tous les documents liés à la moto depuis son achat en juin 1981. Pour la forme j'ai tenté de négocier le prix mais finalement devant la réticence du type à céder, j'ai lâché les six-cents euros demandés et je suis immédiatement parti au guidon de ma Honda XLS comme neuve avec allumage CDI et tout et tout. 

Durant une semaine, je n'y ai pas touché et le samedi suivant, Lapinou est venu me proposer un tour en moto. J'ai accepté de bon coeur. Il faut savoir que Lapinou est petit et mince (et socialiste) et que moi non, ce qui signifie que ce rascal imaginait que son moindre poids lui donnerait un avantage par rapport à moi pour me devancer. J'ai évidemment soigneusement fait chauffer mon petit monocylindre tandis que le mixer de Lapinou était déjà chaud. 

Et là, cela n'a pas raté, mis en confiance par ma manière prudente de rouler, Lapinou a cru qu'ils pourrait me dominer. Et dans une belle montée pleine de virages, j'ai ouvert les gaz en grand, mon Mikuni 22 se chargeant de gaver le minuscule monocylindre. Et là, je n'aurais pas aimé être à la place de Lapinou parce que l'humiliation est sans doute la pire des choses qu'un jeune mâle puisse vivre. Allongé sur sa moto anémique de coursier, le pauvre s'est pris une branlée magistrale. Quant à moi, ayant retrouvé les réflexes de mes quinze ans, je lui ai mis deux cents mètres dans la vue, le laissant loin derrière déconfit et penaud tandis que je l'éloignais dans le soleil couchant au guidon de mon cheval mécanique. Si Lapinou était japonais, le soir même il aurait sorti son katana pour s'ouvrir le ventre.

Il faut dire que les années ont passé et que les nouvelles motos sont à la moto ce que François Hollande est à la politique, c'est incolore, inodore et sans charme. Ça roule, ça amène d'un point à un autre et point barre. A la limite pourquoi s'emmerder à passer les vitesses avec un truc aussi linéaire et aussi peu pêchu, autant rouler en scooter comme un besogneux. Mais bon, à l'image de l'époque qui nous baigne de sa lénifiante bienveillance, les normes Euro3 sont passées par là, lissant le caractère des moteurs, abaissant les puissances et gommant les sensations. Gaïa mérite bien cela.

C'est comme un monde concocté par Eva Joly, Ségolène Royal et Martine Aubry réunies comme trois fées nuisibles autour d'un berceau !

Moi je m'en fous, j'ai une belle XLS et j'attends ma prochaine lubie !

4 Comments:

Blogger V. said...

http://www.culturepub.fr/videos/volkswagen-jetta-easy-riders

Philippe et son ami Gringeot avant l'achat de la Visa

(vous constaterez que je suis très affectée par la disparition de C. Blachas)

8/2/12 12:25 PM  
Blogger El Gringo said...

Si c'est celle de la photo, elle est effectivement superbe! (même si personnellement, je suis allergique au top case).

Les 125 actuelles sont effectivement des poumons. J'ai essayé dernièrement la XR 125 L de ma copine, lointaine descendante de ta XLS (la moto, pas la copine). J'imagine que ton KS 50 marchait mieux...

On a effectivement "châtré" ces engins et les jeunes susceptibles de les utiliser avec.

Dans le même temps, les racailles de banlieue font le rodéo dans le quartier sur des scooters trafiqués quand ce n'est pas sur des motos de cross interdites à la circulation sans que jamais la police ne montre le bout de son nez (situation régulièrement vécue autour de chez moi).
Par contre, si je roule à 55KM/h au lieu de 50...

8/2/12 1:48 PM  
Blogger Nafy-Nathalie said...

Sympa cette lubie !

Ca me rappelle mon adolescence même si je n'ai jamais conduit de Honda.
Nous, on faisait les fous dans le Sahel, avec des Yamaha 125 ou Tenere.
C'étaient des motos incroyables !
Sourire.

15/2/12 6:47 AM  
Blogger monoi said...

Moi c'etait la Zundapp 50 qui me faisait rever...je comptais et recomptais mon argent de poche en faisant des calculs savants pour voir si je pourrai me l'offrir un jour.

23/2/12 5:38 PM  

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