01 septembre, 2013

Cinéma et blog !


Je n'ai pas écrit depuis longtemps, c'est vrai, j'ai honte et je n'ai pas vraiment d'excuses. Ou plutôt j'en ai une que je me dois de vous livrer. 

Il se trouve qu'après avoir été la cibles de quelques journalistes et d'éditeurs dont j'ai à chaque fois repoussé les offres, dans la mesure ou glandeur par nature, je ne me voyais pas m'imposer un vrai travail, qui réclame de moi plus que je ne suis capable de fournir, afin d'aboutir à une interview ou un livre médiocre dans laquelle on n'aurait pas senti la puissance de ma réflexion.

C'est à ce moment que, sans aucun doute fruit d'un complot de tous ceux qui veulent me voir briser les frontières de ce blog, le cinéma me fit de l'oeil. Et attention, je ne parle pas du cinéma français subventionné par le CNC et autres conseils régionaux ou généraux mais du vrai, du grand, celui devant lequel tout français s'incline : le cinéma américain !

Je reçois donc courant juin un mail que je prends d'abord pour une grossière plaisanterie. Un individu se disant agent de je ne sais qui, souhaite me rencontrer. Évidemment, j'envoie promener l'imposteur en me gaussant de lui et en lui rappelant que je ne suis pas crétin au point de croire à ce qu'il me dit. Je lui rappelle fielleusement que même le grand Jacques Beliveau aurait eu du mal à me coincer dans le cadre de son émission Surprise-Surprise. Pour ceux, les plus jeunes qui ne connaissent pas, rendez-vous ici afin de parfaire votre éducation.

Oui, l'émission n'était pas bien maligne mais bon, fut un temps où il n'y avait ni internet, ni téléphone portable et encore moins de TNT. A cette époque, on n'avait pas une grande gamme de divertissements. Dès qu'on était lassé de lire, de copuler ou de boire des canons avec ses copains, on allumait TF1 et on regardait Surprise-surprise. Et tant pis si certains se moquent ! Qu'ils se souviennent qu'au XVIIème siècle, des gens même intelligents ont ri aux pantalonnades de Molière ! Moi, je le clame haut et fort, Marcel Béliveau fut un peu notre Molière dans le sens ou il bouleversa les caméras cachées en y développant une inventivité scénaristique bien plus importante que Jacques Legras. D'ailleurs, si un élève de la FEMIS me lit, peut être aura-t-il deviné que je propose là un intéressant sujet de mémoire. Il n'y a pas que le cinéma expressionniste allemand, après tout Marcel Béliveau vaut bien Murnau ou Lang (Fritz pas Jack).

Mais trève de digression et revenons à nos moutons ! L'individu m'explique donc qu'il est mandaté par un scénariste lui même en contrat auprès d'une grande chaine de télévision américaine. L'affaire est simple. Après que des séries à succès telles que Docteur House, Les Soprano ou que sais-je encore aient été arrêtées, il faut à tout prix en produire de nouvelles et des bonnes, pas des daubes médiocres. Après quelques échanges de mails, nous passons au téléphone et rendez-vous est prix dans le bar d'un grand hôtel parisien où il n'y a que de belles filles et des gens riches. Ayant sorti mon vieux Kenzo de la naphtaline et ciré mes vieilles John Lobb, je me rends tel un gros paysan endimanché à notre rendez-vous où l'homme, me fournissant tout un tas de justificatifs, m'oblige à admettre que je ne sis pas l'objet d'un canular.

C'est ainsi que ce mystérieux agent (qui ne l'est plus mais ça fait mieux de dire qu'il l'est) m'explique que depuis quelques temps déjà, des spécialistes de l'entertainment comme on dit là-bas, se sont penchés sur mon modeste blog et ont décrété que je pourrais être celui capable d'initier le nouveau succès de la décennie qui vient. Il semblerait qu'ils m'aient trouve aussi irrévérencieux que Grégory House tout en ayant un physique proche de celui de James Gandolfini, et que de ce fait, ma vie, que dis-je mon oeuvre, serait propre à fournir la matière à une nouvelle série.

Rassurez-vous, moi aussi je n'en revenais pas. J'étais sur le cul comme l'on dit trivialement. D'une part, je ne suis qu'un modeste psy et non pas un brillant interniste comme House et je ne me voyais pas donner vie à un personnage de fiction. Mais bon, on peut faire une série à partir de n'importe quoi alors pourquoi pas moi, ma vie vaut largement celle d'une adjudant(e)-Chef(fe) de Gendarmerie après tout, je n'ai pas à rougir.. Et puis côté budget, je reviens moins cher que Hugh Laurie, du moins en moyens de locomotion puisque ma Visa coute bien moins cher qu'une Honda CBR. Ceci dit, pour le matos aussi, je suis concurrentiel vu que je bosse essentiellement avec un stylo et un papier et que je me passe d'IRM, de scanners et autres engins auxquels je ne comprends de toute manière rien du tout.

Pour Gandofini, il semblerait qu'il y ait du vrai. Même qu'un jour, alors que je montais les escaliers de mon cabinet suivi d'un patient, je l'ai entendu dire au téléphone à son interlocuteur "je peux pas te parler, je suis chez Soprano". A cette époque, j  n'avais jamais vu le moindre épisode de la série et je ne connaissais pas Gandolfini, mais bon, j'avoue qu'il y a une vague ressemblance même si dans mes fantasmes les plus fous je me sens bien plus proche de Sean Connery dans Goldfinger !

Ceci dit, tandis je n'ai jamais pu voir un James Bond entièrement parce que je trouve cela niais mais que je me suis tapé toute la série Soprano, en demandant à peu près mille fois à mon épouse "dis tu trouves que j'ai sa gueule à Gandolfini", j'admets qu'il puisse y avoir une certaine parenté entre lui et moi et ce d'autant plus que j'adore aussi les pâtes. Peut-être qu'un jour j'irai dans le New-Jersey et qu'on me baisera la main en m'appelant Don Filippo.

Mais, grrrrr, je m'éloigne encore du sujet. Bon, bref, l'amerloque et moi, on parle, on parle, on prend langue comme on dit chez moi. Il me balance un contrat que je suis chargé de lire. Tel un joueur de poker, je ne cille pas face à l'énormité du cachet proposé. Je me dis que même après avoir offert une complète à ma Visa, il me restera plein de blé pour faire n'importe quoi. Quand je parle de "complète", il ne s'agit pas de crêpe parce qu'une Visa ne mange pas de crêpe mais consomme de l'essence. Non, par "complète", j'entendais une peinture complète, extérieur/ intérieur. C'est ainsi que parlent les pros de la voiture. Désolé d'être parfosi tellemetn technique que je risque de vous perdre.

Mais bon, je ne parle pas de ma Visa à l'agent, qui de toute manière ne comprendrait rien puisqu'il ne me semble pas qu'il y ait beaucoup de Visa Club sur Rodeo drive. Bien au contraire, je me la joue blasé et professionnel en me composant la tête que toute star du box-office doit faire face à une énième proposition. On se serre la main et je lui propose de le recontacter sous quinzaine. Je me lève, je remets mon feutre sur la tête et je sors. Même si je ne suis pas sur que porter un feutre ait été une bonne idée mais bon, je trouvais que cela ferait américain et un peu gangster. 

Mon épouse lit le contrat puis je prends un rendez-vous chez un de ses confrères spécialisé dans le sujet, lequel me propose aussi de prendre un agent plus à même de me conseiller autant artistiquement que financièrement. Il me conseille l'un des plus connus. Alors que je m'étonne, il m'explique que compte tenu de ce que l'on me propose, n'importe quel agent me déroulera le tapis rouge pour m'avoir dans son écurie. Il parait que compte de la hausse des évadés fiscaux, la profession est aux abois. Parce que, sans vraiment vouloir prendre partie dans cette affaire, combien faut il de Philippe Torreton pour remplacer un Gérard Depardieu !?

C'est ainsi que rendez-vous est pris chez un agent connu, voire très très connu dont je tairai le nom par discrétion, qui me reçoit sans délai. Après avoir croisé deux trois stars connues, les avoir saluées discrètement d'un petit signe de tête, me voici dans son bureau, le cul dans un fauteuil et un whisky dans une main, un havane dans l'autre. Moi qui n'aime pas le whisky, je fais un peu la tronche mais busisness is busisness et je ne dis rien me contentant d'avaler rapidement son trente ans d'âge que je trouve de toute manière aussi immonde que si c'était un premier prix acheté chez Leader Price.  

L'agent me dit qu'il me trouve un petit quelque chose de James Gandolfini et je ne lui dis pas qu'il m'énerve parce que moi je préfèrerais ressembler à Sean Connery dans Goldfinger. On parle, on parle, je sens la lueur d'intérêt briller dans ses yeux. Il est rompu aux affaires et il a vite compris que je suis bankable et qu'avec moi, il  peut sans doute refaire le coup de The artist. Je ne bronche pas, je négocie sa commission au plus juste, pour bien lui montrer qu'il n'a pas un artiste subventionné face à lui. Puis, j'avale d'un trait l'immonde whisky et nous nous séparons.

Le rendez-vous suivant, c'est chez un avocat fiscaliste renommé qu'il aura lieux. Parce que vous n'êtes pas sans ignorer qu'en France, sous la présidence de Flamby, si vous avez des revenus mensuels excédent un demi SMIC, vous êtes saigné comme un cochon, tondu comme un mouton, voire arnaqué comme un pigeon. L'homme est professionnel, il lit mon contrat, se saisit d'une calculette et m'explique qu'après examen et en ayant ôté divers impôts, taxes et autres redevances, je ferais mieux de quitter la France au moins cent quatre vingt jours par an afin de m'établir ailleurs à moins de verser environ quatre-vingt-dix huit pour cent de mes revenus au fisc.

Comme il constate que l'idée ne m'enchante guère, il murmure "bien sur, cela dépend des relations que vous avez". Comme je n'ai pas de relations politiques si ce n'est deux/trois conseillers municipaux, il m'explique que pour moi, la fuite est la meilleure chose. Bien sur, il admet que je puisse être un idéaliste pour qui l'impôt est un instrument de justice sociale. Comme je suis un peu idéaliste mais finalement pas tant que cela, il m'explique que ça tombe bien, parce qu'il est doué pour les montages. Il me confirme qu'il va me "mitonner un petit cahuzac". Dans son jargon, ça signifie qu'il me propose un montage astucieux qui me permettrait même au cas ou je me ferais rattraper par les services fiscaux de conserver l'essentiel des sommes détournées à l'abri du fisc. Quel est le lien avec Jérôme Cahuzac, je n'en sais rien du tout, il parle peut-être d'un autre Cahuzac ou bien même du village de Cahuzac (code postal 81540). Ne voulant pas passer pour un crétin, j'acquiesce en souriant.

Dans son milieu, il m'explique qu'ils appellent aussi ce type de montage la tactique du lézard, c'est à dire que vous acceptez de perdre un bout de queue pour préserver le maximum. "En gros, on lâche dix mais on les nique de quatre-vingt-dix" poursuit le fiscaliste hilare. En biologie, on appelle cela l'autotomie. C'est courant chez les invertébrés et les reptiles, bref, tout ce qui repte, rampe ou grouille. Par contre, il m'explique que pour que la technique marche, il faut accepter de faire son mea culpa à la télévision en disant qu'on ne savait pas ce qu'on faisait et qu'on ne le refera plus. Il me fixe et me dit : "attention, il y a mon montage fiscal mais aussi vos talents de comédiens, on bosse main dans la main, n'est pas escroc qui veut". J'accepte en me disant qu'après tout ce ne doit pas être beaucoup plus compliqué que de faire avaler une mauvaise note à vos parents quand vous êtes gamin et que vous chercher des excuses foireuses que vous débiterez avec une assurance sans faille.

La suite, vous la devinez. Ce sont des A/R Paris-Lax. Pardonnez moi mais, je ne dis plus Los Angeles, comme tous les gens qui voyagent beaucoup, j'emploie le code IATA, c'est bien plus simple. Le reste je vous le passe : hôtels cinq étoiles, tranches de rigolades avec tous mes nouveaux copains d'Hollywood, limousines, Jet Ski, caviar, nuits folles, etc. Le genre de trucs qui donnent envie mais qui lassent bien vite dès qu'on en a trop.  Ah les parties de rigolade avec Leonardo, je ne vous dis pas. 

Finalement, le plus dur ça aura été de me trouver un pied à terre là bas. J'avais beau me dire simple, c'est vrai que l'argent et le succès changent tout. Je me suis étonné moi même le jour où j'ai refusé une maison parce que la piscine n'était pas assez grande ou celui où j'ai carrément engueulé l'agent immobilier en lui disant que je ne jouais que sur de la terre battue.

Sacré moi, je découvre que j'ai de menues exigences. Je ne sais pas si elles sont venues avec le succès ou l'âge. Viendra un jour ou j’engueulerai comme du poisson pourri une pauvre vendeuse de boutique de luxe en exigeant qu'elle soit renvoyée immédiatement. De la même manière, je ne vous promets pas que mon jardinier mexicain ou ma bonne hondurienne auront des papiers en bonne et due forme.

Bon, voilà je vous ai tout dit. Vous comprendrez pourquoi je n'ai pas eu le temps d'écrire. Vous m'en voyez désolé. Promis je m'y remets de suite, la série attendra.



1 Comments:

Blogger El Gringo said...

...ma bonne hondurienne...

Si tu veux, je serai ton majordome, je la surveillerai...:-)

18/9/13 1:40 PM  

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