18 janvier, 2016

Chaud !


Coucou me revoici ! Désolé d'avoir patienté si longtemps avant d'écrire. Il faut dire que c'était chaud pour moi en ce moment ! Sale temps pour les capricornes !

Entre Noël et le jour de l'An, c'est d'abord Lemmy Kilmister, le bassiste chanteur de Motörhead qui calanche. Né un 24 décembre, il a eu la chance de passer l'arme à gauche le 28 décembre, le temps d'atteindre son soixante-dixième anniversaire.

Pour tout vous dire, Motörhead, ce n'était pas mon truc. Je n'écoute jamais de métal. Je ne saurais même pas vous citer le moindre titre de ce groupe ! Par contre Lemmy, je le connaissais vu que je joue un peu de la basse. Oh, un tout petit peu, rassurez-vous. Il se trouve que voici bien des années, j'ai eu un patient bassiste professionnel dans ma clientèle. Comme il avait été très satisfait de mes prestations, il m'avait offert l'une des ses basses, une belle Alembic, pour ceux qui connaissent.

Il se trouvé qu'étant un peu geek comme la plupart des mecs, dès que j'ai eu mon Alembic, je me suis mis à lire Bassiste Magazine. J'avoue que j'ai plus lu le magazine que je n'ai pratiqué la basse. Toujours est-il que je suis devenu champion en basses. Alembic, Warwick, Fender, Music Man, etc., je les connais toutes et je saurais même en parler à défaut de savoir en jouer. Quel escroc !

Ce que j'aime bien dans Bassiste Magazine aussi, ce sont les interviews de bassistes célèbres. Moi qui n'ai jamais été fan de qui que ce soit, ça m'a permis de connaitre tout un tas de gens. C'est ainsi que j'avais lu une interview de Lemmy Kilmister qui m'avait semblé extrêmement sensé et en rupture totale avec ce que la plupart de ses fans auraient pensé de lui. Derrière le balourd crachant du gros son se dissimulait un être bien plus fin qu'on ne l'aurait imaginé. Bref, le mec était moins conforme que ce qu'il annonçait. Ça fleurait bien le capricorne.

Ensuite, vint le toue de Bowie. Le père David, lui, il est né un 8 janvier et décède le 10 janvier dernier. Juste après son anniversaire aussi ! Bowie, c'est comme Motörhead, je m'en tape. Ça peut paraître choquant vu que lorsqu'il est mort, on a eu l'impression qu'on venait de perdre Mozart. Il a eu le droit à son moment d'hystérie collective avec petites bougies allumées devant son dernier domicile.

Pour moi Bowie, c'est cinq ou six bon titres dans un océan de morceaux très moyens. Quant à ses frasques, ses déguisements et ses maquillages, c'est juste générationnel. C'était les années soixante-dix, on faisait n'importe quoi, voilà tout. D'ailleurs le père Bowie a vite arrêté la came et les jupes pour remettre des costumes et boire de l'eau minérale. Là encore, ça relève de l'arnaque capricornienne. On joue au con comme les autres mais on a des limites, on ne finit pas comme Janis Joplin.

J'ai eu le malheur de parler en ces termes du dieu Bowie à Jean Sablon alors qu'on se trouvait à une terrasse de café. A côté de nous, se trouvaient deux gamines de dix-huit ans. L'une d'elle m'écoutait et m'a regardé. Si ses yeux avaient été des revolvers, j'étais mort ! J'aurais adoré qu'elle vienne me prendre la tête. Je lui aurais rétorqué que Bowie, j'en disais ce que j'en voulais, que c'était mon époque et ma vie et que ce n'était pas la place d'une morveuse n'ayant rien vécu de me faire le moindre reproche. Putain, je déteste les jeunes. Et ça s'aggrave d'année en année.

Enfin, ça a été le tour de René, le mari de Céline. René Angélil était né un 16 janvier et est décédé un 14 janvier. Pas de chance, si près du but, tout proche de la ligne d'arrivée, il meurt deux jours avant de souffler les bougies. 

René lui, je n'en ai jamais rien pensé, même si ce qu'il a réussi à faire avec la petite Céline tient du prodige. Certes Céline avait de la voix, mais transformer cette gamine aux vilains chicots en vedette internationale à l'affiche du Caesar Palace était un sacré travail. Le père René c'était un peu le Deus ex machina dans la vie de Céline, cette sorte de providence qui dénoue une situation désespérée. Çà encore c'est bien un truc de capricorne, d'ailleurs j'en ai un peu fait mon métier !

Bref, comme vous en conviendrez, la période était un peu chaude pour les capricornes en ce moment alors que c'est notre anniversaire. Moi qui suis né un douze janvier, je n'étais donc pas très frais. Je me disais qu'après Lemmy, David et René, ce serait peut-être mon tour.  

Je suis donc resté planqué discrètement, attendant fébrilement la date de mon anniversaire, bien décidé à n'émerger que trois ou quatre jours après. Voilà, le douze janvier est derrière moi. J'ai vieilli d'un an et je suis de retour !

Ceci dit, les Michel gaffe aussi parce qu'après Galabru, Delpech et Tournier, il semble qu'il y ait aussi une mauvaise série en cours pour vous !

04 janvier, 2016

Foi, EMi et Jésus !


Dernièrement, j'ai suivi une émission portant sur les fameuses expériences de mort imminente dénommées EMI ou NDE en engliche. C'était plutôt intéressant bien que je n'aie rien appris de bien nouveau. D'un côté il y a ceux qui en ont vécu et qui parlent d'une expérience singulière qui a bouleversé leur vie et de l'autre les apprentis chercheurs qui veulent coûte que coûte que le mysticisme est en fait du à une origine neurologique.

Ce qu'il y a bien en neurologie c'est que c'est une nébuleuse. Par exemple quand je dis à des médecin que si j'avais suivi leur voie, j'aurais opté pour la psychiatrie ou la neurologie, ils me regardent avec de grands yeux ronds. La psychiatrie, bof, parce que voir des dingues toute la journée, non merci ! quant à la neurologie, ils me disent que si c'est pour collectionner les Alzheimer, les Scléroses en plaque et les parkinsoniens, c'est pas vraiment intéressant. 

Il y a un peu de vrai là-dedans. Par exemple un neurologue avec qui je collaborais, médecin hospitalier d'un prestigieux établissement parisien, ayant pris sa retraite voici peu m'avait expliqué un jour que nous déjeunions que la neurologie c’était très mystérieux. Et alors que je l'avais interrogé sur les séquelles d'un ACV d'une patiente, il m'avait dit texto : tu lui dis que si dans un mois il y a des progrès alors elle continuera à en faire. Par contre si dans un mois, il n'y a pas de progrès c'est mort. Et bien sur, il avait aussitôt rajouté : enfin tu lui dis ça moins abruptement avec tes mots de psy !

Et pourtant le gars avait un sacré bon niveau et de la pratique en veux tu en voilà ! Ce n'était pas le petit interne tout frais émoulu de la faculté. Je crois qu'il n'avait pas tort. Sans doute que ses dizaines d'années d'expérience lui avait apporté une certaine humilité. Et justement parce qu'il avait fait de la recherche, il savait comment elle fonctionnait et se méfiait un peu de ces Diafoirus qui parce qu'ils maitrisent à peine un pour cent de leur science pensent maitriser la Création.

Par exemple, concernant es EMI j'ai vu qu’il y avait maintenant la thèse de la dyméthyltryptamine que sécréterait la gande pinéale en abondance au moment de la mort, vous catapultant tel un toxico à Katmandou au pays des rêves dans un flash merveilleux. Voilà ! Les EMI ne seraient en rien des expériences mystiques mais simplement de gros trips sous acide ! Pourquoi pas ? Après tout il fallait que la science vienne coller son museau là-dedans pour chasser le peu de merveilleux et d'espérance de notre époque. 

Sauf que ... Sauf que je m'insurge parce que c'est confondre le véhicule et l'endroit où l'on arrive. Un peu comme si je parlais de mon voyage eux Kerguelen et qu'un neurologue réduise ce que j'ai ressenti dans les Iles de la Désolation à un simple voyage sur le Marion-Dufresne, le bateau qui y amène. Je veux bien croire à l'hypothèse de la dyméthyltryptamine mais dans ce cas pourquoi est ce que cette substance fait accéder à ces drôles d'EMI que racontent les gens alors que cette expérience n'est pas engrammée dans le système limbique à moins de prouver que nous sommes déjà mort une fois et que nous avions déjà fait l'expérience du tunnel de lumière. 

Bref, il me semble qu'on mélange les sphères spirituelles et physiologiques. Rassurez-vous, je n'ai rien contre la science bien au contraire mais j'aime bien quand elle s’accompagne d'un peu d'humilité. Le mec qui vient me prouver que Dieu n'est qu'une création du lobe temporal droit me laisse un peu perplexe. Et puis un peu de mystère ne fait pas de mal.

Ça m'a rappelé mon histoire avec Jésus. Jésus je l'ai connu quand il avait vingt-deux ans. C'était un bon petit gars, un petit mec attachant. Remuant, un peu branleur, pas très fiable mais d'une grande gentillesse qu'il était le père Jésus quand il était jeune. Tenez, il me faisait penser à Lebrac dans La guerre des boutons, la version de Yves Robert de 1962, pas celles plus récentes. Et puis, j'espère y être un peu pour quelque chose, Jésus a grandi et quand je l'ai revu, je lui ai dit qu'il ne fallait plus être branleur. Je lui ai appris à être plus lucide. Alors Jésus a beaucoup lu et lui qui se croyait au pays des Bisounours dans lequel la presse a toujours raison et les politiciens sont honnêtes est redescendu sur terre.

Et il est redescendu parmi nous avec fracas ; c'était son chemin de Damas. Mais tandis que Saül de Tarse qui allait devenir Saint Paul a eu les écailles qui lui sont tombées des yeux, Jésus, lui, a reçu un coup de pied au cul magistral. Un peu comme si on lui avait branché une prise USB dans le crâne et qu'en une semaine on lui ait donné les connaissances qui lui permettent de passer du stade adolescent de quinze ans gentil mais un peu con à celui d'adulte conscient et lucide.

Je ne sais pas s'il s'est fait un trip de dyméthyltryptamine mais ce que je sais, c'est qu'en une semaine il a changé du tout au tout. Il a commencé à bugger puis ça a été mieux, puis il a rebuggé un peu comme si l'on écrivait un programme sur toute les pistes de son disque dur ! Lui, il a vu l’œuvre de Dieu dans ce processus et c'est peut-être vrai. Je ne le remets pas en doute pas plus que je ne remets en doute la sincérité des gens ayant vécu une EMI. Moi, j'ai juste vu un petit branleur devenir adulte en un mois d'une manière assez incroyable. Une thérapie rondement menée n'aurait pu obtenir un tel succès. J’imagine le bouleversement neuronal que ça a du produire quand un on lui a déversé un torrent de sagesse et d'intelligence dans son petit crâne d'aimable petit branleur !

Ce que je retiens de ces expériences, qu'ils s'agissent des EMi ou de celle plus singulière de mon patient Jésus, c'est qu'il y a quelques niveaux importants à concevoir. Rassurez-vous, je ne me livrerai pas un débat entre dualisme et monisme ni n'étalerai mes connaissances imparfaites de Platon, Aristote et Descarte. 

Non, très prosaïquement, je laisse le corps aux médecin, je m'occupe de l'esprit et ne nie pas l'âme. J'en reste à un tryptique corps, esprit et âme un peu simpliste mais qui a l'avantage de simplifier ma tâche. Je pense qu'il est dangereux de  trop mélanger les trois parce que l'on n'a pas les mêmes moyens d'investigation pour les comprendre. Entre l'imagerie médicale, l'écoute psychologique et la foi, il y a un monde de différences. Et pourtant il faut que ces trois stades fonctionnent ensemble pourvu que chacun des trois ne soit pas persuadé que les deux autres ont tort ! Je déteste autant le scientisme que la psychologisation à outrance ou les bondieuseries.

Donc quand j'ai des patients qui me parlent de leur expérience mystique et dès lors que je sais que celle-ci n'a pas été causée par un phénomène physiologique qui aurait été ignoré (tumeur, encéphalopathie, etc.), j'écoute sans remettre en cause la singularité de cette expérience.

Parce que mon boulot finalement, ce n'est pas de dire si les gens ont tort ou pas de croire en la réalité de ce qu'ils ont vécu mais plutôt de continuer à vivre harmonieusement dans un cadre référence terrestre malgré tout.

Effroyable lucidité !


Les deux semaines avant Noël ont vu se produire deux événements assez semblables. Deux personnes qui ne se connaissent pas ont souffert, chacune de leur côté de symptômes semblables les ayant d'abord amenés à désespérer du genre humain pour enfin sombrer dans un état dépressifs.

Le premier est un solide gaillard que je connais bien. Un type extrêmement intelligent doté d'un grand sens de l'humour et un libéral pur jus. Voici qu'un jeudi, il m'appelle pour me dire qu'il ne se sentait pas très bien. A priori, bien que doté d'une grande sensibilité, le bonhomme est solide. Je me débrouille néanmoins pour déplacer un rendez-vous afin de le recevoir le jour même.

Le voilà qui arrive avec une mine de papier mâché et un peu désespéré. Comme je suis psy, il me parle de trucs que l'on est sensé dire à un psy. Pour ma part, je ne crois pas que cela soit vraiment responsable de son état. Il m'explique enfin qu'il a discuté très récemment avec un de ses clients. Ce dernier, un cher d'entreprise socialiste, s'inquiétait que Robert Ménard, maire de Béziers, veuille recruter quelques anciens policiers et gendarmes afin de créer une "garde biterroise".

Comme de bien entendu, et avec les mots mille fois entendus, il voyait dans cette intiative le rappel des heures les plus sombres de notre histoire et n'était pas loin d'entendre les fameux bruits de botte de sinistre mémoire. La reductio ad hitlerum était de sortie encore une fois même s'il s'agissait de qualifier une dizaine de sexagénaires se baladant nuitamment dans un chef-lieu de canton de l'Hérault.

Mon cher patient plutôt sanguin, oubliant la retenue qui sied lorsque l'on est face à client, fut-il le roi des crétins, ne put s'empêcher de lui dire qu'en termes de recul des libertés et de fascisme rampant, il redoutait plus notre gouvernement et ses lois liberticides adoptées dans le cadre de la lutte anti-terroriste, lequel était un prétexte pour fliquer tous les citoyens comme le patriot act le fut aux États-Unis ou encore l'état d'urgence. 

Mais son client, pourtant chef d'entreprise, ne redoutait pas que l'état puisse sans en référer à aucune instance l'espionner. Lui ce qu'il craignait c'était manifestement que la garde biterroise ne soit le creuset de quelque infernal projet fasciste mondialiste qui fasse que dans quelques années, elle étende ses ramifications partout. Et que pour finir, où que l'on soit, un quidam dont le bras s'ornerait du brassard de ladite garde puisse avec l'accent chantant du Languedoc nous demander nos papiers. 

Mon pauvre patient en était bouleversé surtout qu'il me disait que ce type n'était pas idiot, qu'il avait créé une société qui fonctionnait bien. Il ne pouvait pas comprendre qu'on puisse ainsi redouter des événements improbables alors que juste sous ses yeux, un gouvernement modifiait la constitution en privant le citoyen de ses droits. Je lui ai donc diagnostiqué une socialite aigüe, une infection que l'on contracte lorsque l'on fréquente trop de socialistes. 

Je lui ai rappelé que même si j'étais persuadé que l'humanité était faite pour 80% de braves gens, il ne fallait pas oublier qu'il y avait aussi 80% de braves con et qu'à force d'être immergé parmi eux, on pouvait légitimement se demander, parce que l'on pense différemment d'eux, si l'on n'était pas fou soi-même ! Et c'est d'autant plus vrai que l'on se trouve éloigné en termes de pensées de gens que l'on jugeait à priori intelligents.

Tenez, moi qui vous écris, en 1992, alors que je n'avais que vingt-cinq ans, j'ai eu le malheur de voter non au référendum de ratification du traité de Maastricht. Qu'est-ce que je ne me suis pas pris dans la figure ! Moi, j'étais très prosaïque dans ma démarche. Bien sur, je ne m'étais pas tapé tout le traité, j'ai autre chose à foutre. J'en avais lu des bribes et des commentaires et puis j'avais écouté les politiciens. Et en maquignon, je m'étais dit que leur truc ne marcherait jamais. Je ne crois pas m'être trompé. A l'époque, j'ai eu le droit aux étiquettes de "facho" ou de "réac" ou encore à celle plus nuancée de "passéiste". N'empêche que j'ai voté non même si dans mon milieu il était de bon ton de voter oui parce que l'Europe était une grande idée moderne qui allait nous apporter des lendemains qui chanteraient en créant les fameux États-Unis d'Europe. Globalement, j'avais été classé suite à mon vote dans le clan des gros cons qui ne comprendraient jamais rien à la marche du monde.

Comme la séance était finie, j'ai proposé à mon patient de venir déjeuner en notre compagnie, ce qu'il a accepté. Et comme le déjeuner s'était bien passé, il a repoussé un rendez-vous pour faire un peu de caffing en notre compagnie. Je lui ai donc offert un sas de décontamination. En quelques heures, il allait mieux. Non que l'on ait eu des débats volant sur les cimes mais qu'on lui ai offert un moment de liberté.

La semaine d'avant Noêl, le scénario se répète et cette fois-ci c'est une patiente qui arrive déprimée alors qu’habituellement elle va plutôt bien. Elle vit dans une commune gérée par l'UMP (oui je sais que ça s'appelle Les Républicains maintenant) et se trouvait catastrophée par la gabegie de fonds publics organisée par son maire à grands renforts d'événements et des colis offerts aux habitants. Elle n'en pouvait plus d'entendre les gens dire "ah c'est bien la nouvelle mairie est dynamique" alors que tout ceci n'est pas offert mais simplement payé avec leurs impôts.

Par exemple, elle m'expliquait que le père d'un de ses amis, bénéficiant pourtant d'une excellente retraite d'ingénieur était allé chercher le "colis des vieux" à la mairie, sous prétexte qu'il y avait droit, pour découvrir des chocolats bas de gamme et une confiture trop sucrée. Elle se demandait comment ce type pourtant nanti d'un fort beau diplôme et donc à priori intelligent pouvait ainsi parler de ses droits alors que ceux-ci consistaient en fait à récupérer une maigre fraction de l'impôt qu'il avait payé de force sous forme d'un colis médiocre que même LIDL n'oserait plus proposer en rayon.

Elle se désolait donc de la bêtise ambiante et se demandait comment faire pour parvenir à vivre au milieu de tant de médiocrité. Totalement isolée au sein d'un échantillon d'électeurs lobotomisés qui confondent les maigres droits qu'on leur concède avec ce que devrait être la liberté, la pauvrette était au trente-sixième dessous. Bien sur, nous avons parlé de tout cela et du malheur que représentait la lucidité dans un monde bâti sur des fictions. Ne nous y trompons pas le socialisme est aussi de droite.

Et puis comme c'était mon dernier rendez-vous de la matinée, je lui ai proposé la même recette ; déjeuner et caffing. Ce qu'elle a accepté de bon cœur. Elle a passé un bon moment et on a bien rigolé. Elle a même fait la connaissance de Jésus. A ce propos, elle m'a dit qu'il était rigolo et très sympa et qu'elle s'étonnait, bien qu'il ait quelques idées baroques, qu'on ait pu le juger schizophrène. Je lui ai alors dit qu'il avait eu un passage à vide assez préoccupant dont il s'était bien tiré. Quant à ses idées baroques, c'était bien le problème de notre époque de criminaliser les opinions et quand on ne le pouvait pas de les psychiatriser. Après cette immersion de quelques heures, elle allait nettement mieux.

Je ne reprocherai évidemment pas leur passage à vide à ces deux patients. Je crois que si je suis épargné, c'est parce que je fréquente bien peu de gens dits "normaux". J'en croisé régulièrement bien sur parce que je vis parmi eux. Je leur parle un peu, je leur réponds, j'échange quelques banalités mais je reste toujours sous le radar. 

Je m’abstiens pas exemple de dire à mon voisin que je mettrais bien le feu à sa BMW X5 que je trouve laide et vulgaire et exemplaire de cette droite cupide que je vomis. Dans le même temps, j'évite de dire au socialiste du coin qui bave sur cette même BMW X5 qu'il n'a qu'à se sortir les doigts du cul pour s'en offrir une et que le vol via les impôts n'est pas la solution. Sinon l'URSS aurait marché. Or là-bas, même pour une Lada merdique il fallait patienter des années. Socialistes de droite cupides et socialiste de gauche jaloux me font gerber mais je les supporte parce que moi j'ai mes séances de caffing hebdomaires.

C'est vrai que le sport, fut-ce de poser un cul en terrasse en buvant du café, en fumant des clopes et en bavardant avec des gens de bonne compagnie, fait du bien ! Bon et puis j'ai lu les stoïciens et j'essaie de pratiquer.


Le matin, dès qu’on s’éveille, il faut se prémunir pour la journée en se disant : « Je pourrai bien rencontrer aujourd’hui un fâcheux, un ingrat, un insolent, un fripon, un traître, qui nuit à l’intérêt commun ; mais si tous ces gens-là sont affligés de tant de vices, c’est par simple ignorance de ce que c’est que le bien et le mal. » Quant à moi, considérant la nature du bien qui se confond avec le beau et celle du mal qui se confond avec le laid ; considérant en même temps que celui qui se met en faute à mon égard se trouve, par le décret de la nature, être de ma famille, non pas qu’il vienne d’un même sang et d’une même souche, mais parce qu’il participe aussi bien que moi à l’intelligence et à l’héritage divin, je me dis deux choses : d’abord que nul d’entre ces gens ne peut me faire le moindre tort, puisque aucun ne peut me faire tomber dans le mal et le laid ; et en second lieu, que je ne puis éprouver ni de la colère ai de la haine contre un membre de la famille à laquelle j’appartiens moi-même. Nous sommes tous faits pour concourir à une œuvre commune, comme dans notre corps y concourent les pieds, les mains, les yeux, les rangées de nos dents en liant et en bas de la mâchoire. Agir les uns contre les autres est donc certainement manquer à l’ordre naturel. Or, c’est agir en ennemi que de se laisser aller à son dépit et à son aversion contre un de ses semblables.

Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même, Livre II, pensée 1

01 janvier, 2016

Meilleurs voeux pour 2016 !


Vous l'aurez noté, entre le "joyeux Noël" que je vous ai adressé et ce billet-ci, je n'ai rien écrit. Je suis en vacances. Je ne fais rien. Je me couche super tard après avoir regardé des tas de trucs bêtes et lu des trucs moins idiots. Je fais, ce que j'aime, glander sur mon canapé avec du café et mes clopes. Et j'espère bien qu'en 2016, je pourrais faire de même parce que j'adore ça. 

Glandouiller, lire ou regarder des trucs et en même temps avoir des pensées parfois fugaces parfois tenaces, c'est vraiment mon truc. Il m'arrive de songer que je suis vraiment le roi des cons de penser à ceci tandis que d'autres fois je me trouve génial de penser cela. Mon identité sociale varie donc d'abruti total à génie incompris et c'est très bien ainsi. Je n'ai pas envie que cela change. Une fois mort parce que cela arrive même aux capricornes, il ne restera de moi que ce conterons mes derniers compagnons de caffing qui m'auront survécus.

Et puis bien sur peut-être mon monument en béton armé, qui ne servira à rien qu'à emmerder le monde, que je compte bien faire un jour. Un beau cube en béton vibré et armé de quatre mètres d’arête que je déposerai dans un coin de France comme le monolithe de 2001, l'odyssée de l'espace, film qui m'a toujours fait chier et auquel je n'ai rien compris comme ne comprendront rien ceux qui verront mon cube à moi. 

Et pour perdre encore plus les gens, notamment ceux qui veulent à tout prix comprendre, comme le font les cuistres face à une chiure contemporaine, je sèmerai de faux indices en dédiant mon cube de béton à Saint Gringeot mon saint factice favori.

D'ailleurs est-il si factice que cela Saint Gringeot ? Depuis la canonisation de Sainte Thérèse de Lisieux, une autre capricorne, on sait qu'il y a aussi une théologie de la petite Voie, celle qui propose de rechercher la sainteté, non pas dans les grandes actions, mais dans les actes du quotidien même les plus insignifiants, à condition de les accomplir pour l'amour de Dieu. Mon Saint-Gringeot ne fera donc que suivre la petite Thérèse sur la petite Voie, même si lui c'est à coups de mandales et une clé Facom à la main qu'il l'aura parcourue. 

Il faut dire que très jeune, celui allait devenir Saint Gringeot s'est aperçu que qu'il obtenait de meilleurs résultats avec une bonne droite qu'avec des prières. Il en a déduit que les chemins qui mènent à dieu étaient vraiment multiples et que la prière pouvait prendre bien des formes. De la même manière, il a vite saisi qu'en maitrisant la technique, on allait plus loin qu'en se lamentant devant un objet qui ne fonctionne pas. Saint-Gringeot est le saint patron des réponses simples. Dans la mythologie, ce serait celui à qui Métis apparait pour trouver des solutions aux problèmes. D'ailleurs tel est mon secret ; lorsque je suis confronté à un "cas" compliqué, plutôt que de noyer le poisson en jargonnant et en proposant des thèses fumeuses, j’invoque Saint Gringeot.

Mais trêve de bavardages et en attendant que je trouve les dix-mille euros nécessaires à mon grand-oeuvre, laissez moi vous souhaiter à toutes et tous une bonne et heureuse et formidable :

Année 2016