29 novembre, 2007

Remerciements !

Depuis plusieurs jours déjà, je réalise d'excellents scores de connexions, aussi tenais-je à remercier tous les lecteurs qui me font l'honneur de lire ce modeste blog.

Parmi ceux-ci, je remercie tout particulièrement les amis des animaux, puisque curieusement, le mot "zoophilie" se classe toujours parmi les dix premiers mots clés amenant des lecteurs sur mon blog. Un seul article traitant de la zoophilie, sur cinq-cent-quarante-six, et me voici promu spécialiste du sujet ! Je tiens d'ailleurs à préciser que je ne suis en aucun cas le spécialiste de ce sujet.

Pour remercier ces lecteurs fidèles, je tiens tout de même à leur offrir cette petite vidéo, qui j'espère les ravira : sept minutes et demie de pur en bonheur en compagnie des charmants Pims et Timothée, deux petits galopins entièrement nus qui n'en font qu'à leur tête !


Pims et Timothée, deux coquins dans la nature !

Je précise que :
  • Si ce que l'on nommait auparavant le crime de bestialité avait été annulé par la constituante, la loi n° 2004-204 du 9 mars 2004 portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité, ajoutant la précision « ou de nature sexuelle » à l'article 521-1 du code pénal, rend la zoophilie de nouveau formellement interdite en France. une chance pour vous, ce n'est pas Pims ou Timothée qui iront vous balancer au commissariat le plus proche !
  • Compte-tenu de la taille réduite de certains animaux, l'utilisation de chatterton est vivement recommandée.
Chatterton : les couleurs de la vie !

25 novembre, 2007

Goûter d'anniversaire, fugue et plongée !

La boisson des fêtes réussies !

Il m’arrive parfois de faire l’expérience de l’immersion périscopique, ou carrément de la plongée en eaux profondes. Las d’être agressé par l’extérieur, mon radar intérieur enregistrant trop d’échos alarmants, je m’isole. J’avais lu une fois, une astrologue nommée Joëlle de Gravelaine, expliquant que ce complexe de pétrification était monnaie courante chez les capricornes.

A défaut, d’être scientifique, j’avais trouvée l’explication plutôt bien imagée, et révélatrice des moments que je vivais parfois. Muré dans mon splendide isolement, il m’arrive souvent de me retirer du monde qui m’entoure. Agressé par des informations déplaisantes, n’ayant aucun pouvoir de changer le monde, je m’en exclus. J’en ai encore fait l’expérience samedi soir, au cours d’une soirée que je juge calamiteuse.

Il se trouve que voici quelques mois, une jeune amie médecin souhaitait fêter son trentième anniversaire. Comme elle vit dans un deux-pièces, mon épouse et moi-même, fidèles à notre bonté, lui avions proposé de lui prêter notre palais afin d’y inviter ses amis ; à charge pour elle de lancer les invitations, de fournir la nourriture et la boisson. Parce qu'il ne faut tout de même pas déconner : on veut bien être bons, mais pas cons pour autant, on ne va pas nourrir, ni rincer la gueule de quidams inconnus, si vous voulez bien me pardonner cet accès de vulgarité.


Hier soir donc, samedi 24 novembre, avait lieu cette soirée d'anniversaire, au cours de laquelle une douzaine de médecins sont venus chez nous. J'avais cependant prévu d'inviter quelques amis, parce que l'unique compagnie des médecins ne m’enchantait guère. Entendre leurs blagues de carabins, et faire assaut de diagnostics a des limites. Les médecins sont rarement cultivés ou alors très souvent d'une manière précise, pointue, et finalement un peu chiante, à la manière d'un ingénieur qui appréhenderait la littérature comme sa math spé.


Mon épouse, grande organisatrice de soirées devant l’Eternel, avait pris soin d'avertir notre amie qu'une soirée nécessitait une organisation stricte et qu'en ce sens, elle devait veiller à ce que la nourriture et la boisson soient aussi abondants que possible. Notre amie, nous avait rassuré, expliquant qu’elle avait passé le mot à ses amis, leur expliquant qu'ils seraient aimables d'apporter des boissons alcoolisées et non alcoolisées, tandis que sa mère se chargerait du repas.

A sa manière d'organiser cette soirée, comme une préado organiserait sa première boum, je devinais que la cata risquait d’être au rendez-vous. Et puis, j'avais déjà entendu parler de ses amis médecins, j'en avais d’ailleurs croisé deux ou trois, et je n'avais pas vraiment accroché. D'ailleurs, j’ai noté qu’il faut toujours se méfier des médecins qui fréquentent d'autres médecins, comme des psys qui fréquentent d'autres psys.

Il y a toujours dans cette attitude apparemment confraternelle, l'aveu d'une grande impuissance à nouer d'autres liens ailleurs que dans son milieu d'origine, à dépasser le cadre strict de son métier pour s’ouvrir aux autres. Tous les médecins avec qui je m'entends bien, ne fréquentent pas de confrères, qu'ils jugent généralement un peu pénibles : je l'ai toujours remarqué. J’avoue faire de même et ne pas fréquenter de confrères que je juge souvent dépourvu d’humour. Et puis parler de psycho tout le temps deviendrait gavant ; l'important est de savoir demander un conseil lorsque c'est nécessaire.


Tout commença mal puisque, alors que l'amie organisatrice devait venir à 19h00, elle ne daigna venir qu’à 21h30, tandis qu'elle avait donné rendez-vous à ses invités à 21h00. J'ai donc joué le portier, en allant ouvrir à des gens que je ne connaissais pas, sauf les deux premiers que j'avais déjà vus, et qui se sont révélés charmants. Ils avaient amené du vin et même des fleurs pour mon épouse. Je précise qu'ils n'étaient pas médecins.


Suivirent ensuite un couple, venus carrément les mains vides. Lui me plut immédiatement, parce qu'il se mit à visiter la baraque comme un agent immobilier venu faire une évaluation. Alors que je ne le connaissais pas, et le voilà parti dans les étages, avant de finir dans la cuisine à demander si le revêtement était vraiment en granit Et main elle est en granit ? Mais, je gardai bien entendu mon calme.

Ensuite, un drôle de mec, genre Christophe Willem, asexué, se pointa. Il déposa deux gros sacs remplis de sodas que l'on déchargea dans la cuisine ! Et là, surprise, que des bonnes choses : coca light, orangina light, fanta light, ice tea ligth et même un truc que je connaissais pas, du cranberry, light aussi bien sur. De la boisson pour médecins hypocondriaques, à croire que ce type était allé faire ses courses accompagné de Xavier Bertrand, notre ex ministre de la santé, le petite gros qui nous rêve maigres, et à qui l'on doit le Plan National Nutrition Santé.

Enfin bref le genre de merdes imbuvables, qui, même si cela ne vous collera ni cirrhose, ni diabète, risque de vous faire crever d'un cancer si on en abuse, parce que je ne suis pas sur que l’aspartame soit excellent pour le santé. Après ce grand timide se cala dans un coin du salon et ne bougea plus, ne nous adressant pas la parole.

Le reste des invités arriva les mains vides. Rien à boire, et bien sur, pas un bouquet de fleur non plus. Manifestement, chez ces blaireaux, le savoir vivre n'était pas au rendez-vous. Je me sentais un peu tendu, sentant que mes prédictions étaient justes : la soirée s’annoncerait difficile.


L'amie arrive enfin, flanquée de son frère, un mec très agréable, ainsi que de sa mère qui a préparé la bouffe. L'amie file vite retrouver ses petits potes, et laisse tout le monde se démerder pour décharger la bouffe. Ses derniers invités arrivent enfin, avec pour point d'orgue, trois pétasses qui se précipitent dans la cuisine pour hurler "joyeux anniversaire", et rire bruyamment, à la manière de gamines de douze ans hystériques à l'idée d'aller à une soirée pyjama. Je me dis que la soirée va être encore plus merdique que je ne l’avais imaginé : c’est le moment d’être stoïque.

Pour s’amuser un peu, mon épouse fait le compte des boissons, et nous constatons que les convives sont venus avec une dizaine de bouteilles de sodas. Par contre, on ne compte que cinq bouteilles d’alcool, dont trois bouteilles de rouge. Un abruti a cependant apporté une bouteille de Montbazillac, en imaginant peut-être qu'on allait lui servir du foie gras. Curieusement, un autre s'est pointé avec une bouteille de rhum.

Je dois aussi signaler qu'un de ces gougnafiers, a osé venir avec un paquet de chips entamé. Il a du avoir une petite dalle dans le RER et il a attaqué son paquet de Lays. Ne l’ayant pas fini, il a daigné nous offrir le reste du paquet, dans lequel il avait plongé ses mains sales. Quelle délicate attention, même si nous regrettons qu’il n’ait pas joint à son présent mirifique, un reste de paquet de cacahuètes, un emballage vide de curly, voire peut-être une bouteille avec un fond de coca et même, pourquoi pas un mégot puisque je fume. Et puis, pourquoi ne pas carrément ramener ses sacs poubelles, on aurait fait le tri de ce qu'on pouvait garder !?


Deux groupes distincts se forment : les médecins d'un côté, et nous de l'autre. Cela ne changera pas parce que mon amie n'a pas le chic pour faire du brassage culturel. Ceci dit comme je suis passablement énervé par la cuistrerie de ces trous du cul, je ne suis pas sûr que j'aurais eu très envie de nouer le dialogue.


Les mecs nous ignorent totalement et superbement. J'ai l'impression très nette d'être la bignole préposée au gardiennage d'une salle qu'ils auraient louée. Comme leurs trois bouteilles de rouge sont bien vite éclusées, il faut aller taper dans mes réserves. Au total, je remets deux caisses de bordeaux dans la bataille. Et ce sont mes amis qui se sont chargés du champagne !

Les autres, vautrés sur les canapés, baffrent et rigolent entre eux ans jamais se soucier de nous. Mon amie médecin semble trouver que tout va bien, on la croirait presque devenue la fille de la maison, en train de s'amuser avec ses petites copains tandis que ses parents sont derrière, encore à table.

Mes amis, sans doute ahuris par ce désastre, disparaissent bien vite pour aller faire un poker à l’étage. Je me retrouve totalement isolé, et j’en veux terriblement à mon amie. Mon radar intérieur ne cesse de tourner et n’enregistre que des échos négatifs. Cette soirée est un ratage total et rien n’est entrepris pour la remettre sur des rails.

Les seules pensées qui m'assaillent ont la même tonalité : comment peut-on s'inviter chez les gens, et être aussi sans-gênes, mal éduqués et immatures ? C'est stupide de ma part puisque je connais par cœur la pensée I du livre II des "Pensées pour moi-même" de Marc-Aurèle, qui répond très bien à ma question.

Une belle dissonance cognitive, c'est-à-dire deux systèmes de pensée antagonistes, se met en place dans mon cerveau. D'un côté, il y a en moi, un cuirassé qui tourne ses tourelles de 380mm, avec une folle envie de faire feu sur ces abrutis. Feu sur le connard qui triture les boutons de la chaîne pour passer ses CD ! Feu sur la grognasse, médecin spécialiste dans un obscur service hospitalier de province, qui se la pète comme si elle avait eu un Nobel, et tout ça parce qu'elle s'est payée des belles lunettes chez Grand Optical à Roubaix (39,99€) ! Feu sur Miss Spéculum, grande exploratrice de vagins, qui me parle comme à un demeuré, et que j’ai grande envie de baffer !


De l'autre côté, persiste à demeurer en moi quelqu'un de courtois, le psy qui se dit qu'après tout il a n’a que ce qu’il mérite, qu’il savait à quoi s‘attendre en prêtant sa maison, qu’il suffit de patienter, de faire le dos rond, de se dire qu’on ne reverra jamais tous ces abrutis, et que dans quelques heures, il ira se coucher et que tout ceci n’est finalement pas grand chose. Sénèque, Cicéron et Epictète sont avec moi mais le stoïcisme se dilue dans l’alcool.

Les dissonances cognitives, sont souvent à la source d’une grande tension parce qu’il est impossible pour notre cerveau de traiter des informations contradictoires. L’adaptation est nécessaire. Dans mon cas, soit je dégaine le colt et j’abats tout le monde, soit je fais contre mauvaise fortune bon cœur. Mais il est impossible de mixer ces deux comportements antagonistes en une synthèse acceptable. La dissonance cognitive est un système à deux équations que l’on doit résoudre, en choisissant exclusivement l’une d’elles, ou en en posant une troisième.

Estimant, que ne pouvant mettre tout le monde à la porte, pas plus que je ne peux me résoudre à jouer les hôtes aimables, feignant de trouver ce petit monde bien sympathique, je décide de m’évader. Je passerai donc une partie de la soirée, dans une sorte de sorte de trou noir, une espèce de passage à vide, nommée ordinairement "état de fugue". Je décide simplement de disjoncter, de mettre mon activité cérébrale en sommeil. Comme l'amnésie ou l'hystérie, la « fugue » est une sorte de réaction de dissociation, une cassure du psychisme pour rompre avec l'anxiété et les conflits.

Bien sûr, la notion de fugue et légèrement abusive puisque je ne quitte pas mon domicile. Non, confronté à un environnement stressant, je me suis réfugié ailleurs. J'ai gardé les yeux ouverts et baissé un rideau de fer intérieur. J'ai agi en pilote automatique. Je me souviens qu'à un moment donné, ces charmants convives sont enfin partis et que je suis revenu à mon état de conscience normal, un peu comme des lumières qui se rallumeraient après qu’on eut remis le disjoncteur en marche.


Rien de dramatique, juste un petit passage à vide, qui m'a permis de résoudre cette foutue dissonance cognitive. On rentre le périscope, on remplit les ballasts, notamment à coups de bordeaux, on règle les barre de plongées, et on descend aussi profondément qu’on le peut. Comme dans les films de guerre, on se dit que les grenades sous-marines peuvent bien tomber, on est à l’abri posé sur le fond. Une fois tout danger écarté, on chasse l’eau des ballasts, et on remonte à la surface, on ouvre le kiosque et tout va bien.


Quoiqu'il en soit, je sais que maintenant, je me suis fait une belle bande de copains médecins ! A ce sujet, mon amie, ne m'a pas rappelé non plus ! Mais bon tout n'est pas perdu, il faudra qu'on organise une autre fête, j'ai encore plein de coca, d'ice tea, de cranberrie, de fanta et d'orangina light ! Moi, je me charge de la boisson !

Et en cas de problèmes, je sais m’isoler, plongée profonde ou complexe de pétrification, j’ai de l’expérience.

L'homme au zurna ! 3

Bon, dans la mesure ou le second épisode n'est pas encore rédigé, vous vous doutez bien que vous ne pourrez évidemment pas lire troisième.

Alors pourquoi publier ce texte me direz vous ? Simplement, pour vous montrer, que jour après jour, je viens ici, humble artisan que je suis, afin d'accomplir mon devoir.

Et puisque je ne cesse de vous parler de zurna, vous pouvez en écouter un air en matant la vidéo juste au dessous. Vous allez en prendre plein les yeux et les oreilles !

Huit minutes de pur bonheur, avec des costumes éblouissants, un ingénieur du son qui s'est surpassé, un cadre enchanteur, des physiques de jeunes premiers et une mise en scène carrément hollywoodienne. On sent que le budget a du être conséquent. De toute manière, Pascal Nègre, de Universal Music France, vous le confirmerait, sans fric on ne produit rien. C'est pour cela que le téléchargement est interdit ! En téléchargeant (bouh!), vous privez les artistes et les maisons de disques de revenus destinés à produire des tas de chouettes artistes.

Vous noterez que le batteur a un pur sens du rythme ! D'ailleurs, j'ai constaté qu'il garde un bras dans le dos, ce peut sembler bizarre. Mais vu qu'il n'a qu'une baguette, il n'a besoin que d'un bras me répondrez-vous avec une froide logique. Peut-être qu'on doit battre avec une seule baguette ou que le mec n'avait pas les moyens de s'en payer une deuxième, ou même qu'il l'a perdue.

On peut même imaginer qu'il s'est dit que rien que pour faire chier son copain qui se la pète en jouant a vedette, il arriverait avec une seule baguette ; une sorte de demi-grève en quelque sorte ! Ou alors, c'est un novateur, un membre d'un quelconque mouvement free zurna qui anime peut-être le folklore turc actuellement, et qui souhaite casser les codes et les conventions en ne jouant qu'avec une seule baguette ?

Toutes les hypothèses sont possibles ! Je suppose que mon cher lecteur Toju, apportera des précisions. Ceci dit, vous avouant ma totale inculture en termes de folklore turc, je n'en dirai pas plus ! D'ailleurs, j'ai juste tapé "zurna" en arrivant sur youtube, et j'ai collé la première vidéo ! C'était juste pour vous montrer et vous faire entendre le son du zurna car je suppose que tout ceci ne vous était pas familier.

La prochaine fois que je bouffe un döner, dans tous les cas, j'écouterai attentivement la musique d'ambiance et s'il ya du zurna, je dirai l'air blasé : "merde encore du zurna". Dix contre un que le mec qui me demande toujours "salade, tomate, oignons ?", et à qui je réponds perpétuellement "oui avec sauce blanche, merci", va me regarder d'un autre oeil !


The Hot Zurna Boys Band ! (Toju productions)

23 novembre, 2007

L'homme au zurna ! 2

Rappel :

Un individu étrange vient me consulter et m'entretiens du zurna, sorte de hautbois d'origine turque. Manifestement, cet instrument tient une grande importance dans sa vie. Il s'apprête à m'expliquer pourquoi.

22 novembre, 2007

L'homme au zurna ! 1


Dans son essai intitulé "Cinq psychanalyse", Freud nous a bien gavé avec sa monographie débile connue sous le titre de "l'homme au loup", Sergueï Constantinovitch Pankejeff de son vrai nom, dans laquelle il déploie des trésors d'imagination sans bornes pour des résultats cliniques sans intérêts aucun. Qu'on ai fait psycho ou non, aucune possibilité d'échapper à un de ces cinq psychanalyses, puisque tout prof de philo qui se respecte a bassiné ses élèves avec Freud et consorts.

Je me suis dit que n'étant pas plus con que Freud, et finalement plus carré, j'allais moi aussi laisser ma trace en proposant ma petite monographie rien qu'à moi. En vous livrant ici-même, sur ce très modeste blog, une communication du plus haut intérêt scientifique.

Vous allez donc prendre connaissance ici-même, oui, juste en-dessous, d'un fabuleux texte qui fera date, et que j'ai intitulé modestement et sobrement "L'homme au zurna". La psychanalyse a eu ses gloires, maintenant éteintes ; il était temps que le cognitivisme compte une vedette, et cette vedette, ce sera moi. Mais entrons dans le vis du sujet, asseyez-vous en rond par terre et laissez Onc'Philippe vous contez une histoire !

***
Le sujet pris un rendez-vous sans me dire comment il avait obtenu mes coordonnées. Il resta aimable mais extrêmement discret. Il souhaitait me rencontrer pour débattre d'un problème qui lui gâchait la vie. Je lui donnai rendez-vous, imaginant que cet homme avait sans doute quelque problème d'alcool ou de toxicomanie, voire plus vraisemblablement un TOC. Au téléphone, il m'avait effectivement semblé un peu rigide.

Il se présenta au jour et à l'heure dite avec une ponctualité remarquable. Je le fis entrer, et l'observai tandis qu'il ôtait son manteau, une sorte de curieux duffle-coat à boutons de bois. Sous ce curieux vêtement, il portait une curieuse veste jaunâtre ornée de ce que, de loin je pris pour des pin's, ce que les québécois appellent des épinglettes. Assez grand, environ un mètre quatre-vingt, et très mince, à la limite de la maigreur, il semblait âgé d'une bonne trentaine d'années, voire d'une petite quarantaine.

Je me fis la réflexion que c'était dur de lui donner un âge, car si la manière dont il était vêtu le faisait ressembler à un septuagénaire du seizième arrondissement, ses traits avaient par contre quelque chose de juvénile. Il s'assit enfin face à moi et déclina le café ou le thé que je lui offris. Les mains sagement croisées sur ses jambes maigres, il m'observa lui aussi, semblant chercher ses mots. Son annulaire gauche s'ornait d'une alliance ainsi que d'une chevalière armoriée, dont je ne distinguais pas la couronne. Je me fis la réflexion, que c'était une chance qu'il soit marié.

J'attendis patiemment qu'il trouve la meilleure manière de me communiquer la raison qui le poussait à venir me consulter. Son visage mince surmonté d'une brosse gris fer, ne semblait pas particulièrement aimable. Ce, d'autant plus que ses yeux bleus acier me dévisageaient, tandis que sa bouche mince, sorte de cicatrice barrant son visage, esquissait ce que l'on pouvait prendre pour un demi-sourire. En le regardant ainsi, j'étais presque mal à l'aise et je me fis la réflexion, que si ce type n'était pas juge d'instruction, alors il avait raté sa vocation.

Il me dévisagea ainsi pendant quelques secondes qui parurent des minutes, puis sortant de son mutisme me demanda tout d'abord si je savais ce qu'était un zurna. Un peu interloqué, je lui répondis qu'il me semblait que c'était une sorte de flûte orientale. Il esquissa une sorte de moue, comme un instituteur qui ne serait pas pleinement satisfait d'un élève. Puis, il m'expliqua que j'avais presque raison, en précisant qu'un zurna, était une sorte de hautbois turc. Il rajouta qu'il aimait la précision en toute chose, en lissant les plis de son pantalon de tergal gris.

Je levai les sourcils de manière à lui indiquer combien j'étais satisfait d'apprendre cela et le laissai poursuivre. Il poursuivit donc, en m'expliquant que, bien que turc à l'origine, on retrouvait le zurna dans différents ensembles folkloriques traditionnels du proche orient et qu'en ce sens, effectivement, on pouvait qualifier cet instrument d'oriental. Je ne répondis rien, continuant à offrir mon sourire le plus avenant à ce type étrange.

Dans ma tête, le diagnostique de schizotypie, commençait à poindre. Je ne m'étendrais pas plus longuement sur la schizotypie, il vous suffit de lire cet article, pour parfaire vos connaissances psychopathologiques. Ce retrait affectif à la limite de l'extrême froideur, ce côté maniéré, additionnés à l'incongruité de ses propos, semblaient dénoter chez l'individu assis en face de moi, un côté professeur Tournesol, que l'on observe souvent chez les gens souffrant d'une personnalité schizotypique. Je persistais à lui sourire, en me disant que si je m'apercevais que ce type était vraiment dérangé, je n'aurais qu'à lui communiquer l'adresse d'un confrère psychiatre habilité à lui fournir de bons neuroleptiques.

Il me regarda tout aussi froidement et sans ambages (j'adore cette expression), m'expliqua que je devais le trouver étrange. Je l'assurai que non, mais il sourit avant de me dire, qu'il s'en était rendu compte, et que souvent les gens avaient cette impression la première fois qu'ils le voyaient. Je décidai de me taire, enregistrant juste la manière qu'il avait de parler. Son français était parfait mais en plus, la diction était impeccable. Je me dis qu'il devait être angevin ou tourangeau d'origine, puisque ce sont les régions françaises où l'accent est le plus pur. J'optais cependant pour Angers, car j'avais, dans mon jeune temps, connu une jeune juriste lubrique originaire de cette ville qui proférait les pires insanités avec cette diction parfaite.

Il m'expliqua qu'il était juriste, occupant un poste haut placé dans une grande société immobilière et qu'il venait justement me consulter pour un problème lié au zurna, et que c'était la raison pour laquelle il tenait à ce que je sache ce qu'était un zurna. Ouvrant le cartable de cuir usé posé à ses pieds, il en sorti un petit instrument de bois, me le donna à voir, sans toutefois me permettre de le toucher et m'expliqua que c'était un zurna. Poliment, je lui répondis que c'était décidément un joli zurna, mais que je pensais qu'un zurna était plus grand.

Sans se départir de son étrange sourire, il me répondit péremptoirement qu'il existait différentes tailles de zurna. Il m'expliqua que j'avais du voir un zurna alto, tandis que celui qu'il tenait en main état un zurna piccolo. Il tint l'instrument dans sa main, avant de le reglisser prestement dans son cartable qu'il referma aussitôt comme si ce zurna était une merveille de grand prix.

Il rajouta que si le sujet m'intéressait, il pourrait me communiquer les titres des deux ou trois ouvrages de référence sur le zurna, deux en français et un en turc, malheureusement jamais traduit, bien que ce soit selon lui regrettable, car c'était une somme sur ce sujet. Un peu interloqué, je tentai cependant de n'en rien montrer. L'individu poursuivit en m'expliquant que si par contre, je tombais sur l'ouvrage "Der Schön Zurna" d'un certain Karl von glück, je ne devais en aucun cas l'acquérir, car selon lui, cet ouvrage bénéficiait d'une réputation usurpée. Très sèchement, il rajouta que von Glück n'avait rien compris au zurna !

Je lui promis bien sur de ne jamais acheter "Der hübsch Zurna. Pas joli mais beau, me répondit-il immédiatement. Vous avez utilisé "hübsch", or c'est schön. Il poursuivit en m'expliquant qu'on pouvait trouver de beaux zurnas mais qu'en aucun cas, on ne pourrait qualifier un zurna de joli. J'acquiescai immédiatement en lui présentant mes excuses pour mes lacunes en allemand et, en l'assurant que de toute manière, aucun livre de ce von Glück traitant de zurna ne serait jamais entre mes mains, que j'avais compris que cet auteur était un imposteur, que je me fiais entièrement à son jugement, puisqu'il m'apparaissait digne de confiance en matière de zurna, sujet sur lequel, il s'en était rendu compte, j'avais d'immenses lacunes.

Il sembla satisfait, et continuant à m'observer, il me dit que je devais être étonné par le fait qu'il insiste lourdement sur le zurna. Je faillis lui répondre qu'il n'était pas le premier dingue à franchir la porte de mon cabinet, mais je m'abstins. D'une part parce que je n'emploie jamais ce terme là, et d'autre part pare que cela ne se dit pas, notamment parce que certains dingues peuvent se révéler dangereux, surtout si vous les traitez de dingues.

Je me contentai de lui répondre qu'il avait sans doute d'excellentes raisons pour ainsi me parler de zurna. Et qu'au surplus, j'étais ravi de parfaire mon érudition, tant il est vrai que je savais manquer de connaissance à propos du zurna, comme je venais déjà de lui expliquer. Il opina du chef, ferma les yeux en se pinçant la base du nez entre le pouce et l'index droits avant de me dire qu'il allait entrer dans le vif du sujet mais que ce n'était pas facile. Il m'expliqua que pour son plus grand malheur, le zurna était le bonheur et le malheur de sa vie. Se calant profondément dans le fauteuil, il commença à m'expliquer son problème.

Fin de la première partie (A suivre !)


A lire pour rigoler !


Je venais juste de terminer mes consultations, et je me suis dit : "et pourquoi que tu ferais pas la tournée des blogs pour voir ce qu'il y a de nouveau ?". Aussitôt dit, aussitôt fait, me voici parti en maraude chez la concurrence.

Pas mal de trucs intéressants, même si je vous avoue que les articles de fonds, aussi intéressants soient-ils ne me passionnent pas toujours. Je n'apprécie pas ces prétentieux qui imaginent être aussi intelligents que moi.

Par contre, j'ai beaucoup rigolé en passant chez mon confrère Le Grand Charles. Son article intitulé "Une suggestion de reconversion ou de changement d'orientation pour 2008" est vraiment excellent, même si son titre est trop long et un peu chiant à recopier. Vous y apprendrez que les abrutis qui dirigent nos universités, et en l'occurrence celle de Lyon viennent de mettre au point une licence professionnelle intitulée ART DU CLOWN -SERVICES A LA PERSONNE.

Bon, je ne vais pas vous réécrire ce qu'a fort bien déjà fait le grand Charles. Alors, rendez-vous pour rigoler. Bon bien sur, après lecture de cela, vous ne saurez pas si vous devez rire ou pleurer, moi en tout cas j'ai décidé de rigoler. Pour pleurer, il aurait fallu que j'attende quelque chose de l'état et des ses sbires, ce qui n'est pas le cas.

Si vous ne saviez pas pourquoi vous payez des impôts, vous ne l'apprendrez toujours pas, mais au moins vous saurez ce qu'on ose en faire. Je n'ai jamais été un grand fan de Coluche, mais je crois qu'il aurait conclu par un sonore "bande d'enculés".

Nouvelle scène de résistance !

Eh bien voilà, trop tard, ça commence à dégénérer ! On passe à la vitesse supérieure : un nouveau groupuscule de contre-manifestants totalement excédés par les grèves font justice eux mêmes ! C'est direct et sans ambages ! (ah ouais t'as raison Phil, c'est génial voire jouissif d'écrire "sans ambages"). Selon la rumeur, ces contre-manifestants appartiendraient au mouvement Est Rail.

Alors, on fait moins les malins chez Sud rail, hein ??? Et estimez-vous heureux qu'on ne vous envoie pas Toju et son terrible Zurna !!


La preuve en images

(Super ton texte Laurence ! Tu vois je te laisse écrire, mais y'a pas, faut que je laisse trois gouttes d'urine sur le tapis. Alors je mets ce petit commentaire en plein dans ton article à toi. Chuis un mâle, faut que je marque mon territoire : Philippe)

Scoop! La résistance s'organise. Escalade de la violence !

Un vidéo-amateur a saisi sur le vif un groupuscule de contre-manifestants décidés à en découdre avec les syndicalistes de Sud-Rail ! Habilement grimés en gueux, afin de s'immiscer parmi les cheminots, ces activistes libertariens utilisent un code complexe pour ne pas se faire repérer.

Ainsi, dans cette vidéo les montrant en train de chanter leur hymne anti-grève, il faut savoir que de source sure, le "bailli du limousin" dont parle la chanson, est le code désignant, Christian Mahieux , secrétaire fédéral du syndicat Sud Rail ! On notera sur la vidéo la présence de deux militants sarkozystes timorés (et élégants), manifestement mal à l'aise avec cette radicalisation.



Il est temps que le gouvernement trouve une issue à ce conflit social (grève de merde ndlr), sinon cela risque de dégénérer !

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !

Gare de triage prise à l'instamatic Kodak (source : El Gringo)

Je viens de consulter mes statistiques :
  • Dimanche 18 novembre 2007 : 314 ;

  • Lundi 19 novembre 2007 : 326 ;

  • Mardi 20 novembre 2007 : 329 ;

  • Mercredi 21 novembre 2007 : 433 ;

433, rendez-vous compte, quatre-cents-trente-trois ! Je mets la somme en chiffres et en lettres, c'est un réflexe d'ancien juriste !

C'est fou non ? La dernière fois que j'avais réalisé d'aussi bons scores, c'était grâce à la venue de mes amies québécoises !

Alors je m'interroge, pourquoi de tels scores ? Bien sur pour un Le Meur ou un Versac, ce n'est rien, mais pour moi, c'est inimaginable. Et pour El Feignasso, c'est carrément de la science-fiction ! Alors merci aux grévistes qui ont peu m'inspirer ces derniers temps.

D'ailleurs, à ce sujet, je vous rappelle que vous pouvez poser toutes vos questions relatives à une carrière dans la SNCF en allant visiter ce blog. Emmanuel, dit El Gringo, vous réponds dans la minute, de six heures du matin à vingt-trois heures trente et ce, sept jours sur sept. Alors n'hésitez pas. Ce week-end, Emmanuel organisera d'ailleurs une visite guidée de la gare de triage de Villeneuve Saint-Georges. Venez nombreux !

Merci aux lecteurs !

21 novembre, 2007

I had a dream !


Assoupi entre deux rendez-vous, je fis un rêve étrange et pénétrant. Sauf qu'au lieu d'une femme que j'aime et qui m'aime, comme dirait Verlaine (*), moi c'est un conducteur du RER B qui apparut, dans mon rêve à moi ! Laissez moi vous l'expliquer, le livrer à votre sagacité !

Amaigri, l'oeil terne, la mimique figée, le pauvre homme avait tout du dépressif, et croyez-moi, je sais les reconnaître. Dans ce rêve, il me raconta alors ses déboires. Sa femme venait de le quitter quelques mois auparavant et ses gosses ne voulaient plus le voir. Depuis peu il avait constaté qu'il se réfugiait dans l'alcool. Toujours en rêve, en clinicien chevronné que j'étais, je l'interrogeais afin de savoir dans quel état il se trouvait.

Il m'avouait qu'il avait de fréquents réveils nocturnes, qu'il avait minci de plus de six kilos en moins d'un mois, qu'il éprouvait des douleurs musculo-squelettiques, des problèmes digestifs, et angoissait à l'idée d'être sérieusement malade. Pour plus de sécurité, je lui faisais passer un IDB, un petit test clinique plutôt bien foutu.

Et là, sans ambages (j'aime bien dire "sans ambages"), je lui annonçais qu'il souffrait d'une dépression sévère mais qu'il avait beaucoup de chance, même une chance inouïe, parce qu'il était tombé chez un des meilleurs psys de la galaxie. J'aurais pu lui dire qu'il avait une chance de cocu, mais je ne trouvais pas cela heureux, eu égard au fait que sa femme l'avait quitté pour un autre ! Je lui demandais alors quel était le génie qui avait eu l'idée fabuleuse de l'envoyer chez moi, puisque j'étais l'homme de la situation le mec à vois, celui qui allait lui sauver la vie, en l'empêchant de se suicider !

Souriant faiblement, l'homme dépressif m'expliquait alors que justement il avait eu mes coordonnées par le docteur X, qui n'avait pas tari d'éloges à mon propos (hmmm), et l'avait assuré que j'étais l'un des meilleurs de la galaxie. Ensuite, ce brave homme se jetait à mes pieds en m'implorant de le sauver. Je le laissais toucher le bout de ma Berluti, parce que je sentais qu'il en avait besoin, puis grand et magnanime, lui demandais de reprendre place dans le fauteuil en face du mien.

Je passais ensuite au recueil anamnétique, et prenais studieusement en note ce qu'il me disait. Afin de lui ouvrir un dossier, car j'ouvre un dossier d'une chouette couleur pour chacun de mes patients, même qu'ils peuvent choisir la couleur s'ils le désirent, je lui demandais son nom. Il m'expliqua s'appeler Robert Chopinot et avoir 42 ans. J'inscrivais donc lisiblement Robert en minuscules, et CHOPINOT en majuscules sur un dossier bleu, puisqu'il avait voulu du bleu.

Professionnel comme à mon habitude, je lui demandais alors sa profession. Et là, Robert, me répondait qu'il était conducteur de RER sur la ligne B. Je me souviens parfaitement de ce moment du rêve, comme si j'avais ressenti une sorte de tension ! Tentant vainement de garder mon calme, je lui redemandais sa profession et il me répondait :" je suis conducteur de RER sur la ligne B, et comme en ce moment on fait grève, j'en profite pour venir vous voir en journée, parce que j'ai aussi des responsabilités syndicales chez SUD".

Perdant mon calme, je lui disais d'une voix forte : "vous êtes vraiment conducteur de RER sur la ligne B ??". Et là, manifestement impressionné par ma colère, il me répondait d'une petite voix, en se tassant sur son fauteuil : "oui c'est cela et je suis militant syndical chez SUD". Perdant tout contrôle, je hurlais alors :" You're talking to me asshole ?? You're talking to me fucking fonctionnaire ?". Parce que dans ce rêve je sais que je m'énervais en anglais et que je ne savais pas comment on disait fonctionnaire dans la langue de Shakespeare!

Ensuite, ivre de rage et de colère, les veines des tempes gonflées d'un lourd sang rouge charriant des globules énormes et les muscles bandés, j'attrapais ce pauvre Robert par les revers de sa pauvre veste de confection, le levais de son fauteuil, avant de le trainer vers le couloir puis vers l'entrée. Une fois là, continuant à le tenir par un de ses revers, j'ouvrais la porte massive et le jetais dehors sur le palier où il me regardait tétanisé !

Le regardant d'un oeil méchant, je lui assénais alors violemment : "espèce de pauvre merde, à cause de toi, je galère depuis plus d'une semaine, alors ta dépression je m'en branle ! Moi aussi je fais grève connard ! En sortant de chez moi, tu tournes à la première à droite, tu poursuis sur cent mètres et tu verras la Seine. Arrivé là, tu t'y balances et tu te noies. Tu ne feras plus chier personne pauvre con. Et avant de partir, je tenais à te dire que je comprends que ta femme t'ait quitté. De toute manière, je suis sûr que tu la baisais mal !". Et je lui claquais la porte au nez avec une violence peu commune.

C'est à ce moment que je me suis réveillé. La violence de l'huis se refermant me sortit immédiatement de la torpeur dans laquelle j'étais. Réveillé, je me sentais comme sonné. Même si en tant que cognitiviste, je m'intéresse peu aux rêves, je m'interrogeais tout de même sur celui-ci tant il m'avait semblé violent. Comment moi, pétri d'une bonté d'âme que jalouserait Soeur Thérésa, et d'une vocation qui aurait fait passer Schweitzer pour un salaud, en suis-je arrivé là ?!

Dieu tout puissant, tant d'années de psychanalyse pour en être resté à ce stade. Mais d'où pouvait venir ce type de conflit inconscient. Que symbolisait le RER B, le syndicat Sud, et tout ce fatras ? Quelle symbolique obscure me faudrait-il analyser afin de comprendre ce terrible rêve de colère.

La rame du RER est-elle un symbole phallique ? Rêverais-je inconsciemment d'avoir une verge aussi grande qu'une rame de huit wagons ?! Le syndicat SUD est-il une allégorie au fait que je voudrais inconsciemment m'établir dans le sud de la France ? Je me demande ! Suis-je inconsciemment un abruti à petite bite rêvant de vivre dans le sud de la France ? Ou plus simplement, aurais-je une raison d'en vouloir aux conducteurs du RER B ? Voilà la question qui me taraude ! Quoiqu'il en soit, sachez que dès demain je soumets ce rêve à un confrère psychanalyste chevronné ! Freud, moi qui t'ai tant méprisé; pardonne-moi et aide-moi !

***

Au-delà de ce rêve stupide mais néanmoins préoccupant, permettez-moi de vous rassurer en vous assurant que ce genre de situations ne peut évidemment pas arriver. Si un conducteur de RER B se présentait à moi, il est clair que j'agirais professionnellement en mettant de côté mes légitimes récriminations catégorielles de contribuable victime de la grève de ces connards.

Il se trouve que contrairement à d'autres catégories d'individus, nous possédons ce que l'on appelle un code de déontologie. C'est à dire des principes éthiques auxquels nous devons nous conformer. Je ne dis pas qu'il n'y ait pas dans notre profession, comme dans toute autre, des moutons noirs aux comportements abominables. Cependant, le respect d'une éthique est formellement exigé.

Pour rappel, le déontologisme (dérivé d'un mot grec signifiant obligation ou devoir) est la théorie éthique qui affirme que chaque action humaine doit être jugée selon sa conformité (ou sa non-conformité) à certains devoirs. Un Code de déontologie régit un mode d'exercice d'une profession ou d'une activité en vue du respect d'une éthique. C'est un ensemble de droits et devoirs qui régissent une profession, la conduite de ceux qui l'exercent, les rapports entre ceux-ci et leurs clients ou le public. La déontologie, terme issu du grec deon, -ontos, ce qu'il faut faire, et de logos, discours est la science morale qui traite des devoirs à remplir.

Cette déontologie rappelle que quelques soient nos sentiments, justes ou non, certains principes d'équité, de respect et de loyauté, nous transcendent en exigeant de nous des comportements dignes de la mission qui nous est confiée. Fut pourtant un temps où les fonctionnaires et assimilés prêtaient serment.

Manifestement si je suis aujourd'hui traité comme une merde par Robert CHOPINOT, conducteur d'une rame de RER B, que celui-ci sache que lui ne sera pas traité comme une merde par d'autres catégories de personnes. Robert et moi n'appartenons pas au même monde. On dit que même les voyous ont un code d'honneur, manifestement certaines personnes sont très en dessous des voyous.

Robert est vraiment un petit garçon.

Chut !

"Le temps est à l'orage mais les blés sont rentrés"

Je répète :

"Le temps est à l'orage mais les blés sont rentrés"

Négociations musclées !

Voici une petite vidéo proposée par El Gringo, blogueur talentueux mais peu productif. El Gringo, né en 1959, et donc âgé de 48 ans ne travaille pas, du moins je ne l'ai jamais vu en activité. Je le soupçonne donc d'être un jeune retraité de la SNCF. J'ai toujours trouvé qu'il avait une tête de contrôleur.

Ceci dit, maintenant que j'y pense, j'en connais un autre, lui aussi né en 1959, Lorenzo, qui n'en branle pas une non plus, bien qu'il ait un emploi, mais sans doute un emploi fictif. Tenez, c'(est fou puisque j''en connaissais un troisième, dont je n'ai aucune nouvelle, lui aussi né cette même année 1959, qui n'en foutait pas lourd non plus. (Robert es-tu fâché ?). Curieusement les trois ont des bacs scientifiques, il y a des corrélations étranges parfois qui méritent un approfondissement.

J'aimerais savoir si le fait d'être né en 1959 prédispose à la glande ; je m'interroge. Chers lecteurs, si vous êtes nés en 1959, pourriez vous me dire si vous êtes en activité, occupez un emploi fictif vous aussi, ou si vous avez un vrai travail ? De la même manière, si vous connaissez des gens nés en 1959, sauriez vous me dire s'ils travaillent ou n'en branlent pas une ? C'est une étude sérieuse.

Dans tous les cas, respects pour El Gringo (El Feignasso), puisqu'il nous propose une vidéo mettant un scène un des plus grands acteurs de tous les temps : Steven Seagal !

Physique de jeune premier, jeu d'acteur digne des meilleurs de l'actor's studio, filmographie exceptionnelle, à l'aise dans tous les rôles, Steven Seagal est sans conteste, je le répète, le meilleur acteur de tous les temps ! Je sais que les cinéphiles le comparent parfois à Chuck Norris, mais c'est scandaleux. Steven est bien plus balèze que Chuck !


Regime special
envoyé par mozinor


Pour obenir des renseignements sur les carrières à la SCNF, merci de contacter l'auteur du blog Misandrie.blogspot.com. Ayant beaucoup de temps libre, il prendra le temps de vous répondre.

Pendant ce temps-là, la vie continue !


La grève monopolise beaucoup les informations, tant et si bien, qu'on en viendrait presque à croire que plus rien d'autre n'existe, du moins en région parisienne.

Il n'en est bien sur rien, et qu'on se rassure, des ministres stupides continuent à faire des projets de lois de stupides, toujours de plus en plus liberticide. Madame Chient-méchant, notre bon ministre de l'intérieur propose ainsi de renforcer la lutte contre la délinquance routière.

Bien entendu, la proposition n'appelle aucune critique. Qui oserait s'élever contre les bonnes intentions désireuses d'abaisser le nombre de morts sur les routes ? Peu importe que le désir d'obtenir zéro morts sur les routes, entraîne toujours plus de violence et de contrôle de la part de l'état, jusqu'à parvenir à la mort de la liberté.

Alors l'état, cette instance valétudinaire, incapable de proposer des projets concrets et épanouissant pour les citoyens, dissimulera prochainement son impuissance derrière de nouvelles mesures stupides. On aura donc encore le droit a toujours plus de contrôles, de flics sur les bords des routes et de radars. D'ailleurs en me promenant dans les rues de Paris, j'ai pu constater qu'il existe des fonctionnaires qui ne s'arrêtent pas, ce sont ceux qui verbalisent.

Après une grève des transports publics paralysant les déplacements, l'état incapable se propose encore de vous empêcher de bouger, en vous imposant toujours plus de règles absconses. Cette année, vous n'aurez toujours pas le droit de rouler bourré, et c'est finalement bien, mais si vous le faites, méfiez-vous car l'état institue le droit de vous voler votre véhicule, en appelant ce vol odieux confiscation.

Peu importe que ce véhicule puisse servir à un autre membre de votre famille, qui lui n'a jamais été pris en faute. Cette année, ce sera punition collective pour la famille ! L'état incapable de s'en prendre à ceux qui font vraiment chier (délinquants réels, grévistes, etc.), s'en prend encore une fois aux plus faibles, les citoyens isolés. Quel aveu d'impuissance, à l'image de notre bon président nain, venant de se faire traiter d'enculé par un marin-pêcheur du Guilvinec, et tout juste bon à jouer les matamores, parce qu'il est entouré de ses gardes du corps et sait ne prendre aucun risque.

Je me prends parfois à rêver d'un jour où l'état sera aussi performant à entreprendre les réformes nécessaires, qu'à nous faire chier. En attendant, lorsque je vois des images d'un conseil des ministres, ou d'une séance à l'assemblée nationale, des idées de cordes et de réverbères me viennent en tête. Est-ce grave docteur ? Suis-je malade ?

Pour la peine, enfilant un pull marin rayé de bleu et blanc, un ciré jaune et des bottes de caoutchouc, adoptant un langage vert et imagé, mais néanmoins révélateur de l'énervement qui est le mien, et me montrant solidaire des marins pêcheurs, c'est avec un plaisir non dissimulé que moi aussi je m'écrie : "bande d'enculéééés !".

19 novembre, 2007

Un juste combat ! Pauvres cheminots !

J'ai beau déconner avec mes histoires de "Colonel Biscotte", je suis en fait un type super sérieux et méga intelligent. C'est pourquoi, même si ce conflit social me gave, je trouve qu'il est utile de l'analyser d'un point de vue un peu différent, que celui des crétins de droite ou des abrutis de gauche.

L'article de mon éminent confrère Hashtable est de ce point de vue intéressant, dans la mesure où il sort de l'affrontement droite/gauche stérile pour se recentrer d'un point de vue juridique. Et de ce fait, cela ne fait pas un pli, les cheminots et autres ratpistes sont dans leur droit le plus strict. La grève est légale même si elle nous emmerde, et leur combat est juste.

Sincèrement, je vous avouerai sans ambages (c'est joli "sans ambages"), qu'il ne m'est jamais venu et ne me viendra jamais à l'idée de regarder le contrat de travail d'un cheminot. Compte-tenu de la profession qui est la mienne, je préfère insister sur les ressorts psychologiques qui peuvent pousser un jeune aujourd'hui à faire carrière à la SNCF ou la RATP voire EDF.

Je regrette qu'il n'y ait aucune statistique fiable sur les raisons qui poussent un individu sain de corps et d'esprit à entrer dans ce genre d'entreprises publiques. De toute manière, je doute que les gens y répondraient honnêtement et je les comprends ; chacun de nous préfère présenter un moi social intéressant plutôt que de livrer une intimité embarrassante. On préfère demeurer le géant de ses rêves et dissimuler le nain de ses cauchemars.

Ayant accompli trois années de services publiques, j'ai eu à fréquenter bon nombre de fonctionnaires ou assimilés. Personnellement, je me suis fermement ennuyé, bien que mes fonctions fussent intéressantes. L'absence de challenge, de possibilités d'évolution, mais aussi la fréquentation quasi-permanente de gens médiocres quoique souvent braves, ont eu raison de mon enthousiasme. J'ai donc quitté ce milieu après une dernière année passée à déprimer sévèrement.

Je me souviens par contre que je n'ai presque jamais rencontré de personnes ayant décidé d'entrer dans ce milieu par amour du service public ou par envie de servir l'état ou une collectivité territoriale. Ce fut sans doute le cas, voici quelques dizaines d'années, lorsque que quelqu'un pouvait tirer une fierté légitime d'être au service de l'état, comme si elle accomplissait un sacerdoce (cf. hussards noirs).

La plupart des personnes que j'ai pu croiser durant ces trois années étaient là pour les raisons suivantes :

  • La peur du chômage incitant à choisir la sécurité de l'emploi ;

  • La possibilité de faire des horaires plus cools et fixes (intéressant pour les mères de famille) que dans le privé ;

  • Une charge de travail globalement moins élevée que dans le privé avec des rendements nettement plus bas ;

  • Un âge de départ en retraite avec une pension plus favorable que dans le privé ;

  • Un ou deux parents fonctionnaires ou assimilés (reproduction sociale) ;
  • Une incapacité à réussir dans le privé, le public étant vécu comme un milieu plus propice à l'épanouissement d'un individu ayant des limites ;


En résumé, mais il faudrait une véritable étude pour le prouver, la majeure partie des gens qui ont décidé de choisir un emploi dans la fonction publique, le fait par peur du chômage et des conditions de travail dans le privé. Beaucoup préfèrent donc, avoir des salaires moins élevés, des promotions rares et une vie assez terne, plutôt que de s'exposer aux risques du privé.

Si certains de mes sympathiques confrères blogueurs pourraient immédiatement déclarer qu'il s'agit là de fainéants, je m'inscris en faux contre cette opinion trop couramment partagée. Pour ma part, j'ai plutôt observé des comportements très ambivalents composés d'un mélange d'anxiété (peur du risque) et de manque d'estime de soi (sentiment d'incapacité à réussir ailleurs que dans un milieu protégé).

J'ai ainsi connu un docteur en sociologie qui s'était présenté au concours de facteur (catégorie C). Derrière un discours apparemment structuré politiquement, se cachait une autre réalité. Issu d'un milieu pathogène (parents divorcés, alcoolisme, etc.), ce type n'avait connu qu'une vie faite de stress et d'insécurité. Il semblait normal qu'il veuille y échapper à tout prix, quitte à postuler pour un emploi très largement sous-dimensionné au regard de ses capacités. Son crédo semblait être : tout plutôt que la souffrance inhérente au risque.

Dès lors, la fonction publique et assimilée est devenue une sorte de gigantesque CAT (Centre d'Aide par le Travail) permettant peut-être à une partie de la population plus anxieuse et/ou moins douée de pouvoir bénéficier d'un emploi et de vivre décemment en bénéficiant de protections. Il me semble donc logique, que des gens ayant favorisé des conditions de sécurité exorbitantes du droit commun, au détriment de l'épanouissement personnel voient d'un très mauvais oeil toute modification de leur statut.

L'état est certes responsable. Responsable d'avoir laissé se gangréner une administration qui était pourtant voici quelques dizaines d'années, une des plus efficaces du monde. En laissant se développer une fonction publique toujours plus coupée du monde réel, l'état a transformé des gens autrefois respectables, en assistés pathétiques.

L'état paye donc aujourd'hui le prix de ses erreurs. En parlant d'état, je n'imagine pas une seule fois qu'il s'agisse de nous, modestes contribuables et électeurs fantoches. Non, je parle bien sur des élus et des gouvernants, du pays légal comme aurait dit ce brave Maurras.

On pourrait toutefois imaginer que ces gouvernants aient été suffisamment intelligents pour éviter une telle situation ? Je ne le crois pas dans la mesure, où même si on ne peut sans doute pas nier l'intelligence de nos élites, on peut toutefois remettre en cause leur courage.

Depuis les années 90, on a pu constater que près de la moitié de l'assemblée nationale était composée de fonctionnaires et assimilés(*), dont la réalité quotidienne est totalement éloignée de celle du bon peuple qu'ils sont sensés représenter. L'adage dit que "les loups ne se mangent pas entre eux" et il est assez juste.

Le fonctionnaire, devenu juge et partie une fois élu, a mis la France sous sa coupe en privilégiant sans cesse ses coreligionnaires. Issu d'un monde protégé, le député-fonctionnaire n'a qu'une vision parcellaire de la vie réelle. Endormi sur ses avantages acquis, comme ces pauvres cheminots, il n'a pas vu venir le monde nouveau. Il est passé des années cinquante aux années deux-mille et le réveil est douloureux.

Alors certes, les cheminots m'emmerdent, mais je me souviens que lorsque j'étais étudiant en UFR de gestion (IAE de Paris), il y avait un adage assez juste qui disait "qu'un escalier se balaye toujours par le haut". Exigeons une loi interdisant à un fonctionnaire de se présenter face aux électeurs et tout ira mieux, j'en suis persuadé. Exiger des réformes nécessaires de la part d'individus, élus, dont toute la carrière est réglée au millimètre près, auxquels le risque fait peur, me semble aberrant.

Alors oui, cessons de blâmer ces pauvres cheminots. Lorsqu'ils sont entrés à leur poste, on leur avait prédit une vie tranquille, sans heurts et sans mauvaises surprises. Et voici que le réel fait irruption et bouleverse leur plan de vie qu'ils avaient bâti à trente ans ! Apprenons à décrypter leurs discours, derrière l'argument de pénibilité de travail, ne retenons que le terme pénibilité. Serait-ce la pénibilité de constater que le monde a changé et que les grandes structures qui les mettaient à l'abri du risques sont proches de s'effondrer ?

Rien de pire que de jeter un grand anxieux dans la vraie vie ! D'ailleurs les grands anxieux sont souvent des cibles privilégiées des mouvements sectaires. Contre un sentiment de quiétude et de tranquillité, ils sont souvent prêts à croire à n'importe quoi. J'imagine qu'une demoiselle de bonne famille, habituée à skier à Gstaad l'hiver, et à bronzer à Cannes l'été, se verrait tout aussi dépourvue que nos amis cheminots, si d'aventure son père industriel venait à faire de telles mauvaises affaires, qu'elle en soit réduite à devoir choisir un trois étoiles à Djerba !

Amis de la RATP, de la SNCF, de FT, d'EDF, de GDF, reprenez le travail en vous disant que l'état, au travers des élus fonctionnaires qui pullulent, s'est bien foutu de votre gueule. Quant à moi, si j'ai pu m'énerver contre vous au travers de ce blog, sachez que je vous plains.


Alors ne blâmons plus les cheminots et autre conducteurs de train. Les élus leurs ont simplement menti, comme ils nous ont menti à nous. Leur réveil est simplement plus difficile.

Mieux que cheminot, toi aussi deviens médecin libéral :
études gratuites, fric public, concurrence limitée du fait du numerus clausus,
notabilité assurée, succès auprès des femmes,
mais salaires du privé !


(*) Si l'on ajoute les médecins, une profession profitant très largement des fonds publics via la sécurité sociale, nous atteignons un chiffre extrêmement important de représentants du peuple qui ne comprendront jamais nos problèmes, simplement parce qu'ils ne les vivent pas.

Première journée !


Ça y est je suis prêt et dans quarante minutes, je reçois mon premier patient. Ma première nuit de clandestinité s'est bien passée. Je me suis levé frais et dispos. Dans la rue, j'observe des gens marcher, parfois bousculés par un groupe de Vélib'.

Je constate avec effroi que je viens de passer une nuit hors de mon domicile, comme un conducteur de train ordinaire. C'est terrible car j'ai pris soudainement conscience de la pénibilité de mon travail.

Troquant ma tenue noire de Ninja de la veille pour un classique costume, je suis de nouveau le psy de l'immeuble, le type sans histoires. Je vais croiser des gens que je connais. On m'appellera monsieur ou docteur. Ceux qui ont un service à me demander, ou me connaissent vraiment bien et savent combien je peux parfois être bouffi d'orgueil, me diront professeur.

Dans la journée, peut-être que je trouverai quelqu'un observant dubitativement le plancher du palier sur lequel j'ai gravé "Colonel Biscotte" hier soir. Peut-être m'en parlera-t-il et bien sur je ferai celui qui ne sait rien. Je me contenterai de hausser les épaules, l'air de dire qu'à notre époque, il ne faut s'étonner de rien.

Pas un ne devinera que depuis hier soir, je suis devenu un soldat de l'ombre. Ma vie terne et sans histoire est soudain devenue grisante.

La clandestinité !


A l'heure où se déroule le procès d'Yvan Colonna, je ne peux que me sentir proche de lui. Retranché dans mon cabinet parisien, comme lui naguère dans sa bergerie du maquis, je tourne en rond. Pas de télévision, un espace restreint, des tas de livres de psychopathologie et de philosophie qui tapissent les murs, mais aucun bon polar à me mettre sous la dent. La vie est dure. A deux reprises je me suis senti proche de craquer.

Pauvre Yvan, pauvre colonel Biscotte, tous deux murés dans leur solitude du fait de la violence de l'état ! Bon, je ne sais pas vraiment si Colonna a buté le préfet Erignac ou pas, mais ayant épousé une corse, c'est un sujet avec lequel je ne plaisanterai pas.

Je regardais un vieux balai Bissel abandonné dans la cuisine de mon cabinet, et des idées stupides me venaient en tête. Je me voyais arracher les poils du balai, me les coller sur le sommet du crâne en un assemblage approximatif de dreadlocks sales comme en portent si souvent des petits blancs déculturés. Ensuite, hop un vieux pull, un livre de Lacan qui prend la poussière sur une de mes étagères, un exemplaire de Libé récupéré dans une poubelle parisienne, et j'aurais nuitamment rejoint une faculté quelconque, Censier ou Tolbiac. Je suis sûr qu'en ce moment même une AG houleuse a lieu.

Les facultés sont tellement grandes que j'aurais forcément trouvé un groupuscule quelque part. Je leur aurais dit que j'étais Philippe, étudiant en deuxième année de psycho à quarante ans. Et alors ? Si j'ai envie d'être étudiant, bande de fascistes, c'est pas vous qui allez m'en empêcher ! Je l'emmerde moi votre monde de marchands ! J'aurais serré des mains, sorti mon laïus anti-sarko de base, vomi sur le libéralisme, dit que l'UNEF et Bruno Julliard étaient vendus au grand capital, et c'était bon.

Je me retrouverais au chaud avec des gens, en train de boire une kronenbourg tiède et de refaire le monde. Je suis suffisamment tchatcheur pour affirmer que j'aurais réussi à en entraîner un groupe dans une gare quelconque. On aurait fraternisé avec des cheminots et on aurait mangé des merguez. Parce que même si les grévistes m'emmerdent, j'avoue une capacité à m'entendre avec plein de gens différents.

C'est si bon de parler, de refaire le monde, d'être avec des gens. Mais, dorénavant, et ce jusqu'à demain dix heures du matin (rendez-vous compte !?), c'est un plaisir qui m'est interdit. Je suis seul, je dois rester seul, tout seul.

Depuis que j'ai rejoint mon cabinet, je suis entré dans la clandestinité. Déjà une heure que je suis seul et je commence à parler aux murs. Tout à l'heure, ivre de douleur, je me suis accroupi par terre, le dos calé contre le mur, et je me suis surpris à me balancer d'avant en arrière, dans un mouvement quasi-autistique. Je me suis dit que là, je comprenais enfin l'enfer des QHS. Des images carcérales me venaient en tête. Des matons syndiqués (SNEPAP-FSU), me rouaient de coups en me traitant de "sale libéral". J'ai immédiatement réagi pour ne pas sombrer. J'ai puisé en moi toute la force nécessaire pour ne pas craquer.

C'était dur car, alors les matons syndiqués disparaissaient, aussitôt remplacés par des images d'amphis remplis de monde, où la kronenbourg tiède coulaient à flot s'imposaient à moi. A d'autres moments, je me voyais parlant à mes nouveaux amis cheminots, partageant la merguez de l'entente cordiale. L'image obsédante de Christian Mahieux, secrétaire fédéral de Sud Rail, m'appelant à les rejoindre, à cesser le combat, s'imposait à moi. Une vision de brasero posé sur des rails et entourés de gaillards virils la remplaça aussitôt symbolisant à n'en pas douter la chaleur humaine qui me manque tant.

Puisant dans mes ressources mentales formidables, je décidai de chercher en moi la force de combattre tout cela et de rester à mon poste, solitaire et abandonné de tous. Ce furent le Christ et Charles de Gaulle, deux illustres prédécesseurs, qui m'apparurent et me parlèrent. Tandis que le Christ m'expliquait que j'étais Philippe et que sur ce Philippe, il construirait des transports publics enfin libérés du communisme, Charles de Gaulle apparut à un balcon en tonnant : "Vive la SNCF libre !". Sentant que ma misérable personne était l'enjeu de forces qui me dépassaient, je n'eus aucune peine à vaincre et à repousser les images d'AG étudiantes amicales et de réunions syndicales chaleureuses.

Enfin libéré, je me levais en hurlant : "Charles, Christ, mon Dieu, faites ce que vous voudrez de moi !". Mon voisin du dessus, sans doute un odieux gauchiste en profita immédiatement pour taper sur le sol en m'intimant l'ordre de faire moins de bruit !

A partir de ce soir et pour les jours qui viennent, je suis un loup solitaire et les plaisirs de la meute me sont interdits.

18 novembre, 2007

Action : exfiltration nocturne !


Nous avons synchronisé nos montres. A 23h00 piles, un gros 4X4 allemand de couleur foncée m'attendra à la grille. Un unique coup de sonnette très bref et je jaillirai de derrière un pilier, habillé de noir, le visage masqué par une cagoule que mon épouse m'a donnée.

Pour la petite histoire, c'est un souvenir de son pays, on en trouve dans des boutiques de souvenirs à Corte sur le Cours Paoli, sur lesquelle il y a brodé en rouge "Ricordo di Corsica, Isola di belleza". Moi, j'ai juste viré la broderie.

Musique d'ambiance


Mon chauffeur est derrière la grille. Il tente de me saluer en m'appelant par mon prénom. Je lui intime l'ordre de se taire. J'ouvre précautionneusement l'huis que j'ai préalablement graissé afin de ne pas faire de bruit. Un coup d'oeil à droite, un à gauche, et d'un pas souple je me dirige vers la conduite intérieure qui attend, moteur tournant au ralenti. D'un mouvement souple, j'ouvre la portière de façon à ne pas allumer le plafonnier et je me glisse à l'intérieur. Je me baisse de manière à ne pas être vu. Seul le sommet de ma cagoule doit apparaître de l'extérieur.

Mon chauffeur me trouve bizarre. Je lui ordonne de démarrer puis de prendre à droite, puis à droite et encore à droite. Il m'explique qu'on va tourner en rond. D'un sourire sans joie, je lui rétorque que je le sais mais que c'est un vieux truc pour savoir si nous sommes suivis. Je me dis que j'ai bien fait d'ingurgiter autant de polars. Aujourd'hui, ça m'est utile. Une solide formation est nécessaire si l'on veut espérer survivre dans la clandestinité.

A mes pieds, un sac à dos noir contient des affaires de rechange et différents objets de première nécessité. J'ai même pris un couteau de survie Rambo replica. On ne sait jamais ! Vous pouvez rire, mais si j'étais blessé je pourrais me recoudre moi-même. Ou alors si j'ai faim, je peux pêcher dans la Seine. Il suffit de dévisser le manche du couteau, il y a tout dedans, même une boussole ! Je me dis que j'aurais du choisir entre le cirage noir et la cagoule parce que je la sens coller désagréablement sur mon visage.

Mon chauffeur - car je ne peux pas vous dire si c'est un ami, moins vous en saurez mieux cela vaudra, si les bolchéviques vous torturaient, vous n'aurez rien à leur dire- semble me trouver bizarre. A un moment donné, il me pose une question en m'appelant par mon prénom. Je le fais taire immédiatement en lui ordonnant d'oublier mon prénom. Dorénavant, je serai Biscotte. C'est le nom de la chienne de mon père. Ca peut vous faire sourire mais c'est pensé. Si l'ennemi avait posé des micros, le fait d'entendre le nom "Biscotte", ne lui donnera pas l'alerte. C'est simple, il fallait juste y penser. Les gens de la CGT ou de SUD, sont peut-être malins et formés à l'agit'prop', mais j'aurai toujours une longueur d'avance !

Comme tous les combattants de l'ombre, je suis un peu paranoïaque, c'est le seul moyen de survivre. Je tire d'un seul coup le frein à main et la voiture se met en travers. Si ce n'avait pas été un 4x4, nous aurions fait un tonneau. Je mets la main sur ma bouche pour signifier qu'il faut se taire. J'entrouvre la portière et me glisse à terre puis sous la voiture. Sortant une mini-magligth, j'inspecte minutieusement le châssis de la voiture. C'est bon, aucun mouchard à déplorer. Je peux remonter à bord. Le chauffeur m'engueule en me disant qu'après m'être traîné par terre, je vais saloper son siège en cuir. Mais devant mon air résolu et mon regard dur, il se tait.

Nous poursuivons notre parcours sans échanger un mot. La lumière bleutée éclaire nos profils acérés. L'un et l'autre savons que nous avons dépassé le point de non retour. Le ruban de l'Autoroute A6 défile, monotone. Je repense à toute ma vie, la joie que fut ma naissance pour ma commune, ma première croutonnade faouine, mes vacances en Corse avec mon épouse et ses cousins Ange et Dominique, la seule fois où j'ai lu Libé. C'est un maelström dans ma tête. Il parait que c'est neurobiologique. Plein d'études affirment que face au danger, l'esprit humain réagit ainsi et je suis humain, bien qu'un peu plus qu'humain.

Le chauffeur s'engage sur l'A6a mais, sans le prévenir j'agrippe son volant et le braque à droite. La voiture chasse, louvoie et dérape un peu, mais l'électronique embarquée fait son travail. Transmission intégrale, ABS, ASR, ESR, font leur office, et la voiture change de cap pour s'engager sur l'A6b. Le chauffeur ne dit rien et adopte la bonne réaction en maîtrisant le véhicule, il a compris ma ruse diabolique, c'est le métier qui rentre. Je souris intérieurement en me disant que c'est une bonne recrue. La clandestinité n'est pas une sinécure. Cela réclame des réflexes prompts et une capacité à apprécier le danger. Ce soir je suis un loup.

Après deux tours de périphériques destinés à semer d'éventuelles filatures, nous rentrons dans Paris par la Porte BIP (secret). Quinze minutes après, à peine, la circulation quasi nulle nous permet d'arriver à mon cabinet. Nous passons en trombe devant mais j'ai le temps d'enregistrer le moindre détail. Cette poubelle est-elle à sa place ? Cette Talbot Solara innocemment garée non loin de là, est-elle aussi innocente que cela ? Ce chauve affublé d'un bouc, que fait-il là ? Et le grand au crâne rasé et au regard sombre. Tiens, ils semblent se connaître et s'éloignent malin dans la main. Un second passage à toute vitesse me rassure ; ils ont disparu. Mais il faudra un troisième passage pour que je sois sûr que la voie est libre.

Penché par la fenêtre du gros 4x4 allemand, assis sur la portière, j'ai pu d'un seul coup constater qu'aucun sniper ne planquait sur les toits. Je suis rassuré, trois précautions valent mieux qu'une. J'intime cependant l'ordre à mon chauffeur de faire un grand détour. Puis, parvenu à ma rue, je lui dis de stopper et lui explique la marche à suivre. Il me regarde en rigolant à demi et me dit : "ben ok Biscotte". Froidement, je plante mon regard d'acier dans le sien avant de lui dire "Colonel Biscotte s'il te plait, j'ai pris la tête du réseau, Nicolas S. me l'a confirmé.".

Puis, suivant mes plans, mettant la boîte tiptronic en première, il accélère soudainement, passant les vitesse à la volée. Le lourd véhicule accélère inexorablement de toute la puissance de ses deux-cent-cinquante chevaux, tandis que je fixe mon sac à dos. Parvenu à cinquante mètres à peine de mon cabinet, j'ouvre la portière et me juche debout sur le marchepied. Sans même prévenir alors que le véhicule file comme l'éclair, je bondis et atterris en un impeccable rouler-bouler. Immédiatement, je me glisse sous un véhicule à l'arrêt en pensant que décidemment avec mes conneries, je vais être tout dégueulasse.

La voie est libre et je jaillis de sous la voiture. Progressant par bonds souples et rapides, je gagne le trottoir opposé. Ma plaque professionnelle luit doucement sous la lune, je suis arrivé. Sortant avec précaution mon trousseau de clés, j'ouvre la porte cochère puis, une des portes latérales. Je m'accroupis immédiatement les sens en alerte. Aucun bruit, sauf un grattement ténu sur la droite. Ce n'est rien.

J'attends que mes yeux se fassent à l'obscurité et je m'approche de l'escalier, dédaignant l'ascenseur trop bruyant ! Je grimpe l'escalier moitié accroupi, moitié rampant. A chaque palier, je me plaque au sol et attends cinq minutes. Aucun bruit, je progresse, le poignard Rambo Replica fermement tenu en main. Parvenu au troisième, j'observe une demie-heure d'attente, plaqué au sol, la respiration ralentie et tous mes sens en éveil. Pour m'occuper, je décide de graver "colonel Biscotte" sur le plancher du bout de mon poignard, sans faire de bruit. Dans quelques dizaines d'années, on montrera ça aux gamins. Je souris en songeant que je suis en train d'écrire une page d'histoire. J'entends les bruits les plus ténus.

Rien à signaler, je m'approche de la porte de mon cabinet et ouvre discrètement la serrure cinq points. Je n'allume pas. Face à la porte, je cours dans le couloir et me précipite d'un salto arrière puissant dans la pièce principale en hurlant, les yeux fous, donnant des coups de poignard dans la vide tout autour de moi. Si l'ennemi Cégétiste ou son compère de Sud Rail, m'attend, ce sera peine perdue. Mon hurlement a du le tétaniser et la lame acérée le transpercer de part en part. C'est la guerre et ce n'est pas beau la guerre comme diraient Florent Pagny et Zazie, deux philosophes que j'apprécie. J'attends que ma respiration se calme.

Je me dirige vers l'interrupteur pour allumer. Tout est calme, fort heureusement, aucun ennemi tapi dans l'ombre n'a eu à souffrir de ma technique de close combat. Je retourne dans l'entrée et verrouille la porte. J'aurais bien accroché une grenade dégoupillée au cas où, mais je n'en ai pas trouvé. Je me contente de bloquer le dossier d'une chaise sous la poignée. J'ôte mon bomber noir, que je range dans la penderie.

Je sais que maintenant, ils peuvent faire grève indéfiniment, moi, ils ne m'auront pas, je suis sur place, je me fous de leurs métros et de leurs RER. Je suis un résistant, un modeste combattant de l'ombre. Tout seul, j'ai contribué à affaiblir leurs capacités de nuisance. Je reste modeste, je sais que ce que j'ai fait, tout le monde ne l'aurait pas fait. Depuis tout petit, j'ai su que j'aurais un grand rôle à jouer. Je me suis toujours préparé inconsciemment à cet instant présent. Je suis serein, mon destin est là. Demain, grève ou pas, je serai fidèle au poste. Ils ne m'auront pas !

Tout est enfin calme, et je respire normalement. Je me dis que ce n'est pas parce que je suis dans la clandestinité qu'il faut que je cesse de vivre. Même les poilus à Verdun ont eu de bons moments, alors pourquoi pas moi ? Je me dirige donc vers la cuisine. Je saisis une capsule que j'introduis dans la Nespresso. Je souris intérieurement, en repensant à ma ressemblance troublante avec Clooney. C'est fou, on a même un expresso identique ! Ah la vie est parfois drôle. Le voyant vert cesse de clignoter. J'abaisse la poignée et j'observe le liquide brun couler dans la tasse. J'ai emmené un bon livre que je lirai avant de m'endormir.

Ca y est le café est prêt. Je l'emmène dans mon cabinet. Je m'assieds sur mon fauteuil de cuir en posant la tasse sur la table basse. Je sors mes cigarettes et mon briquet (Fumer tue). Je me détends. Je saisis la tasse et la porte à mes lèvres. D'un seul coup, un liquide brûlant inonde ma mon cou et ma poitrine.

Putain, j'ai oublié d'ôter ma cagoule !

L'hymne de la grève de novembre 2007 !




Chanson extraordinaire piquée sur l'excellent blog de mon estimé confrère Le grand Charles, lequel l'avait sans doute piqué directement sur Dailymotion. Dans tous les cas, bravo au groupe. D'une part pour leur talent artistique indéniable, paroles et musiques sont parfaits, et enfin pour leur courage !

Résistance !


Comme j'ai plein de rendez-vous cette semaine, il va bien falloir que j'aille à mon cabinet. On se les gèle, et la circulation est abominable, alors je n'ai aucune envie de faire des allers et retours en scooter tous les jours. Risquez ma vie en remontant entre deux files de voitures conduites par des automobilistes stressés : très peu pour moi. J'ai tant de choses à apporter au monde, qu'il ne serait pas raisonnable que je finisse mes jours, écrasés comme une merde sous les roues jumelées d'un camion au carrefour de la Vache Noire par exemple. Mon décès précoce fausserait tous les résultats des futurs prix Nobel ! On se demanderait toujours si Machin ou Truc l'aurait eu si j'avais vécu.

Ce soir je pars donc à Paris où je vais planter la tente durant les grèves. Cela m'emmerde très largement. Je pourrais geindre, me plaindre, encore et encore, m'en prendre aux dieux et aux hommes ! Cela ne servirait à rien : il faut attendre, patienter et faire en sorte que la violence des grévistes me soit le plus douce possible. Je dois tenter par tous les moyens de rendre leur menace inefficace. Pouvoir à ma modeste échelle leur dire : "continuez votre grève les mecs, moi je vous emmerde !". Parce qu'une grève n'est efficace qu'en fonction de la nuisance qu'elle génère. Prenons par exemple, la grève de l'opéra de Paris. Pour ma part, ils peuvent faire grève dix ans, je m'en tape ! Et j'imagine, que je ne suis pas le seul.

Donc dès ce soit, je déserte mon domicile et je rentre dans le maquis. Immergé en plein Paris, dans un chouette quartier où le métro n'est même pas nécessaire, je rentre dans la résistance. Par mon acte de bravoure incomparable, j'annule ispo facto le pouvoir des grévistes à mon encontre. Je décide de ne plus être un otage de leur folie syndicale ! J'amenuise de façon significative leur pouvoir de nuisance.

Je redeviens un être libre, qui ne dépendra que de lui-même, en l'occurrence de ses jambes, pour assumer sa subsistance. Dès ce soir, à la faveur de la nuit, tel un grand fauve en maraude se glissant dans la nuit, passant rapidement de réverbère en réverbère, je gagnerai le restaurant de Fleur de Lotus afin de m'y attabler. Et là, à moi les deux nems au porc, le poulet poivre-et-sel, le riz cantonnais et la canette de coca ! C'est toujours ça que les bolchos de SUD et de la CGT n'auront pas ! Je ricanerai en les imaginant tapant des pieds autour d'un brasero pour se réchauffer tandis qu'ils tiennent un piquet de grève dans une gare de triage déserte.

Et demain, tandis que mes concitoyens pris en otages par ces salauds galéreront dans leurs voitures en train d'écouter Rires et Chansons ou France Info, ou pire gèleront sur le quai d'un lointain RER, moi je m'éveillerai peu de temps avant mon premier rendez-vous, prendrai ma petite douche, me raserai, irai boire un café au rade en lisant le Parisien. J'aurais une pensée émue pour ces pauvres hères perdus dans les embouteillages ou sur les quais bondés.

Les pauvres, endurant stoïquement leurs souffrances, n'imagineront pas un seul instant qu'à Paris, dans un bel immeuble du dix-septième siècle, un résistant oeuvre pour eux, en tentant de diminuer l'impact de la grève. C'est ce qu'il y a de terrible et de frustrant dans l'action clandestine : c'est une guerre secrète. Tout se fait dans l'ombre, et on ne doit s'attendre à aucun remerciement. C'est terrible mais c'est tellement beau. Tenez, cette abnégation poussée jusqu'au sacrifice, cette endurance menée à son paroxysme, c'est tout moi. On me dirait que les croisés avaient ces traits de caractère que cela ne m'étonnerait pas ! Je suis un croisé !

Ce soir, j'entre en résistance. J'abandonne le confort douillet de mon domicile, mes habitudes feutrées, ma petite vie ronronnante, pour me jeter bravement dans la grande ville bruissante de mille dangers. Ce soir, ce n'est plus Philippe le Psy, qui vous écrira mais un soldat anonyme de l'armée des ombres.

Messieurs les grévistes, je vous honnis, vous conspue et vous conchie. Vous ne m'aurez pas ! Ce soir, vous n'aurez plus aucune prise sur moi. Bandant mes muscles, tel un hercule dérisoire ayant décidé de donner sa vie, je déserre vaillamment l'étau mortifère de votre grève inique !

Ce soir, votre grève aura commencé à perdre de son efficacité ! Messieurs, cessez tout cela, reprenez le travail, soyez raisonnables, assez de forfanterie. Je vous le dis, vous avez déjà perdu car si vous pouviez vous moquer de Nicolas S., le fort en gueule, ce soir tout a changé :

Philippe le Psy est rentré en résistance !

14 novembre, 2007

Les futures élites en colère ! La France en danger !

La bible de ceux qui veulent se tenir informés !

Aujourd'hui, comme chaque jour, je lis le Parisien. J'apprends avec plaisir que la grève des trasnports devrait se calmer. Tant mieux, car leurs conneries, me fout trois jours de boulot dans la vue et je serai obligé d'aller taffer samedi pour en rattraper un peu. Y'a pas, faut que je fasse du chiffre, sinon je meurs, c'est la dure loi du libéral.

Bon, ce qui me rassure, c'est de voir que même dans des émissions animées par des gauchos du genre Fogiel et autres, les feignants de fonctionnaires en grève en prennent plein la gueule. On comprend enfin, que ce ne sont pas des damnés de la terre, mais des saloperies de petits nantis qui vivent en parasite sur notre dos depuis des dizaines d'années, en nous faisant financer à nous, les petits gars du privé, de la caissière au médecin, leurs merdes d'avantages acquis. Sympa aussi de voir que Hollande, Flamby pour les intimes, le leader socialo qui n'en finit pas de mourir, approuve du bout des lèvres cette remise à plat des régimes sociaux.

C'est sur que je regretterai toujours qu'on en ait pas pendu une dizaine, pour l'exemple, mais bon, je vis en démocratie dans un pays où existe le dialogue social. Alors tant pis, si l'état doit dialoguer avec ce genre de petits terroristes de SUD ou de la CGT, en les appelant partenaires sociaux, c'est la règle et je suis finalement assez légaliste en plus, même si je suis gueulard, je n'ai jamais voulu tuer personne. Alors j'étais plutôt satisfait. Mais parcourant mon journal préféré, je suis parvenu dans un article traitant d'un autre type de nuisibles, qu'on pourrait appeler l'étudiant gauchiste. Et là, j'ai beaucoup ri. J'ai même demandé un bout de papier au patron du rade afin de prendre des notes.

L'article présentait les revendications des étudiants grévistes en présentant les portraits de quatre d'entre eux. Il s'agissait de quatre ultras décidés à bloquer coûte que coûte les facs pour des raisons assez obscures qu'ils ne comprennent sans doute pas eux-mêmes. En gros, si Sarko et sa majorité décident un truc, c'est pas beau, et faut dire non, quitte à emmerder tout le monde. Comme pour nos bons salariés des transports, on a toujours le même modèle de connards incapables de comprendre que dans un pays de droit, lorsqu'il y a des élections, on se plie aux lois même quand ces lois nous font chier. C'est le règne du nombre : la violence de la majorité.

J'ai lu avec plaisir les portraits de ces quatre leaders, décidés à foutre le bordel. Tous se définissent bien sur comme des militants anti-capitalistes et anti-libéraux. Cela n'a rien d'étonnant. C'est leur point commun. Mais rentrons dans le détail et apprenons à connaître ces nouveaux talibans. Il y avait :


  • Gildas, étudiant à Rennes II : âgé de 23 ans, on apprend qu'il est en licence de sciences de l'éducation et se destine à la recherche. Balèze le gars pour être seulement en licence à 23 ans, alors que globalement un type normal a son bac à 18 ans. Surtout dans une discipline qui n'est pas reconnue comme étant la plus sélective. On voit qu'après avoir glandé en fac, au frais du contribuable, ce jeune homme, trouvant que le truc a du bon, se destine à glander dans un sous-labo, toujours à nos frais. C'est certain que le monde qui vient doit perturber notre ami. Fini le monde des Bisounours, il va falloir aller taffer mon garçon ! Il prévoyait une petite vie tranquille dans un labo et voilà que le ciel lui tombe sur la tête, que le réel survient. Que Gildas se rassure, ça arrive à tout le monde, ça désarçonne toujours quand on doit s'assumer la première fois de sa vie. Moi-même qui vous écris, j'en fis l'expérience. J'étais bien tranquille chez mes parents, et ne voilà-t-il pas qu'un jour, j'ai du payer EDF et GDF ! Je savais que cela existait mais pour moi le chauffage et l'électricité, cela se bornait à appuyer sur un interrupteur et à monter un thermostat, je ne savais pas ce qu'il y avait derrière !


  • Benjamin, étudiant à Paris I (Tolbiac) : âgé de 25 ans, notre jeune étudiant brillantissime est lui, en deuxième année d'histoire. En gros, sept ans après avoir passé son bac, il est encore en deuxième année : voilà une future élite. On pourrait m'objecter, qu'il a pu reprendre des études sur le tard, vouloir changer de voie, etc. Et je suis bien d'accord, les gens sont libres. Mais qu'un mec de 25 ans, en deuxième année de fac, vienne me la faire à l'envers en jouant les Che Guevara, a tendance à m'énerver. Si j'étais étudiant boursier, je pense qu'il aurait déjà pris une droite dans la gueule, cet immonde petit bourgeois. Quel est le pays qui permet aujourd'hui à un mec de traîner encore sept ans après le bac, sans bosser ? Si après son cursus d'histoire, Benji a envie de se frotter à la psycho ou à la socio et de reprendre un cursus, il va falloir qu'on l'entretienne ? Moi je dis non ! Qu'il fasse ce qu'il veut, qu'il étudie toute sa vie, qu'il fasse même un guide des formations, mais pas à nos frais.


  • Hugues, étudiant à Paris III (Censier) : notre troisième ami est étudiant en première année de cinéma. Donc dès le départ, on sait à qui on à affaire. C'est le mec qui a décidé qu'il avait des fantasmes, par exemple celui devenir réalisateur ou critique pour niquer des actrices ou aller voir des films gratos, et qu'il devait les faire payer à la collectivité ! Etudiant en première année de cinéma, l'essence même de la glande et de la non formation, du passe-temps de petit bourgeois parisien érigé en formation gratos financée par nous ! Putain mon fils me dirait : "papa je veux m'inscrire en fac de cinéma", que je me demanderais ce que j'ai raté dans son éducation ! Hugues est bien décidé à aller jusqu'au bout lui aussi dans son combat contre euh ... il ne le sait pas bien lui-même. En lisant son portrait, je me demandais ce que serait sa vie, si le monde d'adulte n'intervenait pas ! Imaginons qu'il réussisse ! Pourquoi pas, même si c'est peu probable parce qu'en cinéma les meilleurs intègrent la FEMIS ou Louis Lumière, et certainement pas Paris III. Alors voilà notre bon Hugues devenu réalisateur ! Il continue à nous ponctionner notre fric via le CNC pour faire des merdes que personne n'ira voir (exception culturelle dit-on aujourd'hui d'un navet). Mais comme en plus, ce brave type n'est pas un sociopathe mais qu'il a une morale, il va se sentir coupable. Coupable d'être à la charge de la collectivité depuis tout jeune, coupable de boire tant de champagne à nos frais lors des premières, coupable de tout ! Je vous l'assure, l'argent mal gagné rend coupable, c'est humain. Alors notre ami Hugues va encore se trouver une cause humanitaire à la con, comme Carole Bouquet et la rue de la Banque en ce moment, et pour liquider sa culpabilité va encore nous coûter du pognon. Hugues ne règlera jamais son problème de culpabilité, il deviendra alcoolo-dépendant et souffrira de dépression et coûtera encore du blé ! Moi je dis stop, aidons Hugues en fermant cet UFR de cinéma à la con, ou du moins en le rendant payant. Comme cela, ceux qui ont décidé de glander le feront à leurs frais. Au début ce sera dur, mais ensuite quelle fierté d'annoncer aux autres qu'ils ne doivent rien à la collectivité !


  • Julie, étudiante à Paris II (Assas) : alors la petite Julie est en licence de droit dans cette excellente fac. C'est donc la plus brillante du lot. Vingt ans en lience de droit, rien à dire, ce doit être une bosseuse. Mais bien sur il y a un hic. C'est que Julie est responsable de l'UNEF à Assas. Donc, Julie choisit une des meilleurs facultés. Elle admet donc que pour réussir, il faut une certaine rigueur. Mais comme elle est un peu immature, c'est un peu le bordel dans sa tête, ou coexistent tout et son contraire : on appelle cela une dissonance cognitive. Julie choisit donc une fac sérieuse réputée pour être de droite, mais vient y semer le bordel gauchiste, sans doute parce qu'elle se sent coupable d'être si studieuse. Julie veut le beurre, l'argent du beurre et le cul du crémier. Elle veut un environnement sérieux qui ne le serait pas, un cursus juridique nickel mais avec l'ambiance sciences humaines. Julie est donc une jeune fille un peu scolaire qui adorerait être un peu fofolle comme sa copine Cindy, qui après un bac STT (ex bac G) obtenu au rattrapage, glande en socio à Nanterre et se tape plein de mecs en se droguant. Sans doute bonne élève, appliquée et studieuse, Julie se rebelle en faisant n'importe quoi. Parce que militer pour l'Unef à Assas, c'est être un peu gland ou aimer les risques. J'espère simplement que soit Julie murira très vite, ou bien qu'elle va rater le concours de l'ENM. Parce que si elle le réussit, ça fera encore une magistrate gaucho adhérante du Syndicat de la Magistrature et qu'on en a suffisamment.

Voilà la galerie de portraits de toutes ces élites qui nous emmerdent en ce moment. Donc rien de bien grave dans les faits. Les meilleurs continuent à bosser et on constate, si cet article est représentatif des grévistes étudiants, que ce sont les glands et les crétins qui foutent toujours la merde. Je trouve cela assez rassurant finalement.

Par contre, si j'étais de gauche, mais un mec intelligent de gauche qui admet la réalité, j'aurais assez peur. Parce que ce n'est pas avec ce genre de nuls que la gauche va avoir des projets et des idées. Je crois que si j'étais un mec de gauche haut placé, je rencontrerais tous ces mini-leaders discrètement et je leurs dirais :

"Bon les mecs, c'est gentil, vous nous avez prouvé que vous étiez capables de vous mobiliser et c'est super sympa. Mais ça suffit, vous êtes en train de nous desservir. La politique, c'est sérieux et là, vous faites n'importe quoi. Avec des mecs comme vous, Sarko est encore au pouvoir dans vingt ans ! Alors, vous reprenez vos cours, vous voyagez un peu, vous ouvrez vos yeux, et vous verrez qu'il y a un monde réel autour de vous."

Putain que je n'aimerais pas être de gauche ! D'ailleurs sincèrement, si je comprends qu'on puisse être humain, gentil, partageur, haïr les profiteurs et le monstrueux capitalisme financier, et tout ce qu'on voudra, je n'ai jamais compris comment on pouvait être de gauche.

Bien entendu, mes lecteurs voudront bien m'excuser cette prise de position brutale et passablement vulgaire. Mais j'en ai assez qu'une bande de glandeurs subventionnés nous pourrissent toujours la vie. Ainsi, pour conclure sur une note éminemment morale et à forte portée psychologique, souvenons-nous toujours que :

L'oisiveté est mère de tous les vices !