27 juin, 2016

Psittaciformes !


Si je n'ai pas écrit c'est que je n'ai pas eu le temps ! Il faut dire qu'en juin, c'était l'anniversaire de mon père qui a décidé de réhabiliter une vieille volière qu'il avait dans son jardin. Et je ne sais pas pourquoi, il a décidé d'y mettre des perruches. Il n'a jamais eu d'oiseaux et ne s'y est jamais intéressé mais le fait est qu'il voulait des perruches qui pour lui sont de petits volatiles colorés et sympathiques qui feront jolis dans son jardin.

Et comme je suis un petit gars malin, je me suis dit que je pourrais lui offrir ces fameuses perruches. Et c'est devenu une énième lubie. Nymphicus, agapornis, cyanoramphus et autres melopsittacus n'ont évidemment presque plus de secrets pour moi. J'ai lu, retenu et aujourd'hui, bien que je ne puisse me dire ornithologue, je peux affirmer que les psittaciformes ont été ma lubie hebdomadaire. 

D'ailleurs pour ceux qui ne le savaient pas, le terme de perruche est un nom vernaculaire désignant un type de perroquets ! Oui, vous ne le saviez peut-être pas mais les perruches ne sont que des perroquets qui ne se distinguent de ces derniers que par la morphologie. Dans l'ordre des Psittaciformes on appelle généralement perroquets les grandes espèces trapues et à queue courte et perruches les plus petites à queue effilées. Pourtant, parmi les perroquets, les Aras, ont une queue effilée démesurée et les Inséparables sont trapus et à queue courte et très petits. C'est donc un peu compliqué mais on s'en fout puisque quoiqu'il en soit, perruches et perroquets sont des psittaciformes. C'est du pareil au même. 

Et c'est là que mes connaissances nouvellement acquises ont été utiles. J'ai offert un couple de calopsittes élégantes (nymphicus hollandicus) à mon père pour étrenner sa nouvelle volière. J'aurais espéré que mon père comprenne que l'équilibre d'une volière était affaire de spécialiste mais non ! Muni de sa carte bleue, il est parti dans une animalerie acheter des oiseaux comme il aurait fait un plateau de fromage ! 

Or s'il on peut mélanger les pâtes cuites et crues, les molles et les dures, sans encourir aucun risque, en termes de psittacidés il n'en va pas de même. Si tous appartiennent à la même famille, tous ne sont pas amis pour autant. A une époque où la discrimination est formellement interdite chez l'être humain, sachez que les perroquets la pratiquent allègrement.

Or mon père a commis le crime des crimes pour tout psittaciphile en achetant des agapornis qui en aucun cas ne doivent être mélangés à des nymphicus. Qu'on se le disent Calopsittes et Inséparables ne font pas bon ménage, les seconds étant beaucoup trop agressifs pour les premiers. Pourquoi ne pas rajouter des psittacula krameri tant qu'on y est ! Mais n'importe quoi ! On croit rêver !

De toute manière, en termes de perroquets, on est souvent déçu. Prenons par exemple les grandes espèces comme le Gris du Gabon, l'Ara qui coûtent très cher. Bien des personnes en achètent sans réaliser que c'est un animal exigeant qui vit très vieux et se révèle très bruyant. Autre problème, les acquéreurs estiment que tout perroquet devrait parler ce qui est une erreur. Seules certaines espèces peuvent parler qu'on se le dise.

Ainsi, j'ai connu une amie qui possédait un perroquet, un splendide Amazone à front jaune qu'elle avait baptisé Alexis car elle était d'origine russe et que c'était le prénom du tsarévitch assassiné par Yakov Yourovski. Bien qu'elle ait tout fait pour lui apprendre à parler ou à faire des tours, rien n'y a fait, Alexis n'a jamais été capable de faire autre chose que de manger, chier dans sa cage et s'occuper de sa femelle. 

La semaine prochaine, on parlera ou plutôt on reparlera du triangle dramatique de Karpman. Mais là, n'étant pas plus inspiré que cela, j'ai préféré parler de perruches.

20 juin, 2016

Interlude !

Marcassin ayant reçu son paquet envoyé par Amazon.
 
Ce soir mon épousé a ouvert la boîte aux lettres et a pris le courrier. Elle l'a trié et m'a tendu une lettre en me disant simplement "tiens c'est pour toi". Elle était adressée à Philippe Marcassin. C'est ma ruse quand je dois me faire envoyer de la documentation sans risquer d'être ennuyé par des relances. Je mets "marcassin". Rusé non ?

Si un jour, je rentre dans la résistance, ce sera mon code. Je deviendrai Commandant Marcassin. Tiens un jour, je me ferai envoyer une lettre au nom de Commandant Marcassin.

Mea culpa !


On papotait un jour durant une séance de cafing. On parlait de jeunesse, de ce qu'on faisait. Quand j'ai pris la parole je me suis souvenu de la mode des sacs US. C'était les années quatre-vingt et on en avait tous un sauf les ploucs qui avaient des cartables à bretelles. La mode de l'époque, c'était d'écrire des conneries dessus. Lesquelles conneries se résumaient le plus souvent à écrire les noms de groupes à la mode de l'époque. Je ne vous dis pas le nombre de sacs US sur lesquels les propriétaires avaient écrit Téléphone, Kiss ou ACDC. C'était l'époque !

Vu que moi je n'ai jamais été fan de quiconque, je serais bien en mal de vous dire ce qu'il y avait d'écrit sur le mien. Peut être rien du tout en fait. Je ne m'en souviens pas. Toujours est-il que jamais je n'aurais mis le nom d'un saltimbanque quelconque sur mon sac. D'ailleurs, je n'ai jamais pris part aux  combats titanesques opposant les fans de Téléphone à ceux de Trust. A l'époque, c'était un peu comme l'opposition entre Beatles et Rolling Stones. De toute manière, moi je suis un gentil garçon alors j'ai toujours préféré les Beatles comme j'ai préféré Téléphone. J'aime bien les bons mélodistes.

Ce dont je me souviens c'est qu'à cette époque, il y avait une émission qui s'appelait Le monde de l'accordéon qui passait sur TF1. C'était l'époque, il y avait encore des gens nés dans les années dix ou vingt qui avaient valsé sur du musette, des couples qui s'étaient rencontrés dans des bals. Alors ils avaient leur émission comme moi, si Dieu me prête vie, j'aurais la mienne, le samedi à midi où un très vieux Jean-Louis Aubert viendra chanter New-York avec toi ou Nikola Sirkis L'aventurier d'une voix chevrotante. Les jeunes sont les vieux d'après-demain.

Nous, comme nous étions des petits cons, on se foutait de la gueule de cette émission. Pensez donc, de l'accordéon, du piano à bretelles, ça nous faisait rigoler. C'était vieux et ringard. On avait la jeunesse, on était l'avenir alors on était prêt à enterrer les vieux avec leur drôle de musique et leurs chanteurs vieillissant. Et puis, tous ces accordéonistes qui jouaient en faisant des sourires de ravis de la crêche, tut habillé de satin et de strass, ça nous amusait vu que nos chanteurs à nous tiraient la gueule en s'habillant de haillons.

Toujours est-il qu'à cette époque, un de nos jeux favoris consistait à piquer le sac Us d'un pote et, usant d'un marqueur, on lui ruinait en écrivant dessus le nom de ces accordéonistes. Et le pauvre gars repartait chez lui en métro le sac US constellé de noms désuets comme Yvette Horner, Joss Baselli, Aimable ou encore André Verchuren. Ils nous faisaient bien rigoler tous ces fils de prolos du Nord avec leurs mines réjouies et leurs doigts boudinés qui couraient sur les boutons de nacre de leur instrument rital ou boche.

Et puis un jour que je glandouillais sur le Net, lassé de voir des combats de femmes sur Youtube, je me suis remémoré cette discussion et j'ai voulu savoir qui étaient ces gloires déchues dont je m'étais tant moqué étant jeune. Aucun CV ne m'a vraiment marqué si ce n'est que tous, sans exception était des musiciens remarquables. Pourtant l'un deux, belge d'origine, a retenu mon attention. A l'époque où on nous vend du rappeur au kilomètre, du crétin engagé, de l'artistocrate ou du mutin de Panurge comme aurait dit le regretté Philippe Muray, l'un d'eux a retenu mon attention. Il s'agit d'André Verchuren. Lisez son CV et vous m'en direz des nouvelles.

Pauvre Dédé, on n'y connaissait rien, on se foutait de ta gueule. On était jeunes, on était cons. On n'en savait rien de ta gloire et de tes médailles, de tes faits d'armes et de ton héroïsme. On ne se doutait pas qu'à seulement vingt-quatre ans t'avais été capable de chanter la Marseillaise face à des SS. Nous on nous avait farci la tête avec des faux exploits, ceux de petits bourgeois jetant des pavés sur des CRS en mai 1968. On ne se doutait pas que les vrais héros sont modestes et qu'une fois leurs coups d'éclat passés, ils reprennent le cours de leur vie. Et aujourd'hui, on célèbre un Black M ! 

Et puisque Verchuren était capricorne, que cet article est rédigé par un capricorne, concluons par un autre capricorne :

O tempora o mores !

Cicéron, Catilinaires


Bon sens !

Saviez-vous que je rêvais parfois de mes patients !? Oh rassurez-vous, il s'agit de rêves bien sérieux et non de coquineries ! Non mais ! Je suis un gars sérieux moi ! Le fait est que finalement, je bosse tout le temps parce que je pense tout le temps. Et sous mes dehors légers, je prends très à cœur ma mission. Si je devais facturer à l'heure mes patients, j'en aurais ruiné plus d'un ! C'est ainsi, je suis né comme ça.

Tenez puisque j'en suis à me confier, saviez-vous qu'une nuit, je me suis réveillé en pensant à l'un de mes patients qui venait de rencontrer une gonzesse qu'il m'avait présentée. Justement, le jour où je l'avais vue, même si je l'avais estimée brillante et plutôt sympa, quelque chose m'avait gêné, un petit truc que j'étais incapable de définir. Et puis sans doute que j'avais mis  tout cela dans un coin de ma tête, confié le problème à un bout de mon cerveau afin d'avoir le fin mot de l'histoire. Et voilà qu'une nuit, paf, j'avais eu une illumination. Je m'étais réveillé en pensant au patient en me disant qu'il allait se casser la figure avec cette donzelle ! La semaine suivante, je lui fournissais le fruit de mes cogitations. 

Dernièrement, c'est un autre patient qui m'inquiétait. C'est un X, autant vous dire pas la moitié d'un imbécile. Sauf qu'il a un projet d'entreprise qui me gêne un peu. Je n'aurais pas su dire pourquoi vu que c'est un domaine auquel je ne comprends pas grand chose même si, en toute modestie, ne rien comprendre à quelque chose ne me ressemble pas. Je ne maîtrise pas totalement le truc devrais-je dire. Je comprends ce qu'il veut faire, mais je trouve cela flou. Là encore, j'ai l'impression qu'il manque soit un truc, soit qu'il y a un truc en trop.

De mon point de vue, si son projet semble abouti, je trouve qu'il s'aveugle un peu, comme s'il voulait prouver à la face du monde qu'il a raison. Je l'ai écouté semaine après semaine me raconter son truc. J'ai bouffé de la donnée, j'ai trituré et malaxé. Et en bout de chaîne, je n'avais pas de solution sauf que ma petite voix me disait qu'un truc merdait. J'ai fini par en rêver? Si, je vous l'assure ! Alors, j'ai fait ni une ni deux, j'ai appelé Vincent la Machine.

Vincent la Machine, c'est un de mes patients, un putain d'expert-comptable qui sait tout et connait tout sur son sujet. Il est incollable et a une faculté de concentration exceptionnelle. Même qu'une fois, j'ai joué avec lui. Mon épouse me soumettait un problème qu'en tant qu'ancien juriste j'aurais du savoir traiter. Sauf que j'avais la flemme. Alors, je lui ai dit de m'envoyer son problème par SMS. Ensuite, j'ai copié/collé ce SMS et l'ai envoyé à Vincent la Machine en expliquant à mon épouse que j'étais persuadé que j'aurais la réponse en moins de dix minutes. Ça n'a pas raté ! Vincent la Machine m'a répondu en sept minutes montre en main  ! Je ne vous parle même pas de la réponse ! Vingt lignes de SMS avec les articles et les renvois au mémento Francis Lefebvre.

Une autre fois, c'est un ami à moi, un vieux psychiatre qui avait des problèmes juridiques assez complexes. Je l'ai rassuré et puis je lui ai dit que je lui envoyais Vincent la Machine. Il s'est pointé un samedi matin vers dix heures et à douze heures trente il avait retraité toute la compta du psychiatre et tout remis en ordre. Mon ami était sur le cul. Pourtant ça fait près de soixante ans qu'il est psychiatre et il en a vu des gens étranges mais pas des comme Vincent la Machine. 

Il m'a dit qu'il n'avait jamais vu une telle capacité de concentration. Moi, je suis blasé, comme je lui ai expliqué, je suis entraineur de chevaux de course alors dans mon cabinet, je ne les compte même plus les gens hors du commun. Y'en a de très intelligents comme les X, Mines et autres centraliens que je collectionne par dizaines, y'en a des très très riches comme Le Touffier dont la légende dit qu'il possèderait la moitié du Mans et les trois quarts de la Sarthe. Mais, je crois que le meilleur d'entre tous, celui qui m'étonnera toujours, ça reste tout de même Jean Sablon, le mec qui réussit à vivre dans le sixième arrondissement tout en voyageant dans le monde entier sans travailler. Il a le train de vie de deux X et de trois centraliens sans fournir une calorie d'effort. Ce mec c'est ITER à lui tout seul, il crée à partir de rien ou presque. Et en plus il a la classe à l'ancienne façon Engelbert Humperdinck. Alors lui putain, on aimerait tout connaitre son secret !

Toujours est-il qu'ayant un doute au sujet du projet de mon patient de l'X, j'ai appelé Vincent la Machine. Je lui ai fourgué toutes les données et en deux minutes, il a rendu son verdict en me disant que le projet n'était pas viable et en m'en donnant les raisons. C'est ce que j'augurais avec moins de précisions étant donné que je ne suis pas expert-comptable ! Ce mec est un tueur et moi un malin.

Voilà donc que je revois mon petit gars de l'X et que je lui dis tout ce que je pense de son projet. Je parle, j'argumente, je fais un discours construit en n'omettant pas de citer l'aide apportée par Vincent la Machine parce que je ne suis pas du genre à profiter d'autrui sans le créditer au générique ! Bref, je lui dis en gros que son projet n'est qu'une manière détournée de prouver au monde qu'il a raison mais que dans les faits, je n'y crois pas.

Et mon gars de l'X qui rappelons-le n'est pas la moitié d'un imbécile puisqu'il a fait l'X bien sur mais qu'en plus il fait partie de ma clientèle, me répond que voici quelques jours il a lu un article d'un bloguer américain qui disait un truc intéressant. Mon X il adore ce qui vient des States, c'est son truc à lui. Si y'a pas du franglais et si ça ne vient pas de la Silicon Valley, il se méfie. Chacun son truc. Toujours-est-il que son blogueur américain, qui a fondé des jeunes pousses, disait justement qu'en affaires on devait se demander si on voulait avoir raison ou avoir du succès. Et que c'était là son problème. Qu'il avait sans doute voulu avoir raison à tout prix !

J'ai bien aimé cette formule "avoir raison ou avoir du succès" alors j'en ai parlé à Harry Potter, un petit gars à lunettes toujours tiré à quatre épingles, un ancien patient à moi avec qui j'ai pris un café. Il se trouve qu'en plus de ses activités professionnelles, il œuvre aussi aux Narcotiques Anonymes, vu qu'à une époque il a pris plein de trucs dans les narines, dans les poumons et dans les veines. Et là, il m'a dit qu'aux N.A. justement ils avaient une formule, pour ceux qui hésitaient encore à arrêter la dope, qui ressemblait trait pour trait à celle dont je venais de lui faire part. Et cette formule, c'est :

"Soit tu sauves ta face, soit tu sauves tes fesses"

Intelligence !

Dès l'âge d'un an, Le Touffier donnait des conférences !
 
Mon Dieu, on ne me parle que de ça, on sort tout un tas de livres sur le sujet : l'intelligence. Et plus je lis d'ouvrages qui y sont consacrés, moins je la perçois. J'ai beau dire que je m'aperçois tout de suite si quelqu'un est surdoué ou non, j'en perds mon latin, tellement mon radar est pollué de considérations oiseuses sur le sujet, produites par des auteurs qui parlent vraisemblablement de ce qu'ils ne connaissent pas. 

J'ai ainsi acquis vers la période de Noël, deux livres sur le sujet et je ne suis pas parvenu à les terminer. Le premier m'a lassé vers le milieu tellement il était mal rédigé, dans un style épais et pénible. Quant au second, la quatrième de couverture m'a tellement ennuyé que je ne fait que le parcourir avant de le laisser choir sur une pile avec d'autres rebuts de la littérature.

Quant aux forums dédiés à ce sujet que j'ai pu visiter, je n'ai pas été emballé. D'ailleurs, j'ai noté que le plus connu de ces forums était un endroit sur lequel les surdoués étaient en nombre moindre que dans la population générale. C'est vrai quoi, si vous êtes surdoué, pourquoi aller perdre son temps en de tels lieux alors qu'il est possible de le perdre ailleurs.

Et voici que mercredi dernier, c'est au cours d'une conversation avec Le Touffier, que j'ai eu la révélation. Il faut dire que lui, la douance, ça lui parle. Il écrit même sur un site réservé aux surdoués, c'est vous dire si il est intelligent ! Moi, je ne suis pas assez intelligent pour y écrire et de toute manière, je n'aime pas les groupes alors j'écris ici.

Cela arrive souvent qu'on me vante l'intelligence d'untel ou d'un autre. Généralement, il s'agit de bêtes à concours. Des ingénieurs, des diplômés de sups de co', d'IEP ou que sais-je encore. Généralement, si je les trouve intelligents, je ne peux pas non plus dire que je sois esbaudi par leurs performances. Habituellement, assez rapidement, je parviens à décrypter l’algorithme qui rythme leurs pensées et leurs prises de positions comme un géographe le ferait d'une terre nouvellement abordée.

Je me demande d'ailleurs pourquoi je trouve plutôt convenus et finalement assez légers des gens que le système me vend comme géniaux. A moins que ces gens ne soient pas aussi intelligents qu'on ne le dise ou bien que je sois bien trop stupide pour les apprécier à leur juste valeur. De la même manière que la cigarette a gâté mon palais au point de ne pas apprécier les saveurs d'un trois étoiles du Michelin, la fréquentation assidue de Jean Sablon a du gâter ma sensibilité au point que je ne sache pas reconnaitre un surdoué quand j'en croise un !

Prenons Alain Juppé par exemple. Qui peut croire que ce type, malgré tous ses diplômes que je n'ai pas, soit surdoué ? A moins qu'on ne juge la douance aux diplômes ? Je ne pense pas. Du moins, en termes de diplôme j'en reste à la fameuse définition du concours que donnait Detoeuf.
Les concours, comme l'affirmait le fondateur d'Alsthom (et polytechnicien de formation), ne serviraient-ils qu'à sélectionner les volontés et harmoniser les médiocrités ? C'est fort possible. D'ailleurs comme l'affirmait un de mes patients ingénieurs très récemment, au concours il n'a eu que des problèmes pour lesquels il avait été formé en Maths sup et spé. ll n'y a pas vu une grande épreuve d'intelligence et ce n'est que par la suite en se confrontant à la vie qu'il a conçu que les vrais problèmes étaient ceux pour lesquels on n'était pas préparé.

Toujours est-il que je devisais ainsi de l'intelligence avec mon vieux compagnon Le Touffier quand j'eus une illumination. Ce que l'on nous vend trop souvent comme de l'intelligence, du jus de cerveau concentré et de la douance, ne serait-ce pas en définitive uniquement de la capacité de mémorisation et de traitement de l'information ? Hein dites moi ?

Je pense que toutes ces années on a voulu m'abuser en me présentant comme surdoués des gens qui ne disposaient en tout et pour tout que d'une phénoménale capacité de mémorisation et de traitement de l'information : des machines en somme ! De bons gros ordinateurs tout juste bons à impressionner le quidam mais certainement pas ceux qui voient plus loin que le bout de leur nez.

Nous en étions là de nos réflexions quand Le Touffier m'expliqua qu'il était d'accord mais qu'à son idée, l'intelligence devait se nicher dans la faculté à observer. Bien dit l'ami ! Effectivement si l'on a de grandes capacités de mémorisation encore faut-il avoir des données à stocker. Et ces données ne peuvent être issues que de l'observation et je dirais même de la faculté à discriminer ces informations. Parce que trop souvent je suis confronté à des gens qui insistent sur le superflu en oubliant l'essentiel.

Mais, rajoutai-je aussitôt, encore faut une fois ces données mémorisées puis traitées, savoir ce que l'on en fait. Et c'est souvent là que le bât blesse. A l'autre bout, effectivement se trouve l'action. On a observé, discriminé, mémorise puis traité les informations et maintenant on en fait quoi ? Un dossier que l'on amène au chef ? Un autre dossier dont on dit que c'est bien trop complexe pour qu'il existe une solution simple ? C'est généralement ce qui se passe avec ces faux surdoués. On classe, on trie, on traite et on compile et puis l'on parle de la compilation comme s'il s'agissait d'une fin en soi alors que ce n'est qu'un classement. De toute manière, chaque fois que j'ai entendu quelqu'un me dire que c'était trop compliqué d'un air docte, j'ai su que j'avais à faire à un imbécile pompeux. Quand on est intelligent, on agit ou pas, mais on ne tergiverse pas.

Donc si l'on résume le fruit de notre discussion avec Le Touffier, on a au centre des capacités de mémorisation et de traitement de l'information que l'on confond trop souvent avec l'intelligence mais que l'on sait en revanche parfaitement sélectionner puisque ce sont des fonctions purement quantitatives. Pour qu'il y ait intelligence, il faut à un bout observer et discriminer pour traiter les bonnes informations puis à l'autre bout offrir une réponse adaptée une fois le traitement desdites informations opéré.

Bref, ceux qui parlent, fut-ce savamment en employant des mots compliqués sont soit des cuistres, des crétins ou des escrocs. Ceux qui traitent un problème en le restituant sous une forme encore plus compliquée sont aussi soit des cuistres, soit des crétins ou encore des escrocs. L'intelligence c'est simplement répondre de manière adaptée à n'importe quel problème.

Je crois que je ne finirai jamais ces livres sur la douance. 

On reconnait l'arbre à ses fruits
Mathieu 7-16

06 juin, 2016

Les femmes au travail !

 Cannes 2016 mais pas au boulot !


C'est une patiente que j'ai reçue voici déjà quelques temps qui m'explique sa mésaventure. La pauvrette a fort mal vécu le fait d'avoir été remerciée d'une mission pour "insuffisance professionnelle" alors que de son point de vue fait, elle avait été plus que performante dans le poste qu'elle occupait. D'ailleurs, ayant fort mal pris la chose, ça n'a pas fait ni une ni deux, elle a collé son ex-employeur aux Prud'hommes et elle a gagné !

N'empêche que l'argent n'apaise pas toutes les douleurs et que depuis, ma patiente vit dans la peur que cela lui arrive de nouveau. Elle redoute qu'on la vire encore pour des motifs spécieux. C'est devenu une sorte de phobie. N'ayant pas compris les motifs de son éviction, elle redoute que cela lui arrive de nouveau. Depuis elle vit comme les petits chiens de l'expérience de Seligman ; elle a appris l'impuissance ! Quoi qu'elle fasse, elle a peur que le couperet ne tombe ! Elle redoute que ses compétences et efforts réels pour assumer ses tâches ne soient pas prises en compte et de faire les frais d'un renvoi soudain, sans motif réel et sérieux. Elle craint le fait du prince, le renvoi purement potestatif.

Que s'est-il passé pour qu'elle ait vécu cela ? Elle n'en sait rien. Pour elle, c'était une mission de conseil comme une autre, comme tous les ingénieurs les connaissent, rien de plus, ni pire, ni meilleure et certainement pas plus compliquée que celles auxquelles elle était habituée. C'est là que ma sagacité légendaire entre en jeux ! Puisque je suis payé pour être sagace.

Si je reste persuadé que ses capacités ou son travail ne sont pas à remettre en cause, pour quel motif aurait-on voulu se débarrasser d'elle, arguant pour cela de motifs fallacieux, allant jusqu'à inventer une "insuffisance professionnelle" ? C'est en l'observant que je pense avoir trouvé la solution.

Pour son jeune âge, une grosse vingtaine d'années elle fait très "dame". Ce n'est pas une critique mais un fait. Tandis que la plupart des femmes aiment à se rajeunir, frisant parfois le ridicule, notamment ces quinquagénaires jouant aux minettes, cette patiente assume son statut de grande bourgeoise. Elle gagne de l'argent et n'a pas peur de le faire savoir.

Je suis sur que si on autorisait encore le massacre de différentes espèces, elle aurait un manteau en léopard. C'est très joli le léopard. Effectivement, elle n'hésite pas à envoyer haut les couleurs. Madame tient son rang. D'ailleurs elle me regarde parfois comme la jeuen dame du château regarderait son palefrenier. Je me dis que j'aurais du sortir le costard et porter ma Rolex. Ma Casio à 29€ ne doit pas faire très sérieux.

D'où je suis, je distingue nettement le solitaire qu'elle porte à une main. Je crois aussi voir une bague de chez Mauboussin et peut-être même une Tank de chez Cartier. Je n'en suis pas sur et je ne vais pas mater comme un fou pur faire l'inventaire de la joncaille de la dame ! Imaginez bien que si même moi, le gros plouc, j'ai eu l'oeil pour voir toute la quincaillerie , une autre femme l'aurait de suite vu et même estimée !

Je lui demande alors si la mission qui lui a causé du souci s'est opérée dans un milieu féminin. Elle acquiesce. Je lui demande ensuite, si la par le plus grand des hasards, son supérieur lors de cette mission, n'était pas en fait une supérieure. Et si par un autre concours de circonstances, ladite supérieure n'était pas une femme falote voire moche proche de la retraite. Effectivement, me répond-t-elle, sa supérieure était une quinquagénaire falote un peu paumée. Elle l'a jugée plutôt agréable quoiqu'à la réflexion, il lui a semblé que parfois elle pouvait se montrer désagréable sans qu'elle n'en devine les raisons.

Je poursuis mon travail façon Sherlock Holmes et lui demande si ladite supérieure était aussi "élégante" qu'elle. Certes non, me dit-elle ! La supérieure était plutôt du genre gilets informes et peu soignée. Hmm, fais-je alors comme seuls savent le faire vraiment mes confrères psychanalystes voulant marquer le fait qu'ils écoutent leur patient sans pour autant prendre partie.

J'explique alors à la jeune dame qu'à mon sens, c'est juste une crise de jalousie de la supérieure envers elle. Je ne doute pas que professionnellement elle ait fait tout son possible mais parfois dans un milieu très féminin, il faut s'attendre à voir se manifester des comportements qui semblent incohérents alors qu'ils ne le sont pas. C'est la revanche de la "vieille moche" sur la "jeune belle", de la "pauvresse" sur la "riche", c'est d'un classique à toute épreuve.

Ça ne devrait pas avoir lieu dans le milieu du travail mais cela existe. On appelle cela la compétition sexuelle. Et si on l'observe souvent entre mâles à grands renforts de vannes sonores voire de coups bien portés, elle existe aussi chez les femelles mais elle est plus ténue et plus vicieuse. C'est toute la subjectivité humaine au travail. On pense qu'on va œuvrer dans un milieu asexué unifié par les seuls compétences et voici que les hormones s'en mêlent. Les théories fumeuses en tous genres et a culture d'entreprise nous embrouillent : les hormones font la loi !

Je lui fais alors part de mes observations concernant ses bijoux. Elle s'emporte et me dit qu'elle fait ce qu'elle veut de son argent. Je la rassure en lui expliquant que je suis un grand libéral mais que parfois, et justement dans le milieu professionnel, et surtout s'il est féminin, on ne fait pas ce que l'on veut mais ce que l'on doit. Parce que parfois, on aura à faire à de la jalousie, à de la rancœur. Je lui explique alors que la sagesse veut qu'on arrive alors sur le lieu de travail en étant un degré moins apprêtée que sa supérieure. La sagesse commande !

De mauvaise grâce elle admet que j'ai raison et qu'elle a pu sentir une forme de jalousie voire de mesquinerie de la part de sa supérieure. Mais elle était persuadée que s'agissant d'un travail, le bon sens l'emporterait et non le fait qu'elle porte un solitaire dont sa supérieure soit jalouse. Ratée jolie petite dame ! On sort pour aller en soirée ou à l'opéra, mais on se fait discrète au travail. Tout fin observateur de la gent féminine a déjà pu constater les vannes que les femmes peuvent s'envoyer entre elles !

Tenez voici quelques années, tandis que je parlais d'une patiente commune à son médecin, femme elle aussi, qui avait oublié son  nom, je tentais de la lui décrire. Je lui expliquai alors que notre patiente en question était une jolie blonde aux yeux bleus. Je vis alors le médecin ouvrir de grands yeux et me répondre qu'elle voyait parfaitement de qui il s'agissait. Puis, elle me dit : oui effectivement, elle a de très jolis yeux mais qu'est-ce qu'elle est moche, elle a une peau atroce ! Effectivement j'avais gaffé, on ne parle pas d'une femme à une autre, fut-elle médecin, en lui disant qu'elle est jolie sous peine de voir poindre sa jalousie.

Il n'y a que les vieux poivrots comme Renaud pour voir en les femmes, de douces créatures. C'est d'ailleurs toute la finesse de ces diaboliques que d'être parvenues à se faire passer pour de douces colombes alors qu'elles en remontreraient au pire des vautours. Comme me le serinait souvent Laurence, de sa voix basse en me fixant de ses yeux gris, du temps où elle collaborait à ce blog : méfie toi toujours de la duplicité des femmes.

J'attire d'ailleurs l'attention des plus glandeurs de mes lecteurs ayant le temps de regarder des choses idiotes l'après-midi sur l'émission "Les reines du shopping", au cours de laquelle cinq femmes sont mises en compétition pour savoir qui sera la plus coquette, pour constater que parfois les femmes sont des hyènes entre elles ! Qu'une soit plus belle, plus joliment apprêtée, qu'elle fasse des manières et voici que toutes les autres se jetteront sur elle ! On ne félicitera jamais assez Cristina Cordula pour l’excellente vulgarisation de la sociologie qu'elle fait.

C'est ainsi, c'est la vie. Ça ne devrait pas exister au travail, monde froid où seules les compétences sont prises en compte. Mais ce n'est pas demain la veille qu'on parviendra à faire taire les hormones.

Plaute nous enseigne que l'homme est loup pour l'homme, et moi je vous assure que pareillement, la femme est une hyène pour la femme !

Mulier, mulieris hyaena est !