29 novembre, 2009

Faire l'intéressant !

Ceci est jeton de téléphone pour ceux qui ne connaitraient pas ! D'où la formule de l'homme pressé entrant dans un rade dans tous les vieux films : "Patron, un café et un jeton de téléphone !"

Je lis peu la presse économique spécialisée, me contentant de la lecture de certains blogs fort bien faits. Parfois, je tombe sur la Tribune ou les Echos que je parcours mais cela reste rare. En revanche, j'achète dès leur parution Management et Capital que je trouve fort bien faits.

Les spécialistes me diront que ce sont deux magazines nuls et c'est peut-être le cas. Il n'empêche que j'aime bien leurs maquettes, les jolies photos qu'ils insèrent et que ces magazines permettent au pauvre type qui a quitté la vie des affaires voici tant d'années que je suis, de se tenir un minimum au courant. Pour moi, Capital et Management, c'est un peu comme lire Gala, on sait toujours qui est qui !

Et puis c'est très souvent très très drôle ! Je ne me lasse jamais de ces commentaires dithyrambiques sur tel patron ou tel consultant qui ont toujours l'art d'avoir réinventé l'eau chaude ou le fil à couper le beurre. Ces "non-innovations" sont toujours présentées avec un mélange de franglais, d'admiration non feinte et d'infini respect.

Tout à l'heure après être passé déposer mes chèques à la banque, je suis allé chez Bruno mon vendeurs de journaux qui année après année m'appelle toujours beau-gosse avec sa curieuse voix qui chuinte et j'ai fait l'acquisition de Management. Ensuite, je me suis posé à une terrasse couverte de café et j'ai commencé à parcourir mon joli magazine plein de couleurs. Et, je suis tombé sur une pépite.

J'apprends ainsi que le nouveau patron de la Fnac, Christophe Cuvillier était l'inventeur d'une pratique révolutionnaire en terme de gestion d'entreprise et que cela n'avait pas échappé à la sagacité légendaire des journalistes de Management ! Allez, ouvrons les guillemets, je cite :

""... le patron garde toujours son Iphone à portée de main. Pour mitrailler sans cesse : "une vitrine au magasin de Bruxelles, une affiche à Sâo Paulo, au Brésil, une PLV à Vélizy 2, je photographie tout." Y compris d'ailleurs chez les concurrents. On en plaisante au siège de l'entreprise, à Ivry-sur-Seine : plus une réunion sans que Cuvillier ne dégaine son smartphone pour suggérer d'adapter telle trouvaille du chef de rayon informatique de Barcelone ou d'un vendeur romain. Il appelle cela de la "cross fertilization". Après vingt ans de marketing, on ne se refait pas !"

Bon, déjà notre PDG est un super globe-trotter qui n'hésite pas à parcourir le monde et là je suis déjà esbaudi ! Mais en plus il possède un smartphone ! C'est à n'en pas douter un amateur de dernière technologie ! Je me sens déjà éperdu d'admiration pour ce patron tellement moderne ! Moi qui suis con, je n'aurais jamais pensé à me balader dans mes filiales et en plus je crois que j'aurais eu les poches pleines de jetons de téléphone (photo ci-dessus), n'ayant jamais songé à me payer un Iphone ! Et puis ce type préside une grosse boîte et on apprend qu'il regarde un peu ce qui se fait de bien un peu partout. On sent les vingt ans de marketing comme dit l'article. Putain, on voit qu'il a fait HEC !

Mais le plus beau, ça reste la "cross fertilization". En lisant cette ébouriffante nouveauté, cette invention révolutionnaire, j'ai failli défaillir parce que si j'admets qu'on puisse être plus intelligent que moi, savoir que certains sont à des années lumières au dessus de moi, me laisse hébété.

La cross fertilization ! Ouah ! Reprenant mes esprits, je me dis "mais alors quand Ahmed l'épicier envoie son neveu espionner chez Nordine son concurrent situé deux rues plus loin pour connaitre ses prix et ses références, il fait de la cross fertilization ???". Puis, plongé dans des abîmes de réflexions, je songe encore que si Roger l'agent Citroën d'Amboise zyeute un peu la vitrine de Jean-Paul l'agent Peugeot de Nazelles-Négron, situé de l'autre côté de la Loire, il fait aussi du cross-fertilizing !?! Et là, le cerveau emporté dans un quasi-délire, la vérité commence à surgir en moi. Je me dis que quand je demande à Laurence et à mon épouse de téléphoner à mes concurrents sur le quartier pour prendre rendez-vous en demandant les honoraires pratiqués, je fais moi aussi de la ... cross-fertilization.

Le monde fini et rassurant que je connaissais, plein de repères rassurants, s'ouvre sous mes pieds. Depuis des centaines d'années, tous abrutis que nous sommes, propriétaires de nos affaires, nous faisons de la cross-fertilization et nous ne le savions même pas !

Putain dire que pour passer dans Management, il suffisait de trouver un néologisme anglais un peu con et d'avoir un smartphone dans sa poche !

Parfois, je me mettrai des claques ! Passer si près du succès et de la notoriété et tout rater pour si peu, c'est vraiment rageant !

Putain,je bénis le ciel de ne pas devoir travailler dans une grande entreprise comme celle-ci avec ce genre de mec. Je crois qu'avec mon mauvais esprit, mon patron s'en serait pris plein les dents s'il était venu la bouche en cœur et sur de lui me parler de cross-fertilization. Je me serais dit "mais écoute moi ce gros branleur qui est en train de réinventer l'eau tiède et qui nous fait son intéressant". C'est marrant de complexifier le réel à outrance en faisant croire ensuite qu'on en détient les clés. Ceci dit ce n'est pas idiot comme méthode d'asservissement.

Je crois que j'aurais fini syndicaliste, salarié ultra-protégé, à ne pas en branler une en attendant que cela se passe.

28 novembre, 2009

Le pauvre con !

Scène de théâtre champêtre !

Et oui lecteur, je sais ce que tu penses ! Tandis que tu me crois plongé dans l'étude de quelques grimoire ancien ou encore accaparé par mes pensées sur le devenir de l'homme, tu apprends stupéfait que je passe mon vendredi soir à mater des petites irlandaises lever leur gambette ! Je comprends ton état de sidération et j'admets même que tu as de bonnes raisons de te dire que plus jamais tu ne viendras lire ma prose.

C'est vrai qu'en matière de distractions, je suis vraiment un pauvre con ! Des chaînes de TNT, un bon film naze et me voici heureux, il ne m'en faut pas plus. Récemment un de mes jeunes patients, major de sa promotion de Sciences-Po, m'a dit qu'il avait vu "Le démon de Hannah", une pièce de théâtre dans laquelle on assiste aux retrouvailles entre Hannah Arendt et Martin Heidegger. Bon, je ne lui ai pas dit directement que l'un et l'autre me faisaient royalement chier mais j'ai été assez mou dans ma réponse. J'ai du susurrer un "ah bon, oui ce doit être très bien".

Il faut dire que je n'ai jamais rien compris au dasein et que je n'ai jamais vraiment consacré beaucoup de temps à son étude. J'ai juste le souvenir d'un prof de philo spécialisé dans l'étude de Heidegger. C'était un mec tout sec et tout maigre, avec une incroyable tignasse brune. Grand et dégingandé, vêtu comme un étudiant germanopratin boursier des années cinquante, il arpentait la salle de cours d'un pas rapide, nous débitant un discours imbitable avec des inflexions de voix surprenantes. Pénétré de son monologue intérieur, ce mec nous livrait ses délires en les vivant.

Je me souviens que ce type était d'une tristesse presque contaminante, à croire qu'on aurait pu attraper le malheur rien qu'en le fréquentant. Eussè-je été du genre superstitieux que je me serais signé en sortant du cours pour ne pas avoir le mauvais œil. D'ailleurs ce mec plaisait beaucoup aux minettes un peu dépressives qui voyaient en lui une sorte de génie méconnu là où moi je ne voyais qu'un grand dépressif. Cette expérience traumatisante est sans doute responsable de mon aversion pour Heidegger et son dasein. On peut d'ailleurs fort bien vivre sans rien connaitre au dasein ainsi qu'en atteste El Gringo qui doit être persuadé que c'est une marque de moto japonaise.

Et puis, je n'aime pas le théâtre que je tiens essentiellement pour une goinfrerie pour croquants. Pour moi, les comédiens resteront des saltimbanques, des gens qui posent leurs roulottes sur la place du village - au hasard Foug - et une fois dressée leur estrade de bois mal équarri, vont tenter de faire rire les gens du cru avec force pitreries et bons mots, le tout arrangé en saynètes bouffonnes, afin de ramasser quelques piécettes. De plus, dans les théâtres, on est toujours mal assis, avec les genoux dans le menton. Alors aucun risque de me croiser dans un théâtre, je n'y vais jamais.

De plus, puisque j'en suis à justifier mes goûts de pauvre con, je serai tenté de dire qu'aller au théâtre à Paris est avant tout une activité de provinciaux arrivés depuis peu dans la capitale et qui se piquent de "faire comme les parisiens", un peu comme les péquenots du Nebraska qui hantent les salles de spectacle de Broadway quoi !

D'ailleurs mon cher patient, qui est pourtant quelqu'un de fort sympathique, est natif de la Sarthe ! CQFD !

Pour étayer mon raisonnement, il faudra que je demande à mes amis Toju qui vient d'Angers et GCM de Tours, s'ils vont eux aussi au théâtre ? Moi, je garde mes loisirs de pauvre con !

Des irlandais m'arnaquent !




Voici quelques mois, mon cher père qui affiche quatre-vingt ans au compteur, regarde des extraits de Riverdance sur Youtube et le voici passionné par les claquettes irlandaises. Peut-être pas au point d'en faire, mais au point de vouloir aller voir le spectacle quand il passera à Paris. J'ai à peine le temps de me renseigner sur le net, qu'il a déjà trouvé et retenu les places pour le Palais des Congrès. Me voici donc de mission pour le vendredi 27/11 !

Contre toute attente, le trajet est rapide même si je dois me tenir à la poignée au dessus de la porte et fermer les yeux quand mon père aborde le rond-point de la porte Maillot en m'expliquant que le secret, "c'est de forcer le passage, sinon tu n'avances pas". Slalomant avec son Audi entre les bagnoles et les deux-roues, comme s'il conduisait une Fiat 500, il gagne le centre du rond-point, serre à gauche avant de s'extraire prestement sur la file de droite pour rejoindre le parking. Ce sera l'occasion de l'entendre pester contre "les vieux qui ne savent pas conduire et qui ont peur" alors qu'il balance moult appels de phares et coups de klaxons à une Citroën C5 dont le conducteur doit effectivement bien avoir ... cinquante-cinq ans.

Le reste n'ayant aucune importance, nous voici enfin assis dans le Palais des Congrès et je me dis que les pauvres qui occupent les places éloignées de la scène auraient tout intérêt à acheter un DVD, parce que cela leur couterait moins cher et qu'ils verraient mieux le spectacle. Je suis juste agacé par un couple très laid dont les faciès veules et l'inélégance totale témoignent suffisamment de leur sympathie pour la gauche militante, répondre à la pauvre ouvreuse qui leur explique qu'elle n'est payée qu'au pourboire, qu'ils n'ont pas de monnaie. Bande de sales rats me dis-je tout en plaignant la pauvre petite Ondine, car c'est ainsi que se prénomme la mignonne qui a eu l'honneur de nous placer.

Le spectacle commence et là je suis sidéré. Mon ami Toju a coutume de m'appeler le Toutologue, car j'ai coutume de tout connaître. Et il serait fier de voir que ce soir non plus, je ne déroge pas à ma réputation. C'est un vrai maître de ballet qui regarde d'un œil professionnel les demoiselles s'agiter sur scène. Et tandis que les gamines qui se trémoussaient sur Youtube étaient plutôt jolies, dans le genre svelte autant que celte, avec leur taille fine et leurs jolies gambettes, celles que je vois sont affligeantes.

Tout d'abord deux petites rondelettes se trémoussent face à moi ! Deux brunettes, deux petites jambonettes lèvent la jambe en rythme faisant se trémousser leurs bourrelets ! Entendons nous bien, je n'ai rien contre les rondes mais raison sachons garder et admettons que si les rondes peuvent receler une vraie sensualité, elles n'ont pas forcément leur place dans un spectacle de danse celte ! Et ce d'autant plus que le justaucorps a tendance à les boudiner tandis que la jupette à tendance à couper atrocement leur courte silhouette, les tassant encore plus !

Quant aux autres, aucune pour relever les autres ! A part une ou deux acceptables, ce sont des haridelles osseuses qui dansent en rythme. Et le pire c'est qu'elles tirent toutes la gueule ! Certes, elles sont professionnelles. Je compte la mesure et ne détecte aucun pain rythmique même si je constate que la grâce s'en est allée. Aucune générosité pour le public, rien du tout, on a l'impression qu'elles sont venues faire leur boulot et point barre ! On croirait la revue des danseuses de l'URSSAF !

Mais quand la danseuse étoile arrive, je suis prêt à hurler au scandale et à exiger le remboursement du prix des places. En lieu et place d'une rouquine à la peau de lait et aux grands yeux verts, qu'on serait tenté d'appeler Maureen et qu'on est en droit d'exiger. Là, c'est Miss Westphalie qu'on nous propose. Blonde à outrance, l'œil bleu et solidement charpentée, la danseuse pourtant assez jolie n'a vraiment pas sa place dans ce spectacle. Moi qui l'observe, je me dis qu'elle serait bien à l'Oktoberfest, trois chopes dans chaque main en train de se balader entre des tables remplies de bavarois ivres morts. Elle danse bien, on sent sa formation classique mais bon, rien de fabuleux non plus. D'ailleurs elle me rappelle un peu quelqu'un !

Un groupe de danseuses irlandaises !

Je comprends alors qu'on nous a refilé la troupe B. Parce que ces spectacles tournent toute l'année sur tous les continents. Et comme aucun des danseurs n'a le don d'ubiquité, les producteurs malins, créent une troupe B avec des "moins-bons", des sortes de doublures, qu'on refile un peu partout. Et voici que moi, un homme dont le blog fait près de cent-cinquante mille visiteurs par an, on a osé me refiler un ersatz. Je paie pour de la C bien pure et comme au dernier des caves, on me refile du sucre glace ! Au lieu de Maureen et ses gracieuses compagnes, on m'a refilé Greta et ses copines de la sécu ! Même mon père qui n'a pas l'œil dans sa poche, remarque aussi le truc ! On l'a arnaqué sur sa petite rouquine !

On sortira donc de l'endroit modérément satisfaits avant d'échouer Chez Clément, sans doute le restaurant le plus naze du monde mais situé stratégiquement très près de la sortie , vu que nous n'avons pas envie de courir au Congrès où la foule doit déjà faire la queue ! Assis près d'un couple de gays, nous nous rassasions de la célèbre "rôtisserie" composé d'un bout de bœuf plein de nerf, de deux morceaux de magret, d'un morceau de travers de porc pas terrible, et surtout d'une énorme cuisse de poulet géant, le tout étant vendu à prix d'or. Je me dis l'espace d'un instant que j'aurais mieux fait d'ouvrir une cantine comme cela pour me faire de la thune.

Derrière nous, des jeunes arrivent en parlant très fort. Agacé mon père leur demande très gentiment de parler un peu moins fort et ils obtempèrent courtoisement. C'est à ce moment que le gay assis à coté de lui décide de dire à son copain qu'il ne supporte pas "ces gens prout-prout qui ne tolèrent rien des autres". Et l'imbécile poursuit en disant que c'est pour cela qu'il adore aller à Londres parce que là-bas au moins on peut s'amuser. Mon père qui n'est pas le genre à se laisser faire se tourne vers lui et lui demande si c'est de lui qu'il parle. L'autre l'admet et mon père lui rétorque qu'il faut vraiment être un vrai crétin pour vouloir venir s'amuser dans un mouroir comme Chez Clément et que s'il a confondu cette gargote pour gens du troisième âge avec un pub ou un endroit branché c'est qu'il a un sérieux problème. L'autre répond alors que quand il paye, il estime avoir le droit de faire ce qu'il veut. Ce à quoi mon père lui rétorque qu'en ce cas, il n'a aucune éducation et devrait rester chez lui. Je sens l'autre très énervé parce que mon père est du genre très pète-sec comme on dit, pas le genre affable comme moi.

Le nouvel ami gay de mon père, dit alors à son copain qu'il en marre de "ces bourgeois coincés" et que "viens on se casse". Il prend alors sa veste et s'en va payer. Moi, je suis plutôt content parce que mon cher père n'ayant pas sa langue dans la poche, je me suis vu obligé de me battre. Et que cela m'aurait un peu fait chier quand même. Parce que se faire rouler par des irlandais escrocs, bouffer de la merde chez Clément pour finir en garde à vue, on a vu mieux comme soirée.

Enfin, on se casse et je me dis qu'au final j'ai passé un bon moment. J'ai bien rigolé et comme je suis d'un naturel positif, je me dis que ça aurait pu être pire.

En revanche, après cette monumentale escroquerie irlandaise, je revisite un peu mon point de vue sur "la main" de Thierry Henry. J'en suis venu à croire qu'il ne l'avait pas fait exprès le pauvre !

Eh oui, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas ! Et puis je suis content de m'être fait traiter de bourgeois prout-prout" et de "bourgeois coincé" parce qu'à la dernière minute, je me suis aperçu que la chemise bleue toute propre que je portais avait une tâche sur le devant que je tentais de dissimuler tant bien que mal sous ma veste !

Comme quoi, même sale comme un cochon, il y a une sorte de grâce naturelle et d'élégance évidente qui se dégagent de ma personne. Finalement ce rustre gay n'avait peut-être aucune éducation mais je lui reconnais néanmoins une certaine sagacité pour distinguer un homme du monde derrière n'importe quelle déguisement.

Conseils juridiques de mon épouse avocate avant publication :
L'auteur de cet article tient à rappeler qu'il s'agit d'un texte satyrique visant à caricaturer des faits. Bien entendu l'auteur affirme être un écocitoyen solidaire au dessus de tout soupçon et adorer les irlandais, les danseurs irlandais, la production de Riverdance, la Palais des Congrès et les gentils salariés qui y travaillent, les gays en général et les gays désagréables tatoués et portant boucle d'oreille en diamant, les gens qui font du bruit dans les restaurants, la magnifique rôtisserie de Chez Clément (hmm ce petit bout de boeuf !) de même que les établissements Chez Clément, les véhicules de marque Audi, le rond-point de la Porte Maillot et de manière générale à peu près tout, sans oublier la N118 et ceux qui ont la charge de l'entretenir, etc. ! L'auteur rappelle qu'aucun animal n'a été maltraité au cours de cette soirée !

25 novembre, 2009

Romano Cucarescu !



C'est assez rigolo. Levé tôt afin de me rendre à mon cabinet, j'ai un peu de temps devant moi. Je lis les dernières productions de H16 qui dans un de ses billets fait référence à Romano Cucarescu. C'est une parodie de sculpteur et peintre contemporain, interprété par Didier Bourdon, qui se dit animateur d'espace, modeleur de vide et destructureur d'intemporalité et nous enseigne qu'il faut apprendre à ne pas peindre en peignant et à faire faire de la couleur sans la couleur. Le plus amusant est que j'avais abordé hier ce sketch avec l'un de mes patients diplômé de l'École du Louvre qui s'étonnait que tant de gens incultes vueillent révolutionner l'art auquel généralement ils ne connaissaient rien.

Combien en ai-je de ces Romano Cucarescu en herbe, prêts à tout pour que leur art soit reconnu à sa juste valeur, ou avérés pour les plus chanceux, ceux qui ont mis leur patte sur les subventions et vivent de l'exploitation de la crédulité.

Ils sont certes rares mais O combien éprouvants. Rien de pire que ces faiseurs qui enchainent face à moi les poncifs sur l'art dans un discours logghorréique sans queue ni tête, mêlant hâtivement des concepts approximatifs de sociologie et de psychologie, les mâtinant de pseudo-références philosophiques glanées ça et là, guettant votre réaction du coin de l'œil pour déterminer si vous êtes un fin connaisseur ou quelque cuistre immonde ne goutant pas ce que notre époque propose de plus fin ! Petits commissaires politiques en herbe, ils parlent et déparlent attendant souvent que je me pâme pu que je rebondisse sur leur discours afin que tous les deux nous nous envolions vers les cimes d'un discours abstrait et dénué de tout sens.

Face à eux, je garde toujours le contrôle, ne laissant échapper aucun commentaire, en recentrant sur des données psychopathologiques, je préfère passer pour un scientiste que de leur laisser entrevoir ce que je pense de leur "art". Et j'attends que cela se passe, me demandant sans cesse, si je vais pouvoir les aider ou si j'ai face à moi des gens tellement éloignés du réel, tellement enfoncés dans l'aliénation culturelle et coupés du monde, que je ne pourrais jamais les aider à sortir de ce mauvais trip.

On connait bien les effets des stupéfiants tels que la coke, l'héro, etc., mais on sous-estime grandement ceux de la bouillie pseudo-intellectuelle ingérée trop rapidement par des cerveaux immatures.

Ce qui m'amènera un jour à vous faire un bel article sur les triangles de Sigault, une fort jolie modélisation qui permet d'interpréter le monde de manière très claire.

23 novembre, 2009

Tiens c'est marrant ça !


Je rentre tard comme tous les soirs, après la conscience du devoir accompli ! Ô combien de vies sauvées, de destins redressés, de sourires retrouvés, grâce à mon humble travail réalisé dans le silence de mon petit cabinet !

Une fois chez moi, je dine frugalement avec pour seule compagne ma télévision. Je zappe frugalement entre retransmissions, émissions écocitoyennes, téléfilms navrants et documentaires pathétiques. Finalement, après avoir essayé une émission sur la vaccination contre le virus de la Grippe A, je tombe sur la fin d'un documentaire annonçant "Ils vivent du sexe" sur une quelconque chaine de la TNT.

Moi qui n'y connais rien, je regarde un sympathique monsieur, chauve, barbu et pratiquant le culturisme qui me fait penser furieusement à un ami, nous expliquant qu'il vit des films X qu'il tourne. Il est bien sympathique et nous montre sa jolie villa du Mexique. Tout cela est décidément passionnant. Je m'apprête à changer de chaine lorsque ce monsieur montre à la caméra les victoires qu'il a acquises au cours de sa carrière.

Oui, j'ai bien lu ! Sur ces récompenses figure la mention "meilleur acteur transsexuel". Je n'en reviens pas ! Ce type à l'allure de brute épaisse était une femme ? Dieu que la médecine peut parfois être efficace ! On nous montre les photos avant et après, et effectivement on sent qu'il reste un tout petit "quelque chose" de son passé féminin en lui.

Puis, les documentaires étant là pour documenter, j'apprends que le monsieur en question a gardé son vagin mais qu'il se considère comme un homme. C'est tout de même rigolo de penser que ce mec bâti comme une armoire à glace possède un sexe féminin. J'apprends enfin qu'il était lesbienne quand il était une femme et que c'est donc pour cela que maintenant qu'il est homme, il a une femme. Moi je me dis que s'il a changé de sexe pour être un homme, il n'était finalement pas très lesbienne dans sa tête, quel que fut son corps biologique. Ainsi, moi qui suis un homme qui aime les femmes, je ne me sens pas vraiment lesbienne.

Puisque le documentaire nous présente sa femme, une créature étrange tatouée de la tête aux pieds qui s'avoue être bissexuelle. Pour elle c'est plus compliqué et plus facile à la fois. Elle devrait aimer les hommes et les femmes or elle vit avec quelqu'un qui se dit homme et qui est plutôt viril. Mais bon, de fait elle vit avec les deux puisque son mari a un sexe féminin. En bref tout ceci est un peu compliqué.

Alors certes, si j'étais un abruti rassis, je viendrais hurler au scandale mais je ne le ferai pas. Sans doute parce que ce curieux personnage illustre parfaitement les vilains tours que la nature peut jouer aux gens. Car dans son cas, je ne pense pas que son "évolution" soit due à une quelconque raison psychologique. Bon, bien sûr en France où tout s'explique simplement, on vous dirait que s'il est comme cela c'est sans doute parce que sa maman était battue par papa et qu'inconsciemment il a voulu devenir fort comme papa. A mon sens, c'est un peu plus compliqué que cela. Après tout, c'est leur vie et ils semblent heureux alors tout ceci ne nous regarde pas.

Au début je me suis demandé pourquoi il avait gardé son sexe féminin. Y-a-t-il une raison psychologique à devenir ainsi une sorte d'hermaphrodite de foire ? Il ne l'a pas expliqué, mais je crois que si la vaginoplastie marche à peu près correctement, l'opération inverse n'est pas encore très au point. Pour ceux que le sujet passionne, l'article de Wikipédia, bien qu'un peu militant, est fort bien fait.

Et puis ce documentaire apprend aussi qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Ce n'est pas parce que l'on est chauve, barbu et qu'on fait de la musculation qu'on est forcément un homme comme tous les autres. Le fait de posséder deux Harley-Davidson n'y change absolument rien !

Enfin j'ai particulièrement aimé lorsque l'animateur a demandé au réalisateur comment il avait connu ce Buck Angel. Sans beaucoup s'étendre sur le sujet, le réalisateur est devenu moins prolixe en expliquant qu'il avait lu un "papier" sur lui dans un "magazine". C'est sûr que ceux qui ont des films pornos de Buck Angel ne le crient pas forcément sur les toits ! Enfin les passionnés pourront les trouver ici.

Bref, voici une tranche de vie ! Vous qui vous demandiez comme le docteur Schweitzer pouvait occuper ses soirées après avoir sauvé des vies, vous le savez maintenant !

20 novembre, 2009

La dissonance cognitive au foutchebolle !



Je concluais l'article précédent par :

"En bref, soyons sur que plus les croyances d'un individu lui ont coûté, plus le réel qui viendrait les bouleverser le fera souffrir créant chez lui une tension et sera finalement évacué au profit d'une rationalisation."

Conclusion magistrale s'il en est, qui ne réclame aucun développement ultime tellement mon raisonnement fut clair ! Toutefois, il me restait à appliquer cette théorie de la dissonance cognitive au foutchebolle. Car vous tous qui aimez le foot, vous demandez aujourd'hui ce qui a pu pousser des gens honnêtes au delà du raisonnable, comme messieurs Henry, Domenech, Sarkozy et les commentateurs sportifs à afficher une telle malhonnêteté intellectuelle ! Et bien c'est justement la présence de cette dissonance cognitive !

Imaginez les pressions qui pèsent sur ces pauvres gens ! D'un côté, il y a le poids moral de la faute qui entraine la honte ! Thierry Henry a triché, il a joué avec la main et ce n'est pas un simple réflexe, tout le monde l'a vu. De l'autre côté, il y a la pression terrible qui pèse sur eux : les fans, l'argent, les investissements énormes, la satisfaction du public à une époque où tout n'est pas rose, la honte terrible de ne pas être qualifié face à une "petite" équipe, passer pour des minables, des poissards, etc.

Imaginez cette tension terrible dans leur cerveau ! Que faire, de quel côté pencher ? Ceux qui ont des traits sociopathiques n'hésiteraient pas et iraient directement du côté de la tricherie, c'est le plus rémunérateur à court terme ; à eux les primes, le gros argent. Mais pour l'individu normal, c'est l'honnêteté qui doit primer ! Mais comment être honnête quand vous savez que votre droiture risque de tant vous coûter ! Mettez vous à la place de ce pauvre Thierry Henry !

S'il avoue sa faute à l'arbitre, c'est son équipe qui est sanctionnée et avec elle tout le pays. Parce qu'il aura été honnête, il risque de passer au mieux pour le "con idéaliste", celui qui a gâché la fête alors qu'il suffisait "de fermer sa gueule", au pire pour un "pauvre type" que l'on n'aurait jamais du nommer capitaine, un mauvais joueur qui finit très mal sa carrière, un milliardaire rassis incapable de taper dans un ballon et de marquer un but !

Il partira par la petite porte, en ayant certes gardé son honneur, en pouvant regarder ses enfants dans les yeux pour leur expliquer qu'il a préféré l'honnêteté à la honte. Mais tout le monde n'est pas De Gaulle ou Chuchill ! L'orgueil qui mène à la vérité a un coût que peuvent seuls surmonter ceux qui ont un égo formidable ! Thierry Henry n'est pas un personnage historique, ce n'est qu'un footballeur, une simple star pour idiots crédules mais certainement pas un géant.

De l'autre côté Thierry Henry se tait et il a des raisons de le faire. Pensez donc, une coupe du monde sans la France ? C'est inimaginable pour des millions de bœufs qui n'ont pour tout horizon vital que cette manifestation sportive. Déjà que le pain manque pour certains, si on leur enlève en plus leurs jeux, où va-t-on ? Face à la vacuité du politique et du religieux, le footeux professionnel est le nouveau prêtre que l'on célèbre et la coupe du monde la seule communion qui reste ! Alors certes, il ya certes énorme pression sociale. Et puis, il y a l'argent, l'envie d'être le seul joueur français à avoir joué quatre coupes du monde ! En bref, de petites satisfactions médiocres : argent et gloriole.

Etre "l'homme qui a dit non" ou bien devenir un petit collaborateur grassement rémunéré du "système foot", voilà en définitive l'alternative. Et comme les héros sont plus rares que les lâches ordinaires, le pauvre Thierry penche vers la médiocrité ordinaire. Ecrasé par la pression sociale et l'appât du gain peut-être, il ne dit rien, fait comme si rien n'était arrivé. Il a triché mais ne le reconnait pas, profitant d'une terrible erreur d'arbitrage.

Comment survivre en descendant de son piédestal pour devenir un mec normal, un salaud ordinaire ? Pour cela il faut réduire la dissonance cognitive et faire taire la seconde option : la voie de l'honneur et de l'honnêteté. Dans ce cas, on va rationaliser de manière à faire taire toute émotion pour tenter d'apaiser son angoisse. Il s'agit de transformer la voie de l'honneur en autre chose.

C'est ainsi que l'on va inventer une autre morale. Tricher ne s'appelle plus tricher mais profiter des erreurs d'arbitrage ! Pour cela, on convoque d'autres exemples afin de ne plus se sentir seul ! Ce sera ainsi Maradona et sa "main de Dieu" (sic). On banalise la tricherie, on la diminue, on n'en fait plus une faute morale mais un simple aléa qui profite parfois aux uns, parfois aux autres. Et puis on convoque aussi le droit, celui de la FIFA qui préfère donner raison aux arbitres nécessairement limités par leur humanité (mauvaise vue, corruption, etc.) plutôt qu'aux caméras toujours fiables. On déshumanise l'adversaire en se répétant et répétant à qui veut l'entendre que les irlandais auraient fait la même chose. On rationalise tant et tant qu'on finit par croire que l'on a fait le bon choix, que c'était le seul choix possible. La dissonance se dissout, la tension s'apaise. On ira en Afrique du sud et puis voilà, le match est fini, vae victis.

Epilogue : hélas, il semblerait que les français n'aient pas voulu de cette victoire volée et sans honneur. Les fans ont quitté le stade de France l'oreille basse et les drapeaux en berne. Nulle fête dans les cafés, nul rassemblement sur les Champs-Elysées n'est venu fêter cette triste victoire.

Option 1 :

Alors peut-être que Thierry Henry, à qui la foule ne donne pas raison, se sentant soutenu par les seuls crétins persuadés que la coupe du monde vaut tous les reniements, se sent seul. La dissonance revient. Et si j'avais eu tort, se dit-il peut être ? Timidement, il reconnait cette main qu'il qualifie "d'involontaire". Puis, s'enhardissant pour ne passer pour un salaud intégral, un sociopathe pour qui la fin justifiera toujours les moyens, il propose de rejouer le match si la fameuse FIFA est d'accord.

Le salaud s'humanise, il est juste humain comme 99% des être humains sur cette terre. Mais les circonstances le forcent à devenir le héros qu'il n'aurait jamais pensé être.

Option 2 :

Bon si j'étais mauvaise langue, je pourrais dire qu'un conseiller en communication de crise est passé par là en lui disant "Thierry, ton problème c'est la dissonance cognitive, je comprends. Alors là tu vois tu passes pour un salaud. Ce que je te propose, c'est de passer pour un mec droit sans pour autant renoncer à la coupe du monde. Tu n'as qu'à dire que tu es prêt à rejouer le match si la FIFA est d'accord. Comme tu sais que le règlement de la FIFA prévoit que les décisions d'un arbitre sont sans appel, tu ne risques rien, le match ne sera jamais rejoué. Comme ça tu joues le chevalier blanc sans prendre un seul risque. Et plutôt que toi, on dira que ce sont les mecs de la FIFA qui sont les salauds."

Parfois, les salauds restent des salauds dotés de conseillers en communication de crise ! L'héroïsme on s'en fout, on préfère le fric mais bon on veut aussi un peu la gloire.

Dissonance cognitive !

Poumon d'acier !

Je me souviens d'avoir déjà parlé de la dissonance cognitive, un concept développé en 1957 par Léon Festinger. Selon cette théorie, l'individu en présence de cognitions (« connaissances, opinions, ou croyances sur l'environnement, sur soi ou son propre comportement) incompatibles entre elles, éprouve un état de tension désagréable : c'est l'état de « dissonance cognitive ».

Dès lors, cet individu mettra en œuvre des stratégies inconscientes visant à restaurer un équilibre cognitif. Ces stratégies sont appelées « modes de réduction de la dissonance cognitive ». Une de ces stratégies pour réduire la dissonance cognitive consiste à oublier ce qui ne cadre pas avec ses références antérieures, il est appelé « processus de rationalisation ».

La rectification d'idées acquises est plus pénible pour un individu, et ce d'autant plus qu'elle s'est investie et engagée, que l'apprentissage d'idées nouvelles. Les exemples abondent dans l'histoire : héliocentrisme vs. géocentrisme, Darwinisme vs. créationnisme, etc.

On peut même légitimement penser si cette dissonance ne serait pas à la source des piètres résultats de la recherche sur le cancer. Quand on se tape médecine, des études longues et difficiles, qu'on réussit l'internat et qu'on devient oncologue, on n'est pas forcément prêt à se dire que depuis cinquante ans, on fait fausse route. Alors, on continue à brûler et à empoisonner les patients en se disant qu'un jour, on finira par mieux brûler et empoisonner le patient, parce qu'une remise en cause serait un coût démesuré par rapport au coût élevé d'acquisition des connaissances (fussent-elles fausses).

En bref, on pourrait imaginer que si vous demandez à un oncologue s'il est vraiment persuadé que le cancer du poumon se traitera un jour avec les chimios et les rayons pourris employés aujourd'hui, il y a de grandes chances qu'il vous réponde que oui.

Et si une dissonance intervient dans son esprit, une tension entre ses croyances et la réalité qui fait que l'on crève tout de même en ayant simplement grappillé quelques mois de survie misérable, il sera tenté de rationaliser en vous disant qu'ils vont mieux cibler les rayons et développer de nouvelles chimios plus ciblées.

En gros cet exercice cognitif lui aura permis de concilier ses croyances acquises au prix de longues études avec la réalité qui dit tout de même qu'au bout de tant d'années de recherches, le meilleur pronostic en cas de cancer du poumon n'est que de vingt pour cent de survie à cinq ans, ce qui n'est pas bézef tout de même ! Heureusement qu'on a eu des mecs plus doués pour la rage, la tuberculose, poliomyélite et autres fléaux ! Disons que dans l'esprit des gens l'oncologue d'aujourd'hui est en gros au cancer ce que l'inventeur du poumon d'acier à la poliomyélite : c'est un "petit plus" mais on est en droit d'espérer mieux !

En bref, soyons sûr que plus les croyances d'un individu lui ont coûté, plus le réel qui viendrait les bouleverser le fera souffrir, créant chez lui une tension et sera finalement évacué au profit d'une rationalisation.

"J'ai eu tort" est une phrase qui n'y parait pas mais qui coûte beaucoup d'un point de vue psychologique. Je vous livre la suite de l'article dans un prochain numéro parce que sinon je me dis que cela ferait beaucoup. C'est vrai qu'en me lisant, vous n'êtes plus habitués à réfléchir.

Je précise aussi que je ne connais pas la dissonance cognitive parce que je fais partie des précurseurs, des types géniaux qui ont de bonnes idées que le réel finit toujours par valider. Je ne m'en enorgueillis pas, je suis comme ça c'est tout, je n'en tire pas de gloire ni de fierté. Parce qu'en plus de ne pas connaitre la dissonance cognitive, je ne connais pas l'orgueil non plus.

19 novembre, 2009

Je n'aime pas le foot !


Commentaires honnêtes !

Je n'aime pas le foot mais difficile d'y échapper. Je vaquais à mes occupations sans regarder le match. J'attendais juste que la série New-York section criminelle démarre, parce que j'aime bien Vincent D'Onofrio, sa manière psy d'interroger les suspects, son regard un peu étrange et sa dégaine parfois inquiétante.

Alors, quand j'ai cru que l'heure était enfin venue et que le matche de ce sport bête était terminé, je suis venu zapper sur TF1. Et là, j'ai assisté effaré à la fin du match France-Irlande. de qualification pour le coupe du monde de football. Même moi qui n'y connais rien ou pas grand chose, du moins juste ce que m'a enseigné GCM en matière de règles, j'ai vu le hors-jeu du joueur qui faisait la passe puis la main de Thierry Henri. J'ai aussi vu tous les irlandais protester comme un seul homme. J'ai constaté moi aussi sur les vidéos les fautes avérées de notre équipe.

Comme je suis très très vilain, je me suis d'abord réjoui en me disant : "super, le but ne sera pas retenu et la France dégage, on nous ne fera pas chier avec la coupe du monde de football et surtout, la propagandastaffel n'aura pas l'occasion de nous les briser avec les valeurs d'intégration du sport, la France black-blanc-beur qui avance et je ne sais quoi d'autre encore". J'étais donc tout frétillant dans mon fauteuil, le sourire aux lèvres tandis que d'autres risquaient de chouiner et de verser des larmes.

Mais, comme le football est décidément un sport qui retarde et qui, contrairement au tiercé, préfère se fier à l'œil de l'arbitre plutôt qu'aux caméras installées sur le stade, j'ai constaté que le but était accepté. Parce qu'il parait que l'arbitrage seul compte tandis que la vidéo ne vaudrait rien et qu'en cas d'erreur de l'arbitre même manifeste, mais crevant les yeux comme ce soir, c'est peau de zob !

L'espace d'un moment, je me suis pourtant souvenu de l'affaire Zidane vs Materazzi, pour laquelle on avait tout de même accordé du crédit aux caméras. Alors, je me suis demandé pourquoi la vidéo était valable dans un cas et pas dans l'autre. C'est sans doute parce que marquer un but à la main comme au hand est moins grave que de risquer de proférer une insulte peut-être même raciste (oh la la !!!!!) à notre Zizou national. Dans le monde qui est le nôtre, les joueurs peuvent jouer chargés comme les pires toxicos, enfreindre les règles élémentaires mais surtout pas balancer des vannes pour déconcentrer l'adversaire ! Donc voilà, c'est passé comme une lettre à la Poste, le but a été validé. Et après, le ciel m'est tombé sur la tête.

J'ai vu le capitaine de notre équipe de France pris la main dans le sac faire comme si de rien n'était, comme une petite frappe minable qui s'en irait discrètement après avoir commis son forfait. Vous savez ceux-là même que les flics ont envie de frapper quand ils leur déclarent "mais j'ai rien fait m'sieur" alors qu'on a les preuves de leur culpabilité !".

Puis ensuite, j'ai que l'entraineur n'abordait pas l'affaire, ne parlait pas de cela et se félicitait simplement de cette piteuse victoire. Puis, des journalistes sportifs, desquels on pourrait attendre un tout petit peu d'objectivité, n'abordèrent pas non plus une seule fois la réalité de cette pitoyable victoire. Nous sommes arrivés à un point tel de manipulation et de virtualité que l'on a fait comme si !

Et cerise sur le gâteau, j'ai enfin assisté au médiocre discours improvisé du Chef de l'État se félicitant que la France soit qualifiée pour disputer la coupe du Monde en Afrique du Sud. Rien ne filtre, il ne parle pas de ce scandale, l'ignore superbement. A l'heure où l'on parle de l'identité nationale, il eut été bon de se souvenir que la France a pu se signaler dans son histoire par un sens de l'honneur parce que les chansons de geste et la chevalerie, c'est quand même bien de chez nous !

Si j'étais une langue de vipère, je pourrais dire que si son prédécesseur était sans doute un voyou, au moins avait-il la classe des affranchis, des bandits du milieu de la grande époque, tandis que l'actuel n'est décidément qu'une petite frappe minable sans aucune envergure donnant vraiment une image atroce de la France.

Puis, viendront par la suite des commentaires spéciaux expliquant que ce n'est pas la première fois qu'une "main" sera décisive dans ce sport, avec moult exemples. L'expression "main de Dieu" va même fleurir. En gros, ça dérive dans le n'importe quoi en voulant nous faire comprendre que l'Irlande, charmant pays connu pour son whiskey, ses landes et ses écrivains, n'est pas la première nation à se faire niquer bien profond et que c'est comme cela, que le foot c'est aussi cela : des règles mais aussi une bonne dose d'enculeries à base de dopage, de tacles méchants et d'erreurs d'arbitrage flagrantes !

Enfin bon, comme disais Rama Yade, la secrétaire d'état au sport lors d'un débat sur ce sujet repris par Libération :

D’entrée de jeu, la Secrétaire d’Etat annonce la couleur : « Le sport peut-il former des citoyens ? Je crois que nous pouvons répondre : oui, définitivement ». Voilà qui coupe court à toute contradiction. Personne, parmi les intervenants ou le public, ne reviendra sur ce credo : le sport peut former des citoyens, diffuser des valeurs sportives, en particulier dans les banlieues.

Ben non, on l'a vu ce soir, personne ne peut revenir sur ce credo ! Le sport est vraiment l'école de la vie ! De toute manière, amusez-vous à taper "valeurs du sport banlieue" dans Google et vous aurez accès à des centaines d'informations vantant les valeurs de respect, citoyenneté, tolérance, échange et solidarité et autres conneries habituelles.

Enfin pour ce que j'en ai à foutre moi hein ? En revanche, dans le cadre de ce blog dans lequel on apprend en s'amusant, j'aurai l'occasion d'examiner ce qui a pu se passer dans la tête de tous ces messieurs ce soir là. Parce que pour se féliciter d'une victoire en sachant qu'on a triché, il faut que dans le cerveau s'opère un petit truc bien particulier. Petit truc que les psychologues parfois sagaces et malins connaissent parfaitement bien !

Ah, j'allais oublier ! Si vous aviez projeté des vacances en Irlande, annulez et reportez à une trentaine d'années le temps que l'affaire se calme un peu ... Je ne suis pas sur que si vous commandez une pinte dans un pub avec votre bel accent français, les irlandais se montrent respectueux des valeurs d'échange, de respect, de tolérance et de solidarité que l'on vante tant chez nous !

17 novembre, 2009

Tais toi sinon tu vas avoir la fessée !

Coupable d'avoir donné une fessée, un père suit un stage de parentalité !

C'est tout nouveau, Edwige Antier, pédiatre de son état, et député UMP par hasard, propose une énième loi à la con. Il s'agirait d'interdire les châtiments corporels pour les enfants. Saluons d'ores et déjà l'intervention de Xavier Bertrand regrettant d'une part une nouvelle loi qui ne peut qu'alourdir le dispositif législatif français et d'autre part l'intervention de l'état dans la relation entre les parents et leurs enfants. C'est vrai qu'entre le mangibougisme et l'interdiction de la clope dans les "lieux de convivialité" (sic), Xavier Bertrand s'est toujours fait le chantre de la liberté et du non interventionnisme. Mais bon, peut être que sur ce coup là, il souhaite pouvoir continuer à donner des coups de martinets à sa progéniture sans qu'on l'emmerde !

Notons que depuis quelques temps, le mangibougisme a dépassé nos espérances puisqu'un spot publicitaire financé par nos deniers nous apprend que le ketchup, dont le goût est sucré, est rempli de sucre. Si l'état n'était pas là, secondé aujourd'hui par M.A.D.A.M. (machine à décoder les aliments), on se demande ce que nous ferions tout seuls ! Ainsi Laurence, qui observant scrupuleusement la tradition faouine consistant à prendre un roboratif petit déjeuner composé de tartines de pâté trempées dans un bol de bière chaude et sucrée, est-elle sur le point d'abandonner cette pratique grâce à M.A.D.A.M, ayant enfin réalisé que la charcuterie c'est gras et que la bière c'est alcoolisé.

Mais revenons à nos moutons. Ayant entendu madame Antier parler, je n'ai pas plus été étonné que cela, ayant l'habitude que cette pédiatre se prenne pour une pédopsychiatre afin de prodiguer moult conseils destinés à mieux éduquer les petits enfants. N'ayant pas de qualification particulière pour traiter de ce sujet, ni même grand intérêt pour celui-ci, cette dame peut bien faire ce qu'elle désire. Elle et moi naviguons de toute manière dans des sphères différentes, elle avec les enfants, moi avec les adultes, elle tout en haut et moi tout en bas comme un vermisseau.

Le plus atroce fut lorsqu'elle déclara qu'il ne s'agissait pas de poursuivre pénalement les parents ayant fessé leurs enfants mais plutôt de leur offrir un stage de parentalité. Là, c'est vraiment le mot qui me fait bondir, me laissant hagard et atterré.

Le stage de parentalité fait surgir en moi l'image d'une société bureaucratique et administrative, une sorte d'Éden socialiste inventé par un énarque fou, une dictature soft dans laquelle une énorme maman aussi douce que stricte nous suivrait à chaque pas, n'hésitant pas à nous taper doucement sur les doigts dès que l'on fait un pas de travers, nous envoyant ensuite dans un stage de citoyenneté au cours duquel un fonctionnaire affable, précis et technique nous expliquerait d'une voix douce et monocorde en quoi nous sommes déviants et comment ne plus le devenir en suivant des conseils avisés.

Dans cette société, on ne recruterait une femme destinée à changer des couches, donner des biberons et amuser les gosses, que si elle est dument bardée d'un diplôme dénommé CAP Petite enfance destiné à lui assurer une compétence adaptée à la prise en charge de jeunes enfants reçus dans des structures d'accueil publiques ou privées.

M'étant documenté sur un site de psys, je constate que depuis 2002, les stages parentaux existent. un texte stipule que : le présent protocole a pour objectif la mise en place d’un stage parental afin de lutter contre la délinquance des mineurs, dès lors qu’elle apparaît comme une conséquence des carences familiales graves ; d’agir sur les parents pour les inciter à réfléchir sur leur fonction éducative et à adopter une attitude positive responsable, leur apporter un soutien éducatif sur un temps limité et dans un cadre légal bien défini.

Le dispositif préconisé prévoit que le stage comprenne :

- une étape d’information collective sur les droits et devoirs des parents qui fasse intervenir des représentants du ministère public, de l’éducation nationale, de la police ou la gendarmerie et de la P.J.J..

- une étape de suivi individualisé qui n’excède pas trois mois et qui vise à contrôler et vérifier si les parents entreprennent des démarches pour l’éducation de leurs enfants, respectent les obligations qui leur ont été formulées, répondent aux convocations, participent aux réunions d’information. Cette étape est conclue par la rédaction d’un rapport qui permet au Parquet de décider soit de poursuivre et sanctionner les parents en cas « d’échec », soit de classer sans suite la procédure, soit de saisir le juge des enfants par requête d’assistance éducative.

Par ailleurs, cette circulaire définit une liste indicative et non restrictive des situations auxquelles le stage parental peut être réservé :

- parents de mineurs primo-délinquants de très jeune âge.

- cas lourds d’absentéisme scolaire

- parents réticents à toutes mesures éducatives

- parents refusant de venir chercher leurs enfants impliqués dans une procédure, après de multiples faits

- parents qui tirent profit de l’activité délinquantielle de leurs enfants.

Situations auxquelles on pourra bientôt rattacher les parents qui ont osé donner une petite tape sur les fesses de leurs gamins. Car n'oublions pas qu'on parle de fessée et non de mauvais traitements, lesquels sont déjà (et heureusement) réprimés par la loi. Notons le terme "délinquantielle" tout à fait en phase avec une société devenue folle qui ne trouve même plus dans le dictionnaire, de quoi illustrer la mesure de ses délires. Rappelons que l'utilisation abusive de néologismes s'observe aussi dans le cadre de certaines schizophrénies.

Nos amis énarques, désireux de construire un monde modélisé, parce que sans doute inadaptés à notre monde bien réel, estiment donc que les parents seraient négligents par "manque d’information", "d’incitation à la réflexion" et de "conscience de leurs responsabilités". Fort de ce constat, il s'ensuit qu'il faudrait "agir" sur les parents et les "contraindre à entendre" pendant "un temps limité" pour qu’ils deviennent responsables. C'est si facile de "faire marcher au pas" les parents démissionnaires ! Il suffisait d'un stage de rééducation par l'exercice de la parentalité.

Comme le souligne le site de psys que j'ai consulté, le terme de "stage" est lui-même porteur des délires de nos élites. On définit un stage comme étant une "une période d’études pratiques, exigée des candidats à l’exercice de certaines professions". Le législateur fainéant abusé par le bureaucrate devenu fou considère donc qu'être parent est une profession nécessitant uniquement une sorte de savoir-faire, une praxis vendue en kit, sans évidemment se soucier du savoir-être et encore plus de ce que les hasards de l'existence réservent aux futurs parents.

On l'habitude de considérer qu'être parent relève de processus psychiques complexes, auxquels s'ajoutent l’expérience positive et négative de chaque individu avec ses propres parents, le tout étant parfois largement bouleversé par les aléas de l'existence puisque de la même manière que l'on peut se retrouver parents par hasard, on ne sait pas non plus comment sera le gamin, ce qui entraine forcément des interactions impossibles à prévoir à l'avance. Alors certes en matière d'éducation, il existe de gros fondamentaux que d'autres parents ou un spécialiste (pédiatre, pedopsy, etc.) peuvent enseigner, mais pour le reste c'est un peu de la démerde, chacun s'efforçant de faire au mieux.

Mais, dans tous les cas, devenir une mère ou un père responsable ne se construit pas du seul fait d’une transmission d’informations, encore moins dans le conditionnement pur, comme on entrainerait un cheval de course, dans la simple contrainte ou dans le "suivi individualisé pendant un temps limité " comme si on prenait un logiciel en mains.

Dans un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre, on disait qu'il n'y avait pas d'écoles pour devenir parents. C'était une sorte de sagesse populaire qui donnait à penser, que quelles que soient les idées préconçues que l'on ait eu sur l'éducation et le devenir des gosses, tout se construisait un peu au jour le jour, avec bien sûr des fondamentaux partagés par tous. En bref, on ne savait jamais si le futur ingénieur que l'on avait rêvé ne finirait pas saltimbanque ou délinquant.

En ces temps immémoriaux, on entendait aussi des parents expliquer qu'avec le premier ça avait été simple tandis que le second avait été plus dur, à moins que ce ne soit le contraire. Sans doute que ces parents n'ayant suivi aucun stage de parentalité, voulaient expliquer que les enfants quoiqu'on en dise étaient tout de mêmes différents les uns des autres.

En ces âges farouches, le bon sens était suffisamment partagé par un tout un tas de personnes, dont notamment les élites, pour que les parents démissionnaires soient suffisamment canalisés par la société pour ne pas multiplier les abus. En gros, dans une société aboutie ne confondant pas les adultes et les enfants, les gosses ne trainaient pas tard le soir, ne frappaient pas leurs profs et ne sombraient pas dans la délinquance aussi facilement. Ce qui est presque devenu la règle était alors l'exception. Les IUFM et les études de "sciences de l'éducation" n'existaient pas mais le monde ne marchait pas sur la tête.

Aujourd'hui, grâce à l'état, nous savons que l'enfant est un clone, une sorte de bouture ne nécessitant que de soins calibrés, que l'on peut apprendre, pour qu'il grandisse et devienne un futur citoyen festif et écoresponsable. C'est rigolo car il me semble qu'en d'autres époques aussi, du côté allemand ou russe, certains ont pu penser la même chose et je crois savoir que cela n'a pas beaucoup marché.

La fois prochaine, nous nous attaquerons à la "guidance parentale" !

Bonne copine !


Parfois, je ne vois les gens qu'une fois et ils ne reviennent pas. Alors, soucieux de la qualité constante de ma prestation, je m'interroge. Je me demande ce qui a bien pu se passer et si j'aurais dit ou fait quelque chose de grave ?

Et puis parfois aussi, parce que je suis exceptionnellement compétent, des gens viennent une fois, une seule, et repartent de mon cabinet en étant persuadés d'avoir eu la réponse qu'ils attendaient depuis toujours ! J'ai ainsi une petite patiente que j'ai vue une seule fois voici près de neuf ans, à l'époque âgée d'une toute petite vingtaine d'années, qui n'a cessé de m'envoyer des patients. Elle doit bien m'en avoir envoyé une trentaine !

Dernièrement j'ai encore connu la même expérience. Je reçois ainsi une très jolie petite blonde toute mignonne (je fais 5% sur mes honoraires pour les jolies femmes). Tout se passe bien, nous progressons et toc, d'un coup d'un seul, elle me téléphone pour annuler son rendez-vous, m'expliquant qu'elle me recontactera. Je me demande aussitôt ce qui a bien pu clocher alors que je pensais avoir été génial. Mais comme, je ne vais pas non plus me laisser pourrir la vie, je pense ensuite à autre chose.

Et bien, vous me croirez ou non, cette blondinette mignonne m'a depuis adressé quatre de ses meilleures copines. La dernière en date, un petit canon blond doté d'un accent russe charmant m'a même confié :

"Mon amie avait raison, je me sens très bien. Elle m'avait dit que parler avec vous c'était comme de parler avec la très bonne copine dont on rêve !".

Putain, voilà que je suis payé pour être un bonne copine !

Y'a de la joie !

C'est lui !

Tous ceux qui prennent le RER B, qui roule quand les conducteurs goinfrés d'avantages sociaux veulent bien ne pas être en grève, le savent : il y a toujours du spectacle. Je connaissais déjà la gamme entière des roms, allant de pépé qui massacre La vie en rose à l'accordéon, jusqu'aux petits-enfants de tous âges vous offrant leur main tendue, en passant par le fils saxophoniste et la bru accompagnée du nouveau-né. Je connaissais aussi les classiques vendeurs de petits journaux pour SDF, celui qui gueule à tue-tête d'une voix de stentor pour vous fourguer son petit guide des rues de Paris, comme celui qui se balade avec son carnet de famille pour vous prouver qu'il a bien quatre gosses.

Ce soir, j'ai eu le droit au contrôleur du bonheur ! Je rentre en cata' dans le RER et un mec me tient la porte. Il me sourit en me disant que la courtoisie ne coûte rien. D'abord, comme on vit à Paris et que la courtoisie n'y est pas si courante, je me recule un peu en me demandant si ce mec n'est pas un homo en goguette qui en voudrait à mes petites fesses.

Puis, à peine ai-je trouvé une place, que ce dernier se met à gueuler à tue-tête dans un mégaphone à piles pour nous annoncer qu'il est "contrôleur du bonheur" et qu'il va passer parmi nous et "qu'on n'a pas intérêt à dire qu'on n'a rien parce qu'on a au moins un sourire à offrir". Putain comme le gonze m'a tenu la porte, je me dis que je vais me fendre d'une piécette pour le remercier. Le voici qui s'approche et qui détaille les sourires de tout le monde.

J'avoue ne pas savoir quoi faire. J'esquisse une sorte de grimace qui voudrait dire : ok, voilà merci pour la porte, t'es gentil mais maintenant tu te casses, je voudrais lire mon livre tranquille. Le mec ne comprend pas l'information et hurle dans son mégaphone "ah merci au monsieur qui a un beau sourire de .. euh .. philosophe". Bon, je ne m'en tire pas trop mal vu que la mémé peroxydée à côté de moi qui a franchement un air de vieille pute sur le retour, se retrouve affublée "d'un sourire de jeune amoureuse éthérée".

Et voici notre "contrôleur du bonheur" passant dans tout le wagon, parlant aux gens, et décrivant leur sourire. Putain, je me dis qu'il va en avoir marre et va aller faire le clown dans la rame suivante. Mais non, encouragé par quelques inconscients qui voient dans ce pitre sinistre quelque prodigieux poète, cet histrion nous tiendra la jambe durant tout le trajet.

Et de l'entendre gueuler : ah monsieur a un sourire d'homme d'affaire, madame a un sourire angélique, la demoiselle a un sourire de femme amoureuse, etc. Putain, durant 25 minutes, j'entends ce goret de l'espace me péter les couilles avec ses sourires à la con ! Et le revoilà qui remet le couvert avec des vannes anti-sarko à la con, en précisant "qu'avec Sarkozy, c'est dur d'avoir le sourire". Putain, mais il va arrêter de parler de sourires ce mec !

Comme si on avait forcément envie de sourire après sa journée de boulot. Il a même osé dire à un grand chauve qu'il avait le sourire de Yul Brynner, un acteur que les jeunes ne connaissent même plus. Ce sont toujours les mêmes glands entretenus par nos impôts, qui viennent nous demander de sourire. Mais pauvre naze, j'ai des soucis moi, des traites à payer, des trucs auxquels penser, j'ai une vraie vie sérieuse, je ne passe pas ma vie à faire le con dans le métro !

Ah c'est dans ces moments là, que j'aurais aimé que le Gringeot soit assis sur une des banquettes du RER. J'imagine notre ami "contrôleur du bonheur" venir lui dire "ah monsieur vous avez le sourire de Yul Brynner". Je vois déjà la scène ! Le Gringeot qui se retourne, sourit de toutes ses dents en or et lui dit "moi pas lui, moi ouzbek. Toi partir sinon moi mets mégaphone dans anus tien".

Et en plus mon nouveau copain contrôleur du bonheur, a un blog, il n'a cessé de le hurler durant tout le trajet ! Il n'a cessé de nous dire qu'on pouvait lui laisser des commentaires. Putain, ils nous font chier dans le RER et en plus on les retrouve sur la toile. Tiens, je vais peut-être me fendre d'un laconique : "Ta gueule, sinon moi mets mégaphone dans anus tien". Il croira qu'il a un ennemi ouzbek sur la ligne B : il ira sur la ligne A !

15 novembre, 2009

Starfucker !


La belle-fille d'un ami ne cessait de me demander si je recevais des gens connus dans mon cabinet. Assez jeune et éduquée dans une quasi-absence de valeurs, seul ce qui brillait avait de l'intérêt pour elle. Je l'ai toujours regretté mais je n'étais pas chargé de son éducation. J'ai toujours pensé qu'elle tournerait pas bien et je ne crois pas me tromper. C'est dommage, elle avait un bon fond et était intelligente. Mais l'attrait pour l'argent facile lui sera fatal. Eut-elle été éduquée dans les vieilles écoles de la IIIème république qu'un vieux maître socialiste aurait pu lui enseigner que :
"Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée"

Hélas, le monde actuel aura transformé cette pauvre gamine en petite starfucker médiocre, en groupie écervelée pour qui seule la seule valeur reste la médiatisation. Pour mémoire, je vous propose une définition en anglais de ce terme :

Starfucker : A person who obessessed with and seeks out personal interaction with celebrities. The desired interaction is often, but not necessarily, sexual in nature.

Pour les non anglophones, un starfucker est une personne obsédée par la recherche d'une interaction sociale avec des célébrités, sachant que cette interaction n'est pas nécessairement sexuelle. c'est un peul a version réactualisée de la shampouineuse des années cinquante lisant Cinémonde et s'identifiant aux vedettes.

Depuis longtemps, on pu admettre que l'identification à un héros, qu'il soit littéraire, ou appartienne à un nouveau média, était une manière pour un enfant ou un adolescent de construire sa personnalité. Qu'il s'agisse de Robin des bois ou d'un chanteur de rock, il semblerait que la présence du héros façonne l'identité sociale du jeune. Ensuite, parvenu un âge mûr, l'être humain abandonne ses posters pour devenir lui-même.

Parfois, parce qu'il est peu sur de lui, très immature, ou encore parce que sa vie ne lui offre que peu de rêve ou d'accomplissement personnel, l'adulte continue à aduler les héros de son adolescence. C'est ainsi que l'on voit de vieux sosies de Johnny Halliday se balader, banane blanche au vent et perfecto de rigueur, dans les rues de quelques sous-préfectures. Il se peut aussi que l'on rencontre quelques femmes sur le retour habillées comme des starlettes hollywoodiennes. Des magazines comme "C'est quoi l'amour ?" ou encore "Confessions intimes" sur TF1 consomment beaucoup de ces personnages pathétiques et hauts en couleur et souvent touchants à force d'être ridicules.

Tout le monde sait cela. Ce qui est plus préoccupant, c'est lorsqu'un chef d'état devient lui même un starfucker. Tandis que je lisais un Point déposé un dimanche par mon cher père, j'ai ainsi vu que Carla Bruni avait permis à son illustre époux Nicolas Sarkozy d'accéder à son réseau composé essentiellement d'artistes de gauche. Je n'ai plus exactement en mémoire le contenu exact de l'article, mais je crois me souvenir que ce dernier réservait des entrevues à quelques artistes en vue.

Cet aspect "starfucker" de la personnalité du chef de l'état n'est pas sans poser de graves problèmes. N'importe quel apprenti psy tout juste diplômé, ayant son mastère de psychologie en poche depuis quelques minutes, serait déjà alerté par une telle conduite. Comment faire confiance à quelqu'un qui se soucie de ce que pense de lui Cali, Diam's ou encore Zazie ? Comment se fier à quelqu'un qui frétille à l'idée de rencontrer un(e) chanteur(se) idiot(e) et rêve d'être son ami ?

Certes, la politique réelle nécessite de cultiver de nombreux réseaux. Et être apprécié de ces saltimbanques décérébrés donne une caisse de résonance qui permet de draguer l'électorat "jeune". Mais, d'une part je ne suis pas sûr que cela soit le seul calcul de notre président car je le crois assez avide de reconnaissance pour dépasser parfois le simple calcul politique qu'on lui prête et être prêt à tout pour être accepté. D'autre part, à quel prix doit-on conquérir ce jeune électorat ?

La tradition présidentielle française, d'inspiration quasi-monarchiste en France, nous avait habitués à des représentants, indépendamment de leur honnêteté respective, un peu plus dignes de représenter notre pays. On n'imagine guère, messieurs De Gaulle, Pompidou, Mitterrand et Chirac faire ainsi des pieds et des mains pour rencontrer d'aussi insignifiants personnages.

Quelle drôle d'époque que la nôtre qui voit à la tête de notre pays un type sans doute naguère moqué et méprisé à la récréation qui s'est juré de prendre sa revanche.

A une certaine époque, certains avaient une vision politique, un destin à assumer, pour le meilleur et pour le pire. Faut-il que nous soyons tombés bien bas pour que l'on n'ait plus aujourd'hui qu'un pauvre homme qui semble ne posséder pour toute boussole que sa névrose.

12 novembre, 2009

D'une seule main !


Une de mes amies passionnée par les histoires de grossesses de ses copines m'expliquait la dernière fois que l'une d'elles, avertie par un examen prénatal, que la petite fille qu'elle attendait naitrait avec une seule main et qu'elle ne savait pas si elle devait le garder ou avorter.

C'est un très vaste débat auquel il est difficile de répondre. N'étant pas directement concerné, j'ai évidemment fait l'avocat du diable, arguant qu'avorter consistait à considérer que l'enfant n'étant pas parfait, tel que désiré, on préférait le tuer. Oui, c'est dur mais c'est ainsi. On m'a rétorqué que vivre avec un handicap, etc., etc.

On m'a aussi dit que ce serait encore plus dur pour une fille pour qui le physique était sensé compter encore plus que pour un homme. Ce à quoi j'ai répondu, que n'avoir qu'une main, ce n'était pas être défiguré tout de même. Je connais des femmes handicapées heureuses en amour et des valides qui ne le sont pas. Tout existe dans ce vaste monde ! D'ailleurs, je suis sûr, et ce à cent pour cent, qu'il serait plus facile à une femme monocheire de trouver l'amour qu'à une femme en surpoids.

On m'a aussi parlé de la responsabilité de mettre un tel enfant au monde. Un petit peu comme si l'enfant pouvait reprocher par la suite à ses parents sa naissance ! C'est terrible non ? Petit con, si tu n'es pas content, suicide-toi, mais ne demande pas à tes parents de te tuer à ta place. Non mais, dépressif et lâche en plus ?

Et puis, j'ai rajouté qu'il était difficile de se mettre à la place de quelqu'un d'autre. Car, Cicéron nous l'a démontré magistralement dans ses Tusculanes, l'idée de bonheur n'est pas incompatible avec un handicap. Le bonheur c'est compliqué, c'est même beaucoup plus complexe que le nombre de mains que l'on possède. D'ailleurs, statistiquement je constate que l'écrasante, très écrasante, majorité de mes patients possède deux mains sans pour autant être heureuse.

Alors moi, je me suis adressé à trois de mes patientes handicapées en leur contant l'histoire de cette gamine dont la vie est prise en otage par les progrès de l'imagerie médicale (avant, ben oui, on n'aurait rien su) ! Il y avait deux hémiplégiques congénitales (IMC) et une paraplégique (traumatisme).

Alors, comme je les connais bien, qu'elles sont toutes trois intelligentes et connaissent mes méthodes peu orthodoxes, je leur ai demandé si elles étaient heureuses d'être en vie ou si elles auraient préféré que leur mère avorte afin de pouvoir finir dans un container de déchets destinés à être incinérés dans une usine spécialisée au milieux de débris divers tels que des appendices, des bouts de poumons nécrosés, des membres gangrénés et autres menus morceaux de corps.

A cent pour cent, la réponse fut que la vie n'était pas toujours facile. Ce à quoi les trois m'objectèrent que la vie n'était pas toujours facile pour les valides non plus. A cent pour cent, les trois affirmèrent aussi que leur handicap avait été un coup dur pour leurs parents qu'elles ne remercieraient jamais assez de tout ce qu'ils avaient fait pour elles. A cent pour cent, elles m'assurèrent que leurs déprimes ou dépression passagère n'était pas liée au handicap, même si c'était parfois fort commode de rendre ce handicap responsable de tout, un peu comme ce fameux "arbre" qui cacherait la forêt. Les trois m'assurèrent que même si cela n'avait pas facilité les choses, elles avaient toutes connues l'amour et des relations sexuelles épanouissantes, même si la paraplégique a du explorer d'autres voies.

Et enfin, à cent pour cent encore, les trois m'affirmèrent être finalement être heureuses d'être en vie et ne pas regretter leur vie. La morale de l'histoire étant que certes, tout pourrait être mieux, mais tout pourrait aussi être pire !

Et la conclusion, c'est qu'il est toujours difficile de se mettre à la place de quelqu'un et de le condamner à mort. Il faut lire ou relire Boèce.


11 novembre, 2009

Devoir de mémoire !


Je suis un vieux ! Si, je vous l'assure ! Mes deux grands-pères ont fait la guerre de 1914-1918. Alors, aujourd'hui, un peu de recueillement et une minute de silence à la mémoire des disparus de la Grande Guerre. Les pauvres, s'ils revenaient ! Ils se demanderaient vraiment ce qu'ils sont allés foutre dans ce merdier.

10 novembre, 2009

Putain de mur !


J'aime assez l'emploi de la symbolique en France. Deux jours avant la commémoration de la boucherie que fut la guerre de 1914-1918, on érige la réplique de la porte de Brandebourg rue Royale à Paris. S'ils n'étaient pas tous décédés, les poilus auraient sans doute apprécié ce geste de bon goût et l'honneur rendu à leurs camarades blessés ou tués aux combats. La palme des commémorations crétines revient peut-être à la ville de Nancy, où une réplique toute pourrie du mur de Berlin avait été érigée sur la Place Stanislas. Le Républicain Lorrain nous apprend en effet que :

Le temps fort de cette initiative est intervenu à 17h30 : les étudiants qui déambulaient alors le long du mur se sont figés pour symboliser l’entrave à la liberté avant d’asséner les premiers coups de marteau sur l’édifice puis d’exploser de joie avec les premiers franchissements du mur.

Putain mais quelle bande de cons, c'est pas Dieu possible d'être aussi lourd dans le symbolisme de merde ! Entre nos portes de Brandebourg gonflable à Paris et leur mur de cartons à Nancy, on peut dire que la France se distingue dans la commémoration toute pourrie. Putain, j'aurais du faire un truc tout seul à ma manière pour commémorer l'événement. Je ne sais pas moi, me foutre à poil au fond de mon jardin, prendre une masse et casser des parpaings au son de l'hymne allemand ?

Et puis quoi le mur, qu'a-t-il dont ce mur ? Certes, sa destruction est le symbole de la fin d'un régime totalitaire et sanguinaire. Mais doit-on pour autant commémorer cela, en France ? Après tout, je m'en fous. Comme dans notre pays richissime, nulle occasion de foutre le fric du contribuable en l'air n'est ignorée, je gage qu'il y aura bien d'autres commémorations à venir. Et puis manifestement, quand ils l'ont monté leur putain de mur, il n'y a pas eu autant de foin !

Et puis, cela doit flatter l'égo de notre président, lui donner l'air important. Cela doit aussi lui permettre de se rapprocher d'Angela Merkel, de lui faire sentir qu'il est entièrement dévoué et prêt à tout pour lui plaire.

Mais le plus drôle reste la photo. Comment ose-t-on nous faire croire que lui et Fillon étaient là ce neuf novembre lors de la chute du mur. Je veux bien le croire réactif mais pas à ce point. Nicolas S. aux avant-postes de l'histoire, c'est vraiment grotesque !

J'étais sûr du bidonnage, persuadé que sur ce coup là encore notre président nous enfumait. Ni une, ni deux, la presse en parle et se demande où était Nicolas ce 9 novembre 2009 ! Manifestement, il se serait trompé d'une semaine. Quel pitre ! Avec une telle collection de casseroles au cul, il va bientôt pouvoir monter une quincaillerie !

De plus, cela rime à quoi d'y aller une semaine après ? C'était pour avoir son bout de mur à lui ? Pour se dire que nul événement planétaire ne devait avoir lieu sans sa présence ? Franchement, ça fait mec qui serait rentré dans la résistance le 9 mais 1945, le lendemain de l'armistice. C'est pathétique ou guignol qui n'ayant pas été invité le jour même, se tape quand même les soldes histoire de posséder ce que quelques happy fews ont eu au bon moment.

D'un point de vue pathologique, ce mensonge, qui en suit tant d'autres, et notamment cette capacité à surestimer ses réalisations, est la preuve d'une personnalité narcissique éhontée., l'assurance que derrière cette grande gueule se dissimule un petit garçon en grande souffrance. Parvenu à ce stade de la vie politique, c'est assez triste d'en être là.

La prochaine fois, je vous raconterai ma bataille d'Austerlitz ! Puisque je vous dis que j'y étais !!!


Méchanceté pas gratuite !


Bon, foin de langage châtié, au diable les tournures alambiquées, les mots complexes et les citation savantes, ce soir je vais être cash !

Hier lundi et aujourd'hui mardi, la plupart des conducteurs du RER B sont encore en grève pour des motifs à la con. Dans un pays socialement sinistré comme la France et dans un environnement économique morose, c'est déjà bien d'avoir un taf dont on est sur qu'on ne le perdra jamais.

Alors, moi le bon gars qui habituellement ne souhaite pas de mal pour son prochain, je me disais que si dans les jours qui viennent j'apprenais qu'on vient de diagnostiquer une tumeur (maligne mais opérable, ne soyons pas trop cruel) au cerveau à l'un de ces grévistes de merde, je crois que je ne serais pas plus triste que ça et même peut-être plutôt content.

A la limite, je demanderais à le rencontrer pour savoir si la sagesse lui est venue. Mais surtout, s'il sait enfin faire la différence entre des problèmes qui n'en sont pas, et de vrais bon gros problèmes. Et accessoirement si par la suite, il cessera de faire chier son monde avec la grève à répétition qui empêche les honnêtes citoyens d'aller travailler. Et là, je l'imagine, prostré sur son fauteuil, l'œil atone et le crâne rasé couturé d'une énorme cicatrice, le syndicaliste me répondre "Oui msieur, j'vous promets, j'recommencerai plus jamais".


Parce que parfois, les vrais problèmes éloignent de nous les petites tracasseries quotidiennes. C'est sans doute pour cela que pendant les guerres, les suicides baissent drastiquement. Quand on cherche à bouffer et à échapper aux bombes, on a moins le temps de se regarder le nombril ou le trou du cul.

En résumé, c'est terrible à dire, mais seule la vraie souffrance permet de distinguer l'essentiel de l'accessoire. En ce sens l'expérience dépressive est parfois une vraie transfiguration. La plupart des geignards ne sont que des enfants gâtés à qui l'on veut ôter leurs jouets.

09 novembre, 2009

La vérité !


Je ne lis jamais la presse, hormis le Parisien deux à trois fois par semaine, pas plus qu eje ne regarde les informations télévisées. Mon cher père est en revanche abonné au Point, l'hebdomadaire bien connu.

Bien qu'il sache qu'un politicien est nécessairement menteur et voleur, mon père, sans doute parce qu'il a connu De Gaulle, garde en lui, à quatre-vingt ans passés, une bonne dose d'optimisme et une certaine naïveté tout à fait charmante. Alors, tandis que je suis bloqué comme un ado attardé dans un No Future radical, lui persiste à lire la presse et à écouter les journaux et parfois à croire ce qu'il y a écrit dedans.

Chaque dimanche, il m'amène la presse de la semaine que je lis rarement mais qui est bien pratique pour allumer le feu. Toutefois, je parcours un petit peu le Point qui est un journal qui se lit très bien confortablement assis, le cul posé sur la cuvette des toilettes ! Et si l'on n'a pas les fesses trop sensibles, on peut même trouver un autre emploi aux pages de l'hebdo après l'avoir parcouru : c'est le double effet Le Point !

Cette semaine, rien que la couverture était rigolote et valait son pesant d'or ! On voyait la tronche de Chirac plus jeune, avec pour titre "Mes vérités pour l'histoire". J'ai trouvé cela rigolo d'associer le patronyme de ce vieux routier de la politique, de ce voyou oseraient affirmer certains, au mot "vérité". Quoiqu'en lisant bien, le mot est mis au pluriel. Y-aurait-il donc plusieurs vérités ? Pourrait-on ainsi envisager une vérité vraie, connue par exemple pas les camarades ayant épousé une carrière politique, et l'autre pour les tribunaux par exemple ?

J'ai toujours admiré cette capacité de mensonge qu'on les élus. Je ne sais toujours pas si c'est un signe de sociopathie qui ferait d'eux de vrais voyous sans foi ni loi. A moins que cette capacité à se foutre de la gueule du monde soit issue de la pratique politicienne, au cours de laquelle, après avoir fréquenté tant et tant le bon peuple, on en vient à devenir misanthrope au point de se dire que les électeurs sont uniquement bons à être abusés et tondus.

Alors que croire ? D'un côté la pire des sociopathies qui ne laissent présager rien de bon de la part tous les élus qu'il faudra un jour considérer pour ce qu'ils sont : des malades mentaux. Tandis que de l'autre, ce sont nous, les électeurs, qui serions tous à jeter, abrutis que nous sommes et nos élus seraient des sages qui ont tout compris.

Enfin associer le mot "vérités" à Jacques Chirac était assez rigolo. Compte-tenu de ce que l'on sait, de ce qui se raconte et se murmure, on a autant de chance d'obtenir la vérité de Jacques Chirac que de manger une bonne choucroute à Riyad en Arabie Saoudite. La vérité chez notre ancien président, c'est à peu près aussi naturel que la classe et l'élégance chez l'actuel. Parfois, lassé de ces deux pantins, on en vient à préférer des mecs tout aussi malhonnêtes qui ont au moins les couilles de le dire et d'expliquer leur stratégie. Et quand on les écoute, on a beau pester et fulminer, en tant qu'électeur on finit par penser qu'on a ce que l'on mérite.



08 novembre, 2009

Fatigué !

Bon, je suis un peu fatigué car hier matin, c'était l'ouverture de l'Applestore à Paris. Je ne savais pas quand j'ai décidé d'acheter un Apple que je rentrais dans une communauté aussi soudée ! Chez nous, ce n'est pas comme chez les possesseurs de PC. Nous ne sommes pas une bande hackers, ou de joueurs crétins ! Non, nous sommes des passionnés de la technique et nous savons que Apple est ce qu'il y a de mieux.

Une seule apparition de Steve Job, notre gourou de Cupertino, et nous sommes en transe. D'ailleurs, la rémission du cancer de Steve le prouve : Apple c'est autre chose, c'est carrément magique. Dans un cas identique, Bill Gates ou Steve Ballmer, seraient morts, tous les médecins le disent.

D'ailleurs, comme le dit un de mes nouveaux copains sur la vidéo : "L'Applestore, c'est un peu notre église à nous". Alors, on ne s'étonne pas qu'il y ait de tels miracles. Moi qui vous parle, je connais déjà de nombreux Applestores aux États-Unis. Chaque fois que j'y rentre, j'en ai les larmes aux yeux et silencieusement, je remercie Steve de ce qu'il fait pour moi.

Bon, tout ce que l'on retrouve dans ces magasins, c'est la même chose que ce qu'on trouve sur la boutique en ligne ou à la Fnac, rien de nouveau, mais on s'en fout. Ce qui est important c'est que dans un Applestore, on n'est pas obligé de fréquenter la clientèle vulgaire des PC.

Par exemple, je sais que je n'y retrouverai jamais mes amis Olive, celui qui est riche, ou GCM, qui ne jurent que par PC ! Je sais que le luxe et le design inouï d'un Applestore flatterait leur égo, mais leur intellect limité, ne leur permettra jamais d'être vraiment l'un des nôtres. Dans un Applestore, ils ne seraient pas vraiment à leur place et on verrait tout de suite qu'ils ont des PC.

Bon certes, ils pourraient se servir d'un Apple mais sans jamais vraiment en saisir la substantifique moelle, ni même avoir conscience qu'ils font partie d'une sorte d'aristocratie. Ce sont des gens qui n'ont pas l'esprit Apple, ils manquent de souplesse, d'ouverture d'esprit et disons le tout net, d'intelligence.

L'utilisateur d'Apple n'a rien à voir avec celui qui utilise un PC. Soucieux de technique, tout autant que de design, l'utilisateur Apple est avant tout un urbain surdiplômé avide de nouvelles technologies tandis que l'utilisateur de PC peut-être n'importe qui et même parfois n'importe quoi, mais généralement un être frustre et peu cultivé !

Par exemple, l'an dernier dans l'Applestore de Chicago, je me souviens du pauvre El Gringo. Certes, son crâne rasé, sa barbe et son pantalon de cuir aurait pu le faire passer pour un gay ou du moins un métrosexuel adepte de la marque de Cupertino. Mais une fois assis face à un Macpro, il était perdu. J'avais beau lui dire que c'était intuitif, de se laisser aller, il n'y arrivait.

Prisonnier de ses schémas mentaux hérités d'un lourd héritage génétique mais aussi d'une pratique assidue du PC, le pauvre El Gringo râlait, ahanait et pestait sans parvenir à utiliser le bijoux qu'il avait devant lui. J'ai du tout faire à sa place. C'est typique du client PC égaré chez nous : il n'y arrive pas ! Autant apprendre à une chèvre à jouer du piano, a-t-on l'habitude de dire.

Je crois que c'est ce côté intuitif et la déconcertante facilité d'utilisation d'un Apple qui déroutent l'utilisateur habituel de PC. Habitué comme à une médiocre voiture de série, la conduite d'une F1 lui fait perdre ses repères. Il cherche le levier de vitesse et l'embrayage. Chez Apple, l'utilisateur PC est dans un monde où l'on fait confiance à son intelligence, à son intuition, où on ne l'ennuie pas avec des manipulations idiotes. Alors, pas assez guidé, livré à lui-même, le pauvre utilisateur PC est comme un collégien de cinquième que l'on inscrirait soudainement en faculté : il est perdu !

Bon, je sais que tout ce que j'écris peut vous sembler d'une rare fatuité. Vous qui me connaissiez humble et discret, vous devez vous dire que décidément je cachais bien mon jeux ! J'imagine même que vous doutez de ce que je vous dis. Qu'en médiocres utilisateurs de PC, vous vous dites que nous, les partisans d'Apple, nous ne sommes pas mieux que vous.

Pas mieux que vous ? Laissez moi rire ! Et si vous vouliez une preuve, regardez la vidéo ci-dessous qui constitue un puissant argument marketing pour Apple. Tous plus élégants et intelligents les uns que les autres, mes nouveaux camarades et moi étions à l'ouverture de l'Applestore de Paris. La marque américaine avait promis un t-shirt aux cinq-mille premiers arrivants ! Un t-shirt collector !


Source de la vidéo : Clubic

06 novembre, 2009

Je fus un voyou mais j'ai changé !

Le dernier comparse de la célèbre bande à Toju arrête aux USA. La fin d'une période sombre !

Je dévorais le blog de mon ami Toju, lorsque je fus alarmé par une révélation. Comment, lui que je connus naguère jeune homme ambitieux, et qui est aujourd'hui un homme accompli, comblé d'honneurs et de richesse.

Un homme que les télévisions du monde entier s'arrachent quand elles veulent un expert capable de deviner les tendances du marché immobilier, un homme qui n'a pas son pareil pour saisir la branche droite de ses lunettes et pencher la tête d'un air inspiré pour vous faire comprendre qu'il sait quand vous êtes perdu, comment un tel homme a-t-il pu mener une vie que l'on qualifierait d'interlope !

Et pourtant, il le dit lui-même ! Je me permets de le citer. Ainsi à propos d'un article où il nous offre ses réflexions sur la condition carcérale, Toju, l'homme que je croyais droit, élevé loin de la pollution parisienne, dans le bon air et les bonnes manières angevines, nous explique :

"De plus, troisième remarque, je peux témoigner que j’ai croisé dans une époque sombre de ma vie des voyous professionnels qui avaient choisi la France comme lieu d’exercice de leurs activités, considérant que le risque carcéral était bien doux en France au regard de leur pays d’origine."

Le terme de "période sombre" permet de tout imaginer ! Alors connaissant Sylvain, je me prends à l'imaginer dans quelque bar sélect parisien, entourés de russes patibulaires, négociant quelques contrats d'armes à destination d'un lointain pays en guerre. Une sorte de Lord of the war, discret et implacable. Rien ne l'inquiète, aucune commande ne l'étonne. Des obus de 105 pour le Liberia, pas de problèmes. Des kalachnikovs pour l'Angola, il peut aussi, à moins que ce ne soit quelques millions de cartouches pour les FARCS. De toute manière, avec les contacts qu'il possède, Sylvain vous livre lui même tout cela avec sa flotte d'Antonov rachetés à bas prix auprès d'un général biélorusse véreux. Son fidèle pilote, El Gringo, un ouzbek dont on ne connait rien, est toujours prêt à décoller. Et en cas de problèmes, il a suffisamment de contacts politiques à l'UMP pour avoir un vrai faux certificat de end user.

A moins qu'acoquiné avec des bandits corses, de bons amis qu'il a connu à la Brise de mer, il ne fomente quelque braquage, son équipe ressemblée autour de lui. Il y a Ange, son fidèle lieutenant à sa droite, le roi du RPG7, celui qui défonce les camions de la Brink's plus rapidement qu'il ne boit son Casa. Et puis, à gauche, taciturne comme d'habitude, Dominique dont le sang-froid est reconnu et qui tient en respect les convoyeurs. Dans un coin, une brute taciturne ne dit rien, se contentant de nettoyer son fidèle Makarov. Connu sous le nom d'El Gringo, nul ne sait d'où il vient mais tout le monde le redoute. Un temps inquiété dans la tristement célèbre French Connection, on n'a jamais rien pu prouver contre lui, l'unique témoin ayant fini par se blesser mortellement avec une tronçonneuse.

Peut-être aussi qu'on peut le distinguer assis seul à face à un ordinateur, dans un luxueux bureau. Des chiffres défilent, et ses doigts pianotent. Des millions de dollars transitent d'un compte off shore à l'autre, les paradis fiscaux n'ont aucun secret pour lui. Un listing s'affiche sur l'écran ; subrepticement, Toju glisse un nom ; Nicolas S. On n'en saura pas plus. Assis devant la porte du bureau, un molosse qui se fait appeler El Gringo, mais dont on ne connait pas l'origine, est assis son fidèle Tokarev en main, grognant de temps en temps "pas entrer, vous pas entrer" quand quelqu'un se risque à s'approcher de la porte ornée d'une simple plaque "Toju investments incorporated".

Ou alors, j'imagine Toju dans quelque établissement de nuit luxueux, assis seul à sa table devant une coupe de Cristal Roederer. Les liasses changent de mains, et les clients discrets s'éclipsent dans le fond ou une brute, que l'on ne connait que sous le nom d'El Gringo, distribue de petits sachets de papier pliés en quatre. De temps en temps, sa voix gronde. Cette fois-ci c'est un comique reconnu qui en fait les frais :"toi payer pour deux grammes, toi deux grammes et pas quatre, toi pas voler patron espèce d'enculé ! Et toi pas drôle !".

Peut-être que dans une cité malfamée, c'est une grosse et discrète berline Peugeot qui s'arrête. sans un bruit Toju et en descend et un conciliabule s'engage avec des jeunes gens en survêtements, le chef ornés de casquettes. Le coffre s'ouvre, un couteau est hâtivement plongé dans un paquet de kraft brun de taille moyenne. La poudre blanche est goûtée. El Gringo, un individu au physique de culturiste dont on ne connait rien, surveille la transaction, ma main négligemment posée sur la crosse de son fidèle Beretta. Sur un signe de tête, on remet à Toju une grosse somme d'argent qu'il compte calmement. La transaction s'effectue sans encombre.

C'est peut-être dans un commissariat du nord de Paris que se trouve notre ami , le capitaine Toju. Affalé sur son fauteuil, les pieds posés sur son bureau, il regarde une jeune femme outrageusement maquillée et menottée. Assise face à lui, la pauvre s'exprime dans un français approximatif avec un fort accent moldave. Toju calmement est en train de lui expliquer que dorénavant, elle et ses amies travailleront pour lui et non plus pour cet individu peu recommandable qu'elles appelaient leur protecteur. La jeune femme tente de se défendre mais d'un coup, un homme au physique imposant resté dans l'ombre s'approche. Il gifle violemment la jeune femme en lui disant "t'as pas compris grosse pute que maintenant tu taffes pour le capitaine ? Tu veux que je te fume salope !". D'un geste calme, Toju apaise la colère de son collègue en lui disant "je crois que vos arguments ont porté El Gringo".

Ou peut-être que c'est au volant de votre puissante Mercedes sur l'autoroute que vous croiserez Toju. Sa moto bleue vous coupe la route et il vous somme de vous rabattre. Vous pensiez n'avoir rien fait mais lui vous explique que face à son uniforme, vous n'êtes rien. Calmement, il vous dit "c'est mille euros ou vos douze points plus injure à agent". Vous ne voulez pas céder mais son collègue, un homme massif et sanguin au physique de tueur sort son pistolet règlementaire, vous l'applique sur la tempe et vous dit "tu veux que je te flingue bourgeois avec ta grognasse, on dira que c'était de la légitime défense, t'as déjà vu un gendarme condamné trou du cul ?" Et là, Toju digne dans son uniforme lui intime "calmez vous El Gringo, je crois que monsieur a compris où était son intérêt". Vous repartez tremblant et délesté de mille euros en méditant sur la notion d'état de droit.

Enfin, on peut aussi envisager Toju ayant réussi en politique, au restaurant, un trois étoiles Michelin. Rassasié, il tourne son verre de cognac entre ses doigts délicats, sa chevalière armoriée renvoyant les éclats ambrés du breuvage. Il songe peut-être au bijou qu'il va offrir à sa jeune maîtresse âgée de tout juste vingt ans, une polissonne qui fait les fellations comme pas une. A moins, qu'il ne passe en revue les yachts qu'il préfère ne sachant lequel acheter. De toute manière, avec les pots de vins qu'il vient de toucher pour l'autorisation d'implantation de l'hypermarché Rond-point, et le pourcentage qu'il va percevoir sur le dépassement des coûts de travaux du nouveau bâtiment du conseil général que l'entreprise Mouygues érige en ce moment, il est tranquille. Assis en face de lui, son assistant, un homme massif au regard cruel sirote une Mirabelle l'air satisfait. Rompant le silence, celui que l'on surnomme El Gringo explique à Toju "au fait, vous avez ce connard d'écologiste qui était contre la bretelle d'autoroute, je lui ai réglé son compte. J'ai mis des photos de bébés morts nus sur son Pc et à l'heure qu'il est il est entendu par la brigade des mineurs". Toju esquisse un sourire. Non qu'il soit inquiet, tout cela aurait fini par un non lieu au bout d'un procès fleuve, des juges d'instruction auraient été déplacés, des procureurs cassés, mais la presse même subventionnée n'aurait pu s'empêcher de parler de cette triste affaire et Toju est un homme discret.

Et pour clore cette litanie, on peut aussi imaginer l'ami Toju très jeune au collège. Face à un plus petit que lui, il est en train d'exiger une forte somme d'argent. C'est à une scène de "racket" que nous assistons, ce fléau des cours de récréations actuelles. Le petit pleure mais Toju reste inflexible lui expliquant qu'il n'a qu'à voler l'argent à ses parents. Le petit lui dit qu'il ne peut pas faire cela que s'il se fait prendre il va en prendre pleine la figure. Et Toju, désignant une silhouette dans un coin de la cour lui explique que s'il ne le fait pas, il en prendra certainement plein la tête. D'un claquement de doigt la silhouette se rapproche, c'est un jeune garçon déjà très fort pour son âge que tout le monde rebute. Arrivé d'Ouzbékistan voici peu, et curieusement surnommé El Gringo on ne sait pas pourquoi, il est en classe de sixième à seize ans et sera sans doute orienté vers un métier manuel car il aimerait être boucher. Il maîtrise mal notre langue mais suffisamment pour menacer l'enfant d'un guttural "si toi pas donner thunes à Toju moi te couper les bourses". Le petit terrorisé acquiesce et s'en va. Déjà très mur pour son âge, Toju se retournant vers son acolyte le regarde et lui dit "tu sais plus tard je compte investir dans l'immobilier locatif, je voudrais te garder près de moi pour aller collecter les loyers".

J'ai beau avoir l'imagination féconde, je ne parviens pas à imaginer quelle fut cette période sombre !!! Enfin, bon j'ai pu présenter quelques pistes !