14 février, 2011

Travailler en jouant !


Tout le monde connait le test de Rorschach dans lequel on vous analyse en fonction de ce que vous voyez dans tes tâches d'encre. Autant dire que l'interprétation d'un tel test est sujet à caution sans compter tous ceux qui ne verront jamais dans ds tâches d'encre que des tâches d'encre !

Ce weekend lorsque j'ai un peu fait joujou à Millionaire City, je regardais ma ville en train de s'édifier en me formulant mes premières critiques. Comme à chaque fois, je saisis rapidement les règles et je fonce comme ceux à qui l'on disait autrefois : "lisez bien l'énoncé" parce que je ne lisais jamais à fond. 

J'ai donc observé trois villes auxquelles j'avais accès afin de déterminer si l'on pouvait ou non distinguer les personnalités au travers du jeu. Je regrette de ne pas avoir accès à d'autres villes pour tenter de deviner les traits de caractère d'une personne alors que je ne la connais pas ; cela aurait fait un bon test.

La première ville est celle de L. C'est une ville ordonnée dans laquelle deux choses frappent. D'une part, elle est cohérente et on s'aperçoit qu'il y a de la méthode. Les bâtiments sont rassemblés au sein d'enclaves du même types : les buildings avec les buildings, les villas avec les villas et on distingue même une petite enclave parisienne comprenant des immeubles hausmanniens ainsi que quelques monuments typiques. Pour autant la ville n'est pas triste puisque des parcs offrent une verdure qui allège le paysage. La ville hésite entre rigueur absolue et fantaisie plus créatrice. On comprend que le propriétaire de cette ville est quelqu'un de sérieux et d'organisé ne se lançant pas à la légère mais on distingue aussi en toile de fond une sensibilité importante et sans doute retenue. Lorsque l'on sait que cette énorme ville a été réalisée sans aucun investissement de départ, on imagine la somme de travail qu'il aura fallu. Dès lors, la prise de risque est absente, remplacée par une application rigoureuse des règles et un travail acharné. Je dirais que la personne est du type analysante / facilitante.

La seconde appartient à A. et offre une précision mathématique. Aucune place n'est perdue, les routes sont tracées afin de ne perdre aucun cm2 de terrains constructibles. Encore une fois les maisons sont regroupées selon leur type dans des carrés délimités strictement. Mais il n'existe aucune fantaisie, l'organisation est militaire presque carcérale. La place centrale donne l'impression d'une place d'armes entourée de casernements. C'est un camp militaire livré en très peu de temps puisque cette ville ne date que de quelques jours. On imagine un esprit carré et décidé. La règle a été assimilée et respectée à la lettre. Le recours à un petit investissement de départ montre une prise de risque calculée. La ville recèle toutefois quelques jardins discrets. C'est sans aucun doute une personnalité fortement contrôlante que je qualifierais de contrôlante / facilitante qui doit souvent connaître des tensions internes entre une volonté de contrôler et une tendance à donner.

Enfin vient ma ville à moi, elle s'étend de manière désordonnée sur deux terrains et a nécessité le recours à un investissement extérieur pour aller plus vite. On distingue nettement deux types d'organisation. Au nord, là où la ville a débuté, les routes sont tracées n'importe comment et l'on sent que les bâtiments ont été édifiés en fonction des fonds disponibles sans qu'un plan d'occupation des sols n'ait été fixé. On comprend que le constructeur est d'abord parti au petit bonheur la chance sans doute motivé par un esprit de conquêt aiguillé par une rivalité. Il a voulu faire vite et grand. Puis, au fur et à mesure, la logique revient et on distingue que le sud de la ville suit enfin un plan d'occupation plus cohérent. Voyant ses erreurs, le constructeur a tenté de minimiser ses erreurs. Cependant, la ville bien qu'un peu anarchique reste plutôt agréable rythmée par des fontaines et des jardins. Cette ville appartient sans nul doute à un promouvant / facilitant.

Le plus amusant est que ces trois villes ressemblent traits pour traits à leurs propriétaires et sont en cohérence totale avec les professions qu'elles exercent. Finalement Millionaire City en apprend plus sur un individu que bien des tests validés scientifiquement.

Moi, je ne joue pas, je travaille !

Jeux idiot mais pas si idiot quand on y pense !


Depuis quelques mois, je savais que L. entretenait une addiction coupable. Elle avait beau se défiler, tenter d'être évasive voire carrément dissimulatrice, le radar ultra perfectionné qui tourne sans cesse dans ma grosse tête ne me trompe jamais ! Elle m'avait jetée de Facebook, pour des raisons fallacieuses que j'avais feint de croire, souhaitant sans doute s'adonner à ses coupables penchants loin de mon regard désapprobateur. Ne souhaitant pas violer son intimité, je la laissais faire sans trop poser de questions. Après tout si elle se droguait, je me disais qu viendrait le jour où elle finirait par m'en parler. 

Je suis habitué aux gens qui dissimulent et me mentent dans l'espoir de conserver un moi social intact. J'en ai souvent dans mon cabinet en face de moi. Généralement, ce sont des gens qui ont honte de me parler sincèrement et qui tentent de minimiser les faits, se bornant à dire que finalement tout va bien. Je tente toujours de les rassurer, en leur expliquant "que je sais" et "qu'ils savent que je sais". Parce qu'en tant que mec hypersensible (mais pas fiotte !), je suis habitué à enregistrer les moindres frémissements d'un visage, les variations infimes d'une posture, les nuances du ton de la voix et même le registre langagier afin de détecter ce qui ne va pas. A croire que pour leur série Esprits criminels (Criminal minds), les ricains se sont inspirés de moi !

Et puis, un jour que je passais sur Facebook, ce service ennuyeux qui vous donne des nouvelles quotidiennes de personnes dont vous n'avez que faire, j'ai reçu un message et en voyant la liste, je me suis aperçu que L. qui me disait avoir disparu était en fait toujours connectée mais sous un nom de fantaisie dans l'espoir vain de m'échapper alors que je suis un stalker hors normes. Ouvrant alors un nouveau compte sous un pseudonyme de fantaisie moi aussi, je m'empressais de lui proposer mon amitié qu'elle accepta. 

Je pris enfin conscience de l'ampleur du désastre puisque le mur de L. était couvert de références à l'immobilier. Ce n'était que "buildings" par-ci, "construction" par-là, "loyers" ailleurs, ce mur  aurait fait rougir de honte promoteur le promoteur le plus acharné en le faisant passer pour un amateur. La douce et timide petite L. aurait pu en remontrer à Donald Trump !

Exerçant ma sagacité et ma réflexion coutumières, je ne tardais pas à constater qu'il ne s'agissait pas d'une réelle activité mais d'un jeux. Et puisque vous me connaissez, vous ne doutez pas que tels les chercheurs d'un autre âge qui n'hésitaient pas à s'inoculer n'importe quoi pour tester sur eux-même le remède qu'ils cherchaient (on était loin de Servier), j'ai moi aussi téléchargé l'application pour tenter de comprendre en quoi un jeu pouvait rendre aussi dépendant. Je suis donc devenu un membre de la puissante communauté (5,8 millions d'adeptes) de ceux qui s'adonnent à Millionaire City, puisque c'est le jeu dont il s'agit.

Autant vous dire qu'au départ, cela ne m'a pas plu parce qu'en tant que capricorne brillant j'ai tendance à comprendre l'algorithme qui ordonne n'importe quelle activité. Jung aurait dit de moi que j'étais du type "pensée". Alors oui, j'avais compris le but du jeux. Il s'agissait de construire des bâtiments sur un terrain puis d'en percevoir les loyers. C'était totalement idiot et en tout cas pas plus malin que les petites applications que je possède sur mon Iphone et je ne comprenait pas bien ce qui pouvait rendre L. aussi addict. 

Dépassant mes préjugés capricorniens, j'ai décidé de jouer. Au bout de quelques minutes, j'étais possesseur d'un bungalow pourrave, d'une villa de luxe, d'un café merdique et de quelques arbres. bon et alors ? Et alors, face au terrain qui s'affichait j'ai entrevu les nombreuses possibilités qui s'offraient à moi. Ma société étant cotée quelques centaines de milliers de dollars, je trouvais que j'étais bien nul à côté de celle de L. dont la capitalisation frisait les deux milliards. Et moi qui vante tant la sagesse stoïcienne, je m'en trouvais tout de même fort marri parce que derrière le sage, se profile toujours l'être bourré de testostérone qui n'aime pas trop se faire griller par une gonzesse !

En bref, le penseur, le sagace, l'être réfléchi que je suis a commencé à faire joujou avec ce jeu que j'ai trouvé fort amusant ! Tant et si bien, que comme un abruti de base, j'ai couvert mon terrain de bungalows pourris auxquels je n'ai pas tardé à adjoindre des duplex de luxe pour les remplacer enfin par des villas et autres immeubles. Et aujourd'hui, moi qui vous parle je pèse tout de même vingt millions de dollars en quelques jours d'activité.

Mais comme j'aime bien réfléchir même quand je joue à des trucs idiots, je me suis demandé pourquoi ce jeu à priori basique semblait plaire autant et pourquoi il rendait aussi addictif. Finalement les recettes employées sont simples et efficaces. Je me demande même si des spécialistes ne se sont pas penchés sur le sujet. Je ne connais absolument rien au développement des jeux, mais je ne serais pas étonné que quelques confrères tout aussi sagaces que moi se soient penchés sur la question.

Ainsi, j'ai noté que Millionaire City comportait :
  • Des règles simples à utiliser permettant une multitude de combinaisons comme un simple jeu de carte ou de go. Un enfant de sept ans pourrait y jouer aussi bien qu'un adulte.
  • Le recours à l'entraide est rendu nécessaire à bien des reprises favorisant autant la stratégie d'équipe, par exemple pour s'entraider à construire un bâtiment en moins de temps que prévu, que le recours à des personnes de l'extérieur invitées à jouer pour augmenter la synergie.
  • L'offre hebdomadaire de nouveaux bâtiments ou décorations permettant d'améliorer sa ville sous forme de collections thématiques (Paris, le Mexique, Rome, tc.) permettant un renouvellement permanent.
  • Une émulation dans la mesure où même si l'on ne joue que pour s'amuser, on ne peut éviter de se comparer aux autres joueurs, ce qui rend soit la présence sur le jeu obligatoire pour augmenter ses chances de gain soit le recours à un financement extérieur (CB, Paypal, etc.) afin de démultiplier son potentiel de démarrage comme dans une véritable entreprise.

Bref à défaut de plaire à tout le monde, Millionaire City est la quintessence du jeu bien pensé combinant simplicité, réseau, changement permanent et émulation. Ces quatre règles semblent à mon sens celles du succès. Vous constaterez que même lorsque je m'adonne à des plaisirs simples, je ne cesse pas pour autant de réfléchir.

Même quand je joue, je travaille !

Geek !


Voici quelques semaines, un de mes patients ingénieurs imaginait son avenir affectif avec pessimisme, m'énonçant une à une ses tares qu'il imaginait rédhibitoires pour intéresser le beau sexe. Parmi celles-ci, il me confiait, le regard baissé et un peu gêné, être un peu "geek" comme si cette caractéristiques eut conduit toutes les femmes de ela création à lui jeter des pierres et à se moquer de lui.

Manifestement, selon lui,  la geekitude aurait été un travers commun aux ingénieurs comme en attesterait toutes les caricatures du geek offrant le portrait de types affublés de grosses lunettes, d'une peau acnéique, de vêtements un peu datés et passionné d'informatiques s'exprimant forcément avec un zozotement prononcé. 

Personnellement, je n'étais pas du tout certain qu'être un geek fut l'apanage des ingénieurs ni que la geekitude soit un handicap réel face aux femmes.  D'ailleurs, peu de temps après, un autre de mes patients, jeune bellâtre plaisant sans aucun doute aux femmes, m'expliquait en parlant de lui et de ses passions, que "comme tous les hommes, il était "un peu geek". J'ai trouvé sa réflexion intéressante et très vraie. En effet, il faut l'admettre, l'homme est un geek par nature, c'est à dire un individu dévoré par sa passion. 

Non que la femme ne puisse être elle aussi une "geek", mais ce sera bien plus rare me semble-t-il. Et puis, admettons-le, elle se passionnera pour des choses un peu idiotes (fringues, maquillage, humanitaire, bébés, etc.) et sera de toute manière la plupart du temps incapable de comprendre les passions masculines sans doute trop élaborées. 

Car affirmons-le, la geekitude ce n'est pas seulement une passion mais évidemment une passion approfondie passant par une maitrise de la technique. Ainsi on pourra admettre qu'une femme adorant les chaussures n'est totalement geek que si elle maitrise totalement le processus de fabrication de la chaussure et si elle peut vous expliquer le regard fiévreux pourquoi le pécari sauvage est plus complexe à travailler que le galuchat. La femme geek est rare même si j'en connais deux dont Laurence la faouine, présente sur ce blog, qui est capable de vous démonter un PC en mitraille et de le remonter ou de vous parler de gymnastique (beurk le sport c'est laid et ça rend idiot) comme Nadia Comaneci alors qu'elle ne pratique que depuis six mois, à tel point qu'on m'a dit que Décathlon lui aurait fait des propositions en or pour être chef de rayon dans leur magasin de Toul !

S'il n'y a pas autant de passions que d'hommes, admettons que nos passions sont variées et que la geekitude peut emprunter des canaux fort différents d'un individu à l'autre. Ainsi, je me souviens que Laurence et moi avions accompagné le Gringeot chez un concessionnaire Harley-Davidson, à Southbend dans l'Indiana. Et bien le Gringeot, individu affable et généralement bon camarade, s'était dès l'entrée dans la boutique, mué en une sorte de super-geek assez inquiétant. 

Laurence et moi étions restés quelques instants avec lui, mais nous avions constaté que la communication était devenue impossible. Voir le Gringeot ébahi, les yeux grands écarquillés, devant un catalogue de pots d'échappement était une expérience traumatisante. Comme me l'avait confié Laurence, alors que nous avions décidé d'attendre le Gringeot, au soleil sur la terrasse du Mac Do voisin : "c'est fou, on dirait une nana un jour de soldes dans un magasin de chaussures !".  

Oui, vous m'avez bien lu ! Le Gringeot dont on dit que les femmes qui ont reçu sa semence sont plus nombreuses sur terre que les étoiles dans le ciel est un geek lui aussi ! Et pourtant ce même monstre que nous avions vu l'air hagard et absent se passionner pour des pots d'échappement le jour avait été capable le soir venu, de "jouer le joli cœur" au Hunt, le bar à pouffiasses réputé de Chicago.

Dans le même registre, mais je n'ose pas trop lui en parler pour ne pas le gêner, je sais que mon ami GCM, lui aussi natif du signe du taureau et ladre à ses heures, peut passer des heures sur le net pour acheter des choses moins chères. C'est ainsi qu'une fois, fier de lui et le regard halluciné, il m'avait montré un gonfleur de pneus acheté une misère en Chine sur Ebay dont il était très fier. Oui, encore une fois, cet homme roule en Lotus le jour mais la nuit venue, fait courir fiévreusement ses petits doigts sur le clavier de son PC (pas cher) pour traquer la bonne affaire, quitte à acheter un truc inutile pourvu que cela ne soit pas cher.

Hier encore, le pourtant très jeune Lapinou, seulement âgé de vingt-deux ans m'avouait qu'il était en train de surfer sur les sites féminins pour être sur de trouver la meilleure manière de repasser du lin !?! Lapinou que je connais toujours entouré d'accortes jeunes femmes et coureur de soirées, est un geek dont les passions sont les fringues et  le ménage. Lapinou passe l'aspirateur chez lui chaque jour et devient fébrile dans un rayon d'électroménager. D'ailleurs je conseille à mes lectrices ne sachant quelle centrale vapeur acheter de demander conseil à Lapinou !

Et des exemples comme ceux-ci j'en aurais des tonnes et des tonnes à vous en fournir. Je pourrais vous parler de Bruno, motard possesseur de Ducati, dont le regard s'illumine dès que vous lui parlez d'Apple et qui pourrait vous égorger si vous osiez lui dire qu'un PC est aussi bien. Ou encore d'un jeune bellâtre aux succès féminins constants qui voue une passion absolue pour les samplers et les drum machines et pourra vous expliquer pourquoi la Roland SP55 et Boss DR-670 n'est pas convenable. Mon confrère H16 qui pond trois articles par jour est aussi un geek, cela se sent. La geekitude est partout !

Et moi-même qui vous écrit, oui moi, celui dont la plaque professionnelle est couverte de mots  doux et torrides écrits au rouge à lèvres, je confesse aussi n'être qu'un geek de la pire espèce. Et comme je suis sujet aux lubies, je suis un geek multiple, le genre de type capables de vous parler sérieusement des micro-voitures, des ruches ou encore de la guitare basse. Le genre de mec qui peut vous expliquer pourquoi une Minicomtesse est plus recherchée qu'une Arola mais pourquoi la RJ49 a marqué un tournant dans la production des micro-voitures. Le genre de type capable de soutenir une conversation sur les mérites comparés de la Warré face à la Dadant ou la Voirnot. Le type assez monstrueux pour avoir reproché à un bassiste professionnel de ne pas savoir faire la différence entre une Rickenbacker 4003 et une Alembic. Je suis un geek, je le confesse.

Alors en quoi être un geek serait un handicap social et surtout une infirmité empêchant de trouver l'amour ? Mais en rien ! En rien du tout, la geekitude est un état assez commun aux hommes et ce n'est pas une infirmité mais sans doute le produit de l'évolution de notre espèce qui veut que l'homme aime  démonter, approfondir et comprendre. 

Toutefois, en tant que spécificité à priori masculine, puisque rappelons-le, la femme est rarement une geek, la geekitude ne doit jamais dépasser le cercle strictement circonscrit des l'amitié masculine et ne jamais vouloir être partagée avec les femmes ! Ainsi, si je reprends l'exemple du Gringeot, l'étalon putéolien* aux dix-mille conquêtes, vous ne l'entendrez jamais saouler une femme en lui parlant de Harley-Davidson. Sa passion pour les motos américains reste aussi secrète que la pratique de la masturbation et il a compris qu'en matière de geekitude, la pudeur était une vertu !

Ainsi, fin de soulager les ingénieurs à lunettes passionnés d'herbiers ou d'informatique, posons les trois axiomes suivants : 

"L'homme est un geek par nature".
"N'ayez jamais honte de votre geekitude mais voyez-y l'aboutissement du processus merveilleux de l'évolution ayant contribué à nous créer nous les hommes".
"Gardez vos passions secrètes et ne les partagez qu'avec ceux capables de vous comprendre et n'ennuyez jamais les femmes avec car elles sont incapables de nous comprendre".

J'espère que cet article aura pu décomplexer nos amis ingénieurs à lunettes et leur permettre de choper autant de gonzesses que le Gringeot, l'étalon putéolien à la verge d'acier et aux dix-mille conquêtes. 

 NB :
Je rappelle aux ignares qu'un putéolien n'est pas un homme allant aux putes mais simplement un natif ou un habitant de Puteaux dans les Hauts-de-Seine. De la même manière que lorsque je surnomme Laurence "la faouine", il ne s'agit pas d'une contraction de "fouine" mais simplement du fait qu'elle ait vécu à Foug, une drôle de ville dans l'est de la France, loin là-bas où personne ne va mais où des gens vivent quand même comme le bœuf musqué vit lui dans le froid glacial.

13 février, 2011

Il ya des femmes et des hommes !

Mars et Vénus par Véronèse

Jeudi dernier, j'ai encore reçu deux patients venus de ce blog. Je dis bien "patients" et non "patientes" parce que les statistiques sont imparables : hormis une jeune femme, ce ne sont que des hommes ont qui ont pris contact avec moi via le blog. En revanche, lorsque les patients viennent de la part de médecins, ce sont aux trois quarts des femmes.

Comme je suis quelqu'un de sagace et de réfléchi et que j'aime comprendre les choses, je me suis aussitôt demandé : "mais pourquoi ?". Et évidemment, comme je suis aussi brillant que je suis sagace et réfléchi, j'ai trouvé la réponse. Je suppose que tout tient dans l'aménagement des émotions qui est très différent entre les hommes et les femmes. Je sais qu'aujourd'hui, soutenir qu'il existerait des différences entre les femelles et les mâles de l'espèce est mal vu mais je m'en fous. Je suis un chercheur qui se moque du politiquement correct. En plus d'être sagace, réfléchi et brillant je suis aussi une sorte d'outlaw.

On peut imaginer que confrontés à une souffrance psychologique, les hommes et les femmes vont l'aborder différemment. Tandis que les femmes en parleront plus facilement, les hommes se tairont tentant coûte que coûte de trouver par eux-mêmes une solution. C'est ainsi qu'une femme en parlera sans doute plus facilement à son médecin, lequel après avoir diagnostiqué le problème jugera utile ou non de l'envoyer chez un psy, voire chez le meilleur psy de l'univers : moi. En revanche, même face à l'évidence, l'homme préférera répondre à son médecin qu'il a un petit coup de mou passager plutôt que d'avouer qu'il est totalement dépressif et passe ses nuits à pleurer et ses jours à retenir ses larmes.

La femme plus à l'aise avec ses émotions en parlera donc facilement tandis que l'homme à qui la société mais aussi sa biologie, demande d'être un couillu brandissant sa virilité à bout de bras quel que soient les problèmes, préférera gérer les choses par lui-même jusqu'au bout. Et puis, la compétition sexuelle entre  les mâles étant si forte, on n'imagine pas des hommes parler entre eux de leurs petits problèmes à moins d'une intimité amicale très forte de laquelle toute compétition serait exclue.

C'est ainsi que les hommes que je reçois en consultation vont généralement plus mal que les femmes. Après avoir tenté de régler eux-mêmes les problèmes, quitte à en passer par la drogue, l'alcool ou la toxicomanie, ils échouent enfin chez moi à bout.

J'imagine donc que ces messieurs avides de régler leurs problèmes tout seuls, regardent sur le net, posent des questions sur Google du genre "je suis un vrai mâle et je pleure comme une fille" puis se ruent sur les sites proposés par le moteur de recherche. Alors parfois, en fonction des requêtes qu'ils ont adressées, ils peuvent tomber sur mon blog et me lire. Peut-être qu'un de mes articles les aidera mais je crois plus que fréquenter mon blog leur permettra plutôt de dédramatiser et de constater qu'un psy n'est pas forcément quelqu'un qui va vous expliquer "qu'en fait votre problème serait du à une homosexualité latente". Alors, après avoir trouvé mon adresse, ce qui n'est pas bien dur, ils passent me voir avec l'apaisement que donne le fait de presque me connaître via ma prose.

Le ton de mon blog est aussi plus enclin à recruter des hommes dans ma patientèle. Parce que je m'y montre beaucoup plus libre que je ne peux me le permettre au cours de mes séances, j'emploie un vocabulaire verte et j'y ai des prises de positions plus franches. Sans doute que cela crée un effet miroir qu'apprécie les hommes mais qu'aimera moins mon lectorat féminin qui pourra me juger sans doute compétent mais bien trop bourrin pour leur venir en aide. 

C'est ainsi que la seule femme venue via ce blog a été étonnée par ma personnalité. Tandis qu'elle m'imaginait physiquement comme un brun velu et super viril tel qu'on les voit dans les publicités pour produits de rasage (c'est elle qui me l'a dit) elle a été étonnée de voir que j'étais quelqu'un de toute à fait charmant et de très sensible et non une sorte de brutasse.

En bref, il y a des hommes et des femmes, des mâles et des femelles dans chaque espèce, et statistiquement ils n'ont pas la même manière d'aménager leurs émotions.

Et ça psychologise à tout va !


Une de mes chères patientes, sans doute lassée par les hommes s'est mise avec une femme. Je ne la crois pas lesbienne, pas plus qu'elle ne l'imagine elle-même. Je crois que sa dernière relation l'a usée et l'a dégoûtée des hommes pour quelques temps. Il faut dire que son ex était un narcissique peu commun, effectivement du genre à rendre homosexuelle ou bien à faire rentrer dans les ordres, l'hétérosexuelle la plus accomplie. Ma patiente après avoir pas mal déprimé a juste eu envie d'affection sans s'engager pour autant.

D'ailleurs elle m'a annoncé sont union avec une femme comme elle m'aurait dit qu'elle changeait d'emploi, avec une certaine neutralité. Elle se sentait seule, elle a répondu aux avances d'une femme et ce n'est pas plus grave que cela. Parfois, elle a conscience que sa petite amie exige d'elle plus qu'elle ne peut lui donner, parce qu'elle n'a pas dans l'idée de se pacser ou pire de l'épouser dans un pays où le mariage homosexuel serait autorisé.

Alors bien sur, comme ce couple est fondé sur un malentendu, les orages se succèdent. Tandis que ma patiente ne cherchait que de l'affection durant un moment passager, sa compagne voudrait une union sérieuse, une vraie vie de couple. Ainsi, ma patiente culpabilise à l'idée de ne pas offrir ce que l'on attend d'elle alors que son amie angoisse à l'idée de voir la belle un jour s'envoler.

Leur union fonctionne tant bien que mal et sans doute plutôt mal que bien. Ma patiente n'étant pas du genre à créer des esclandres, elle préfèrera ne rien dire en intériorisant. En revanche son amie étant du genre bourrée de testostérone et offensive, elle n'hésite pas à communiquer ses émotions en déchargeant son angoisse au cours de longues scènes terribles.

Le plus amusant, c'est que l'une et l'autre savent très bien ce qui se passe mais qu'aucune ne souhaite crever l'abcès. Alors ma patiente continue à culpabiliser et son amie à angoisser. L'idée serait soit de se séparer parce que cela ne mènera à rien ou bien, si elles s'en sentent capables, de vivre ce qu'elles ont à vivre en profitant du moment présent avant l'issue fatale inéluctable : la séparation.

Mais non, elles préfèrent les crises au cours desquelles ma patientent se renferme et ne dit rien tandis que son amie finit dans les larmes et les récriminations. C'est ainsi, on sait que même les gens intelligents ne sont pas toujours rationnels. Le plus amusant ce sont les explications qu'elles donnent à ces crises.

Ma patiente m'explique ainsi que si son amie verse ainsi dans l'émotionnel, ce serait du à je ne sais  plus quelles épreuves qu'elle a du traverser dans sa vie, comme des deuils ou une mère difficile. Ma patiente me dit aussi que son amie lui explique que si elle se renferme ainsi lors de ces crises, c'est parce qu'elle aurait connu elle-aussi je ne sais quels traumatismes durant son enfance. 

Bref d'un côté comme de l'autre, ça s'engueule et cela ne cesse de psychologiser en tentant de trouver une origine psychologique à la manière dont l'une et l'autre gère les scènes de ménage. C'est plutôt amusant parce que comme bon nombre de mes patients, je vois que les gens psychologisent beaucoup plus que je ne le fais moi-même. A croire qu'une explication alambiquée vaudrait mieux que l'efficacité de la simplicité.

Pourtant à l'origine des crises, il n'y a qu'une chose : un contrat vicié dans lequel ma patiente souhaiterait n'être que locataire d'une relation tandis que son amie aimerait plutôt qu'elle achète une concession à perpétuité. Rien d'autre !

Et bien entendu cela ne peut que générer un conflit perpétuel que l'une et l'autre gère non pas en fonction de prétendus traumatismes psychologiques mais simplement en fonction de leur caractère respectif. Tandis que la patiente est une grande analysante, son amie est une promouvante terrible. C'est ainsi qu'en cas de crise, ma patiente fuira le conflit avec logique, se renfermant sur elle-même comme un escargot dans sa coquille, tandis que son amie combattra avec émotions.

Le caractère d'une personne résume la manière dont cette personne réagit habituellement dans une situation donnée. On dit alors qu'elle possède tel ou tel trait de caractère. On utilise aujourd'hui plutôt le concept de personnalité. La personnalité est l'ensemble des comportements qui constituent l'individualité d'une personne. Elle rend compte de ce qui qualifie l'individu : permanence et continuité des modes d'action et de réaction, originalité et spécificité de sa manière d'être. C'est le noyau relativement stable de l'individu, sorte de synthèse complexe et évolutive des données innées (gènes) et des éléments disponibles dans le milieu social et l'environnement en général.

Ainsi, dans l'histoire de ma patiente, ce qu'il faudrait traiter c'est le conflit et non la manière dont le gère. Selon nos personnalités, on aime ou non combattre, et on combat ou se replie de manière émotionnelle ou logique. Ce n'est pas pathologique, c'est la nature, c'est ce qui fait que, s'agissant de chiens, de chats, ou d'être humains, nous n'avons pas tous le même caractère.

Mais les conneries freudiennes qui voudraient nous faire croire qu'il existerait un être humaine unique, nous donne aujourd'hui à penser que l'origine de notre comportement est forcément pathologique. Non, les gènes jouent aussi un grand rôle. Il y aura toujours des gens pour devenir militaires ou expert-comptable et cela n'a rien de pathologique.

07 février, 2011

Décompensation individuelle et collective ! (suite et fin)


On est toujours tenté de voir ce qui se passe mal chez nos voisins en nous estimant heureux de vivre en France. Il y a des gens qui croient en la justice de leur pays, il y aura donc toujours des gens naïfs. 

Voici quelques années j'ai reçu un jeune ingénieur diplômé de l'X, à priori pas le genre de petit gars qui aurait pu avoir des problèmes. Pourtant, à peine recruté dans une importante multinationale, il savait que certains postes et certaines directions lui seraient fermées. Non qu'il ait manqué d'intelligence, car il était très brillante en plus d'être sympathique, mais simplement qu'il n'avait pas fait la bonne école d'application après l'X. 

Plus proche dans le temps, j'ai reçu voici un an environ un ingénieur âgé de trente-cinq ans travaillant dans une grande entreprise française à l'époque fortement médiatisée pour ses suicides. Diplômé de Télécom, il en avait plus qu'assez de la division dans laquelle il se trouvait et aurait bien voulu changer. D'autres postes étaient à pourvoir et naïvement je lui avais demandé pourquoi il ne tentait pas d'obtenir une promotion. Il m'avait alors explique qu'il pouvait encore espérer un grade supérieur mais rien de plus. Et comme je l'estimais tout à fait capable, il m'avait expliqué que ce n'était pas une question de capacités mais de diplômes. Qu'au-delà d'un certain niveau, les postes étaient réservés aux X. Il m'avait ainsi dit qu'il y avait dans son entreprise une sorte de plafond de verre que tout le monde connaissait. 

Dans ces deux cas, les individus souffraient d'une sorte de "désespoir appris", tel que Seligman le décrit dans son expérience, ayant admis que quoiqu'ils fassent, ils ne pourraient jamais peser sur leur environnement. Pour Seligman, la dépression résulterait de la perte par le sujet de la possibilité de faire une liaison entre l'action et les conséquences positives de celle-ci.

Dans ces deux cas, l'issue a été trouvée en redistribuant les cartes. Comme il était impossible d'avoir une "meilleure main" en restant assis à cette même table, chacun des deux a agi à sa manière sans chercher à être un autre ni surtout un héros.
Tandis que le plus jeune, à qui je disais toujours de "briser ses chaînes" se  distinguait autant par une grande sensibilité qu'un caractère marqué, a préféré être licencie après avoir mis soin poing dans la figure de son supérieur, le second plus âgé et plus timoré a préféré renoncer à la révolte violente. Adoptant une voie plus médiane, il a entrepris de renouer avec sa passion de toujours, la musique, et se contente aujourd'hui de pantoufler dans son entreprise en percevant un salaire et des avantages sociaux intéressants. Le premier a donc violemment quitté la table de jeux en envoyant tout balader tandis que le second se contente de dire "je passe" en posant ses cartes sur la table en pensant à d'autres choses.

Bien entendu les deux entreprises dont je parle sont toutes deux issues des amours contre nature entre l'état et le privé.Il va sans dite que toute entreprise saine ne saurait faire coïncider le grade et le diplôme.

Décompensation individuelle et collective !

 
La "révolution de jasmin" a eu lieu, et on a pu lire que personne n'avait rien pu prévoir et que notre diplomatie se serait montrée au dessous de tout. Evidemment personne ne peut croire que cela soit vrai. On peut simplement imaginer que notre gouvernement, toujours au dessous de tout, s'est imaginé que Ben Ali tiendrait en place indéfiniment et qu'il saurait mater la révolte.

Parce que les conditions de vie en Tunisie étaient bien connues de tous. Et même si face à la crainte qu'inspirait la police politique de Ben Ali, les gens se livraient peu, on trouvait toujours quelqu'un pour vous expliquer comment cela se passait effectivement dans ce pays. L'un d'eux, en m'expliquant sa vie, m'avait même donné une belle explication de ce que pouvait être le malheur le plus épais et de comment les révolutions naissent.

C'était il y a neuf ans, en avril deux-mille-deux. Tandis que l'on venait d'annoncer que Jean-Marie Le Pen serait au second tour, des amis et moi nous étions envolés en Tunisie pour une semaine au bord de la plage à ne rien faire.

Mon épouse aimant ramener ces plats colorés que l'on trouve partout, je me retrouvais donc à marchander avec des boutiquiers. L'un d'eux, un jeune âgé d'une petite vingtaine d'années, s'était montré très sympathique aussi l'avais je invité à prendre un verre à une terrasse voisine. 

Il m'avait un peu expliqué ce qu'était sa vie. Diplômé d'un diplôme équivalent à ce qui serait chez nous un DUT de Génie civil, il m'avait expliqué qu'il n'y avait pas de travail dans cette branche, raison pour laquelle il vendait des poteries dans une modeste boutique. 

Je lui avais alors demandé si, quitte à ne jamais travailler dans un emploi pour lequel il avait été formé, il lui serait possible au moins de devenir propriétaire d'une modeste échoppe comme celle de son patron. 

Il m'avait alors très simplement expliqué les grandes lignes de son budget mensuel. C'était fort simple à comprendre puisque lorsque l'on soustrayait son loyer et sa nourriture à son salaire mensuel, il lui restait à peine de quoi subsister, c'est à dire à peine de quoi acheter quelques vêtements et autres babioles nécessaires. Comme il me l'avait sagement expliqué : il n'avait aucune capacité d'épargne. 

Ensuite, il m'avait dit que même en se "débrouillant" de toute manière même avec l'argent nécessaire, il ne lui serait pas possible d'acheter une des modestes échoppes que l'on voyait. Et quand je lui avais demandé pourquoi, il m'avait simplement dit que les ventes en Tunisie n'étaient pas conclues de gré à gré comme chez nous, à n'importe qui, pourvu qu'il ait l'argent nécessaire. Sans vouloir trop parler, il m'avait simplement fait comprendre qu'il était nécessaire d'être dans une sorte de "circuit", de connaitre du monde, sinon on naissait et on mourait pauvre.

Je lui avais alors demandé ce qu'il espérait de la vie et très simplement, il m'avait dit qu'il n'en attendait rien, si ce n'est vivre un jour après l'autre. Et que son seul espoir  pour changer de vie résidait dans l'émigration ou le mariage avec une européenne. Sa situation était celle qu'on peu ou prou du connaitre les siciliens au début du siècle dernier, ce qui les a poussés à s'embarquer par milliers pour l'Amérique.
En bref,ce n'était pas la misère, juste la pauvreté avec une économie mise en coupe réglée par un système mafieux. Compte-tenu de ces données, il ne fallait pas être grand clerc, pour savoir qu'un rien aurait mis le feu aux poudres. Quand un navire prend la mer en surcharge, la moindre vague le fait chavirer.

La seule hausse des matières premières en rendant les gens incapables de se nourrir suffisait à renverser le régime. De toute manière, il n'y à qu'à regarder la marche du monde pour noter que les grands bouleversements ont toujours été la suite de famines plus ou moins prononcées. L'histoire de ce jeune type qui s'est immolé par le feu, initiant par son sacrifice les les événements que l'on connait ,m'avait remis cette conversation en tête. Quand on n'a plus rien à perdre, alors on se met à bouger.

On peut donc supposer qu'il existe une différence notable entre ce que l'on nomme un despote éclaire et un despote tout court. Il y a fort à penser que si l'on peut admettre que le premier a une vision claire de ce qu'il veut pour son peuple, le second ne soit là que pour le pressurer encore et encore.Il y aurait donc des fous inspirés et des fous simplement pervers.

Aujourd'hui encore, même si ma formation initiale m'a enseigné l'économie,  j'ai changé de voie et je suis devenue très attentif à des marqueurs non financiers. Même si le PIB reste important, je suis toujours stupéfait que l'on passe à côté de renseignements aussi cruciaux que la consommation d'anxiolytique ou d'antidépresseurs.

On peut se faire à tout mais le véritable malheur ne dépend pas de ce que l'on vit mais de l'incapacité subjective que l'on a que rien ne pourra jamais changer. Alors, on se fait au malheur jusqu'au jour où l'on décompense sous l'influence de n'importe quel événement.

C'est ce que montrait Chute libre, un fil de Joël Schumacher avec Michael Douglas, dans lequel un cadre licencié et divorcé décompense brutalement à l'occasion d'un simple embouteillage. Que ce soit seul, via la décompensation, ou en groupe via la révolution, on peut aussi analyser ces troubles non pas comme le signe clinique d'une aggravation, mais comme la tentative désespérée d'individus tentant par tous les moyens mis à leurs dispositions de retrouver un équilibre, de redistribuer les cartes.

En bref, les romains disaient que pour mener un peuple il fallait du pain et des jeux, on peut aussi affirmer qu'il faut aussi redistribuer les cartes de temps en temps. N'avoir que de mauvaises mains et ne jamais pouvoir s'en remettre au destin en sachant que de toute manière on n'aura toujours que de mauvaises cartes donne effectivement envie de donner des coups de lattes dans la table de poker.

04 février, 2011

Aménagement de la peine !

Cellule de la prison de sing-sing !

Une de mes chères patientes fêtera ses cinquante-six ans cette semaine. Lorsque l'on fait le tour de sa vie, on observe un grand désert jonché de ruines éparses. Mari absent et démissionnaire, enfants charmants mais totalement dépendants affectivement, profession prestigieuse mais exercée dans des conditions défavorables auxquels s'ajoutent des problèmes de santé récurrent forment un tableau clinique assez sinistre.

Après huit ans d'une analyse infrucutueuse, on lui a donné mes coordonnées. Je suis donc chargé de réparer les dégâts au moment où il n'y a plus grand chose à faire. Le feu a pris un peu partout, le brasier gronde, la chaleur est insupportable mais je suis là comme un crétin avec mon seau d'eau pour tout éteindre.

Et puis, quand les problèmes sont tellement installés, il est bien dur d'espérer améliorer les choses de manières tangibles. Divorcer ? A cet âge là, pour finir seule dans un deux-pièces à se morfondre avec des enfants qui lui en voudront à vie ? A quoi bon ! Ce n'est pas à cet âge que l'on change de vie. Et on a beau soutenir que "demain est le premier jour du reste de votre vie", parfois ce "demain" n'arrive jamais. On continue à vivre en espérant surtout que le "reste de sa vie" ne soit pas pire que ce que l'on a connu.

Bref, bien que je revendique le titre de meilleur psy du monde, parfois je suis dépassé par les événements parce que n'ayant pas de baguette magique, je ne peux pas changer le passé. Et que dans bien des cas, les problèmes actuels résultent de mauvais choix antérieurs que l'on n'a pas vus ou pire, que l'on a vus mais que l'on n'a pas voulu modifier. En bref, chaque fois que l'on constate un problème et que l'on se dit que "cela finira par s'arranger", on vit à crédit avec la vie. Le danger est qu'en contractant un crédit dont on ne connait ni le montant, ni le taux, ni la durée, on prend de sacrés risques. Parfois les choses s'arrangent et on aura peu à rembourser, parfois au contraire on se retrouve surendetté jusqu'à la fin de ses jours.

En bref, comme chaque fois que j'ai proposé des mesures à prendre et que ma patiente m'a intelligemment objecté que c'était impossible pour elle de prendre ces décisions, j'ai revu le problème. et étant très ferme parce que je suis payé pour remplir une obligation de moyens et non pour assister à un naufrage sans rien faire.

J'ai simplement mis cartes sur table en lui disant qu'aujourd'hui, elle avait e choix entre ne rien changer et finir malheureuse, mourir pour échapper à tout cela ou tenter tout de même d'apporter quelques modifications afin d'améliorer l'ordinaire de sa vie.

Utilisant un vocabulaire qu'elle comprendrait fort bien, je lui ai dit qu'effectivement elle "en avait pris pour perpète" sans possibilité de remise de peine comme on dit dans les feuilletons policiers américains. Toutefois, aussi sombre que cela paraisse, l'expérience carcérale pouvait être améliorée et on n'était pas obligée de croupir en QHS. Je lui ai dont simplement proposé que l'on réfléchisse à un aménagement de sa peine. Une cellule individuelle, plus de "douches", l'accès plus fréquent à la bibliothèque, des pomenades un peu plus longues, autant de micro-changements qui peuvent humaniser des conditions carcérales. 

L'image l'a amusée et elle a acceptée. Dans la mesure où changer trop radicalement lui semble impossible, elle a songé que prendre de petites mesures pour rendre sa peine plus humaine était déjà une excellente chose. Cette idée a suffi à lui rendre le sourire et nous avons même pu mettre quelque chose en place avant notre prochain rendez-vous.
Voilà comment parfois, je joue sans le vouloir au directeur de prison !

Femmes à moto, merde dans le boulot !


Voici quelques années, Moto-journal, du temps où le canard était encore lisible avant de devenir une officine dépendante de la sécurité routière, avait procédé à un test original. Ils avaient mis en scène une panne de moto et chronométré le temps que mettrait un autre motard à s'arrêter, selon qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme.

La plupart avaient imaginé que pour une femme, les motards s'arrêteraient encore plus vite que pour un homme et c'était faux. Car si le motard est un galant homme, c'est aussi un putain de macho qui considère qu'une femme à moto ça pose son cul à l'arrière de la selle mais certainement pas au guidon. Ainsi, le test avait constaté que si bon nombre de motards s'arrêtaient très vite pour aider leur copain en galère, ils étaient bien peu nombreux à s'arrêter pour la femme et toujours dans un laps de temps supérieur. 

Et pire encore, l'étude avait démontré que bon nombre de motards étaient passés devant la donzelle en rade en se foutant ouvertement de sa gueule avec force gestes lui indiquant que puisqu'elle voulait jouer dans la cour des hommes, il aurait fallu aussi prendre des cours de mécanique. Parce que c'est pas tout de jouer les blaireautes au guidon, être motard c'est connaitre sa machine sur le bout des doigt et savoir la dépanner même si dans les faits bien peu d'hommes sauraient dépanner leur propre machine. Cette étude montrait simplement que la moto est avant tout un milieu d'homme dans lequel les femmes n'ont rien à faire en dehors de la place qui leur est réservée à l'arrière de la selle. 

Hier, parcourant l'actualité sur Yahoo, je constate qu'une récente étude a prouvé qu'une femme mettant sur son cv qu'elle avait le permis moto (permis A) avait quatre fois moins de chance de trouver un emploi qu'une femme ne l'ayant pas.

« Les femmes détentrices d’un permis A sont pénalisées » souligne Pascale Petit, l'une des femmes ayant réalisé ce testing. « Elles renvoient aux recruteurs certains signaux laissant entrevoir un caractère bien trempé, plutôt masculin, original, indépendant… qui ne colle pas forcément avec la profession de contrôleurs de gestion où les femmes salariées sont majoritaires ». On savait déjà que l’âge était un facteur discriminant, comme le sexe, le patronyme, le handicap, le physique. Manquait plus que le moyen de locomotion…

Pour ma part, je ne suis pas sur des analyses de Pascale Petit qui me semblent très simplistes dans le sens où elles ordonnent le monde de manière binaire en deux catégories : des victimes (forcément les femmes et des bourreaux (évidemment les hommes). Finalement rien de bien nouveau sous le soleil quand on a à faire à des chercheurs subventionnés, en quelque sorte des personnes qui ne trouvent que ce qu'elles cherchent quitte à distordre la réalité pour la faire coïncider avec leur vision du monde. 

L'analyse que nous livre cette "chercheuse" est d'aileurs d'un sexisme effarant puisqu'elle fait elle-même coïncider la détention du permis moto avec des qualités viriles : caractère bien trempé, plutôt masculin, originale et indépendant. Il semble donc que le motard soit sensé correspondre à cette grossière caricature. Je connais pourtant des tas de motards qui sont doux, gentils et sensibles et qui font de la moto parce qu'ils aiment cela et non par souci d'indépendance.

Ce type de projection manifeste est donc peut-être à l'origine de cette discrimination anti-motarde à l'emploi. Parce que tant que bien des femmes penseront qu'avoir une moto, c'est affirmer "un caractère masculin, bien trempé, original et indépendant", il est évident qu'elles passeront auprès des hommes pour des chieuses patentées mais surtout pas pour des femmes de tête sachant intégrer leur pôle masculin de manière harmonieuse.

Finalement, ce que Pascale Petit n'a pas compris en se focalisant sur la moto, c'est qu'entre  le club Ducati et le forum des afficionados d'Apple, il n'y a pas tant de différences que cela. L'homme est souvent un geek non pour se faire valoir mais parce qu'il a une passion. Parce qu'être motard, c'est avant tout être un geek comme un autre, sauf qu'au lieu des culs de bouteille du passionné de jeu d'échec il porte un caste. Et que pour être un vrai geek, il faut avoir fantasmé des heures durant devant les catalogues ou chez les concessionnaires, savoir distinguer quel modèle de GSXR était le meilleur, ou encore savoir que Ceriani n'est pas un compositeur baroque italien mais un fabriquant de fourche ou encore que Brembo n'est pas la copie de série Z de Rambo mais un fabricant de freins. 

Être motard, ça commence bien avant d'avoir son permis, quand petit on mate les bécanes et qu'on lit les magazines, c'est un état d'esprit, sans doute le même que celui du gamin devenu fou d'échecs ou d'aquariophilie. C'est simplement choisir un modèle d'identification en congruence avec son caractère. Après que l'on adore Giacomo Agostini ou Kasparov, c'est juste une question d'idiosyncrasie et peut-etre aussi de milieu social.

Le jour où l'on nous démontrera qu'une femme motarde a cette même approche - et il y en a évidemment - et non qu'elle tente simplement de lutter contre l'homme fantasmé en tentant de s'affirmer maladroitement en pompant ses comportements les plus flagrants sans pour autant connaitre sa singularité, le permis A sur un cv passera comme une lettre à la poste.

A force de caricaturer les hommes, d'en faire des bêtes sanguinaires, puis de les singer dans ce qu'il y a de plus laid au besoin en s'achetant une grosse moto, la femme ne démontre pas des qualités viriles mais bien au contraire un gros complexe qu'elle tente de compenser. Et croyez-moi, dans le registre des chieurs, rien de pire que les complexés chez qui l'on retrouve souvent des traits que l'on présente habituellement sous le doux nom de "délire des gouvernantes anglaises" ou encore "personnalité sensitive de Kretshmer", une forme mineure de paranoïa.

Alors sans doute que moi aussi, qui aime autant les femmes que la moto, si je voyais un CV féminin avec la mention d'un permis A, ne serais-je pas tenté de me dire "oh chouette une nana avec qui je vais discuter bécane" mais plus prosaïquement "tiens encore une grosse chieuse qui va me reprocher d'être née sans testicules", et l'éloignerais-je de la pile. Un employeur a souvent des soucis bien prosaïques de rentabilité avant de pratiquer une discrimination anti-motardes. 

D'ailleurs les motardes réunies dans le collectif Toutes en moto n'ont pas tardé à réagir à cette étude. en communiquant : « Il est aujourd'hui totalement désuet, obsolète et profondément restrictif d'assimiler encore les motardes à des suffragettes hystériques en quête de reconnaissance et d'égalité" ont-elles fait savoir à travers un communiqué. Elles ont du caractère ? Elles s'éloignent des idées reçues ? La moto est un signe d'indépendance ? Oui,oui et encore oui ! Et c'est tant mieux. » Et pour prouver leurs dires, l'association invite toutes les femmes motorisées à défiler « pour démontrer que l'on peut être femme, indépendante, épanouie et heureuse de l'être, tout en pratiquant la moto ».

En même temps qu'elles ne veulent pas être assimilées à des suffragettes hystériques, elles revendiquent des valeurs qui n'ont pas de lien direct avec la moto. On fait de la moto parce que l'on aime ça et non parce que l'on aurait du caractère ou que c'est un signe d'indépendance. Être dans cette démarche, c'est un peu comme s'acheter une Electra-Glide parce que le magazine Capital vous a expliqué que le club Harley-Davidson permettait de nouer de fructueux contacts tout en vous donnant une image d'outlaw comme Brando dans L'équipée sauvage : c'est une démarche de fake, de pauvre mec vidé de substance.



D'ailleurs je signale à l''association Toutesenmoto que l'on dit "à moto" et non pas "en moto" parce qu'on n'est pas "dans une moto" comme on serait "dans une voiture".