25 novembre, 2013

Où je joue mon Dr House !


Vendredi, c'est mon jour de congé, mon jour off, comme on dit maintenant, celui où je ne fais rien du tout. C'est à dire que je me lève tard, qu'ensuite je vais déjeuner dans ma brasserie habituelle avec les mêmes gens, avant d'en revenir après avoir bien mangé et bien bu pour m'affaler sur mon canapé afin d'entamer une sieste. Bon, parfois j'en profite pour faire de menues emplettes ou pour aller déposer mes chèques à la banque, voire faire d'autres menues besognes. Par exemple, je dois aller faire le parallélisme de ma Jaguar, même qu'on m'a dit de ne confier l'opération qu'à Fernand, parce que c'est le roi de la géométrie et qu'il vous règle ça pile-poil. Mais c'est rare queje fasse quelque chose de vraiment constructif, parce que le vendredi j'aime ne rien faire du tout !

Justement c'est vendredi que j'ai reçu le jeune S. Il m'avait appelé mardi mais comme j'étais complet, je lui ai dit de me rappeler vendredi afin de prendre un rendez-vous. Parce que le vendredi matin, je peaufine aussi mon emploi du temps et je rappelle tous ceux que je n'ai pas eu le temps d'appeler avant.

Alors manifestement, ça semblait urgent parce qu'au téléphone, le jeune S n'en menait pas large, il angoissait terriblement. Comme je n'aime pas voir souffrir les gens et qu'il m'était adressé par un bon pote médecin, je lui ai dit de passer vendredi en fin de journée. Ça me permettait de bien manger, de picoler comme je voulais tout en faisant ma sieste, de manière à être frais et dispos en fin de journée.

Alors le jeune S s'est pointé, a sonné et je lui ai ouvert. Le type avait mon format mais en plus grand et j'ai trouvé ça bien parce que parfois ça fait du bien de recevoir des mecs qui ne sont pas des hipsters avec des slims en taille 34. Il m'a serré la main et je l'ai précédé dans mon cabinet, chez moi, dans ma maison, où j'avais fait un peu de rangement cinq minutes avant pour qu'il n'ait pas l'impression de débarquer chez un mec atteint du syndrome de Diogène.

Il s'est assis, a refusé le thé ou le café que je lui proposais mais moi je m'en suis fait un (de café, vu que j'ai une Nespresso dans mon bureau). Et nous avons commencé à papoter. Comme il était anxieux et qu'il me décrivait les symptômes, j'ai écouté la litanie que je connais par cœur. Et quand il a fini, je lui ai demandé ce qu'il avait comme problème dans sa vie. Alors il a commencé à me parler du divorce de ses parents, dix ans avant. J'ai recentré le débat sur le ici et maintenant parce que l'anxiété, comme je lui ai expliqué, c'est toujours actuel. Ça puise parfois ses racines dans le passé mais ça concerne toujours des trucs actuels. Alors le divorce de ses parents même si je trouvais ça triste, je m'en tapais un peu.

Lui, il m'a dit que ma consœur du CMPP était passionnée depuis trois semaines par ce divorce et même qu'elle l'écoutait sans rien dire en ponctuant juste leur conversation de "hmmm" et de "poursuivez". Je lui ai alors expliqué qu'il se pouvait qu'elle soit de formation psychanalytique vu qu'en France, il en reste plein mais que moi, ce n'était pas mon truc. Il fait "ah ok" et j'ai compris que de toute manière la psychanalyse n'était pas son truc, qu'il savait à peine ce que c'était et que pour lui, un(e) psy c'était juste une personne qui pouvait l'aider à aller mieux.

Alors une fois qu'il ait cessé de me parler du divorce de ses parents dont je me tapais dans le cadre de la crise d'angoisse qu'il avait faite trois semaines avant et qu'il angoissait de revivre, on a pu parler de son présent. Manifestement, ses études se passaient bien, il avait une copine adorable et un avenir rose s'ouvrait à lui, vu qu'il étudiait l'informatique et que c'est une formation qui recrute plus que euh, journaliste par exemple !

Bon comme tout allait bien, je me suis demandé quel stresseur avait pu le mettre dans cet état alors on a parlé des produits classiques comme l'alcool et la came. Ben non, le jeune S était sage comme une image. Il m'a avoué ne pas avoir pris une mine depuis des années et même boire raisonnablement et ne pas avoir fumé un bédo depuis au moins cinq ans parce qu'il trouvait que cela lui faisait du mal. Bon, moi je lui ai reposé la question en lui expliquant que je n'étais ni de la police et encore moins le père-la-morale et qu'il fallait tout me dire. Mais bon, il n'a pas démordu et m'a dit avoir une vie plutôt saine et ne toucher à rien que ce soit du cannabis, de la coke, de l'héro, de la met' et j'en passe ! 

J'ai poursuivi en lui demandant s'il n'avait pas une allergie connue à quelque chose qu'il aurait pu manger par mégarde mais il n'avait aucun terrain allergique, que ce soit aux arachides ou aux chats ou à n'importe quoi. Mais bon, comme l'anxiété est toujours un phénomène actuel soit d'origine psychologique, soit physiologique, je me suis dit qu'il avait un truc. Comme il venait de la part d'un pote médecin sympa, je me doutait que le mec aurait vérifié les trucs classiques.

Alors je lui ai demandé ce qui s'était passé voici trois semaines. Et là, il m'a dit qu'il était allé voir un autre médecin parce qu'il avait une rhinopharyngite. Bon, déjà j'ai dressé le profil sommaire du garçon immédiatement, parce que le mec qui emploie le terme "rhinopharyngite" plutôt que "rhume" et qui court chez un médecin pour si peu de choses, est sans doute déjà une petite flipette à tendance hypocondriaque.

J'imagine qu'il a surjoué ses symptômes du genre : oh docteur, aidez moi, je vais mourir, mon petit nez coule tout le temps et mes sinus sont pris, je vais mouriiiiiiir ! Et effectivement c'est ce qu'il a dit à son médecin, une femme qui ne le connaissait pas, et qui a décidé de lui donner du Solupred, un truc à base de cortisone de synthèse, que l'on file parfois pour décongestionner les sinus (entre autres).

Et le problème c'est que parfois, la cortisone a pour effet indésirables (parmi un paquet d'effets indésirables) l'augmentation du rythme cardiaque. Alors mon pépère, déjà hypocondriaque, se demandant s'il ne va pas déjà mourir de son rhume, a senti son petit cœur battre et battre encore et encore, et il en a déduit qu'il faisait certainement une crise cardiaque.

En même temps, qu'il réalisait que son petit cœur allait le lâcher bientôt, son angoisse est montée, et le rythme cardiaque s'est encore accéléré, ou du moins il s'est focalisé dessus jusqu'à ne plus rien percevoir d'autre que les battements qui devaient résonner dans ses petites oreilles, et il s'est dit que c'était sur, qu'il allait mourir comme ça, à vingt-trois ans. Bon, sans rien demander à personne, il a arrêté le Solupred et tous les médicaments qu'on lui avait donnés. Il a courur chez ma consoeur du CMPP.

Puis, voyant que rien n'allait mieux, bien au contraire, il a repris un rendez vous chez le médecin qu'il connaissait (mon pote), lequel n'ayant pas été au courant du traitement donné mais ayant constaté que le jeune homme était un peu angoissé de nature, me l'a juste envoyé.

Alors le jeune S m'a demandé ce qu'il avait et je lui ai expliqué qu'à cause de la cortisone, son rythme cardiaque avait augmenté mais qu'au lieu de regarder sur Google en tapant juste "solupred crise d'angoisse" pour avoir la solution, il avait cru qu'il faisait une crise cardiaque et que depuis il était anxieux à l'idée de mourir.

Bref, il était anxieux à l'idée d'avoir une crise d'angoisse. Je lui ai dit de voir avec son médecin et de lui expliquer à l'avenir que la cortisone n'était peut-être pas son truc et que tout rentrerait dans l'ordre. Je lui ai aussi dit que de retour chez lui, il pourrait regarder sur Internet et que son problème était fréquent et à priori pas grave du tout.

Il m'a payé et deux heures après, il m'a envoyé un SMS en me disant "c'est fou, vous aviez raison, c'est le Solupred, je n'ai plus d'angoisses merci". Bon j'ai évité de lui dire que j'avais toujours raison ou la plupart du temps car ma modestie m'incite à penser que je peux faire des erreurs, parfois.

Mais le fond du problème c'est que l'angoisse, c'est toujours actuel et qu'il ne faut pas chercher les causes dans le passé, même si des origines existent.

11 novembre, 2013

11 novembre !

J'ai souvent eu l'occasion de vous dire que je m’intéressais à la guerre de 14-18. Alors en ce 11 novembre une petite pensée pour les innombrables poilus morts aux champs d'honneur et pour leurs veuves et leur orphelins.

Et comme il ne saurait y avoir de bon article, aussi mince soit-il, sans une illustration graphique quelconque, voici rien que pour vous une belle vidéo (merci JB) :


On notera que les journalistes jamais avares de commentaires mainstream parlent forcément d'extrême droite et de printemps français pour décrire ces manifestants ayant hué notre président. Les journalistes ne sont jamais à cours de raccourcis saisissants pour servir leurs maîtres. En revanche, rappeler que seuls 21% des français sont satisfaits de lui, ce qui dépasse très très largement el spectre de l'extrême droite leur semble trop compliqué à rappeler.

Il doit falloir sortir d'une école de journalisme pour savoir les idées qui se cachent sous le fameux bonnet rouge. Car, du fait que ce même président ait été sifflé à Oyonnax, on n'en parle pas, ou très peu, on ne fait que donner la nouvelle sans s’appesantir sur les idées de ceux qui l'ont sifflé. Ce devait être de gentils sifflets ou bien de méchants sifflets mais effectués par des opposants qui ont eux, une bonne raison de s'opposer.

Et ces ânes incultes, le sont suffisamment pour ne pas savoir que de tels débordements lors d’une commémoration du onze novembre sont assez classiques. Que ce soit durant l'entre-deux guerres ou bien durant la guerre d'Algérie, le peuple et les activistes ont toujours saisi la formidable tribune offerte par cette commémoration pour s'en prendre au pouvoir en place. Aussi détestable, minable, couard et incompétent soit-il, François Hollande n'a donc pas le monopole de tels débordement. On  peut s'interroger sur l'aspect inapproprié de tels débordements dans le cadre d'un hommage rendu aux morts mais en aucun cas laisser croire que ce serait nouveau. François Hollande n'inaugure pas la contestation mais simplement l'ampleur de celle-ci.

On notera aussi de la part du pouvoir le côté novateur des cérémonies consistant à rendre hommage aux soldats de la première guerre mondiale en se rendant expressément dans une région n'ayant pas été affectée directement par les combats meurtriers.

Sans doute que Douaumont avec son cimetière planté de croix lugubres et son ossuaire dans lequel on peut contempler des dizaines de milliers d'ossements et de crânes aux orbites vides était trop convenu pour cette commémoration ou peut-être trop macabre. J'ose espérer que le six juin prochain, tandis que l'on fêtera le débarquement des alliés, les cérémonies aurons lieu à Annecy. En juin la ville fleurie et le lac sont de toutes beauté, ce serait dommage de rater cela ! Et puis, n'ayons pas peur des mots, quand on parle du débarquement, la Haute-Savoie est vraiment victime de discrimination !

Ces croix à perte de vue, qu'est-ce que c'est vu et revu !

10 novembre, 2013

Colère et rage (2) !




C'est dingue le nombre de personnes que je peux recevoir et qui sont en colère. Parfois, c'est à la limite de la rage. Je me demande si cela se développe ou si c'est particulier à ma clientèle. Bon, c'est sur que venant du blog,je ne reçois pas beaucoup de gens de gauche. C'est dommage parce qu'eux ont au moins une raison de se réjouir dans la vie avec François Hollande aux commandes. Manque de chance, les miens sont tous d'affreux libéraux ou des anars de droite. 


Alors, en plus des problèmes qui sont les leurs et qu'ils partagent avec tout un chacun, ils ne trouvent en plus aucun apaisement dans la contemplation de leur environnement. Ils font partie de ceux qui ne pensent pas que l'économie va repartir, que la courbe du chômage va s'inverser, que la criminalité est en baisse et que la liberté de parole est en progrès. Et d'après ce qu'ils me disent, il se foutent totalement du retour de Léonarda. 

Bref, en plus de leurs soucis respectifs et bien réels, quelle que soit la direction vers laquelle ils se tournent, ils n'ont aucune raison d'être apaisés. Si je voulais résumer hâtivement leurs sentiments, pourvu que je les ai bien compris, leur vie leur semble merdique mais ce qui se passe en dehors de leur vie, plus merdique encore.

Alors, certains tentent de s'avader comme ils peuvent. Et à défaut d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte en s'exilant qui aux USA, au Canada, en Nouvelle-Zélande, où n'importe où encore, ils le font comme ils le peuvent. Certains se droguent, d'autres picolent, et tous ruminent d’improbables scénarios dans lesquels ils seront enfin vengés de leurs vies pourries et tous les élus pendus ou fusillés. 

C'est un peu la théorie du bouc émissaire revue et corrigée par les déçus de la vie en général et du système en particulier. Or, si en théorie je ne suis pas contre la pendaison d'élus, je ne suis pas sur que cela puisse suffire à rendre heureux. Disons que sur le moment, voir votre pire ennemi, celui qui a tout alors que vous estimez ne rien avoir, celui qui vous vole le fruit de votre travail en se permettant de vous mépriser, se balancer mollement à un réverbère en tirant une grosse langue violette, peut vous mettre du baume au cœur, ce n'est pas en professionnel que je suis, la solution que je retiendrai forcément.

La vengeance, c'est un peu comme la drogue ou l'alcool, plus on en prend, plus on en veut. Disons que dans un cadre strictement thérapeutique, il faut aller plus loin que cela et creuser un peu en soi pour trouver la manière de faire son bonheur en dépendant le moins possible des autres et notamment des politiques.

Ces derniers l'ont d’ailleurs bien compris. En attaquant les structures claniques telles que la famille ou le café (le parlement du peuple comme disait Balzac), ils atomisent encore plus la société en livrant l'individu seul, pieds et poings liés au système. Vous noterez d'ailleurs que dans la récente révolte des bonnets rouges, le préfet de Bretagne a beau tempêter et menacer de poursuite les manifestants, il le fait au chaud dans sa préfecture parce que la rue ne lui appartient plus vraiment ou du moins les nationales sur lesquelles sont installés radars et autres portiques étatiques.

Bref, loin de moi de faire de la politique ici-même mais si je parle de cela, c'est que finalement, bien plus que la manifestation en elle-même, c'est le lien social qui est reste le meilleur rempart contre la tyrannie, la sienne et celle des autres. Le lien social c'est ce qui permet de combler vos besoins sociaux et affectifs, ça va de la personne avec qui vous coucherez à ceux avec qui vous discuterez. C'est capital ! D'ailleurs tous les enragés que je reçois sont souvent isolés.

ils ont beau se déprécier, la plupart savent au fond d'eux-mêmes qu'ils sont différents des autres et c'est bien le problème. Ce n'est pas le lien social qui leur manque, parce que cela n'importe quel café vous l'offrirait, mais le lien social de qualité. Et pour cela, il faut un peu ramer, chercher, se perdre et trouver.

Tenez par exemple, moi qui vous parle du Gringeot, avec qui je partage pas mal de trucs, où pensez vous que je l'aie trouvé ? Ici sur le blog parce qu'il est venu commenter. Cela veut dire qu'il m'aura fallu d'abord ouvrir ce putain de blog et y rédiger des articles. Parce que le Gringeot, ce n'est pas dans un café que je l'aurais rencontré vu que lui et moi vivons aux deux extrémités de la ligne B du RER. Et des gens avec qui je m'entends bien, avec qui je partage, avec qui je ne suis pas une énigme, j'en connais tout de même pas mal ! D'ailleurs, je connais même un blogueur qui a rencontré son épouse parce qu'elle commentait sur son blog. C'est vous dire si tout peut arriver !

D'où en plsu de la nécessité de progresser horizontalement en créant du lien social, de progresser verticalement en tentant de créer son petit univers en cultivant comme aurait dit Voltaire son jardin ! Qu'on s'intéresse à la politique, à la moto, aux tramways, à la cuisine ou que sais-je encore, il suffit de sortir ou si l'on ne veut pas, de rester chez soi et de surfer. Mais attention, il faut y mettre du sien. Lire ce que font les autres ne suffit pas, il faut donner de soi, commenter ou pourquoi pas rédiger. Le lien social est à ce prix.

La colère et la rage, du moins à ses débuts, ça s'élabore, ça se travaille. Et même si ces tendances sont bien naturelles quand on va mal, l'apitoiement sur soi-même pas plus que la colère envers les autres ne sont productives. Adopter ces stratégies, c'est se comporter comme un lion en cage qui tour à tour se jette sur ses barreaux avant de s'allonger le museau entre ses pattes. Comme dit ce brave Épictète, celui qui s'en prend aux autres est un ignorant, celui qui s'en prend à lui-même commence à s'instruire tandis que ne s'en prendre ni aux autres, ni à soi-même est le fait du sage. D'ailleurs des pratiques comme la prière, la méditation ou même juste regarder des poissons nager dans un bocal peuvent aider à récupérer le contrôle sur soi.

Bon ça semble facile tout ça quand on l'écrit mais quand on souffre, c'est une autre paire de manches me répondra-t-on. C'est tout à fait vrai et je ne dis pas que ce soit facile. Ou pire, je dis que c'est tellement simple que cela en devient compliqué. Là où la plupart des gens auraient des rêves de vengeances ou de revanches, quels qu'ils soient comme devenir une rock star adultée ou un tueur en série, moi je préconise le retour sur soi, ses besoins fondamentaux et la pratique quotidienne d'un cordon sanitaire entre soi et l'environnement anxiogène et dépressiogène dès que c'est possible.

Et puis, je ne nie pas que la douleur soit telle que parfois la thérapie ne suffise pas. L'anxiété ou la dépression font souffrir autant qu'une rage de dents et pour apaiser le symptôme, la parole reste limitée. Alors les médicaments sont utiles. Qu'ils 'agisse de consulter votre généraliste pour des antidépresseurs ou un psychiatres si vous pensez qu'il faille autre chose, la médecine est là pour cela. Certes, une molécule ne donne aucun sens à la vie mais elle permet parfois de maintenir le bateau à flots.

Bref ce n'est pas si compliqué d'aller mieux. C'est d'ailleurs ce que je me disais la fois où j'ai visionné le film Chute libre. A chacune des séquences dans lesquelles Michael Douglas perd de plus en plus pieds, avant de commettre l'irréparable, je me dis qu'on aurait pu tenter quelque chose et réussir.

Je reste un incorrigible pessimiste optimiste !



Faut pas le faire chier !

09 novembre, 2013

Colère et rage !

 Chute libre !

La colère est une émotion bien connue qui apparait lorsque l'on sent que notre statut au sein d'un groupe est menacé. En un sens, il y a colère dès lors que la fierté, la dignité, le statut, la position ou le statut sont menacés.

Certes même si elle est légitime, même si elle a été sélectionnée par l'évolution, la colère n'est pas forcément la conduite le plus appropriée et chacun se rappelle de l'adage qui explique qu'elle est mauvaise conseillère.

Ce qui ne veut pas dire qu'il faille la minorer ou penser qu'elle ne serait qu'une émotion produite par une forme d'immaturité psycho-affective. Car même si l'âge venant, un individu apprend de ses expériences et se mettra moins en colère qu'un enfant, cela ne veut pas dire que la colère disparaisse totalement ni surtout qu'elle ne soit pas parfois légitime. 

Il ne sert donc à rien de tenter coûte que coûte de faire baisser un état de colère que 'on estimerait légitime. A mon sens, on peut offrir deux voies à cette émotion qui bouleverse tout lorsqu'elle se manifeste.

La première voie consiste à l'extérioriser. Il ne s'agit pas de se rendre coupable de voies de fait mais au moins de l'exprimer ne fut-ce qu'en hurlant un bon coup, en cassant ou en tapant dans quelque chose que l'on aura pris soin de choisir expressément pour cela. Il ne s'agira donc ni d'un objet auquel on tient ni la de la mâchoire de quelqu'un.

C'est la raison pour laquelle, quand je sens face à l'un de mes patients, cette colère qui gronde, je conseille souvent évidemment de parler pour décharger la tension mais aussi de s'adonner à un sport de combat. Sans être un spécialiste, je déconseille les arts martiaux asiatiques pour privilégier la boxe anglaise ou française dans la mesure ou frapper permet une libération de l'énergie. On ne vantera jamais assez les bienfaits d'un sac de frappe pour juguler la colère. Si en plus vous collez dessus la photo de votre ennemi du moment, ce peut être jubilatoire.

Et puis, il y a d'autres moyens de contenir sa colère, plus long, qui nécessite un cheminement personnel plus ardu. La philosophie stoïcienne fait partie d ces moyens. Le Manuel d’Épictète, un grand classique, en nous expliquant que les événements peuvent être divisés entre ceux qui font partie de nous et ceux qui ne dépendant pas de nous, et qu'il faut donc bien se garder de les confondre, est sans doute un concentré de philosophie morale à mettre en toutes les mains. C'est le petit vade mecum que l'on potassera encore et encore pour faire face aux vicissitudes de la vie.

Mais bon, l'être humain est ainsi fait, qu'à moins d'une longue pratique, lorsqu'il se trouve confronté à un événement désagréable, il réagira toujours par une émotion forte comme la colère. Alors sans doute, faut-il que la parole se libère et que les poings frappent un sac de boxe avant que ce brave Épictète ne fasse son chemin jusqu'au cœur.

Il faut donc que la colère se dissipe et ce d'autant plus qu'elle est légitime. Et on ne peut que condamner tous les ersatz de cette mode de la communication non violente née aux USA. Il ne s'agit pas de faire l'éloge de la violence mais bien de comprendre que parfois elle a du bon parce que ses sources sont légitimes. Il faut aussi comprendre que la colère, n'est le plus souvent qu'une manifestation destinée à impressionner l'adversaire, un rituel, et non une vraie violence. De toute manière rien de pire quand on est en colère que d'être confronté à un pisse-froid qui nous dirait de nous calmer, cela décuple l'émotion.

Un coup de gueule fait parfois plus de bien qu'il ne tue. Bien sur, distinguons la colère pathologique qui serait une forme d'irritabilité de caractère, présente par exemple dans les dépressions masquées, de la saine colère résultant d'un fait patent. D'ailleurs comme me le rappelais une fois un connaisseur de la bible, on oublie trop souvent que si Dieu est amour et justice, il est aussi colère. De plus, l'épisode des marchands du temple, nous enseigne que Jésus pour cool qu'il ait été, savait aussi se fâcher tout rouge.

Réprimer la colère à tout prix ne sert donc à rien si ce n'est à la transformer en rage. La rage, c'est l'échelon supérieur de la colère. C'est une colère intense qui met des années à murir, une émotion rance qui macère au plus secret de l'individu, qui d'année en année se charge de haine. C'est un mélange explosif autrement plus dangereux que cette colère dont on nous rebat les oreilles et dont on devrait se débarasser au moyen d'une communication non violente.

C'est justement parce que la colère n'a pas trouvé à se canaliser, voire à exploser tout simplement, que la rage s'installe. Elle est toujours liée à une très grande détresse et à un sentiment de menace tel que la personne sent que sa vie est bouleversée à un point tel qu'elle a perdu tout son sens. Lorsqu'elle s'exprime, la rage indique que la personne explose, qu'elle se désintègre littéralement. Accablée par des atteintes narcissiques qu'aucune colère n'a jamais pu apaiser, la personne passera à l'acte, toujours pour le pire.

En ce sens, et à de très rares exceptions près, il est idiot de se demander pourquoi des gens passent à l'acte lors de manifestations de rage. Ainsi, chaque fois que j'ai entendu des gens dire "on ne comprend" pas lors notamment de drames comme Columbine, j'ai toujours été très étonné.  Ce sont des actes enragés. Je ne pense pas qu'il faille aller chercher bien loin pour trouver l'explication de tels actes, et surtout pas dans des théories sociales ou pathologiques alambiquées.

Lorsque la colère n'est pas entendue, sublimée, accompagnée, elle s'accumule et détruit tout et notamment l'estime de soi. Et quand il ne reste plus rien de l'individu qu'un vaste vide, il ne lui reste rien d'autre pour exister que le mal qu'il pourra s'infliger ou celui qu'il infligera à d'autres. La violence est inhérente à nos destinées, il faut qu'elle s'exprime d'une manière ou d'une autre. 

Plus tôt elle est entendue, moins la rage s'installera. Et puis, plus nous cultiverons les occasions d'être heureux, plus les petites vicissitudes de la vie nous sembleront bénignes.

Et hopla !



Bon peut-être ne suis je que le jouet d'un débile qui joue à se faire passer pour notre ministre de l'intérieur ou bien je suis réellement l'ami de Manuel. Je ne le saurai sans doute jamais, sauf si d'aventure Anne et Manuel m'invitaient à diner chez eux un soir.

Dans tous les cas, Facebook, ne cessait de me le proposer comme ami et de guerre lasse j'ai obéi au célèbre réseau social américain.

En revanche personne ne me propose jamais de droitards comme contacts. Je dois en déduire que tous mes camarades virtuels que j'ai sur Facebook sont d'affreux socialistes. Il y a bien les libéraux dont j'ai liké les pages, mais en échange le réseau ne me propose que l'amitié d'obscurs économistes dont je n'ai que faire.

En tout cas, nonobstant nos différences politiques, l'amitié est pour moi une valeur importante et je suis quelqu'un de fidèle. Alors ce cher Manuel peut compter sur mon aide s'il se mettait un jour à déprimer pour je ne sais quelle raison. La politique réserve tant de surprises !


Chanson de circonstance pour l'ami Manuel.

A dix huit ans j'ai quitte ma province
Bien décide a empoigne la vie
Le cœur léger et le bagage mince
J'étais certain de conquérir Paris

Chez le tailleur le plus chic j'ai fait faire
Ce complet bleu qu'était du dernier cri
Les photos, les chansons et les orchestrations
Ont eu raison de mes économies

Je me voyais déjà en haut de l'affiche
En dix fois plus gros que n'importe qui mon nom s'étalait
Je me voyais déjà adule et riche
Signant mes photos aux admirateurs qui se bousculaient
J'étais le plus grand des grands fantaisistes
Faisant un succès si grand que les gens m'acclamaient debout
Je me voyais déjà cherchant dans ma liste
Celle qui le soir pourrait par faveur se pendre a mon cou

Mes traits ont vieilli sous mon maquillage
Mais la voix est la, le geste est précis et j'ai du ressort
Mon cœur s'est aigri un peu, en prenant de l'âge
Mais j'ai des idées, je connais mon métier et j'y crois encore

Rien que sous mes pieds, de sentir la scène
De voir devant moi un public assis, j'ai le cœur battant
On m'a pas aide, je n'ai pas eu de veine
Mais au fond de moi, je suis sur au moins que j'ai du talent

Mon complet bleu, il y a trente ans que je le porte
Et mes chansons ne font rire que moi
Je cours le cachet, je fais du porte a porte
Pour subsister, je fais n'importe quoi

Je n'ai connu que des succès faciles
Des trains de nuit et des filles a soldats
Les minables cachets, les valises a porter
Les petits meubles et les maigres repas

Je me voyais déjà en photographie
Au bras d'une star, l'hiver dans la neige, l'été au soleil
Je me voyais déjà racontant ma vie
L'air desabuse a des débutants friands de conseils
J'ouvrais calmement les soirs de première
Mille télégrammes de ce tout paris qui nous fait si peur
Et mourant de trac devant ce parterre
Entrer sur la scène sous les ovations et les projecteurs

J'ai tout essaye pourtant pour sortir du nombre
J'ai chante l'amour, j'ai fait du comique et de la fantaisie
Si tout a rate pour moi, si je suis dans l'ombre
Ce n'est pas de ma faute, mais celle du public qui n'a rien compris

On ne m'a jamais accorde ma chance
D'autres ont réussi avec peu de voix et beaucoup d'argent
Moi j'étais trop pur ou trop en avance
Mais un jour viendra je leur montrerai que j'ai du talent!

08 novembre, 2013

Mon ami ministre !

Mon nouveau copain Manu s'éclate grave avec sa nouvelle femme !

Je vais rarement sur Facebook. Je ne nie pas que cela puisse être utile ni amuser certaines personnes d'utiliser ce réseau social mais moi il m'ennuie. Mettre des photos ou des vidéos sur mon mur ne m'offre aucun intérêt pas plus qu'avoir des amis virtuels. Les gens que je connais bien, je les vois et on échange en direct sans qu'il n'y ait besoin de recourir à la technologie.

Sans doute ai-je passé l'âge d'utiliser Facebook et qui sait si voici trente ans je n'aurais pas été un gros fan de ce service. Aujourd'hui, comme beaucoup j'y ai un profil inutile sur lequel je ne publie jamais rien. J'y vais quelques fois dans le mois pour voir. J'accepte la majorité des demandes d'amitié que l'on m'y fait parce que je trouverais mufle de refuser et je regarde ce que proposent quelques pages auxquelles je suis abonné. Comme je ne sais toujours pas me servir d'un agrégateur de liens (c'est comme cela que l'on dit ?), j'utilise donc Facebook pour voir certaines informations.

Tout à l'heure en allant lire mes mails, j'ai donc ouvert Facebook machinalement. Une femme que je connais un peu, me proposait de "liker" une page concernant un hebdomadaire pour lequel je professe le plus grand mépris mais j'ai "liké" tout de même pour lui faire plaisir. Et puis, j'ai vu que Facebook, avec sa logique interne faite de requêtes et de tris croisés et de que sais-je encore, m'avait trouvé plein de nouveaux amis potentiels.

Certains me semblaient familiers et je me doutais de la raison pour laquelle Facebook me les proposait. Comme il ne s'agissait pas de demandes directes, je n'ai pris aucune de ces personnes ppur amis. Pour leur dire quoi de toute manière ? Pour avoir un réseau de mille personnes ? A quoi bon !

En revanche, j'ai vu le visage de notre bon ministre de l"intérieur, celui qui sait rouler des yeux et des épaules mais que l'on n'a pas vu en Bretagne dernièrement durant ce qu'il est convenu d'appeler la révolte des bonnets rouges. Facebook dont la logique informatique ne saurait être prise en défaut me proposait donc de prendre Manuel Valls comme ami, à moi ?!?

Et comme je me demandais bien quel drôle de virus avait ravagé la logique facebookienne de me proposer Manuel Valls en ami (pourquoi pas Michel Sapin tant qu'on y est ou bien Vincent Peillon), j'ai immédiatement vu que lui et moi avions un ami en commun. Et effectivement j'ai dans mes "amis facebook" une personne qui a notre ministre de l'intérieur en personne parmi ses amis. A froce de dire oui à tout le monde, de me montrer trop gentil voici que je suis l'ami d'un ami de Manuel Valls ! Comme quoi, on a bien raison de dire que l'on n'est jamais à plus de cinq poignées de mains du reste de la population ! 

Alors je m'interroge ! Dois-je :
- Refuser l'amitié de manuel Valls ?
- Virer le cuistre qui l'a pour ami de mes contacts ?
- Accepter l'amitié de notre bon ministre ?

J'avoue que je me tâte. La première solution consiste à ne rien faire tandis que les deux autres m'engagent psychologiquement. Si la personne constatait que je l'ai virée de mes contacts, elle pourrait en concevoir une grande peine, même si j'en doute, mais être un peu choquée. Même si l'on ne doit pas se croiser plus d'une fois par an, finalement je l'aime bien. Alors accepter Manuel Valls dans mes contacts ? C'est la seule solution qu’il me reste si je veux agir ! Mais bon je me tâte encore.

Bon comme mardi prochain j'ai rendez-vous dans un commissariat parce que j'ai été témoin d'une rixe, peut-être qu'avoir Manuel Valls dans mes contacts me serait utile ? Quoique ! De toute manière, je vais adopter la corsitude de mon épouse dans cette affaire me contentant de dire que j'ai séparé l'un des protagonistes de cette baston tandis que le serveur du café entrainait l'autre, mais que pour le reste je n'ai rien vu du tout. 

Le témoignage à la corse c'est une bonne tactique quand vous assistez à des événements sur lesquels vous n'avez aucune envie de vous étendre. Le témoignage à la corse, c'est ce drôle de phénomène qui parait-il, si l'on en croit la rumeur, vous empêche de parler à tout ce qui porte un uniforme en prétextant que vous ne vous souvenez de rien. C'est une forme d'amnésie administrative dont ne parlent jamais les neurologues. Que font les chercheurs !? Parfois il paraitrait même que cela prendrait une autre tournure au cours de laquelle, le petit brun que vous avez vu et dont vous vous souvenez fort bien devient un grand blond ! La neurologie reste bien un vaste continent inexploré.

Ce n'est certes pas très citoyen, mais d'une part témoigner pour une banale rixe de café durant laquelle personne ne fut blessé ne me fait pas plaisir parce que j'ai autre chose à foutre que de perdre mon temps. D'autre part, je ne vois pas pourquoi j'aiderais la police étant donné que lorsque j'ai été cambriolé l'an dernier, cette même police m'a expliqué que passer le vendredi ou en semaine après vingt heures chez moi serait impossible alors que j'avais la tronche même de l'intrus gravée sur le vidéophone, ce crétin ayant d'abord sonné sans faire gaffe à la caméra. Ils font semblant de me protéger ? Et bien je ferai semblant de les aider et tout le monde sera content.

Et puis au pire, je m'en fous, Manuel Valls sera bientôt un de mes amis et quand on a le ministre de l'intérieur dans sa poche, croyez-moi le gardien de la paix baisse d'un ton ! Peut-être même que je pourrais rouler à la vitesse que je veux avec un tel soutien ? Tant mieux parce que ma Jaguar dépasse largement les deux-cents kilomètres heures et qu'il faut que le six en ligne se lâche un peu. Allez, c'est décidé je clique sur Manuel Valls et je le prends comme poteau. Qui sait, peut-être que je serais invité chez Anne et Manuel prochainement ?

Bien sur, si comme je l'imagine dans quelques mois le vent venait à tourner sévèrement, je me débarrasserait bien vite de Manuel Valls et de son encombrante amitié.

On voudrait parfois se prendre pour un héros et on n'est que le résistant de la vingt-cinquième heure.

02 novembre, 2013

Hommage ! (bis mais sincère)



Autant, il n'aura échappé à personne que je me foutais de Lou Reed comme de mon premier slip autant la disparition de Gérard de Villiers m'attriste car je sais maintenant que ses petits bouquins d'espionnage calibrés ne m'accompagneront plus les jours où je n'ai rien à lire. Même si j'imagine  que cela fait bien longtemps qu'il n'écrivait plus grand chose lui même, je doute que la série se poursuive. Parce que SAS c'était avant tout de l'espionnage et que sans les réseaux du maître, je ne vois pas ce que ses nègres pourraient faire tous seuls. Écrire un SAS c'est autre chose que de torcher un Astérix, il faut un scénario mais aussi ses entrées dans les services de renseignements.

Je ne sais pas à quel moment je suis tombé sur un SAS. Peut-être avais-je seize ans, oui ce devait être dans ces eaux là. Je vous avoue qu'orgueilleux comme je suis, tout autant que lecteur compulsif, jamais je n'aurais été attiré par ces couvertures voyantes que barraient le gros SAS. Et pourtant un jour, par le plus grand des hasards, je suis tombé dedans et je n'en suis jamais ressorti.

J'ai fini l'opuscule en me disant que c'était sans doute de la littérature de pacotille mais que c'était drôlement bien fait et que si de prétendus écrivains avaient autant de rigueur pour écrire un roman que Gérard de Villiers pour boucler un opus de sa série, les rentrées littéraires seraient sans doute plus intéressantes.

Je me souviens que je l'avais lu en vacances et que de retour à Paris, j'étais allé chez Gibert en acheter une flopée. Ils étaient tous dans les bacs en bois près de l'escalier, soldés à trois francs : je ne m'étais pas ruiné. Ensuite je m'étais fait une overdose de SAS et depuis, je les avais tous achetés dès leur parution.

Récemment encore, c'était le roman type que j'achetais dès que je n'avais plus rien à lire. Cela m'arrive parfois lorsqu'ayant pris un livre et l'ayant fini dans le RER, je me trouve fort démuni en songeant qu'au voyage de retour j'aurais le droit soit à un journal gratuit, sale et abandonné dans un wagon depuis le matin, soit à l'envoi de SMS idiots depuis mon iphone. C'est ainsi, je ne peux pas rester sans lecture. J'admire tous ceux qui savent rester zens le casque sur les oreilles à écouter de la musique. Quoiqu'en fait, j'aie souvent envie de les gifler d'une part parce qu'ils font du bruit et parce que je ne comprends pas que l'on puisse rester bovinement à écouter de la musique.

Alors depuis quelques années, tous les SAS je les achetais au Relais H de Châtelet-les-Halles. J'arrivais près de la caisse et de là sur la gauche où sont rangés les livres. Je regardais un peu la littérature classique mais je ne suis ni fan de Lévy, ni de Musso pas plus que de Katherine Pancol. Il me restait alors soit les polars nordiques que je trouve généralement à chier. Je n'ai déjà pas envie d'aller visiter la Scandinavie, ce n'est pas pour la ramener chez moi dans mon RER. Tout ce que je connais de la Scandinavie, c'est la SAAB 900 que j'ai eue voici quelques années et IKEA, ça reste mince comme irruption dans la culture nordique. Et puis vous aurez noté qu'il s'agit toujours de la Suède dont la famille royale est la maison Bernadotte, ça reste un peu français.

J'aurais pu choisir un polar américain mais bien qu'ils aient inventé le genre, ils ne sont plus si bons que cela depuis que le politically correct a inondé le monde. En lisant le dernier opus de Connelly mettant en scène l'inspecteur Harry Bosch, je me suis dit que dans la prochaine aventure, Harry Bosh ferait son coming out, se marierait à un mec et quitterait le LAPD pour aller militer dans une association en faveur d'une minorité quelconque. Certes les scénarions restent excellents mais les héros me fatiguent. Certaines fois, j'en viens à lire et à prendre fait et cause pour le tueur en série afin qu'il massacre tous ces crétins lénifiants qui le recherchent. Alors entre du nordique chiant et de l'américain main stream, il me restait la valeur sure : SAS.

C'est le roman que j'achetais un peu à la sauvette en tendant un billet de dix. C'est aussi le roman qui m'a toujours rappelé que malgré l'affirmation selon laquelle je n'aurais pas d'égo, il subsistait tout de même en moi une dépendance au regard d'autrui suffisamment importante pour que je tienne toujours mon SAS bien à plat ou la couverture repliée afin que nul dans le wagon ne sache ce que j'étais en train de lire.

Que voulez-vous, une couverture de SAS avec sa photo de gonzesse et de flingue ça vous classe immédiatement le moindre mec, fut il adorable et cultivé comme je le suis, du côté des beaufs tocards et cela je ne l'aurais pas supporté. C'est d'ailleurs amusant car tandis que je dévorais mon SAS, je pensais souvent à cela : pourquoi as-tu besoind e te cacher pour lire ce livre mon petit Philippe ! En bref, oui, bien que je me délectasse des aventures de Malko Linge, j'étais aussi gêné par le regard qu'aurait pu porter autrui sur moi qu'un ado prépubère pris en train de se masturber en lisant un Play Boy ! Gérard de Villiers m'aura donc amené tout autant de plaisir que de réflexions sur ma condition d'homme soumis au regard des autres et m'aura permis de constater que j'ai toujours des limites.

Quant aux livres eux-mêmes, ils démarraient sur les chapeaux de roues et dès le premier chapitre, le décor était planté. Je souhaite d’ailleurs à tous ceux qui méprisent ce type de littérature d'avoir une parcelle du talent de Gérard de Villiers. Et puis ces romans vous faisaient voyager. D'ailleurs à quelques reprises, je me suis retrouvé aux mêmes endroits que le prince Maloko et j'ai été forcé de me dire que décidément côté documentation, Gérard était un cador parce que tout ce que j'ai vu était comme dans ses livres. 

D'ailleurs une fois que nous ne savions pas ou partir en vacances, mon épouse avait timidement avancé Malte comme destination possible. Et moi impérial, je lui avais dit que ce n'était pas terrible. Et comme elle me demandait si j'y étais déjà allé, je lui avais juste répondu que non mais que j'avais lu Voir Malte et mourir et que cela ne m'avait pas donné envie d'y aller : La Valette se passerait de moi ! Si Malko trouvait cela nul à chier, vous vous doutez bien que jamais je n'y serais allé.

Il y avait aussi les marques, je crois que c'est le seul auteur que j'aie vu être sponsorisé par autant de sociétés. A force on savait par cœur quelles étaient les marques préférées de Malko tant et si bien que n'étant pourtant pas un grand amateur de Vodka, si j'achète de la Stolichnaya, c'est grâce à lui. Et ces parties de baise mémorables au cours desquelles Malko faisait forcément perdre toute dignité à n'importe laquelle des femmes rencontrées, c'était un véritable affront aux mouvements féministes ! Et tiens, toi la blonde, la brune, la rousse, la grande, la petite, hop, prends toi cinquante litres dans les sacoches, gourmande ! Mais bon, à la longue, c'était toujours pareil, et je vous avoue que je passais les deux ou trois pages durant lesquelles Malko se vidait les bourses, sans que cela n'entame la compréhension de l'intrigue.

Et les intrigues ! Parlons en justement des intrigues. Plusieurs fois en dévorant un de ces livres, j'ai eu une autre vision sur le monde tellement les manipulations révélées me semblaient possibles voire probables. On entrait dans le monde du renseignement ou plus rien n'était ni noir ni blanc mais où ne subsistaient que des zones de gris, sauf pour ce qui était de Malko qui gardait toujours un idéal élevé et des valeurs que rien n'entacheraient jamais. En revanche le fait qu'il n'ait jamais fait de référence aux reptiliens m'amènent à douter de leur présence.

Et puis c'était aussi le souvenir d'une époque où les choses étaient moins compliquées. Dans SAS, les femmes, même intelligentes restaient des femmes, cruelles, salopes ou se consumant d'amour pour le héros ou un peu de ces catégories à la fois. Quant aux hommes, eux aussi, partagés entre l'envie de pouvoir, d'argent et de sexe, leur psychologie un peu simple les rendaient immédiatement compréhensibles. C'était un monde à la Delon (père), un monde simple et organisé dans lequel les gender studies n'avaient pas forcément leur place. De toute manière, avec Malko dans les parages, nul doute que n'importe quelle Femen aurait fini au pieux en renonçant à son combat. Avec la disparition de Gérard de Villiers, c'est encore un pan de ma vie d'avant qui disparait !


Repose en paix Gérard !