28 juin, 2011

J'ai un nouveau copain !


Ce matin, je sors de chez moi, enfin pas trop tôt et ne voilà-t-il pas que je me retrouve face à face à un volatile qui s'était invité chez moi. Fort heureusement, il se trouve que parmi mes nombreuses lubies, j'ai eu celle consistant à m'intéresser aux oiseaux d'ornement. Ce qui m'a valu une fois un petit succès d'estime dans la mesure où en promenade au Parc Montouris, j'ai tout de suite identifié un couple de Céréopses. Mais j'aurais su tout autant distinguer une sarcelle Puna d'une sarcelle Laysan.

Certains font du jogging, d'autres sont abonnés à la cinémathèque, tandis que moi j'adore ingurgiter des connaissances improbables. C'est ma manière de nourri mon gros égo. Car croyez-moi, s'il est courant de trouver quelqu'un qui sera vous dire qui a joué dans tel film, ou que sais-je encore, il s'en trouvera beaucoup moins pour vous entretenir de la Serama. Quand on a peu d’aptitudes pour le sport ou que le cinéma vous endort, il faut vaille que vaille trouver des niches dans lesquelles exceller. En marketing si mes souvenirs sont bons, on appelle cela le savoir faire différenciateur.

C'est pourquoi fixant le gros volatile du regard, je m'exclamai : "mais que fait un cairina moschata dans mon jardin !". Pour les béotiens, il s'agit tout bonnement d'un canard de barbarie, un gros volatile courant dans les campagnes avec lequel on fait le foie gras.

Sur de lui et imposant, il me fixait impavide de son œil rond et bleu et déposa une grosse bouse sur les pavés. Je décidai sur le champ de le surnommer Gringeot. Il faut dire que le Gringeot a les yeux bleus et qu'en plus il m'a rendu ma Fiat que je lui avais prêtée dans un tel état de saleté, que la bouse du canard me rappela cet incident. J'ai parfois de drôles d'associations d'idées.

Comme je ne pouvais décemment pas laisser Gringeot tout seul dans la cour à chier par terre, je décidai de l'emmener sur la pelouse où il serait mieux installé et pourrait faire des bouses tranquillement. Et puis, un petit bassin situé non loin de là aurait pu lui permettre de faire ses ablutions. Car si le canard de Barbarie n'a pas vraiment besoin d'un bassin, il aime toutefois y tremper son bec.

Tel un naturaliste des temps passés, une sorte de Buffon moderne, un Linné contemporain, un Geoffroy Saint Hilaire francilien, je décidai d'observer mon nouveau compagnon. Lui ayant amené une gamelle d'eau propre près de lui, j'observai alors sa débauche d'activité. Couché sur l'herbe, son bec allait de l'herbe à l'eau et il resta ainsi des heures durant à ne rien faire d'autre. C'est ainsi que je sortis et revins à plusieurs reprises et que le canard n'avait pas bougé d'un centimètre. Je tentai alors une expérience folle en le prenant dans mes bras pour le poser un mètre plus loin, endroit d'où il ne bougea pas plus.

Je le trouvai immédiatement sympathique, le débaptisai aussitôt pour le renommer comme moi : Philippe. J'avais enfin trouvé un être vivant allergique aux mouvements inutiles comme je le suis, une sorte de sage ayant décidé une fois pour toute que puisque l'herbe était déjà suffisamment verte à portée de bec, il n'irait jamais ailleurs pour savoir si il y en avait de plus verte. Ce canard avait du lire Sénèque et être né sous le signe du capricorne.

Soit il est d'une rare sagesse et sait se contenter de ce qu'il a, soit tellement déprimé qu'il sait que quoiqu'il fasse il finira par mourir.

27 juin, 2011

Nouvelle pathologie !

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Chacun se souvient du scandale récent et le doute semble être définitivement levé sur l’origine de la bactérie tueuse allemande. Des graines germées élevées dans une exploitation bio de Basse-Saxe sont bel et bien à l’origine de la crise alimentaire qui a frappé l’Allemagne mais aussi toute l’Europe, provoquant déjà le décès de 31 personnes

«En remontant la piste de ce que les malades avaient mangé, on a identifié que les graines germées de haricot rouge Azuki, de tournesol et de soja comme étant les vecteurs de la bactérie»,  a expliqué  Frédéric Vincent, porte parole des questions de santé et de consommation à la commission européenne. «Ce sont des végétaux que l’on retrouve dans les salades, les sandwichs ou que l’on mange tel que. Il semble que ces produits n’ont pas été exportés hors d’Allemagne». 

S'il y a bien un truc qui ne m'arrivera pas, c'est de manger des graines germées de haricot rouge Azuki. Que peut-il se passer dans la tête d'un occidental pour aller manger cela ? Bon certes, cela se passait en Allemagne et je comprends qu'on veuille un peu varier et ne pas toujours bouffer de la nourriture allemande parce qu'un régime à base de wurst, kraut und kartoffel, à la longue ça doit lasser.

Mais il n'y a pas qu'en Allemagne puisque récemment encore, c'est à Bordeaux que d'autres personnes ont été intoxiquées après avoir consommée des graines germées de fenouil, de roquette et de moutarde. Mais bon, de là à manger des graines germées ! Enfin, le pari est réussi, si certains pensaient mourir jeunes et en bonne santé, c'est gagné ! Et au-delà du drame humain, ce fait divers montrera si c'était nécessaire que la nature n'est pas intrinsèquement bonne pour l'homme.


Mais cet "écologisme" fait aussi d'autres ravages. C'est ainsi qu'attablé devant un café et lisant le Parisien, je découvre un article traitant de maltraitance alimentaire dans lequel un médecin explique que ces cas sont de plus en plus nombreux et qu'il doit faire des signalements réguliers à la DDASS. C'est ainsi qu'il explique que certaines mères refusent maintenant de donner du lait maternisé à leur progéniture, lui préférant soit du lait de chèvre, soit d'anesse, soit carrément du lait de soja.

Comme il l'explique, ce type de maltraitance alimentaire n'est plus le fait de femmes en grande détresse (pathologies mentales, milieux sociaux très défavorisés, femmes mal informées, etc.) mais s'est déplacée vers des catégories sociales supérieures.

C'est ainsi comme l'explique l'article que les médecins qui récupèrent en consultation les bébés avec des laits inadaptés constatent qu'il y a maintenant un profil de "mamans ultra-bio", qui ont des "peurs alimentaires", par exemple la peur du lait de vache explique un spécialiste. "Ces mamans là scrutent à la loupe toutes les étiquettes pour vérifier qu'il n'y a pas de traces d'OGM. Souvent elles ont une phobie du surpoids et leur obsession est de ne donner à leur enfant que des choses qu'elles considèrent comme naturelles.

Bref des pathologies bien connues à la limite de l'anorexie mentale, de la boulimie et de la dysmorphophobie se combinent à la sauce écolo pour devenir une mode de vie que l'on vante quitte à entrainer des désastres par la suite.

La psychopathologie ayant horreur du vide, ce mode de vie s'est vite retrouvé affublé du doux nom d'orthorexie. L’orthorexie concerne l’attitude vis-à-vis du choix de la nourriture ingérée. La personne orthorexique pousse à l'extrême l'idée d'une saine alimentation en planifiant longuement cette dernière pour réduire sa consommation de matières grasses, sel, sucre, produits chimiques ou toute autre substance qu'elle considère nuisible à sa santé. Elle suit des règles alimentaires de plus en plus contraignantes qui peuvent éventuellement, notamment, conduire à un isolement social par l'incapacité d'effectuer une activité de sustentation dans un cadre non-contrôlé. La tolérance-zéro du point de vue alimentaire peut, dans les cas extrêmes, affecter chacun des actes et susciter une perte de l'appétit de vivre.

Pourtant, cette pathologie n’est pas reconnue par la psychologie qui considère ce terme comme pseudo-scientifique. Le concept est critiqué pour pathologiser arbitrairement des habitudes de consommations diverses. Plus précaire, ce concept peut pathologiser les gens qui luttent contre les ingrédients malsains dans les produits alimentaires. On rentre alors de plain pied dans une conception politique de la pathologie où ce qui apparait malsain pour les uns peut sembler naturel pour d'autres puisqu'il s'agit avant tout d'un mode de vie. L'orthorexie deviendrait une névrose culturelle au même titre que l'orthorexie que l'on ne retrouve que dans les pays occidentaux ou pays s'occidentalisant.

L’orthorexie pourrait aussi être une dissimulation politiquement correcte de pathologies bien connues que sont l'anorexie et la boulimie. En effet, entre ce refus suicidaire d’échange de flux avec l’environnement que représente l’anorexie et, d’autre part, cette extinction de soi, que représente la carapace boulimique, apparaît de façon très caractérisée le raisonnement orthorexique centré sur la qualité de l’aliment. Pour  l'orthorexique, la question n’est pas de se nourrir ou non mais de choisir et de réguler son rapport aux éléments consommés dont il se nourrit.

Ce rapport aux aliments fait de contrôle excessif peut parfaitement constituer un habillage socialisé de pathologies de l’alimentation, dans la mesure où son apparence raisonnée et conformée permet une forme de reconnaissance et ce d'autant plus que le vernis bobo-écolo vient à point nommer travestir en bonne conduite ce qui n'est qu'un dérèglement pathologique. Cependant, cette socialisation de la pathologie conduit à une désocialisation de la personne. L’orthorexique est pris dans une telle gangue de modèles, une telle forteresse de contraintes extrêmement lourdes que, d’une certaine manière, une socialisation avortée s’y réalise. A tel point que l'orthorexique défendra ses idéaux jusqu’à harceler son environnement pour mettre en avant à quel point la question du bien manger, du bien se nourrir est une question fondamentale pour son existence. Ces exigences outrancières et théâtrales donnent à penser que l'orthorexique voulais combler ses béances narcissiques par un orgueil nutritionnel.

Bien entendu, toutes les mesures prises par les pouvoirs publics contre le tabac ou le manger-bouger, vont accroitre ce type de comportements. A défaut d'agir sur leurs vies, de la modifier, ou au contraire d'accepter la vie telle qu'elle se présente, les individus se choisissent ainsi des leviers psychologiques pour se donner l'illusion du contrôle. Et bien entendu, les plus faibles, alors même que leur contrôle excessif pourrait nous les faire apparaitre forts (partisans du bio, sportifs excessifs, adeptes de la nutrition, etc.) seront les premiers à faire les frais de cette mode. Car pour ces gens là, il s'agit avant tout de lutter soit contre l'angoisse de n'être rien ou contre l'angoisse de la mort.

Pour conclure, si vous pensez être orthorexique, un test existe et on le trouve .

25 juin, 2011

Eloge de la glandouille !

Philippe Noiret dans Alexandre le bienheureux (1968)

Parfois, mon ami Olive celui qui roule en Ferrari et possède beaucoup d'argent, me propose de m'emmener couper du bois avec lui. Couper du bois, c'est son truc à lui. Il part avec un ami commun dans une forêt dans laquelle l'ONF lui a loué une parcelle et le samedi matin, il scie, tronçonne, coupe et charrie des billes et autres buches. Moi, le samedi matin, je dors et il est hors de question que j'aille couper du bois. 

C'est fatigant et pas très intéressant, c'est comme le sport. Moi si un truc n'occupe pas mes neurones prodigieux, je m'emmerde vite. Mon intelligence lumineuse m’oblige hélas de me tenir à distance des occupations physique habituellement prisées par mes contemporains, qu'il s'agisse de taper dans un ballon, de se rouler sur un tapis de gymnastique, ou de couper du bois. A la limite peut être que je parviendrais à m'y intéresser si j'étais shooté à l'héroïne ou bourré de neuroleptiques mais je vous avoue ne pas avoir envie d'essayer.

De plus étant de nature très sociable, je connais des tas de gens dans tous les domaines. Et si je ne crois pas à la solidarité telle qu'on nous l'enseigne dans le catéchisme républicain actuel, je crois très fort au clan dans lequel on maintient la cohésion entre les membres à coups de services. Ce qui fait qu'un jour, un ami d'un ami m'a livré trois camions de bois complets, de quoi passer trois hivers complets. Et quand j'ai voulu le dédommager, mon ami m'a expliqué qu'il était en compte avec lui ce qui fait que je n'ai rien payé, ni en argent ni en peine.

Les gens étant mal intentionnés, voici qu'une réputation de gros glandeur me colle évidemment à la peau. Je serai le mec pas capable de se bouger le cul. Pas une seule personne que je connaisse qui ne me plaigne et ne se dise : pauvre Philippe, il est affligé d'une telle intelligence, ses neurones ont besoin d'une telle surstimulation que nos plaisirs simples lui sont interdits à jamais ! Ben oui, voilà la vérité, telle une Formule 1 à jamais condamnée à ne pas emprunter les routes normales parce qu'elle est faite pour rouler sur circuit, mon néocortex me pousse à n'avoir que des activités ciblées et triées sur le volet, comme la rédaction de son blog qui est à n'en pas douter, un des summums de ce que peut produire un esprit humain supérieur à destination d'un lectorat hors du commun.

Mais bon, comme la déité du Christ lui fait pardonner aux hommes, mon immense intelligence m'oblige aussi à pardonner à mes amis cette détestable réputation qu'ils seraient tentés de me faire à mon insu. D'ailleurs, je vous l'ai déjà dit, le Christ et moi sommes capricornes, comme quoi on a des tas de points communs. Donc Lui et moi, on pardonne parce que l'on sait qu'ils ne savent pas ce qu'ils font !

Finalement, je me réjouis dernièrement de n'être qu'un gros glandeur comme on m'accuse injustement. En effet, voici que j'apprends successivement qu'une de mes patientes s'est cassé une cheville en faisant du sport tandis que le père d'une bonne amie s'est cassé le bras en bricolant. Pour le père de cette amie, ce n'est pas très grave puisque c'est une fracture nette qui se remettra gentiment en place en six semaines. En revanche le sort de ma patiente me préoccupe plus parce que son accident l'a empêchée d'honorer son rendez-vous ce qui me fait un manque à gagner mais je n'ose pas trop lui réclamer le prix de la séance. Je suis sur que non contente d'avoir coûté cher à la sécurité sociale à cause du sport, elle serait capable de brandir un cas de force majeure (extérieur, imprévisible et irrésistible). Je suis donc une victime collatérale du sport !

Sinon tandis que je cherchais des infos sur les faits divers sur Yahoo, j'ai vu que deux  adolescents qui circulaient à vélo à proximité de la marche blanche organisée ce vendredi en hommage à Marie-Jeanne Meyer, la joggeuse retrouvée morte mardi, ont été renversés par un poids-lourd à Tain l'Hermitage (Drôme). La jeune fille d'une quinzaine d'années, est morte sur le coup, décapitée par le camion. Le second cycliste, grièvement blessé, a d'abord été pris en charge sur place par les équipes de secours. La gendarmerie a annoncé son décès à 18h30.

Putain si ce n'est pas de la déveine ça, se faire décapiter par un camion alors qu'on rend hommage  de manière sportive (en vélo) à une sportive morte dans l'exercice même du sport. Bien entendu, j'adresse mes plus sincères condoléances aux familles des victimes mais je suis en droit de me demander ce que font les pouvoirs publics si prompts à dénoncer la violence routière, l'alcool et le tabac mais qui me semblent curieusement muets quand il s'agit du sport.

Finalement heureusement que je connais Lapinou. C'est bien le seul qui n'ait jamais pointé du doigt mon manque d'entrain général face aux efforts. Une fois que nous glandions gentiment sur ma terrasse en devisant librement, il m'a dit que j'avais vraiment la belle vie et qu'il aimerait bien être comme moi. C'est un compliment qui m'a touché véritablement. Bien sur, je ne me suis pas départi de mon rôle éducatif face à lui, parce que je suis glandeur mais éminemment sérieux tout de même.

Je lui ai expliqué que certes, j'étais forcé d'admettre que le dernier qui m'avait vu faire du sport était sans doute mort et que le dernier qui m'avait vu bosser avec acharnement devait avoir une longue barbe blanche. Toutefois, lui ai-je dit, mon activité ne me permettait pas de rouler en Ferrari ni de déjeuner tous les midis dans un 3* du Michelin.

J'ai aussitôt rajouté que cela ne me manquait pas vu que je pouvais tout de même satisfaire quelques unes de mes lubies et que la dernière se trouvait être de posséder une XT500 et non une Ferrari ce qui n'est pas le même coût. Quant aux restaurants, ayant toujours préféré une entrecôte saignante accompagnée de frites et d'un Saint-Nicolas de Bourgueil à tous les autres mets, les 3* du Michelin ne me manquaient pas vu que je savais de source sure qu'on y trouvait jamais de belles grillades !

D'ailleurs, la plupart des amateurs de restaurants étoilés n'entendent rien à la cuisine et trouvent cela bon simplement parce qu'on leur a dit que c'était bon. Ce sont des buveurs d'étiquettes, capables de trouver une piquette admirable. Je suis même sur que statistiquement, on devrait trouver un très fort coefficient de corrélation entre les amateurs de restaurants étoilés et les amateurs d'art contemporain. Et fort logique comme je le suis, je ne vois pas pourquoi on aurait des goûts de merde artistiquement et pas culinairement puisque la cuistrerie est un état général et permanent.

Puisque le soleil se couche (oui je finis cet article samedi à 22h04), je remercie Dieu de m'avoir épargné la pratique du sport ou du bricolage intensif et ainsi d'avoir éloigné de moi les blessures les plus terribles. Comme quoi, nul besoin d'être un gauchiste activiste ni un illuminé écologiste pour ne pas verser dans la surconsommation. Il suffit simplement de se défier du désir qui est sans doute la meilleure manière dont nous manipulent les groupements divers qu'ils soient privés ou public. Sincèrement a-t-on déjà vu slogan plus idiot que celui de Nike "just do it" ? Lorsque je vois leurs publicités, j'ai l'impression qu'on me prend pour un con ou un enfant en me disant "allez t'es pas cap ?". Et moi dans ma tête, je réponds que non, je ne suis pas cap' et qu'en plus je m'en tape. Le plus haut, pus fort, plus vite, plus tout ce que vous voulez, ne passera pas par moi.

Quant à ceux qui me trouveraient glandeur je leurs répondrai que je suis simplement sage. De toute manière, nous finirons tous au cimetière et les sacs d'or ne nous suivront pas. N'est il pas écrit :

"Regardez les oiseaux du ciel  : ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n'amassent rien dans des greniers et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux ?"
                                                                                                                                       Matthieu 6:26

24 juin, 2011

Dures limites !

Un trail : la Yamaha XT 500

Avec Lapinou, nous regardions des annonces de motos quand il a été surpris que je m'intéresse aux trails. Les trails ce sont ces motos hautes sur roues combinant de bonnes aptitudes routières autant que des capacités de franchissement leur permettant le tout-chemin, inauguré par exemple par la bonne vieille Yamaha XT 500 devant laquelle je bavais quand je n'étais encore qu'un branleur prépubère. Oui, moi qui vous écris, j'adore ce genre de motos n'en déplaise à ceux qui ne les apprécie pas. Et Lapinou semblait s'en trouver fort marri. 

Tout dépité, il me demanda alors pourquoi je ne préférais pas une super sportive, un de ces trucs tout carénés avec un gros moteur et des performances ahurissantes. Me mettant à la porté de sa jeune cervelle de lapereau, je lui expliquai alors que compte-tenu de mon physique, de mon caractère, j'aurais l'air d'un con si je m'avisais de piloter un de ces engins ! Je rajoutai ensuite, l'index tendu de manière sentencieuse et d'un ton docte qu'il fallait toujours accepter ses limites. Et que mes limites à moi m'enjoignaient d'acheter un truc genre Honda Transalp ou à la rigueur BMW R1200 mais certainement pas une Ducati 1198 SP. 

Lapinou opina du chef puis me dit que je pourrais aussi prendre une Harley-Davidson et là, je me fâchai tout rouge lui rappelant que si j'acceptais mes limites je n'étais pas non plus un de ces gros mythos qui roulent en Harley parce qu'ils confondent les départementales de Seine-et-Marne et l'ouest américain et qu'en plus je n'aimais pas du tout Johnny Halliday même dans sa dernière chanson Optique 2000. Au surplus claquer dix bâtons pour un gros veau ne faisait pas partie de mon programme parce que je n'aime pas me faire arnaquer comme un nul (putain pourvu que le Gringeot ne lise pas cet article ou il me tue).

Et puis, nous sommes passé à autre chose puisque nous avons regardé un vieux film des années 80 intitulé Je vais craquer et tiré d'une BD de Lauzier. Dans ce film, le personnage principal, Jérôme Ozendron, interprété par Christian Clavier perd sa femme, ses enfants et son travail à la suite d'une rencontre avec un ancien ami devenu acteur qui l'entraîne dans le milieu du showbiz.

Le film est une comédie que d'aucuns qualifieraient de douce-amère voire carrément d'aigre-douce, tant on a parfois mal pour le pauvre Jérôme. Voir ce brave type, normal en tout, tenter de s'immiscer dans un milieu qui n'est pas le sien est passionnant d'un point d vue psychologique et moral. Lapinou est ensuite rentré chez lui et je l'ai trouvé totu drôle. L'interrogant pour connaitre les raisons de son malaise que je ressentais, le voici qui m'explique qu'il a trouvé le film très dur. 

Erreur Lapinou ! Ce n'est pas le film qui est dur mais la vie ! En effet, dure sera la vie de ceux qui ne connaissent ni ne respectent leurs limites. Ça je vous je le dis l'index tendu et les yeux fous, tel un prédicateur prêchant la bonne parole !

Dans les faits (vous noterez que je dis souvent "dans les faits"), ce film m'a rappelé deux histoires assez tragiques entendues dans mon cabinet. La première c'était une toute jeune femme ue j'ai reçue voici bien des années alors que Lapinou n'était encore qu'un enfançon bavochant et jouant maladroitement avec ses playmobils en souillant ses couches. Cette demoiselle débarquée, me consulta sur les conseils de son médecin parce qu'au bout d'un an à peine passé dans la capitale, elle n'avait récolté que le VIH, une addiction certaine à la coke et une inscription à l'ANPE. La pauvrette convaincue que le monde de la nuit serait hyper cool, s’était acoquinée avec ce qu'il y a de pire pensant sans doute que la nuit tous les chats sont gris mais oubliant que la nuit attire aussi de bien funestes personnages.

La seconde histoire était celle d'un ingénieur sérieux comme tout qui commençant à travailler pour le cinéma avait rencontré une sous-actrice sans nul doute hystérique qui lui avait fait perdre la tête, tout son fric et pour laquelle il avait sacrifié son foyer. Il va sans dire qu'une fois débarrassé de son blé, la belle avait proprement largué le micheton arguant d'arguments totalement fallacieux en le laissant autant énamouré qu'inconsolable.

Voilà donc ce qui arrive aux personnes qui malheureusement ne connaissent pas encore leurs limites. Alors, je ne sais pas si j’achèterai un trail ou non, mais je suis sur d'une chose c'est que je n’achèterai jamais une super sportive parce que ce n'est pas fait pour moi.

Je conseille dont à tout le monde de voir ou de revoir Je vais craquer, l'histoire d'un naufrage personnel, du genre de ceux qui arrivent à tous ceux qui ... ne connaissent pas leurs limites !

D'ailleurs afin de ne pas passer pour sérieux que je ne le suis ou plutto ne l'était, j'ai le souvenir d'une fois où je n'ai pas accepté mes limites. J'achetai alors un piano. Dans le magasin, j'avais essayé un piano droit Schimmel, un bel instrument qui sonnait bien sous mes doigts, le truc fait pour moi. Mais de l'autre côté, un Pleyel 3bis (1/4 de queue) me narguait de son acajou rutilant et de ses touches en ivoire et de son prix pharamineux. En l'essayant je m'étais rendu compte qu'il était trop dur pour moi, pour mon niveau, que c'était un vrai piano classique nécessitant une formation de haut niveau. Mais il était si beau ! Et que croyez vous qu'il arriva ? Aujourd'hui chez moi trône un superbe Pleyel 3bis sur lequel je ne joue presque  jamais, lui préférant un piano digital Casio (la loose intégrale).
C'est ainsi que lorsque je dois prendre une décision importante, je me mets face à mon Pleyel, l'observe rien que pour me souvenir que même moi, pourtant sage parmi les sages, je fus autrefois un jeune fou cédant aux sirènes hurlantes de la démesure et aux promesses d'Hybris.

C'est ainsi que voici quelques temps, hésitant entre une Aston-Martin One-77 et une RJ49, je regardai fixement mon Pleyel 3bis afin de prendre une juste décision que vous connaissez tous chers lecteurs.

L'Aston-Martin n'était définitivement pas faite pour le monstre d'humilité que je suis !

Pleyel 3bis

Violence féminine !

 Messaline une femme qui n'était pas "jolie jolie" hein !

Après les affaires DSK, Tron et bien sur la grande campagne destinée à alerter l'opinion sur le viol conjugal, nous savons d'ores et déjà que l'homme est un salaud. C'est pourquoi dans un louable souci de justice et afin d'appliquer sur ce blog une saine et murement réfléchie parité, je tenais à parler de la violence féminine. 

Parce que si l'homme est souvent réputé violent, c'est sans doute parce que sa violence est plus visible puisqu'elle utilise ce que la nature lui a donné comme avantage par rapport aux femmes : sa force physique. Car nul ne contestera qu'il existe dans notre espèce un vrai dimorphisme sexuel qui fait que globalement les mâles sont plus grands et plus forts que les femelles. 

A la marge bien sur, existent des différences marquées ainsi que pourrait le démontrer une photo mettant en présence le Gringeot (2,03m et 145kgs) et Louis de Funès (1,65m et 58kgs). Si toutefois une telle photo existait mais je ne pense pas que le Gringeot ait un jour rencontré Louis de Funès ni qu'il soit plus que cela plus amateur des ses films, dans la mesure où la vidéothèque du Gringeot est principalement constituée d'oeuvres mettant en scènes soit des filles nues, soit des Harley-Davidson, soit les deux ensemble. Or, il ne me semble pas qu'on ait déjà vu De Funès dans un porno bas de gamme ni même qu'on ait rapporté qu'il ait fait partie d'un gang de bikers. De Funès son truc à lui c'était plutôt les roses, qu'il cultivait dans son château, et les DS qu'il conduisait dans ses films. Or je crois savoir que le Gringeot dirait des DS autant que des roses que "cé pour les pédés". J'ai beau eu lui dire que j'aimais les roses et que je trouvais la DS plutôt réussie comme voiture sans pour autant être homosexuel, le Gringeot n'en démord pas et me dit que de toute manière "lé psys cé tousse dé pédés".

Mais revenons à nos moutons et admettons que le dimorphisme sexuel fait que dans notre espèce, l'homme est plus fort que la femme, ce qui lui donne un avantage concurrentiel en termes de baston. Et à moins de s'appeler Michelle Rodriguez (dans ses films) ou Myriam Lamare, je connais peu de femmes qui réussiraient à gagner contre un homme dans un combat à la loyale. Comme on l'a vu, dans un match homme/femme, c'est DSK qui gagne. (Ceci dit bien sur j'écris cela pour rire car je suis un fervent partisan et défenseur de la présomption d'innocence !)


En revanche, la nature étant aussi bien faire que les jeux de rôles, dans lesquels même les nains ont des pouvoirs, la femme dispose d'une supériorité psychologique évidente par rapport à l'homme. Même si le fait n'a sans doute pas été démontré, vous admettrez que depuis tous petits, on nous bassine avec le fait que les filles sont plus mures plus tôt que les garçons, plus calmes, etc., et qu'elles nous sont donc supérieures sur bien des points. L'étude psychologique la plus aboutie réside sans doute dans le Petit Nicolas de Goscinny qui met parfois en scène la petite Marie-Edwige qui "a des cheveux jaunes, des yeux bleus et est toute rose" et qui développe dans les histoires où elle apparait une force psychologique peu commune lui permettant de manipuler les garçons avec brio.

A ce point de ma démonstration, je poserai la règle suivante édictant que la torture physique et la torture psychologie se valent en tous points. Dès lors, la violence peut être issue de ces deux formes de violence que représentent la violence physique - plus couramment masculine - et la violence psychologique - plus couramment féminine. 

C'est ainsi que via mon Iphone j'ai appris que Loïc Sécher, 50 ans, a été déclaré non coupable des accusations de viols sur la jeune Emilie, alors âgée de 14 ans, par la Cour d'assises de Paris. Définitivement innocenté, il aura passé plus de sept ans derrière les barreaux avant la rétractation de son accusatrice. Retour sur les causes de cette erreur judiciaire. Pour des motifs sans doute très vagues, le témoignage d'une adolescente aura suffit à envoyer en prison pour une peine de seize ans un homme innocent. Je n'étais pas aux auditions mais elle devait être sacrément convaincante la gamine !

Dans le même temps, un fait divers m'apprend dernièrement qu'une jeune fille de 13 ans a succombé aux coups portés par le frère de l'une de ses camarades. L'agresseur voulait venger sa sœur qui était en froid avec la victime à propos d'un amoureux. La querelle entre les collégiennes se serait envenimée, des injures auraient été échangées sur les réseaux sociaux et la sœur de l'agresseur. Si le jeune homme mérite d'être jugé, on est en droit d'avoir des explications sur le comportement de sa sœur l'ayant amené à se conduire ainsi. Ne serait ce pas une forme de domination psychologique assez classique par lequel une femme amènera un homme à la venger ? Les faits divers regorgent de ces histoires sordides dans lesquelles une odieuse manipulatrice instrumentalise un benêt afin de se débarrasser d'un mari gênant ou d'une rivale détestée.

Et dans un cadre beaucoup plus large, je suis toujours amusé par ces femmes qui trouvent que leur mec est un peu lâche parce qu'il s'est laissé insulter par un plus grand, plus gros et plus fort et "qu'elles à sa place, elle ne se serait pas laissées faire". Ou par ces mêmes femmes qui hurlent tout en sachant très bien qu'elles ne risquent rien parce qu'il est tout de même rare qu'on frappe des femmes sur la voie publique en cas d’altercation.  Cela me fait toujours penser à ces petits yorkshires qui aboient et grognent quand ils sont sur les genoux de leurs maitres, sachant bien qu'en cas de problème, ils n'assumeront aucune conséquence de leurs actes.

Je m'inscris donc en faux contre les propos de cette prof de psychopathologie du travail dont je suivis naguère les cours médiocres qui hurlait que la violence c'est ce qui fait mal et qui laisse des traces. Sans doute que la pauvre fille avait été battue mais bon, la violence psychologique laisse aussi de sacrées traces !

Tout ceci m'amène donc à me demander ce que font les pouvoirs publics qui ne dénoncent pas ces odieux comportements féminins en enjoignant aux hommes de se méfier des femmes, lesquelles se révèlent parfois être des terribles Messaline. Je trouve que de la même manière que les journaux féminins glosent sur le maintenant célèbre portrait clinique du terrible pervers-narcissique que toute employée croit apercevoir derrière un patron, un mari, un amant et tout homme en général, il faudrait que l'on dépeigne enfin les terribles perverses-hystériques. Ce ne serait que justice. 

Parce que comme dit le Père Peujat dans Les vieux de la vieille, parfois une femme : c'est peau de pêche en dehors mais peau d'hareng en d'dans".

La leçon de tout ceci c'est que rien n'est ni tout noir, ni tout blanc mais que y'a du gris partout.

06 juin, 2011

Je ne suis pas du tout visuel !


Je ne sais pas qui a pu lui donner mes coordonnées mais toujours est-il qu'un scénariste a pris contact avec moi afin de me rencontrer. Comme il me l'a expliqué au téléphone, il a pour projet d'écrire une série dont le thème central serait les TCC. Si je comprends qu'on puisse faire une série avec des psys, j'ai du mal à comprendre en quoi les TCC seraient quelque chose d'intéressant hormis dans le cadre d'un documentaire ou d'un hors-série de Science et Vie.

Au jour et à l'heure dits, je reçois ce scénariste qui a vraiment un look de scénariste tel que je me les imaginais tout pétri de préjugés et bourré de stéréotype que je suis. Le type à qui j'ouvre la porte est ainsi une sorte de vieux jeune, c'est à dire un presque quadragénaire qui persiste à s'habiller comme un gamin de vingt ans en étant persuadé qu'il n'a pas vieilli.

Vêtu tout de jean, il porte des baskets grotesques, et je note qu'il porte les pattes assez longues sans doute pour compenser une tonsure naissante sur le haut du crâne qu'il tente de dissimuler en portant le cheveux très court. Je ne lui trouve pas un regard très vif ce qui ne m'empêche pas de lui serrer chaleureusement la main.

Bien entendu, je le reçois cordialement en lui proposant un café et en m'abstenant de tous commentaires désobligeants sur son apparence. Pas plus que je ne me permets de lui dire qu'il a vraiment une bonne tête de gauchiste, persuadé que je suis que c'est un lecteur assidu des Inrocks, de Technikart, voire même d'être un des derniers abonnés à Libération, ces huit feuillets qui se donnent encore l'illusion d'être un vrai journal.

Comme j'ai une grande habitude de recevoir des tas de gens différents en faisant taire mes jugements moraux, j'applique la technique avec lui ce qui est facile puisqu'il est assis en face de moi, à la place qu'occupent habituellement mes chers patients. C'est ainsi qu'affable, je lui demande, ce que je demande toujours: en quoi puis-je vous être utile ?

Le quidam me demande s'il peut enregistrer notre entretien ce que j'accepte sans problèmes. Il sort alors un drôle de petit dictaphone avec un chouette de petit micro directionnel qu'il fixe dessus. J'ai les yeux rivés sur ce minuscule micro chromé et je sens monter en moi une lubie. Durant un bref laps de temps, j'ai l'impression que je ne pourrais plus jamais vivre heureux si je ne me procure pas ce même micro qui est vraiment trop mignon !

Habitué à mes lubies, je fais mes petits exercices cognitifs et j'en viens aussitôt à me dire qu'acheter e micro serait une dépense inutile puisque je n'enregistre jamais personne. Après une brève tension, la lubie disparait et je peux enfin me consacrer à mon interlocuteur qui a sorti une page sur laquelle figurent sans doute les questions qu'il aimerait me poser.

C'est ainsi qu'il commence à me demander des précisons sur les TCC. Et comme j'ai lu tout Cottraux (et bien d'autres auteurs) je lui réponds très doctement afin de lui expliquer tout ce qu'il souhaite savoir. Comme je suis du genre prolixe et habile à faire des digressions et des circonlocutions, j'ai vite fait de le noyer sous un déluge d'informations qui semblent le satisfaire autant qu'elles le laissent pantois. Le pauvre s'attendait sans doute à un psy calme et mesuré, tels qu'on les imagine, et le voici qu'il a face à lui une sorte de camelot qui lui fourgue de la TCC comme un bateleur fourguerait ses batteries de cuisine ou ses fers à défroisser sous les arcades du BHV.

Noyé sous mes précisions techniques, je le vois un peu hésiter et perdre pied ce qui m'amuse passablement vu que je suis parfois cruel. Je lui demande s'il souhaite d'autres précisions et c'est là que ce cuistre m'explique qu'il imaginait mon métier autrement. Etonné, je lui demande de me préciser ce qu'il avait imaginé de ma profession.

Et c'est là qu'il m'explique qu'il avait imaginé quelque chose de plus "visuel", de plus pratique. Comme je me doute qu'il a du voir des reportages télévisés, je lui explique qu'il a sans doute du s'inspirer de ce que l'on montre habituellement sur le traitement des TOC. En effet, traiter un TOC peut devenir très visuel puisqu'il s'agit d'empêcher ou au contraire de forcer quelqu'un à accomplir un comportement en lui évitant des angoisses. Ainsi, un patient persuadé qu'il doit fermer trois fois sa porte ou se laver dix-huit fois les mains de suite, sera amené progressivement à adopter un comportement plus conforme à bases d'exercices enseignés par le thérapeute qu'il devrai ensuite refaire chez lui.

Je lui explique alors que les TOC sont généralement pris en charge en psychiatrie et que j'en reçois assez peu parce que ce sont des cas finalement peu passionnants bien qu'ils aient toute ma compassion. En effet, l'hypothèse de l'implication d'un dysfonctionnement du circuit orbito-fronto-striato-thalamocortical dans le TOC étant confortée par les données cliniques et la neuroimagerie fonctionnelle, leur traitement s'apparente plus à une forme de rééducation telle que la pratiqueraient par exemple des orthophonistes dans le cadre de la dyslexie qu'à une psychothérapie stricto-sensu et de fait me concerne à priori moins que d'autres pathologies dans lesquelles le vécu et donc l'aspect purement psychologique est plus prévalent.

Le pauvre semble tout déconfit et j'imagine aussitôt les belles images qu'ils avaient envisagées dans sa tête mettant en scène des patients affligés de TOC ou mieux encore d'une belle maladie de Gilles de la Tourette qui sont des pathologies très visuelles et propres à réjouir le téléspectateur lambda. C'est vrai que la neurologie bien mise en scène peut réserver de très belles séquences pour un scénariste inventif même si la discipline reste moins "visuelle" que l'orthopédie dans laquelle le sang est toujours présent.

Parce que le côté visuel de la discipline semble être le maitre mot de mon nouvel ami scénariste, la trame même de la jolie série qu'il s'apprêtait à écrire, il me semble vraiment tout dépité. Sans me départir de mon calme, je lui explique que la thérapie étant basée sur la parole et l'échange, cela reste moins visuel que les métiers d'acrobate ou de cascadeur et que j'en suis désolé. Je rajoute en plus que détestant le sport et les sportifs, le dernier qui m'a vu courir doit avoir une longue barbe blanche.

Je précise aussitôt que je connais des tas d'auteurs ou de scénaristes talentueux, qui ont réussi à écrire de fort jolies choses passionnantes à partir de situations pas du tout visuelles et que par exemple il me semblait que le ressort psychologique, par exemple la tension induite par une situation chez les personnages pourvu qu'ils soient interprétés par des acteurs talentueux, était aussi quelque chose d'assez intéressant même si cela reste plus compliqué à écrire qu'une poursuite de voitures.

Ainsi quand j'étais petit, la série Columbo cartonnait alors que je ne pense avoir vu Peter Falk courir une seule fois dans un épisode ni même se servir d'un flingue. Plus proche de nous, on a même mis en scène un médecin boiteux et misanthrope pour qui aller vite nécessite forcément d'enfourcher sa Honda CBR. Je pense même que la profession d'avocat, par forcément très visuelle non plus, a permis de faire de très jolies séries. Et puis merde après tout, ça veut dire quoi visuel ! Ce n'est que la manière de capter quelque chose, une intensité, une tension, quelque chose de fin, de ténu, d'éthéré, et pas forcément du mouvement bête !

Je ne vais pas me mettre à faire un tsukahara comme un débile de gymnaste dans mon cabinet pour devenir plus visuel ! Putain rien que mon regard acéré, mes gestes mesurées, mes paroles justes, traduisent assez la vitesse de mes neurones en pleine action pour que mon corps se dispense de toute activité superflue. Si je bougeais aussi vite que mes neurones, putain je vous referai Matrix en courant sur les murs. En fait, je suis visuel à ma manière, je ne suis pas un visuel cheap, un mec qui a besoin de bouger pour montrer qu'il est plein de vie. Moi, je suis un visuel intériorisé, un adepte du sport cérébral. Je suis un visuel dont la "visualité" (pardonnez moi ce néologisme) ne se révèle qu'aux êtres fins.

Ne sachant pas vraiment si je suis sérieux ou si je me moque de lui, mon scénariste me regarde interdit. N'étant pas cruel par nature, je lui explique alors que s'il souhaite des situations vraiment plus visuelles, il peut alors prendre contact avec des consultations spécialisées comme celle de l'hôpital Sainte-Anne où il pourra rencontrer des spécialistes des TOC tels qu'il les imagine. Il note les quelques adresses que je lui donne. Je rajoute aussitôt que s'il veut ajouter de la tension à son scénario, il peut aussi visiter des UMD dans lesquelles il verra des cas vraiment terribles ce qui lui permettra d'avoir non seulement du "visuel" mais en plus du "dangereux".

L'entretien étant terminé, il se lève un peu déçu, me remercie et me salue avant de disparaitre. Ayant su qui me l'avait adressé j'ai de la peine pour lui. Pauvre scénariste, on avait du lui vanter les mérites d'un psy assez peu conventionnel, plutôt sympa et rigolo, et il avait du se faire son film dans sa tête en me caricaturant en personnage de série.

Manque de mot, si je suis sympa et parfois rigolo, je ne suis par contre pas visuel du tout comme il le voudrait. Je suis visuel autrement !

05 juin, 2011

A quoi sert de vivre ? (suite et fin)


La semaine passée, j'ai évoqué le cas de cette patiente qui affirme n'avoir aucune raison de vivre. Certains d'entre vous avaient laissé des commentaires sous l'article et d'autres m'ont écrit afin de me proposer une solution à cette lancinante question : à quoi sert il de vivre ?

Dans les faits, j'y avais réfléchi de mon côté bien entendu et j'étais arrivé à une conclusion assez simple permettant de répondre à cette question en n'y répondant pas. Et puis, j'ai reçu le jeune JC qui lui aussi avait entrepris de résoudre ce problème. Comme il me l'a avoué, il n'a pas voulu mettre un commentaire sous l'article parce qu'il est bien trop réservé. 

Alors nous avons discuté tous les deux et sommes parvenus à la même conclusion. A savoir qu'il est inutile de répondre à la question "pourquoi vit-on" pour avoir enfin de vivre. Le plus simple est de se demander comment l'on vit. Parce que si l'essentiel de sa vie est orienté pour savoir pourquoi l'on est là, il y a peu de chances pour qu'on ait une qualité de vie exceptionnelle. 

Finalement, la réponse au pourquoi se trouve plutôt dans le comment, dans le fait de cesser les vaines réflexions pour passer à l'action.De la même manière que c'est en forgeant qu'on devient forgeron, c'est en vivant enfin que l'on trouve une raison de vivre.

Cela me fait penser à l'apprenti psy que j'avais reçu voici quelques temps et qui ne se jugeait pas prêt à recevoir des patients. Il attendait d'être parfait, persuadé que la relation thérapeutique était un lien dans lequel une sorte de psy tout puissant et omniscient déversait son savoir et sa grande sagesse vers un patient totalement démuni. 

J'avais tenté de lui expliquer qu'il faudrait bien commencer un jour et qu'il était certain qu'il serait sans doute moins bon à trente ans qu'à quarante et ainsi de suite. Il n'avait pas été convaincu, de même qu'il avait du mal à saisir que la relation thérapeutique était une interaction, que cela n'avait rien à voir avec un protocole médical au cours duquel un "expert" donnerait un traitement à un "malade". 

Tout comme cette patiente se demandant pourquoi l'on vit, ce futur confrère attendant d'avoir toutes les réponses à ses questions en imaginant que des ruminations mentales valent réflexion alors qu'elles ne sont que le symptôme d'un état dépressif ou anxieux.

En vérité je vous le dis, moi qui me perdait souvent dans de vaines réflexions, attendant je ne sais quel éclair pour entreprendre, ma vie a changé depuis que j'ai appris à me dire "ta gueule Philippe, tu verras bien".

Nous sommes nés une fois, il n'est pas possible de naître deux fois, et il faut n'être plus pour l'éternité : toi, pourtant, qui n'est pas de demain, tu ajournes ta joie ; la vie périt par le délai, et chacun de nous meurt affairé.
Epicure, Sentence vaticane 14

03 juin, 2011

Cadeaux, nains, astrologie et autres billevesées !

 Une flopée de nains !
(coll. particulière Ph.le psy)

Offrir des cadeaux à une seule personne alors que d'autres sont présentes c'est toujours un peu embarassant. Il se trouve que c'était récemment l'anniversaire de GCM, lequel est né un vingt mai, comme qui dirait à cheval (on dit sur la cuspide) entre les signes du taureau et du gémeaux. Du premier, il a pris le sens de l'économie mais pas celui de l'effort, tandis qu'il a emprunté au second la roublardise mais pas la vivacité. J'ai toujours pensé que doté de ces caractéristiques, GCM aurait fait un très bon usurier ou encore un excellent vendeur de voitures d'occasion. Mais ayant fait des études, il s'est obstiné à faire un métier honnête, bien que de mauvaises langues racontent le contraire en colportant des ragots honteux.

J'ai donc acheté à GCM un livre que je comptais lui offrir demain. Or il se trouve qu'il y aura sans doute quelques personnes et comme le disais précédemment, j'étais un peu gêné à l'idée de faire un cadeau à un tandis que les autres n'auraient rien. Je sais que tout adulte sérieux serait capable de comprendre cela mais il se trouve que je fréquente des gens qui ne sont pas très mûrs. Je les imaginais tous regarder avec envie GCM ouvrir sa pochette FNAC en se disant "ben pourquoi que nous on n'a rien ?". Parce que ce n'est pas votre anniversaire bande de crétins aurais-je pu m'écrier en devinant leurs pensées envieuses mais je n'avais pas envie de me fâcher.

En fait, un autre ami Monsieur Y. m'a sauvé sans le savoir. Il se trouve que n'ayant pas le temps de s'y rendre lui-même, il m'avait demandé de lui ramener un chamaerops humilis, qui comme chacun le sait est un palmer résistant un peu au froid. Pour ceux qui ne connaissaient pas, vous pouvez toujours vous rendre sur ce lien. Or il se trouve que par le plus grand des hasards, ladite jardinerie se trouve à côté d'un supermarché Leclerc chez lequel mon épouse désirait acheter quelques denrées tout en n'oubliant pas de penser à prendre de la desperado qu'affecte une certaine jeune personne dont je ne citerai pas le nom pour ne pas l’embarrasser en parlant de ses problèmes d'alcool, pas même le nom de son village d'origine pourtant assez rigolo parce que cela risquerait de vous mettre sur la piste.

Ayant terminé de charger le chamaerops humilis, je suis allé rejoindre mon épouse et bien sur, plutôt que de lui prêter main forte, je suis parti trainer dans les rayons. Et c'est là, au détour d'un rayon que je les ai vus qui me narguaient et moi qui suis sujet aux lubies en tous genres, j'ai immédiatement perdu le contrôle de mes actes. Je les entendais me dire d'une petite voix "viens achète-nouuuuus". C'était de fort jolis nains en terre, habilement peints de couleurs vives et hauts d'une vingtaine de centimètres et sans doute réalisé par de petites mains expertes dans quelques contrées extrême orientales. 

Détestant les nombres impairs et coutumier d'une démesure quasi napoléonienne, mes mains velues se précipitèrent aussitôt pour prendre une flopée de ces jolis nains (le volume de bois se calcule en stère tandis que pour les nains, on utilise la flopée). Il faut dire que le prix unitaire de 0,95€ signalait une excellente affaire à ne surtout pas manquer. Sincèrement, moi qui possède les lecteurs les plus intelligents de la blogosphères, je me permets de vous mettre au défi de trouver des nains de cette qualité à moindre prix !

C'est ainsi que subrepticement, tandis qu'elle ne me voyait pas, je dissimulais les nains parmi les achats de mon épouse disposé dans le caddie. Une fois mon forfait accompli, je sortais du magasin fumer une cigarette la laissant passer seule passer en caisse avec les dix nains (une flopée de nains = dix nains) que j'avais décidé d'acquérir. La caissière comptant les nains a du songer que mon épouse était une femme de goût sachant choisir les objets de décoration avec soin.

Moi qui suis lâche, je n'aurais jamais osé passer en caisse avec ces nains à moins de porter des lunettes de soleil, une casquette, une fausse barbe, d'agiter ostensiblement une porte-clefs Harley-Davidson et de contrefaire ma voix de manière à me faire passer pour le Gringeot. Parce que le Gringeot est le genre de mec assez impressionnant pour passer en caisse avec n'importe quoi, même un sex-toy, un string en fourrure avec fermeture éclair, ou l'humanité-dimanche sans que personne n'ose ricaner. Je pense qu'il pourrait aller faire ses courses à poil costumé en Bunny girl sans qu'un mec de la sécurité ne l'interpelle. Tiens faudra que je lui demande de tester, je lui dirais que c'est pour expérience de psychologie sociale.

C'est ainsi que lorsque GCM ouvrira son cadeau, il ne sera pas le seul car les autres auront le droit à une surprise : un nain. Le nain est toujours un cadeau qui fait plaisir et trouve sa place partout. Bien entendu, comme tous les elfes, leprechauns, et autres dryades et hamadryades, ces petits êtres sont porteurs de pouvoirs terribles. C'est ainsi que tant que ces nains orneront les intérieurs et jardins de mes amis, le bonheur sera présent : les malades seront guéris et les malheureux apaisés. Mais que le nain soit abimé ou pire, soit détruit ou sciemment jeté et les foudres ne tarderont pas à s'abattre sur leur foyer : par exemple leurs enfants voteront socialiste. Le nain est ainsi, c'est tout l'un ou tout l'autre ! 

Sinon, n'ayant pas écrit depuis le 17 mai ici, rassurez vous j'ai des articles en préparation mais comme je suis roué et aussi madré qu'un maquignon, je publierai ces articles dans quelques jours mais en les ayant antidatés pour faire croire que j'ai été un blogueur régulier et un travailleur acharné. D'ailleurs je parlerai de DSK parce qu'il n'y a pas de raisons que je ne fasse pas comme tout le monde.

Le nain ne déteste pas s'envoyer des bières !