29 mai, 2010

Découverte !


Tous mes lecteurs savent maintenant quel prodigieux chercheur je suis. Montrez-moi n'importe quoi et je vous en déduirai une loi, un axiome ou n'importe quoi d'autre ! De plus je suis sagace et tout le monde l'admet. Un indien hualapai croisé sur les bords du Colorado m'avait d'ailleurs dit que j'étais "aussi sagace que l'aigle qui tournoie dans le ciel l'air de rien mais saura fondre sur sa proie le moment venu".

Et j'avoue que si je n'ai pas remarqué que les Hualapai soient des fous du boulot, je pense sincèrement qu'ils savent avec leur sagesse légendaire reconnaitre un mec sagace d'où qu'il vienne. Ceci dit quand on vit dans un désert où il fait tout de suite quarante degrés à l'ombre, on n'a pas trop envie d'aller bosser la terre où de toute façon rien ne pousserait. Mieux vaut se bouger le cul pour cultiver un hectare en Champagne que le même dans le Nevada, ça rapporte plus.

C'est ainsi que ne dérogeant pas à ma spécificité, je regardais mes chiffres de connections. Avec une moyenne d'environ 500/jours, mon blog sans être aussi réputé que celui du célèbre H16 par exemple qui doit culminer à des chiffres dignes de la production russe de lait de l'époque stalinienne, est loin d'être aussi ridicule que celui de tout élu connard ayant juré que ses électeurs en avait quelque chose à foutre de ses élucubrations. Vous aurez en effet noté que tout élu de la République qui se veut moderne et reste persuadé qu'il serait une sorte de sage antique guidant ses ouailles, se doit d'avoir un blog où il croit malin de rédiger des textes merdiques dont personne n'a rien à branler. Fort heureusement mon blog est énorme à côté de celui de n'importe quel sénateur.

Mais revenons à nos moutons et vous vous dites : "mais qu'est ce que cet homme dont la sagacité est même louée par les indiens hualapai a bien pu remarquer ?". Et bien Aigle-qui-tournoie-dans-le-ciel-avant-de-fondre-sur-sa-proie-dans-le-soleil-couchant (c'est mon surnom hualapai sauf qu'en hualapai il y a un mot pour dire tout cela alors appelez moi juste Aigle) a noté qu'on pouvait déduire l'activité du français d'après les statistiques du blog.


  • Alors le lundi, c'est un petit score du fait que le français fatigué de son week-end n'ait pas encore trop d'énergie pour aller sur le net au bureau. J'imagine qu'il bosse un peu en faisant la tronche, pas trop heureux de retrouver son environnement beigeasse, ses néons et son bureau Ikéa entreprise. Ça papote entre collègues pour se raconter tout ce qu'on a fait durant le ouikène.

  • Le mardi ca remonte sérieusement. Le ouikène est un souvenir enfui. Il faut travailler. Et dans les bureaux du tertiaire, on glande autant sur le net qu'on bosse. Alors on vient faire un tour chez moi, on lit les articles, on rigole ou on se dit que je suis décidément un vrai con, mais on vient : les chiffres le prouvent.

  • Le mercredi c'est le gros pic de connections. Le milieu de la semaine, le point d'équilibre durant lequel les gens bossent sauf les nanas en 4/5 de temps qui restent avec les chiards. Mais comme j'ai un lectorat féminin globalement jeune et sans enfants, les gamines viennent me lire.

  • Le jeudi les chiffres se tassent. Le français se dit que "putain plus que deux jours avant la quille" et son attention se relâche. On a des connections dignes d'un mardi c'est vous dire !

  • Le vendredi c'est comme le lundi, les chiffres se tassent encore. Le soir tout le monde sera en ouikène alors autant vous dire qu'on bosse peu. On rêvasse aux conneries qu'on va faire et si on peut on se démerde pour quitter le bureau plus vite en prétextant si besoin est un rendez-vous bidon (je l'ai fait en mon temps).

  • Le samedi on fait les courses alors pas grand chose non plus pour moi, les connections sont tranquilles.

  • Et c'est déjà dimanche. Tandis que certains auront le droit au déjeuner dominical et au gigot flageolets dans la belle famille, d'autres ont du mal à émerger de la cuite de la veille. Et là, les connections s'écroulent.

  • Et c'est déja lundi, les connections remontent ...


Bon, on ne peut pas en déduire si le français travaillent vraiment mais on peut savoir quand il a du temps de cerveau disponible pour venir lire les blogs.

Feignasses ! Mais merci de me lire !

Blog pro !

Chaque semaine qui passe, que ce soit en commentaire ou sur l'adresse mail que j'avais proposée pour entrer en contact avec moi, je dois avoir entre trente et quarante demandes de rendez-vous. Je les lis et me promets d'y répondre avec toute la diligence nécessaire et je ne le fais jamais. Déjà que je dois consulter mes mails une fois par mois, imaginez la fréquence avec laquelle je pourrais traiter toutes ces demandes. Tout psy plus intelligent que moi, soucieux de ses finances et d'offrir la Jaguar de ses rêves à son épouse, aurait déjà compris qu'il y avait une excellente source de business à exploiter.

Non seulement, il aurait utilisé ce site pour remplir son agenda mais en plus, en vrai businessman libéral, il aurait exploité le filon jusqu'à l'os n'hésitant pas à vendre des porte-clefs porte-bonheur Philippepsy, un filtre d'amour Philippepsy voire un stage de connaissance cosmique organisé en hôtel 5* pour les people qui sont aussi bêtes que riches. Puis, juste avant que le scandale n'éclate, ne voulant pas finir comme Danièle Gilbert et sa bague de Ré, il aurait senti le vent tourner et serait parti s'installer dans un paradis d'où l'extradition est impossible afin de jouir de tout son argent !

Moi non ! Je passe des heures à écrire ici pour que dalle, tandis qu'un blog publié sous mon nom voici deux ans au moins explique au lecteur qui y débarquerait que "le site est en préparation". Le clampin moyen arrive donc sur mon vrai site et repart en se disant que je suis décidément un gros branleur ! Tandis qu'ici où je tiens à mon relatif anonymat, le blog enregistre environ 3200 visites par semaine.

De temps en temps, un lecteur un peu plus malin que les autres trouve mon nom et m'appelle pour prendre un rendez-vous en s'excusant d'avoir fait cette recherche brisant mon anonymat, ce dont je me fous pas mal. Je me demande donc aujourd'hui si je ne vais pas relancer mon blog professionnel. Parfois je me dis que je pourrais tout aussi bien coller mon nom et mon numéro de téléphone ici. Toutefois, j'imagine un peu la tronche du quidam de passage voyant qu'un professionnel de la santé mentale possède un blog dans lequel il alterne successivement des articles sérieux et d'autres tout aussi farfelus (Talbot Solara, Croutonnade, etc.). Quand on me connait, tout ceci n'a rien d'incohérent mais ma prose pourrait surprendre.

Je n'ai aucune envie de me retrouver dans une chambre matelassée en train de hurler que je jure que je ne suis pas dingue ! Parce qu'être psy est un exercice périlleux, vous avez le droit de raconter que les enfants sont schizophrènes ou autistes parce qu'ils ont vu papa et maman copuler comme le fit Françoise Dolto mais il est formellement interdit de parler de Talbot Solara ou de croutonnade ! La déconne ne va pas aussi loin ! Il faut déconner sérieusement dans le métier, c'est à dire délirer au sens premier du terme mais jamais au second degré ! Quand je roule en RJ49, je porte des lunettes noires et une cagoule pour qu'un confrère ne me reconnaisse pas et n'aille pas cafter !

Je vais donc m'atteler à la rédaction d'articles sérieux afin de donner vie à mon blog professionnel. Et là, c'est une angoisse sans nom qui m'étreint. Je suis surtout connu de mes patients pour être assez direct et ne pratiquant pas la branlette intellectuelle mais aussi pour dédramatiser. Alors me mettre à rédiger des articles savants, bien que je sache le faire, me met autant en joie qu'à l'idée de réécrire une thèse qui m'a déjà bien fait chier à l'époque.

J'ai rédigé 1227 articles très inégaux ici et je me disais que si j'en prenais seulement dix pour cent en les corrigeant et les mettant à la sauce professionnelle, je pourrais fournir mon blog professionnel durant quelques années sans trop me fouler. D'un autre côté, me la jouer professionnel racoleur et donneur de leçons me fait gerber, j'ai l'impression de me standardiser, de venir corporate et j'ai peur de finir en faisant un lip dub comme les esclaves qui travaillent dans le tertiaire ! Mais j'avoue que certains confrères possèdent des blogs sympas et marrants tout en étant moins déconnants que moi. Ceci dit celui auquel je pense est aussi anonyme, pff ...

D'un autre côté, la manne que représente les demandes de rendez-vous ne peut être ignorée, cela m'évite de me prostituer auprès des prescripteurs pour qu'ils m'envoient du monde. Car oui, je dépends à 50% de prescripteurs auprès de qui je dois faire de la retape. Et si la plupart sont finalement plutôt sympas, certains sont de vrais cons auprès de qui je suis obligé de me rappeler qu'il ne faut pas mordre la main qui me nourrit.

Bref, je me tâte ! Et comme avoir le choix est pour moi une épreuve terrible puisqu'entre A et B, il me faut toujours un siècle pour me décider, je pense que je me tâterai encore longtemps.

Bon, je pourrais aussi arrondir mes fins de mois en faisant des placards. J'ai vu les mecs les réaliser chez moi et c'est pas très malin à faire. Si ce petit cloporte peut le faire alors moi aussi. Du triply, une scie circulaire et une visseuse-dévisseuse, un break pourri (et encore je peux me monter une galerie sur ma RJ 49) et hop, me voici en piste. Pour les gros chantiers, je peux me faire assister du Gringeot qui en plus d'être doué de ses mains possède un beau physique de collecteur de dettes dans la mafia russe à qui l'on ne refuse rien. Avec lui à la limite, on pourrait même se passer des placards pour monter une entreprise de racket illégale dans laquelle moi je porterai la sacoche d'encaisseur et lui la batte de base-ball.

Bon, voilà les options :

  • Mettre mon blaze ici et continuer la déconne tout en étant parfois sérieux ;

  • Relancer mon site pro moribond en rédigeant des articles de la mort super sérieux comme un bon universitaire à sa mémère ;

  • Devenir le seul psy à la fois thérapeute et Roi du placard.
  • M'associer au Gringeot et faire du racket.

Je peux aussi ne pas décider et continuer ainsi. Ça je sais bien le faire habituellement !

Hypersensibilité !


De la même manière que j'avais tout seul comme un grand trouvé un truc pour traiter l'addiction avec de bonnes chances de succès en innovant, j'avais aussi remarqué un truc qui aurait pu me rendre riche et célèbre. Riche et célèbre si j'avais été assez malin et travailleur pour faire une publication et écrire un livre. Comme je suis un cossard doublé d'un crétin, je me suis fait couper l'herbe sous les pieds. Je suis le mec qui regarde les résultats du loto alors qu'il n'a pas joué et qui numéro après numéro se dit : "putain c'est exactement ce que j'aurais joué si j'avais joué".

Puisse mon épouse ne jamais lire mon blog sinon elle m'arrachera la tête. Elle viendra me voir armé d'un fusil pour me dire que si j'avais travaillé au lieu d'écrire mes articles minables, elle pourrait aujourd'hui se pavaner couverte de fourrures et de bijoux au volant d'une Jaguar en ne travaillant plus et en méprisant nos voisins riches. Au lieu de quoi, la pauvrette est obligée d'aller plaider chaque matin dès potron minet en évitant lorsqu'elle ouvre la grille de regarder ma RJ49 afin de ne pas se dire qu'elle a épousé un minable doublé d'un crétin immature sujet aux lubies grotesques.

Mais entrons dans le vif du sujet : qu'avais-je découvert de si précieux ? Et bien, lorsque quotidiennement confronté à mes patients, j'avais noté que certains d'entre eux se signalaient par des traits de caractères communs, les situant bien loin de toute pathologie alors qu'ils souffraient réellement.

J'avais noté chez chacun d'eux une grande intelligence. Mais point celle du bourrin qui réussirait ses classes préparatoires avec succès pour entrer dans une grande école. Non, une forme d'intelligence beaucoup difficile à décrire donnant une forme de connaissance ontologique et quasi instantanée, permettant de dire que l'on sait de manière certaine sans pour autant parvenir à expliquer comment on a pu accéder à cette connaissance de manière aussi immédiate. En même temps, on peut noter une très grande sensibilité transformant ces personnes en éponges psychiques pour le meilleur et pour le pire, le tout s'accompagnant souvent d'une sorte de fond anxio-dépressif évoluant à bas bruit de manière intermittente. Leur plainte est diffuse et s'ils admettent connaitre certaines souffrances, ils se jugent en même temps très faibles alors que la plupart du temps leur réussite professionnelle et leur insertion sociale sont bonnes.

Ce sont souvent des personnes avec qui je m'entends bien, dotées d'un grand humour, comprenant vite les choses et surtout les nuances extrêmes du discours sans que l'on ait besoin de préciser à outrance. Elles n'ont aucun trait hystérique bien que certains médecins, devant l'impossibilité de les traiter, aient voulu les classer dans cette commode catégorie fourre-tout où l'on place tout et n'importe quoi. Abonnés aux antidépresseurs, leurs maux ne les classent pourtant pas dans la catégorie des dépressifs pas plus que dans celle des troubles bipolaires. Ballotés d'une entité à l'autre, ils sont une énigme. Leur souffrance est réelle, ayant sans doute une origine plus biologique que psychologique. Et si je me laissais aller à des références littéraires au risque de devenir carrément lyrique, tout dans leur vie les assimile au célèbre Albatros de Charles Baudelaire.

J'aurais ainsi pu continuer sur des pages et des pages, notant toutes les impressions qui se dégageaient en moi à leur contact. Ce faisant, j'aurais eu des centaines voire des milliers de notes qu'il m'aurait juste fallu organiser pour en faire un livre, lequel se serait venu dans cinquante pays du monde faisant de moi un homme aisé. Et ensuite, à moi les voitures de luxe, le transat réservé à la Voile rouge et la bouteille aux Caves du Roy et peut-être même que Franck Ribéry aurait compté parmi mes amis ! J'aurais connu la gloire des plateaux de télévision et peut-être même une chronique dans une émission. Je serais devenu fat et verbeux mais je m'en fous parce que j'aurais été riche !

Las mes rêves fiévreux de gloire facile se sont envolés, voici quelques semaines tandis que le Parisien est déjà pris par un consommateur, je suis obligé de me rabattre sur le Figaro, ex-célèbre journal réactionnaire devenu par la magie des forces du progrès une feuille de choux insipide. Tandis que je lis mollement le pauvre journal, je tombe sur cet article . Le titre me semble un peu crétin mais le texte me rappelle furieusement mes cogitations à propos de certains patients. En moins d'une minute, j'ai lu et digéré le texte et il me tarde d'aller fureter sur internet, pour lire ce qu'en dit la fameuse Elaine Aron, citée dans ledit article. J'ai déjà compris qu'elle et moi avons saisi la même chose, sauf que la grosse feignasse que je suis n'a rien produit tandis qu'elle a écrit un livre et même un site et peut-être même des produits dérivés (t-shirts, pins, casquettes, porte-clefs, lotion après shampoing, etc.) destinés aux hyper-sensibles.

Si ce que rapporte l'article du Figaro n'a rien de transcendant, en revanche, le fait d'attribuer ces caractéristiques à une raison neurobiologique est déjà plus malin car j'ai toujours intuité que les hyper-sensibles que je recevais ne l'étaient pas devenus suite à des événements de vie mais qu'ils étaient nés ainsi. Ces personnes sont le jouet d'une forme d'hyperstimulation ne les laissant jamais en paix, et ce pour le meilleur (créativité, imagination, intuition redoutable) que pour le pire (anxiété, manque de confiance, etc.). Pour en savoir plus, vous pouvez aussi vous reporter si vous êtes un anglophone érudit au site de la psychologue Elaine Aron et c'est ici. Enfin, pour tous ceux que le terme hypersensible ferait "tilter, vous pouvez aussi vous amuser à faire ce test et c'est sur le seul site français qui ait parlé de ce sujet. Malheureusement à côté de vrais hypersensibles répondant à la définition donnée par Elaine Aron, figurent aussi tout un tas de petites hystéros pénibles persuadées qu'être chiantes est la même chose et se perdant dans de classiques plaintes hystériques bien connues de nos services. C'est d'ailleurs la limite clinique opérante de ce diagnostique qui ne permet pas de différencier avec sérieux et sans aucun doute le véritable hypersensible de l'hystérique pénible.

J'ai lu tout cela avec sérieux et je me suis procuré l'ouvrage de ma consœur. Si j'ai apprécié ce qu'elle en disait et lui reconnais un certain talent, dont celui d'avoir posé la première pierre, je reste aussi persuadé que j'aurais traité ce sujet de manière différente et sans doute plus pertinente et fine. Elaine Aron, dont je reconnais les mérites, a donc aussi la chance d'avoir un confrère sur le vieux continent qui est une feignasse avérée.

Un hypersensible n'écrira jamais sur l'hypersensibilité ! Mon Dieu que je suis fragile ! je regrette simplement qu'un grand clinicien comme Quentin Debray ne se soit pas attelé au sujet car quand elle est bien faite, la belle clinique française, héritière des Charcot et consorts, met toujours une branlée mémorable à la clinique pragmatique et grossière américaine !

Je rajoute qu'il va sans dire que j'obtiens des succès stupéfiants avec ces hypersensibles.


28 mai, 2010

Comme le FBI !


Hier des mecs sont venus poser des placards. Je rentre un peu plus tôt pour regarder ce qu'ils ont fait et les régler. Tout est en ordre même si dans la cuisine, un cadre ne me semble pas à sa place. Mais bon, je peux me tromper puisque je fous rarement les pieds dans la cuisine. Je leur dis que mon épouse n'étant pas encore rentrée, ils ne seront payés que le lendemain.

Mon épouse à peine rentrée inspecte les travaux. Vous aurez noté que si les hommes ne remarquent rien, les femmes ont l'œil pour tout, jusqu'au détail le plus infime ! Cinq minutes après avoir regardé nos trois beaux placards, l'œil avisé de mon épouse se pose sur le cadre avec un regard aussi noir qu'interrogateur semblant dire "Qui a osé déplacer mon cadre ?".

D'un geste expert, elle prend ledit cadre, le décroche et là, le regard se fait plus noir encore puisque dessous apparait le mur abimé. En vissant le cadre du placard dans le mur, ces abrutis on fait sauter de l'enduit et de la peinture. Et plutôt que de me le dire, ils l'ont dissimulé sous le cadre qu'ils ont déplacé ces rascals stupides. Stupides, parce qu'ils auraient du se douter qu'on l'aurait vu. Comme d'affreux petits artisans avaricieux osent-ils ainsi tenter de nous tromper ?!

Comme je m'étais amusé à lire un ouvrage de John Douglas, un des profileurs du FBI, je fais part à mon épouse de sa technique d'interrogatoire face aux suspects. Il a pris l'habitude de tapisser son bureau de photos de scène du crime de manière à ce que, où que puisse se porter le regard du suspect, il ne puisse éviter de regarder des détails atroces. Selon lui, s'il est coupable, le fait de regarder ces détails horribles, devrait lui faire perdre toute contenance. Non qu'il avoue immédiatement, mais qu'il donne des signes de nervosité extrême qui pourront être analysés comme une indication de sa culpabilité ; à charge ensuite pour les policiers de ramasser des preuves plus évidentes. La culpabilité est un grand ressort de l'âme humaine.

Le lendemain, tandis que le chef des menuisiers revient, mon épouse le reçoit en se mettant dos au placard. Le cadre ayant été ôté, à sa gauche on voit le bout de mur abimé. Le menuisier étant obligé de se placer face à elle pour lui parler, il ne peut que voir que le cadre a été enlevé dévoilant ainsi le défaut du mur.

Manifestement, son regard se pose immédiatement à l'endroit où le mur est abimé. Mon épouse ne lui laisse aucun répit et elle l'entraine dans une conversation à bâtons rompus sur des détails sans importance en prenant soin de ne jamais parler du mur. Elle le sent se liquéfier. Le pauvre s'attend à prendre son coup de gourdin sur la tête mais ne sais pas quand. Et conscient de sa faute, il n'ose pas en parler.

C'est cruel mais j'adore imaginer ce qui a pu se passer dans sa tête. Du genre : "Bon elle l'a vu ma connerie. Alors comme m'en sortir dignement sans passer pour un gosse de cinq ans qui n'a pas voulu avouer à sa maman qu'il avait volé de la confiture. Je lui dis maintenant, j'attends qu'elle ait fini de parler, j'attends qu'elle m'en parle ?".

Mon épouse ne lui laisse aucune chance. Bavarde comme elle est, elle l'occupe durant près d'une demie-heure en lui parlant d'autres choses. Et le type est de plus en plus mal. Elle clôt enfin l'entretien et lui dit qu'elle va le payer. Le type est un peu agité, sans doute partagé entre le fait de palper son fric puis de se tirer sans rien dire la queue entre les jambes comme un rat, et l'envie d'avouer sa faute pour ne pas passer pour un gros con minable.

Sortant le chéquier, mon épouse lui demande alors combien elle lui doit. Il annonce la couleur et va pour parler quand mon épouse le coupe pour lui dire, qu'elle va le régler en ôtant évidemment les frais de remise en état du mur abimé. Et là le pauvre gars acculé lui déballe immédiatement qu'effectivement il avait voulu lui en parler et avait oublié mais que bien sûr ,il lui aurait dit et que s'il avait déplacé le cadre, c'était juste pour dissimuler le bout de mur abimé dans un simple souci esthétique et non pour dissimuler son erreur !

Mon épouse tout aussi calme lui dit qu'elle n'en doute pas mais qu'elle doit ôter une certaine somme pour faire repeindre le mur. Le type lui dit aussitôt qu'il est prêt à le faire ! Et mon épouse lui dit qu'étant menuisier, il fait de la menuiserie et que seul un peintre fera de la peinture. Et elle rajoute qu'au prix où sont les artisans, cela va faire un trou dans son budget. Elle lui annonce donc qu'il n'aura que les trois quarts de la somme due. Le type est blanc et bafouille que c'est terrible parce qu'il ne rentrera pas dans ses frais.

Mon épouse lui explique alors qu'elle le regrette mais que repeindre un mur coûte cher et qu'en plus du prix à payer, il y a une forme d'amende à payer pour ne rien avoir dit. Le pauvre type se débat comme un gamin de cinq ans qui ferait tout pour ne pas être privé de dessert. Elle range alors son chéquier et lui dit qu'elle est d'accord pour couper la somme en deux mais qu'il sera payé par moi demain quand il aura terminé les finitions. Le type revit enfin.

Le type est passé tout à l'heure avec un grand sourire. Il a fait toutes les finitions demandées. Je pense que si je lui avais demandé de tondre la pelouse, il l'aurait fait avec plaisir. Au moment de le régler, je ne peux m'empêcher de lui reparler du mur. Le pauvre est encore si coupable qu'il se confond en excuses et me dit qu'il voulait le dire mais qu'il a oublié, etc. Comme je le connais un peu que l'on se tutoie, je lui dis que moi je serais plutôt cool mais que faire ce genre de trucs à mon épouse n'est pas très malin parce qu'elle est nettement moins diplomate que moi. Il me jure que tel n'était pas son but. Et avec un air qui dément totalement ce que je lui dis, je lui réponds : "mais je sais bien que tu l'aurais dit. Tu connais ma profession, moi les baltringues je les démasque de suite". Comme il ne sait pas comment prendre ma réflexion, il me sourit niaisement et je le raccompagne.

J'en profite pour remercier l'agent spécial du FBI John Douglas pour son petit truc qui marche très bien. Bien entendu, face à un vrai sociopathe maitre de ses émotions, ne comptez pas sur ce subterfuge merdique pour le faire craquer !

26 mai, 2010

Génie méconnu !


La première fois que j'ai reçu un toxicomane, je n'en avais jamais vu. A part un ou deux fumeurs de chichons et le peu que j'avais appris dans les livres, je ne savais rien de la toxicomanie. Pour moi, l'héroïnomanie conduisait forcément à un destin tragique tel qu'on le présentait dans Moi Christiane F., 13 ans droguée prostituée. En bref, si l'on était une femme, on finissait immanquablement par faire le trottoir en proposant des passes pas chères en arborant un beau sourire orné de chicots noirâtres et déchaussés, et si l'on était un homme on finissait au mieux voleur d'autoradios.

Et oui, souvenez vous des années quatre-vingt et demandez vous combien de Blaupunkt (Cassette auto-reverse et FM s'il vous plait !)ont finis taxés par des toxicos en manque pour être revendus une misère à des fourgues. On avait tous des racks et on planquait les autoradios sous les sièges pour ne pas nous les faire chouraver par un tox en manque ! Maintenant cette époque est révolue, les chaîne laser sont intégrées dans les tableaux de bord et on file enfin de la méthadone et du subutex aux toxicomanes.

Lorsque j'ai débuté, j'ai fait comme tous mes confrères, je suis allé faire de la retape auprès des médecins du quartier. Comme aucun d'eux ne m'attendait, j'ai eu du mal. Il s'en est trouvé deux ou trois pour accepter de me tester en m'envoyant leurs fonds de tiroir, les patients dont personne ne veut : les alcoolos et les toxicos. Je pense avoir obtenu d'excellents résultats même si les alcooliques sont plus difficiles à traiter.

La première fois que j'ai reçu un héroïnomane, c'était une jeune femme avec laquelle j'ai bien accroché. Comme à la vérité je ne connaissais rien de cette addiction, j'ai été très soft. Je me suis dit que si moi je fumais, elle prenait de l'héro tout connement et j'ai considéré son addiction comme une parmi tant d'autres. La seule différence entre la clope et l'héro, c'est que cette dernière vous envoie dans le mur très rapidement.

Ensuite, je me suis demandé pourquoi elle prenait cette merde et j'en ai déduit qu'elle avait besoin d'un filtre entre elle et la réalité parce que cette dernière était sans doute insupportable pour des raisons qu'elle allait m'exposer.

De fil en aiguille, j'ai bâti patiamment mon petit modèle, tranquillemetn en me basant sur ce qu'elle m'expliquait. Au fur et à mesure que les toxicos débarquaient dans monc abient, j'affinais ma perception du problème. Tant et si bien qu'au cinquantième, je pense avoir fini par posséder une connaissance importante du problème.

J'ai toujours été cool, m'abstenant de juger leurs pratiques et je crois que mon attitude leur a plu. De plus, j'ai souvent été félicité parce que je fumais. Sans doute que de nos jours un psy qui fume dans son cabinet est devenu rare. Mais pour ces toxicos, damnés des pratiques psychothérapeutiques, mon addiction aux JPS était importante dans la mesure où cela créait un pont entre eux et moi.

Nous partagions une dépendance et même si la mienne était moins grave que la leur, ils ont estimé que je connaissais suffisamment le problème pour être honnête. Effectivement, cela devait les changer des médecins hyper contrôlants n'ayant jamais bu un verre de trop ni même fumé une clope. Pour eux, j'étais un humain et non une sorte d'ingénieur en psychopathologie chargé de les reprogrammer.

J'avais pourtant acheté des livres savants sur le sujet pour me documenter mais je les avais trouvés barbants. Et puis sincèrement si un confrère avait tenté de me débarrasser de mon addiction à la clope en utilisant les techniques décrites dans ces ouvrages, je pense que je l'aurais envoyer se faire foutre très rapidement. Rien de pire quand vous savez que vous déconnez, qu'on vienne encore vous le rappeler !

Durant les deux ou trois premières années, les toxicos ont été une partie importante de ma clientèle. Si je n'ai jamais eu de problèmes avec les héroïnomanes, que je trouve charmants et sensibles pour la plupart, j'avoue avoir eu des problèmes avec les cocaïnomanes. D'ailleurs, je ne suis pas loin de pense, à l'instar des héroïnomanes, que la coke est une came de blaireaux qui rêvent d'être des géants. Mais bon, tout n'est pas rose non plus et ç vue de nez il doit y avoir un cinquième d'héroïnomanes qui sont des sociopathes pour qui on ne pourra jamais rien.

Ma tête fonctionnant bien, j'avais réussi au bout d'une année à me bâtir un modèle assez performant me permettant de prendre en charge ce type de clientèle. Bien entendu, j'avais eu le droit aux remarques acerbes d'un confrère psychanalyste m'expliquant que je ne traitais que les symptômes mais non la cause. C'est leur grand truc aux psychanalystes de dire qu'on ne traite pas la cause. Je l'avais envoyé se faire foutre parce que je n'ai pas de temps à perdre avec des mecs qui utilisent des théories datant des années 1900.

Lutter contre la psychanalyse n'a jamais été mon fort. Je n'y crois pas, je pense que c'est de la daube pour archéo-intellos abonnés au Monde et à Télérama, mais comme je suis libéral, je pense aussi que le soleil brille pour tout le monde. Si les gens veulent consulter un analyste, grand bien leur fasse. Je n'ai pas la vocation de martyr et je n'ai jamais eu envie de vivre ce que vit Michel Onfray en ce moment ni d'avoir Elisabeth Roudinesco et ses amis médiatisés sur le dos. De plus, je crois plus en la neurobiologie qu'en la pensée magique.

Et puis un jour, en lisant un canard spécialisé auquel je suis abonné, j'ai eu la surprise de voir que deux chercheurs venaient de publier un modèle de prise en charge des toxicomanes soit disant révolutionnaire. J'ai lu leur prose et quelle ne fut pas ma surprise de constater que mes intuitions étaient quasiment toutes reprises dans leurs travaux de recherche.

Je me suis senti fier et con à la fois. Fier parce que je me suis dit que pour un mec qui débarquait dans ce truc, la toxicomanie dont tout le monde se gargarisait, armé seulement de sa bite et de son couteau, je m'en étais plutôt bien sorti. Et con, parce que plutôt que les noms de ces deux chercheurs inconnus, c'est le mien qui aurait du figurer en tête du document que je venais de lire.

Et puis, j'ai réfléchi. Glandeur comme je suis, ne vivant que par mes facilités, je me suis dit que je me serais attelé à un travail de rédaction de mon modèle, que tenu en respect avec un flingue sur ma tempe. Il ya des gens faits pour la recherche, des gars sérieux et concentré, et puis il y a les mecs comme moi, qu'un rien ne distrait et qui préfèrent écrire des petits articles rigolos sur leur blog que de travailler sérieusement.

Depuis ce jour, je me suis résigné à n'être qu'un génie méconnu.

Un jeune du PS aux amériques !


Le petit Thomas est aux USA pour y faire un stage durant trois mois dans le cadre de sa sup' de co. J'attendais beaucoup de la confrontation de ce jeune militant socialiste face au grand satan américain. Nourri de discours gauchistes, gavé de films idiots de Michael Moore, j'avais toujours pensé qu'il ferait bien d'aller voir outre-atlantique si ce que lui avaient raconté ses professeurs d'économie et les élus était vrai.

Les thérapies comportementales sont des thérapies de l'action passant par l'expérience. Et plutôt qu'un long discours dans lequel je n'aurais fait qu'affronter des croyances, il m'a toujours semblé plus utile de recommander au jeune Thomas, jeune homme intelligent, d'aller voir sur place pour se faire son idée. Dans le cadre de cette thérapie, j'ai toujours recommandé de ne jamais se fier aux journalistes pour qui les américains seront toujours des sortes de grands enfants un peu pervers, consommateurs et égoïstes, tandis que Youssouf Fofana serait une victime de la société. Il est aussi utile de se souvenir que les élections sont toujours un système clientéliste au cours duquel les prétendants cherchent à acheter des votes en offrant à telle ou telle catégorie des avantages. Ainsi comme le disaient les anciens : élections, pièges à cons.

Je ne résiste pas au plaisir de livrer à mes lecteurs libéraux un paragraphe du mail qu'il m'a envoyé :

"Le reste est fou aussi, leurs bagnoles, leurs restos. Hier soir on a manger dans un italien, je crois que je n'avais jamais manger de lasagnes aussi bons.

Enfin, c'est trop bien de vivre avec des gens qui vivent l'american dream...même si je suis persuadé que ce n'est pas comme cela pour tout le monde, loin de là.

F. (sa tante qui vit aux USA et dirige une clinique) m'enlève plein de préjugés de l'esprit. 20 à 30% de cotisations entre le brut et le net, semaines de 32 à 40h pour un salaire complet, Michael Moore raconte que de la merde, système de santé en fait relativement efficient (pas loin de ce qu'on a en France !!!!!). Enfin, c'est loin d'être aussi libéral que ce que je pensais, l'intervention étatique semble être assez importante."

Bien entendu, je ris sous cape, trop satisfait de l'électrochoc que mon jeune ami socialiste vient de prendre dans la figure et que je lui avais prédit. Effectivement aux États-Unis, qui ne sont pas un pays parfait, on ne meurt pas dans la rue (même si cela arrive) et l'espérance de vie est supérieure à celle du Zimbabwe. On ne voit pas de riches en Cadillac maintenant à distance des cohortes de pauvres victimes du socialisme.

La vie y est régie par un droit et les gens ne sont pas livrés à la violence de l'arbitraire. Donc oui, l'état existe et des lois y sont appliquées. Je lui rappelle que lorsqu'il dit que c'est loin d'être aussi libéral que ce qu'il pensait, c'est surtout parce qu'il a une fausse idée du libéralisme, enfoncée à grands coups de slogans par ses professeurs d'économie communistes et partisans. Le libéralisme ne consiste pas en un système comparable à la jungle mais en une doctrine politique dans laquelle l'individu est au centre des préoccupations. Tandis que je petit Thomas veut croire en des projets constructivistes, le libéralisme le laisse à peu près libre de ses choix. Pour mémoire, je me permets de citer le début de l'article de Wikibéral traitant du libéralisme :

"Le libéralisme est un courant de pensée, ou un ensemble de courants de pensée visant à faire reconnaître la primauté de l'individu. Sur le plan politique, le libéralisme ne cherche pas à déterminer qui doit détenir le pouvoir : il fixe des limites à l'autorité politique, les moyens qu'elle peut ou ne peut pas utiliser. Cela a d'abord été une réponse à l'absolutisme des régimes de droit divin qui octroyait tous les pouvoirs aux monarques; par la suite, même la démocratie a vu émerger des structures politiques qui pouvaient aussi restreindre les prérogatives individuelles. Le libéralisme politique est consécutivement la doctrine politique visant à limiter les pouvoirs de l'État pour ramener celui-ci à la protection des droits et libertés individuelles."

Pour le reste, effectivement ce n'est pas pareil pour tout le monde. Car aux USA comme dans tous les pays de la planète, mieux vaut être beau, riche et bien portant que moche, pauvre et malade. Toutefois, comme le soulignait une fois un pauvre indien (d'Inde), à qui l'on montrait la photo du logement d'un pauvre américain avec maison branlante et vieux pick-up rouillé : "si être pauvre c'est tout de même avoir une maison et une voiture, je veux bien être pauvre comme un américain". Le jeune Thomas comprendra que si des gens prennent des risques pour émigrer aux USA, tandis que personne n'envisage d'émigrer à Cuba ou en Corée du Nord, c'est qu'il doit y avoir des raisons : tant de gens ne pouvant tous se tromper.

Je lui rappelle aussi que le mot "lasagnes" qui est une préparation culinaire italienne originaire de Bologne que l'on emploie toujours au pluriel est du genre féminin. Ainsi on dira j'ai mangé de bonnes lasagnes et non de "bons lasagnes" de même qu'on dira qu'on a une belle voiture et non "un beau voiture".

Je rappelle aussi au jeune Thomas que la région dans laquelle il se trouve est potentiellement dangereuse puisqu'on y retrouve autant d'ours que de tueurs en série homosexuels (ex : Jeffrey Dahmer, John Wayne Gacy, etc.).

Souvenons-nous toutefois que malgré la dangerosité avérée des ours et des tueurs en série, jamais aucun de ces prédateurs ne causera jamais autant de dégâts que les thèses socialistes.

25 mai, 2010

Hybristophilie !

Un couple de tueurs en série. Qui l'aurait cru en les voyant ?

L'immense majorité des gens que je reçois est sans mystère, on les perce à jour sans aucun problèmes. Ce sont ds gens comme vous et moi, de simples cas d'anxiété ou de dépression comme il en existe des dizaines de milliers. Leurs comportements qui passeraient pour étranges aux yeux de non spécialistes ne sont jamais mystérieux pourvu qu'on les inscrivent dans un cadre clinique convenable.

Bien que n'en ayant jamais rencontré, je pense que les tueurs en série qui passionnent les foules et font de si bons sujets de cinéma ne provoqueraient en moi aucune surprise non plus. Même si l'on spécule sur l'origine de ces troubles, la sociopathie et la psychopathie n'ont rien de très mystérieux. On a même pu envisager une échelle de prédiction de la dangerosité des individus, c'est vous dire si ces comportements sont prévisibles. La psychiatrie criminelle utilise différents outils dont l'échelle de Hare pour prévenir les risques.On parle alors de dangerosité psychiatrique ou criminologique selon que le sujet ait ou non une pathologie psychiatrique avérée.

Et puis s'agissant d'hommes non schizophrènes, on peut aisément comprendre que des mauvais traitements entrainant une rage et une frustration alliés à un taux de testostérone importants amènent des fantasmes morbides qui dégénèrent parfois en violence. Finalement du tueur en série au militaire de carrière, les hommes se distinguent souvent par un potentiel de dangerosité important. Passer du normal au pathologique peut se faire en quelques instants.

En revanche, et sans doute parce que j'ai un préjugé positif sur les femmes, je suis toujours étonné lorsque j'ai face à moi une femme chez qui je décèle un potentiel de dangerosité. Les cas sont beaucoup plus rares et l'histoire criminelle fait état de bien peu de cas de tueuses comparé au nombre de tueurs. Il est à noter que bon nombre de ces tueuses ayant défrayé la chronique sont avant tout des femmes ayant été associées aux crimes de leur conjoint. Comment juger les cas de Monique Olivier, la compagne de Michel Fourniret ou encore celui de Karla Homolka, compagne de Paul Bernardo, qui ira jusqu'à lui livrer sa jeune sœur afin qu'il en abuse et la tue ?


Si l'on se penche sur ce second cas, parmi les explications avancées pour expliquer le comportement de Karla Homolka, on avance qu’elle était excitée par la menace qu’elle ressentait avec Bernardo. On parle alors d'hybristophilie". L’hybristophile (du grec "hybrizein", commettre un outrage contre quelqu’un et de "philie", qui aime) est excité sexuellement par le fait de savoir que son partenaire a commis un acte violent tel qu’un viol, un meurtre ou un cambriolage de banque. Bonnie Parker (l’amie de Clyde Barrow) était sûrement une hybristophile.

Selon le professeur John Money, un spécialiste en sexologie, « le comportement de l’hybristophile n’est pas complaisant, mais complice : la complaisance signifie que vous suivez des instructions ; la complicité signifie que vous devenez volontairement l’équivalent du partenaire ».

Même si cet éminent professeur de psychologie avait raison, je trouve qu'il en reste à des jugements hâtifs. En effet, contrairement à son compagnon qui passe à l'acte pour assouvir un fantasme sexuel, rétribution immédiate amenant un soulagement d'une tension, il me semble que la femme hybristophile possède des motivations bien plus complexes. Les quelques cas d'hybristophilie que j'ai eu à connaitre avait tout du délire à deux, ce type de délire non schizophrénique dans lequel un individu plus faible en vient à vivre sous la coupe d'un grand paranoïaque. La seule différence réside dans le fait que contrairement au conjoint(e) d'un grand paranoïaque qui est entrainé(e) malgré elle(lui) dans le délire, il semblerait que l'hysbristophile soit au contraire très demandeuse de participer aux actes délictueux ou criminels de son compagnon.

J'ai récemment eu le cas d'une très jeune femme, d'une rare beauté et d'une intelligence au dessus de la moyenne, dont la vie sexuelle est d'une perversité redoutable. Comme elle me l'avoue, parce que nous nous connaissons bien, les hommes gentils l'ennuient tout simplement. Elle n'est bien qu'avec des "sales types". Compte-tenu de son intelligence et de son milieu social, elle n'est pas du genre à sortir avec des dealers de cité, ceci sans doute parce qu'elle n'en connait pas. Alors, elle se rabat sur ce que le milieu qu'elle fréquente lui offre de pire.

L'homme qui a le plus compté pour elle semble être un garçon de son âge qui se déclare bissexuel et passionné par Les liaisons dangereuses. Son grand truc est de séduire des filles ou des garçons, de les faire tomber amoureux, de les humilier, avant de les jeter. Elle m'avouait qu'à sa demande, elle avait joué ce genre de jeux, interprétant différents personnages qu'elle joue à la perfection, de la nunuche à la la pétasse en passant par la fille simplement sympa ou encore la bombe sexuelle pour lui amener ses proies, ayant même été jusqu'à séduire d'autres femmes alors qu'elle n'a jamais eu de pulsions homosexuelles. Elle s'imagine simplement que c'est son Valmont.

Tandis que je lui demande jusqu'où elle aurait pu aller pour lui, elle me répond qu'elle aurait été capable de faire du mal à des gens qu'elle aime, parents ou amis, sur sa simple demande. Tandis qu'elle me fait ses confidences, elle est encore une superbe jeune femme maitrisant parfaitement le rôle qu'elle tient face à moi.

Puis, plus nous approfondissons nos entretiens thérapeutiques, plus ses motivations apparaissent au grand jour. Comme je lui explique que son copain est un sociopathe d'une rare perversité, elle n'en disconvient pas. Ce qui lui plait chez lui, alors qu'elle n'ignore pas ses penchants pathologiques, c'est avant tout qu'il l'accepte telle qu'elle est avec ses troubles et ses contradictions. En tant que grande hystérique suscitant souvent le rejet du fait de ses comportements outrés, elle a simplement trouvé qui l'instrumentalise et utilise les traits pathologiques de sa personnalité tandis que les autres hommes se lassent de ses comportements. D'ailleurs, en dépit de sa très grande beauté, cette jeune femme est désespérément seule.

Puis, analysant ses motivations plus en avant, elle me parle aussi de ses complexes d'ancienne fille pas très jolie. Oui, l'adolescence peut faire des ravages et telle jeune femme splendide que vous croisez dans la rue peut avoir été une adolescente boulotte et timide en grande souffrance. C'est manifestement son cas.

Elle m'explique alors que dans la prestigieuse entreprise où ils travaillent, elle adore sentir qu'elle et son compagnon sociopathe dominent largement les autres. Elle imagine qu'ils sont comme un couple de prédateurs lâchés au milieu de proies dont ils usent et abusent comme bon leur semble. Elle sourit tandis qu'elle m'explique combien les gens sont bêtes. Elle me dit ainsi que comme son compagnon et elle sont très beaux, les gens leurs font confiance et se laissent manipuler sans efforts.

Ce qui lui plait aussi, c'est de ressentir la perversité de son compagnon. Elle habituellement hautaine et méprisante, se mue pour lui en une copie un peu perverse de la bonne épouse, n'hésitant pas à cuisiner ou à faire la lessive pour lui mais surtout à encaisser toutes les humiliations et autre dépravations mais aussi le fait d'être instrumentalisée. Elle m'explique qu'elle a l'impression de vivre avec un prédateur dangereux, une sorte de fauve qu'elle serait seule capable de dompter. Puis, par la suite, elle me dit qu'elle trouve un vrai plaisir de lui plaire à lui alors qu'il est potentiellement si dangereux.

Curieusement, tandis qu'elle est face à moi, je ressens toujours un kaléidoscope de sensations contradictoires. Tantôt j'ai face à moi une hystérique dangereuse, une hybristophile qui ne reculerait devant rien pour assouvir ses fantasmes de toute puissance, puis j'aperçois ensuite une pauvre fille qui aussitôt débarrassée de ses oripeaux de gloire n'est qu'une misérable victime de ses complexes d'infériorité.

Voilà tout à fait le genre de cas pour lequel je ne puis me prononcer. Je mets en œuvre mon obligation de moyens, mais je ne suis pas sur de pouvoir faire quelque chose pour elle. Parfois j'ai bon espoir, imaginant qu'une prise de conscience a eu lieu. D'autres fois, j'ai la nette certitude que son destin est fixé et qu'une fois qu'elle aura quitté mon cabinet, j'entendrai parler d'elle dans la presse ou du moins que sa vie sera misérable et sans joie.

Dans tous les cas, je ne sais rien d'elle. Est-elle sincère ou non ? Me mène-t-elle en bateau ? Je n'en sais strictement rien. Lorsqu'elle m'apparait belle et dangereuse, je distingue en elle cette grande souffrance. En revanche, quand elle se présente calme, comme la presque gamine qu'elle est, je ne peux m'empêcher de savoir qu'il suffit de peu de choses pour que la prédatrice se réveille.

Peut-être qu'entre elle et son compagnon, la différence ne réside que dans certains taux d'hormones spécifiques qui font que le passage à l'acte est plus souvent spectaculaire pour un homme du fait de sa violence, tandis qu'une femme agira de manière plus psychologique et nuancée ?

Dans tous les cas, parmi les centaines de personnes que j'ai reçues, voilà bien un "cas" qui ne cesse de me faire réfléchir.

22 mai, 2010

Syndrome post-vacances !


J'ai été long à revenir écrire. La psychologie, dans ses formes les plus abouties, qui voit la psychopathologie s'accroitre de néo-pathologies plus délirantes les unes que les autres au fur et à mesure qu'elle colle aux "bobos" de notre époque vient de développer le syndrome post-vacances.

Ce syndrome serait une dépression légère qui toucherait un peu plus d'un tiers des jeunes adultes (25/40ans) revenant de vacances consistant en un sentiment d'inconfort causé par le retour au travail. Suis-je affecté de ce syndrome post-vacances étais-je en droit de me demander moi qui viens de vivre une triste semaine ?

A priori non puisque mon retour au travail s'est effectué sans anicroches. J'ai enchainé les rendez-vous avec mon zèle et ma perspicacité légendaires. Je ne pense pas que mes chers patients aient eu à se plaindre de moi. J'étais bien présent et je n'en avais oublié aucun. Je n'ai pas demandé si son alcoolisme s'arrangeait à une patiente venue pour des problèmes conjugaux pas plus que je n'ai demandé si ses troubles de l'érection s'arrangeaient à un patient venu en consultation pour surmenage au travail.

En revanche, c'est tout le contexte hors professionnel qui m'a bouleversé. Tandis que jeune, j'étais plutôt patriote, j'en suis venu à un tel dégout de mon environnement que je me suis surpris à prononcer très souvent à propos de tout et n'importe quoi : "de toute manière, c'est français donc c'est forcément pourri". Oubliés, nos bombes A et H, le France, le Concorde, les centrales nucléaires, le TGV, l'Airbus, le Minitel et autres réussites bien de chez nous, ne subsiste chez moi qu'un vague dégoût sans doute semblable à celui qu'éprouvait peut-être doute tout dissident ayant vécu à l'époque de la défunte URSS. Encore que Soljenitsyne eut à affronter un adversaire réel et méchant, bien plus que la social-démocratie mollasse et profondément dépressiogène dans laquelle nous sommes contraints de vivre.

J'aimerais à l'instar d'un H16 pouvoir tout traiter à la rigolade mais sans doute dois-je souffrir d'un excès de sensibilité. Que je reprenne mon RER, que j'allume le téléviseur, que j'ouvre un journal ou encore que j'observe mes compatriotes et je ne puis m'empêcher de ressentir une sorte d'anxiété diffuse sur fond dépressif. D'ailleurs cela s'appelle un syndrome anxio-dépressif.

Connaissant fort bien mon métier aussi bien que moi-même, je ne m'alarme pas et puise en moi les ressources pour remédier à cet état de fait. Songeant aux sages stoïciens, je me dis que rien de cela n'est grave et ne peut m'affecter : ce qui est vrai. Mais cela me demande des ressources inimaginables. La lucidité peut occasionner de graves troubles psychologiques. Pour le comprendre, imaginer un peu les dernières heures d'un mec qui aurait été doté d'une excellente vue posté sur la passerelle du Titanic tandis que le commandant et son équipage auraient déserté pour faire les cons dans la salle de bal.

Le premier jour j'ai ainsi assisté au pénible spectacle d'une femme dans le RER hurlant une chanson dans un sabir inconnu tandis que sa fille âgée d'à peine cinq ans et habillée de haillons faisait la quête en faisant moultes grimaces ce qui semblait beaucoup amuser les passagers puisqu'aucun ne semblait offusqué par cette scène médiévale en pleine année 2010. Toute ma journée fut un peu semblable, me permettant de noter dans ce que j'observais ou entendais le délitement de notre société dans la plus profonde indifférence, puisque plus personne ne semble être en mesure de se rebeller. Le seul acte vraiment grave et sévèrement réprimé reste à Paris le fait de rouler dans un couloir de bus. Sinon, pour le reste, tout passe ou presque.

Le débonnaire Big Brother qui nous régit, a réussi encore mieux que l'ancien décrit par Orwell à nous plonger dans une telle hébétude que quelle que soit l'expérience que l'on vive, notre adaptation est permanente. Vivant sous transfusion permanente de l'État qui lui vole le produit de son travail pour le redistribuer au gré de ses délires, enserré dans des lois de plus en plus liberticides qui restreignent les Droits de l'homme comme peau de chagrin, opprimé par des associations quérulentes, le citoyen français a de plus vu l'opinion tellement pénalisée qu'il feint sans doute de ne plus rien remarquer et s'applique donc à ne rien dire. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et plus personne ne s'offusque qu'un sombre crétin d'élu ne fasse cette proposition de loi.

En médecine, on appellerait cela un état de sidération qui est un état d'anéantissement subit produit par certaines maladies, qui semblent frapper les organes avec la promptitude de l'éclair ou de la foudre, comme l'apoplexie ; état autrefois attribué à l'influence malfaisante des astres.

En psychiatrie, cette sidération se retrouve dans des crises d'angoisse intenses ou peut aussi intervenir au cours d'une mélancolie stuporeuse, c'est à dire d'une forme de dépression majeure dans laquelle le ralentissement idéomoteur est au maximum. L'individu qui en souffre semble agir comme un zombi bien que les pensées dépressives persistent à s'agiter sous son crâne.

La mélancolie est donc sans doute la forme la plus aboutie pour échapper à l'abrutissement mis en place par notre système à moins qu'on ne lui préfère l'alcool ou les stupéfiants. La plupart de ces produits étant soit interdit soit sévèrement encadrés, le recours à la toxicomanie légale reste finalement la première solution.

Rappelons que la France est le premier pays pour la consommation d'antidépresseurs et d'anxiolytiques. Il faut bien cela pour tenir.

17 mai, 2010

Rentré au bercail !


Hier soir, on se présente à l'enregistrement. C'est un souk indescriptible qui règne. Continental est vraiment une compagnie pourrie. Et je déteste l'enregistrement automatique parce qu'on n'arrive pas à choisir ses places. De plus cette automatisation est débile puisqu'il faut toujours une intervention humaine pour contrôler le poids des bagages et pour placer ceux-ci sur les tapis roulants.

Une fois dans le ridicule petit 757 mis à notre disposition, je suis sensé me retrouver coincé entre deux françaises à l'air revêche. Fort heureusement, mon épouse négocie avec un type qui échange ma place contre la sienne. Je me retrouverai donc entre mon épouse et un inconnu idiot de 35/40 ans qui passe la première heure de son voyage à mater les photos qu'il a prises sur son Nikon. Discrètement, je zyeute ses photos que je trouve nulles et sans originalité.

Ça ne valait pas le coup de laisser 1500 euros dans un Nikon pour faire des photos de la skyline de Manhattan depuis le pont de Brooklyn qu'un reflex à 200 euros aurait pu tout aussi bien faire. Ce crétin ne cesse de discuter avec ses abrutis de copains placés sur les sièges autour de lui. Ils ont tous un affreux sweat-shirt à capuche Abercrombie and Fitch ridicule dont ils sont fiers, même leurs affreuses copines. Je ne connais qu'une seule personne capable de porter cela, c'est mon pote Olive qui est riche et roule maintenant dans une affreuse BMW break de fonction.

Devant nous trois français désagréables sont assise. Deux d'entre eux se retournent vers nous en nous reprochant de donner des petits coups dans le fauteuil. Comme ce n'est pas vrai, nous les envoyons balader vertement et nous n'en entendront plus parler du voyage. Le retour en France a donc lieu dans l'avion même et ne laisse rien augurer de bon. Le voyage dure six heures et trente minutes dans des conditions médiocres comme d'habitude.

Peu avant l'atterissage, une petite vidéo s'affiche sur les écrans placés devant nous. La compagnie Continental présente une France qui n'existe plus. Paris est appelée City of lights, et je me demande ce que les touristes vont trouver comme lumières. Je me souviens encore de Laurence attendant l'illumination de la Tour Eiffel quand elle était passée nous voir au moment de Noël. De pauvres petits lumignons merdiques ont été la seule récompense à son attente.

Le retour à Roissy s'effectue aussi comme d'habitude. Même béton immonde qui recouvre mur et plafonds tandis que le sol s'orne d'une atroce petite mosaïque blanche dont certains carreaux sont absents : on ne peut que s'interroger sur la santé mentale des types qui ont décidé de construire une telle atrocité. Tout est laid et étriqué et les gars de la PAF ont l'air tout aussi négligé que d'habitude avec leur pauvre uniforme merdique , avachis dans leurs guitounes toutes moches. Tout ceci sent la lésine, la misère morale, le renoncement et la faillite proche. Je comprends qu'on ait envie de se bourrer la gueule dans des apéros géants !

Pour une fois, il y a plein de taxis dehors ! Je suis toujours stupéfait de voir les tailles des voitures. Il y a de tout, des petites, des moyennes et des presque grandes. Je m'étonne qu'on veuille me faire payer le même prix pour monter dans une 307 que dans un monospace flambant neuf et plus confortable. Les couleurs sont assez ternes : du bleu, du gris et du blanc. On est loin des célèbres taxis jaunes qui roulent comme des dingues dans les rues de NYC et que l'on retrouvent stylisés dans toutes les boutiques de souvenirs. J'imagine mal un petite 307 Peugeot blanche avec son ridicule panonceau taxi présentée sous forme de porte-clef souvenir !

Puis c'est l'autoroute A1 jalonnée de radars automatiques (la seule innovation de notre président) qui nous remmène vers Paris.

16 mai, 2010

Pays de cons !


Ce qui est bien quand je suis loin de la France, c'est que je ne subis plus les nouvelles débiles données par des journalistes idiots et relayés par des politiques imbéciles. J'oublie tout. Déjà que je ne me tiens pas beaucoup informé, là c'est le désert. Paris aurait pu disparaître de la terre que je n'en aurais rien su jusqu'à la date de mon départ.

Et puis j'ai commis la faute, la grosse boulette, l'erreur du débutant : je me suis connecté sur Yahoo pour avoir l'actualité ! Et là, j'ai appris qu'un jeune était mort lors d'un apéro géant organisé sur Facebook. J'étais déjà habitué au fait que la presse relaie des faits divers sans importance pour en faire des affaires d'état mais là cela dépasse toutes les bornes et ce d'autant plus que les politiciens merdiques reprennent ce non-événement comme si ces trous du cul n'avaient pas de sujets plus passionnants à traiter.

De tous temps, les jeunes ont fait des conneries parce que justement être jeune c'est se croire immortel. Chez nous les psys, on appelle cela la conduite ordalique, pratique inspirée du jugement de Dieu.

Le fantasme ordalique, sous tendant ces conduites, serait le fait de s'en remettre à l'autre, au hasard, au destin, à la chance, pour le maîtriser ou en être l'élu, et, par sa survie, prouver tout son droit à la vie, sinon son caractère exceptionnel, peut-être son immortalité. La conduite ordalique est donc en quelque sorte double m d'un côté, abandon total au verdict du destin, de l'autre croyance en la chance, et tentative de maîtrise, de reprise du contrôle sur sa vie.

Alors certes, c'est très bête de mourir ainsi mais c'est aussi l'apanage de la jeunesse. Conduire vite, boire comme un trou, draguer tout ce qui bouge, etc., sont des conduites à priori immatures, mais qui s'inscrivent surtout dans le développement psychoaffectif de l'adolescent et du jeune adulte.

Et justement les adultes n'y peuvent rien sinon prier pour que que ses propres gosses n'aillent pas trop loin en traçant une ligne rouge afin de tolérer quelques écarts tout en tentant de protéger les jeunes de leur impétuosité. Et il faut vraiment être un gros branleur d'énarque ayant passé a jeunesse pourrie dans des livres de stratif (droit administratif) pour penser que des lois pourront empêcher les jeunes d'être jeunes.

Moi même qui vous parle, sérieux capricorne, j'ai été bourré et j'ai même traversé une nuit la Seine à la nage persuadé que ma parfaite maîtrise de l'élément aquatique m'aurait permis de me faufiler entre les bâteaux mouches ! De la même manière que dès que je possédais une moto, aussi petite soit-elle, il fallait que je la kite dans tous les sens pour dépasser bien sur les 45 km/h autorisé par une loi que nous méprisions. C'est ainsi que j'avais un Zundap qui dépassait allègrement les 120km/h compteur. Mais qui se souvient encore de ces fabuleuses petites 50 cm3 ? Bref, j'ai été jeune et bien que j'aie été plutôt sérieux, j'ai fait mon lot de conneries dont fort heureusement je ne suis pas mort. Aujourd'hui, devenu adulte, je me traîne la bite sur un Piaggio 125 conforme même si de temps en temps je suis tenté de lui coller un cylindre/piston de 250 sans le dire pour rouler plus vite ...

Alors quid de la mort de ce jeune ? Paix à son âme et sincères condoléances aux parents : l'incident s'arrête là. C'est un fait divers, tout le reste n'est qu'âneries politiques échaffaudées par des pisse-vinaigres qui non contents d'avoir été de jeunes cons ennuyeux s'évertuent aujourd'hui à être de vieux cons emmerdants.

Le petit Thomas âgé de 21 ans (celui qui vote socialiste mais on l'excuse parce que justement il et jeune et inconscient), qui est actuellement en Sup de Co m'expliquait récemment que personne n'allait plus aux fêtes organisées par l'école car les étudiants étaient fouillés à l'entrée du car, de même qu'on les faisait souffler dans un éthylotest. Alors les soirées privées se multiplient et les jeunes boivent tout autant. C'est mal mais c'est la jeunesse.

Voici quelques années, je m'étais acheté des canetons Colvert que j'avais mis dans un petit enclos. Un ami m'avait demandé si je les avais éjointés, c'est à dire si je leurs avais coupé une phalange afin qu'ils ne puissent plus voler. Horrifié j'avais dit que jamais je n'aurais pu faire cela ! Mon ami m'avait alors dit qu'ils allaient s'envoler. J'avais juste répondu que c'était le destin d'un canard que de voler et ce d'autant plus que les Colverts s'accouplent en plein vol (vous en apprenez sur mon blog des tas de trucs hein ?!).

Le canards volent et les jeunes font des conneries. Il y a un juste ordre dans le monde. En revanche les élus sont de plus en plus cons à la différence des canards et des jeunes qui restent stables en matière de comportements et donc prévisibles.

15 mai, 2010

Dernière journée !

Cours de français débutant : repeat after me one is "un" !

Ce matin, levé tôt pour faire une balade en promène-couillons. Au programme : visite de Liberty Island et de Ellis Island. Une fois le tickets achetés, je me rends compte qu'il y a une heure d'attente. Il faut dire que ces paranoïaques nous font passer un contrôle de sécurité digne d'un aéroport. Pn père commençant à s'énerver, il ne veut plus être traité en criminel et refuse de faire la queue et de passer sous un portique comme un criminel. J'ai donc pour mission de revendre les trois billets.

comme je l'explique à mon père, ici nous sommes aux USA et je ne me vois pas vendre des tickets à la sauvette comme un sénégalais de base. Je ne sais pas si c'est autorisé, et si cela ne l'est pas, je n'ai aucune envie de m'expliquer chez les flics. Fort heureusement, il y a tellement de français à NYC que j'ai vite fait de refourguer mes billets à des compatriotes trop heureux de ne pas faire la queue au guichet.

Puisque nous ne visitons pas ces îles, nous nous baladons alors dans le financial district avant d'arriver à ground zero qui doit maintenant s'appeler devastation area à moins que ce ne soit l'inverse. A la place des deux tours que j'ai connues, puis du grand trou que j'ai connu aussi, un chantier s'active. Un musée a même été ouvert car le 9/11 est la grande affaire des new-yorkais. Une fois dans le musée du mémorial, j'ai très envie de leur demander s'ils ont vu les vidéos de Bigard sur dailymotion. Bien sur je n'en ferai rien parce que je n'ai pas envie d'être lynché. D'ailleurs même ici en France, je tiens pour réel tout ce que l'on raconte sur cet attentat.

Puis, nous remontons Broadway pour enfin parvenir dans l'infâme quartier chinois que je trouve cradingue au plus haut point. Comme je n'ai aucune envie de déjeuner dans un des bouges qui longent Canal Street, un coup de métro et nous nous retrouvons dans la 34 ème rue près de chez Macy's, du Madison Square garden et du Herald Tribune. Putain s'il y avait autant de Délis à Paris qu'à New-York, je ne serais pas obligé de me farcir les traiteurs chinois de mon quartier quand je n'ai pas le temps de déjeuner.

A partir de là, Broadway devient presque piétonne. Tandis que cette initiative m'aurait fait hurler à Paris, ici je trouve cela très chouette. L'avenue a été recouverte d'un bel enrobement rouge sombre et la municipalité y a mis des centaines de petites tables et de chaises en fer rouges sur lesquelles ils fait bon s'asseoir. Chacun est libre d'acheter ce qu'il veut pour déjeuner et de venir s'y asseoir.

Je n'ose pas imaginer ce que serait devenues ces tables et chaises en France. Sans doute auraient elle été pour moitié détériorées et volées pour l'autre moitié en moins d'une semaine. Mais ici, rien n'est volé et les citoyens qui le sont vraiment respectent le bien public. Quoiqu'en disent les sociologues de gauche, la politique de la tolérance zéro a porté ses fruits. Moi, je suis pour. Ils peuvent remplir la prison de Rikers plein la gueule pourvu que l'honnête vacancier que je suis puisse sortir sans risque et poser son cul sur une de ces charmantes petites chaises rouges. De toute manière, ne pas voler est un impératif catégorique. Cela ne se discute même pas.

C'est ainsi que par saut de puce, nous parvenons à Times Square où mon épouse décide d'aller faire deux ou trois courses. Encore une fois, posés sur nos petites chaises de fer rouges, mon père et moi devisons gaiement. Je suis allé chercher deux boissons infâmes et sucrées au Starbuck voisin et nous papotons. Lorque tout à coup, une charmante jeuen femme âgée d'environ vingt ans nous demande si elle peut se reposer un instant sur la troisième chaise libre de notre table.

Des cheveux châtain magnifiques, un micro short laissant dépasser deux jambes magnifiques et tout juste halées, de grands yeux bleus rieurs et un sourire aux dents blanches à damner un saint. Comme elle nous entend parler français, elle nous demande d'où l'on vient. Elle nous pose ensuite plein de questions sur la France et sur ce que l'on pense des USA. Elle me demande de lui apprendre des mots de français. Elle pense qu'en France nous sommes plus près de nos émotions que chez eux. Elle nous explique qu'elle vit de l'autre côté de la rivière dans le New-Jersey et j'en déduis que les donzelles de cet état sont aussi chaudes que les touloises dont j'ai déjà parlé dans ce blog.

Moi toujours sur mes gardes, je me demande si je ne suis pas en train de me faire brancher par une pute, bien qu'elle n'en ait pas l'air. Mais non, insouciante et sociable comme savent l'être les américains, la demoiselle ingénue ne fait que nous parler. Et je l'entends répéter les mots que je lui apprends avec un accent presque parfait. Mon père lui sort aussi quelques mots et la petite rigole. Quant elle apprend qu'il a quatre vingt un ans, elle lui dit "oh eighty-one ? noo, you're so cute !". Et je vois mon brave père se rengorger !

La gamine passe ainsi un quart d'heure vingt minutes avec nous. Puis, des copines à elles, toutes aussi charmantes, la hèlent, elle part en nous saluant. J'ai à peine le temps de penser "ah les belles petites s......" que mon épouse revient les bras chargés de paquet sans doute avertie par un sixième sens. Deux minutes après, la bande de gamines repasse sur le trottoir et elles hurlent "Au revoir Philippe !". On a beau se dire stoïque et revenu de tout mais ça fait toujours du bien de vivre ces petits moments. Prenant conscience que je suis esclave de mes gènes de mâle idiot, je suis obligé d'expliquer à mon épouse que ce sont mes élèves à qui j'ai donné un cours de français ! Et là-dessus, j'entends mon père dire à mon épouse que la petite était vraiment fraîche et jolie et vraiment adorable !

Sérieux comme seul sait l'être un capricorne, j'oublie bien vite ce charmant intermède. Mais bon, il se peut qu'un jour je change d'orientation et que je fasse prof de français à New-York. J'ai un très bon contact avec les jeunes.


Vertige !


J'ai adoré l'époque durant laquelle j'ai été pris comme conseiller technique pour une série télévisée. La production, soit par ignorance, soit encore parce que je sais super bien me vendre, avait tendance à me demander tout et n'importe quoi à propos de tout et n'importe quoi ! A croire que pour eux, j'étais Gregory House ! Bon compte-tenu de ma vaste culture, et du fait que je lise rapidement et que je ne le nie pas, j'aie un petit talent pour parler savamment de choses que je connais à peine, je m'en suis fort bien sorti. Mais c'est vrai qu'ils avaient tendance à me soumettre des trucs relevant le plus souvent de la neurologie ou autre que de la pure psychopathologie.

Aujourd'hui pour la douzième fois, je me suis tapé la promenade sur le pont de Brooklyn. C'est très joli à faire mais moi j'ai le vertige. Alors passé la première pile du pont, je commence à avoir peur. Je regare sous mes pieds, ne voyant que de minces planches de bois entre les interstices desquelles, j'aperçois l'Hudson, très loin dessous ! Je me plais à imaginer qu'une de ces maudites planches craque et que mon corps d'éphèbe tournoie en douceur pour venir s'écraser sur les eaux vertes et sales de la rivière, la teintant l'espace d'un instant de rouge tandis que mes intestins flotteraient doucement à la surface telle une bouée légère signalant que je fus mais ne suis plus ! Alors je me ressaisis et je regarde au loin et je me dis que je suis vachement haut. alors je mobilise mon système nerveux central, serre les fesses et presse le pas jusqu'à regagner le plancher des vaches.

Tout cela pour vous dire que le vertige n'est pas une pathologie psychologique mais un désaccord entre la vision et le système vestibulaire de l'oreille, une dissonance entre ce que l'on voit et ce que l'on ressent dans l'espace.

Le vertige n'est donc pas une phobie que l'on soigne, on peut juste apaiser l'espace d'un instant cette odieuse sensation. Pour cela faites comme moi et affrontez vaillamment la situation en mobilisant votre système nerveux central en vous répétant par exemple qu'il n'y a pas de danger.

Toutes ! Je les ai toutes faites !


S'il y a bien une arnaque à NY, ce sont les comédies musicales de Broadway. Jusqu'à aujourd'hui, j'avais toujours réussi à échapper à ces grosses farces pour croquants. On s'attend à de petites pépites comme celles des annés cinquante, et on se retrouve avec des daubes tout juste bonnes pour amuser les croquants. D'ailleurs moi qui sort d'une représentation de Chicago (14 années à l'affiche), j'ai vu deux gros cars immatriculés dans le Wyoming qui chargeaient des spectateurs.

Pourtant la troupe était bonne, danseurs et comédiens étaient plutôt bons et l'orchestre d'excellent niveau avec des cuivres brillants comme il faut. Mais putain, la musique ! Qui a pu composer de tels morceaux aussi merdiques, à croire que le mecs était payé à la note. C'était dissonnant, moche, discordant et affreux à entendre. En plus, dès qu'un certain mec se pointait sur scène, des pisseuses hurlaient à se faire éclater les poumons. J'ai appris après que le gonze était dans la série Gossip girl.

Quant à l'histoire, elle n'a rien à voir avec la ville de Chicago ! L'action aurait pu tout autant se passer à Miami, Washington ou même Foug. Dans tous les cas, les habitants de la bible belt auront pu mater de belles cuisses et peut-être même imaginer les seins qui se dissimulaient derrière les tenues légères.

Deux jours avant, je m'étais aussi fait avoir avec la dernière production locale Come fly away présenté au théâtre du Mariott Marquis. Là encore, une belle daube avec une histoire creuse et une mise en scène merdique à un point à peine imaginable : le tout étant facturé à 105 $ la place ! Bande crapules !

Finalement de tout ce que j'aurais vu, Mamma Mia reste le seul truc digne de Broadway, bien que je ne sois pas fan d'Abba. Mise en scène impeccable, assez drôle, le tout étant servi par des comédiens efficaces et généreux. Je comprends que cela cartonne depuis neuf ans.

Mais pour tout vous dire, j'ai toujours détesté ce qui s'apparente de près ou de loin à du théâtre. A Paris je n'y vais jamais ! Voir des cabot sur scène surjouer en déclamant des textes la plupart du temps idiots m'a toujours profondément emmerdé. Je comprends que fut un temps, on n'enterrait pas les saltimbanques en terre chrétienne. D'ailleurs si j'ai du respect pour les musiciens, je n'en ai aucun pour les acteurs et autres comédiens ! Putain, si je n'avais pas été le meilleur psy, je crois que j'aurais adoré être critique pour étriller tous ces abrutis.

Et pourtant, quand on lit les bios des comédiens qui jouent dans ces spectacles pitoyables, on reste sur le cul ! Ils sortent tous d'universités prestigieuses (filières artistiques) et possèdent des cv à rallonge ! En lisant cela, je me disais : "putain faire tout ça pour pousser la goualante et faire le con sur scène !".

En bref, si vous habitez dans une grande ville, n'allez pas voir de comédies musciales à Broadway parce que c'est réservé aux les paysans. En revanche, si vous vivez dans une sous-préfecture, courez-y vite, vous vous ferez des potes du Wyoming. a la sortie vous pourrez même partager une Bud avec vos nouveaux copains et parler d'agriculture.

Et si vous êtes comme moi, qu'un comédien vous donne des boutons rien qu'en le voyant et qu'en plus vous avez dépassé l'âge de sortir en boîte, vous irez baffrer dans un des milliers des restaurants puis monterez vous coucher en méditant sur votre jeunesse enfuie.

Toutefois si vous voulez jouer le mec blasé qui a tout vu et tout connu, j'insiste sur le fait qu'il faudra faire comme moi et vous taper toutes ces productions de daube ! Parce que s'il y a un truc que je déteste encore plus que le théâtre, c'est parler de ce que je ne connais pas !

Ah si, je déteste aussi le cinéma ! Mais je ne saurais dire si je déteste plus le théâtre que le cinéma ou l'inverse ?

Bon à l'heure qu'il est, je viens d'échapper à Billy Eliott dont tout le monde dit le plus grand bien ! Je suis sur que ça m'aurait fait chier cette histoire de gosse qui veut faire de la danse ! Peut-être que je me laisserai tenter par Hair.

13 mai, 2010

Bonne mémoire !


Je n'avais pas envie de me coucher mais simplement envie de me prendre un café en terrasse. Je suis retourné dans un petit troquet dans la 45 ème rue. L'établissement n'a rien d'exceptionnel mais dispose d'une petite terrasse abritée. Et puis c'était la sortie du Roi Lion et je trouvais rigolo de voir déambuler les péquenots de l'Arkansas ou du Nebraska venus en visite à New-York. Les hommes sont engoncés dans leurs costumes tandis que leurs femmes affichent des robes de soirées courtes un peu cheap en vacillant sur leurs talons hauts qu'elles portent pour la circonstance, les uns et les autres ne semblant pas souffrir de la température frisquette qui règne ce soir (10 °). C'est un peu comme si je regardais un défilé de faouins (habitants de Foug) venus à Paris. Peut-être que si j'essaie d'en héler un en francique lorrain, on me répondra ! Ceci dit, le faouin plutôt que de venir s'emmerder à Paris peut tout aussi bien aller à Nancy qui est plus proche.

Tandis que je commande mon café, le type derrière le comptoir me reconnait et me dit "salut le psychologue alors de retour chez nous ?". C'est un sénégalais avec qui j'avais discuté de la vie à New-York l'an dernier. Diplômé en art, il est barman en attendant de trouver autre chose. Il me demande des nouvelles de France et me parle de notre président. De ce côté de l'Atlantique, il le trouve très amusant mais me dit qu'il le juge un peu ringard et vulgaire pour représenter dignement la France. Il me dit que quitte à prendre un avocat on aurait pu en prendre un qui soit plus digne parce que pour lui, Sarko a tout de l'avocaillon minable qui fait ses pubs au cul des bus.

J'avoue être gêné. On peut avoir l'illusion d'être fier d'être français mais il suffit de nous rappeler le nom du nabot qui préside le pays pour se sentir aussi petit et minable que l'occupant de l'Elysée. Je ne sais que répondre alors je dis deux trois bêtises avant de lui demander de ses nouvelles. Lui me dit que ça va, qu'il cumule maintenant deux jobs : celui-ci et un autre plus proche de ses ambitions et qu'il verra. Alors que je lui demande s'il a ressenti la crise, il me répond que oui, on l'a sentie à New-York comme ailleurs et qu'il a fait comme tout le monde, contre mauvaise fortune bon coeur. Qu'il a fait le gros dos, continué à bosser en attendant des jours meilleurs.

Comme il y a peu de monde, on continue à papoter tous les deux. Et il conclut qu'ici on fait moins de politique qu'ailleurs, que la mode de vie tend à rendre positif, même si c'est un peu la merde comme partout ailleurs dans le monde. Et il me sort : de toute manière si j'ai un coup de blues, je fais cent mètres, je me mets sous les lumières de Times Square et j'ai l'impression que tout est possible.

Sous d'autres formes moins académiques, la luminothérapie de Times Square propose ses bienfaits.

Curieux contraste !


La semaine dernière, lors de ma dernière séance je traine un peu avec le patient que je connais bien. Nous sortons du cabinet alors qu'il est vingt et une heure quarante. Comme il est sympa, il me propose de me jeter à la station RER de Luxembourg à laquelle nous arrivons dix minutes plus tard.

Je descends de sa voiture et constate que tous les cafés sont vides. Sur les trottoirs, pas un rat et très peu de circulation sur le boulevard Saint-Michel et la rue Soufflot : Paris est une ville morte, morne et ennuyeuse. Voici peu la capitale française a été élue ville la plus ennuyeuse de toute l'Europe. Quant à moi, je reste toujours étonné quand mes plus jeunes patients me vantent les mérites de Berlin. Songer que la capitale de la Prusse orientale, région fort peu connue pour ses frasques, est devenue un lieux où il fait bon vivre est sidérant.

Voici peu, j'ai aussi appris que les maires des 1er et 4 ème arrondissements ont organisé une réunion à la demande des habitants qui se plaignaient du bruit. Paris est donc peuplé de crétins qui ont osé acheter aux Halles pour ensuite se plaindre des nuisances sonores. Ce sont sans doute les mêmes qui voudront bénéficier d'une couverture GSM dans toute la France tout en luttant contre l'implantation des antennes relais.

Je suis toujours étonné par ces personnes. Quand on aime le calme, on ne quitte pas sa province ou alors on s'installe dans une banlieue dortoir mais on ne vient pas à Paris et surtout pas dans les quartiers réputés vivants. Je suis encore plsu étonné par le clientélisme outrancier de ces élus qui, au lieu d'envoyer se faire foutre ces sales gens, cèdent encore à leurs demandes ridicules et illégitimes en organisant des réunions pour leur expliquer que l'on va réduire le bruit.

Ce soir, nous sommes sortis. Il faut dire que mon père m'a missionné pour occuper toutes nos soirées. Puisque nous sommes sur Broadway, toutes mes soirées sont prises par des comédies musicales. A l'abri dans notre chambre d'hôtel, notre calme n'est dérangé que par le bruit léger de l'air conditionné. Je pourrais ouvrir les fenêtres mais d'une part j'ai le vertige et me pencher au quinzième étage d'une fenêtre sans rambarde ne m'attire guère, d'autre part le bruit serait dérangeant.

En revanche, une fois dans la rue, c'est la ville qui reprend ses droits. On voulait Times Square et Broadway et nous sommes servis. Circulation démentielle à toutes heures du jour et de la nuit, bruits des sirènes, musiques diffusées par chaque restaurant ou boutique et cohortes de promeneurs sur tous les trottoirs ! Curieusement, personne ne semble se plaindre et les gens ont l'air plutôt heureux. Les tables et chaises nouvellement installées sur Broadway et les gradins de TKTS sont pris d'assaut par les touristes manifestement heureux d'être soumis à ce bruit et ces lumières. Personne ne semble gêné et ceux qui le seraient ont toujours la possibilité de résider dans des quartiers plus calmes.

Je regarde tout cela et je constate que je viens vraiment d'un curieux pays. Tandis que les grecs voudraient bénéficier d'une richesse qu'ils ne produisent pas, les parisiens nouveaux voudraient profiter d'une vie trépidante sans en payer le prix.

Mon illustre confrère H16 parlerait sans doute de pays des Bisounours. Quant à moi, je ne ferai qu'évoquer l'immaturité grandissante dans laquelle nous entretiennent nos élus en déniant le réel.

Ce pays est foutu.

12 mai, 2010

Belles rencontres !


Il y a beaucoup de français à New-York. Quand vous vous baladez dans la rue, vous entendez parler la langue de Molière un peu partout et j'ai même vu des boutiques ayant apposé un écriteau où était écrit "on parle français". Notre euro fort nous empêche peut-être d'exporter plein de Peugeot ou de Renault, mais il nous permet tout de même de jouer les beaux facilement face à un dollar déprécié. En bref, maintenant les américains c'est nous ! Je constate toutefois que cette parité n'empêche pas les allemands d'exporter des Mercedes et autre BMW.

Toutefois la situation du français est différente car comme on le sait depuis des décennies; "on n'a peut-être pas de pétrole mais on a des idées". Et bien sur on a un système social que le monde entier nous envie. Dès lors, à défaut d'exporter des biens de consommations, les idées françaises s'exportent bien et ce d'autant plus que les français n'attendent pas forcément qu'on lui demande des idées pour asséner sa "juste et sage" idée du monde te qu'il devrait être.

C'est ainsi que si l'on est amené à parler à un français aux USA, le discours sera toujours à peu près le même. Il y a de grandes chances que ce dernier cherche la connivence de manière à vous faire partager son point de vue selon lequel : les USA c'est sympa mais faut pas s'y fier parce que c'est pas ce qu'on nous montre !". Le français expert en leçons de vie porte en effet en lui cette capacité innée à démasquer ce qui ne va pas mais qu'on aurait voulu lui cacher. Curieusement, cette faculté s'exerce essentiellement vis à vis des USA mais pas vis à vis de la Grèce pour laquelle notre pays n'avait rien vu d'autre que ce qu'on avait voulu lui montrer : ouzo, ruines antiques et mer cristalline.

L'an dernier, nous étions dans le métro avec le Gringeot, tandis qu'un français nous aborde, sans doute persuadé que c'est toujours sympa de parler avec un compatriote loin de chez soi. Si ma parfaite maîtrise de notre langue aurait pu me faire passer pour un diplômé de Harvard ayant appris le français auprès des meilleurs professeurs, le ton gouailleur et l'accent titi parisien du Gringeot le désignait particulièrement comme français ! Impossible de nous dissimuler, il fallait donc répondre à notre compatriote dont la mise me laissait supposer qu'il fut socialist friendly.

C'est ainsi qu'après avoir convenu que NY c'était vraiment chouette et plein d'énergie et super rigolo pour s'y balader, notre compatriote avec un sourire rusé termina par une remarque qui se voulait d'une rare finesse en expliquant que "ça c'était bien ce qu'on voulait nous faire voir parce que la réalité était plus dure et que les gens étaient malheureux n'ayant pas notre système social".

J'aurais pu lui répondre que moi non plus, en tant que libéral, je cotisais comme les autres sans bénéficier de congés maladie et que j'étais habitué à une vie plus dure que lui qui était sans doute fonctionnaire territorial. Je suis sur que ce mec était fonctionnaire territorial, ne me demandez pas pourquoi. Mais je n'ai rien dit, me contentant de rompre le contact. Le Gringeot a bien tenté d'asséner quelques remarques libérales mais c'était peine perdue.

Il y aura toujours des gens pour venir à NY, contempler les gratte-ciels, s'énivrer de cete formidable énergie, sans se demander comment ces types venus "une main devant, une main derrière" ont pu construire ceci là où il n'y avait rien.

Je vais sortir et aller me balader, je rencontrerai sans doute mon "français" qui après quelques banalités d'usage, m'expliquera quà lui, on ne la lui fait pas et que derrière le clinquant des néons et les chromes rutilants des Lincolns Town Car, il a su distinguer tous les problèmes sociaux. On se rassure comme on peut, un peu comme un type lambda qui verrait une femme canon à laquelle il n'accèdera jamais en se disant : elle est belle mais elle est très conne, moi je ne la supporterai pas. ça permet juste d'éviter la frustration résultant du fait qu'il n'y a pas de risques qu'il ait ou non à la supporter puisque de toute manière, conne ou non, cette beauté fatale n'aurait pas voulu de lui.

Et puis, le monde est si vaste, que chacun en fonction de ses aspirations et de ses goûts trouvera toujours une destination qui lui convienne. Souvenons-nous qu'en ce moment, il y a des tarifs super avantageux pour la Grèce !

De toute manière, il bruine sur NY, je viens de sortir acheter un parapluie.

Je suis français moi monsieur !

Je viens de quitter un pays dans lequel de belles âmes s'offusquent que l'on puisse prêter de l'argent à la Grèce en prenant une petite commission dessus. Un pays dans lequel, sur les blogs de Libération, des gens vous expliquent que toute l'aviation civile plaquée au sol, suite au nuage de cendres, est un bienfait parce que cela permet de prendre son temps et de revenir à des choses essentielles et puis que d'abord les avions, tout le monde n'en prend pas, à part les riches. C'est vous dire si mon pays est composé d'altruistes aux grands cœurs, aux idées larges et à la sagesse infinie. D'ailleurs, on ne s'y trompe pas puisque du temps de son vivant, c'est Castor méditatif qui était plébiscité.

Il se trouve que je suis actuellement au pays de l'argent roi et il me semblait utile que la sagesse de mon pays traverse les océans afin de responsabiliser un peu plus ces grands enfants que sont les américains.

En sortant à gauche de l'hôtel, on est sur Times Square. D'une année sur l'autre, tout a changé. Broadway est maintenant interdite à la circulation à ce niveau et des tables et chaises de fer rouges ont été installées. Après une petite balade, mon père et moi nous sommes assis là, contemplant les enseignes lumineuses tout autour de nous. Mon père, pourtant âgé de quatre vingt-un ans bientôt, était là comme un gosse, tournant la tête à droite, à gauche, se retournant, n'ayant pas d'yeux assez grand pour se repaître de l'odieux spectacle de la société de consommation.

Et ne voilà-il pas qu'il ose enfin me dire que c'est vraiment beau et qu'il ressent une énergie considérable en étant simplement assis là, au milieux de Times Square. Et le voilà qui poursuit encore en m'expliquant qu'à la même heure, Paris serait déjà endormie parce que c'est devenu une ville médiocre et ennuyeuse. Et loin de se rendre compte de l'odieux discours qu'il tient, le voici qui poursuit en incriminant Bertrand Delanöe d'avoir massacré la ville en la transformant en ville de province. Puis pour clore son discours odieusement réactionnaire, le voici qui assène un "de toute manière avec les gens de gauche, la misère et l'ennui arrivent toujours". Je suis tellement abasourdi que je ne trouve rien à répondre. Et pourtant, j'aurais pu parler de Paris-Plage, cette superbe réussite tendant à transformer une simple chaussée de bord de Seine en lieux de villégiature sympa !

C'en est trop pour moi. Je le regarde et lui réponds que si l'on sent certes l'énergie sourdre de tout ce qui nous entoure, il faut tout de même se souvenir que tout ceci n'est pas anodin et que le bilan carbone de tout ce qui nous entoure doit être désastreux. Voilà, j'ai réussi, j'ai été réellement français, me souvenant que ma patrie est la terre des droits de l'homme et de la réflexion politique poussée aux confins de la sagesse la plus extrême.

Je pensais mon père enfin maté mais il n'en est rien. Il doit être aux alentours de minuit et nous voulons acheter de l'eau. Qu'à cela ne tienne, il y a un Duane and Reade juste à côté de l'hôtel sur la huitième avenue et par chance, ils vendent même de petites bouteilles d'Evian comme les affectionne mon père. Tandis que nous patientons aux caisses, mon père m'explique qu'il trouve vraiment génial de pouvoir faire ses courses à toutes heures du jour et de la nuit. C'en est trop pour moi ! Je lui explique que c'est sans doute très bien pour lui mais qu'il ne pense pas aux pauvres salariés obligés de travailler de nuit pour satisfaire ses caprices de consommateur noctambule.

Et là mon père, comme s'il avait lu tout Hayek et Bastiat, m'explique que c'est peut-être très triste pour ses salariés, mais qu'il vaut mieux faire cela que de ne pas avoir de travail et que ces horaires très flexibles sont donc créateurs d'emplois et que de plus, nul n'est tenu de garder le même emploi à vie et que l'on peut aussi évoluer. Je lui dis alors que ces mêmes personnes auraient pu être sans emplois mais bénéficier d'un statut de chômeur financé par la collectivité leur permettant de trouver un travail plus respectueux de leur vie privée. C'est terrible, il faut toujours que je rappelle les fondamentaux de notre catéchisme républicain à mon propre père !

Nous rentrons enfin à notre hôtel où mon père gratifie le personnel de nuit d'un vibrant "hello" tandis que j'ose à peine regarder ces damnés de la terre que moi, bourgeois inconséquent, force à travailler de nuit pour mon simple confort. Mon Dieu que j'ai honte.

L'an prochain, c'est décidé, j'irai en vacances en Grèce. Voici un pays qui a su depuis des décennies suivre un programme festif et citoyen privilégiant l'art de vivre au dépens du consumérisme imbécile.