31 mars, 2007

J'ai acheté l'Auto-journal ! Article fini !


Aujourd'hui, je suis allé porter mes chèques à la banque et comme à chaque fois, j'en ai profité pour aller prendre un double express dans le café qui se trouve à côté. Et j'ai observé le rituel consistant à aller en face, acheter un journal afin de le parcourir au café.

Je suis ainsi, je fourmille de mille petites manies, de centaines de procédures huilées, de dizaines de minuscules habitudes, qui font de ma vie, un hâvre de paix, où tout est prévisible parce que je déteste l'imprévu.

D'ailleurs, s'il ya bien une chose que je déteste, c'est quand une pouffiasse sort d'un air entendu : " Moi ce que j'aimerais c'est que mon mec, se pointe un vendredi soir, en me disant qu'il a retenu un week-end dans un relais-château ! ". Outre le fait qu'on s'emmerde dans un relais-château, à moins d'y emmener sa toute jeune maîtresse avec qui on passera quarante-huit heures à baiser non-stop, je déteste ce genre de trucs parce que cela intoduirait dans mon train-train habituel, une rupture affreuse !

Donc, aujourd'hui, j'ai suivi le parcours "banque-presse-café" en y introduisant toutefois un élément de surprise, puisque l'on était samedi et que d'habitude je fais cela vendredi! Mais comme j'avais plein de rendez-vous, j'ai été obligé de travailler vendredi ! Vous constatez donc que parfois je suis capable d'être totalement fou et imprévisible !

Or donc je m'assieds dans mon estaminet favori et j'ouvre le journal que je viens d'acheter qui n'est d'autre que l'Auto-Journal, magazine auquel j'étais abonné tout jeune, à une époque ou j'adorais les voitures. Maintenant je m'en fous, je préfère la moto avec laquelle on est plus libre sauf dans Paris depuis que Delanoë nous emmerde en nous interdisant de nous garer sur les trottoirs : le fascisme ambiant touche même les deux-roues !

La voiture, c'était sympa jusqu'au early 90's, quand on pouvait encore rouler passablement vite, sans se faire racketter par l'état qui nous pompe nos points et notre blé. Aujourd'hui, je plains les possesseurs de Porsche ! La prophylaxie ambiante qui veut qu'on meurent tous super vieux en nous étant fait chier toute notre vie dans un monde terne et sans joie fait que l'on ne peut plus rien faire et que l'on est condamné à vivre dans un monde de femmes, tout doux, tout mou, comme dans les pubs idiotes ou des bébés débiles gazouillent !

Je contemple la page de garde et suis super content de voir que Fiat ressort une 500 assez stylée même si elle est nettement moins mignonne et originale que la 500 nuova d'origine, surnommée "pot de yaourt". Bref, je regarde et compulse l'ouvrage lorsqu'un titre m'attire les yeux ! Il s'agit d'un article traitant de la cigarette au volant, opposant les pour et les contre intitulé : "Doit-on arrêter de fumer au volant ?".

Je n'en crois pas mes yeux, même dans l'AJ, canard dédié à la bagnole, la propagandastaffel, a réussi à s'infiltrer ! C'est complètement dingue, aussi dingue que si dans le Quotidien du médecin, vous trouviez l'essai de la nouvelle Aston Martin V8 Vanquish S ou un article intelligent dans Elle !

Maitrisant ma colère et l'envie d'acheter une Kalachnikov, de barder mon torse puissant de cartouchières, et d'aller flinguer les ayatollahs de la santé, je respire calmement comme me l'a appris mon maitre zen qui me surnommait à l'époque "Petit Scarabée", et je lis l'article enfin apaisé.

Dans l'article deux spécialistes, chacun dans leur domaine, s'opposent.

A gauche, le Pr Dautzenberg, pneumologue, nous explique qu'il est contre mais qu'il préfère la prévention à l'interdiction. Son discours est construit et cohérent avec sa profession. Toutefois, il nous ressort le truc du tabagisme passif. Ceci dit, il a l'intelligence de dire que si vous évitez de fumer votre clope dans la chambre de vos gosses, vous vous dispenserez aussi de fumer quand vous les transportez en voiture, ce qui est logique. Après, il nous parle des fautes possibles, que pourraient commettre les fumeurs, trop distraits en cherchant l'allume-cigare ou bien des cigarettes jetées par les fenêtres qui peuvent mettre le feu et là, on sombre un peu dans le n'importe quoi.

A droite, Jacques Laffite, ancien pilote de F1, nous dit que par nature il n'aime pas les interdictions ! Et là, bravo Jacquot, tu es libéral ! Il admet que chercher ses clopes, l'allume-cigare, et le cendrier quand on fume peut distraire l'attention. C'est certain. Mais pas plus, comme il le rajoute, que de régler sa radio, de faire joujou avec son GPS, ou d'utiliser son portable avec l'oreillette ou de papoter. Rien de nouveau sous le soleil, il remet les pendules à l'heure en admettant que ce débat est sans intérêt.

Mais le plus sympa reste l'avis de l'Auto-Journal qui explique :

"Autant l'interdiction de téléphoner au volant, à moins d'utiliser un kit mains libres, semble justifiée en termes de sécurité, autant une interdiction de fumer paraît excessive. Sauf à légiférer aussi pour empêcher les passagers de "parler au conducteur", les enfants turbulents de s'agiter, les épouses prévenantes de tendre une bouteille d'eau ou les stations de radio de diffuser des musiques trop "stressantes". Bien sur le tabagisme passif subi par les enfants 'un conducteur fumeur est une réalité, mais cela relève de la responsabilité des parents."

Une conclusion plutôt sympathique à une époque où la lèpre hygiéniste étend son emprise. En disant cela, je ne défends pas la cigarette, car c'est une dépendance et c'est nocif, c'est un fait. Il s'agit simplement de se souvenir que les gens sont par nature responsables. Je n'ai aucune envie de vivre comme en Louisiane ou au Texas, par exemple, où vous risquez une amende de 25$ si vous fumez au volant alors que vous transportez un enfant de moins de six ans. Je rappelle que dans ces états vous pouvez par contre acheter une arme à feu relativement librement.

Je rêve simplement d'un monde dans lequel un médecin s'occupe de santé et un magazine d'automobile de voitures, sans que les premiers s'invitent dans les seconds, et de manière générale dans l'ensemble de notre vie, afin de nous dire comment marcher droit.

Les mesures anti-tabac, avant même de sauver notre santé, sont surtout faites pour sauver la sécurité sociale. Il serait temps qu'on applique aussi aux médecins des règles beaucoup strictes, qui n'en doutons pas permettront pas mal d'économies, par exemple, en contrôlant les prescriptions abusives, les arrêts de travail non justifiés, en les soumettant à un pouvoir judiciaire classique et non à leur ordre, etc. Hélas, les médecins sont syndicalement aussi bien organisés que la SNCF, et toujours prompts à ressortir des arguments massifs pour empêcher qu'on vienne trop règlementer leur activité. Et dans le pire des cas, il se mettent maintenant en grève comme n'importe quel cheminot. On a même pu les entendre hurler parce, que les pauvres, du fait qu'ils sont maintenant vraiment responsables civilement de leurs actes grâce à Kouchner, certains devront payer des primes d'assurance comme n'importe quelle PME du bâtiment ! Je note toutefois que leur vocation, les empêche de s'installer dans les régions paumées. Manifestement l'exercice de la médecine, si l'on en croit les cartes d'implantation des médecins, semble plus sympa en région parisienne ou sur la côte d'azur.

Il est bien plus facile de frapper sur les malades, fut-ce les personnes dépendantes, car la clope ou l'alcool sont liées à des facteurs biologiques, en les culpabilisant sans cesse. Qui n'a jamais rêvé d'être médecin ? Au-delà de l'aspect passionnant du métier, imaginez que vous êtes en libéral, tout en bénéficiant de l'argent public. C'est sans doute pour cela, que dans ma rue, où les pavillons sont devenus fort chers, chaque fois qu'il s'en vend un, c'est un médecin ou un dentiste qui l'achète.

Finalement le fond de l'affaire est qu'un état n'a pas vocation à devenir assureur. Aujourd'hui, les primes augmentent sans cesse tandis qu'on souhaite nous réduire les garanties. Le mélange du public et du privé, chacun ayant des règles strictes, aboutit toujours à une spoliation inévitable des individus.

Blog hilarant !


Tiens, cela fait un siècle que je devais mettre un lien sur ce blog. De toute manière, je ne le fais que par acquit de conscience parce que je me l'étais promis. L'auteur de ce blog dont l'album vient d'être édité, était présent au au salon du livre. Autant vous dire, qu'il va dorénavant voler de succès en succès, pour finir riche, tandis que je suis condamné à déjeuner chez un traiteur chinois avec Robert-La-Pince. Il n'y a pas de justice.

Bon si vous êtes fonctionnaire et ségolènophile, pensez que Renaud, Fred Vargas et Jacques Higelin sont de grands intellectuels, évitez de le lire. De toute manière, vous l'aurez constaté, les gens de gauche, à force d'être concernés par tous les malheurs du monde, n'ont aucun humour. Aucune mise à distance ne leur est possible et la réalité les assaille, les cerne et les agresse sans cesse, les maintenant dans un état fébrile d'inquiétude.

A force de penser aux autres, à tous les autres, même ceux qu'ils ne connaissent pas, et surtout de penser pour les autres, ce qui est la vraie dérive fasciste inscrite dans tout projet socialiste, ils en ont oublié que même dans les pires situations, on parvient à rire. Je les plains, presqu'autant que mes confrères psychanalystes, acculés à chercher inlassablement des preuves de leurs théories fumeuses dans tous les actes insignifiants de l'activité humaine.

Bien sur, je parle ici des vrais gens de gauche, dont la démarche, quoique discutable est sincère, et non des individus pour qui un projet de gauche n'est qu'une manière de préserver des acquis sociaux financés par les autres. Ceux-là ne sont pas de gauche mais héritiers de l'ancien régime, amateurs de corporatismes, de jurandes et autres groupement de défense d'intérêts particuliers.

La définition basique de l'humour est qu'il est une forme d'esprit qui souligne avec ironie et détachement les aspects plaisants, drôles et insolites de la réalité. Mais on peut aller plus loin.

L’humour vit de la contradiction inhérente aux choses humaines. Il traite gravement les petites choses et légèrement les grandes, et il indique par là même que la différence du grand et du petit n’a rien d’absolu, qu’elle ne repose que sur la faiblesse de notre compréhension ou des idées trop facilement admises comme justes.

L’humour, semble-t-il, ébranle l'édifice des concepts, des notions, et des idées admises, en révélant les failles des codes où ils sont érigés. Il opère une salutaire mise à distance et une remise en question de l'ordre, des valeurs traditionnellement admises, de la cohérence des discours et des comportements. Dans cette mise à distance, après avoir dans un premier temps défait les rapports établis entre les choses par l'usage, l’humour crée finalement de nouveaux rapports et des liens inédits.

L'humour, en tant que contestation, même s'il n'en donne pas forcément l'impression, possède donc une fonction sociale primordiale et peut devenir une arme redoutable contre les préjugés, les interdits et les tabous : "l'humour à la fois lutte contre le sacré et se nourrit de lui". Cette arme est d'autant plus efficace qu'elle prend une apparence anodine. L'humour n'a jamais fleuri autant que dans des contextes où l'ordre et le sérieux s'imposaient.

Ainsi,Diogène le philosophe cynique, à qui j'ai dédié un article, contestait tant par ses traits d'esprit acérés que par son comportement détonants les valeurs unanimement admises de son temps. Le conquérant Alexandre lui offrant un jour l'occasion de lui demander quelque chose, il n'eut droit qu'à cette réponse : "Ôte-toi de mon soleil". Diogène devient dès lors un humoriste et se trouve décalé, prenant ses distances par rapport à la société. Le moindre jeu sur les mots ou les situations signale, par un écart, où qu'il advienne, écriture ou conversation banale, une remise en question capable d'inquiéter les institutions.

Dernièrement, par exemple un ami proche s'est plaquer par sa femme, laquelle est partie, sans autre forme de procès. Il vient souvent nous rendre visite. Un soir qu'il était là, nous regardions en papotant, un épisode des Experts de Las-Vegas, dans lequel un type est accusé d'avoir découpé sa femme volage, puis d'en avoir stocké les morceaux dans le congélateur, avant de les balancer aux ordures. Bien sur, l'extraordinaire Gil Grisom parvient grâce à des tas de trucs à confondre le mari assassin. Compte-tenu de la situation, je n'ai pu m'empêcher de regarder mon pote, lequel s'y attendait, en lui disant : « C’est pas mal cette série, non ? On apprend des tas de trucs. tu es sûr d'avoir bien nettoyé ton congélo ? » .

L'humour est une preuve de santé mentale, une respiration de l'esprit, qui maintient à distance les choses trop graves en les rendant banales.

Soirée aux AA ! Enfin un article sérieux !


Comme on ne peut pas passer sa vie à ne fréquenter que des gougnafiers, j’ai aussi des amis très bien, des gens de qualité. Ce soir, l’un d’eux m’a fait vivre une fort belle expérience dont je le remercie.

Alcoolique repenti, et sachant que j’avais dans ma clientèle ce genre de personnes, il m’a emmené à une réunion des AA, au cours de laquelle on fêtait les douze ans d’abstinence d’un des membres du groupe. C’était une soirée ouverte aux non alcooliques aussi mon ami en a-t-il profité pour m’y emmener.

Je suppose que sa démarche a été dictée par le fait qu’il ait voulu me montrer la réalité de ce qu’il a vécu, l’alcoolisme étant la pire des addictions. Je pense, qu’à travers cela, il a reconnu mes qualités professionnelles, et souhaité, en quelque sorte, que j’approfondisse mes connaissances de cette pathologie afin d’aider mieux ceux qui en souffrent. Je suppose, que, devant énormément à cette association, il s’en fait le propagandiste. J’imagine aussi que c’est une belle preuve d’amitié et de confiance parce que c’est étrange d’entendre quelqu’un que vous connaissez vraiment très bien, prononcer ces mots devant une assemblée : « Bonsoir, je m’appelle Machin, je suis alcoolique, et si je suis là ce soir, c’est pour.. ».

Bien sur, je lui ai demandé si je devrais dire quelques mots ou s’il était préférable de me taire. Cela ne m’aurait pas dérangé. Je vous avoue que j’avais l’impression d’être le mec en bonne santé qui va à une réunion de cancéreux en rémission. La sensation est étrange car j’étais partagé entre le fait de vouloir profiter de cette expérience clinique capitale, tout en me demandant si ma présence n’était pas déplacée. Mon ami m’a rassuré en me disant que je constaterai que la parole aux AA était vraiment libre et que je pouvais dire ce que je voulais.

Une fois là-bas, nous nous sommes d’abord rendus dans une salle où l’on peut fumer des clopes et boire un café sans qu’un quelconque décret liberticide ne nous emmerde. Arrêter de boire est un enfer, s’il faut en plus cesser la clope, ce serait mission impossible. Puis la réunion proprement dite commence à l’heure exacte et durera deux heures. Je prends place autour d’une immense table pas très loin de la modératrice qui coordonnera tout au long de la soirée les interventions des participants.

Un principe de base des AA est l'anonymat : tous les participants sont ainsi égaux, aucun ne peut donc être médiatisé ou stigmatisé plus qu'un autre. Il n'y a pas de thérapeutes, ni d'encadrement d'aucune sorte. La méthode repose sur un programme de relèvement en 12 Etapes, l'échange d'expériences forces et d’espoir et le partage d'émotions. La réglé est : « Un alcoolique qui parle à d'autres alcooliques ».

Les AA n'acceptent ni dons, ni subventions, afin de préserver leur indépendance, et s'autofinancent, pour le café servi au cours des réunions par exemple. Dans les cas où les mairies ou les églises prêtent leurs locaux pour la tenue de réunions, les AA préfèrent s'acquitter d'un loyer, toujours pour garder leur indépendance. A la fin de la réunion, un petit sac en tissu circule dans lequel, les participants sont invités à mettre la somme d’argent qu’ils désirent. Pour certains ce sera un euro pour d’autre plus, rien n’est imposé. Souvenez-vous que certains grands alcooliques peuvent fréquenter une réunion par jour voir plusieurs par jours tellement ils en ont besoin !

De même, les AA refusent d'être reconnus d'utilité publique. C’est une démarche tellement rare, à une époque ou tant d’«associations bidons», recherchent ce statut pour pomper le contribuable qu’il faut le souligner ! Les AA obéissent donc à des principes libéraux et c’est sans doute pour cela que cela marche ! Des gens préoccupés par un problème grave, se réunissent pour le traiter sans exiger la médiation de l’état ou de ses collectivités publiques ou de je ne sais quelle profession diplômée d’état !

Les AA ne prétendent pas se substituer à la médecine mais souhaitent uniquement apporter un soutien bénéfique aux alcooliques, abstinents ou non. Tout alcoolique ayant le désir d'arrêter de boire peut assister aux réunions des AA. Dans les villes ou régions où il existe de nombreux groupes, on peut ainsi assister à plusieurs réunions par jour. C’est ce que font les alcooliques extrêmement motivés et c’est le gage d’un meilleur succès. Il n'y a pas de notion d'inscription ou de cotisation : chacun est libre d'assister au nombre de réunions qu'il souhaite, de se présenter ou non, de parler ou non.

Les réunions AA proposent de suivre un programme de rétablissement en douze Étapes, et ce dans le respect des douze traditions de l'association. Vous trouverez ce programme détaillé sur le site des AA.

Il y a essentiellement deux types de réunions :

  • Les réunions ouvertes au cours desquelles les membres racontent comment ils ont bu, comment ils ont connu les AA et comment le programme les a aidés. On peut y amener des parents ou des amis. Habituellement, toute personne intéressée par les AA est aussi la bienvenue à ces réunions ouvertes. C’est à ce type de réunion que j’ai assisté.

  • Les réunions fermées Les réunions fermées sont réservées aux membres des AA ou à toute personne qui pourrait avoir un problème d'alcool. Elles donnent aux membres, l'occasion de parler entre eux des problèmes reliés à leur habitude de boire et des efforts qu'ils ont fait pour acquérir une sobriété durable. Elles permettent aussi d'explorer en détail les divers éléments du programme de rétablissement. Elles permettent aussi de créer un véritable lien social trop souvent négligé lors des thérapies dans lesquelles le patient se retrouve seul sitôt le cabinet du psy quitté. .

J’ai pu noter que les alcooliques étaient souvent des gens extrêmement sensibles ayant un véritable besoin de religiosité au sens étymologique « religare », c’est à dire un besoin d’être reliés ! Ce type d’association, en offrant un lien social extrêmement fort, édifié au travers d’un combat très dur, permet à ces personnes de substituer à la dépendance alcoolique négative, une forme de nouvelle dépendance bénéfique représentée par le lien social dérivant parfois vers l’amitié voire de l’amour, puisqu’il arrive que des couples se forment.

Les imbéciles pourraient me rétorquer que troquer une dépendance contre une autre n’est pas très intelligent. Ce à quoi, je rétorquerai que nous sommes tous dépendants : tentez de cesser de respirer et vous comprendrez combien l’oxygène est une dépendance !

Comme je l’expliquais dans un ancien article traitant de la cigarette, il existe parfois chez certaines personnes une tendance plus forte à la dépendance. C’est sans doute du à une vulnérabilité génétique, se traduisant par quelque phénomène neurobiologique encore méconnu. J’ai d’ailleurs pu constater chez ces alcooliques abstinents qu’une immense majorité fumait. La dépendance, qu’elle soit à l’alcool ou à la nicotine n’est donc pas affaire que de volonté mais bien le résultat d’un héritage génétique avec lequel on devra vivre.

Les témoignages que j’ai entendus étaient bouleversants de sincérité. Certains plus que d’autres bien sur car la qualité de l’orateur compte aussi de même que sa sincérité. Quelques uns m’ont vraiment touchés, et j’imagine quel courage il faut, et quel chemin terrible il a fallu parcourir pour pouvoir ainsi de mettre à nu sans pour autant jamais sombrer dans l’exhibitionnisme. Autour de la table, le prolo côtoie le chef d'entreprise, unis pour lutter contre le fléau de l'alcoolisme. Les timides et peu assurés, nouveaux dans le groupe côtoient les anciens qui sont abstinents depuis plus de dix ans. Tandis que certains hésitent, employant des mots simples, trébuchant, se hasardant tout de même à vouloir rendre compte de leur parcours, d'autres parviennent à développer un discours construit témoignant de leur culture.

J’ai pu constater combien le groupe, en ce qu’il permet à un individu de ne plus se sentir isolé par cette pratique tellement décriée et honnie, était important. J’ai aussi constaté que les femmes, chaque fois qu’elles témoignaient, expliquaient combien elles avaient eu honte de leur état, et combien elles avaient été rassurées de voir que d’autres femmes vivaient le même enfer. J’ai été touché par le fait que certaines, nouvellement arrivées avaient repris courage en constatant, que d’anciennes alcooliques, pouvaient après des années d’abstinence, retrouver leur dignité de femme, en se permettant d’être de nouveau féminines et coquettes.

Bien entendu, si vous attendiez plus de précisions sur ces témoignages, c’est impossible, car ce qui se dit aux AA, doit rester aux AA, c‘est une promesse que l’on fait et à laquelle on se tient. C’est pourquoi c’est justement anonyme.

Si vous vous demandez ce que j’ai pu dire, c’est simple. Etant le seul nouveau venu, on me dévisageait et la plupart se demandaient qui j’étais et ce que je venais faire. Certains imaginaient que j’étais sans doute un alcoolique honteux, ayant des scrupules à me présenter. Et un des participants m’a encouragé. J’ai donc simplement dit : « Bonjour, je suis Philippe, je suis psy. Je sais combien l’alcoolisme est la pire des choses. Je sais aussi que seul, je suis totalement impuissant pour aider efficacement mes patients alcoolo-dépendants car je ne peux être qu’un catalyseur. L’enfer commence pour eux dès qu’ils sortent de mon cabinet pour se confronter à la vraie vie. C’est pourquoi, j’ai toujours encouragé chacun d’entre eux à venir vous voir et à fréquenter vos groupes pour bénéficier de votre soutien. Ce soir, je suis donc particulièrement touché d’être parmi vous et je vous remercie sincèrement de votre accueil. ».

La réunion a pris fin. Nous nous sommes donnés la main, et nous avons tous récité la prière rituelle, que l’on attribue généralement à Marc-Aurèle et qui dit :

Mon Dieu, donne-nous
La sérénité d’accepter les choses que nous ne pouvons pas changer,
Le courage de changer les choses que nous pouvons,
Et la sagesse d’en connaître la différence.


J’ai toujours aimé le stoïcisme et j’étais ravi de retrouver la sagesse limpide et simple de cette philosophie en ces lieux.

Alors que bien souvent, mes patients alcooliques me mentent, venant me raconter leur messe, par crainte d’être jugé par quelqu’un qu’ils imaginent trop peu concerné par la gravité de leur problème pour en comprendre l’étendue, j’ai pu ce soir me confronter à leur réalité livrée sans fard.

J’ai aussi pu constater ce soir que lorsque des personnes motivées cherchent par elles-mêmes le moyen de s’en sortir, leur créativité aboutit, avec peu de moyens à de grands résultats. Je persiste donc à faire confiance à l’initiative privée et continue de croire en la créativité de l’individu confronté à ses problèmes qui lui permet de bâtir des solutions au travers d'une vraie solidarité et non d'une pseudo-solidarité frelatée et gonflée d’argent public comme nous l'impose toujours l’état.

Je reste donc viscéralement attaché à l’idée de détermination, qui se rapproche de la motivation véritable, que j’opposerai toujours à la volonté imbécile qui ne donne jamais rien parce que lutter contre soi n’amène que désespoir et frustration. Pour cela, je conspue encore et toujours Xavier Bertrand qui aurait du rester dans les assurances. Je note aussi que le pouvoir est plus prompt à jouer les durs face aux cigarettiers essentiellement américains, que face aux producteurs d'alcool souvent français et électeurs.

Je remercie encore une fois mon ami de sa confiance qui m’a permis de vivre cette expérience unique et cliniquement passionnante.

Au Chinois avec Robert-La-Pince !

La semaine dernière, Robert et moi, avons déjeuné au traiteur chinois à côté de mon cabinet. Comme robert fait attention à sa ligne, il a pris un repas frugal. Alors que nous allions payer séparément, Robert, n’ayant pas de liquide sur lui, voulait payer par Carte bleue. Fleur de Lotus lui a dit que c’était possible à partir de 15 euros. Par la force des choses, Robert, m’a donc invité. C’était bien sur à charge de revanche.

Aujourd’hui, à quatorze heures, j’avais rendez-vous avec Robert pour déjeuner. Nous sommes retournés chez ce traiteur. Robert a une qualité, c’est qu’il est ponctuel ! Et à quatorze heures pétantes, je vois donc mon Robert arriver, fringant, trottinant sur ses courtes jambes, sa trogne rougeaude sous une tignasse de cheveux couleur paille, tout de Gucci et de Prada vêtu car Robert aime en jeter ! Tant et si bien que la dernière fois il m’a reproché avec dédain de ne pas être looké. J’aurais pu lui répondre que j’étais un mec sérieux, avec un vrai métier, et non une pétasse de la mode, et que je n’avais pas besoin d’être looké. Mais comme je suis poli je me suis abstenu.

Nous sommes entrés dans le restaurant. Comme robert, avait deviné que je l’invitais, j’ai constaté une chose curieuse. Robert, d’habitude frugal a chargé son plateau. C’était le Noël des enfants pauvre lâchés chez Toys’R’Us ! Entrée, plat, dessert, boisson, j’ai bientôt vu le moment ou il allait demander un sac plastique pour en emmener chez lui.

Robert le frugal, devenait un véritable goinfre ! Une fois à table, je passe sur les mauvaises manières de Robert, qui avisant la carafe d’eau, dont il ne reste qu’un fond, ne partagera pas mais se servira un verre sans même vous en proposer. Mais, c’est je crois, là une question d’éducation et non de psychopathologie.

Connaissant Robert, comme si je l’avais fait, j’ai de suite imaginé, que parce qu’il était invité il se lâchait, parce qu’il n’y a pas de petites économies ! Je suis persuadé que sur un marché, c’est le genre à venir à la fin, vers 12h30, quand les commerçants soldent les produits qu’ils ne veulent pas remporter, et à choisir les fruits tachés parce qu’ils sont moins chers.

Comme tous les narcissiques, Robert est une pince, un pingre, un type qui ne sait pas vraiment profiter de la vie. Jouant les cadors au dehors, Robert est en fait un grand anxieux. Les psychanalystes parleraient d’un individu fixé au stade anal, d’un mange-merde en quelque sorte, si j’ai bien compris la psychanalyse, ce qui n’est pas très propre vous en conviendrez !

Dans les faits, si vous manquez d’instinct ou de connaissances pour profiler un narcissique, il y a une autre méthode. Il suffit de voir la manière dont il dépense son fric.

Généralement, les dépenses du narcissique obéissent à trois règles simples :

  • Il dépense aisément l’argent des autres (amis, société via les notes de frais, etc.) ;

  • s’il dépense son argent, c’est en « frais de représentation » du type grosse voiture voyante, costumes de m’as-tu-vu, montres dorées, champagnes chers dans les soirées pour qu’on remarque comme il est riche et important ;

Le père d’une amie était un intolérable narcissique. Après avoir pourri la vie de son épouse il a ruiné la vie de sa fille, qui aujourd’hui âgée de quarante-cinq ans, persiste à penser que c’était un type génial !

Ce type était fonctionnaire hors cadre, c’est à dire qu’il se gavait sur notre dos avec un salaire d’environ 25 000€ mensuels pour un boulot improbable et sans intérêt. Toute sa vie, il a vécu sur la bête avec gigantesque appartement de fonction, gaz et électricité payés par son administration, notes de frais faramineuses et tout un tas de trucs que je n’imagine même pas !

Lorsque la fonction publique a décidé de le jeter à la rue, parce qu’il avait l’âge de la retraite, et qu’il fallait donner sa place à un autre escroc, on s’est aperçu que ce chien avait même fait passer son lave-vaisselle en frais professionnel !!! En bon escroc de gauche, toujours prêt à enfourcher le blanc destrier de la justice sociale, ce salaud avait même acquis un petit château en Bourgogne, dont la rumeur dit, qu’il le fit en partie meubler aux frais du contribuable.

Je me souviens que sa fille, très admirative, m’avait dit une fois : « tu vois statutairement, les femmes de ménage dans son administration devaient être payées 35 F de l’heure et mon père a décidé de les passer à 55 F de l’heure ». Elle m’avait annoncé cela comme si ce pourri était Robin des Bois !

Ma réponse fut cinglante puisque je lui répondis : « oui, c’est sur qu’il très généreux avec le fric du contribuable par contre j’ai constaté que chez toi, que ce soit dans l’appartement de fonction ou au château, c’est ta mère qui torchonne ». Ayant attaqué son héros de père, mon amie en pris ombrage et je ne la vis plus.

Comme il existe une morale immanente, sitôt retraité, son père choppa un cancer foudroyant et calancha quelques mois après. La décompensation brutale en cancer foudroyant est un truc qui survient souvent chez les narcissiques qui d’un seul coup n’ont plus leur Cour de lèche-culs ! Nous ayant volé durant toute sa carrière, il n’a pas pu continuer à nous rançonner durant de longues années de retraite ! Ceci dit, paix à son âme et que Dieu veuille bien lui pardonner sa misérable vie de rapace inutile.

On retrouve toujours la même manière de considérer l’argent. Large et dispendieux avec l’argent des autres, le narcissique devient un ladre dès qu’il s’agit du sien sauf si cet argent est utilisé pour jouer le beau !

Le narcissique est en fait un pauvre type, à l’instar des immeubles haussmanniens dégradés dont seule façade mérite d’être conservée, seule son apparence est flatteuse. A l’intérieur tout est pourri, misérable et ruiné. Les narcissiques, quoiqu’ils puissent prétendre sont de pauvres types, qui malgré leur arrogance et leur méchanceté méritent notre compassion.

En sortant de déjeuner, j’avais promis à Robert, qu’il serait la vedette d’un article. C’est chose faite.

Je précise que j’apprécie tout de même grandement Robert, sans quoi je ne le fréquenterai pas. Il possède certaines qualités dont la sincérité et un respect de la parole donnée, ce qui n’est déjà pas si mal. Plaise à Dieu que je sois psy pour avoir su deviner ces qualités, sinon je pense que je l’aurais envoyé se faire foutre depuis longtemps.

Parfois, je me dis que si Robert, était moins centré sur lui-même, et possédait quelques manières, sa vie en serait changée.

30 mars, 2007

Au dodo ! Bonne nuit !


Puisqu'au lieu de travailler en temps et en heure, j'ai préféré faire joujou sur Wkipedia, j'ai été bien puni !


D'une part, je suis viré de la mythique encyclopédie gratos en ligne. De toute manière, je m'en fous puisque je peux la consulter tout de même ! En plus, le mec qui m’a lourdé en premier, a une fiche sur Wikipedia, qui précise qu’il est « juriste au chômage depuis 2005 et qu’il adore la photo ». Alors sincèrement un mec déprimé, qui n’en branle pas une depuis tout ce temps, en me pompant mon blé pour ses allocs, et qui en plus, a pour passion d’appuyer sur un bouton pour photographier des trucs parce qu’il n’a pas suffisamment de mémoire pour s’en souvenir, ne mérite que mon mépris ! Quant à celui qui m’a lourdé définitivement, sa fiche précise qu’il a choisi son pseudonyme en souvenir d’un « camp d’été » et d’un goût prononcé pour les contes et qu’il aime les pigeons voyageurs ! Encore du grand n’importe quoi, comment des mecs pareils peuvent-ils avoir le moindre humour ! Se faire jeter par deux truffes pareilles, pfff, j'ai honte !


D'autre part, il a bien fallu que je fasse le boulot que je dois présenter à mon associé demain matin vers dix heures ! J’ai trimé comme un fou. Moi qui suis habitué à n’utiliser que mes facilités, il a fallu que je bosse réellement et j’en avais perdu l’habitude ! Un célèbre adage dit : « Quand on n'a pas de tête, il faut des jambes » mais un autre explique aussi : « Qui a joué sur Wikipedia le jour galérera la nuit ». Tant pis, demain matin, rsé de frais, impeccablement cravaté, je jouerai le jeune cadre dynamique super efficace et rien dans mon attitude ne laissera transparaître mes turpitudes wikipédiennes !

J’ai donc finalement bossé deux heures et trente minutes afin de rédiger dix-sept pages que je pourrai fièrement montrer demain ! De toute manière, mon associé étant un ingénieur, il ne sait pas écrire, alors quoique que je puisse lui montrer, il est enthousiasmé ! Pour lui, une phrase du type sujet+verbe+complément est la quintessence du style ! Alors, quand il me lit, avec mes tournures alambiquées, et mes mises en apposition, il a l'impression de lire Proust. Et c'est super parce qu'il ne lira jamais Proust. Je l'escroque et en échange il croit qu'il se cultive !

Joueur, peut-être, mais rapide et efficace tout de même ! Mais par contre, j’ai un super mal de tête ! Pfff, cela ne me vaut rien de travailler autant !

Viré de Wikipedia ! Moi, viré !!??

2007 ! Ouééé, le TGV arrive enfin à Foug !

Cet après-midi, j’avais des tas de trucs à préparer en vue d’une formation ayant lieu dans un mois. J’aurais logiquement du faire des « slides » comme on dit maintenant, sur PowerPoint ! Mais comme, depuis mon plus jeune âge, j’ai un mal fou à me concentrer et à faire ce que je n’ai pas envie de faire, j’ai préféré m’amuser !

Hier, j’avais mis un lien sur la commune de Foug, dont est originaire Laurence qui fait tous les montages photos de mon blog. Ce lien pointait vers l’encyclopédie libre Wikipedia ! Ce soir, abîmé face à ma feuille blanche et incapable de faire le moindre slide, mon esprit se baladait du côté de Wikipedia. Tant et si bien, que j’ai eu la lumineuse idée de parfaire l’article dédié à Foug, en l’agrémentant de précisions de mon cru.

Puisque hier, j’avais rédigé un article concernant la « croutonnade » et les « soupeurs », je me suis dit qu’il serait bon d’envisager un historique de cette pratique méconnue. J’ai donc eu l’idée d’attribuer à la commune de Foug, la genèse de la croutonnade ! L’idée de rédiger un article de fond sur le folklore d’une ville qui m’est inconnue, dans une région où je n’ai jamais mis les pieds, m’enchantait ! Et hop, me voici parti, comme un imbécile à rédiger l’article qui suit :

« La croutonnade est un plat typique de la ville de Foug, en Lorraine. Préparée à base de morceaux de pain secs et de tranches de couennes, largement trempés dans une soupe épaisse, faite pour moitié, de bouillon relevé à l'échalote dans laquelle on aurait broyé des légumes divers en fonction de la saison, et de vin aigre (généralement du Gris de Toul ouvert depuis une quinzaine de jours), que l'on laisse mijoter six heures à feu doux, la croutonnade se dégustait généralement l'hiver au cours des repas dominicaux.

Il n’était pas rare d’en déguster plusieurs assiettes, aussi les convives finissaient-ils souvent ivres. La tradition, voulait qu’ensuite, les convives fissent le tour de la table en sautant à califourchon sur leurs chaises en hurlant. C’étaient des fêtes très animées ! Hélas, on a pu aussi déplorer des viols lors de ces croutonnades, dont certaines dégénérèrent malheureusement. Si vous visitez Foug, vous verrez les visages se fermer si vous osez évoquer la croutonnade de mai 1887, de triste mémoire !

On utilisait généralement une grosse assiette creuse de grès non vernissée, façonnée à la main par son propriétaire à l’âge de sept ans. C’était une écuelle très grossière pleine d’aspérités mais parfaitement adaptée au mode de vie rural très dur de la campagne lorraine.

L’espérance de vie ne dépassant pas 30 ans, dans cette province aux hivers rudes, dès qu’il était en âge de se marier, l’homme âgé de douze ans façonnait une seconde écuelle de grès afin de l’offrir à sa future fiancée. C'était, parait-il très plaisant, de voir ces jeunes garçons issus de générations consanguines, au torse épais, à la trogne mafflue, grognant en réalisant de leurs grosses mains malhabiles aux ongles sales, l'écuelle qu'ils offriraient à leur future épouse.

On utilisait aussi une curieuse cuiller, percée de petits trous, dénommée « croutonnette » ou encore en platt mosellan (langue dialectale) « Krütnette ». Le musée des arts et traditions populaires lorrains, situé à Nancy propose une fort jolie collection de « Krütnetten ». Il suffit de demander à l’accueil en insistant fortement si on ne veut pas vous les montrer !

Lors des fiançailles, le promis offrait en général la grosse assiette de grès à sa promise. Si celle-ci acceptait qu’il lui fasse la cour, alors la tradition voulait qu’elle lui offre en retour une croutonnette ! Ainsi le pacte était scellé et le mariage prononcé dans les six mois. Lorsque la fiancée offrait la croutonnette à son futur époux, elle prononçait la phrase suivante : « Durch diese krütnette werde ich mit dir verheiraten », qui signifie en français « Par cette croutonnette, je t’accepte comme époux ».

Traditionnellement, on donnait une première croutonnade aux enfants qui venaient d’être sevrés. C’était une manière, dans le toulois (région de Toul), de signaler que l’enfant avait échappé aux terribles maladies infantiles et qu’il était apte à ingérer une nourriture solide. Cette croutonnade, appelée aussi « petite croutonnade » était préparée avec des boules de mie de pain et non des quignons secs.

De ce fait, l’enfant sevré était appelé « petit croûtonné ». Cette première croutonnade était l’occasion d’une grande fête entre voisins. La famille du petit croûtonné, passait de maison en maison, annonçant la bonne nouvelle, en jetant des morceaux de pains secs à leurs voisins en les visant dans l'oeil. Cette fête, bien que le clergé s’y soit opposé, la considérant comme païenne, s’est perpétuée jusque vers le début du 20ième siècle. Dès sept ans, on considérait que l’enfant devenu quasiment un homme, était apte à manger une vraie croutonnade. C’était aussi l’occasion d’une autre grande fête !

La tradition de la croutonnade a malheureusement presque disparu car l’occupant allemand, mit fin à cette pratique dès 1887.

De nombreux chants populaires faouins (faouin : habitant de Foug), parvenus jusqu’à nous, célèbrent la traditionnelle croutonnade ! Chose étrange, c’est un lorrain d’origine bretonne, Pierrick Le Lay, émigré en lorraine du fait de son mariage, qui aurait composé la plus célèbre Ode à la croutonnade intitulée « Komm und essen mein Krütnade ». Si le texte nous est parvenu complet, la mélodie a hélas disparu.

De nos jours, un groupe folklorique « Die fröhlich Krütneten », tente de relancer cette sympathique coutume. Après les chants et les danses, leurs spectacles se terminent par une joyeuse farandole, à l’issue de laquelle, les convives, ivres de fatigue, se régalent d’une bonne croutonnade avant de basculer dans l'ivresse et de s'endormir.

Les Lorrains, très attachés à leurs traditions, détestent faire table rase du passé si bien qu'ils ont remis à l'honneur cette grande fête de la première croutonnade dans les années 90. Mais ce fut de courte durée car en février 2007, le Ministre de la Santé, Xavier Bertrand y mis fin avec autorité. Privés de tabac, du baptême de la croutonnade, contraints à regarder des messages publicitaires leur rappelant sans cesse combien est dangereuse une alimentation libérale, l'avenir des Lorrains est désormais très incertain. Nous tentons actuellement de contacter le WWF et Médecins du Monde pour attirer leur attention sur une catastrophe humanitaire imminente.

On signale cependant une survivance dans les campagnes très reculées. Ne comptez toutefois pas participer à une croutonnade typique, à moins de connaître une famille et d’avoir été accepté. Ainsi, si en vous perdant en voiture, vous vous arrêtez près d'une masure sordide, de laquelle s'échappe des éclats de voix et des rires, c'est sur : c'est une croutonnade que l'on déguste ! Cependant, en ce qui concerne la croutonnade, le lorrain, d’habitude affable malgré un accent terrible qui fait qu’on ne le comprend pas très bien, est pire que le corse et ne s’ouvre pas facilement ! »


J’ai donc publié ceci, en le rajoutant à l’article Wikipedia, dédié à Foug. L’article ainsi modifié par mes soins a tenu quelques heures. Hélas, en voulant vérifier si il était toujours en ligne, j’ai constaté qu’un administrateur sans humour, l’avait viré ! Obstiné de nature, je l’ai remis et on me l’a de nouveau viré. Je l’ai bien sur remis, et rebelote, il m’a encore viré. J’ai recommencé une troisième fois, jusqu’à ce que l’administrateur lassé, me vire définitivement de Wikipedia.

Je suis aujourd’hui tricard sur Wikipedia ! Mon adresse IP est enregistrée et je suis persona non grata ! Moi ! Sincèrement, quel crédit accorder à une encyclopédie qui ne me conterait pas parmi ses rédacteurs ?!

Je m’en fous parce que je le remettrai en passant par un serveur proxy pour brouiller mon adresse IP ! Le monde doit connaître le folklore faouin !

(Bon, c'est pas tout, je retourne à mes slides moi !)
Série de "croutonnettes" (krütnetten), don de Laurence au Musée Lorrain (Nancy)

29 mars, 2007

Ce soir, je soupe à l'extérieur !

Dans un article du 27 mars, intitulé « Avant d’aller dormir », je vous avouais être très fier de figurer en première place lorsque l’on cherche « croutonnade » ou « croutonade » sur Google. Toutefois, El Gringo, un lecteur anonyme me précise dans un commentaire, que cette tradition culinaire, du pain trempé dans l’urine, semble attestée et connue mais sous un autre nom.

Donc ma croutonnade, outre le fait qu’elle m’apporte un succès légitime, permet aussi d’initier un fructueux échange avec certains de mes lecteurs urophiles à moins qu'ils ne soient simplement historiens.

Mon cher lecteur, semblant très au fait de cette pratique, me propose de chercher le terme « soupeur » et me donne divers liens que je suis immédiatement allé consulter.

Effectivement, le terme « soupeur », outre qu’il désigne prosaïquement quelqu’un participant à un souper, comme vous et moi, a aussi une autre acception dans un argot un peu désuet, comme seul doit encore le parler le pathétique Pierre Perret (je déteste ce mec).

Ainsi, sur ce site, un soupeur est un vicieux qui consomme à même le sexe féminin, ce qu'a laissé le client précédent, renifle la lingerie souillée ou qui récupère les morceaux de pain dans vespasienne (pervers).
« Les effusions terminées [..], Dédée se garde bien de procéder à ses ablutions habituelles et laisse le soin à M. Z. de faire disparaître totalement le résultat de sa copulation rapide. En argot de la Mondaine, c'est ce qu'on appelle un soupeur »

Sur cet autre site, présentant un glossaire de la prostitution, un soupeur, est un client de maison close, qui suce le sperme contenu par le sexe d'une fille après une passe. « A l'époque où je dirigeais le 122, j'avais un soupeur qui me prenait trente à quarante foutres à chaque visite. » (Fabienne Jamet, One Two Two, 1975, p. 45)

Pour terminer, ce site avance qu'on désignait du terme “soupeur” les habitués des maisons closes qui pratiquaient, moyennant finance, la “toilette des dames” après qu’elles aient reçu leurs clients. Dès qu’une passe était terminée, la “mère maquerelle” appelait un soupeur qui allait recueillir le sperme sur la peau où dans les orifices de la prostituée. On appelait également cette pratique : “faire dinette”.Extrait du Dictionnaire des fantasmes et perversions de Brenda B. Love (Éditions Blanche, 2000)


Enfin, El Gringo, semble m’assurer que le terme, et donc la pratique, est internationalement connu comme en témoigne le texte suivant qu’il me propose et que Laurence a pris soin de traduire, puisque outre ses études de lettres, elle a aussi fréquenté la faculté d’anglais :

« Encore assez récemment, à paris, il y avait des toilettes dans la rue appelées Vespasiennes. Ces hommes appelés soupeurs, avaient l'habitude de rôder en manteau près des toilettes, attendant que quelqu'un arrive. Lorsqu'une personne arrivait, ils se précipitaient à l'intérieur, y déposaient un morceau de pain, parfois attaché à une ficelle. Alors ils attendaient que le visiteur ait uriné sur le morceau de pain. Ensuite ils allaient le récupérer et le suçaient pendant des heures. C'est la vérité. En fait, il s'agit d'une pratique "sexuelle". Ce n'est pas une légende urbaine. C'est vrai. Beaucoup de parisiens se rappellent des morceaux de pain dans les toilettes publiques. »
(person) by Gabor (5.8 y) (print) ? 1 C! Sun Apr 02 2000 at 14:24:43

Notre belle capitale n'est donc pas connue que pour la Tour Eiffel mais aussi pour ses coutumes enchanteresses. Toutefois, ce texte est à considérer avec méfiance car il émane d'un sujet de Sa Gracieuse Majesté, or chacun sait que l'anglois est un être perfide, ne reculant devant rien pour abaisser notre grand pays, jaloux qu'il est !

Si El Gringo, qui semble fort documenté sur le sujet, est lui-même un « soupeur », je serai ravi qu’il nous fasse part de ses expériences et surtout de sa motivation. Manger un morceau de pain sec trempé dans l‘urine d’un inconnu me semble en effet passablement aberrant et j’ai du mal à entrevoir la source de plaisir liée à cet acte, malgré ma très grande ouverture d’esprit. Le sujet, est peu connu en psychopathologie, et je pourrais peut-être me faire un nom, modeste certes, mais un nom tout de même, dans la science en devenant le spécialiste incontesté de la « croutonnade » et des « soupeurs ».

Dans les faits, je reste très fier du terme « croutonnade » car « soupeur » ne désigne en tout état de cause que celui qui consomme ce met raffiné ! Devrait-on dire « soupe » pour désigner la « croutonnade » ? C’est un débat d’expert extrêmement pointu, avec lequel je ne voudrais pas vous ennuyer.

De plus, je tenais aussi à vous dire que, Laurence ayant demandé à ses parents s’il y avait eu des vespasiennes à Toul, cité qui la vit naître, où à Foug, commune où elle vécut son adolescence et ses premiers émois, son père lui a certifié, qu’il existait une vespasienne dans la rue même où vivaient ses grands parents. On peut donc envisager, qu’il existerait une pratique lorraine ; la croutonnade n’étant pas l’apanage des parisiens ! La préparation est-elle la même ? Je n’en sais rien mais Laurence enquête ! Ceci dit la pauvre se remet doucement car elle semble passablement déprimée d'avoir vécu à l'ombre d'une vespasienne !


Ne reculant évidemment devant aucune bassesse pour augmenter l’audience de mon site, je tenais à vous proposer ce bel article, qui je l’espère vous aura autant enchanté qu’instruit, et qui me permettra peut-être d’arriver en tout premier sur Google pour la recherche « soupeur ».

Dans tous les cas, la prochaine fois que l’on vous convie à un souper, scrutez bien le visage de celui qui vous invite, pour éviter les mauvaises surprises.

Pour qui voter ?

Le débat électoral !

En cette période préélectorale, on ne peut échapper aux questions traitant des intentions de vote. Les gens vous disent pour qui ils vont voter, s’attendant en retour à ce que vous leur rendiez la pareille en leur confiant votre intention de vote.

De toute manière, le vote s’effectuant à bulletin secret (art. L.59 du Code électoral), je n’aime pas confier mes intentions de vote.

Mes chers patients me posent souvent cette question, je réponds que je suis libéral voire ultra libéral. Comme ils m'aiment généralement bien, ils s’offusquent parfois de me savoir libéral, parce que pour eux, être libéral, comme on leur rabâche à la télévision, c’est être un exploiteur. L'idée qu'il puisse exister une morale qui transcende nos actes et nous empêche d'adopter certains comportements leur échappe sans doute.

Enfin, je considère les futures élections présidentielles, comme totalement dénuées d’intérêt puisqu’il n’y aura aucun candidat libéral pour me représenter. Je n’aurais le droit qu’à des étatistes de droite ou de gauche, dont les plus médiatisés, sont le nain de Neuilly et la pintade du Poitou. Les deux étant notoirement malhonnêtes et incompétents, mais cependant assez roués pour échapper à l’impôt, on peut déjà prévoir que la pintade fera des concessions à droite, tandis que le nain flattera la gauche. Donc tout continuera comme avant, rien ne changera de leur fait : il y aura toujours des intermittents du spectacle financés par des caissières et un capitalisme d'état dont les dirigeants échapperont à toutes sanctions.

La France, ne sera pas coupée horizontalement, selon le schéma délirant de la France d’en haut et de la France d’en bas, vanté par notre président-voleur lors d’une crise de communisme mystique et racoleur, mais toujours coupée verticalement, avec une France durement soumise à l’impôt, au travail et au risque et, une France vivant des impôts, travaillant moins et prenant peu de risques.

Il n’y a qu’une chose qui me rassure, c’est que ne rien faire n’a jamais réglé le moindre problème. Or, un problème qui perdure, et que l’on ignore, aboutit toujours à un désastre. C’est quelque chose que je vis quotidiennement avec mes chers patients. Les problèmes que l’on ne traitent pas, finissent toujours pas s’arranger, même mal.

Aujourd’hui, les problèmes sont comparables à une belle gangrène gazeuse dont le traitement nécessite du courage. Or, un médecin de gauche, se propose de soutenir psychologiquement le patient, c’est la méthode douce, tandis que le confrère de droite, sera pour augmenter le traitement antibiotique, c’est la méthode qu’il croit dure. L’un et l’autre de ces traitements n’étant pas adaptés, puisqu’il aurait fallu amputer, tailler dans le vif, la mort du patient est imminente.

Dès lors, voter pour quelqu’un qui retardera un peu plus le déclin, ou pour celui qui le précipitera, n’est pas un projet très passionnant. D’ailleurs, je trouve que la notion de projet politique n’a rien de passionnant : je ne demande rien à un élu, si ce n’est d’administrer. Je n’ai pas besoin des élus pour savoir quoi faire de ma vie. La plupart des élus, corrompus, malhonnêtes et narcissiques, comparables en cela aux fermiers généraux du XVIIIème siècle, mérite le fouet pour ne pas dire la corde.

La crise est imminente, c’est un fait. Dans ma profession, on appelle cela une décompensation et c'est parfois violent. Quelle forme prendra cette crise ? Je n’en sais rien, je me contente de l’attendre.

28 mars, 2007

Aux pieds des femmes ! Paraphilies - Suite !

Le 15 cotobre 2006, j'avais rédigé un article intitulé "Aux pieds des femmes", dans lequel je tentais d'analyser la paraphilie, autre fois appelée "fétichisme du pied" dans laquelle les hommes sont attirés par cette partie du corps.

Cet article avait fort bien marché m'amenant quelques centaines de lecteurs. Toutefois comme il est ancien que bien peu lisent les archives, je me permets de le republier en lui apportant quelques petites modifications de fond et de forme. Cela me permet :

  • De vous faire croire que je travaille beaucoup alors qu'en fait je recopie mes propres articles. Ceci dit, dans la presse traditionnelle, vous n'y coupez pas non plus, puisque vous avez le droit à des sujets récurrents tels que : les prix de l'immobilier, les régimes, la bourse, les franc-maçons, etc. C'est ce que l'on appelle des marronniers dans le jargon journalistique.
  • D'engranger plein de nouveaux lecteurs facilement parce que dans la presse, fut-ce sur un aussi modeste blog, le "cul" paye toujours ! Et comme j'ai un côté boutiquier sordide, je surveille mes statisques fiévreusement.
En plus, tout à l'heure comme j'avais un peu de temps, je suis allé boire un café avec un patient que je connais bien, après la séance. Et alors qu'il me parlait, j'ai vu que son regard dérivait vers une jeune femme qui passait sur le trottoir. Et, comme je suis un putain de bon observateur, j'ai constaté qu'il regardait ses pieds, car du fait du temps clément, la demoiselle avait ressorti ses sandales.

Donc sous vos yeux esbaudis, voici un sujet superbe qui colle aux beaux jours qui reviennent ! Ah, le fétichisme du pied, voilà un sujet rarement abordé dans la littérature psychologique alors que la psychanalyse en a fait ses choux gras ! Bon, l'expression "en faire ses choux gras" est certes un peu désuète voire ringarde mais je n'en ai pas d'autres !

Déjà, admettons une fois pour toute que l'homme est un petit être fragile. Quand je dis homme, je parle bien sur de l'homme en tant que mâle. Il est tellement fragile qu'il nous consulte moins que la femme et que lorsqu'il nous consulte, il est en général parvenu à un stade ou il se dit :"bon je cherche une corde pour me pendre ou alors je vais voir un psy ?". Parce que l'homme ne veut pas s'avouer vaincu. Alors l'homme va tergiverser, attendre, se dire que cela va passer, boire, se camer, donner dans la délinquance, faire à peu près tout et n'importe quoi pour oublier et ne pas regarder les choses en face parce qu'il ne veut pas admettre que peut-être qu'il y aurait bien un petit quelque chose qui n'irait pas chez lui. Plutôt crever que d'admettre qu'il pourrait aller mal ! Certains font donc la bêtise de se pendre tandis que d'autres fort heureusement viennent nous consulter. Autant, je n'ai aucun talent pour réanimer les morts, autant, je pourrai faire tout mon possible pour aider un homme en vie, quelque soit son état psychologique. Dans ma clientèle, je n'ai jamais plus d'un tiers d'hommes. Et je vous l'assure, c'est une clientèle compliquée, complexe, et à aborder avec tact et dextérité, sous peine de remettre en cause leur VIRILITE !


Alors c'est quoi la virilité ? Ben la virilité c'est ce qu'explique cet excellent article de WIKIPEDIA, que vous irez lire si vous le souhaitez et, que je n'ai aucune envie de pomper dans cet article. Enfin, pour les plus fainéants d'entre vous, qui ne prendraient pas la peine d'aller sur Wikipedia, disons que la désigne tout à la fois :

  • Les caractéristiques physiques de l'homme adulte, au sens biologique ; en ce sens, il peut être synonyme de maturité.

  • Il désigne également le comportement sexuel de l'homme, en particulier sa vigueur et sa capacité de procréer (en ce sens, il peut désigner directement le membre viril).

  • Les caractères moraux de l'homme, en tant que genre sexuel, qui lui sont culturellement associés (voir traits).

La virilité est quelque chose de tellement important, qu'elle tansparaît dans toutes les discussions et situations dans lesquelles vous trouverez des mâles. Ainsi, comme je le disais dans l'article précédent, c'est la virilité, ou plutôt la peur d'en manquer, qui faisait dire aux personnes présentes à cette soirée, qu'elles seraient capables de tuer quelqu'un qui assassinerait un de leurs proches.

La virilité est donc quelque chose d'important mais de définir à circonscrire car ce n'est pas parce qu'on se targue de la démontrer à tout bout de champ qu'elle existe forcément. Ainsi, une grosse voiture et un gros compte en banque, sont parfois le signe, en tant que prothèses phalliques, d'une virilité défaillante. D'ailleurs, il existe un proverbe issu de la sagesse populaire qui dit : "Grosse voiture, petite bite".

En tout cas, il y a une chose dont je peux vous assurer, c'est que la virilité ce n'est pas, pouvoir tout, tout le temps, tout seul ! Malheureusement, c'est que pensent souvent les hommes jeunes et même parfois moins jeunes ! Parlez leur de sensibilité et hop, ils se braquent ! "Quoi moi sensible, et pourquoi pas pédé tant que vous y êtes ?" Vous aurez beau leur dire que la sensibilité n'a rien à voir avec l'orientation sexuelle, rien n'y fera : un homme c'est dur, fort et froid et certainement pas sensible.

Ce qui est rigolo c'est que bien souvent, on sent leur sensibilité à fleur de peau, elle est tellement évidente que face à certains patients et quelque soit leur attitude ou leur discours de déni, je sais avec certitude qu'ils pleureraient si je leurs montrais le passage où la mère de Bambi meurt tuée par les chasseurs.

Bon attendez deux minutes, que je sèche mes larmes car moi, j'accepte ma sensibilité : Bambi ca me fait toujours pleurer surtout quans sa mère meurt. Si vous même, vous n'êtes pas ému par la photo de gauche, ce n'est pas normal du tout ! Alors, soit vous êtes Steven Seagal, Chuck Norris ou Dolf LundGren, venu en visite sur mon blog. Auquel car, cela me fait super plaisir d'être lu par une star telle que vous. Piège en haute mer, par exemple, est mon film préféré parce que j'adore la manière dont Steven reprend le contrôle du cuirassé en mettant des mandales dans la gueule de tout le monde ! Soit, vous vous blindez et vous ne voulez pas intégrer votre sensibilité comme une donnée naturelle. Bon, mais et alors quel est le rapport entre la virilité et le titre de cet exposé me direz-vous ? C'est évident si vous lisez ce qui suit. Entrons dans le vif du sujet !



La compétition sexuelle entre jeunes mâles est très forte et a pour but de séduire la jeune femelle. Pour cela, le jeune mâle doit montrer qu'il a un bon patrimoine génétique et s'efforcera de prouver qu'il est fort, insensible et dur. Donc le jeune mâle, et le plus vieux aussi, aura une capacité à jouer les beaux totalement inouïe ! Et comme le jeune mâle sort souvent en bande, il fera toujours attention à ses copains, lesquels ne manqueraient pas de le vanner méchamment s'il venait à exprimer la moindre sensibilité ou à déroger aux attentes sociales liées au statut d'homme ! Si on admet qu'un homme c'est sensé aimer ceci, faire cela, etc., il ya fort à parier que le jeune mâle dira qu'il aime ceci et faire cela, pour ne pas échapper au groupe et risquer les moqueries ! Prendre le risque d'être différent, c'est risquer d'échapper au stéréotype masculin concon pour se faire vanner! Et se faire vanner par ses potes face aux gonzesses, c'est la mort sociale assurée ! Il ne resterait plus au jeune mâle que de s'adonner à ses études, en se masturbant puisqu'il n'aura pas de copine ou une très laide, pour éventuellement devenir ministre de la santé et faire chier le monde pour se venger. Alors, comme il n'a pas envie de devenir un clone de Xavier Bertrand, et qu'il veut assurer, le jeune mâle se vante !


Et les pieds dans tout cela ? J'y viens ! Donc qu'ils 'agisse de sport, de fringues, de je ne sais quoi, il y a un modèle auquel il faudra se conformer ! Imaginez qu'en matière sexuelle, c'est encore pire car la sexualité représente évidemment la quintessence de la virilité ! Un mâle un vrai, a une grosse bite et il saura s'en servir ! A l'écouter, il aimera les gros seins, il baisera comme un dieu, au moins dix fois par nuit et aura eu ses premiers rapports sexuels vers onze/douze ans avec une superbe femme mûre qui n'avait bien sûr jamais connu meilleur amant que lui. Il existe donc la virilité qui peut s'objectiver et la manière dont chaque mâle vit sa propre virilité et qui est toujours quelque chose de subjectif.


Le problème est qu'il ne faut pas toujours croire les jeunes mâles. Par exemple, globalement aujourd'hui encore l'âge des premiers rapports sexuels est de 17 ans pour les garçons et de 18 ans pour les filles. Et croyez moi, quoiqu'il dise, il n'aime pas forcément les gros seins. Parfois il aime les carrément les hommes et fera son coming out (parcours douloureux surtout en banlieue difficile justement parce que la virilité de pacotille y est manifestement encore plus survalorisée) pour s'acheter ensuite un appartement dans le Marais (s'il en a les moyens !) et devenir commercial dans la mode ou antiquaire ou bien steward.

D'autres fois, il n'aimera toujours pas les gros seins mais préférera d'autres parties du corps de la femme mais il se taira car il a peur. Et oui, il balise notre petit mâle car ile st moins assure qu'il n'y parait !

Il a surtout peur d'être différent de ses potes et donc d'être éjecté du groupe des hommes virils aimant les gros seins. Et comme, lui et ses potes, ne se parlent pas, contrairement aux nanas qui se racontent tout (la compétition sexuelle chez les femmes existe aussi mais est moins violente que chez les hommes), notre jeune hommes rumine sur ses différences, joue à être un autre et se tait. Donc, fut-il homo ou fétichiste, il va passer des années à jouer à celui qu'il n'est pas, en se taisant, et en faisant semblant d'aimer les femmes, et évidemment les femmes à gros seins.

Puis un jour ding dong, j'en vois un débarquer dans mon cabinet. L'histoire que je vais vous conter est réelle. Bien sûr, certains détails ont été modifiés afin de préserver l'anonymat du patient mais tout le reste est vrai et croyez moi, ce n'est pas la seule histoire de ce type. J'ai eu des tonnes de patients de ce type. D'ailleurs je suis plutôt bon pour traiter ce genre de cas. Ce n'est plus vraiment de la thérapie stricto sensu, on joue presque les papas !

On m'avait vendu ce jeune type comme étant un cas pratiquement irrécupérable. Toxico, dépressif, etc. En plus, il avait menacé de mettre son poing dans la gueule du psychanalyste qui le suivait précédemment (bon et alors moi non plus je ne suis pas fan de la psychanalyse !). J'accueille ce type et finalement, on s'entend à merveille. Vraiment, tout se passe superbement bien. Belle sensibilité, intelligence évidente, un cas idéal pour ma sagacité et mon talent légendaires. Il s'engage à fond dans sa thérapie et six mois après, m'ayant donné toutes ses économies car je suis très bon mais très cher, c'est un homme neuf prêt à dévorer le monde qui quittera mon cabinet ! Et c'est à ce moment là, alors que 95% du travail est fait, qu'il m'annonce :

-Voilà, m'explique-t-il, j'aimerais vous parler d'un truc.
-Oui, dites-moi.
-Euh, ce n'est pas facile à dire, murmure-t-il en rougissant légèrement.
-Ah, nous allons aborder le fantasme sexuel, lui dis-je en rigolant gentiment. Bon alors on fait quoi ? Vous m'en parlez aujourd'hui ? Une autre fois si vous préférez ? Vous pouvez aussi me l'écrire, me l'envoyer par mail ?

-Non, je préfère vous le dire en direct.
-Vous êtes sûr, sinon vous pouvez même vous allonger sur mon divan qui ne sert habituellement à rien, ce sera peut-être plus simple.
-Non, j'affronterai. Et aussitôt, il me dit : "Voilà, j'aime les talons hauts".
-Effectivement, dis-je en regardant ses pieds, en pointure 45, ce ne doit pas être très facile à trouver ?
-Mais pas du tout, répond-il vivement, ce n'est pas pour moi mais pour mon amie ou les femmes en général !
-Rassurez-vous lui dis-je, je plaisantais, c'était pour détendre l'atmosphère et puis même le travestisme n'est pas forcément grave ni même annonciateur de l'homosexualité, dis-je en souriant.
-Non, j'aime que les femmes portent des talons hauts, c'est tout.
-Et donc? Est-ce que votre amie en porte ?
-Oui, elle en porte, elle apprécie.
-Et donc, où est le problème puisque vous aimez les talons hauts et la jeune femme que vous aimez en porte, expliquai-je calmement, mariez-vous !
-Comment ? Vous ne voyez pas le problème ? Réplique-t-il étonné.
-Ben non, à vrai dire, je ne vois pas le problème lui dis-je sincèrement.
-Vous, le psy, cela n'attire pas votre attention que j'aime les talons hauts.
-Ben non, sincèrement non. Mais vous allez sans doute m'expliquer pourquoi je devrais être étonné ou préoccupé par cela, lui dis-je en souriant. Je n'ai pas la prétention de tout connaître.
-Ben voilà, me dit-il embarrassé. Si j'aime les talons, c'est que je cherche un substitut phallique. Et donc..

- Ok, lui dis je le coupant. Celle-là je l'ai entendue des centaines de fois. Je peux poursuivre à votre place. Vous cherchez un substitut phallique et donc ne seriez-vous pas homosexuel latent?
-Voilà, dit-il en rougissant.
-Alors là, vous savez il faut remettre vos idées en place. Personnellement, je ne crois pas à l'homosexualité latente. Etre homosexuel, c'est avant tout être attiré par les hommes et globalement, avoir une érection face aux fesses poilues d'un monsieur. Si depuis que vous vous masturbez, vous avez des fantasmes dans lesquels apparaissent des hommes, alors vous pourriez effectivement être homosexuel.

- Hmoui, fait-il, attendant que je poursuive.
- Par contre, si dans vos rêves érotiques, ce sont des femmes qui apparaîssent, quelques soient les chaussures qu'elles portent, croyez-moi, vous êtes hétéro. Il n'y a aucun doute.
- Non, j'ai toujours aimé les femmes bien entendu, me répond-t-il presque offusqué que j'annonce aussi clairement la couleur.
- Bon alors, si vos craintes sont liées à votre goût pour les talons hauts, rassurez-vous, tout va bien. Par contre, vous devriez consulter un ophtalmo ou un urologue car un talon ressemble peu à un phallus. Donc soit vous avez la vue qui baisse, soit vous avez une malformation. Ou bien, votre copine achète ses chaussures dans de drôles d'endroits. Dans tous les cas, ce sera des lunettes, une opération de chirurgie plastique ou trouvez un autre magasin de chaussures. Ce n'est pas de mon ressort.
- Non, ca va, je comprends, me dit-il en se détendant.
- Bon, venez avec moi lui dis-je.


Et de descendre, tous deux dans la rue. En face de mon cabinet se trouve un magasin de chaussures. Je lui ai donc demandé de compter le nombre de modèles à talons hauts par rapport au nombre total de chaussures exposées. Et il arriva au chiffre de 82% dans une seule des vitrines. En souriant je lui dis :
-Sincèrement si vous pensez que votre amour des talons hauts est un problème, elles sont tout de même redoutablement perverses car la vitrine démontre qu'elles aiment en acheter.
Plus jamais je ne l'ai entendu me parler de cela ou alors très très librement et en plaisantant sur le sujet. Bien sûr, le goût pour les talons hauts entraîne souvent, un attrait pour le pied féminin.


J'expliquai à mon patient ceci. Deux études, une britannique, l'autre américaine, ont montré qu'il existe en gros trois centres d'intérêt d'un homme pour le corps d'une femme : ses seins, la ceinture pelvienne (sexe et fesses) et ses pieds. Il existe aussi des attraits particuliers et moins courants, comme celui bien connu pour les cheveux. Mais, même si de longs cheveux peuvent exercer un attrait puissant, cela n'aura jamais la charge érotique des trois centres d'intérêts précités. Ces attraits peuvent aussi être culturels : chacun a entendu parler du phénomène des pieds bandés de la Chine impériale. Globalement, on imagine qu'il y a des attraits "normaux" tandis que d'autres sont appelés des paraphilies. Elles ne sont qu'anecdoctiques et n'ont pas d'intérêt psychopathologique, sauf quand la paraphilie devient obsessionnelle et constitue une gêne social.



Statistiquement, les goûts suivent une distribution de 1/3, 1/3, 1/3. Ce qui veut dire qu'environ un tiers des hommes apprécient les jolis pieds et éventuellement les talons hauts, car certains préfèreront les pieds nus, d'autres bottés, etc. Compte-tenu de la difficulté à réaliser ce genre d'études, certes les chiffres peuvent varier mais un fait est certain, c'est qu'aimer les jolis pieds n'est pas la preuve d'un désordre mental terrible. C'est banal et sans intérêt d'un point de vue psychopathologique comme je l'écris plus haut. On pourrait faire des études plus complexes en croisant des séries statistiques pour mettre en évidence par exemple, des traits de caractère spécifiques en fonction de l'attrait pour telle ou telle partie du corps. J'ai pu remarquer, mais c'est intuitif et je ne pourrais j'étayer sur aucune étude chiffrée, que les amateurs de pieds féminins ont peut-être une sensibilité plus importante que la moyenne.

Pour poursuivre mon exposé, il m'est arrivé aussi voici quelques années d'être confronté dans ma vie privée aux mêmes genres de questionnement. Lors d'une soirée dansante (pff ca fait ringard comme si j'avais 80 ans de parler de soirée dansante), le petit frère d'un ami vient me voir et m'explique :

-Philippe, mon copain, Jean-Marc voudrait te demander quelque chose à titre professionnel, cela ne te dérange pas?
-Non, du tout dis-lui de venir, répondis-je en tenant mon verre à la main, car nous étions en train de tiser gentiment (L'alcool se consomme modérément).
Le fameux Jean-Marc revient accompagné d'un de ses copains que je connais un peu et me dit :
-Voilà, je suis venu te parler avec Boris parce que nous avons le même truc. Ce n'est pas facile à dire, mais voilà, voilà, on aime bien les pieds des femmes.
-Moui et alors ? Et me voici, resservant le laïus habituel sur la banalité de ce type d'attirance en les assurant que cela n'a rien de grave et qu'on peut aimer les jolis pieds sans être un déviant gravissime. Je leurs dis par contre, que s'ils veulent venir me consulter, ca fera 65€ par séance à raison d'une ou deux séances par semaine et que je les garderai au moins dix ans en thérapie parce que comme il n'y a rien à soigner ce sera plus long mais que le fric facile n'est pas forcément pour me déplaire. Ils rigolent, sont satisfaits et libérés comme si je leurs avais ôté un poids. Dans mon immense bonté, je les bénis et leurs dis d'aller en paix. Fin du problème.


D'ailleurs, seule la psychanlayse voit dans l'attrait pour le pied ou la chaussure (ou des trucs de ce genre) quelque chose d'important et de révélateur ! Mais comme la psychanalyse n'est pas une science mais une pratique lambda, qu'on apprécie ou non, en fonction de ses goûts, on s'en tape car cela n'a aucune valeur scientifique. Ce que dit un psychanalyste, n'a en termes scientifiques, pas plus de poids, que ce que pourrait exprimer votre concierge. Dans bon nombre de sociétés traditionnelles, le pied revêt un attrait sexuel évident sans que l'on parle de fétichisme.

Cette notion de fétichisme est à mon sens une vaste escroquerie sauf dans les cas extrême ou un objet remplace totalement le rapport à l'autre. Cela reste relativement rare. Mais bien sur, quand la paraphilie envahit la conscience du sujet à un point tel qu'il est obsédé et que son fonctionnement social s'en ressent, il est temps de consulter. Peut-être que le talon haut, pour certains peut être l'outil de réalisation de fantasmes de domination-soumission. Une fois encore, ces problèmes sont marginaux et pas forcément très graves. Bon il est certain que si l'individu en arrive à faire des trucs comme sur la photo en médaillon sur la gauche, il est temps de consulter ou de devenir scénariste pour film gore. Sinon, je le répète, faire une thérapie pour comprendre cela, savoir d'où vient l'attrait pour les jolis pieds, et à quoi cela correspond psychologiquement, reste de l'escroquerie. A ce compte-là, il suffit de recevoir des gens fragiles et on peut leur trouver toutes les tares du monde du genre :"Tiens vous portez une cravate ? Hmm vous savez que la cravate est un symbole phallique... Je ne vous cacherai pas que votre cas est grave, ne seriez-vous pas homosexuel ? Moui, regardez, vous vous tenez trop droit comme si vous aviez un manche à balai dans le c..".

Dans les faits, si madame accepte de se balader en mules à plateforme et talons de quinze cm, elle risque surtout une fracture dela cheville, c'est l'orthopédiste qui sera à conseiller plutôt qu'un psychologue. Quant à monsieur, si il aime se faire piétiner par les talons pointus et métalliques de quelques jolies sandales et accepte de jouer à cela sans en souffrir, au pire celle qui les porte sera accusée d'homicide involontaire si elle y met trop d'ardeur et ça concernera surtout la justice. Dans ce cas, l'avocat vaudra mieux que le psy !


Dans une écrasante majorité des cas, les hommes aiment les talons hauts, parce que cela fait de jolies jambes, que cela fait ressortir les fesses et que cela cambre les reins. En plus certains préfèreront les sandales parce que cela dénude de jolis pieds. Où est le mal ? S'intéresser à ce genre de non-problèmes, c'est sombrer dans la branlette intellectuelle. Il me semble qu'un psy à d'autres chats à fouetter. Dédramatiser et rassurer, c'est aussi notre métier. Il existe suffisamment de vrais problèmes pour ne pas rester bloqués sur ce qui n'en est pas. D'ailleurs, on constate qu'il est assez courant, que les femmes adorent les chaussures.J'ai une patiente qui en possède plus de cent paires et personne ne l'a jamais traitée de fétichiste. Le fétichisme est donc une notion aberrante, n'ayant aucune réalité scientifique. Le problème n'est pas d'être ou non fétichiste, mais d'accepter ce que l'on est en évitant de se faire dévorer par sa paraphilie.


Bien sûr, s'agissant d'un post j'ai nécessairement été vite sur ce sujet. Ceux que cela intéresse, trouveront des tas de choses dans les livres et notamment celui-ci ou même sur le net soit dans des services tels que doctissimo ou encore Wikipedia.



Pour conclure : un homme décomplexé et épanoui.

"Je le tuerai !" Tuer est-il un acte facile ?

Enfin tranquille ! Alors chose promise, chose due, voici mon article ! Je recommence donc pour planter le décor, sinon vous ne pourriez pas suivre !

Alors voilà, qu’au cours d’une discussion animée lors d’une soirée, les gens s'interrogeaient pour savoir s'ils seraient capables de tuer si on leur avait gravement nui. Chacun d'eux disait : « moi si on me fait çà (au choix : tuer mon gosse, violer ma femme, piquer ma Yamaha 1300, etc.), je serais capable de flinguer le responsable ! ».

J'ai émis l'idée, qu'au-delà de la discussion de pochetrons au cours de laquelle il est facile de jouer les matamores, il était en fait très difficile de tuer ! Tous ces bourrins me disaient le contraire, ce à quoi j’ai maintenu que tuer était un passage à l'acte difficile, du moins quand on n'est pas bourré ou sous l'emprise d'un produit toxique quelconque qui fasse décompenser !

D’ailleurs, dans cette soirée, j’ai émis l’idée que seules deux personnes dans l’assemblée, pourraient passer à l’acte et en être capable. D’une part mon ami Sean, parce qu’il a de bonnes dispositions. C’est un type capable de licencier un de ses salariés, avec mise à pied conservatoire immédiate, parce qu’il n’aime pas son sourire, alors on peut imaginer qu’il pourrait aller plus loin et flinguer si le droit du travail le lui permettait. Mais je n’en crois rien parce qu’au-delà de l’aspect bourrin qu’il se donne dans le cadre de son activité professionnelle, par laquelle il cherche sans doute à se reviriliser, Sean est justement un type extrêmement sensible. Enfin, mon épouse, qui est capable d’avoir des colères froides impressionnantes, pourrait éventuellement avoir les ressorts psychologiques pour tuer. Mais je ne suis pas sur qu’elle passerait à l’acte elle-même, elle irait plutôt recruter chez elle sur l’Ile de Beauté, des professionnels patentés, tandis que cinquante témoins garantiraient son alibi en jurant qu’elle jouait au poker dans un cercle de jeux, en écoutant I Muvrini.


Tuer est donc un acte difficile ! C'est d'ailleurs tellement vrai qu'on vit entourés de gens ! Or si tout un chacun avait flingué à chaque fois qu'il l'a pensé, nous ne serions pas nombreux sur terre ! Moi, bien sur, j'aurais survécu parce que tout le monde m'aime !


Alors, pourquoi ne tue-t-on pas facilement ? Trois pistes existent :

  • La piste sociobiologique postule qu’il existerait entre les humains, un principe de coopération, qui fait que s’entretuer, serait une chose antinaturelle et exceptionnelle. Cela pourrait survenir, lorsque la survie est en jeux par exemple en cas de disette ou de manque de femelles. Sinon, le meurtre resterait un épiphénomène, survenant surtout entre mâles, et encore dans des cas très rares, puisqu’à l’instar de nombreux mammifères, il semblerait que le mâle dominé, prenne la fuite face au mâle dominant.

  • La piste psychologique, envisage qu’il existe un conditionnement tellement important que le meurtre devient très tôt pour l’être humain, un interdit absolu érigé un dogme, que reprennent d’ailleurs la plupart des grandes religions. Sauf cas spécifiques, dans lesquels une foule est manipulée (guerre), il semblerait qu’un individu normal ne tue pas.

  • La piste sociologique, mise en avant en sociologie comme en psychologie sociale, imagine qu’il existe aussi un conditionnement du groupe, dans lequel l’individu admet, sans les discuter, les tabous, qui régissent le groupe, et son partagés par le plus grand nombre ; Dès lors, si « ne pas tuer », est un impératif catégorique partagé par un groupe, seuls quelques individus, pour des motifs que j’expliquerai ci-dessous, passeront à l’acte, tandis que l’immense majorité ne fera rien. Parfois, le groupe, sous l’égide du pouvoir en place, peut voir ce tabou changer, mais jamais de manière absolue. Au contraire, on ne légimitera jamais le meurtre en tant que tel, mais seulement celui d’un groupe tiers. En désignant ce groupe tiers, comme étant l’ennemi, on conditionne l’individu lambda, et donne le permis de tuer, et on fait des guerres ou des pogromes. Dans ce cas, il fallu un bonne raison, pour que tuer soit permis et non plus empêché par nos instances biologiques ou morales.


Pour ma part, entre ces trois pistes, idée de nature ou idée de culture, je ne puis me prononcer. D’ailleurs peu importe puisque la résultat est le même, tuer autrui est un acte grave qui requiert des capacités psychologiques importantes dont sont dénués l’écrasante majorité des individus.

Tuer n’est facile que dans les cas suivants :

  • Lorsque l’individu est amené à décompenser brutalement. C’est le cas lorsqu’il est sous l’emprise d’un produit ou d’une grande émotion anormale, qui le fait décompenser, en brisant ses résistances internes. C’est par exemple le cas de l’alcool, puisque l’on envisage que 30% des meurtres seraient commis sous un état d’emprise alcoolique. Certains grands alcooliques, auront d’ailleurs besoin de passer ce cap, de l’homicide volontaire ou involontaire (accident de voiture, coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner, etc.) pour prendre conscience d’un état de dépendance qu’ils ont eu tendance à juger moins grave que dans la réalité. Les psychanalystes disent d’ailleurs que le « surmoi », l’instance gérant les interdits, est soluble dans l’alcool, ce qui est une jolie formule. Ce sera aussi le cas, pour un héroïnomane en manque, chez qui la souffrance est si forte, que tous les moyens sont bons pour la faire cesser et qui n’hésitera pas à tuer pour voler de quoi acheter sa dose. Enfin, certains individus, sous le coup d’une très forte émotion, peuvent aussi décompenser, c’est le « passage à l’acte » que l’on nomme trivialement le « pétage de plomb » et qui survient dans le cadre d’émotions extrêmement fortes.

  • Lorsque l’individu est coupé du réel et en proie à des hallucinations terribles au cours desquelles il peut imaginer recevoir un message l’amenant à tuer quelqu’un. On est alors dans le cas de schizophrénies paranoïdes graves. L’individu est alors ce que l’on nomme un tueur désorganisé. Où qu’il soit, même en présence de la police, il tuera sous l’emprise de ses hallucinations. Dieu, ou un démon, ou une autre voix intérieure lui parle et lui enjoint de tuer untel, et il passera à l’acte.

  • Lorsque l’individu est un sociopathe (aussi appelé psychopathe ou personnalité antisociale) totalement dénué de la plus élémentaire conscience morale. Dans ce cas là, cet individu obéit à ses pulsion : il veut, il prend. Entre son envie et son geste, il n’existe aucune délibération morale parce qu’il est totalement dénué d’empathie. Et encore dans ce cas, la criminologie montre, que ces individus ne deviennent pas des tueurs du jour au lendemain, mais que bien au contraire, il existe toujours une escalade amenant du délit au meurtre ou à l’assassinat. Par exemple Guy Georges, avant d’être le criminel que l’on connaît, fut d’abord un délinquant, puis un violeur. Ayant une fois, tué, il s’est aperçu que ce n’était pas si difficile et il a poursuivi ce comportement parce qu’il lui permettait d’avoir ce qu’il souhaitait, des femmes, sans encourir le risque d’être dénoncé. Dans ce cas, ce qui a retenu le sociopathe de tuer, ce n’est pas un problème moral mais le fait qu’il n’était pas encore suffisamment formé dans le cadre de son parcours criminogène. Les paranoïaques sont aussi en règle générale des gens potentiellement dangereux.


Donc, hormis les cas de trouble neurologique du à l’emprise d’un toxique, de pathologie psychiatrique très grave, ou de troubles spécifiques de la personnalité, tuer reste quelque chose de très difficile.

Lorsqu’ils disent que, par exemple, si l’on tuait leur enfant, ils seraient capables de tuer le criminel, les individus réagissent de manière émotionnelle sans aucune rationalité.

En effet, ils imaginent qu’ils pourraient préméditer la mort de quelqu’un, c’est à dire commettre un assassinat, sans penser ce que cela nécessite :

  • Choix de l’arme (arme à feu, arme blanche, objet contondant, poison, etc.) ;

  • Trouver l’arme ;

  • Choisir une date et un lieu, c’est à dire planifier froidement ;

  • Passer à l’acte, c’est à dire tuer froidement le jour J ;

Quiconque, n’a pas de tendance sociopathique, comme je l’expliquais ci-dessus, c’est à dire une maîtrise totale de ses nerfs, voire une quasi-absence d’émotions comme le tueur à gage froid et méthodique, est incapable de réaliser un tel plan. Justement parce que l’individu normal est capable d’imaginer, et que ce qu’il imaginera, à savoir les conséquences de ses actes, est suffisamment anxiogène pour lui interdire de passer à l’acte. En un mot comme en cent, imaginer qu’on étranglera l’assassin de son gosse, est aisé, le faire est presque impossible.

Dès lors, on retombe dans ce que j’écrivais au-dessus, pour tuer, il faut soit décompenser brutalement sous l’effet d’un produit ou d’une émotion brutale, et passer à l’acte immédiatement sans réfléchir, soit être tellement dénué de sens moral, qu’on est à peine humain.

Donc, pour vous ou moi, tuer est impossible. Alors, si on nous tuait notre enfant, on serait comme ces malheureux à qui ce drame est arrivé, on attendrait une réponse plus ou moins satisfaisante de la justice, puis on passerait le restant de notre vie dans la tristesse et la souffrance en cherchant pas tous moyen à s’en sortir (Psychothérapie, Foi, philosophie, etc.), avec plus ou moins de succès.
Jeune sociopathe en action !