30 juillet, 2009

Superbe cadeau !


Bon, je l'affirme sans ambages, je suis le meilleur psy du monde. D'ailleurs les rares fois où je foire un patient, c'est de la faute du patient et non la mienne. C'est un fait, un axiome, c'est à dire une vérité non démontrable qui doit être admise.

Dans les faits, je me trouve plutôt doué et bon et d'ailleurs on me le dit. Si j'étais payé à la mesure de mes réalisations, je serais riche à millions et je roulerais dans une superbe voiture qui ne serait pas une Porsche parce que je trouve cela vulgaire, ni même une Ferrari parce que c'est encore plus vulgaire, ni même une Aston-Martin parce que cela devient aussi très vulgaire depuis que les traders roulent dedans. Non, je m'en ferais fabriquer une rien que pour moi qui porterait ma marque avec un gros P doré sur la calandre et moteur 24 cylindres !

Dans la thérapie, ce qui est bien c'est que les honoraires sont négociés d'avance. Moi, dans mon cabinet, j'ai un petit cadre sur lequel figurent le montant de mes honoraires, le fait qu'on peut me régler par chèque ou espèces, qu'il n'y a pas de TVA, que je peux filer une facture si on me la demande, et bien sûr que si on ne me prévient pas un jour d'avance, si on me plante les honoraires seront dus.

En cas de succès inespéré, quand le cas est lourd, on ne me doit rien de plus que ce qui a été payé. Bien sûr on peut me dire que c'était bien, que Dieu existe puisqu'il y a des professionnels aussi bons que moi, et même me baiser le bout de ma chaussure droite, mais c'est tout. Rien n'est du en plus ! Chez moi, pas de frais cachés ou d'entourloupes, de petites clauses pourries qu'on aurait pas lues !

Que dalle, juste un montant d'honoraire que l'on paye à la séance et on s'arrête quand on veut ! Pff, parfois ma probité me sidère ! Quand je vois le nombre de médecins rapiats qui osent se dire conventionnés et qui réclament un peu de black en plus aux patients, je me dis que des mecs comme moi, c'est vraiment rare. Tiens, peut être que je serai béatifié !

Dernièrement, un patient dont c'était la dernière séance a tenu à me faire un cadeau. Disons qu'on approchait du but. Encore quelques réglages et puis voilà, on n'aurait pu rien à se dire au niveau professionnel. Comme je ne suis pas psychanalyste, je n'ai pas vocation à recevoir des gens bien portants.

Alors, le patient m'appelle un jour et me demande si je n'aurais pas dix minutes pour le voir. Ce jour là je suis bondé et je lui dis que c'est impossible. Je m'enquiers de son problème et il me dit que tout va bien, qu'il tenait juste à me voir dix minutes. Finalement, le vendredi suivant, mon jour de relâche je lui dis qu'on peut se rencontrer et boire un café. Je me pointe donc à Paris du côté du Luxembourg et le vois.

Il est assis avec un étui de guitare. On papote un peu de tout et rien. Comme on se connait bien et qu'en TCC il n'y a pas de transfert et de contre-transfert, je peux me permettre d'être libre avec les gens sans avoir à jouer les sages éthérés. Puis, ayant épuisé notre sujet de conversation, mon patient me tend l'étui et me dit que c'est pour moi.

Etonné, je lui demande ce que c'est et surtout pourquoi ? Ce que c'est, je le vois dès qu'il ouvre la housse. C'est une guitare basse. Pas le genre d'instrument moyen, ni même superbe, mais tout simplement la pièce de collection pour laquelle tout bassiste professionnel serait prêt à tuer, la pièce unique, patinée par le temps, d'une marque que seuls les puristes connaissent, la Rolls de la basse.

En bref, le genre d'instrument super et hors de prix, que je n'aurais jamais songé à acquérir tant j'estime que je n'en suis pas digne (attention ce sera le seul moment d'humilité de ma part), le genre d'outil dont j'avais entendu parler mais jamais vu.

Pourquoi m'offrir cela, il me l'explique en me disant que c'est en remerciement des services rendus. Bon bien sûr, c'est vrai que comme à mon habitude, j'ai rempli mon obligation de moyens et que j'ai cartonné comme une bête. Mais bon, rien de plus ni de moins que pour n'importe quel patient lambda. Chez moi, on prend vite l'habitude de l'excellence ! Alors je m'étonne un peu même si je sais ce patient particulièrement sympa et reconnaissant.

Tout d'abord, je le remercie mais lui dis aussitôt que je ne peux accepter déontologiquement un tel présent que ce serait contraire à l'éthique et à tout le bazar habituel. J'ai beau me dire dans ma tête que je suis bien con de refuser, mais je suis comme cela : un p'tit gars bien, droit et honnête.

Mon patient fort intelligemment m'explique alors que cela lui ferait plaisir que j'accepte et qu'il préfère voir cette basse chez moi plutôt que chez un autre et que de plus, compte-tenu de sa fortune personnelle, ce n'est pas un cadeau dispendieux. Oui c'est sûr qu'il a raison mais bon, je ne peux accepter !

C'est une tempête sous mon pauvre crâne ! C'est cornélien comme qui dirait. Dois je ou non accepter. Parce que si j'accepte, ce n'est pas très déontologique, mais si je n'accepte pas, je risque de froisser durablement ce patient. Ai je le droit au nom de mes principes de refuser un présent et de ne pas lui faire plaisir alors même que comme il le lui dit lui-même, cette basse est certes un beau cadeau mais pas quelque chose d'extraordinaire eu égard à sa fortune personnelle.

Et puis merde, au diable la déontologie, marre d'être honnête, je me jette sur la basse que j'accepte enfin en me disant que comme cela, on se fait plaisir à tous les deux. Mon patient a l'impression d'avoir payé le prix de sa liberté et moi, je lui fais plaisir tout en me faisant plaisir.

En bref, un cas de conscience qui aurait pris sans doute dix ans à messieurs Kant et Pascal pour être réglé, m'aura pris quinze minutes au plus. Je suis vraiment trop fort !

Je vais me spécialiser dans un clientèle riche et généreuse parce que c'est finalement très sympa. Je publierai ici prochainement la liste des cadeaux que j'accepte sans que l'on porte atteinte à mon grand sens de l'éthique et de la déontologie !

Philippe le Psy ? L'homme qui traite les cas de conscience plus vite que son ombre ! Le mec avec qui l'adjectif "cornélien" devient obsolète !

28 juillet, 2009

Réseaux sociaux !

Sophie, une bonne copine de classe de seconde que j'ai retrouvée sur Copainsdavant ! Comme le temps passe !

Voici un peu plus d'un an le projet de fichier Edwige mettait en émoi les partisans de la liberté. On hurlait au fascisme et on invoquait les graves dérives sécuritaires d'un tel projet. Comme si l'état avait attendu Edwige pour faire des fiches !

Finalement le plus drôle sont que ceux qui hurlent après de tels projets sont les premiers à étaler leur vies dans les réseaux dit "sociaux". Je me demande toujours pourquoi les gens font cela. Passe encore qu'on veuille savoir ce que sont devenus les gens. Et bien sur, pas pour des motifs nobles mais simplement par curiosité malsaine pour savoir ceux qui sont morts et surtout si ceux qui sont en vie ont bien vieilli ou pas. Mais qu'on veuille ainsi étaler sa vie et faire profiter les gens de nouvelles qu'ils n'ont pas sollicité me dépassent. A moins que les traits histrionniques ne soient plus répandus que je n'imaginais.

Et biens sur, je n'ai pas échappé à ces réseaux ! Comme bon nombre de personnes, je suis sur Facebook, Copainsdavant et même sur Viadeo et sans doute un ou deux autres trucs dont j'ai oublié le nom.

Pourquoi y suis-je allé ? Tout simplement pour voir, par simple curiosité. Parce qu'on a beau se targuer de ne rien à avoir en foutre, n'empêche que le buzz fonctionne et que quand tout le monde parle d'un truc, j'ai tendance à pointer le bout de mon museau pour voir aussi.

Qu'est-ce que cela m'a apporté ? Finalement rien si ce n'est que figurent dans mes contacts pour bonne part des gens que je connais, que je vois régulièrement et dont je peux donc avoir des nouvelles facilement sans le recours à ce type de réseaux. Figurent aussi des gens dont je n'ai pas grand chose à faire mais dont je n'ai pu refuser la proposition d'être dans mes contacts sous peine d'être taxé de rustrerie.

J'aurais pu, si j'avais été sérieux, faire un peu de réseautage et présenter mon activité de manière professionnelle afin de gagner en notoriété. Mais de même que je tiens un blog inutile, j'ai persisté dans le rôle du gros branleur qui consiste à surtout ne pas utiliser les outils actuels pour faire du business mais simplement y faire joujou comme un enfant.

C'est ainsi que les très rares fois ou j'ouvre Facebook, ma page d'accueil est encombrée des nouvelles de gens que je connais peu ou que je ne connais plus mais qui considèrent comme primordial de publier leurs photos de vacances ou leurs états d'âme. Pas besoin d'Edwige pour tout connaître des gens et j'ose espérer que la CIA et autres services secrets pioche allègrement sur ce réseaux.

Mon pote Jean-Marc a toujours aimé la musique, il en a fait son métier !

On a aussi pu dire que les cambrioleurs étaient aussi passionné par ces informations. C'est vrai que c'est toujours intéressant de savoir qu'untel sera absent de chez lui de telle date à telle date. Surtout que si vous couplez ces informations avec celles de Google Earth ou de Pagesjaunes.fr,, qui vous offrent de merveilleuses photos, vous obtenez un bon point de départ pour faire votre petit casse. Dire qu'avant il fallait planquer discrètement durant des jours !

Quant aux autres réseaux, je n'y ai pas mis mes augustes pieds depuis près d'un an et n'en ai aucune nouvelle. Le seul qui me contacte régulièrement est Viadéo puisque j'ai eu la sotte idée de m'y inscrire en donnant mon mail habituel. Je suis donc régulièrement contacté par des inconnus qui me proposent tout un tas de trucs passionnant. Je ne clique presque jamais sur les liens parce que cela m'apparait aussi incongru que d'écouter pour la millième fois une personne qui par téléphone vous propose de vous changer vos fenêtres ou de vous faire économiser des impôts.

Dernièrement j'ai eu l'idée de cliquer et je suis tombé sur la page d'un certain Patrick B., lequel se dit conseiller financier, passionné par son métier depuis 1987, et s'estime apte à faire gagner plein de blé aux professions libérales dont je fais partie.

Le plus rigolo c'était la tête du quidam, une sorte de grosse trogne d'assassin, telle qu'on les imagine traîner dans les bas-fonds parisiens du temps de Vidocq ! Grosse, massive et carrée, le front bas, le cheveux dru et coupé très court comme ceux d'un condamné à mort préparé le matin même pour passer sur la "veuve", la mâchoire carrément encore plus large que celle ce Jean-Pierre Castaldi, du genre à contenir 64 grosses dents carrées, des petits yeux noirs et cruels, un sourire carnassier tel qu'en affichent seuls les violeurs face à leur victime maitrisée, le futur conseiller financier fait carrément peur ! Il est aussi crédible dans ce rôle que Le Gringeot dans celui d'assistante puéricultrice. Mais bon peut-être qu'il est bien ?

Finalement, à part obtenir des nouvelles de personnes dont je me fous et avoir été contacté par un conseiller financier doté d'une vraie tête d'assassin, ce qui n'est pas courant, je ne peux pas dire que les réseaux sociaux m'aient apporté grand chose.

Mon futur conseiller financier de Viadéo !

24 juillet, 2009

Blog pro 2 !

Moi en premier de la classe, rédigeant un blog professionnel !

Le discours de ce commercial s'est tout de même imprimé dans mon cerveau. C'est vrai quoi, je suis un peu con tout de même ! Je passe des heures à écrire des conneries et en prime il semble que j'ai un lectorat fidèle. Je me suis donc dit : "Et pourquoi tu ne ferais pas un truc sérieux mon bonhomme ? Un blog un peu professionnel avec plein de doctes sentences et d'analyses balèzes ? Le genre de truc sympa qui te vaudrait une gentille tite renommée et un peu de blé à la clé !".

Aussitôt pensé, aussitôt fait puisqu'en plus je possède une belle adresse professionnelle qui ne me sert à rien puisqu'elle pointe sur un blog vide ne possédant qu'un seul article indiquant qu'il ouvrira bientôt. C'est vraiment le truc pas professionnel du tout parce qu'en plus cette adresse figure fièrement sur ma plaque professionnelle apposée sur l'immeuble. C'est à dire que le quidam moyen peut noter mon lien, le taper dans la ligne de commande de son navigateur pour aboutir sur ... rien. Putain, je représente l'essence même du non professionnalisme ! J'ai honte...

Alors je me mets à rédiger une liste d'articles qui pourraient plaire. Ça va de la dépression à l'angoisse, en passant par tout un tas de pathologies que je traite avec le succès énorme qu'on me reconnait habituellement. Et là, je sèche tel un étron oublié sur un trottoir au soleil estival. Putain, j'ai beau posséder tout ce qu'il faut comme références en psychopatho, je suis incapable de faire un article intéressant. Tout ce que je réussis à écrire, ce sont des trucs qui n'apportent rien de plus que ce que wikipedia apporte déjà et encore en moins bien.

Je suis sec, tout nul, tout minable ! Aussi efficace qu'Olive, mon ami qui a réussi dans la vie et qui roule en Alfa Roméo pleine d'enceintes Bose, quand il avait une version latine et qu'il me suppliait en chouinant de l'aider. Aussi adroit et pertinent que Le Gringeot qui drague au Hunt à Chicago quand il commence à brancher les petits culs ricains en leur disant "do you know that i live near the RER B ?" C'est vous dire le sentiment d'incompétence qui m'habite face à ce blog professionnel.

Bon le premier article va tout seul, puisque je fais un simple copier coller de la petite doc que je donne toujours aux patients pour leur expliquer ce qu'est une thérapie cognitive et comportementale. Mais les suivants posent problème...

D'une part, je dois m'interdire de dire "merde" et tous les autres mots grossiers dont j'use et abuse ici. Il faut que je devienne un blogueur discipliné, presque un journaleux professionnel ! Et puis, il y a le choix des sujets. Bon, je pourrais écrire un truc sur la dépression. Mais pff, j'ai l'impression de rendre un devoir. J'écris, j'écris, avec le sentiment que ma prose est nulle et que si cela continue je finirai recruté sur Wikipedia ou pire sur un portail féminin psychologisant pour leur pondre des trucs !

C'est un vrai boulot d'analysant de tenir un blog pro, un boulot de peine-à-jouir dans lequel quand on a mon caractère, on doit perpétuellement s'autocensurer. Pas facile du tout parce que moi, je deviens aussitôt un petit étudiant modèle à ce jeu là, je perds le peu de qualité que je possède.

Bon alors lassé de rédiger cet article qui s'apparente plus à un laborieux devoir de psychopathologie, j'ai laissé tomber. Tant pis je n'aurais jamais un beau blog professionnel comme le monsieur me disait de faire !

Mais je ne renonce pas, un jour viendra ou moi aussi j'aurai mon beau blog pro !

23 juillet, 2009

Blog pro !


Voici quelques temps, un type a pris rendez avec moi et est venu à mon cabinet. C'était un professionnel du site internet et du référencement. Tout à fait le genre de mec qui ne m'offre aucun intérêt vu que je n'ai rien à lui acheter.

Mais bon, le quidam était accrocheur aussi après qu'il m'eut appelé environ 250 fois, j'ai accepté de le rencontrer, non sans avoir marmonné un truc du genre "hmm mardi, ouh la la, ça sera dur. Jeudi ? Pareil, je suis complet", histoire pour moi de jouer le mec important qu'on ne dérange pas impunément.

Bon, rendez-vous est finalement pris et une sorte de bellâtre débarque dans mon cabinet bien décidé à m'apprendre comment fonctionne le net et les blogs et à m'expliquer tous les bénéfices à tirer d'un service professionnel bien référencé.

Je lui explique alors que je tiens un blog. Il me demande combien de je fais de connections et je lui dis que ça doit osciller entre 300 et 500 lecteurs jours. Le type trouve cela très bien et s'enquiert alors de ce que je peux raconter sur ce blog. Et là, je m'emmêle un peu les crayons parce que le type est un professionnel venu rencontrer un autre professionnel et qu'il est difficile dans ce cas d'expliquer ce que j'écris en espérant être compris.

Je tente tout de même et le type comprend enfin que je passe des heures à écrire des articles sans grand intérêt dans le seul but de me faire plaisir et sans que cela ne me ramène un radis. Il est un peu interloqué et veut en savoir plus. J'avoue que dans la quiétude de mon cabinet, lui et moi en costume cravate, j'ai un peu de mal à lui expliquer les concepts passionnants de croutonnade ou à lui parler des figures récurrentes du blog telles qu'Olive mon pote super riche, El Gringo le tueur ouzbek ou GCM l'échassier neurasthénique. Ce sont des trucs qui se vivent mais qui ont du mal à se raconter sous peine de passer immédiatement pour un con.

Bref le type comprend que je tiens un blog ayant un succès relatif mais que je suis assez crétin pour ne pas gagner un rond avec et cela le dépasse. Dans sa logique de mercanti, dès qu'on se casse le cul à faire un truc, ça doit rapporter de la thune. La notion de plaisir semble être absente de son discours.

Sceptique, je sens qu'il cherche à me juger, me jauger et m'évaluer. Il me branche alors sur mon boulot. Manifestement j'arrive à le convaincre puisqu'il me parle même de problèmes personnels. J'ai le droit à l'histoire de sa famille, au divorce de papa et maman, aux problèmes de jeu pathologique de papa, au conflit avec le frère aîné, tout y passe !

Lui n'a pas oublié d'être con. Tandis que moi j'écris pour pas un rond, lui est en train de se taper une consultation à l'œil. Il revient enfin sur terre pour m'expliquer un peu la logique du bizness sur le net. Il ne m'apprend rien que je ne sache déjà, à savoir que si j'étais plus sérieux, plus corporate, je pourrais non seulement écrire mais en plus gagner des ronds avec ce que j'écris. Il me file un ou deux tuyaux histoire de me remercier de la consult' comme on offrirait une clope ou un pièce à un clodo et prend congé.

Bon c'était sympa et intéressant. En attendant mon prochain rendez-vous je songe que je suis vraiment un naze. Putain si j'étais aussi âpre au gain que ces trous du cul de commerciaux, je pourrais m'offrir une Porsche.

Bon, le problème c'est que je me fous d'avoir une Porsche.

17 juillet, 2009

Surrégime !


Un patient qui me consulte depuis quelques mois me parlait de ses angoisses. Pour moi, l'angoisse n'est que le prix à payer dès que l'on est doué d'imagination. C'est le revers de la médaille de ceux qui savent se projeter, rêver, créer, et imaginer.

L'anxiété est pour la psychiatrie phénoménologique biologique et comportementale, un état d'alerte, de tension psychologique et somatique, en rapport avec un sentiment désagréable de peurs, d'inquiétude, voire d'autres émotions. Des manifestations physiologiques peuvent accompagner l'état d'anxiété : vertiges, nausées, palpitations, difficultés à respirer, contrition de la poitrine, transpiration. Et lorsque les symptômes physiques sont très présents, on classe alors plutôt le phénomène sous l'appellation d'angoisse.

J'ai toujours trouvé que l'une des meilleures explications de l'angoisse était fort bien résumée dans le dialogue qu'ont Yves Montand et Charles Vanel alors qu'ils conduisent un camion chargé de nitroglycérine dans "Le Salaire de la peur". Montand se moque de Vanel parce qu'il a peur. Et ce dernier pour se défendre lui fait remarquer que leur grande différence réside dans le fait que lui est capable d'imagination tandis que Montand est un être frustre incapable de se projeter au delà de l'instant présent.

C'est ce qu'en caractérologie Le Senne appele le retentissement des représentations, c’est l’effet, fugitif ou durable, que produisent en nous nos perceptions. Dans sa caractérologie, Le Senne distingue le Primaire du Secondaire. Chez le Primaire, les impressions laissées en lui par ses perceptions sont immédiates, fortes, mais fugitives. en évacuant immédiatement ses représentations, le primaire évite l'anxiété. Ce sera alors action/réaction immédiate. Il se mettra facilement en colère, puis pardonnera tout aussi vite. A l'opposé chez le Secondaire, le stimulus occasionne un fort retentissement émotionnel donnant lieu à une élaboration mentale importante et ses impressions sont durables.

Dès lors, pourquoi ne pas considérer l'angoisse comme une simple donnée neurobiologique sans s'en soucier plus que de raison, comme on le ferait de n'importe quelle pathologie ? Que nous enseignent la diabète, la sclérose en plaque ou le cancer ? A mon sens rien, si ce n'est que ce sont des merdes qu'il faut combattre ou endurer. Sur le plan existentiel, je ne leur reconnais aucun enseignement valable et j'ai toujours détesté ces témoignages racontant un combat face à la maladie auquel je trouve qu'on accorde trop d'importance.

En effet face à de telles épreuves, l'individu fait ce qu'il peut utilisant les facultés d'adaptation que son cerveau lui propose et rien d'autre. La peur de souffrir et la crainte de la mort sont ancrées en nous voilà tout. D'ailleurs, le meilleur remède que l'on ait trouvé est d'imaginer une survie après la mort et donc de donner un sens à toutes ses épreuves. Mais sans doute que ce qu'attendent vraiment les gens est un traitement valable de ces pathologies et rien d'autre.

Certes quand elle est isolée, l'angoisse peut utilement renseigner en tant que sentiment actuel sur ce que redoute exactement le patient. Mais dès lors qu'elle est généralisée et se nomme "Trouble anxieux généralisé", l'anxiété n'a pas de valeur clinique significative. Elle indique simplement que l'imagination peut dépasser certaines limites, que le "moteur" s'emballe et que l'on atteint un surrégime préjudiciable.

L'anxiété est une souffrance dont on ne retire rien. Cela se traite plutôt bien au moyen d'une rééducation et de l'apprentissage de certaines règles de vie qui apprennent à l'anxieux que le prix à payer pour son imagination sans limite sera sans doute une vie plus calme que la moyenne.

L'anxiété n'apprend rien d'intéressant sur soi, on l'endure, une bête donnée neurobiologique à prendre en compte et rien d'autre.

09 juillet, 2009

La honte !


On taxe trop souvent de "négatives" des émotions complexes qui ont une réelle utilité dans la survie de l'espèce. D'ailleurs, si ces émotions ont été sélectionnées par notre espèce, c'est parce qu'elles ont une utilité.

Ainsi, l'une des émotions la plus infamante et dure à vivre est-elle la honte. La honte est une émotion mixte, c'est-à-dire un mélange d'émotions simples (peur, colère, tristesse) et de sentiments (impuissance, rage retenue, désespoir triste, vide...).

Il s'agit d'une émotion plus archaïque que la culpabilité car elle est souvent moins verbale et plus sensorielle que cette dernière. Elle se manifeste émotionnellement (gêne, malaise, peur,...ou exubérance, agressivité, etc.), corporellement (yeux baissés, tête basse, rougissement, etc.), cognitivement (discours interne dévalorisant ou agressif) et comportementalement (inhibition, paralysie, etc.).

Je crois que c'est exactement ce que ressentent mes passagers lorsque je les emmène en RJ49. Pourtant le sentiment de honte possède beaucoup de points positifs en ce sens que cette émotion est une grande régulatrice des comportements sociaux.

Ainsi, les aspects positifs de la honte sont de l'ordre de l'éducation et de l'apprentissage de la vie sociale car cette émotion régule les relations sociales. Elle nous protège en nous signalant les bonnes limites à ne pas dépasser. Tous les parents ont dit un jour à leur enfant : "N'as tu pas honte ?". Chacun se souvient de la publicité "Tu t'es vu quand t'as bu !" dans laquelle c'est la honte qui a été choisie pour réguler socialement la consommation d'alcool. La honte est donc un outil efficace d'apprentissage des relations sociales.

La honte est positive quand elle limite nos comportements sans altérer notre identité. A petite dose et ponctuellement, la honte nous indique le juste chemin vers le respect des autres et de soi et nous enseigne l'humilité.

Comme toutes les émotions, elle nous informe sur nous, et nous invite à ne nous placer ni en "sous-homme" (soumission, position de victime) ni en "sur-homme"(domination, position de sauveur ou persécuteur). Excès de honte et absence de honte sont préjudiciables. Les personnes qui ne ressentent plus la honte manifestent souvent des comportements arrogants, envahissants, violents qui nuisent à la qualité de la vie sociale. Celles qui en ressent trop sont dans l'anxiété ou la phobie sociale.

Notre société "moderne" à force de ne voir que l'aspect négatif de la honte, en ce qu'elle engendre comme souffrances, a commis une grave erreur. En voulant trop protéger l'individu, elle a renforcé son identité, parvenant à une boursouflure de l'égo, au détriment du "savoir vivre ensemble". La société n'est plus qu'un agrégat atomisé d'individus livrés à leurs caprices personnels où chacun pense qu'il a le droit de faire ce qui lui plait.

En rentrant dans le RER ce soir, j'avisais une jeune morue, pas très jolie, qui écoutait sa musique pourrie, les écouteurs enfoncés dans les oreilles, l'œil bovin, les pieds allongés sur la banquette située en face d'elle. Fut un temps ou en quelques secondes, soit au moyen de regards peu amènes ou encore de réflexions bien senties, cette jeune conne aurait ressenti un sentiment de honte tellement grand qu'elle aurait immédiatement ôté ses pieds de la banquette et n'aurait sans doute jamais recommencé.

On lui aurait juste enseigné que si elle se croyait "cool" et "décomplexée", en réalité son attitude n'était que la manifestation d'un manque d'éducation flagrant aggravé d'une connerie monumentale. Et peut-être que si elle avait osé moufté, on l'aurait sortie à coups de pied au cul puisqu'elle avait encore l'âge d'en prendre. L'effet aurait été bénéfique car le sentiment de honte peut être si puissant qu'il s'engramme parfois définitivement dans le système limbique mettant des limites qu'on ne dépassera plus jamais un peu comme une phobie.

Au lieu de cela, dans une société axée sur le jeunisme, où sous prétexte de ne pas entraver l'exercice de la liberté individuelle et l'épanouissement de ces petits cons, vanté par la mère Dolto, il est "interdit d'interdire", nous avons tous à souffrir de comportements pénibles que des lois de circonstances, aussi idiotes qu'inefficaces tentent d'éradiquer sans succès.

Qu'il s'agisse des "incivilités" pénibles et répétées, ou même du port de la Burqua dont on nous rebat les oreilles actuellement, il n'y a nul besoin de lois de circonstances ou de mesures vexatoires d'exception pour faire en sorte que le corps social reprenne une forme de cohérence. Il suffit juste de remettre à l'honneur le sentiment de honte, sans doute si pénible à vivre, mais tellement efficace pour corriger les excès de narcissisme et d'égo. La honte ne brime pas, elle élague juste les extrêmes.

Mais il est difficile à la fois de hurler sans cesse à la discrimination, de promouvoir le droit à la différence, d'inciter à s'épanouir, d'appeler à se "réaliser" et d'admettre la honte comme élément fédérateur du corps social.