31 mai, 2013

Boulot de merde !



Qu'est ce qu'il ne faut pas faire pour gagner sa croûte ! Au moins faire des powerpoints chez Accenture, ça paye bien et ça laisse espérer de bonnes opportunités. Mais tout le monde n'a pas le chance, l'intelligence ou la constance pour faire de longues études.

Parmi ceux qui n'iront ni à Dauphine, ni à Sup-de-Co Paris ou dans d'autres formations tout aussi prestigieuses, il y en a tout de même qui auront la possibilité de faire un métier qui leur plaise et pourquoi pas de réussir au-delà de leur espérances. Tenez, je me souviens que quand j'étais jeune et que j'aimais les bagnoles, le poissonnier à côté de chez moi roulait en Mercedes 560 SEC. 

Bon aujourd'hui, ce genre de bagnole doit se toucher pour trois-mille euros sur le Bon coin mais à l'époque, mazette, la 560 SEC c'était quelque chose, le vaissez amiral de Stuttgart, la caisse de patron, celle avec le gros V8 glouton. Croyez moi, il fallait en faire du powerpoint, avec plein de coleurs et de graphiques, chez KPMG pour se payer la même sauf que je ne sais pas si powerpoint existait à l'époque !

Et puis, il y a le reste, les petits boulots, les trucs d'obscurs, de sans grades, les jobs ingrats qu'on fait histoire de palper son smic, d'avoir un toit sur la tête et de ne pas crever de faim en espérant en sortir un jour. C'est la cohorte de tous ceux à qui s'adresse Mélenchon, sauf qu'on peut avoir un boulot de crevard et ne pas être con au point de voter pour lui, d'où ses scores médiocres. Effectivement, on peut avoir un job tout pourri et n'en pas moins rester digne.

Voici quelques minutes à peine, mon fixe sonne et immédiatement, je me dis "quel est le casse-couille qui m'appelle pour me vendre une merde ?". Voilà, c'est pavlovien, dès qu'un fixe sonne, vous êtes sur le qui-vive, parce qu'il y a de fortes chances que l'emmerdeur de ce début du XXIème siècle, celui qui vous fait chier jusque chez vous alors que vous ne l'avez pas sollicité, j'ai nommé le télémarketeur, soit au bout du fil pour tenter de vous refourguer quelque chose.

Ca n'a pas raté, et là le type après avoir obtenu la confirmation que j'étais Mr X et que j'étais propriétaire me débite un laïus selon lequel suite au Grenelle de l'environnement, je ferais partie des cent logements de ma commune à pouvoir obtenir des panneaux photovoltaïques gratuits ! Oui, vous m'avez bien lu, moi qui vous écris je suis éligible à une aide quelconque me permettant de ruiner l'esthétique de ma jolie maison d'architecte en mettant sur mon toit d'ignobles panneaux fabriqués en Chine qui tomberont en rade dans trois mois et qui au mieux me laisseront des trous dans les tuiles vu que je parie que ce sont des gougnafiers autant spécialisés en couverture que je le suis en dentelle qui viendront me les poser. 

Ah la la, je suis vernis, quel cadeau ! Et puis je suis d'autant plus vernis que manifestement, le mec me sort son laïus en étant persuadé que j'ai soit un QI de 50 ou Alzheimer et que je vais croire ces conneries de Grenelle de l'environnement. Tu parles ! Pendant qu'il me débitait son laïus j'imaginais déjà la tête de voleur de son tôlier prêt à tout pour fourguer ses merdes. Mais, comme je n'avais rien de mieux à foutre, je l'ai écouté. Et puis, le pauvre il doit gratter pour survivre alors je ne vais pas rajouter de la discourtoisie à son malheur. Et enfin, je suis curieux de savoir comment un mec peut me vendre du panneau solaire vu le temps gris et merdique qu'il fait en ce moment. Soit c'est un champion de la vente, soit je le plains sincèrement parce que c'est un galérien de la vie.

Comme j'ai l'esprit taquin, je lui dis justement qu'il est bien courageux de vendre du solaire à Paris vu le temps que l'on a. Et là, le type à qui l'on a donné un script avec la réfutation des objections, le clampin me répond doctement que ce n'est pas lié au soleil mais à la luminosité, nuance ! Moi, je continue à jouer au con et je lui demande si par hasard, mais bon je ne suis pas Hubert Reeves non plus, je n'ai pas étudié astrophysique et tout le toutim, la luminosité ne serait pas un peu liée à l'ensoleillement vu que la nuit, quand le soleil est couché justement, j'ai noté qu'il y avait moins de luminosité que le jour. Moi sur ce truc, je reste candide et je demande juste une explication au spécialiste qu'il semble être. Un mec qui fourgue du panneau solaire comme Cahuzac arnaque le fisc, ça doit en connaitre un morceau sur le soleil et l'énergie et tous ces trucs !

Mais là, le type sèche un peu, il me bredouille un truc sur la notion d'ensoleillement et de luminosité mais il n'y croit pas vraiment, ça se sent, c'est pas très fluide et intuitivement, il sent qu'il perd son temps et "qu'il ne me vendra pas ses panneaux gratuits". Là son entrainement au traitement des objections fait un peu défaut, y'a comme une faille dans le script. Et puis, je pense qu'il tombe rarement sur des mecs comme moi qui ont le temps de parler. J'imagine que la plupart des gens lui raccrochent au nez, l'insultent parfois et que par coup de chance, il y a parfois un mec ou deux qui sont intéressés.

Comme je suis humain et que je le sens un peu tendu parce qu'il ne peut pas m'envoyer me faire foutre et qu'il ne sait pas comment se débarrasser de moi, je le soulage en prenant congé de lui après l'avoir salué courtoisement et l'avoir assuré de tout mon soutient dans son projet de vente de panneaux solaires alors qu'on a un printemps pourri. Il n'a vraiment pas un job facile.

Moi, je crois qu'à sa place, j'aurais plaqué mon job et que j'aurais couru chez Mc Do pour leur demander du travail ! Ou alors, j'aurais fait une formation en plomberie ou en électricité voire même poissonnerie vu que même si la 560 SEC n'est plus au catalogue, Mercedes produit maintenant la CL 500 qui semble plutôt sympa. Mais bon, à 132 000€ le morceau, c'est sur qu'il faut en vider des poissons et en ouvrir des douzaines d'huitres pour se l'offrir. Mais on n'a rien sans rien ! Ou fleuriste, c'est joli les fleurs aussi et c'est rare les fleuristes de talent ! Tenez moi qui côté bricolage ait deux pieds gauches à la place des mains, c'est ce que j'aurais fait, fleuriste, ça fait un peu gay mais bon, je ne renie pas ma sensibilité. En tout cas, je n'aurais pas été vendre des panneaux solaires dans le nord de la France, ça c'est sur.

Pourquoi certains se condamnent à faire ces jobs de galérien de la vie, je me le demande !

Carrière ou destin !

Photo à la con, illustrant le monde de l'entreprise, ça fait rêver !

Aujourd'hui, je recevais de nouveau un patient, un bon petit gars sorti de Sciences-po mais de la véritable école, celle de la rue Saint-Guillaume et non d'un ersatz de province. On s'entend bien et je l'apprécie parce que justement, il a commencé à déprimer dès le premier trimestre après être entré à Sciences-po. Il s'était donné à fond, il avait même fait la préparation au concours durant son été, sacrifiant ses vacances au profit de ce rêve : entrer à Sciences-po et devenir quelqu'un d'important. Sitôt entré, il a du saisir que ce n'était pas pour lui.

C'est vous dire s'il croyait en lui. Et c'est sans doute là que le bât blesse parce que si l'on croit en soi, si l'on sent vraiment que l'on a un truc, un quelque chose, un petit machin en nous qui brille et qui nous donne l'impression que l'on a quelque chose à offrir au monde, il ne faut rien attendre d'une formation. Où que vous alliez, si vous êtes doué, vous réussirez, plus ou moins rapidement en fonction des réseaux que vous aurez tissés mais vous réussirez. Quand on mise tout sur une école, c'est que l'on n'a pas grand chose dans les tripes et que l'on attend tout de la formation que l'on convoite, on espère juste sortir du bon moule.

J'imagine aisément mon pauvre patient qui arrivé là a du se faire à l'idée que durant de longues années, il devrait fréquenter ces jeunes déjà un peu vieux qui ont des avis sur tout et on déjà en tête leur carrière. Imaginez vous, mes chers lecteurs brillants, que vous deviez fréquenter une personne dont la seule ambition serait de devenir fonctionnaire international à la Bruxelles ou encore assistant parlementaire ne espérant que ce marchepied puisse lui permettre à son tour de devenir député. Entrevoyez vous le drame que provoquerait l'obligation de fréquenter cette personne, tout entière tournée vers sa fausse vocation ? 

Car je parle bien sur de plans de carrière en tant que fausse vocation, pour ne pas les confondre avec les vraies vocations toujours plus altruistes même si elles comportent souvent un volet narcissique. Mais si je peux comprendre quelqu'un qui voudrait créer un nouveau vaccin, devenir le nouveau Pasteur ou Salk, j'ai toujours plus de mal celui ou celle qui après une première expérience réussie au sein d'un important cabinet d'audit, souhaite intégrer une banque afin d'y développer ses compétences-métier. Bien sur, quand on est comme cela, on obtient tout, la bagnole, la fille, le fric, le bureau d'angle, les vacances de rêve dans des pays lointains et la quarantaine passée, on est bien content au volant de son Audi sur le chemin du retour vers son appartement du beau dix-septième ou son pavillon de Sèvres d'avoir fait les bons choix.

Encore faut-il être taillé pour ! Comme avait dit un psychiatre de l'armée de l'air avant d'accepter la démission de mon copain pilote "certains sont faits pour le vol en escadrille d'autres pour le solo". Voilà toute la différence et elle est de taille parce qu'entre avoir une carrière et un destin, on ne choisit pas, la vie nous l'impose. Mais gare à vous si vous vous trompez. Si vous pensiez avoir un destine t que vous n'êtes fait que pour une carrière, vous serez comme ces cadres supérieurs qui vers la cinquantaine décident de se réaliser pour monter leur boite et regrettent bien vite la quiétude de leur ancienne vie. En revanche, si vous êtes fait pour avoir un destin et que vous vous entêtiez à avoir une carrière, vous vous sentirez vite gêné aux entournures. Très vite, les convenances, le conformisme, vous feront souffrir et vous déprimerez.

C'est ce qui s'est passé pour mon pauvre patient dès le deuxième jour de son entré dans cette école tant convoitée. Mais il s'est acharné parce qu'il ne pressentait pas qu'il pourrait exister d'autres possibilités. Et puis, il y a sans doute une part d'escalade d'engagement qui fait que quand on commence un truc pour lequel on a fortement investi, on a des chances d'aller au bout quitte à ne rien gagner.

Et une fois son diplôme en poche, il a cru que c'était gagné et que le monde du travail lui offrirait enfin des gratifications. Hélas quand on est diplômé de l'IEP de Paris, on postule et on est recruté à des postes et dans des boites qui sont taillées pour ce type de diplômés et on a toutes les chances de finir dans le tertiaire dans un métier mal défini, une fonction où en costume cravate on exécute des tâches mal définies dont on ne comprend pas toujours la finalité. Si on est carriériste résolu, on s'en fout, on se tape les powerpoints stupides demandés, en se moquant de savoir à quoi cela sert, parce qu'on sait qu'on joue une comédie durant laquelle, c'est au savant dosage de servilité et d’audace que l'on pourra accéder à l'échelon supérieur jusqu'à devenir directeur de quelque chose.

Si on est un peu différent et que l'on sent confusément qu'on a besoin d'exister, que l'on devine tout au fond de soi que l'on n'est pas né pour faire des powerpoints idiots, on commence à comprendre que quelque chose ne va pas, que l'on n'est pas à sa place. On commence alors à ruer dans les brancards et ma hiérarchie vous fait vite comprendre que vous n'êtes pas là pour réfléchir mais pour faire comme si vous réfléchissiez. De toute manière quoiqu'on vous en dise, gérer une boite n'a rien de compliqué et on complexifie à outrance pour faire croire que c'est difficile, cela donne justement du boulot aux carriéristes. Les powerpoints et les réunions ne sont là que pour permettre aux carriéristes de faire croire qu'ils ont une utilité.

Alors une fois qu'on l'eut gentiment remis en place à base de conseils et d'entretiens d'évaluation (l'arnaque) durant lesquels on pointa du doigt tout ce qu'il aurait à changer pour se couler dans le moule, mon patient se mit à déprimer. Simplement parce qu'il avait compris que quoiqu'il fasse, malgré toute sa bonne volonté, sa lucidité sur le monde et l'idée diffuse qu'il pourrait avoir un destin ne lui permettrait jamais de ressembler à ses collègues :il était fait pour le vol en solo.

Et pourtant durant nos entretiens, sans doute parce qu'il me prenait pour une sorte de coach dont la mission aurait été de le conditionner pour le faire entrer dans le moule, le rendre performant (seconde arnaque), il s'est entêté à faire de son mieux avec autant de talent qu’un cul de jatte s'alignant à un marathon. Bien sur, cela n'a pas marché, à l'instar de l'albatros de Baudelaire, ses grandes ailes l'empêcheraient toujours de marcher en rang.

Ceci dit, il est jeune et il a du temps devant lui. Moi j'ai attendu pour ne pas le brusquer, jusqu'à ce qu'il arrive à ses limites, jusqu'à ce que dégouté à l'extrême par ce qu'il fait mais aussi des gens avec qui il le fait, il en vienne à déprimer encore plus gravement. Le fruit étant mur, on a pu entrer dans le vif du sujet. Le pauvre bonhomme était dans un tel état qu'il devenait plus réceptif à des alternatives de vie qui lui permettraient d'être plus heureux. De doute manière, tant qu'il me voyait en coach, en directeur de la norme, cela n'aurait pas marché. On cesse ses conneries, qu'il s'agisse de boire, de fumer, de se droguer, ou d'avoir un emploi débile, quand on a touché ses limites.

Il est pourtant talentueux le bougre et pour son âge, il fait preuve d'une très étonnante maturité. A tout ceci s'ajoute un réel talent artistique pourtant en jachère. Sans doute qu'il aurait été mieux inspiré de faire une école d'art, ou du moins quelque chose de plus créatif, que de perdre son temps à l'IEP même si le fait d'en être sorti n'implique aucunement le fait de choisir d'autres carrières. Mais la crainte de ne pas réussir, lui a fait préférer une formation roborative dont le seul diplôme est généralement un aller simple vers le succès indépendamment de son talent parce que justement, c'est fait pour faire carrière dans des trucs où le talent est inutile.

Alors on a commencé à bien discuter, à aller plus au fond des choses. Moi qui fait des TCC, je connais pourtant assez bien Jung et je lui ai parlé de l'individuation. Le concept lui a plu non parce qu'il serait narcissique comme ces crétins qui à force de se vouloir différents en viennent à adopter des comportements moutonniers (tatouages) mais parce que tout au fond de lui, il sent qu'il a une bonne main, un truc à jouer, pour le meilleur ou pour le pire et que s'il ne la joue pas, il aura perdu sa vie.

Oh bien sur, je lui ai parlé de destin, de changement de vie, et de tous ces trucs un peu vagues mais mon but n'est pas de projeter quoi que ce soit sur lui mais de lui proposer des alternatives à sa vie de misère. De toute manière, il est intelligent et a du caractère et n'est pas du genre à obéir à des injonctions, fussent les miennes ! Et puis, je ne lui apprends rien en fait. Je ne l'ai qu'à révéler au grand jour ce qu'il sent confusément depuis toujours et que toute sa vie atteste, cette petite différence qu'il ne pourra pas ignorer. Ce qui lui manque c'est de se passer de béquilles pour marcher de manière autonome. 

Où ira-t-il je n'en sais rien mais il ira, pour le meilleur ou pour le pire. A ce niveau, justement parce que je ne suis pas un coach chargé de rendre les gens plus performants, je m'en fous qu'il réussisse ou échoue. L'important c'est qu'un jour, quels que soient ses succès ou ses échecs, il se dise qu'il ne regrette rien et qu'il a vécu.

Il m'a demandé comment on faisait pour changer devie et enfin décoller alors je lui ai donné la recette de mon pote le pilote qui lorsque j'avais l'âge de mon patient et les mêmes problèmes me disait : "décoller c'est simple, moteur à fond face au vent et tu lâches les freins".

Comme il n'est pas idiot mon petit patient, il m'a demandé comment on savait d'où venait le vent. Et là, sans le vouloir, j'ai été un peu mystique, et je lui ai dit que d'où venait le vent, quand on est comme lui, on le sait depuis toujours, depuis tout petit mais qu'effrayé par ce que cela implique, on fait tout pour l'oublier. Bref la vie est plutôt simple. 

Je rajouterait que je n'ai rien contre les carriéristes et que je pourrais aussi être un très bon coach. Les querelles picrocholines de bureau, j'adore ça de même que les problématiques issue d'une prise de poste et de manière générale, ce genre de conneries. Je suis quelqu'un de très adaptable mais je prends plus cher comme coach que comme psy.

François !


Souvenez-vous, Nicolas Sarkozy venait à peine d'être élu, que la plupart de mes confrères de gauche, essentiellement psychanalystes, se jetaient sur lui comme une meute sur un cerf, dépeçaient à grands coups de dents savantes et acérées sa personnalité, ce côté agité tellement étonnant, afin d’avoir accès à son intimité, à ses tripes, afin de connaitre les moindres ecoins de sa psyché qu'il aurait osé nous cacher.

Eux habituellement garants de l'orthodoxie freudienne, toujours soucieux de coller aux mécanismes précis de la cure psychanalytique qui exige la quiétude du cabinet et le moelleux du divan avant de se livrer, n'avaient à l'époque eu aucune pudeur, aucun respect pour la personne de notre ancien président, n'hésitant jamais à fouiller toujours plus loin jusqu'à ses moindres prétendus traumatismes infantiles ou adolescents pour nous en dresser un un portrait saisissant qui nous faisant hésiter entre l'histrion cocaïnomane et le sociopathe avide de pouvoir. Rien ne lui avait été épargné, ne fut-ce que le bénéfice du doute car il était vraisemblablement l'ennemi à abattre.

Le portrait qu'on en dressait alors confinait donc toujours au pathologique à la limite de la folie, à moins qu'il ne se soit agi de le faire passer pour un pauvre con, un déclassé rêvant d'avoir enfin sa revanche, copie presque parfaite du personnage de César, interprété par Yves Montand, dans le film César et Rosalie, mais en moins sympa et touchant tout de même, mais en plus intrigant, plus méchant, plus médiocre, plus calculateur et retors, tout en étant aussi parvenu, soucieux du paraitre et du pouvoir au point d'en être ridicule.

Parce que même le beauf et le parvenu peuvent devenir touchant à force de maladresses, il ne s'agissait surtout pas de dresser du petit Nicolas, un portrait qui puisse attendrir, celui d'un môme sans père ni repère parvenu au sommet de l'état par désir de revanche sociale. Ce côté trop conforme à une success story comme les adorent nos amis américains, aurait pu plaire au prolo, au pauvre type qui rêve lui aussi de quitte son HLM pour vivre dans les beaux quartiers.A cette époque, il ne faisait pas bon ne pas appartenir au sérail socialo-germanopratin et Nicolas Sarkozy en avait fait les frais.

S'agissant de François Hollande, rien de tout cela. Personne ne se penche sur le cas de Flamby, mes confrères se murent sans doute dans une éthique pointilleuse, une distance toute faite d'éthique et de déontologie. Il n'est pas question que ce qui s'opère dans le silence de leur cabinet puisse s'étaler au grand jour, on ne saura rien d'autre de notre président que ce qu'en diront ses adversaires politiques. Il est mou, n'a pas de colonne vertébrale, ne sait pas prendre uen décison mais rien de plus, rien de son enfance ni de son adolescence ne nous permettra de comprendre comme on devient magré ces tares un président de la république.

Les réseaux fonctionnent sans doute, et qu'il s’agisse des camarades psychanalystes ou des amis journalistes, on ne dira donc rien de François Hollande, du moins rien qui puisse nous éclairer et nous permette de saisi le parcours de ce médiocre parvenu par hasard au sommet de l'état. Mes confrères se tiennent cois et moi qui ne suis pas psychanalyste, qui ne maitrise pas cet outil si puissant capable parait-il d'accéder à la vérité nue, moi qui aurais tant aimé savoir ce que dissimulait cette apparente bonhomie, ce qui se cache derrière ce sourire énigmatique de Boudha, j'en serai pour mes frais : François Hollande restera un mystère. 


Pourtant, jeudi dernier alors que je déjeunais avec un vieil ami psychiatre hospitalier, nous avons abordé le cas Hollande. C'est d'ailleurs lui qui a initié la conversation en me demandant ce que j'en pensais d'un point de vue psychologique, si j'avais eu le temps de réfléchir au fonctionnement de notre bon président et ce que j'aurais pu découvrir de particulier. Je lui ai avoué que j'y avais songé mais sans plus, n'ayant pas vu de choses qui me heurtaient particulièrement. Certes le personnage était plat, fade, inodore, incolore et sans aucune saveur mais ce ne sont là que des caractéristiques assez communes et partagées par bon nombre d'individus.

Penaud, j'avouais donc à cet ami que je n'avais saisi aucun trait qui m'aient alerté ou orienté vers une analyse plus fructueuse, vers une pathologie quelconque. Et même si l'on peut s'étonner qu'un type pareil ait pu se retrouver président de la république, je n'y vois moi rien d'anormal compte-tenu du déroulement des primaires socialistes et surtout du fait que beaucoup de gens de droite se soient abstenus de voter pour Nicolas Sarkozy. Et puis, même si je ne suis pas socialiste, il n'est pas question d'être de mauvaise foi alors avouons que François Hollande est dans la moyenne du personnel politique que l'on a pu observer depuis trente ans.

Alors de retour chez moi, j'ai juste consulté la biographie présente sur Wikipédia de notre président pour tenter de creuser si tant est que l'on puisse creuser dans le vide. Alors, il y a ce que tout le monde connait de lui, son passé de gosse de riche (papa médecin propriétaire de clinique), son passage au lycée Pasteur de Neuilly (pas très prolo non plus) puis entre en faculté de droit où il obtient une licence.

C'est sans doute là qu'il se découvre une conscience politique politique ce qui ne l'empêchera pas d'entrer à HEC (on se demande pourquoi), avant d'opter pour la politique en entrant d'abord à Sciences-Po puis en intégrant l'ENA. C'est une sorte de parcours sans faute, si ce n'est l'épisode HEC qu'on ne parvient vraiment pas à intégrer dans cette formation de bête à concours destinée à devenir un futur petit apparatchik. C'est tout à fait le type de parcours qui me fait toujours frémir moi qui me suis toujours ennuyé durant mes études. Sans doute que HEC à cette époque n'était pas assez élitiste pour notre ami François qui a préféré par la suite s'en remettre à des formations plus conformes à ce qu'on attend de ceux qui sont promus à un brillant avenir.

Sa biographie nous apprend aussi qu'il a milité à l'UNED-Renouveau, proche du parti communiste français. Les dés sont donc jetés, notre ami François sera un homme de gauche mais c'est un peu sociétal compte tenu de son année de naissance. A cette époque on portait les cheveux longs et on avait des idées courtes. On parlait et déparlait de tout et de rien, d'autogestion, de dictature du prolétariat et on était prêt à soutenir n'importe quel dictateur.  Mais c'est à ce moment que je suis surpris puisque l'on apprend aussi que bien que réformé pour myopie, il fait annuler cette décision pour faire son service national dans un régiment du Génie. Curieuse décision, dont on apprend qu'elle lui serait venue par devoir. A mon sens, mais sans doute suis je mauvaise langue, conseillé par ses mentors, on a du lui expliquer qu'être réformé risquait de lui nuire par la suite s'il voulait embrasser la carrière politique.

Dans ces années là, époque ou le service national était encore une valeur sure donnant une preuve de son patriotisme, se faire exempter pour ensuite briguer de hautes fonctions ne se faisait pas. On a du lui expliquer qu'après les EOR, il trouverait une affectation sympa et qu'un an après tout ce serait vite passé et qu'il pourrait en profiter pour fréquenter des français moyens voire très moyens, ses futurs électeurs. Ce serait aussi le prix à payer pour montrer patte blanche au système afin de ne pas être vu comme un dangereux gauchiste. Dans tous les cas, j'imagine difficilement qu'un type militant dans un groupe proche du parti communisme ait été militariste ni même patriote.

Il ne s'agit que d'une lecture à froid basée sur une simple biographie disponible sur Wikipédia mais je crois déjà sentir le petit carriériste bon teint, le calculateur, le jeune type sur de lui et de ce qu'il fera plus tard : de la politique et en plus à un haut niveau. Pas question, après un tel parcours, droit, sciences-po et ENA, de se faire allumer par un vieux patriote, droitard ou socialo, qui lui aurait jeté sa réforme à la face en jetant le soupçon sur son patriotisme. C'est avec des conneries de ce genre qu'on foire un beau parcours, qu'on se fait allumer en plein débat. Alors François mettra un beau képi pour faire valoir qu'il a des valeurs. A cette époque il y avait encore des tas de résistants en vie !

Subtil équilibre entre appartenance à un groupuscule proche des cocos tout en adoptant un peu des valeurs de droite, François, en bon futur apparatchik, sait que le vent peut tourner, que rien ne dure, que les bonnes places sont partout, que selon l'endroit où l'on est parachuté, on peut se présenter en ville comme à la campagne où les valeurs traditionnelles persistent, qu'on peut réussir sa vie un peu à droite comme un peu à gauche et ne veut rien gâcher.

Bien entendu, malgré l'engagement gauchiste de leurs jeunes années, bon sang ne saurait mentir et je n'imagine pas notre ami François se montrer trop à gauche tout de même parce qu'il ne s'agirait pas de se tirer une balle dans le pied. Quel que soit l'engagement dé départ, on sent que cela se terminera dans une gauche molle dite aussi gauche libérale ou réaliste qui flatte le prolo et l'exclu tout en dinant avec le patron. C'est une manière de ne pas renier le confort bourgeois de ses jeunes années tout en assumant sa révolte légitime contre son père. Encore une fois, ce n'est pas l'apanage de François mais plutôt un trait de caractère commun à bien des individus. On se révolte mais pas trop et surtout on ne pousse pas le vice jusqu'à embrasser totalement la condition de ceux que l'on défend parce que la condition de martyr n'est pas aussi enviable qu'un pavillon à Mougins.

S'éloignant des cocos, il adhère ensuite au PS avant d'entamer une carrière de bon lèche-cul modèle standard en étant d'abord auditeur à la cour des comptes, le fin du fin quand on est issu de l'ENA, pour finalement servir de factotum à quelques barons du PS de l'époque en assurant différentes fonctions dans différents cabinets. François a donc quitté bien vite le service public pour faire de la politique et remplir son carnet d'adresses. Qu'y-a-t-il fait, je n'en ai aucune idée, je n'ai pas creusé jusque là mais je suppose qu'il s'est agi de faire partie d'une quelconque jeune garde destinée à produire des idées afin que son patron conserve son poste en échange de quoi, si l'on se fait remarquer par ledit patron, si l'on est intelligent, retors mais aussi servile, le patron renvoie l’ascenseur en proposant au jeune impétrant un parachutage quelconque.

C'est ainsi qu'ensuite, celui qui n'était pas grand chose si ce n'est un étudiant intelligent et calculateur devient un parasite dument élu à différents postes dans une région où il a été parachuté : conseiller municipal, puis député, puis adjoint au maire d'une autre commune, puis député européen, puis maire et enfin de nouveau député et président du conseil général. Bref, partout et nulle part, cumulard comme les autres, tantôt élu, tantôt conseiller de l'ombre, tantôt tout autre chose, notre bon François qui fait partie du sérail peut enfin distiller les bonnes recettes apprises à l'ENA. Soit que je sois mal renseigné par manque d'intérêt pour le personnage, soit qu'on en ait peu parlé, il me semble que ces postes aussi honorifiques qu'ils soient auront plus rempli la bourse de notre ami et servi ses ambitions que procuré un avantage indéniable à notre pays même si la biographie que j'ai consultée parle tout de même de l'ouverture d'un boulodrome couvert en 2003 ce qui n'est pas une mince victoire quand on a fait HEC, Science-Po et l'ENA. Quand on pense que certains pensent que la pétanque est un sport d'abrutis !

La suite, parce que récente, nous est connue, qu'il s'agisse de ses liaisons féminines réelles ou supposées, de ses récents succès politique, aussi ne m’appesantirai-je pas sur le sujet. Voilà, un peu ce que la lecture à froid cette simple biographie me permet de voir, c'est à dire pas grand chose. On est certes très loin de Sarkozy l'histrion, le roi du coup de force, le type lambda s'élevant toujours plus haut à la manière d'un personnage de Scorsese. Avec François, on est face à un parcours on ne peut plus classique que pourrait choisir n'importe quel jeune type intelligent et calculateur qui a décidé de faire carrière. Ce type de profil est aussi disponible dans d'autres carrières telles que la médecine, le marketing, la carrière militaire, la crèmerie, l'audit ou que sais-je encore. On bosse, on calcule, on sait se placer, on négocie les virages avec un peu d'audace ou à grands coups de lèche ou de vaseline, on flatte, on suce, on trahit un peu, on se pousse du coude, on prend les bons amis, on se débarrasse deux ceux qui sont inutiles et à la fin on vit plutôt bien. Que celui qui n'a jamais péché de la sorte jette la première pierre à François. Cette vie est le lot de tous ceux qui n'ont pas vraiment de destin mais veulent juste faire carrière.

Alors, sincèrement d'un point de vue psychopathologique, je ne vois rien, mais alors rien du tout. Ou du moins rien de plus que le parcours classique de tout petit apparatchik de gauche ou de droite qu'un caprice du destin aura pu faire passer de président de conseil général à président de la république. C'est l'histoire commune et mille fois répétée du type intelligent, calculateur, avec des convictions sans doute moyennes mais suffisantes pour que les électeurs y croient, un physique moyen de monsieur-tout-le-monde qui a pu convaincre ces mêmes électeurs qu'il leur ressemblait et le dogmatisme fat et creux acquis dans les formations élitistes par ceux qui, ensuite adoubés jeunes par les réseaux de pouvoir, se tiennent loin de la réalité de la vie et distillent le mépris satisfait et les leçons pleines de morgues de ceux qui savent. La carrière type de l'homme qui avait tout fait pour se hisser tout en haut et qui n'y est parvenu qu'à la faveur d'un coup de pot. C'est un peu Ulrich le secrétaire de l'Action parallèle, héros du roman de Musil, L'homme sans qualités.

C'est sans doute beaucoup d'intelligence et de travail parce qu'on ne réussit pas un tel parcours en étant stupide et fainéant, aucun talent particulier ni de génie (du moins rien qui me permette d'en distinguer si ce n'est l'inauguration de ce boulodrome couvert en 2003, exploit que je salue à sa juste mesure), et c'est ma foi rassurant pour tous ceux qui étaient persuadés qu'il fallait des dispositions phénoménales pour sortir du lot. Finalement, accéder à l'Elysée est peut être moins dur que d'obtenir un premier rôle à Hollywood.

Mais à part cela, tous ceux qui s'attendaient à des révélations croustillantes en seront pour leurs frais. De mon humble point de vue de misérable petit psy, et à la seule lecture de cette biographie, je n'ai rien distingué de pathologique dans le personnage. A mon humble avis, François est normal, conforme au portrait que nous en avaient fait ses amis, au portrait qu'il dresse de lui-même, un mélange entre le tout mou de celui qui n'a pas de convictions bien établies et le très dur de celui qui sait se fixer des buts et à la finale, cela donne un Flamby, un machin flageolant qui malgré tout tient à peu près debout, quelqu'un qui s'offre le luxe d'exister en étant inexistant.

De plus, bien que certains le détestent depuis le passage en force du mariage pour tous, je ne suis même pas sur qu'il soit si méchant et dogmatique que cela. Sans doute que tiraillé entre ses molles convictions et les pressions de ceux qui l'ont soutenu, il a cédé tout simplement. Je crois que son plus grand défaut est qu'avec tout cela, on ne puisse même pas le détester. Quelques personnes qui le connaissent en privé m'ont même affirmé qu'il était plutôt rigolo. Bien sur, comme tous les socialos, il est dogmatique et idéologue et laïcard. C'est même amusant de le voir vivre en couple à la colle, sans jamais épouser une femme, ça a des relents libertaro-gauchistes issus des 70's. C'est sur qu'avec un tel comportement, on ne s'attendait pas à un type très ouvert politiquement. C'est un dinosaure, un petit et replet, c'est tout.

Et puis, autant l'avouer, comme tous les glandeurs patentés, ceux qui auraient pu bien faire mais qui n'ont rien fait de génial parce qu'ils avaient du mal à se concentrer sur ce qu'on disait en cours, préférant se laisser à rêvasser ou à bavarder, je suis sans doute un peu jaloux de François. C'est en voyant de telles réussites que je me dis que finalement ce n'était pas si dur, qu'avec un peu de constance et d'assiduité, moins d'originalité et de questionnements sans fin, moi aussi j'aurais pu devenir président de la république !

C'est peut-être cela le trait le plus marquant de notre président, nous rappeler à tous que finalement la réussite ce n'est pas très compliqué et qu'avec un peu d'application on y arrive. En même temps qu'il nous rassure sur ce que l'on est, on en vient à le détester d'avoir si bien réussi avec si peu de choses. En tant que chantre de la normalité et éloge de la moyenne, on finit par lui en vouloir. On aimerait tant percevoir chez ceux qui nous gouvernent, un zeste de quelque chose en plus, un talent particulier, un quelque chose de précis qui nous fasse comprendre qu'il ne faut pas nous en vouloir, qu'il nous manquait un truc. On rêve d'un roi à la lignée fabuleuse et on se retrouve avec un clerc de notaire de province.

A l'époque, quand j'étais au Lycée, j'en connaissais des François, de bons élèves appliqués et studieux et intelligents mais je ne les fréquentais pas. Non que je leur reproche leurs succès mais plutôt la manière dont ils les obtenaient. Bien sur que c'est normal quand on est intelligent et studieux de réussir ! Mais la classe, la vraie classe, c'était de ne rien foutre, si ce n'est au tout dernier moment, pour d'un unique effort passer en classe supérieure avec un mélange de culpabilité et de satisfaction. Si je n'avais pas pris mes études à la manière d'un dandy qui considérerait tout de loin, de peur d'être avili par la réalité du monde, moi aussi j'aurais pu être président.

Voilà tout ce que je perçois du personnage, qui allié à son premier ministre aussi falot que lui, nous proposent un bon remake de Dumb and dumber. Finalement, je comprends que mes confrère ne se soient pas intéressé à son cas. Peut-être qu'il ne s'agissait pas d'une question de réseaux ou de soutiens, mais d'un franc désintérêt pour François Hollande. En ce cas, je présente mais excuses les plus sincères à mes confrères de gauche.


« Si on me parle d’un homme dans les affaires ou simplement d’un écrivain quelque peu notoire ayant fait ses preuves, je me demande à moi-même si ce personnage qui m’est désigné a seulement prouvé sa propre existence. C’est cette preuve là qu’il me faut et pas une autre. Car je suis devenu extrêmement défiant depuis le jour où je me suis aperçu de l’inexistence absolue d’un très grand nombre d’individus qui semblaient situés dans l’espace et qu’il est impossible de classer parmi ceux qui ont une appréciable et suffisante raison d’être. (…) Les recensements ne signifient rien. On ne saura jamais combien est infime le nombre réel d’habitants de notre globe. »

Léon Bloy, Exégèse des lieux communs

27 mai, 2013

Frigide, Jérôme, Bernard et tous les autres !



Cet après-midi, c'était la Manif pour tous. Bien qu'on m'ait encouragé à y participer, je n'y suis pas allé. Pour certains, c'est très mal et je suis une petite merde qui ne fait rien qu'à écrire mais n'est pas capable de bouger son gros cul pour défendre la civilisation. Pour d'autres, au contraire, je suis un mec très cool qui a compris qu'il fallait valider les avancées sociétales et vivre avec son temps.

En fait, je n'y suis pas allé pour d'autres raisons dont je parlerai peut être un jour mais qui tiennent en gros au fait que je n'ai toujours pas d'opinion très tranchée sur le sujet mais aussi que si l'on veut aller à l'encontre du vote légal d'une assemblée régulièrement élue, il faut s'assumer comme étant séditieux et ne pas vouloir jouer les sages légalistes de peur de passer pour des hors-la-loi. Sinon, le pouvoir en place vous regarde défiler et marcher, et à la fin il ne se passe rien ; les syndicalistes qui arpentent depuis des dizaines d’années le parcours Bastille : République doivent en savoir quelque chose.

Un pouvoir en place ne vous écoute qu'en fonction de votre capacité de nuisance et non de votre capacités à recruter des clampins pour marcher dans les rues de Paris. Tout le monde aura noté que la répression est mojns sévère en Corse ou dans les cités dans la mesure où le pouvoir, de droite ou de gauche a peur des nuits bleue pour le premier cas et de l'embrasement dans le second. De la même manière, bien que les français soient peu syndiqués, l'importance des syndicats reste importante dans la mesure où ils sont bien représentés dans des secteurs clés comme l'énergie ou les transports via l'administration. Je ne suis donc pas sur que ces grosses manifestations aient un quelconque impact sur le législateur.

Et puis, il y a sans doute quelque chose de plus ténu, une sorte de flow impalpable qui fait que certaines idées ont le vent en poupe tandis que d'autres tombent en désuétude et il n'est pas facile d'aller contre son époque. Mais je parle et m'égare.

En fait, ce qui a attiré mon attention ce dimanche est le fait que l'instigatrice ou initiatrice du mouvement, Frigide Barjot, ait déclaré forfait, arguant qu'elle craignait pour sa vie suite à des menaces de mort qu'elle aurait reçues. C'est sans doute vrai même si je n'en sais rien ni si personne ne sait d'où viendraient ces menaces. Toutefois je me souviens aussi de ses piètres prestations dans les émissions dans lesquelles elle est apparue où elle avait l'ensemble des journalistes et autres invités contre elle. Elle a même pleuré dans l'émission Le grand 8 sur la chaine D8 face aux chroniqueuses emmenées par Laurence Ferrari. 

Je peux aisément imaginer quelle pression insupportable peut peser sur elle quand à la moindre de ses interventions, on l'imagine alliée aux groupes de droite les plus radicaux ou encore lorsqu'on la soupçonne forcément d'homophobie parce qu'elle a osé lutter contre cet "évident progrès social" que serait le mariage pour tous. Dans les deux cas, on lui fait un procès d'intention, on la déclare en état de péché mortel. La pauvre n'estimant pas que ce serait si dur, qu'elle aurait autant de gens ligués contre elle, elle qui voulait juste sauver les petits nenfants et leur filiation, se lamente, pleure, veut se justifier, se faire aimer mais désespère et abandonne

Or le désespoir en politique, c'est la pire des bêtises comme aurait dit ce bon vieux Charles. On commence le combat comme on irait danser en club, le sourire aux lèvres et persuadé qu'on va passer un bon moment. Mais la soirée se termine mal, abrutie et sonnée,  on se réveille au petit matin la culotte sur les chevilles et la jupe retroussée sur le ventre comme la pauvre victime qui aurait fait une mauvaise rencontre. On ne se méfie jamais assez !

Pourtant, voici quelques semaines, c'était Jérôme Cahuzac qui était sur la sellette et qui faisait les frais d'une attaque en règle de la part de tous, d'un hallali terrible. Au delà de ses turpitudes fiscales, je m'intéressais au devenir de cet homme. On a beau savoir qu'en politique on ne meurt jamais, je me demandais comment un type chargé de de telles fonctions et ayant menti avec autant d'assurance tant au peuple, qu'à ses représentants ou aux journalistes, pourraient s'en sortir. Lorsque j'en discutais avec certains amis ou patients, certains me disaient qu'à part le suicide ou l'exil, ils ne voyaient pas comment on pouvait survivre à une telle épreuve. De mon côté, j'étais sur que l'on reverrait ce bon Jérôme et son bagout bien vite.

Je ne m'étais pas trompé puisque très peu de temps après, notre ancien ministre du budget arpentait le marché de sa bonne ville de Villeneuve-sur-Lot. Quelques semaines après qu'on l'ait vu, honteux, dérouté, dépité, ruiné, voici qu'alors que l'arbitre n'avait pas fini de compter sur jusqu'à dix, qu'il était déjà debout et prêt à refaire un round. Si ses amis ne lui avaient pas déconseillé de revenir aussi vite en politique, le père Jérôme se repointait à l'assemblée nationale sur de lui. C'est toute la différence entre Frigide l'amatrice et Jérôme le professionnel. Jérôme est de la race des prédateurs. Loin de moi l'idée de juger de la sincérité de ses engagements mais sa vie prouve qu'il est un compétiteur, un vrai, un type qui n'a pas peur de l'arène. Bernard Tapie était de la même trempe. Rien ne l'a jamais abattu et il a toujours fait preuve d'une vitalité extraordinaire.

De fait pour réussir en politique à un très haut niveau, il faut avoir des dons, ou parfois des tares que le milieu ultraviolent de la politique transforme en qualités. Même si l'on si combat en costume ou en tailleur, la politique est un milieux violent, très violent. Analyser la personnalité des politiciens, c'est justement ce qu'avait voulu faire Pascal de Sutter dans son ouvrage Ces fous qui nous gouvernent.

Une personnalité pathologique est en effet un avantage indéniable. C'est ainsi qu'un sociopathe, ceux dont mon confrère H16 expliquent qu'ils ont été amputés de la honte, ont un avantage très net sur les autres, tous ceux qui ont une conscience. La sociopathie étant une autre forme pour définir la perversion, elle permet à ceux qui en sont atteint d'être uniquement dans l'agir du type : je veux, je prends. 

Aucune conscience morale, aucune élaboration mentale si ce n'est un simple calcul des risques liés à l'action à l manière d'un ordinateur jouant aux échecs. Le sociopathe ou grand pervers est taillé pour le grand banditisme et donc pour la politique. D'ailleurs, les élections ont à ce jour devenues tellement terribles et exigeantes humainement, qu'elles ne peuvent que favoriser ce profil psychologique. Il ne s'agit pas tant de résister à la pression que de ne même pas la ressentir, d'être une sorte de monstre froid.

Aussi dur que les sociopathes sont les personnalités paranoïaques dont l'hyperinflation du moi et la méfiance exacerbée sont des armes terribles dans ce type de combat. Avec ces personnes, tout ceux qui ne sont pas avec eux sont contre eux. La vie est simple et se résout à cela, une simple ligne droite qu'il ne faut jamais franchir sous peine d'être agressé plus ou moins dangereusement par le paranoïaque. Le paranoïaque est né pour être chef, qu'il s'agisse de commander une bande, une secte ou un parti voire un pays ! Avec lui, le critère moral est essentiel contrairement au sociopathe. Le paranoïaque est un engagé extrême voire un enragé. Il rendra coup pour coup et souvent au centuple et rien ne peut le faire dévier de sa voie, laquelle est souvent ce que l'on nomme du rationalisme morbide, à savoir une construction intellectuelle séduisante mais donc les présupposés doivent plus à l'esprit malade du paranoïaque qu'à une quelconque recherche sensée.

Un cran en dessous se situent les narcissiques et les hystériques dont, chacun à leur manière, leur grande confiance en eux, du moins apparente, leur confère des certitudes et un culot étonnant. Très présents dans les professions très en vue (journalisme, télévision, mode, etc.), cette assurance étonnante, cette capacité à charmer leur permet une ascension rapide mais sans pour autant avoir la résistance d'un sociopathe ou d'un paranoïaque. De fait, une fois démasqués, les narcissiques et les paranoïaques sont fragiles. Lorsqu'un narcissique vous met une claque, donnez lui une droite et vosu verrez que derrière sa jolie façade il n'y a rien.

Une autre manière de réussir est aussi d'avoir la foi, que l'on peut avoir sans pour autant être un grand paranoïaque. Il peut s'agir d'une fois religieuse ou d'un idéal très fort. Songeons ainsi à ce qu'on nous enseigne de ces saints catholiques qui ont enduré le martyre pour leur foi. Plus près de nous, pensons aussi à un De Gaulle, modeste général de brigade, qui s'embarque pour Londres La foi soulève des montagnes et en tant que croyance, elle est inattaquable. 

Une croyance est en effet un processus mental par lequel une personne adhère dogmatiquement à une thèse ou des hypothèses, de telle manière qu'elle les considère comme une vérité absolue ou une assertion irréfutable, indépendamment de toutes preuves qui en attestent ou en contestent la crédibilité. C'est indéracinable et en ce sens, les pouvoirs publics ont peut-être bien plus à craindre d'un mouvement comme les veilleurs que des casseurs. Gardes à vue, humiliations ou bien coups, ne pourront jamais venir à bout d'un individu qui met en balance sa foi et la justice humaine. Dans un match code pénal contre commandements divins, le premier n'a aucune chance de gagner. 

Enfin, la dernière manière de réussir en politique, c'est le réseau, et uniquement. Ce réseau, que l'on commence par exemple à développer dans les grandes écoles et notamment dans celle qui prépare le mieux à la vie politique, l'ENA, permet de développer un soutien social comme on dit en psychologie qui garantit sans doute contre tous les coups du sort. Qu'il s'agisse de se placer, de se faire pistonner, de se faire blanchir ou aider en cap de dérapage, qu'il s'agisse de se coopter, etc., les mafias des grandes écoles permettent à tous, indépendamment de leur talent, d'assurer une carrière tranquille et exempte de risques aux diplômés.
A côté de ces mafias d'écoles procurant un réseau important, figurent sans doute tous les autres réseaux connus du grand public, moins connus, voire discrets, tels que les clubs, les loges, les syndicats et que sais-je encore. Il n'est pas nécessaire d'être à fond dans la théorie du complot pour noter qu’à droite comme à gauche, certains points de vue, expressions, manières de voir le monde, d'adhérer ou non à certaines thèses sont étonnamment proches pour ne pas y voir la patte discrète de réseaux et lobbies divers. C'est ainsi depuis toujours. Et les réseaux aident les bons comme les médiocres. Comme dans tous les films, la vraie vie a besoin de premiers et de seconds rôles, de chefs comme de seconds couteaux mê: eà de hauts niveaux.

Ceci dit, si le réseau peut produire des seconds couteaux à la chaine, il est aussi nécessaire pour assurer une forme d'impunité aux premiers rôles. On appelle cela faire partie du sérail. On mesure l'importance de ces réseaux lorsque l'on constate que ni Cahuzac, ni même Tapie, malgré leur indéniables talents ou leur formidable vitalité ne reviendront vraiment aux affaires. Ne faire partie d'aucune coterie ne permet que de ramasser des miettes ou des morceaux et d'être sacrifiés comme boucs émissaires en cas de problèmes, mais seule l'appartenance au sérail, au vrai, permet à un politique de réussir pleinement.

Dans les faits, sans doute qu'une minutieuse alchimie de tout ce que je viens de décrire permet d'être une vraie bête de politique, un soupçon de mégalomanie, une croyance totale en son combat, une bonne paranoïa pour éliminer ses adversaires et des réseaux solides pour assurer le soutien de son action et une relative impunité.

Ainsi, pauvre Frigide qui s'est lancé dans cette guerre terrible en sous-estimant l'adversaire sans avoir ni personnalité pathologique - car ses traits histrionniques ne suffisent pas à lui assurer un avantage décisif - ni une foi inébranlable et encore moins de réseaux construits ou de réseaux très performants. Il fallait au moins avoir la ferveur d'une Jeanne d’Arc et ne pas craindre pour sa vie pour espérer réussir une telle entreprise face à un pouvoir en place soutenu par une vague de modernisme internationale.

Vae victis !

« La politique est une guerre sans effusion de sang et la guerre une politique sanglante. »

Mao

26 mai, 2013

Ita missa est !


Hier, c'était la première communion du fils d'un ami. Nous avions rendez-vous à 18h30 pour la messe. J'étais à l'heure. Cela faisait quelques mois que je n'étais pas allé à la messe, exactement depuis les obsèques de Philippe, cet ex-patient dont j'ai parlé voici peu. L'église était bourrée mais mon épouse a pu trouver une place. Moi j'aurais pu m’asseoir de l'autre côté de la travée mais le type qui était au bout du banc m'a dit qu'ils attendaient quelqu'un. Je lui ai dit qu'il y avait de la place pour deux mais il m'a regardé d'un air bête et contrit, n'osant me répondre qu'un étranger les aurait dérangé, lui sa petite famille et leur copain. J'ai eu le temps de lui jeter un "bravo pour la charité chrétienne" avant de me placer loin derrière. Après tout je m'en fous, s'ils veulent rester entre amis pour écouter la messe, grand bien leur fasse.

Après j'ai écouté religieusement, un document en main m'expliquant comment ce pensum allait se dérouler. Puis une demoiselle catégorie Miss Neuneu, a entonné un chant insipide d'une voix de crécelle insupportable. S'il suffisait de chanter juste, cela se saurait. Là c'était juste mais horripilant, à la manière d'une craie crissant sur un tableau noir. Assis sur mon banc, commençant un peu à avoir mal au cul, je me suis perdu dans la contemplation de l'édifice gothique pour détourner mon attention de ce chant merdique aussi mal interprété.

A ce moment là, j'étais en train de me dire qu'on pouvait soit mettre de vrais chants sacrés qui élèvent l'âme et montrent que le lieux où l'on est n'est pas anodin ou encore moins neutre, ou bien verser dans le gospel parce que le rythme binaire et entêtant peut favoriser une certaine transe. Mais bon, moi je trouve qu'entre la musique sacrée et le gospel (ou apparenté), rien n'existe en matière de musique religieuse, à moins de sombrer dans le profane ou pire dans la chanson cucul typée scout. Moi, voir une "bande de ravis de la crèche" entonner des trucs sans mélodie remplis de paroles mièvres, ça me donne juste envie de foutre le camp.

C'est d'ailleurs ce que j'ai fait prétextant la nécessité de donner ma place à une dame âgée que je voyais au fond de l'église. Ce faisant, j'ai aperçu un bon pote qui faisait le pied de grue lui aussi au fond de l'église, adossé contre les portes, parce qu'arrivé trop tard. Quand il m'a demandé comment c'était et que je lui ai répondu chiant comme la plupart des messes, il a décidé de me faire confiance et nous sommes sortis boire un coup à la terrasse d'un estaminet situé juste en face. De là on pouvait vérifier le suivi des opérations et on n'avait pas plus de cinq minutes pour nous rapatrier dans l'église et être vus confits en dévotion par les parents du jeune communiant.

Quelle bande de crapules on fait ! Ceci dit on a passé un bon moment ensemble au rade et comme cela faisait quelques mois que l'on ne s'était pas vus, on s'est raconté les derniers potins. Vu que c'était mon épouse qui avait mon portefeuille dans son sac à main, je n'avais pas un radis sur moi alors je me suis fais rincer la dalle comme un clodo de base. Et puis les minutes tournant, on  décidé de se rapatrier comme deux fourbes. Je l'ai laissé passer en premier, me planquant du mieux que j'ai pu derrière lui, pour réintégrer l'église au moment même où ceux qui voulaient communier allaient recevoir le corps du Christ. Bon, pécheurs comme on l'était, on n'a pas poussé l'escroquerie jusqu'à aller avaler une hostie, mais on s'est mêlé au troupeau pour aller choper une place tranquille.

Comme on n'avait pas pensé à éteindre nos portables, ils ont sonné. D'abord le mien et j'ai eu le temps de glisser ma main dans ma poche pour faire taire l'iphone sacrilège avant que celui de mon pote ne sonne lui aussi. On a eu le temps de regarder qui nous appelait, et il se trouve que c'était Olive, celui qui a réussi dans la vie et roule en Ferrari, qui avait profité du cortèges des pénitents allant avaler l'hostie consacrée, pour tailler la fuite des premiers bancs où il était assis. Manque de pot, on était déjà rerentrés nous.

Bien sur la sonnerie intempestive de nos téléphones a fat réagir une nana assise devant nous qui s'est retourné d'abord vers moi avec le bruit de ses cheveux coupés au carré balayant son carré Hermès et un regard courroucé avant de se tourner vers mon pote avec cette fois ci un regard navré. Il faut dire que mon pote n'est pas l'arbitre des élégances et qu'il avait l'air, si ce n'est du clodo moyen, du moins du mec qui devenu SDF depuis peu, tente de se maintenir à peu près propre sans y réussir totalement tant on voit que ses frusques on été dégotées dans un bac de la Croix rouge. Elle n'a donc rien dit se souvenant qu'être catholique, c'est pratiquer la charité et que cela n'aurait pas été bien de s'en prendre à un pauvre gars du quart-monde.

D'ailleurs j'ai chuchoté à mon pote qu'avec sa dégaine de traine-savate, il nous avait sauvé d'un commentaire acide. Mais bon je n'ai pas trop insisté sur le sujet déjà pour ne pas parler durant les quelques minutes qui restaient mais aussi pour souligner le fait que mon pote avait fait des efforts considérables vu qu'une fois, il s'était pointé à un baptême en short de foot, modèle années 70 échancré sur les cuisses. Alors j'ai voulu encourager son effort d'élégance même si du chemin reste à faire. Et puis je me connais, je sais que si j'avais répondu à la donzelle qui nous reprochait nos téléphones, le ton serait monté. Après tout, c'était notre faute, on n'avait qu'à ne pas avoir remis nos sonneries en marche, alors je n'ai rien dit.

Et puis de toute manière, c'était la fin, miss Neuneu a entonné un dernier chant insipide, j'ai vérifié sur le programme qu'on m'avait remis à l'entrée et j'ai vu que dans cinq minutes, je pourrais me barrer, que la punition était levée. Effectivement l'église a commencé à se lever et on a croisé les parents du communiant qui étaient ravis et étonnés de nous voir bien sages dans l'église. Bien sur on a balancé Olive qu'on a accusé justement d'avoir appelé dans l'église alors que nous étions quasiment extatiques.Quand il nous a recroisés, on lui a fait comprendre que ce qu'il avait fait était odieux et qu'il brulerait sans doute dans les flammes éternelle tandis que nous battrions gentiment des ailes en montrant nos fesses roses au paradis comme deux chérubins.

Bref, c'était encore bien chiant. Moi à part les messes de mariage durant laquelle je peux participer au bonheur des mariés, d'enterrement durant lesquelles je peux m'associer à la peine des gens, le reste généralement m'emmerde. Les chants sont tout pourris, les sermons dépassent généralement rarement le niveau d'un leçon de morale républicaine telle que Vincent Peillon voudrait en donner dans les écoles, sauf qu'on colle le nom  de Jésus pour rappeler qu'on est à une messe.

Par contre, quand je vais en Corse, chez mon épouse, je n'en rate pas une. Mais il faut dire que le curé de choc qu'ils ont tient plus de Don Camillo que du curé mièvre et un peu chiant habituellement rencontré. On sent que la foi chez lui est un truc sacré, une expérience inattendue et non le fruit d'une histoire familiale (tu seras prêtre mon fils) ou bien un refuge face à un monde menaçant. Bref, au delà de son aspect sacré, la messe qui n'est pas une obligation évangélique, est aussi un spectacle à orchestrer et il faut retenir l'attention des ouailles. Et moi, entre chants gnangnans et sermons sirupeux et convenus, je n'y trouve pas mon compte, je me fais chier comme un rat mort et même que cela me rappelle quand tout petit mes parents m'y emmenaient et que je me trémoussais sur le banc en espérant que ça passe vite parce que j'aurais préféré jouer avec mes légos que de m'emmerder à cent sous de l'heure.  Je ne suis pas un super adepte de Paulo Coelho même si je ne reprocherai pas leurs gouts à ceux qui l'aiment.

La messe, cela devrait être la possibilité durant une heure par semaine de nous couper de nos préoccupations quotidiennes, de réfléchir à des tas de trucs auxquels on ne penserait pas forcément, de créer du lien, de cesser de penser qu'à notre gueule, de se souvenir de mettre en pratique les paroles des évangiles, etc., et à la fin, enfin de ce que j'en vois, c'est le plus souvent un spectacle ritualisé et plutôt mièvre.

Je n'ai, quand j'étais jeune, jamais été féru de MJC et autres moyens mis à disposition par les élus pour occuper les jeunes. Je crois que maintenant que je suis devenu adulte, les éducateurs spécialisés et autres animateurs stipendiés, n'ont pas plus la cote avec moi.

Peut être que je suis une vraie tête de con ! Mais bon, je m'accepte. Bon peut-être qu'au dernier moment, sentant l'ombre de la grande faucheuse me recouvrir, je me repentirai de ce que j'ai fait, mais on verra à ce moment là !

A chaque jour suffit sa peine !

25 mai, 2013

Il suffit d'y croire !






Je dois vous dire que je ne suis pas féru des sites administratifs pas plus que je ne suis un fervent lecteur du journal officiel. Il m'est bien sur arrivé de tomber sur un de ces sites mais pour une recherche bien particulière. Sinon, qu'il soit de droite ou de gauche, ce que raconte BFM me suffit sans que je n'aie besoin de consulter gouvernement.fr.


Un ami m'a pourtant envoyé le lien suivant et j'ai été assez étonné. Je connais comme tout un chacun les incitations financières destinées à nous faire rouler en véhicule électrique. Je conçois donc que cette technologie encore balbuitiante n'est pas suffisamment au point pour être adoptée par tous sans un gros coup de pouce des pouvoirs publics. Il en va de même des éoliennes mais aussi des panneaux solaires dont les propriétaires en ce printemps plus que pluvieux doivent se lamenter.

Le propre d'une idéologie est toujours d'aveugler celui qui en est atteint. C'est une forme de paranoïa, elle tend à s'étendre à tous les secteurs et à cliver le monde en deux parties, ceux qui sont avec nous et ceux qui sont contre nous. La paranoïa à mon sens ne se soigne pas, elle se maintient ou croït sans cesse jusqu'à l'inévitable dont les faits divers sont remplis. S'agissant de politique, il en va de même. On connait tous l'histoire de ces vieux militants communistes, qui cent millions de mort plus tard et uen faillite de l'URSS avérée, vous expliquent que ce n'est pas le système qui est en cause mais la manière dont on l'a appliqué et voient en chacun de ceux qui voudrait leur opposer des faits objectifs un fasciste en puissance.

L'écologie en tant que système politique et non science me semble relever de la même nature que le militantisme communiste. Il ne s'agit donc pas tant de pointer du doigt les dégâts que l'on pourrait commettre à l'égard de la nature et du cadre de vie, ce qui est louable en soi, mais d'ériger un homme nouveau, un homme dressé par le système, coupable ontologiquement et soumis à une nouvelle forme de dictature non plus rouge mais verte. C'est une nouvele religion comme a pu l'être le communisme avec ses saints, ses dogmes, son clergé, son paradis et son enfer et par dessus tout cela, Gaïa la déesse mère pour laquelle on est prêt à perpétrer n'importe quel sacrifice. Voici un sicèle qu'ils ont combattu l'Eglise et ses excès mais qu'ils perpétuent ce qu'ils semblaient détester en créan le même genre de systèmes inhumains. Certains semblent avoir un besoin viscéral d'appartenance à un groupe proposant des idées simplistes sur tous les domaines.

Le politicien professionnel n'ayant souvent pas vraiment d'idées si ce n'est d'amasser le plus de voix se fait ensuite fort d'enforucher telle ou telle lubie pourvu que cela lui fasse grignoter quelques voix le moment venu. Si l'écologie semble avoir le vent en poupe alors les uns feront un Grenelle de l'environnement pour bien montrer leur adhésion à cette prise de conscience tandis que les suivants mettront en place d'autres projets pour toujours montrer patte blanche et fédérer quelques personnes de plus.

C'est ainsi que ce lien nous apprend que l'incitation financière à l'achat de véhicules électriques sera encoreaugmentée mais que d'autres pistes sont aussi explorées. C'est ainsi que le gouvernement souhaiterait aussi que les sociétés d'autoroute puissent proposer un péage préférentiel aux possesseurs de véhicuels électriques. Cela me semble aberrant dans la mesure ou il me semble que lesdits véhicules ne possèdent pas une autonomie excédant cent cinquante kilomètres (et encore je suis large) et qu'il faut plus de six heures pour en recharger les batteries. Imaginez le temps de parcours sur un Paris-Marseille ? 

On est en droit de se demander dans quel cerveau malade a pu germer une telle idée ou sinon quel est le piètre niveau intellectuel de nos élus capables de proposer de telles mesures. On a parfois l'impression d'assister à des jeux d'enfants, ceux que l'on a tous pratiqués et dans lesquels on commence par "on n'a qu'à dire qu'il y aurait ça et que l'on ferait ça". Voilà, avec un "onnakadir", on peut effectivement tout envisager, tout proposer. A la limite, que cela reste dans le cadre d'un brainstorming un peu fumeux au cours duque on recense toutes les propositions, même les plus farfelues, pourquoi pas. L'état d'enfant qui s'émerveille et ne se censure pas, peut avoir du bon. Mais qu'aucune censure liée au réel ne vienne ensuite interférer pour ne retenir que le possible me semble fou.

Cela me rappelle voici quelques années, quand le phénomène lié à SecondLife battait son plein. Des idiots incapables de réaliser qu'une seconde vie restait impossible puisqu'à part donner corps à une vie fantasmatique numériquement transposée en 3D, il était impossible d'être soi et un autre, imaginaient que ce métaunivers pourrait devenir un véritable enjeux de civilisation. 

J'étais allé voir et m'étais rendu compte que j'avais en grande partie raison et qu'à part quelques possibilités graphiques étonnantes permettant pourquoi pas à un artiste, architecte, etc, de faire de la 3D à moindre coût, le reste n'était qu'une resucée de la vraie vie, une sorte de site de rencontre en 3D avec des petits avatars qui s'aimaient et se détestaient ensuite, s'entendaient pour mieux se déchirer ensuite et que le monde réel avait encore de beaux jours devant lui. J'avais à l'époque discuté avec un builder (on appelle ainsi ceux qui réalisent des bâtiments sur SL) qui avait réalisé un monde assez splendide mais peu réaliste et qui avait convenu que c'était vraiment sympa de s'affranchir des limites de la physique. Lui au moins était réaliste et convenait que sa "seconde vie" n'était possible que pourvu qu'il s'affranchisse d'une part de réel : il était en pleine science-fiction et le savait.

Parfois et depuis des années, j'ai l'impression que les élus sont un peu isolés dans une sorte de SecondLife, chacun à sa manière, Second Life Mairie, SecondLife Conseil Général, SecondLife Elysée, à la manière des épisodes mettant en scène les SIMS. Mais tandis qu'il me semble que les SIMs soient une simulation qui veuille (en fonction des capacités de l'intelligence articielle) proposer une simulation de vraie vie, nos élus soient figés dans un monde parallèle privé de repères, une sorte de SecondLife éternel à l'image de ces Nolife qui nous font sourire ou frémir. 

On  n'est plus dans la simulation qui serait un système artificiel permettant de coller le plus en plus au réel pour l'appréhender, comme un simulateur de vol, mais dans un monde parallèle. Mauras en son temps parlait de pays légal et de pays réel mais le problème reste pertinent depuis. Les élites ont changé on adapté d'autre sformes de communication, sont issues d'un sérail différent qu'elle ne l'était voici un siècle mais rien ne change. On croit encore aux solutions idéales quitte à distordre la réalité pour y adapter les fantasmes. 

Voici bien des années, j'avais suivi un cours de sociologie clinique du travail. La matière bien qu'un peu fumeuse proposait aussi des pistes intéressantes pour réfléchir au management, à la souffrance au travail et à d'autres problèmes liés à l'activité en général. Hélas pour moi, cette année le titulaire de la chaire n'avait pas assuré le cours mais l'avait confié à un allocataire de recherche normalien. Je ne me souviens plus exactement du statut de ce jeune type mais toujours est-il qu'il venait d'être diplômé de normale-sup et qu'il devait donner des cours. Durant deux heures, je l'avais entendu gloser sur la notion d'entreprise démocratique entonnant les vieilles lunes soixante-huitardes ayant fait long feu depuis longtemps mais réactualisées par ses soins. 

Et il parlait, parlait et moi je souriais. A la fin de son exposé, il m'avait demandé ce que j'en pensais et parce que ce type devait avoir à peu près le même âge que lui, je lui avais juste répondu que moi aussi, étant petit j'adorais construire des tas de trucs avec mes légos et que plus on m'en donnait, plus mes bâtiments étaient importants, indépendamment du fait que je ne sois pas sur aujourd'hui qu'un seul ait pu être réellement construit sur terre. 

Il n'avait pas digéré mon commentaire et avait tenté de me répondre techniquement. Je lui avais juste dit qu'il pouvait utilement diriger n'importe quel service de n'importe quelle entreprise durant deux ans puis revenir nous parler de l'entreprise démocratique. J'avais été quelques années avant moi aussi farci de théories de management données par des profs agégés n'ayant jamais rien dirigé d'autre que des thèses pour ne même pas vouloir argumenter. 

Il ne s'agissait pas d'opposer la pensée aux faits mais simplement de comprendre que l'étude de la physique ne vous fera pas monter un mur droit tout autant que l'ignorance des lois de la physique ne vous permettra pas de monter le même mur droit même si vous êtes un manuel avéré.

La croyance est un leurre. Comme s'il suffisait d'y croire pour qu'une technologie balbutiante, qui sera peut-être finalement uen fausse piste si des sources d'énergie alternatives ou d'autres techniques même pas encore imaginées étaient trouvées, devienne efficace.

Allez les p'tits gars, on y croit, on croise les doigts, et on y va, on achète tous une Renault Zoe !


Pas si con le mec !

 
La semaine passée, j'étais assis en terrasse en compagnie de quelques compères quand d'un coup, d'un seul, je me levai et leur assénai un "messieurs, je passe un bon moment avec vous, mais il n'y a de bonne compagnie qui ne se quitte, j'ai un travail et une demoiselle en détresse à secourir. Le devoir m'appelle". Les saluant d'un hochement de tête assorti d'un claquement de talons martial, je partis d'un pas vif vers mon cabinet où m'attendait ladite demoiselle.

C'est une nouvelle patiente dont je fais connaissance. Après ma question rituelle "que puis je pour vous ?", elle m'explique sa situation, un problème de couple suivi d'une rupture, et me fait état de ses doutes, de ses regrets, de sa colère, etc. Bref, rien de nouveau sous le soleil, ce qui ne signifie pas que son cas ne m'intéresse pas mais qu'il s'inscrive un peu dans la norme de ce que l'on traite dans ma profession. Voilà, c'est une histoire d'amour un peu post-adolescente qui a mal tourné. 

Cela laisse quelques traces, de la souffrance mais rien qui ne puisse être surmonté. C'est le prototype du bébé-couple qui s'est formé avant la vie active et qui s'est fracassé sur le mur de la réalité avec son cortège d'obligations liées au statut d'adulte (emploi, logement, etc.). On se dit que c'est fabuleux et que la vie sera une suite de jours magnifiques où l'on baignera dans l'amour. On s'imagine qu'enfin indépendants, avec son appartement et un emploi, l'autonomie ainsi gagnée permettra même à cet amour fabuleux de croître jusqu'au ciel. 

Hélas, cette irruption du réel est le plus souvent le test décisif pour savoir si l'amour est solide  ou s'il n'est qu'un élan adolescent, quelque chose qui s'est plus nourri de projections sur le futur que sur la réalité des faits. C'est imparable et les soucis d'adultes ne sont pas les mêmes que ceux de l'étudiant. C'est un peu la même chose que pour les jeunes gauchistes chevelus qui vous expliquent que l'impôt est un instrument de justice sociale mais qui changeront d'idée à leur premier tiers provisonnel.

Et donc nous discutions et elle était charmante, comprenant bien les choses, non qu'elle soit surdouée ou particulièrement brillante mais simplement qu'elle soit parfaitement cohérente et efficace dans la manière de traiter les informations, verbalisant aisément et restant très réalistes dans les buts qu'elle se fixe dans la vie. Elle me parlait, je lui répondais, lui proposant des interprétations différentes pour la sortir d'un état émotionnel et l'amener à penser de manière plus réaliste et cela fonctionnait bien.

Et puis, je ne sais pourquoi, du moins je ne me souviens pas exactement de mon intervention mais la voici qu'elle me répond : "ah alors là ce n'est pas bête du tout ce que vous dites". Et à peine avait-elle prononcé ces paroles qu'elle s'est repris pour me dire qu'elle ne pensait pas que tout ce que je venais de lui dire était stupide. Elle s'est embrouillé comprenant qu'elle venait un peu de me traiter de crétin toutefois capable de dire parfois des choses pas trop sottes tout en admettant que ce n'était pas le sens de ses propos.

Son exclamation m'a amusé. D'une part, je l'ai remerciée immédiatement en lui disant que Mademoisellee était trop bonne de complimenter et d'encourager son petit personnel en me faisant savoir que parfois je pouvais dire des choses pas si idiotes que cela afin de m'aider à prendre confiance en moi. Et d'autre part, je lui ai expliqué que c'était exactement l'attitude qu'il fallait conserver dans les échanges que nous aurions ensemble si elle voulait continuer à me consulter.

Ne pas se soumettre de facto à ce que dirait le psy simplement parce qu'on le mettait en situation d'autorité mais bien au contraire toujours penser qu'elle et moi étions comme deux chercheurs dont le travail consistait à trouver une issue à un problème. Dès lors, quoique je dise, et même si je me plais à penser que je réfléchis tout de même avant de parler, je l'encourageais à me faire préciser les choses qu'elle ne saisirait pas ou même à infirmer une hypothèse que je pourrais faire au cours de la conversation. 

Il ne s'agit pas de sombrer dans la trivialité ou encore pire dans le sarcasme ou l'agressivité dans laquelle toute remarque de ma part serait rejetée mais simplement d'être spontané. L'idée que les précurseurs des TCC avançaient à l'époque, était que le patient et le psy devaient être comme deux chercheurs travaillant sur les problèmes ciblés. Cela nécessite une bonne entente.

Parfois, quand je suis fleur-bleue et que je raisonne comme uen gamine de douze ans, j'imagine qu'une thérapie devrait aussi être une expérience utile bien sur, mais aussi un bon moment, un peu comme on aurait fait ses humanités. De mon côté, quand je prends mon carnet de rendez-vous pour savoir qui je verrai tel jour, je sais que je me dis souvent "tiens bonne journée" parce qu'au-delà des problèmes des personnes que je verrai, je suis content de les voir. A une autre époque, j'aurais été baba-cool !

Bref cette expression "ah pas bête ce que vous dites" m'a semblé être bien plus l'expression d'une sincérité et d'une bonne entente mutuelle que celle d'un manque de considération pour mon statut. Il faut de toute manière, toujours se défier d'une communication assymétrique et des gens, élus ou professionnels, dont la charge réclamerait aussi des titres spécifiques et une manière de communication spéciale. C'est la voie ouverte vers un conformisme social dont les célèbres expériences de Milgram montrent qu'elles produisent bien des excès.

C'est souvent une conversation que je peux avoir avec des amis médecins qui se désolent quand certains de leurs patients arriventen consultation avec un possible auto-diagnostic glané sur internet. Ils ont l'impression que c'est une terrible attaque à leur statut et à leurs connaissances. Je leur réponds que la psychologie passionnant plus les foules que la médecin stricto sensu, c'était assez courant que mes patients aient réfléchi sur eux-mêmes et leurs troubles et qu'ils viennent en me produisant des explications possibles.

Je crois avoir toujours accueilli ces explications avec un grand intérêt car je suis toujours persuadé que quelle que soit mon empathie, mes patients se connaitront toujours mieux que je ne les connais moi-même. Et puis, c'est le gage d'un esprit qui tourne, qui cherche et ne se laisse pas aller dans une relation d'aide dans laquelle on attendrait tout du professionnel.

Et puis mon expérience me prouve que les patients ont toujours tendance à croire qu'ils ont quelque chose de bien plus compliqué qu'en réalité. Comme on le dit des patients en médecine ayant lu un dictionnaire médical, ils se reconnaissent dans tous les mots d'Abaisse-langue à Zona. D'autres fois encore, perclus de psychologisation à outrance, ils me produisent des explications almbiquées qui fleurent bon les années 50/60 quand Françoise Dolto faisait autorité. 

Voilà pourquoi si l'on me dit que ce que je dis n'est pas si bête, j'ai tendance à en rire plutôt qu'à me sentir offusqué.

23 mai, 2013

Les libéraux me saoulent parfois !


Je me sens libéral, sans doute moins au sens économique, même si j'en ressens évidemment la portée, qu'au sens où j'aime bien être frondeur, ne pas forcément être d'accord avec la masse des moutons bêlants, et ne pas me fier instinctivement à ce que dit l'autorité parce que celle-ci aurait forcément raison. Avec les libéraux, je partage une communauté d'esprit mais je  ne veux jamais avoir à partager une pensée unique. Je préfère l'esprit à la lettre. Je n'ai pas l'âme d'un militant.

Je me sens parfois, bien que né en Italie, assez proche de ces poilus qui en 1916, qui soumis à une supériorité d'artillerie allemande évidente, ont déclaré que "ils ne passeraient pas". A ces types qui armés de leur seul Lebel et ravitaillés par la voie sacrée, ont seuls ou deux ou trois cachés dans leur trous d'obus fait comprendre à une notion technologiquement supérieure à la nôtre que si l'artillerie préparait le terrain, ce serait toujours l'infanterie qui l'occuperait. 

Leçon que manifestement nos amis américains n'ont pas compris dans toutes les guerres perdues qu'ils ont menées depuis la Corée. Vous pourrez lâcher un tapis de bombes mais tant qu'il reste au sol, ne serait-ce qu'une poignée de gars prêts à en découdre, il faudra aller sur le terrain risquer sa peau ! C'est la grande leçon que nos soldats infligèrent aux allemands à Verdun.

Je ne suis pourtant pas niais pour autant, et je connais tous les travers du pays dans lequel je vis. Je n'ignore rien des freins à l'emploi et à l'expansion économique et moi aussi j'ai besoin d'air et de liberté. Et bien sur, à l'instar de pas mal d'autres, je fumine quand j'entends sans cesse encenser la révolution française comme si rien n'avait existé avant. Mais malgré tout cela, je fais mon affaire de ce qui se passe en France et je ne rêve pas d'en partir. Sans doute qu'ayant trop lu Sénèque, je sais qu'ailleurs l'herbe est toujours plus verte et qu'il n'y a pas de voyageurs sans bagages.

Qu'il s'agisse du débat sur l'anglais ou bien de pointer toutes les énormes erreurs que la France aurait forcément commis d'un point de vue économique, j''enrage toujours. Cette litanie m'exaspère et j'ai souvent envie de crier aux gens qu'ils ne nous restent donc plus qu'à hisser la bannière étoilée et à devenir le cinquante-et-unième état américain puisque nous sommes si cons. En revanche, de ces mêmes personnes, je n'entends jamais la moindre critique envers nos amis d'outre-atantique lorsque venus à Paris, ils vous demandent leur chemin en anglais persuadés que forcément nous parlerons leur langue. 

Dans ce débat, le français ne pratiquant pas l'anglais ne saurait être que l'analphabète du XXIème siècle tandis que l'américain n'ayant pas la moindre notion d'une langue étrangère lorsqu'il se déplace, ne saurait aucunement n'être qu'un beauf arrogant. Pour ma part, si je suis d'un naturel aimable et acceuillant, et que je renseigne du mieux que je peux les touristes égarés, nombreux dans mon quartier, je me fais toujours un malin plaisir de préciser à l'américain (ou autre) qui m'aborderait directement en anglais que nous avons une langue et qu'il pourrait en apprendre quelques mots. Je n'ai jamais essuyé de réactions de colères et la majorité de ce touristes m'ont toujours dit "merci" en français.

Ce matin, j'ai lu dans Contrepoints, site que je consulte toujours avec plaisir, cet article qui m'a ulcéré. La même diatribe mille fois entendue m'était resservie encore une fois. Nous n'étions que des cons, notre histoire n'était que de la merde et nous devrions nous tourner vers nos amis anglo-saxons qui eux savaient vivre. Demandez aux indiens d'Amérique du Nord ou aux irlandais ce qu'ils pensent de ce savoir vivre. Bref, l'accent était encore mis sur l'économie au détriment de tous les aspects psychologiques qui font qu'un peuple reste un peuple en tant que groupe constitué et que parfois sa manière de vivre semble déroutante. Hier encore, je recevais une patiente bretonne dont le père a péri en mer. Et c'est lorsqu'elle me parlait de la vie de patron pêcheur, usant de termes techniques, de choses que seul un breton, un vrai de vrai, né près de l'océan peut comprendre, que j'ai réalisé que si nous étions tous les deux français, elle portait en elle une spécificité qui la rendait un peu différente de moi. Et j'ai trouvé cela bien d'avoir autant de points communs qui nous permettent de nous comprendre parfaitement en termes de grands principes, tout en conservant des spécificités culturelles qui sont aussi notre socle.

Pourtant, si je crois au progrès scientifique bien plus qu'à l'illusoire progrès spitiruel et moral, si je pense que bien des avancées peuvent être faites, moi j'aime bien parler à un espagnol, italien, malien, ou ce que vous voudrez, sans avoir l'impression d'être face à un clône. Je n'ai pas pour ambition de vivre dans un monde uniformisé dans lequel, le paradigme serait l'avènement d'un homo-economicus en costume cravate et tout juste passionné par des ratios. On a beau jeu de se moquer des comptables et des ingénieurs en souligant le stéréotype d'un individu forcément coincé, obsessionnel et pas marrant pour un sou mais je pense qu'en la matière, bon nombre d'économistes qui interviennent sur les forums libéraux sont bien pires.

Munis de leurs simples chiffres, ils vous indiquent la voie du paradis aussi surement finalement que l'auraient fait les camarades commissaires politiques de la défunte URSS. Dogmatiques au point d'en être sots, ils ont parfois du mal à comprendre que l'exploitation des données est plus compliquée que leurs simples compilations. Et que les mesures ne valent qu'au regard de ce que l'on mesure, qu'un individu est plus complexe qu'un bilan et qu'un groupe d'individus l'ait encore bien plus compte tenu des interaction qui y ont lieu.  

C'est sans doute du à mon caractère et au fait que je pratique la psychologie quotidiennement que je me défie toujours des simples chiffres. Bon nombre d'appréciations que nous portons sur la vie, sur les expériences que l'on fait, ne sauraient être rendues de manière quantitative mais plutôt qualitative. Sans doute est-ce la raison pour laquelle la clinique et le diagnostic en psychologie sont bien plus ardus que dans d'autres domaines. La normalité, le bonheur, et tant d'autres choses, ne sauraient se définir par de simples chiffres.

Tous les jours, je constate que des prolos sont plus heureux que des cadres sups' et j'en déduis donc que la vie réserve bien des surprises et que la prise en compte des simples mesures économiques ne saurait définir le bonheur mais qu'il faut l'appréhender de manière philosophique, d'une manière plus fine qu'en portant les gros sabots du comptable. Finalement, la simplicité en esprit est un pré-requis à quiconque souhaitant accéder au bonheur. Et moi dont les neurones ont tendance à surchauffer, je n'ai jamais été aussi heureux que depuis mes vingt-huit ans, quand j'ai appris à me dire "ta gueule Philippe, tu verras bien", rejetant loin de moi mes interrogations sans issues. Le moins, ou plutôt le mieux sont donc meilleurs que le plus.

Je crois que ce que j'ai le plus détesté chez notre ancien président Sarkozy, ne seront pas ses revirements, mais de le voir, affublé d'un t-shirt FBI et des ray-bans miroirs, en train de faire son jogging dans la capitale américaine. Comment ce type qui aurait du porter les couleurs d'un pays fort de vingt siècles d'histoires, dans une ville dont les plans furent dessinés par un français, dans un pays qu'un autre français aura contribué à délivrer de l'occupation, dont le président occupe uen résidence dont on se demande si elle n'est pas la copie d'un de nos chateaux, et dont la marque de prestige porte un nom bordelais, dont le port de sa plus grande ville a pour sympbole uen statue française, pouvait-il s'adonner à une aussi sinistre pantomime. Cette sinistre mise en scène healthy m'avait dégouté du personnage que j'avais deviné n'être qu'un cuistre de la dernière espèce !

D'ailleurs, n'en déplaise aux militants UMP, ce que je retiendrai du quinquennat de ce sinistre crétin, sera une forme d'américanisation de ma vie, passant par une répression intolérable et aveugle des automobilistes (radars) et une interdiction de fumer dans les cafés et restaurants. On pourra m'objecter qu'au nom des grands principes de santé publique, ces mesures furent de grandes avancées. Je serai en droit de répondre que si fumer c'est très mal et rouler trop vite pire encore, que dire des allemands dont les grosses berlines roulent à 250km/h sur les bundesautobahnen ou encore des chinois qui sont de gros fumeurs, peuples dont la réussite économique fascine toujours nos brillants comptables libéraux. Le débat ne peut être clos sur la simple présentation de chiffres. Ainsi, si je suis le premier à me plaindre de la recrudescence de la délinquance et de la criminalité en France, je n'ai pas pour autant envie d'avoir des flics ou des caméras à chaque coin de rue. Elle est étroite la pporte permettant de se faufiler vers le progrès social sans sombrer dans la tyrannie fut-ce celle de la rentabilité.


Bref, si je reste libéral, ce ne sera jamais au prix de ce que je me sens être, ni surtout en niant mes spécificités pour m'aligner sur une norme anglo-saxonne dans laquelle je ne me reconnais pas parce qu'aucune fibre ne vibre en moi à la vue de Big Ben ou du Pentagone. Comme le disait l'écrivain controversé Louis Pauwels, on peut être tous frères, on n'est pas jumeaux pour autant ! Je ne hais point les autres, je préfère juste les miens et la différence est de taille !

Le libéralisme m'attire parce qu'il y a le mot liberté et que cela nourrit mon esprit frondeur. S'il s'agit de troquer une quasi-dictature socialiste pour celle de la réussite à tout prix, je préfère encore rester assis à ma table de café avec mes clopes et un bon livre.  Je me sens sans doute plus proche d'un Lysander Spooner (un capricorne comme moi) que de n'importe quel économiste tirant sa légitimité d'on ne sait où niant la légitimité humaine pour se centrer sur des chiffres abscons. Et je n'oublie jamais que Frédéric II pourtant roi de Prusse eut une admiration sans borne pour le discours sur l'universalité de la langue française de Louis de Rivarol. Je ne pense donc pas que pour admirer la liberté il faille se coucher et renoncer à ce que l'on se sent être. Les autres nous apparaissent parfois grands que parce que l'on est à genoux devant eux ! Le plus drôle était que Rivarol soit d'ascendance piémontaise et pas du tout marquis comme quoi il fut un temps, où la France savait intégrer.

Moi qui parlais dans l'article précédent de sérendipité, il est bon de se rappeler qu'en recherche comme dans toute réflexion en général, les heuristiques ne sont pas forcément la panacée que des chemins de traverse existent. La liberté c'est aussi cela, celle de prendre la voie que l'on préfère quitte à ne pas choisir l'autoroute et quitte à se tromper ! Ce n'est pas appliquer bêtement des recettes toutes faites en pensant que ce qui vaut pour autrui vaudra forcément pour soi.

D'ailleurs la vision économique que nous réservent ce genre d'économistes ne fait jamais les bons films, cela ne fait jamais rêver. Récemment, n'ayant rien de mieux à voir, j'ai vu les deux premières saisons de Boarwalk empire, série retraçant la création de la ville d'Atlantic city dans le New-Jersey. Curieusement, je me suis fait la réflexion que c'est l'esprit frondeur de tout ce qui n'était pas purement WASP qui faisait le sel de cette série. L'alliance de ces voyous au sein de différentes mafias a ainsi permis à ces années vingt (les fameuses roaring twenties) d'être autre chose que ce qu'aurait désiré les ligues de tempérance ayant conduit à la prohibition (volstead act). Finalement, les noms de Al Capone, Lucky Luciano ou encore Meyer Lansky crèent une admiration teintée de culpabilité (oui ce sont des voyous) tandis que personne ne se souvient d'Andrew Volstead. La solution idéale ne marche jamais, combien de fois l'ai je dit à mes chers patients !

Etre français, n'en déplaise à certains libéraux contempteurs de l'ordre économique, c'est avant tout être irrévérencieux, c'est historiquement installer un pape à Avignon quand celui de Rome nous emmerde, c'est trancher la tête d'un roi, se moquer d'un président tout en rêvant devant les cathédrales ou en admirant Versailles. C'est compliqué, ça se vit, ça ne se décrète pas. Ce n'est pas forcément renoncer à ce que l'on est, c'est bien plus compliqué encore ! Ca peut passer par de l'amour ou de la haine et être tragique. C'est compiqué vous dis-je, plus que le calcul d'un PIB par habitant ou que le taux d'endettement par ménage.

Je crois que même si cela n'apporte peut être rien à l'économie, j'adore parfois être proud and vain and so french !


"Le patriotisme, c'est aimer son pays. Le nationanlisme, c'est détester celui des autres"

Charles De Gaulle